Une fois ... mais pas deux [PV Danae]

- Dernière mise avant la fermeture de la table. Mesdames, messieurs, faites vos jeux.

La routine, les mêmes phrases lancées des dizaines de fois dans une seule journée, parfois les mêmes visages durant plusieurs jours ou plusieurs semaines selon les habitués de "la maison". Ce jour-là, tu démarrais une semaine de travail en journée, ce qui voulait dire que la semaine qui suivrait, tu serait de nuit. Tu avais fini par t'habituer à ce rythme de vie décalé et ça t'allait plutôt bien. Les seuls moments où tu demandais à travailler obligatoirement de jour, c'était durant les soirs de pleine lune, pour des raisons ... plus qu'évidente au vu de ta condition de lycan. Mais ce jour-là, rien à craindre. A cette table-ci, des clients respectueux, pour finir la journée c'était parfait. La fatigue commençait à pointer le bout de son nez, mais c'était une bonne fatigue. Tu n'irais pas te coucher immédiatement, mais tu pensais plutôt à rester tranquille, te poser devant la télévision, sans doute ...

- La table ferme pendant les 30 prochaines minutes. Merci mesdames, messieurs et bonne soirée.

Ces 30 minutes correspondaient au temps nécessaire pour que tu fasses les comptes de ta soirée, que tu ramènes les recettes au gérant, puis que ton collègue reprenne la suite derrière toi pour une longue nuit. En effet, le casino Harrah's ne fermait pas, il restait ouvert 24h/24. Il y avait bien sûr bien moins d'activité le matin, mais quelques clients semblaient s'accrocher à l'espoir de gagner le Jackpot une fois la place plus "tranquille". Tu étais passé par le vestiaire avant de quitter le Casino, mais pas pour te changer, juste pour récupérer tes effets personnels, téléphone portable, clés d'appartement, portefeuille. En cette fin d'été, il faisait encore assez doux et tu avais eu chaud dans les salles. Tu avais donc ôté ton gilet noir et tu le tenais nonchalamment sur ton épaule droite. Tant qu'il ne pleuvait pas trop, tu faisais le trajet "maison, boulot" à pieds. Il te fallait environs 25 à 30 minutes. Tu remontais Canal Street un peu jusqu'à la première intersection où prenais alors Decatur Street en direction de N Peters Street. Tu travaillais dans le quartier du Vieux Carré et tu habitais dans le quartier voisin, Faubourg Marigny. Tu traversais donc des rues aux boutiques, restaurants, ambiances françaises. Il t'arrivait parfois de passer par Woldenberg Park, qui constituait une bonne source de tranquillité, cela te permettait également de pouvoir longer le Mississippi. Mais pas ce soir-là ...

Quatre mois déjà que tu était arrivé dans cette ville, trois mois que tu y travaillais, deux mois que tu y avais enfin une habitation à toi et ... un mois que tu tentais de retrouver ta mère biologique. Sauf que ... tu n'avais aucune idée d'où elle pouvait se trouver, la Nouvelle-Orléans, c'est vaste. Perdu dans tes pensées, tu perçus au loin du brouhaha provenant d'une rue adjacente. Beaucoup d'ambiance en perspective. De nombreuses lumières étaient allumées pour éclairer cette petite rue où il y avait beaucoup de monde. Une musique raisonnait entre les façades des immeubles, mais le bruit des conversation l'étouffait en partie et tu n'aurais pas su la reconnaître. Quelques échoppes étaient encore ouvertes. Tut'étais arrêté un instant au coin de cette rue, observant la scène presque surréaliste. Tu n'avais pas l'intention de t'attarder, mais soudain, ton regard fût attirer par une jeune femme en particulier. Au milieu de la foule, du moins c'est comme ça que tu l'avais "vu", se tenait une belle brune. Intrigué et surtout "prédateur" à tes heures, tu te décidas à faire un détour et pourquoi pas, réussir à obtenir un énième numéro de téléphone pour une énième conquête d'un soir ... C'est ainsi que tu t'engouffras à ton tour dans Dumaine Street, dans l'intention non dissimulé d'aborder cette jeune femme.

Saloperie. J’aurais sa peau ! Je le tuerai ! ne cessait de songer la vampire alors qu’elle parcourait les ruelles de la Nouvelle-Orléans. Deux jours auparavant, elle avait eu la désagréable surprise de revoir une vieille connaissance qui était aussi son pire ennemi. Depuis, elle avait les nerfs en pelote ! Elle voulait vraiment faire mal ! Et elle l’aurait fait si elle n’avait pas autre chose à faire qui semblait bien plus important à ses yeux.

Alors qu’elle était de nouveau dans ses recherches, un vacarme attira son attention. Statique au milieu d’une rue, son regard se tournait vers la musique qui semblait provenir d’un quartier français. Lequel ? Elle ne savait pas, elle ne connaissait pas vraiment encore la ville de manière adéquate. La vampire s’approcha alors de la foule qu’elle observa. Une jeune femme souriante vint à elle et l’invita à participer à la fête. Danae ne refusa pas et se laissa entraîner parmi les invités.

Danae s’approcha de la jeune femme qui l’avait invité. Poliment, elle lui demanda si elle ne connaissait pas une certaine Elizabeth Rosenbach, une certaine Amélia Black. Une jeune femme blonde aux yeux verts, très belle. Malheureusement pour Danae, elle ne connaissait pas une telle personne. La vampire la regarda s’éloigner et grogna. Ses recherches n’étaient pas florissante. Elizabeth était-elle vraiment venue à la Nouvelle-Orléans ? Oui puisque Dimitri l’avait assuré… Peut-être était-elle parvenue à s’échapper et à fuir pour un autre pays ?

Danae soupira longuement et se massa la nuque. Ses cheveux tombaient en cascade sur sa robe au dos nu. La poisse putain ! pensa-t-elle. Elle laissa tomber ses mains le long de ses cuisses contre lesquels ses trois lames étaient plaquées tout comme un revolver dans son étui. Elle fit volte-face et, en plus d’un élan de surprise, un élan de dégoût et de colère la prit. Une odeur écoeurante de lycan emplit ses narines. Face à elle, un homme était beaucoup trop près d’elle. La vampire le regarda de la tête aux pieds en arquant un sourcil. Elle soupira longuement.

- Qu’est-ce que tu me veux ? Demanda-t-elle sèchement, je n’ai pas de temps à perdre.

Intrigué par la musique provenant de Dumaine Street, tu t'étais attardé à observer la scène. Une véritable foule foisonnait. Ici et là des groupes discutaient, semblant venir de différents horizons et pourtant, la langue française également se faisait entendre au-delà de celle dominante du pays. C'est à ce moment précis, perdu dans tes pensées que tu l'avais aperçu. Cette jeune femme brune aux courbes plutôt plaisantes à regarder. C'est ce qui t'avait poussé ce soir-là après une journée de travail bien remplie, à t'engouffrer dans cette petite rue, à te fondre dans la masse. Tel un prédateur, que tu étais en partie, tu avais traqué ta proie, la suivant au départ de loin, pour te rapprocher peu à peu.

Il t'était difficile de bien percevoir son odeur tant il y avait de monde et pourtant ta condition de lycan aiguisait ce sens en particulier. C'est pour cette raison principalement que tu avais commencé à te rapprocher. Alors qu'un groupe de voisin sur ta droite parlait très fort et s'échangeait des banalités, tu étais parvenu suffisamment près de la jeune femme en question pour remarquer que c'était une vampire. Bien qu'à cela ne tienne, tu n'étais pas contre tant qu'au final il y avait les plaisirs de la chair. Pas que tu aimais cette race particulièrement, mais tu ne les détestais pas non plus. En réalité, tu t'en foutais un peu. La seule chose qui pouvait vraiment t'agacer venant de cette espèce, c'était la vanité qui pouvait caractériser une bonne partie d'entre-eux. En plaine réflexion, tu ne remarquas pas tout de suite que ta "proie" venait de se retourner dans ta direction pour te fixer d'un air peu avenant. C'est lorsqu'elle s'adressa à toi avec un ton qui ne te plu guère, que tu posas enfin ton regard doré sur son joli minois.

- Qu’est-ce que tu me veux ? Je n’ai pas de temps à perdre.

Tu te redressas alors de toute ta hauteur et passas une main dans ta chevelure blonde, l'ébouriffant d'autant plus. Puis tu émis un long sifflement avant de t'exprimer sur un ton amusé, un sourire se formant au coin de tes lèvres.

- Il s'agirait de redescendre un peu de tes grands chevaux, ma belle. Tu as peur de quoi ? Je n'ai pas l'intention de jouer à la guéguerre avec toi. Personnellement, je préfère d'autres plaisirs ... Tu connais le dicton, "faites l'amour, pas la guerre", tout ça, tout ça ... Tu marquas une petite pause avant de reprendre. Qu'est-ce qu'une jolie suceuse de sang peu bien faire dans un quartier si animé ? Tu cherches une victime ? Je peu te conseiller une rue plus discrète pour ça ...

Tu étais en train de provoquer cette jeune femme volontairement. Après tout, elle s'était montrée très agressive dès le début, tu te devais de la faire redescendre de ses grands chevaux. Tu le savais pourtant que toute cette histoire pouvait mal finir, tu étais du genre impulsif et si la "demoiselle" continuait sur cette voix, que choisirais-tu ? L'affrontement ou plutôt passer ton chemin pour te trouver une autre donzelle à ramener dans ton lit ce soir-là ou à passer une soirée tranquille à te reposer ? La tournure des événements à présent, ne dépendait que de cette vampire "au sang chaud". "Sang chaud" quelle ironie ...

Danae remarqua immédiatement qu’il s’étendait de toute sa hauteur. Elle arqua un sourcil et sembla plus blasée qu’autre chose. Elle soupira un instant avant de croiser les bras sur sa poitrine. Au fur et à mesure qu’il parlait, la vampire fronçait les sourcils, présentant clairement son mécontentement. De base, elle ne supportait pas vraiment sa présence de lycan, occupée par une mission bien plus importante, elle n’avait pas de temps à perdre avec lui.

Elle fit un pas en arrière, laissant ses bras retomber le long de son corps. Elle secoua légèrement la tête en levant les yeux au ciel. Elle ne supportait pas les lycans et leurs préjugés sur les vampires. Une preuve, encore une fois de plus, qui prouvait qu’ils n’avaient rien à faire sur terre et que les vampires étaient les seules vraies créatures dignes d’être au-dessus de tous. Elle soupira.

- Contrairement à ce que tu peux penser sac à puce, j’ai autre chose à faire que chercher une victime ! Je n’ai pas besoin qu’un suceur de croquettes m’apprennent à faire ce dont pour quoi je suis faite.

Le regard de la tête aux pieds en grimaçant, elle cracha :

- Et puis, si je devais un jour faire l’amour avec qui que ce soit, tu serais sûrement la dernière personne sur ma liste… Même si tu étais le dernier homme sur terre !

L’image de Dimitri lui vint brusquement en tête et un frisson de dégoût la parcourut entièrement, dressant le moindre de ses poils. Coucher avec lui ? Certainement pas ! Elle regardant le lycan et ajouta :

- Bon, d’accord… Tu serais l’avant-dernier mais ça n’empêche en rien que tu ne me toucheras pas. Comme je t’ai dis, je n’ai pas de temps à t’accorder, j’ai des choses bien plus importante à m’occuper que d’un toutou.

Sur ces dernières paroles, la vampire fit volte-face. Pendant un instant, elle se demanda s’il était possible qu’il sût des informations par rapport aux personnes qu’elle recherchait ou si, seulement, il connaissait Dimitri et lui en voulait pour quoi que ce fut. Danae fronça les sourcils et se tourna vers lui pour lui demander :

-Tu connais Elizabeth Rosenbach ? Amélia Black ? Et Dimitri Vladimov, tu le connais ?

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