Dès lors que notre rendez-vous avait été terminé, je m’étais – presque – précipité sur mon ordinateur pour taper le contrat. Une rapidité qui n’avait pas manqué de faire rire les employés présents sur les lieux. Oh. J’avais eu le droit à bien des remarques avant même d’entrer dans mon bureau :
- Hé bah patron. Elle vous a tapé dans l’œil. - Laisse le, Mike ! Avait défendu la serveuse. - Disons ce qu’il en est, vous avez complètement fondu !
Je toussai quelque peu, gêné.
- S’il vous plait, ne lui faites aucune réflexion lorsqu’elle… - Je les tiendrais en laisse, Louis. Souffla la serveuse. Elle sera accueillie comme n’importe qui rassurez-vous.
J’esquissai un léger sourire et hochai la tête. Le contrat. Il fallait que je fasse le contrat. Et ce dernier fut fait en moins d’une demi-heure, vérifications incluses. Bien sûr manquait-il quelques éléments, mais… Je n’aurais qu’à le terminer chez elle pour le lui envoyer, après tout… Et au pire je mettrais mon imprimante portable avec moi. Si jamais elle préférait du papier…
La journée du lendemain fut certainement l’une des plus longues que j’ai pu connaître. Entre l’envie d’être au soir et l’angoisse d’y arriver trop tôt, je peinai à tenir en place, tentant de m’occuper comme je pouvais, au grand dam de mes employés. Pour dire, je ne réussi qu’à me mettre dans leur patte et terminai alors à la plonge, pour être certain de ne déranger personne.
Vingt trois heures. Le restaurant entamait son troisième service. Et moi… J’allais enfin les laisser tranquille. Enfermé dans mon bureau, je m’étais en effet changé pour une tenue plus confortable, plus décontractée que le costume que je portais au travail – et qui avait été quelque peu trempé de l’eau de la plonge, il fallait aussi avouer mon manque d’adresse à ce sujet. Ordinateur sous le bras, imprimante portable dans la voiture, je m’apprêtai à quitter les lieux lorsque l’un de mes employés m’arrêta en bas des marches.
- Votre colis est arrivé, Monsieur. On l’a mis dans l’arrière-cour.
Le colis. J’allais l’oublier. Remerciant l’homme je me dépêchai jusqu’à la cour pour attraper mon colis de l’autre main et foncer jusqu’à ma voiture non sans prévenir la vampire de mon arrivée plus ou moins imminente par un SMS.
Le trajet, guidé par mon GPS, fut compliqué. Non que je me perdisse, mais le stress faisant j’avais l’impression de me tromper quelque part. Sûrement le bouquet. Trop. J’en avais encore beaucoup trop fait. Mais c’était trop tard. Enfin… Je pourrais toujours le laisser dans la voiture ? Mais si nous venions à sortir, pour une raison que j’ignorais mais si cela était le cas, comment pourrais-je l’expliquer. Oh. Je pourrais le jeter par la fenêtre… Non. Cela serait un gâchis d’argent et une bêtise sans nom. Je devais assumer le fait de faire toujours beaucoup trop. Et c’est toujours en me fustigeant que je vins alors sonner à l’immeuble de la jeune femme, respirant profondément. Ma sacoche d’ordinateur dans une main, le bouquet dans l’autre que je lui offrirais dès lors que je la verrais.
- Tout va bien se passer, Louis. Me soufflai-je à moi-même.
C’est le ventre rempli de papillons que la belle avait quitté le restaurant la veille, elle en était encore toute retournée. Il faut dire que Louis avait particulièrement fait bonne impression, mettant les petits plats dans les grands. Si Grenat avait été séduite par les qualités du vampire, elle n’en était pas moins proie au doute et à la peur. Il lui fallait un peu de temps pour apprendre à connaître Louis et elle ne savait pas jusqu’où cette histoire pouvait aller, ce qui était sûre c’était que s’il continuait d’être aussi adorable et prévenant, elle n’allait pas pouvoir rester de marbre très longtemps.
C’est tout de même avec un grand sourire qu’elle lut le message qu’elle avait reçu de la part du bellâtre, elle avait déjà hâte de le revoir et même si c’était au départ juste pour recevoir le contrat, c’était l’occasion de passer encore un petit moment ensemble. Tout était déjà prêt, une théière fumante trônait sur la table et même si ce n’était plus l’heure du thé, une boisson chaude faisait du bien. Une bouteille de vin blanc était au frais au cas où… Ainsi que des poches de sang, c’était au choix de Louis. Grenat avait enfilé une robe simple mais élégante et elle s’était lissé les cheveux pour qu’ils restent droit. Elle souhaitait malgré tout qu’il la trouve jolie, si ce n’était pas un signe ça…
Quelques minutes plus tard, une sonnerie retentit dans l’appartement et la jeune femme appuya sur un bouton qui dévérouilla la porte principale.
“Première porte à gauche au deuxième étage.” Dit-elle dans l’interphone.
Son invité n’allait pas tarder à arriver et elle commençait à un peu stresser, il faut dire qu’elle faisait entrer un homme chez elle et ce n’était jamais arrivé à la Nouvelle-Orléans. La vampire souffla un bon coup et ouvrit sa porte d’entrée, c’est alors que le rouquin se présenta et il n’avait pas les mains vides… C’était bien du Louis tout craché. Elle en rit presque mais d’un autre côté, elle s’y attendait et ça lui faisait très plaisir. Son coeur avait même fait un bond en l’apercevant.
“Bonsoir Louis, avez-vous caché le contrat dans ce beau bouquet ?” Demanda-t-elle avant de rire. “Merci beaucoup, c’est vraiment gentil.”
Grenat adorait les roses, celles-ci étaient blanches, signe qu’il l’appréciait. Des fleurs de lys étaient également présentes, c’était vraiment un joli bouquet et c’est justement aussi parce qu’il représentait les sentiments de Louis. La jeune femme invita ce dernier à s’asseoir sur le canapé et en attendant, elle sortit un vase du meuble qui était à l’entrée, déposa ensuite les fleurs dedans avant de le mettre sur la table basse, cela égaya aussitôt la pièce.
“Comment allez-vous depuis hier soir ? Vous n’avez pas eu de mal à trouver l’endroit ?”
Elle partit vers le coin cuisine tout en discutant avec le sourire.
“Alors j’ai fait du thé, j’ai aussi du sang et du vin blanc, c’est comme vous le souhaitez.”
C’était à son tour de bien l’accueillir même si son appartement ne faisait pas autant rêver, c’était simple mais convivial. De toute manière, à partir du moment où on était mordu, tout paraissait exceptionnel. Elle vint s’asseoir ensuite sur le canapé et posa sur la table basse la boisson choisie et elle avait opté pour la même que Louis. Maintenant qu’ils étaient l’un presque en face de l’autre, la DJ prit le temps de mieux observer son interlocuteur et il était toujours aussi classe au point que ses joues commencèrent à rougir, elle peinait désormais à le regarder dans les yeux. Ça commençait bien...
“Merci d'être venu, je l'ai sûrement déjà dit mais j'ai passé une très bonne soirée hier, j'espère que vous aussi...”
Première porte à gauche, deuxième étage. J’avais l’impression de compter chacune des marches. Je comptais, d’ailleurs chaque marche qui m’approchait de la jeune femme. Et alors que j’atteignais le dernier étage, je pris une profonde inspiration. Tout allait bien se passer.
- J’y ai pensé. Dis-je entre la gêne et le rire. Mais le contrat se trouve actuellement dans mon ordinateur. Et ne me remerciez pas. C’est naturel.
Non, ça ne l’était pas. Du moins c’était toujours trop. Mais après tout n’était-ce pas ma marque de fabrique ? A force, j’allais finir par le croire. Avançant dans l’appartement de la vampire, je ne pus que constater le bon goût de cette dernière. L’appartement était en effet des mieux décorés et des plus agréables et, bien que la présence de la jeune femme y joue beaucoup, je ne m’y sentais étrangement pas étouffé, comme je pouvais l’être lorsque j’arrivais en terre inconquise.
- Je vais parfaitement bien, et vous-même ? M’enquis-je. Oh je vous rassure les GPS sont parfaitement opérationnels de nos jours… Je secouai la tête. Enfin vous êtes jeunes, vous devez certainement mieux le savoir que moi, m’amusai-je.
J’esquissai alors un sourire à sa proposition de boissons. Grenat, en parfaite hôtesse, avait tout prévu. Et à choisir, il était vrai que le sang pouvait être préférable. Le stress étant, je devais avouer que je ressentais quelque peu de soif. Mais je savais aussi que le sang était une denrée chère. Ainsi répondis-je dans un sourire entendu, sans laisser le moindre doute sur mon choix.
- En bon anglais que je suis, je pense que le thé sera une valeur certaine. Je secouai la tête. J’ai cela dit fait honte à mon pays en prenant la nationalité américaine. Alors dire que je suis un bon anglais… Je me mis à rire. C'est peut-être présomptueux de ma part !
Là, assis sur son canapé, tandis qu’elle nous apportait nos boissons, j’esquissai un sourire. Cette jeune femme était réellement radieuse. Et le rougissement qui venait colorer ses joues ajoutait à cela. Quelque peu attendrit, j’hochai doucement la tête.
- La soirée était parfaite. Répondis-je. Et c’est surtout moi qui dois vous remercier, de m’inviter je veux dire. Et pour le thé. Je secouai la tête. Enfin… J’ai donc apporté votre contrat. Il me manquait quelques éléments alors je me suis permis de prendre mon ordinateur pour le compléter avec vous et vous l’envoyer par la suite.
Attrapant ma sacoche, j’ouvris l’ordinateur sur mes genoux pour l’allumer et présenter le document à la vampire.
- Bien sûr j’ai pris une imprimante portable. Elle est dans ma voiture donc je pourrais vous l’imprimer si vous préférez le papier… Je secouai la tête. Prendre une imprimante. Ça aussi c’était en faire trop. Enfin… Comme je vous le disais, il me manquait quelques information, notamment votre date et lieu de naissance. Je vous ai mis en Employment Contract. Enfin… Seulement pour vous. Je ne compte certainement pas vous licencier mais je sais que cela rassure les employés et les banques enfin… Tout le monde. Je n’ai pas mis d’horaire pour qui nous voyions ça ensemble à l’oral en fonction de ce que vous désirez notamment du fait de votre emploi au Masquerade. Votre rémunération est fixée à 2520$ pour 40h moyenne hebdomadaire, soit 15,75$ de l’heure. En quelques instants, je m’étais transformé en véritable patron, la voix claire et sérieuse, le regard fixé sur l’ordinateur et pourtant… Dès lors que je me retournée vers la jeune femme, il semblait que je m’adoucissait, un sourire naissant sur mes lèvres sérieuses. En cas de bon résultat, chaque employé a un pourcentage en fonction de sa présence. Les pauses repas sont offertes mais je demande à chacun de ne pas consommer devant les clients. Et… Oh… Oui… Le barman doit avoir un uniforme différent de celui des autres mais… Vous serez celle qui le portera alors… J’ai supposé que vous apprécieriez donner votre avis avant décision finale.
Il était vrai que j’avais pensé, un temps, à l’avantager, notamment au niveau rémunération. Mais l’idée m’était bien vite passée. Je ne voulais pas être inéquitable envers mes salariés et je me devais de la traiter comme chacun d’entre eux. C’est pourquoi ni salaire ni prime n’avait été augmentée par rapport aux autres. Seul l’uniforme serait laissé à son choix, quoiqu’une liste avait déjà été créée.
- Surtout n’hésitez pas à me dire si quelque chose vous chagrine dans ce contrat, je suis disposé à en discuter, évidemment. J’esquissai un large sourire face à la future barmaid. Et je dois vous dire que vous êtes magnifique dans cette tenue.
Comme dans les autres, aurais-je dû ajouter. Mais il n’en fut rien. Mieux valait, justement ne pas « trop » en faire. N’est-ce pas ?
Si Grenat avait ressenti du stress en voyant Louis arriver, celui-ci avait disparu au fur et à mesure qu’ils discutaient. Il restait toujours agréable, gentil et même drôle, ce qui mettait à l’aise la vampire. Elle appréciait aussi la façon dont il évoquait son jeune âge sans avoir l’air d’une personne aigrie. Ils avaient une grande différence d’âge, c’était un fait mais ça donnait plutôt des situations cocasses. Grenat préféra hocher la tête et ne rien dire pour ne pas “l’offusquer”, elle qui n’avait jamais utilisé une carte papier de sa vie. Elle lui avait ensuite servi le thé et ils s'étaient installés sur le canapé.
“Vous n’en gardez pas moins la classe et le charme anglais même si vous avez essayé d’élever du bétail en bon américain qui se respecte.” Dit-elle avant de rire.
Elle se mit ensuite à siroter sa tasse de thé, ce qui lui rappelait Londres. Elle ne buvait plus vraiment de thé depuis cette période et elle en avait acheté exprès pour Louis. Les choses devinrent ensuite plus sérieuses alors que l’homme d’affaires sortit sa casquette de responsable des ressources humaines. Il est vrai que Grenat avait oublié de lui envoyer sa pièce d’identité mais ce n’était pas un problème pour Louis qui avait tout prévu, quel homme organisé ! C’en était presque sexy. Elle hocha la tête avec le sourire, signe qu’elle avait compris et elle posa ses yeux quelques secondes sur l’écran pour suivre en même temps. Il y avait beaucoup d’informations à retenir mais tout était là et la jeune femme n’avait donc pas de question ni rien à redire, elle faisait confiance aux compétences du vampire. De plus, le salaire était plus que correct pour elle qui avait peu d’expérience dans le domaine. Après un long speech administratif, voilà que Louis fit un compliment à son hôte, il n’en fallait pas plus pour qu’un sourire radieux se dessine sur son visage. Il avait donc remarqué l’effort ! Pourtant, il n’avait encore rien vu.
“Merci, vous êtes toujours aussi élégant également…” Elle mit à tousser pour cacher sa gêne avant de reprendre plus sérieusement. Il faut croire que les tics de Louis déteignaient sur elle. “Alors hum, je suis née le 14 octobre 2008 à New-York. Concernant les horaires, je peux être là les heures d’ouverture du restaurant le soir et ensuite aller au Masquerade, ce n’est pas dérangeant. A part ça, tout me paraît en ordre. Vous pouvez me l’envoyer par mail et je le signerai électroniquement, ça vous évite de retourner à votre voiture.”
Elle marqua une pause pour boire sa boisson chaude, laissant le temps au rouquin de faire les modifications. Elle posa ensuite sa tasse sur la table basse et jeta un oeil vers son piano. Sa bouche s’étira en un petit sourire malicieux et elle se leva du canapé, laissant son patron faire ce qu’il avait à faire puis elle rejoignit son instrument qui était près du divan. Les mains au-dessus du clavier, elle se concentra pour jouer une de ses mélodies préférées pendant deux minutes. Deux minutes où ses gestes étaient contrôlés, ses doigts caressant les touches, à la fois avec douceur et ferveur. Son visage lui était plus fermé voir mélancolique, quant à son corps, il était habité par les vibrations de la musique. Et puis, elle se mit à chanter…
“You who are flying quietly in the night Hide away the sadness in your heart I want to far overcome the loop of time, And let my feelings reach you
Everything is covered by the darkness I lose my heart, and it disappears But when you embrace me in your comforting arms, You breathe life back into me.”
La chanson s’arrêta et son regard embué resta fixé un instant sur le mur en face d’elle. Un douloureux souvenir refit surface et elle le rejeta en posant ses yeux tristes sur l’homme. Il n’était pas là par hasard, le contrat n’était qu’un prétexte et plutôt que de se sentir flattée ou heureuse, elle était terrifiée à l’idée de le faire souffrir comme elle avait souffrir son ex petit ami à cause de ses convictions. Etait-elle capable de laisser un homme entrer de nouveau dans sa vie ? Son coeur lui disait oui, surtout quand Louis la contemplait avec ses yeux tendres mais la raison...
“Louis, vous savez faire tant de choses, votre vie est si longue et vous aspirez sûrement à la tranquillité auprès des vôtres que vous venez de retrouver, surtout après les terribles drames que vous avez vécu mais ma vie, elle, commence à peine et pourtant, elle n’est que succession d’événements dangereux. Est-ce que ça vous convient si je ne suis pas juste une mignonne petite DJ ? Est-ce que vous serez là quand j’aurais besoin de vous en pleine nuit pour une raison urgente ? Serez-vous choqué quand vous me demanderez où je suis et que je serai peut-être en train de me battre contre un chasseur ? J’ai peur de n’être qu’un boulet pour vous…”
Les derniers mots avaient presque été soufflés alors que son coeur cognait douloureusement contre sa poitrine. Il avait su cependant rester calme pour exprimer ce qu'elle ressentait et c'est avec crainte que la belle attendait la réaction de Louis. Peu importe ce qu'il allait décider, elle respectait ses choix.
J’esquissai un sourire des plus amusés. Elle avait donc retenu cette anecdote. C’était presque flatteur de voir combien elle avait pu faire attention à ce que je lui disais. Flatteur et donc particulièrement agréable, il fallait bien se l’avouer.
- Lorsque l’on prend une nationalité, il faut en voir tous les aspects, n’est-ce pas ? M’amusai-je. Et je dois avouer que ce fut une expérience vraiment passionnante. J’hésiterais presque à la réitérer ! Avec peut être un peu plus d’employés cette fois pour éviter que mon bétail ne parte en vadrouille si rapidement.
L’heure de l’administratif arriva alors. Une heure où je devenais bien plus sérieux, plus sûr de moi, peut être pas forcément très clair mais je faisais de mon mieux. A vrai dire, il fallait avouer une seconde chose. Si la gestion d’entreprise dans sa dynamique commerciale et économique n’avait plus de secrets pour moi, la gestion humaine, elle était encore difficile et je savais pertinemment que je n’étais pas réellement un patron habituel. Trop proche de ses salariés, trop peu précis sur certains termes, bien que je fasse des efforts, bref. Trop. Comme d’habitude, en fait. Grenat allait sûrement finir par avoir l’habitude. Son compliment, lui, ne passa néanmoins pas inaperçu, et mes joues se colorèrent très légèrement alors que je venais me gratter la nuque.
- Je vous remercie…
Au moins reprit-elle sur les éléments du contrat pour me permettre de regagner mon sérieux tandis qu’un sourire s’affichait sur mon visage. Hochant la tête, je complétai chaque trou avant de lui envoyer le document terminé.
- Nous vous arrangerons les horaires qui vont conviendront. Assurai-je.
C’était là un point d’honneur pour chacun de mes salariés : je ne voulais pas que leur vie professionnelle empiète sur leur vie personnelle. Ainsi beaucoup d’entre eux avaient des horaires différents, mais, en fin de compte, tout réussissait à s’enchevêtrer parfaitement. Et c’était bien là le principal, quoique la gestion des temps me prenne alors un temps bien plus long qu’avec des horaires fixes… Mais c’était le prix à payer pour des salariés heureux.
Mon ordinateur enfin posé, je repris ma tasse en main pour en boire une gorgée, observant la jeune femme du coin de l’œil. Son sourire ne m’échappa pas, et j’arquai un sourcil, curieux de voir ce qui entraînait ce dernier. C’est avec un réel plaisir que je l’observai alors se diriger vers son instrument. Chose promise, chose due, n’était-ce pas cela ? Tasse en main, je l’écoutai alors jouer, visiblement tout à fait apaisé par le son du piano. Ma tasse reposée sur la table, je me levai doucement, silencieusement, pour me diriger près d’elle, mes yeux rivés sur la vampire. Elle était belle. Elle était talentueuse. Elle était intelligente. Cette femme avait tout pour elle. Je ne pouvais que le constater encore une fois alors que je l’écoutais. Quant à sa voix… Elle ne pouvait que compléter le tableau splendide qui s’offrait à mes yeux et mes oreilles. Je fronçai néanmoins les sourcils lorsqu’elle cessa de chanter. Ses yeux posés sur moi me confirmèrent bien trop rapidement que quelque chose n’allait pas. Et lorsqu’enfin elle sembla prendre parole pour m’expliquer ce qu’il se passait, je ne pus que froncer d’autant les sourcils. Pourtant, sans un mot, sans bouger, je l’écoutai attentivement, réfléchissant à chaque mot qu’elle prononçait, à chaque intonation prise. Puis ce fut le silence. Un instant, un instant qui pouvait sembler long, je me tus tandis que mes yeux verts étaient posés sur elle. Puis, doucement, je vins poser un genou à terre, attrapant sa main pour me mettre à sa hauteur. Une main sur sa joue, je l’observai alors.
- Grenat. Soufflai-je. Bien que nous ne pussions encore nous targuer de nous connaître réellement. Vous ne serez jamais « juste une mignonne petite DJ ». Vous êtes bien plus que cela. Vous êtes talentueuses. Vous avez des convictions qui vous font vivre, vous êtes intelligente, douce, cultivée, vivante. Doucement, mon pouce caressa sa joue. Jamais vous ne serez un boulet. Pour personne. Moi y compris. Je soupirai quelque peu en secouant la tête, lui adressant un léger sourire. Et je vous promets, je vous jure que je serais là lorsque vous en aurez besoin, ou que vous en aurez simplement envie. Pour n’importe quelle raison, je serais là. Je ne me choque que difficilement et je vous protègerais autant que possible. Je vous soutiendrais, d’ailleurs, dans tous vos dessins. Me relevant, je la remis doucement sur pied elle aussi sans lâcher sa main. Je ne cacherais pas que l’idée de vous savoir en train de vous battre de m’inquiètera pas, mais après tout, cela me donnera peut-être une occasion d’arrêter quelques chasseurs à mon tour, tentais-je de m’amuser.
Quelques instants de silence plus tard et ma main retrouva la joue de la vampire tandis qu’un nouveau sourire, léger et attendri, prenait place sur mes lèvres. Et en quelques très courtes secondes, je vins déposer un baiser sur ses lèvres. Court, aucunement intrusif, mais des plus tendres. Me séparant d’elle, je relâchai sa joue en m’écartant d’un pas, cela afin de lui laisser de nouveau un espace personnel.
- Tout ira bien. Soufflai-je alors en hochant une fois la tête. Je vous le promets.
Et si je ne pouvais décemment pas être certain de cela, une chose était sûre : je ferais tout mon possible pour que cela soit le cas.
Etait-ce possible de chanter avec le coeur ? C’était ce que Grenat venait de faire et si celui-ci avait une belle voix, il n’en restait pas moins meurtri. Louis s’était approché pour l’écouter, sans savoir à quoi il pensait pendant ce temps. C’est seulement quand elle se tourna vers lui qu’elle remarqua qu’il avait compris que quelque chose n’allait pas. Elle ignorait encore s’il allait la laisser plantée là pour fuir les éventuels problèmes à venir et l’attente parut interminable. Non seulement Louis resta auprès d’elle mais il avait tenu à la rassurer de la plus belle des manières, comme s’il avait atteint directement son coeur pour l’apaiser. Elle posa sa main sur celle qui caressait sa joue, regardant l’homme avec des yeux brillants. Ses paroles la comblaient de joie car il était ce dont elle avait besoin, quelqu’un capable de rester à ses côtés.
Les deux vampires étaient maintenant debout mais toujours reliés et la DJ ne put s’empêcher de sourire à sa remarque concernant les chasseurs bien qu’il n’y avait rien de drôle là-dedans mais elle l’imagina jouer les justiciers et ce rôle lui allait plutôt bien. Et puis il l’embrassa. Les joues de Grenat rosirent aussitôt et elle sentit son coeur faire un bond, une jolie sensation à laquelle elle n’avait pas goûté depuis longtemps... C’était court mais agréable, bien dosé même, une sorte de teasing de quelque chose d’encore plus grand ? Elle tenta de cacher sa gêne quelques secondes en dépliant les doigts devant son visage ou alors c’était pour cacher son sourire béat. Ça devrait être l'effet Louis, il était le seul à la faire fondre sans trop d’efforts et il lui montrait à chaque fois une nouvelle facette de sa personnalité toujours aussi agréable. Cependant, chaque médaille avait un revers et personne n’était tout blanc ou tout noir mais ce n'est pas elle qui pouvait jeter la pierre, personne n'était parfait.
Après avoir galéré en amour, il était certain que l'anglais avait un effet particulièrement réconfortant et il était hors de question que Grenat le laisse filer désormais. Elle avait même envie de passer le plus de temps possible avec lui et discuter de tout et de rien pendant des heures, main dans la main. Une vision idyllique sûrement mais Louis avait prouvé qu’il était largement capable de la faire rêver et ce, en toute honnêteté. De son côté, Grenat comptait lui rendre la pareille. Elle n’avait donc aucune raison de se méfier ou même se prendre la tête, il n’y avait plus qu’à se laisser porter en douceur. La jeune femme plongea ses yeux dans les siens avec la sensation d’être plus légère puis elle lui répondit enfin.
“Evidemment, ça va dans les deux sens, même si vous… Tu as été blessé à cause de moi au Masquerade. Je vais encore m’entraîner et devenir plus forte pour que ça ne se reproduise plus. Je veux être là aussi pour toi...”
Le ton était un peu plus sérieux cette fois mais aussi bienveillant puis elle se mit à sourire franchement.
“Tu es si gentil, j’ai l’impression que ça en est presque irréel, c’est comme si j’avais commandé l’homme idéal au père Noël et qu’il l’avait déposé devant ma porte.” Elle se mit à rire, un peu gênée de sa propre remarque. Elle était en train de dire qu’il était l’homme parfait pour elle mine de rien. Elle joignit ensuite ses mains entre elles avec un air enfantin voir mignon.
“Tu as dit que tu me soutiendras toujours, n’est-ce pas ?… Alors allons danser, je sais que tu n’aimes pas trop ça mais j'ai envie de m'amuser. Retournons là où nous nous sommes rencontrés.”
Grenat lui tourna le dos ensuite pour faire face à l’escalier qui menait à sa chambre, sa tenue n’étant pas appropriée pour danser. Elle reprit la parole en tournant seulement la tête et les épaules vers l’arrière.
“Oserais-tu refuser une invitation à un autre rendez-vous ?” Demanda-t-elle avec un sourire malicieux, presque provocateur puis elle monta sur la mezzanine où se trouvait sa chambre pour se changer. Elle retourna ensuite devant Louis au bout d’une minute et tourna joyeusement sur elle-même sans laisser la jupe remonter...
"Ça te plaît ?”
Les formes de Grenat étant très bien fournies, le contraire serait étonnant. D’ailleurs, l’homme allait sûrement peiner à la regarder que dans les yeux. L’idée n’était pas de le faire baver parce qu’elle ne se le permettrait pas, elle aimait simplement cette robe et c’était la tenue parfaite pour un night club chic.
Plus de cent ans. C’est ce qu’il m’avait fallut pour me décider, sur un coup de tête, à poser mes lèvres sur celles d’une femme comme elle. Et quelle femme. Une femme qui n’appelait qu’à se faire connaitre d’avantage, intelligente et particulièrement intéressante sur tous les points. Une femme qui répondait en tout point à la femme parfaite. Avec, peut-être, un brin d’audace en plus. Doucement, je vins esquisser un sourire, secouant la tête de gauche à droite.
- Je v…
Je fronçai les sourcils. Le tutoiement n’avait jamais été d’une facilité déconcertante pour moi. Bien au contraire. Elevé au vouvoiement de tous, et même de mon propre père ou de mon épouse, je peinais encore aujourd’hui à tutoyer d’autres que ma fratrie, ce qui, il fallait bien l’avouer, ne représentait que peu de personnes. Mais elle avait raison, il allait falloir le faire. C’était cela, la modernité !
- Je te rassure. Repris-je. Ce n’était rien. N’oublie pas que j’ai été militaire dans une ancienne vie. Je peux tout à fait supporter ce type de blessure. D’autant plus que je ne suis éternel. C’est très vite oublié. Mais je soutiendrais tout désir de t’entraîner.
Jamais je n’empêcherais quiconque de faire ce genre de chose, bien au contraire. C’était d’ailleurs tout à son honneur que de vouloir s’entraîner pour devenir plus forte, ainsi fallait-il l’y encourager. Soudain, alors qu’elle venait de reprendre la parole, je me mis à rire.
- Malheureusement je suis bien loin d’être l’homme idéal. Ne serait-ce que parce que notre première rencontre s’est déroulée sur la base initiale d’un mensonge tout à fait éhonté de ma part. Ainsi qu’un vol, en quelques sortes, puisque je n’ai jamais payé mon entrée dans le club. Réfléchissant quelques instants, je me remis à rire. Je t’en prie. Ne le répète jamais à ma sœur. Je suis certain qu’elle m’obligerait à travailler chez elle pour rembourser ma dette, m’amusai-je bien que peu convaincu de cela.
Peu convaincu car ce n’était pas là l’image que j’avais encore de ma sœur dans mes souvenirs. Non. Je l’imaginais plutôt en rire, amusée de cette prise de risque, aussi espiègle qu’elle pouvait être dans ses jeunes années, me menaçant avec un grand sourire comme elle en avait l’habitude. Secouant la tête à ses pensées, mon attention se porta à nouveau sur la vampire dont les mots me surprirent.
- Oui… Hésitai-je quelque peu suspicieux.
Son air était bien trop mignon pour que cela soit sans aucun fondement. Il y avait anguille sous roche, je le sentais, et mon instinct ne tarda pas à me donner raison. Danser. Je ne pus m’empêcher de faire une légère grimace. Danser… Bon… S’il le fallait. J’hochai doucement la tête.
- Si cela te fait plaisir, allons-y. Dis-je en souriant. Mais ne te plains pas si je nous met une honte infinie.
Je levai les mains en guise de bonne foi lorsqu’elle s’amusa avec moi, secouant négativement la tête, l’air parfaitement sérieux.
- Jamais je n’oserais refuser le moindre rendez-vous avec toi. Répondis-je alors qu’elle montait à l’étage.
Ma tasse de nouveau en main, je la terminai en quelques secondes pour me permettre de la laver dans l’évier avant de ranger mon ordinateur. Et ce temps suffit à la jeune femme pour réapparaître dans une tenue des plus splendides. Bien sûr, je n’avais pu rater ses formes parfaitement mises en valeur dans la robe, mais je retins mes yeux qui, malgré avoir quelque peu dévié sur sa poitrine, remontèrent bien rapidement à son visage.
- Tu es magnifique. Articulai-je en risquant un nouveau coup d’œil qui se voulait discret à ses formes.
Rapidement, je secouai la tête. J’étais avant tout un gentleman. Et en gentleman, j’allais donc agir. Reprenant tout sérieux, un sourire sur le visage, je lui présentai alors mon bras.
- Votre voiture vous attend en bas, Miss. Dis-je, amusé. Et même si votre cavalier fait pâle figure à vos côtés, il sera ravi de vous conduire au club.
J’allai d’ailleurs jusqu’à lui ouvrir la portière passager, lui proposant ma main pour l’aider à s’installer doucement. Contournant la voiture, je m’installai alors côté conducteur, esquissant un sourire amusé.
- Je te préviens. Dis-je en démarrant. La voiture est l’une des seules choses de valeur que j’ai. Ne compte pas sur ma richesse infinie. Je m’arrêtai quelques secondes. Enfin… C’était. J’ai quelque chose d’une valeur encore plus grande maintenant.
Un sourire tendre en sa direction, caressant quelques instants sa main de la mienne et je démarrai pour le Masquerade. Il nous fallut quinze minutes pour rallier le club, quinze minutes où je me surpris à être plus bavard que d’habitude, lui montrant le ciel et les étoiles, nommant certaines d’entre elles, nom que j’avais appris lors de mes opérations militaires. Et ainsi le trajet se passa-t-il bien trop rapidement à mon goût. Quand la voiture fut stationnée, je vins lui ouvrir la portière, un sourire plus que charmé aux lèvres. Sourire qui disparu quelque peu lorsque je vis la queue devant le club. Il y avait toujours autant de monde…
- Eh bien… Il ne faut pas être pressé pour entrer ici. Comment se fait-il que tant de personnes désirent entrer ? Soufflai-je. Est-ce que ton statut de DJ te permet d’entrer plus vite ? M’enquis-je. Que je prépare à la haine de chacun. J’ai à mon bras la femme la plus belle de cet établissement, alors si nous entrons facilement… Je sens que je ne vais pas me faire beaucoup d’amis.
A nouveau, je me mis à rire, le cœur étrangement bien plus léger, comme si un poids s’était envolé, ou qu’un voile de douceur l’avait entouré.
Un menteur et un voleur ? Grenat dû se retenir de ne pas rire devant ces adjectifs qui ne reflétaient pas du tout la personnalité de Louis. Ce n'était évidemment pas grave s'il n'était pas parfait et ce n'était pas ce qu'elle souhaitait non plus puisque tout le monde avait le droit à l'erreur. Le plus important était qu'à ses yeux, cet homme était parfait pour elle, selon ses critères. Celle-ci n'étant pas une blanche colombe, elle avait fait bien pire mais il était inutile d'en parler maintenant. Le secret de ce "vol" était donc bien gardé même si l'idée de voir Louis travailler pour Elizabeth était assez amusante. C'était plutôt le moment d'aller se trémousser au grand dam du vampire mais ce dernier avait tout de même accepté pour faire plaisir à sa belle. Elle fut d'ailleurs prévenue que les clients risquaient de se moquer d'eux mais peu importe. Sur la piste, elle ne ferait attention qu'à lui.
En vrai gentleman qu'était Louis, il s'occupa de sa cavalière jusqu'au bout. D'abord avec un compliment qui fit chavirer son cœur et elle avait apprécié qu'il ne la regarde pas comme un bout de viande. Ensuite, en l'amenant à sa voiture, bras dessus, bras dessous, dans laquelle il l'aida à entrer. S'asseoir dans un beau carrosse faisait toujours son effet et Grenat se sentait comme une princesse des temps modernes. Ce qu'affirma Louis ensuite amplifia ce sentiment et elle en rougit aussitôt, gêne qu'elle cacha en baissant la tête, tout en tenant sa main avec le sourire. Il ne pouvait pas lui faire plus plaisir, enfin si car il arrivait toujours à faire mieux mais là, ces quelques mots précieux l'avaient encore fait fondre et aussi emplit son cœur de joie. Elle se sentait si bien près de lui et le fait qu'il ait réussi à balayer ses doutes était un exploit. Cette fois, elle allait profiter sans retenue…
La route fut également agréable et la jeune femme était ravie que son chaperon lui parle des étoiles qu'elle aimait contempler, ça lui permettait même d'en apprendre plus sur elles. Il y avait tant d'histoires qu'elle voulait encore entendre. Comment Louis avait trouvé les époques qu'il avait traversées ? Est-ce qu'il avait porté des pantalons pattes d'eph ou la coupe mullet ? Des questions existentielles en somme. Arrivés à bon port, les deux vampires sortirent du véhicule et Grenat put remarquer la file d'attente qui était toujours aussi longue, rien d'étonnant pour elle donc mais ça l'était moins pour Louis qui n'avait pas l'habitude.
"C'est un night club branché et plus le prix est élevé, plus c'est 'the place to be', c'est comme ça."
Elle rit ensuite à sa remarque bien qu'elle n'était pas d'accord avec le fait d'être la plus jolie mais si elle l'était pour Louis alors elle en était contente. Cependant, ce n'était pas vraiment le plus important, en effet il y avait du monde et personne n'avait envie de perdre son temps.
"En effet, on n'a pas de passe-droit à cause de ça, enfin pas à cause de mon physique mais euh…" Elle rougit d'un coup avant de se reprendre. "Vu que les employés ne payent pas, ça dérangerait les clients si on entrait comme on veut, accompagnés surtout. Par contre, quand c'est une célébrité, personne ne dit rien. Regarde." Dit-elle le regard brillant d'une lueur malicieuse avant de prendre aussitôt la main de son cavalier.
Elle l'amena devant le videur et s'adressa ensuite à lui en surjouant, comme si elle se prenait pour une diva.
"Excusez-moi, nous aimerions entrer."
"Vous êtes qui?"
"Vous ne savez pas qui je suis ?" Demanda-t-elle faussement choquée. "Je m'appelle Grenat Hawthorne, l'une des meilleures DJ du monde !"
"Ah oui bien sûr, excusez-moi Miss Hawthorne, entrez donc !"
Grenat donna un billet au videur puis pénétra dans le club aux côtés de Louis. Elle se tourna ensuite vers lui et se mit à rire joyeusement.
"Je t’ai fait marcher, les employés ne font pas la queue car on est sur la liste mais j'aime bien faire la star parfois juste pour rire, Jerry a l'habitude. Ah et hum… J'ai payé ta place. Tu vois, moi aussi je peux mentir éhontément." Elle rit de nouveau en mettant sa main devant sa bouche puis elle s'approcha du bar pour commander un cocktail au sang.
"C'est toi qui choisis la prochaine activité, promis !"
Il y avait déjà du monde qui dansaient, d'autres étaient installés au carré vip. Certains étaient là que pour l'alcool mais le maître mot restait "l'amusement". L'ambiance était donc plutôt bonne mais ça n'allait sûrement pas suffire à Louis pour apprécier définitivement ce genre d'endroit. Debout près du comptoir à attendre son verre, la vampire lui adressa un doux regard.
"Je me souviens quand tu es arrivé dans la salle des employés, tu avais l'air un peu perdu et stressé mais je t'ai tout de suite…" trouvé charmant, beau, gentil, adorable, drôle ? "Apprécié, mon cher Mister Oupsy… J'ai l'impression que c'était il y a très longtemps." Termina-t-elle par un sourire.
- The place to be… Répétais-je visiblement très peu convaincu de tout cela. Je t’avouerais que je préfère les endroits moins chers et moins bondés.
Secouant la tête, j’arquai alors un sourcil tandis qu’elle m’indiquait l’inexistence de passe-droit. Ainsi allions-nous devoir faire la queue ? Non. Car la demoiselle semblait avoir plus d’un tour dans son sac. D’ailleurs parlait-elle de célébrité. Oh non… Aurais-je loupé cela ? Moi qui n’étais pas vraiment un mordu de musique moderne, avais-je raté qu’elle était connue ? Je ne l’espérais pas vraiment, pas du tout même, car cela aurait pu être vexant pour elle, que je ne connaisse rien de son œuvre. Mais, en tentant de ne pas faire remarquer ma gêne naissante quant à cela, je serrai sa main dans la mienne pour la suivre jusque devant le videur. Et quelle ne fut pas ma surprise lorsque ce dernier la reconnu ! J’avais donc raté quelque chose, et d’assez gros, il allait sans dire, si elle était inscrite sur les listes de célébrit… Je plissai rapidement les yeux tandis-que Grenat se tournait vers moi. Ma naïveté quant à certains sujets risquait visiblement de me perdre bien plus vite que ce que je n’aurais cru. La jeune DJ venait tout bonnement de se moquer de moi. Gentiment, certes, mais tout de même.
- Hé bien très chère starlette vous… Je me mis à tousser. Tu as payé ma place ? Mais… ?
Mais je n’avais strictement rien remarqué, certainement trop plongé dans mes pensées à me fustiger sur le fait que je n’avais pas remarquer que la jeune femme était célèbre. Décidément ! Je n’en ratais pas une. Grimaçant, je la suivis jusqu’au bar avant de la fixer intensément.
- Ce n’est pas parce que je courtise une star que j’accepte de me faire entretenir ! M’amusai-je. Ainsi… Sortant ma carte bancaire, je me tournai vers le barman pour commander à mon tour un cocktail au sang, payant les deux consommations. Et si tu me dis que les employés ont des consommations gratuites… Je secouai la tête. Ne me dis rien et fais comme si j’avais bien fait, je t’en prie.
A mon tour de me mettre à rire. Rapidement, mon regard fit le tour de la salle. Il était évident que je n’aurais pas choisi cette activité pour notre premier rendez-vous. Ou second. A moins que cela ne soit le troisième puisque nous avions changé de lieu. Mais est-ce que le contrat était un bon rendez-vous ? Je secouai la tête. Voyons. Je l’avais tout de même embrassé alors… Enfin. Nul besoin de se poser des questions ce soir. Mieux valait en profiter avant tout. Me penchant vers elle, mes lèvres près de son oreille je me mis doucement à rire.
- Je te préviens, la prochaine activité sera dans un musée ennuyant et surtout sans personne. Ça nous fera une moyenne de bruit et de population. M’amusai-je avant de me redresser.
A ses paroles, j’esquissai un léger sourire hochant la tête.
- Je n’avais pas l’air perdu. J’étais complètement perdu et c’était la dernière porte que je n’avais pas ouvert dans ce club, je dois l’avouer. Et même si ce n’était pas ce que je cherchais, j’avoue que je ne regrette pas de l’avoir ouvert. Mais cela était tout à fait réciproque.
Enfin, nos cocktails arrivèrent tandis que bien des néo orléanais se défoulaient déjà sur la piste de danse aux rythmes de sons endiablés et très actuels et moins actuels. Buvant une gorgée de mon propre cocktail, j’observai la jeune femme avec un léger sourire. C’était une sensation étrange que de sortir avec une femme, et cela même si nous n’étions pas en couple. Pas encore, tout du moins. Mais le simple fait de faire une sortie, à vrai dire, me paraissait étrange. Dans un bon sentiment, un sentiment de légèreté, de calme intérieur malgré l’agitation extérieure.
- Le temps passe généralement beaucoup trop vite lorsque nous sommes en bonne compagnie. Dis-je avec un sourire amusé aux lèvres. Alors je suppose que je suis d’assez bonne compagnie pour te faire oublier le temps qui passe et te faire croire au fait que cela fait justement très longtemps.
Un sourire, et, comme poussé par l’ambiance quelque peu chaude de tout club, je vins poser ma main sur sa taille. Bien que ce geste puisse paraître tout à fait anodin d’un point de vue extérieur, il était, pour moi, un signe de tendresse et de proximité comme j’avais très rarement eu avec autrui. Ce fut l’instant précis où le rythme changea pour une chanson que, pour une fois, je connaissais et appréciais. Esquissant un sourire tendre à la vampire, je déposai mon verre presque vidé sur le comptoir pour me saisir doucement de sa main afin de la mener jusqu’au centre de la pièce. Mes mains sur ses hanches, je l’attirai doucement à moi, un léger sourire aux lèvres avant de lui murmurer.
- Voilà une danse où j’ai moins de risque de te faire tomber.
Là, la jeune femme près de moi, contre moi, devrais-je même dire, je fermai les yeux pour tenter d’oublier le monde autour de nous, un sourire aux lèvres. Malgré tout, je me sentais bien, étrangement bien. Gêné, certes, mais bien. C’est pour cela que je me détachai de quelques centimètres d’elle pour l’observer, les yeux dans les yeux, un sourire tendre aux lèvres avant de reprendre ma position initiale, mon front venant se coller au sien doucement.
- But the sun's been quite kind while I wrote this song It's for people like you that keep it turned on So excuse me forgetting, but these things I do You see I've forgotten if they're green or they're blue Anyway the thing is what I really mean Yours are the sweetest eyes I've ever seen
Est-ce que je chantais ? Oui et non. Disons que… Je chantais mais d’une manière si basse qu’elle seule pouvait l’entendre. Je n’avais pas la pire des voix, c’était un fait, mais cela faisait peut-être… Je ne comptais même plus les ans depuis la dernière fois que j’avais chanté. Et c’était bien seulement parce que je connaissais cette chanson par cœur, et que les paroles pouvaient me, nous, parler…
La petite plaisanterie de Grenat était plutôt bien passée, même que Louis allait sûrement la taquiner en l’appelant “starlette” dorénavant. Cependant, s’il y avait bien une chose que l’homme n’avait pas l’air d’apprécier était trop qu’on paye à sa place, peut-être à cause de son éducation mais il était hors de question pour la vampire de se faire entretenir. Après tout, les temps avaient changé mais ça n’avait pas empêché Louis de payer les boissons. La belle prit un air gêné à sa remarque avant de secouer la tête avec le sourire. Non les employés ne payaient pas leurs consommations, enfin jusqu’à une certaine limite mais Grenat préféra se taire pour lui faire plaisir. Encore un mensonge donc ! En y pensant, étant donné qu’il n’avait pas réglé son entrée à sa première venue au Masquerade, on ne pouvait pas dire qu’il ne payait pour rien non plus...
L’idée d’aller au musée ne lui déplaisait pas au contraire, c’était même une parenthèse à toute l’agitation quotidienne et elle aussi avait besoin de s’en éloigner parfois. Elle lui sourit donc amusée puis hocha la tête.
“Rien n’est ennuyeux avec toi.” Dit-elle avec un regard tendre. “Ce sera donc avec plaisir.” Étaient-ils déjà en train de prévoir leur prochaine sortie ?
Grenat était ravie que ses premières impressions soient partagées et il est vrai que les deux s’étaient bien entendus aussitôt, très bien même au point d’en être là où ils en étaient aujourd’hui. La commande arriva rapidement et elle écouta le vampire tout en sirotant son cocktail. Elle était vraiment contente d’être avec lui ce soir. En effet, le temps passait et le moment de la séparation allait arriver tôt ou tard mais ce n’était que temporaire.
"Ça doit être ça.” Affirma-t-elle en touchant le nez de Louis avec son index avant de rire.
Ce dernier réduisit ensuite la distance entre eux, ce qui n’était pas pour déplaire à la DJ qui lui sourit. Elle n’eut pas le temps de réagir que l’homme l’amena ensuite sur la piste de danse et elle ne s’y attendait vraiment pas puisqu’il n’aimait pas trop danser. Elle pensait plutôt le forcer à rejoindre les autres et lui montrer que ce n’était pas aussi terrible que ça mais non. Il faut croire qu’Elton John l’avait particulièrement inspiré. Grenat passa ses bras autour du cou de son cavalier, heureuse d’être aussi proche de lui et ce, le temps d’un moment privilégié. Même si la chanson était dépassée, les paroles restaient actuelles et particulièrement belles, l’émotion commençait donc à monter et voir les lèvres de Louis bouger fut le coup de grâce. Un simple slow certes mais il était magique. C’est donc des yeux larmoyants qu’elle leva vers ceux du vampire. Ses yeux à lui, étaient d’un vert profond, son regard était intense et il atteignait directement son âme, quant à ce sourire ravageur… Tout chez lui plaisait au point d'en être presque euphorique, telle une adolescente vivant ses premiers émois. Grenat ne pensait pas ressentir de nouveau ces vibrations ni revivre cette douce sensation de papillons dans le ventre. La jeune femme décolla finalement son front du sien pour le serrer contre elle alors que sa tête était posée contre son buste. Elle le gardait contre elle comme si elle avait peur qu’il s’en aille, que tout n’était finalement pas réel mais non, il était bien là.
La musique se termina, trop vite sûrement et la vampire relâcha l’homme avant de passer ses index sous ses yeux pour sécher les larmes discrètement. Elle l’observa encore quelques secondes avec un petit sourire, se disant qu’elle avait bien envie de l’embrasser mais… Elle préférait garder ça pour plus tard. La musique suivante fut plus rythmée et la foule autour d’eux commença donc à s’agiter et Grenat préféra éloigner Louis de ce monde pour le préserver. Elle avait eu sa danse avec lui et elle en était très contente mais le show ne faisait que commencer. S’éloignant de l’homme à reculons et en jouant des hanches, elle rejoignit le dancefloor où elle se trémoussa, sans le quitter des yeux.
Y avait-il un semblant de provocation ? Du tout, simplement que la belle aimait danser et ce, sans complexe. Un cercle commença à se former, ce qui signifiait que des danseurs étaient attendus au milieu pour montrer leur talent. Un jeune homme passa, puis un autre qui effectua quelques pas de hip hop avant de laisser sa place à… Grenat, justement. Même en talons, ses pas chauffèrent le sol et elle se permit même des mouvements de danse latine. Le show terminé, la vampire rejoignit Louis qu’elle prit par le bras pour l’attirer à elle et lui apprendre comment danser au 21e siècle. Et c’était très… Caliente. Ses bras autour de son cou, les mouvements étaient cette fois plus sensuels et on voyait à son sourire qu’elle s’amusait comme une petite folle. Est-ce qu’elle en était gênée ? Non, pour elle ce n’était qu’une danse, aussi intime soit-elle mais peut-être bien qu’au fond… Il y avait une intention de faire chavirer Louis. Au moins les autres femmes du club étaient prévenues, pas touche au rouquin.
- Rien n’est ennuyeux ? J’esquissai un sourire amusé. Allons donc. Fais attention, tu tenterais le diable en disant cela, je pourrais le prendre pour un défi.
Une plaisanterie, bien sûr, car ce n’était certainement pas dans mon intérêt que de rendre les choses ennuyeuses. Je l’étais sûrement bien assez sans avoir à forcer, qui plus est. Enfin, ce n’était pas la question. La suivant dans son rire alors que son index s’échouait malencontreusement sur mon nez, j’avais pris l’initiative de l’attirer sur la piste de danse. Bien sûr n’étais-je pas des plus à l’aise avec l’idée de danser. Je ne l’avais d’ailleurs jamais fait, mais elle en valait la peine alors… Ce n’était qu’un effort moindre comparé à la jeune femme que je tenais désormais entre mes bras. A vrai dire, je ne m’attendais pas vraiment à tant d’émotion pour une simple danse et quelques murmures bien rapidement perdus dans le bruit ambiant. Ce fut d’ailleurs avec une certaine surprise loin d’être feinte que je l’observais, sans vraiment savoir comment réagir. Ce fut Grenat, elle-même, qui mit fin à mes interrogations en posant sa tête contre moi. Mes bras, rapidement, vinrent l’entourer et un sourire s’inscrivit sur mes lèvres. C’était agréable, et ce malgré le monde qui nous entourait.
C’est lorsque la musique se termina et que la jeune vampire se sépara de moi qu’il me sembla, un court instant, que quelque chose me manquait contre moi. Mais je n’eus pas vraiment le temps de réfléchir plus que cela qu’une nouvelle musique se faisait déjà entendre. Plus entraînante, plus rythmée, il n’y avait qu’à voir l’agitation qui se faisait de nouveau autour de nous. Grenat eut le mérite de m’éviter la grand foule, m’entraînant un peu plus loin. Un geste qui me sembla alors loin d’être anodin, d’une attention des plus agréables, devrais-je dire. Mais la suite allait s’avérer être plus agréable encore. Mes yeux fixés sur elle, je l’observai reculer, arquant un sourcil sans vraiment comprendre ce qu’elle faisait. Danser. Bien sûr. Nous étions en nightclub c’était donc la chose la plus logique qu’il soit. Et je devais avouer que c’était là une chose des plus agréables à regarder. Un sourire entre l’amusement et le charme sur le visage, les bras croisés et adossé au bar, je l’observai alors attentivement. Elle était belle, gracieuse et, je me devais de l’avouer, terriblement sensuelle. Mieux, Grenat était aussi douée, en témoignait les pas de danse latine qu’elle venait d’effectuer entourée par tout ces spectateurs. Voilà, d’ailleurs, une chose dont je ne serais jamais réellement capable, du moins le supposai-je. Danser. Devant tout le monde. Et bien. Surtout bien, en fait.
Le spectacle terminé, je me laissai attirer vers la jeune femme. Naturellement, mes mains prirent place sur sa taille et un sourire éclaira mon visage. Je ne pouvais cacher le désir que je ressentais pour elle à cet instant. Nulle personne n’aurait d’ailleurs pu le cacher mais il était tout à fait hors de propos que je me relâche et que j’aille plus loin que ce qu’un « gentleman » devait faire. Quoique ce dernier ait légèrement été oublié lorsque j’avais pris la décision de l’embrasser sans même lui demander la permission. En attendant, je profitais éhontément de cette proximité, mes mains descendant jusqu’en haut de ses reins. Je ne savais pas danser, c’était un fait, mais je tentais au moins d’apprendre, quitte à en rire à certains instants tant je devais être ridicule. Le manège continua d’ailleurs une chanson de plus, alors que je tentai, tant bien que mal, à suivre le rythme et surtout la danse, me rapprochant d’elle d’autant, allant jusqu’à faire frôler nos lèvres. Je n’allai néanmoins pas plus loin. Tout cela n’était qu’une danse, un essai de danse de mon point de vue plutôt, mais une danse tout de même. Et une danse qui m’avait quelque peu… Je secouai la tête pour me sortir quelques images du crâne, esquissant un sourire des plus charmé. Pour tout avouer, si Grenat avait jeté ses filets, je n’aurais jamais pu m’en dépêtrer. Cuit. C’est bien ce que j’étais, n’est-ce pas ? Elle était gentille, intelligente, talentueuse, tendre, absolument sublime… Dieu me pardonne, mais le pape lui-même serait tombé dans ses filets.
- Je… Je soufflai, riant doucement. Je dois avouer que même pour un vampire j’ai un peu chaud. M’amusai-je en commandant deux autres boissons. Mais v… Je secouai la tête Tu danses merveilleusement bien. Je vais devoir prendre des cours visiblement ! Mais… Mis à part tout ce monde, je dois avouer que c’est étrangement agréable.
Aussi bien pour l’esprit que pour les yeux et le corps, il allait sans dire.
- Où diable as-tu réussis à apprendre à danser comme ça ? M’enquis-je alors. Je n’ai jamais réussi à faire trois pas sans avoir l’air ridicule, et je ne te parle pas quand on devait compter les pas de danse. C’était… Je grimaçai. Pire qu’une catastrophe. J’ai dû écraser les pieds de ma sœur et de notre gouvernante un millier de fois avant d’abandonner définitivement.
Toussotant, je me reculai un instant avant de m’approcher de son oreille afin que ma voix puisse couvrir le bruit.
- Je… Je toussotai à nouveau en me grattant la nuque. Est-ce que je peux t’embrasser ?
Au moins demandai-je l’avis. C’était osé, je l’accordais et je ne serais certainement pas frustré ou que savais-je si elle refusait mais… Il serait mentir que de dire que je n’en avais pas envie. Non. J’en avais plus qu’envie.
La soirée improvisée se passait finalement très bien et Louis s’était même prêté au jeu pour le plus grand bonheur de la DJ. Elle qui pensait que ce dernier ne suivrait pas, elle avait pu se déhancher sur le dancefloor avec lui et ce, de façon plutôt sexy. La température avait grimpé d’un seul coup mais Grenat était plus concentrée sur la danse et l’ambiance de la fête que sur ses impressions mais il fallait avouer qu’une étincelle avait commencé à embraser les deux vampires. S’éloigner pour boire un coup était donc une bonne idée et c’est avec un grand sourire affiché sur le visage que la jeune femme s’adossa au bar.
“Tu avoues donc que danser est amusant finalement ? Je vais donc pouvoir t’amener ici plus souvent.” Dit-elle avant de rire.
Il faut dire qu’avec une partenaire comme Grenat, n’importe qui aimerait subitement se trémousser… Mais elle ne s’en rendait même pas compte, elle était juste naturelle. C’est alors que l’homme évoqua ses souvenirs concernant la danse et la jeune femme ne put qu’en rire.
“Et bien, j’ai appris ici, enfin pas ici même mais je suis DJ depuis quelques années et à force d’observer les gens qui dansaient sur différents styles, j’ai eu envie d’essayer mais je ne suis pas très douée pour les danses de salon par contre. En tout cas, tu ne m’as pas écrasé les pieds donc tu progresses !”
Tout allait bien oui jusqu’à ce que le vampire lui demande un baiser. Son sourire s’effaça aussitôt, plutôt que d’en être contente, elle commença à réaliser que leur relation allait peut-être un peu trop vite pour elle.
“Tu me plais Louis mais... “ Elle se mit à sourire tristement. “Viens.”
Grenat souhaitait avoir une discussion plus sérieuse mais pas ici, non seulement il y avait du monde mais la musique couvrait leur voix. Elle lui prit donc la main et l’amena à l’extérieur, la tension était palpable.
“Je suis plus jeune que toi mais j’ai une vision plus archaïque et romanesque des relations homme-femme finalement.” Ses yeux plantés dans les siens, elle reprit plus sérieusement. “Dire que je ne ressens rien en te regardant serait mentir mais mes lèvres ne sont réservées qu’à celui que j’aime. Je tenais à te le dire, je suis désolée… Je passe malgré tout de très bons moments avec toi, j’espère que tu comprends...” Dit-elle en baissant la tête honteusement.
Embrasser à tout va, juste passer du “bon temps” avec un homme sans se poser de question, elle ne savait pas faire. Cela permettait aussi de filtrer ceux qui l’approchaient juste pour ça. Elle avait juste envie de se cacher dans un trou pour avoir plombé l’ambiance mais les choses étaient faites ainsi.
“Est-ce que tu m’attendras ?” Ce qui sous-entendait, “est-ce que tu l'accepte ?”. Elle ne le forçait à rien en tout cas.
