Leçons d'éducations

Je n'ai pas dit un mot dans le taxi. Et lui non plus, tant mieux. J'ai les nerfs à fleur de peau, je me sens incapable de supporter un mot de travers. Et la sonnerie dans le vide des pompes funèbres n'améliore pas mon humeur. Pas plus que la pâleur du conducteur quand il se retourne pour me demander de payer, et voit ma tronche. J'ai envie de hurler mordre pleurer frapper. Calme toi. J'ai mon casque sur les oreilles et la musique à fond. Ce qui, soyons franc m'agresse méchamment les tympans. Mais bon, on s'isole comme on peut, hein? J'ai trop mal. Je suis trop en colère. Trop instable.

Je ne récupère même pas ma monnaie, me contentant de sortir de la voiture, et d'entrer dans la ferme. Je ne pleure pas. Pas encore, même si les larmes brouillent ma vue. Je bouscule le blondinet qui, quelques heures une éternité plus tôt m'avait dit que "Lucio était occupé et que je pouvais surement aller à la boutique seule?" et me précipite dans ma chambre. Dont je claque la porte, parce que... Parce que merde en fait. Il n'avait pas le droit de me dire ça. Parce que mes vannes cèdent, et la maitrise qu'il me restait avec. Parce que les images refont surface, et que je n'arrive plus à les tenir à l'écart. C'est tout juste si je parviens à sortir le PC de sa veille et à lancer la play list "Pétage de cable". Besoin de musique là. Spécialement conçue pour m'aider à me calmer... en évacuant la colère. Donc du métal ou je gueule sur la chanson tout en agressant mon oreiller au point qu'il en perd ses plumes. Et quand je me suis suffisamment énervée sur mon oreiller, je lance une deuxième application, celle avec les partitions qui défilent automatiquement, pour pas avoir besoin de tourner les pages.

Spoiler:

Il n'est pas besoin d'être très mélomane pour percevoir que je joue avec plus de colère que de technique. Si les notes sont justes, et que je chante en accord avec les harmoniques, le tempo est irrégulier, et si je n'était pas seule interprète de cette chanson, On a frappé à la porte, là... je serais en décalage avec mon partenaire. Je suis sur le solo quand j'entends à nouveau des coups à la porte, alors que je malmène mon pauvre instrument, qui n'a pas l'habitude que j'y mette autant de force. Ah, je savais bien qu'on avait frappé!

"C'est qui?!"

Je ne me suis pas arrêtée de jouer pour autant. Et quand j'entends qui c'est, j'en loupe 2 accords. Ah non, il va pas recommencer?!

"DEGAGE! J'veux pas te parler!"

Flash info: Etre une petite fille maladive m'a doté de beaucoup de qualités, dont la patience. Pour autant quand je décide d'être de mauvaise humeur, je peux. Mes mères auraient pu témoigner. Sauf que j'ai pas pu leur dire au revoir non plus et que ça aussi je lui rejette la faute dessus... Ah et s'il avait pas compris la mauvaise humeur, NON, PAS LE PC! le choc sourd du métronome contre la porte devrait l'en convaincre...

Lucio & Alyssa

Will you be there waiting on the gates of dawn when I close my eyes forever

Le sang, précieux et délicieux d'entre tous, une drogue et pourtant une nécessité pour un être tel que moi, Katyusha et maintenant la jeune vampire, mademoiselle Snow. Le fait n'est pas que celle-ci ait eue connaissance du goût de sang humain mais bien le fait qu'elle l'a eue bien trop tôt dans des circonstances accidentelles d'entre tous. Sans la dame Russe que je venais de quitter, je sais que l'humaine n'aurait survécue l'attaque de la jeune Alyssa et celle-ci aurait alors été abbatue comme un vulgaire animal enragé. Cependant, le coup de poignard dans mon âme est bien réel des derniers propos de la vampire rousse qui se sera récoltée un regard incrédule de ma part avant ma sortie des lieux. La perte de ses mères... Je ne suis pas idiot, je comprends le lien entre le décès récent de deux femmes et la transformation de leur fille et l'image que j'ai en tête... Je marche dans les rues, mon poing se serrant, le cuir de mes gants grinçant en protestation de cette nouvelle pression alors que je marche la tête haute, arrogant, certain de ma puissance et porter ainsi la cape de ma prestante vampirique est un clair moyen d'assurer que nul ne me cherche de noises.

Alyssa Snow. Vampire depuis moins de dix jours. J'avais entrevu le dossier mais sans le sonder en profondeur et, pour la peine, j'avais commis une erreur en la testant. Trop tôt. Bien trop tôt pour cette cruelle réalité alors que je prends quelques détours pour rassembler mes idées. Un vampire qui transforme une adolescente après avoir tuée les deux parents de celle-ci. Une pulsion douloureuse dans mes mains de la pression de mes poings alors que je les relâche, prolongeant ma marche pour tenter de trouver ce qui doit être dit, ce qui doit être fait. Peut-être la vampire me détestera-t-elle, elle en a le droit mais j'ose espérer que non car, en tant que vampire végétarienne... elle n'est guère mieux que les humains.

Mais cela revient de nouveau à un autre souci bien sérieux... Personne n'avait accompagné l'infante dans ses courses et alors que je regagne la ferme à pied, donnant une période de temps pour la jeune femme de calmer un brin ses ardeurs, j'arrive et ouvre la porte pour observer le visage dépité des autres locataires alors qu'une cacophonie musicale détruit le pauvre piano! Plus de vieugur et d'émnotion que de talent et je me doute bien quelle jeune vampire adolescente est en train de ruiner l'ouïe de mes confrères. Gagnant la chambre très sonore, je toque à la porte et attend... Sans succès. Elle reprend et je cogne de nouveau et, cette fois, ce gagne son attention.

"C'est qui?!"

Oh, enfant de ce siècle... Dieu soit loué que je sois sous l'effet de sang humain pour garder mon calme.

"Lucio Morandi, mademoiselle Snow. Je venais..."

"DEGAGE! J'veux pas te parler!"

Avec cette explosion vient un bruit de fracas, quelque chose lancé contre la porte qui éclate en morceaux alors que je pince les lèvres et cogne de nouveau.

"Je venais vous présenter mes excuses, mademoiselle Snow. Ainsi que mes doléances. Laissez-moi entrer, je vous prie."

Je ne la vois pas mais j'essaie de la charmer de ma voix comme mes yeux en ont le pouvoir. Ouvre cette porte.. Je ne vais pas crier ici que tu as bue du sang humain ou nous serons tous tués.

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Des excuses? Elles ne changeront rien à ma situation. Les excuses comme les condoléances n'ont jamais été autre chose que des mots creux, vides, en lesquels ne croient même pas ceux qui les prononcent. Quand aux doléances...

"FOUS LES TOI AU CUL!"

Vulgaire oui. Mais si il faut en arriver là pour qu'il comprenne à quel point il est pas le bienvenu... A quel point là de suite, aucun adulte n'est le bienvenu. Le dernier mot est partiellement recouvert par un accord rageur et discordant. Parce que là j'en ai marre. Je repousse la chaise en me levant et je vais ouvrir la porte à la volée. MARRE!

"Tu veux t'excuser? De quoi? D'être un adulte?" Un inutile. J'ai craché ce mot avec force. Ils donnent des ordres, mais ils savent pas faire autre chose! "D'être un pauv con qui manipule et fait chanter d'emblée?! Tu crois que je le sais pas déjà que je suis un monstre?!" J'entendais déjà ça Avant. Monstre. Batarde. Voleuse. Je suis hors de moi, hors de contrôle. Le regard d'Arrietta J'ignore les têtes curieuses ou agacées. Celui de Mama "J'ai suivi les putains de règles! J'ai DEMANDE DE L'AIDE! Et j'ai eu quoi?! "Ah ben non, c'est pas le moment!", "Dérange pas Lucio il est occupé!" Je voulais UNE PUTAIN DE CHOSE, c'est que mes mères partent avec leurs bijoux favoris! Parce que NON, j'aurais pas le droit de leur dire au revoir!" Grand père est un salaud. Encore un. Ils ont demandé à ce que l'enterrement se fasse de jour, et comme ils font partie de la "famille"... Ils les aimaient même pas! "Et même ça, j'peux pas, parce que MOI, le monstre je dois faire attention aux autres et qu'on s'en fiche que j'ai seize ans, ou qu'une pauvre conne sache pas mettre des gants de protection alors que c'est la base, c'est moi qui subirait les conséquence?! Mais j'en VEUX PAS de ces conséquences! J'ai rien demandé à PERSONNE, et surtout pas à vivre" Mais ça s'appelle même pas vivre! "sans mes mères! C'est MOI qui devait mourir avant elles!"

Ma voix se brise sur ce dernier aveu. Je le ressent depuis mon réveil, sans l'avoir exprimé à voix haute, sachant parfaitement qu'on ne me donnerait que des phrases vides de "mais non faut pas dire ça t'es en vie c'est super précieux". Je ne sais pas à quel moment j'ai commencé mais je suis en train de frapper Lucio de mes pieds comme de mes poings. Ce qui a l'air de lui faire aussi mal qu'un ours en peluche sur un tank. C'est assez vexant Et probablement lié à ta coordination totalement défaillante Ce qui est logique quand on sait que je recommence à pleurer.

Lucio & Alyssa

Will you be there waiting on the gates of dawn when I close my eyes forever

Je ne m'attendais en rien d'être accueilli les deux bras ouverts et avec un sourire mais je ne peux pas non plus prétendre que cette explosion de colère de la jeune femme ne m'atteint pas car c'est véritablement blessant. Compréhensible mais blessant, oui. Ma main se serre de nouveau mais je la détends de nouveau car je sais qu'elle parle sous l'emprise de ses émotions et je peux maintenant comprendre la douleur qu'elle vie. J'ai perdu mon père il y a plus d'un siècle mais je garde un souvenir indélibile de mon incapacité de le sauver, ressassant ce souvenir alors que la porte s'ouvre sur une furie aux yeux rougis, autant de par l'intensité de ses émotions se manifestant par le rouge de ses iris que les yeux gonflés d'avoir pleurée encore une fois.

Je déteste faire pleurer les femmes.

Je la regarde, cette jeune enfant de 16 ans qui vient de connaître non pas un mais deux changements en moins d'une nuit. J'avais pour ma part eu répit de quelques jours entre la mort de mon père et le changement de ma nature... Et quelqu'un pour me guider. Elle déverse sur moi sa haine de contre le monde entier, l'incompréhension des gens et j'accueille cette colère, la laisse couler sur moi car je sais que ce n'est pas entièrement contre moi mais un besoin de l'exprimer sans quoi elle va la ronger de l'intérieur, la corrompre, la faire perdre tout contrôle. Cependant, lorsqu'elle dit que j'ai été occupé, un tic passe dans mes yeux et lentement le sang gagne mes propres yeux. Le sang humain n'est pas toujours une bonne idée et encore moins lorsque je me retrouve contrarié de par une nouvelle mais je garde ma réserve, remet en place ce masque froid et arrogant que je présente aux gens. Je la laisse me parler... Elle a été rejetée par quelqu'un ici alors qu'elle demandait de l'aide pour aller chercher les bijoux de sa famille pour les enterrer avec eux, ce qui touche encore une corde on ne peut plus délicate, ma main démange cruellement de frapper à mon tour, je prends un peu de la rage de la jeune femme mais l'enferme, pour le moment, profondément en moi.

Les coups viennent avec la rage et je ne peux pas dire qu'elle me fait bien mal, la jeune femme, elle ne maîtrise pas sa force et j'ai une certaine endurance avec les années, la guerre, la vie qui n'a pas été rose pour moi non plus mais en parler avec elle serait peu productif car ce la découragerait. "Tout ira bien"? Un magnifique mensonge, la vie n'est jamais douce avec personne mais c'est là que nous devons montrer notre force; Ne pas être emporté par celle-ci. Décider de notre chemin. Elle termine sa tirade en déclarant qu'elle aurait dût être celle qui meurt. Un poignard dans le coeur une fois de plus alors que je la laisse donner un dernier coup avant de l'empoigner, profitant qu'elle est hors d'équilibre pour l'attirer contre mon torse, une main à sa nuque et l'autre au creux de ses reins, un étau humain pour une femme qui ne l'est plus maintenant.

"Je suis désolé. Je ne savais pas. Je n'aurais pas été aussi vil avec toi si j'avais connu toute l'histoire."

Je me doute bien que ce n'est pas ce qu'elle veut entendre, elle va penser que je prends pitié d'elle mais ce n'est en rien ce qui s'est produit alors que ma main glisse de ses cheveux pour venir empoigner son menton et croiser son regard. Je bloquer à triple tours mon charme vampirique, mes yeux rougis par le sang et mes propres émotions négatives alors que je parle avec un calme que je suis bien loin de ressentir, un calme qu'elle voit n'est que dans ma voix que je garde basse pour ne pas crier.

"Je veux que tu saches que je n'étais pas occupé. Si on m'avait avisé que tu désirais aller voir la joallière pour les funérailles de tes mères, rien ne m'aurait retenu de venir mais on ne m'a pas informé. On ne m'a contacté avant que ton incident n'arrive."

une fracture, délicate mais perceptible dans ma voix. Je suis en colère. Non, la colère ne le fait pas alors que je relache doucement le menton de la jeune sangsue pour ne pas qu'elle pense que je vais abuser d'elle. Mon coeur est frénétique et, dans cette étreinte, elle ne peut manquer ces palpitations cardiaques. Une coquille froide emplie d'une rage bien réelle, profonde.

"Je suis désolé mais sache que je ne mentais pas. Je ne peux pas remplacer tes mères, personne ne le peut, Alyssa Snow mais je peux au moins t'aider... Te faire de l'aide dans ta nouvelle vie."

Je pose un baiser sur le dessus de la tête de l'adolescente, chaste et paternel... Je n'ai jamais eu d'enfant mais je veux bien faire avec la jeune femme que je relache doucement, lui donnant la chance de fuir et frapper de nouveau mais mes mots suivants sont cruels... un rappel à la réalité.

"Elles sont parties, mais ne pense pas que tu es seule. Elles sont avec toi... Et vont vivre par toi. Pleure... Je ne dis pas de ne pas le faire mais tu as maintenant une vie devant toi... Rends-les fières."

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A nouveau il referme ses bras sur moi et je peux pas vraiment faire autre chose que de pleurer, les poings crispés et serrés sur sa chemise. Pas tant que j'aime pas le vêtement, c'est plutôt que j'essaie de ne pas me laisser totalement déborder, de rester un minimum dans la réalité. J'adorerai la fuir. Vraiment. Ne lui tourne pas le dos Mais c'est comme un animal vicieux, si je l'ignore elle frappera encore plus fort. Et ça fait mal. Je ne sais plus d'où me vient cette certitude, mais c'est ancré en moi. Du coup je serre la chemise assez fort pour en avoir les jointures blanches C'est moi où ça a fait crac? en essayant de me concentrer sur les mots. J'y peine. Le contact qui crochète mon menton m'aide à me stabiliser un peu plus, Non, pas la colère! et je reste fixée sur les yeux rouges. Tout va bien. C'est pas contre toi Ca change rien, maintenant. Le vin tiré il faut le boire J'aime mieux le sang... Il recommence à me dire qu'il est là, qu'il va m'aider, que je suis pas seule et je capte du coin de l'oeil un mouvement. Je replonge mon visage dans la chemise Le pauvre, elle va être à tordre, sa chemise comme si de ne plus voir le monde pouvait l'effacer, et me permettre de ne me reconcentrer que sur moi. Et je suis son conseil de pleurer encore, encore. Les rendre fières. Comment? Je ne prête pas attention au blondinet qui a l'air un peu piteux... Et très désireux de se justifier.

"Comment je pouvais deviner que c'était important? Elle m'a juste demandé si j'étais vous, je lui ai dit que non, vous étiez occupé! Elle n'a rien dit de plus!"

J'ai l'impression qu'ils parlent dans un brouillard. J'ai l'impression que trop, c'est trop... Un reniflement tout sauf gracieux accompagne un espacement des sanglots. Mouchoir. Je lâche Lucio pour entrer au radar dans ma chambre, et y prendre un mouchoir en tissus dans lequel je me mouche avec la discrétion d'un orchestre de cuivres. Et de m'essuyer les yeux, la crise s'apaisant petit à petit... Enfin pour moi...

Lucio & Alyssa

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Je vois dans ses yeux qu'elle comprend que je suis furieux mais sa peur fond en comprennant que ce n'est pas elle la cible de la colère qui m'habite mais bien ces idiots. Elle est jeune dans chaque sens du terme et ils l'ont laissée sortir sans supervision. L'incident de ce jour était sur leur tête. Elle cesse de frapper et m'injurier, ce qui en soit est une nette amélioration mais ma pauvre chemise... Elle s'y accroche comme si sa vie en dépendait et pour tout réconfort je pose une main près de sa nuque, légèrement plié car je tente de sauver le pauvre tissu qui me recouvre. Un mouvement au coin de ma vision attire mon attention mais je suis concentré sur la vampire qui est en état de crise réellement, cajolant de la manière la plus chaste du monde.

Malgré ce que je laisse voir au monde, je ne suis pas un de ces hommes modernes utilisant les femmes pour un plaisir fugace et je resserre doucement ma prise sur la jeune femme, non pas pou la réconforter mais bien pour me calmer alors que le blondinet commence à me déblaterer ses excuses pitoyables. Mon coeur commence à battre dans mes oreilles quand elle tire et que j'entends ma chemise craquer avant qu'elle ne se défasse de moi. Trop tôt sans doutes pour le bien du jeune vampire qui a maintenant mon entière attention.

Je me tourne vers lui et avance, vampire ainé de plusieurs décennies face à un vampire relativement jeune. Je ne vais pas le toucher, je ne me fais pas confiance à ce point alors que mes iris se font sanglantes.

"Tu n'as pas songé demander son nom ou la raison de vouloir sortir. Tu as failli à la protection de la jeune vampire et du publique mais en prime, tu as parlé en mon nom. Cela est l'ensemble de tes crimes."

Il se récroville comme si j'étais sur le point de le frapper et je ne vais pas mentir, l'envie est là. Ma présence doit lui être écrasante et pourtant aucun des mots qui ont franchis mes lèvres ont été plus qu'un murmure mais l'attention du sangsue est entière sur moi alors que je souffle sa sanction.

"Pour les six prochains mois, je veillerai que tu demandes d'avoir les tâches les plus ingrates et celles qui seraient celles d'Alyssa Snow. Tu expieras ton crime autant envers moi qu'elle ainsi."

Il ouvre la bouche pour protester mais je dis ces derniers mots avec la pression de mon pouvoir, lui clouant le clapet avant qu'il ne tourne le dos et fuit avec la grâce incroyable d'un troupeau de rats qui voient les flammes. Cela fait, je tourne alors les talons pour aller vers la porte de la jeune vampire et toque contre celle-ci, m'appuyant contre l'embrasure. Ma colère retombe et je peux voir la jeune femme qui semble enfin se calmer un peu.

"Tu veux parler ou préfères-tu que je te laisse seule, mademoiselle Snow?"

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Spoiler:

Si me moucher m'a fait du bien, j'ai quand même encore les joues trempées, et je prends le temps de me rincer le visage dans la petite salle d'eau attenante. J'ai une tête à faire peur. J'entends que ça parle à côté, mais le bruit de l'eau couvre le gros de la conversation. Quand je me regarde à nouveau dans le miroir j'ai un peu repris figure humaine ou est-ce qu'il faudrait dire "figure vampire"? Je me sens mal. J'avais besoin de craquer et de sortir tout ça. Mais ça ne va rien changer concrètement, n'est-ce pas? Elles ne reviendront pas.

Dans la chambre, je retrouve Mr Morandi dont le prénom est Lucio, alors? qui semble avoir envie d'un débriefing un peu plus calme. Est-ce que je veux parler? Pas vraiment. J'ai l'impression d'avoir déjà dit ce que j'avais à dire. A savoir le ras le bol. C'est une bonne chose que tu l'aie dit. la seconde étape du deuil. Après, le marchandage, la dépression, et ensuite l'acceptation. Avec des allers retours entre les phases. Je connais les étapes, et je sais que j'y survivrais. Pas vraiment d'autres choix possibles. Je ne réponds pas et m'assois au piano. La musique qui se dessine sous mes doigts est moins brusque, moins agressive. Je ne regarde pas la partition, connaissant simplement la musique mélancolique par cœur. Celle d'une mélodie crée par un homme pour la femme qu'il aime et qui n'est plus.

"Tu veux parler de quoi? Que j'aurais jamais du être toute seule? J'aurais jamais du recevoir d'AB+, et pourtant... C'est arrivé, même avec leurs contrôles. Que ça se reproduira pas que tu me laissera pas sans surveillance? Je dois donc rajouter "prisonnière" à la liste. Que je dois avoir confiance, la vie est belle et c'est génial d'être une vampire? Je ne suis pas en état d'en croire un mot."

Il y a bien sur d'autres sujets qu'il pourrait aborder. Des infos pratiques qu'on m'a peut-être dit mais que je n'ai pas intégré peut-être même pas entendu. Des trucs basés de son expérience? Et la musique que je joue en boucle.

Lucio & Alyssa

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La vie, tantôt simple, tantôt complexe, a souvent tendance d'être une sale garce et c'est un point que je connais de par mon expérience alors que je regarde la jeune femme se déchaîner de nouveau sur l'instrument. Elle est véritablement en détresse et je me botte mentalement le séant de ne pas l'avoir compris, de m'être mépris sur la raison de sa détresse alors que nous étions dans la bijouterie de la demoiselle russe. Le fait est, je connais la perte et la douleur, je comprends aussi beaucoup et mon propre passé remonte doucement vers la surface, les nuits de larmes lors de la perte de mon père, les soins, le changement peu après... Mon poing se serre et la jeune femme ne me réponds pas pour reprendre sa place. Un doux air mélancolique, la jeune adolescente ne regarde pas les partitions, démontrant qu'elle savait ce qu'elle faisait et son absence de réponse n'est pas encourageante. Pour l'instant, j'attends, respectant le seuil de sa porte avant qu'elle ne se tourne vers moi pour déverser une nouvelle dose de vitriol.

Et de nouveau, je me retrouve en plein néant alors qu'elle semble chercher une indication, un guide, un reproche, quelque chose de moi que je ne sais pas si je pourrai lui donner cela mais je veux bien tenter de donner le change. Je vois dans cet éclat un besoin de réconfort mais aussi un mélange de cynisme qui dépasse de beaucoup l'apparence de celle-ci. J'entre donc dans la pièce mais, pour nous préserver de langues sales, je ne vais clore la porte pour une discussion pourtant sensible. J'approche du piano et le détaille, cet instrument bien entretenu mais patiné par bien des gens, levant la main pour le caresser avec douceur, rassemblant mes idées. Puis je pose sur la jeune femme un regard que je veux plus calme, plus serein.

"Je n'ai pas à te dire que tu n'aurais pas dût être seule, tu le sais mais ce n'est pas de ta faute. Tu ne savais pas, personne ne t'a encore visiblement parlée de ta nouvelle condition de vie. Le fait est, sans doutes n'ont-ils pas voulu te brusquer par égard à ce que tu vies."

Une erreur de débutant, surtout... Une adolescente changée en vampire est deux fois pire qu'une adolescente normale et les traits de caractère sont bien pire, la crise pire quand on peut détruire et tuer si facilement. Mais je refuse de laisser mon esprit dérailler et j'adresse alors les autres points que la jeune vampire avait soulevé avec un sourire triste, un peu désabusé mais surtout une voix calme, exempte de pouvoir vampirique sinon la simple capacité de quelqu'un qui parle, presque hypnotique, musicale.

"Je ne vais pas te mentir, je m'y engage si tu le veux. Je ne peux pas dire que ce qui s'est produit ce soir ne se produira plus, car on ne peut prédire l'avenir. Tout comme on ne peut changer le passé. Mais jamais je ne vais te retenir d'avoir ta liberté, ce serait idiot." un souvenir de moi-même, ma vie en cage dorée et je secoue la tête pour chasser ces souvenirs déplaisant alors que je m'agenouille pour être oeil à oeil avec la jeune vampire. "La vie n'est pas simple, ni pour les humains ni les vampires. Nous sommes plus fort, nous avons des talents mais chacun de nous relève des défis, mademoiselle Snow. Mais la vie est ce qu'on en fait."

J'hésite et jette un regard vers la porte, m'assurant que personne ne verra ce que je m'apprête à faire et, voyant qu'on nous a laissé notre intimité pour l'instant, je porte ma main gauche à la droite et retire mon gant avec prudence. Dessous, la chair est légèrement difforme, cicatrisée et portant les traces de sutures ainsi que de brûlure. Un rappel flagrant de mes derniers temps en tant qu'humain, laissant voir la jeune vampire que les plaies sont présentes sur chacun de nous avant de remettre mon gant, dérobant au monde la laideur que je possède.

"Je vais être là pour toi si tu le veux et quand tu le veux. Si tu as besoin d'aide, appelle-moi directement, pas ici. Je ne peux pas les remplacer, je sais que personne ne le fera mais tu n'es pas seule dans ce monde qui n'est ni noir ni gris."

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La musique résonne doucement en boucle, et sans la voix de Lucio par dessus je m'évaderai bien volontiers dans ma tête. Il a l'air d'aimer le piano Pas de ma faute mais si on cherche un coupable ce sera moi. Autant dire que pour ne pas me perturber c'est raté. Le retour de flammes est plus violent.

Il ne me raconte pas de craques, ce qui est appréciable. J'ai vu comment j'ai vrillé vite. Pas eu le temps de quoi que ce soit. Je me doute que ça peut refaire la même n'importe quand. Pour autant ses propos font écho à ceux de l’orfèvre. Me priver de liberté serait "idiot". Pas tant que ça. Je ne suis pas une criminelle. Chose dont le citoyen moyen se fiche éperdument. Il parle de talents, de force et je le regarde avec étonnement. Mes mains courent toujours sur le clavier. Plus de force ? Je ne me sens pas différente. Plus en forme oui. Mais je pars de loin. Je ne me sens pas plus puissante qu'un adulte. Tu ne t'es jamais vue que plus faible que ceux de ton âge... La vie est ce que j'en fais, bien pour l'instant c'est le bordel je sais pas, justement! Je le vois enlever son gant et je vois les cicatrices en dessous. On dirait celles de willfrite. Des brûlures mal soignées, mal cicatrisées. Pourquoi il me montre ça ? C'est le soleil, ça ?

Il ne le précise pas. Il renouvelle sa promesse de protection, d'alliance. L'appeler lui, plutôt que la ferme. Je ne suis pas sure de pouvoir. J'ouvre la bouche, mais ce n'est pas pour répondre.

"Ok google affiche moi For river sarah tommy point pdf."

L'ordinateur n'est pas de première jeunesse, mais la commande vocale marche encore convenablement. La partition à 4 mains s'affiche au moment où je termine ma mesure et peux facilement modifier la position de mes mains pour passer sur la partie de Tommy (parce que, dans le jeu, Sarah veut toujours jouer la mélodie). A nouveau le silence.

"Je n'ai même pas eu le temps d'appeler. J'ai besoin de temps pour apprendre, pour juste savoir ce que je peux faire ou pas, mais j'en ai pas. Et à côté de ça... J'peux pas me permettre d'être une princesse Disney à l'ancienne. Le monde d'aujourd'hui ne s'y adapte pas."

Est-ce que tout ton entourage est convaincu que tous tes problèmes sont résolus parce qu'un homme fort est entré dans ta vie? Ca, c'était avant, avant même ma naissance. Et j'ai toujours été encouragée, par mon expérience, par mes mères, à ne pas dépendre des autres. Parce que maintenant il y a toujours un prix à payer. Et c'est pas avec mes 16 ans que je peux le payer.

Lucio & Alyssa

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Je regarde la jeune femme, cette enfant qui est maintenant immortelle et qui vivra aussi longtemps que les chasseurs et elle le décident. Le fait est, certains jeunes vampires ne peuvent se faire à leur sort et optent pour une sortie au soleil pour une dernière étreinte sur sa peau plutôt que de tenter d'apprendre à se controler. Une peur bien réelle alors que je regarde la jeune femme qui observe ma main que je lui ai dévoilée, elle ne pose pas de question et je lui en suis reconnaissant, mine de rien car je ne me sens l'envie de partager de suite. La femme a perdue sa famille et sa vie en si peu de temps et, malgré plus d'un siècle et demi, je n'ai pas non plus oublié la douleur de ces pertes. Le souvenir d'une chaîne tendue me fait frémir avant que je ne revienne à la réalité et observe Alyssa. Je m'attendais à une pique, une crise de larmes mais en lieu, elle opte de demander à son ordinateur de faire paraître une partition que mon regard survole.

Une belle mélodie, indubitablemement et j'observe alors que la jeune vampire s'écarte pour me laisser prendre place, une invitation touchante alors que je m'approche et pose un genou en terre pour être au niveau de façon confortable. Je ne connais l'origine, mes doigts touchant les ivoires de l'instrument alors qu'elle me déclare quelque chose qui est, somme toute, l'enfance du vampirisme. Celui qui l'a transformée l'a laissée si démunie, mine de rien mais je dois gagner un peu de temps. Mes doigts commencent lentement à caresser les touches car je comprends que je suis celui qui tient dans mes mains la musique et qu'elle veut l'agrémenter. Je ferme les yeux une fois la partition imprimée derrière mes paupières et glisse avec grace dans ce monde musical qui a été mon échappatoir, le seul moyen que j'avais trouvé dans mon jeune temps de préserver mon équilibre. Je ne parle pas alors que je joue mais mon corps bouge, métronome vivant passant d'avant vers l'arrière, mes cheveux détachés tombant vers l'avant sans rien pour les encombrer mais je suis dans la musique et le monde disparait.

Trop tôt, bien trop tôt j'arrive au terme de la mélodie et prends une inspiration car je n'avais pas respiré de cette mélodie et me tourne vers la jeune vampire, mes yeux pâles sans la moindre trace de la colère ni de toute émotion négative qui m'a habité, déversée dans l'ivoire de ces touches et je lui offre même un sourire.

"Tu as raison, tu as besoin de temps mais aussi de savoir que tu n'es pas seule. Je suis souvent à la ferme, je m'assurerai que personne ne te dise plus que je suis "occupé". Ne prend pas ces mots de qui que ce soit autre que moi-même car je trouverai le temps de t'aider." Un sourire, un peu amusé de la notion de la vampire en tant que princesse Disney. "Tu veux trouver le prince charmant et vivre heureuse et avoir beaucoup d'enfants, ou parles-tu des princesses dans les récits plus contemporains?"

Une pointe d'humour alors que lentement je me redresse et lui tends la main.

"Je vais t'aider au mieux de ce que je peux, mademoiselle Snow, mais je vais avouer que je n'ai pas débuté ma vie de vampire dans les mêmes conditions que toi. Le sang humain est... puissant, à considérer comme un alcool qui peut te faire perdre la tête. Le soleil... Malheureusement nous est perdu et avec le temps, tu deviendras de plus en plus forte, de plus en plus rapide mais, pour l'instant, tu n'es pas très différente de quand tu étais humaine."

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Jouer à deux, et avec quelqu'un qu'on ne connait pas, c'est bien plus dur que tout seul. Lucio est clairement bon, j'imagine que c'est normal. Je dois me concentrer pour rester au niveau, et mine de rien, ça fait du bien. Lorsque la musique s'arrête, je suis surprise par une inspiration, et me tourne vers Lucio, surprise, qui sourit comme s'il était calmé. Cool pour lui. Pour moi je pense qu'il faudra encore un peu de temps. Et de savoir que je suis pas seule, ce que me rappelle à nouveau l'adulte à mes côtés... Avant de me demander si je veux être une princesse à la manière des anciens contes. Je crois que la grimace de dégout qui me vient, totalement spontanément, est très éloquente. Au passage, c'est bien des contes européens de parler d'une femme heureuse en ayant un mec et plein d'enfants...

Il enchaine aussitôt en... s'excusant presque. Il est pas devenu vampire de la même façon. Si tu veux mon avis, je suis sur que vous vous y êtes pris de la même manière Bien que n'ayant jamais "entendu" cette phrase, qui sortait d'un roman, elle se colore dans mon esprit de la tessiture d'un baryton tranquille qui explique à son aspirant que la manière de faire les bébés ne change pas qu'on soit une star ou un jeune policier... Et pour les vampires? Lucio embraie aussitôt sur le sang humain. Bon, vu que j'ai jamais bu de l'alcool (maman étant catégorique sur "pas avant 17 ans"), je ne saisis pas toute la métaphore, mais oui, en effet j'ai bien remarqué que je n'arrivais même plus à réfléchir. Mais c'est bon! Ca calme mieux la faim! Ca je constate... Plus d'accès au soleil. Plus rapide et plus forte... Mais pas de suite?

"Donc paie toi les emmerdes avant d'avoir les avantages?! L'arnaque! Et franchement, d'où est-ce que le bonheur est d'avoir des enfants?! Surtout que à l'époque des histoires c'était pas les mecs qui les élevaient, donc bon... Non, une "princesse", tu regarde les dessins animés, ça a systématiquement besoin de se faire sauver, même Anna et Elsa, qui sont fortes pour des princesses, ils ont réussi à faire intervenir le balourd de service en mode sauveur! Et c'est pire dans ceux d'avant ma naissances, elles savent carrément rien faire à part attendre qu'on les sauve! J'en ai marre, moi d'être la princesse en détresse!"

Oui, je boude, et je suis pas sure de parler vraiment de la même chose. C'est juste des années de ressenti, de "Lyssa tu joue la princesse", parce que Lyssa elle peut pas courir et jouer, du coup elle reste en haut du tobogan en disant "au secours au secours vient me sauver mon prince" et en regardant les autres jouer... Une inspiration, un soupir, et j'essaie de retrouver mon calme. De toutes façons là de suite je peux pas faire grand chose, donc, comme d'hab. Garde ton énergie, la dépense pas inutilement dans la colère, et calcule comment tu peux en jouer. Sauf que j'ai plein d'énergie, cette fois! Tant mieux, je vais en avoir besoin.Je regarde Lulu, sa main que j'ai un peu zappée pendant ma tirade, et je l'attrape pour me laisser relever. Je suis pas sure que Lucio soit la bonne personne à qui expliquer les princesses... Il a du grandir avec les vieilles idées sur les hommes qui doivent être "galants" et protéger les femmes... Au passage... Ca me rappelle un truc que du coup j'y ai pensé, mais j'ai pas eu le temps de le dire.

"Pas les mêmes conditions?"

Ca veut dire qu'il va pas pouvoir m'aider alors? Sur quoi?

Lucio & Alyssa

Will you be there waiting on the gates of dawn when I close my eyes forever?

Je regarde la jeune vampire et manque de peu d'éclater de rire lorsqu'elle entend ma question de savoir si elle souhaitait être une princesse d'antan. Je ne connais rien des contes de fée moderne mais si la jeune femme avait la volonté d'entendre les contes de Grimm, je pouvais sans doutes la terroriser un peu. Je ne sais exactement ce qui lui passe en tête. Elle m'écoute mais je sens que son esprit est en train de dériver un peu par mes propres propos, sans doutes a-t-elle mille et une questions et, avec un peu de chance, j'aurai mille et une réponses.

Cela dit, lorsqu'elle s'insurge de ne pas avoir les avantages de suite de sa nouvelle nature, je ne peux pas retenir l'éclat de rire qui me vient, la jeune femme est très moderne, cela, je ne peux pas dire le contraire alors qu'elle déverse un fiel qui semble venir de bien près du coeur. Quelque chose de vécu? Possiblement, je ne saurais dire alors qu'elle semble enfin s'ouvrir un peu. Il est vrai que, en ma vie, les conditions de la femme ont grandement évolués et nous ne sommes plus à l'ère que les femmes devaient se plier aux volontés des hommes mais... le souvenir de ma propre mère me coupe le rire alors que je sais bien qui avait été la personne à m'élever, à avoir le dernier mot dans la relation qu'elle avait avec mon père. Savoir que les femmes sont forte n'est pas nouveau pour moi au contraire de mes contemporains qui ont cru que les femmes étaient bonnes pour la cuisine et la marmaille.

Elle se fait soudain boudeuse et je tente de ne pas éclater de rire. Je vais, sans aucun doute, en avoir plein les mains avec celle-ci et ses humeurs changeantes, un truc d'adolescente mais aussi de jeune vampire. Je la regarde avec calme et souffle avec calme.

"Il est mieux que tu commences doucement les pouvoirs car, mine de rien, tu as beaucoup de choses à apprendre sur la vie de vampire. Il faut marcher avant de courir et, pour ma part, l'idée d'un vampire aussi jeune que toi qui est aussi forte et rapide que moi me terrorise. Il y a assez déjà de vampires qui ne mesurent pas l'importance de..." Je me tais, réalisant ce que j'allais dire et secoue la tête. "Pardon. C'était indélicat de ma part."

Un véritable talent que j'ai de me planter royalement en parlant à la jeune vampire qui prend ma main tendue pour se lever et me poser une question. Pas comme elle... Je veux trouver les mots, surtout avec ma bévue d'un instant plus tôt.

"Je suis né d'une femme vampire, mais mon père étant humain, je l'ai été mais j'étais au fait de la nature de ma mère. J'étais dans le fait de la nature vampire avant que ma mère ne décide que je devais passer l'éternité avec elle."

Mais elle n'est pas ici et j'en remercie notre sauveur alors que je regarde la jeune femme.

"De prime abord... Il faut que tu saches que l'évolution est lente. Tu trouveras de plus en plus facile la vitesse et la force à t'entrainer mais la question est de savoir, Alyssa... Que voudrais-tu faire de ta force, si tu étais aussi forte que moi? Aussi rapide?"

Pour donner poids à mes propos, je pose la main libre sous le piano et le soulève avec un minimum d'effort avant de le reposer avec prudence dans la même position et cela sans pour autant serrer ses doigts dans ma main.

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De la patience. Des trucs à apprendre. Ouais mais je me retrouve avec toutes les emmerdes à la fois, c'est ça qui est pas juste. Et je le vois qui s'amuse de ma bouderie. Et je n'ai pas besoin qu'il s'interrompe pour deviner la suite de sa phrase. Qui jette un froid à nouveau.

"Ne pas tuer. "

Ou ne pas perdre contrôle, je sais pas. Le résultat est le même. J'hausse les épaules à ses excuses. Je suppose que je vais l' entendre souvent celle là. Pas moi qui ai demandé, mais moi qui doit faire attention. Vivre avec. En soit ça me change pas tellement, si ? C'est comme avec Drepie. Je dois vivre avec et tant pis si ça me plaît pas.

Il parle de son enfance et j'y entends plus qu'il n'en dit. Il savait déjà ce qu'étaient les vampires. Il savait donc peut être mieux à quoi s'attendre. Et il y a des informations qui lui sembleront peut être tellement évidentes qu'il ne saura pas me les dire. Comme il est évident que je ne peux pas courir. Que je dois éviter les températures extrêmes. Pour la plupart des gens c'est pas instinctif. J'entends aussi "ma mère decide." Je me souviens de ce que c'est d'avoir les adultes qui décident. Et les enfants qui suivent. Mes mères sont étaient géniales mais elles aussi ont eu leurs moment de "je suis adulte et toi enfant tu obéis." Il continue à parler d'évolution lente, et moi ça me fait toujours râler. Je veux pas forcément avoir des super pouvoirs Se transformer en chauve souris ! Ce serait drôle ! mais bon la soif de sang elle pourrait être progressive aussi mince !

"Mon piano !"

Oui c'est un couinement affolé qui m'a échappé. Il est vieux mon piano. D'occasion. J'pourrais faire ça un jour?! L'ancien propriétaire y a gravé ses initiales et des bêtises, qu'une couche de vernis n'ont pas effacé. Mais je l'aime mon piano et le voir soulevé comme ça ça m'affole. Mes mains se crispent et effectivement c'est bien que je n'ai pas la même force que lui puisque je lui ferai mal non ? Je me detend quand il repose mon piano. Et je réfléchis. Qu'est ce que je ferai avec une telle force ? Je sais pas. Je lâche la main de Lucio pour les poser avec douceur sur le bois patiné de mon instrument.

"Je sais pas. La de suite j'voudrais juste voir mes mères. Et qu'y aie pas d'autres gosses comme moi."

Mais c'est rien de plus précis. Effectivement je ne peux pas imaginer d'être plus forte ou plus rapide. Je suis déjà tellement plus forte que d'habitude... Je n'imaginais pas non plus réagir à ce point à une odeur que j'aime pas plus que ça.

Lucio & Alyssa

Will you be there waiting on the gates of dawn when I close my eyes forever?

Je regarde la vampire avec ce que je veux être détaché mais le fait est que j'ai un peu peur. Mine de rien, les circonstances de son changement n'ont pas été les plus douces et je pourrais facilement comprendre que la vengence motiverait plus d'une personne à faire des actions répréhensibles. Lorsque confronté avec la réalité de ce qu'elle est, de ce qu'elle pourra faire de son corps de vampire alors que le temps passe, que va-t-elle faire? Eh bien ses mots me rassurent d'un point que je ne peux pas véritablement cacher, un relâchement de mes épaules alors qu'un lent sourire me vient. "Ne pas tuer" trois simples mots que je ne peux que savourer, observant dans les yeux la jeune vampire qui me semble, du moins de ce que je sais d'elle, sincère.

Je la regarde et réalise qu'elle semble ne pas m'écouter entièrement, perdue en pensées du moins jusqu'au moment du tour de force. je ne vais pas nier, c'est plus difficile que parait et mon bras me lance un peu en protestation de ce soudain effort qui n'est solicité et je réprime un rire alors que la jeune sangsue s'inquiète de son instrument massif. Si j'avais éclaté de rire, j'aurais sans doutes perdu ma prise et échappé l'instrument aussi je m'abstient et regarde la jeune femme qui est dans cet état de songe constant. Se questionner.. Elle fait montre d'un bon esprit et j'hoche la tête avec un sourire. Je n'ai besoin, pour l'instant, de rajouter à sa tourmente en parlant des propos qu'elle n'écouterait qu'à moitié. Avec prudence, je relache sa main et pose les doigts sur les touches du clavier pour jouer une douce mélodie calme, attendant qu'elle termine de rassembler ses idées.

Et pour la seconde fois, je me trouve rassuré lorsqu'elle déclare qu'elle ne veut pas faire de mal et surtout éviter que ce qui lui arrive se reproduise pour d'autres. Un point on ne peut plus valide alors que j'hoche doucement la tête, me redressant pour lui faire face avec calme.

"Alors sachez, mademoiselle Snow, que vous faite des pas sur un chemin difficile mais je serai ici pour vous aider et vous guider, vous protéger du mieux que je peux et vous faire part de mon siècle et demi d'expérience en tant que vampire mais je suppose que le mieux serait sans doutes de parler de ce qui vous attends."

je lui indique de s'assoir mais, au lieu de prendre place au banc de piano, la jeune femme va pour son lit et y prend place. Je sens avoir un peu plus son attention, mine de rien car ceci est bien plus important que des platitudes...

"De prime abord... Comprend que tu es une jeune vampire et que pour la peine, tu es à peine plus qu'humaine. Une humaine plus, si on peut le dire ainsi. Tu es plus forte que tu l'étais avant mais de peu. Avec le temps et l'entrainement, tu deviendras plus vite, plus forte et plus endurante. Ce se fera lentement mais tu as l'éternité devant toi. Tu as vue ce que je peux faire, par exemple et j'ai 176 ans. Tu dépends de sang, je sais que c'est peu plaisant mais c'est la réalité. Cependant, les humains ne doivent savoir que tu bois leur sang faute de quoi ils vont prendre peur et te chasser."

Un bon début, je regarde la jeune vampire avant de reprendre avec calme.

"Au bout d'un siècle, tu peux hypnotiser du regard quelqu'un qui croise le tien." une grimace car elle a été victime de moi sur ce point. "désolé d'ailleurs de cela. Tu peux dérober la volonté de quelqu'un dans une mesure raisonnable ou bloquer le cerveau. C'est... Très peu plaisant, je suppose, car tu n'es plus vraiment en contrôle de toi-même. Sinon... Tu n'es pas immortelle, enfin pas dans le sens que tu ne peux être tuée.."

Je grimace, tentant de trouver les mots pour ne pas terroriser la gamine.

"Tu ne peux aller au soleil, il est perdu maintenant pour toi mais tu n'es pas très inhumaine. Tu guériras plus vite et encore plus si tu te nourris adéquatement de sang mais te faire tirer, poignarder, assaillir peut t'être aussi mortel qu'à un humain."

Beaucoup d'informations d'un coup... j'arrête de jouer de mes propres mains pour la regarder, attendant les inévitables questions.

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J'ai les mains sur le piano, écoutant par elles autant que par mes oreilles la mélodie que joue Lucio. Un chemin difficile? Je ne crois pas en avoir connu d'autre, alors ça me changera pas. Il m'indique de m'asseoir et je m'assied sur le lit, toujours recouvert des plumes de mon oreiller éclaté. J'ai naturellement pris la position que Paul, le psychologue de l’hôpital aurait appelé "la balle humaine". Pieds posés sur le bord du lit, genoux relevés contre ma poitrine et mes bras autour de mes jambes. Une position que l'hypnothérapeute savait réservée aux "allez y doc, annoncez la mauvaise nouvelle, je me tiens prête à l'encaisser". Mais c'est pas Paul en face.

A nouveau il me précise que être vampire ne fait pas de moi une surfemme. Soyons franc, ça change quand même beaucoup de choses à mon niveau. Je suis "à peine plus forte" qu'un humain normal et non entraîné, ce qui est logique: Je suis sous entraînée. Mais je peux bouger vite, m'énerver sans avoir mal. Et marcher plus de 5-10 minutes sans être essoufflée. Ce qui est une très nette amélioration. Et ça ne fera que s'améliorer? Surement pas tout seul par l'opération du saint esprit... Il me reparle du sang, et je ne peux retenir un gloussement amer en me balançant doucement d'avant en arrière, comme un culbuto. Ça me change pas, ça. Enfin, si, j'ai besoin de... environ vingt fois plus de sang que d'habitude. D'une transfusion tous les 15 jours, a l'efficacité décroissante, je passe à un apport quotidien. Mais plus efficace...

L'hypnose. Après... "Un... Siècle?!"C'est super long un siècle! Un siècle avant euh... On se préparait à la guerre MONDIALE! Ça a vachement changé depuis non? Les risques d'une guerre mondiales on les imaginerait plus. tu es sure? Euh... Ouais, pas faux. Il s'excuse? Ah pour le tout va bien. Un haussement d'épaule, et je grimace à ça description. Ça ressemble pas vraiment à l'hypnose que je connais. Pour autant l'état dans lequel il m'a plongé ça ressemble vachement à un ETH habituel bien mené. Sauf qu'il a dit des négations et ça faut pas! Sauf que ça marchait quand même...

Et je suis pas immortelle. Ça, j'étais au courant. C'est pas comme si les gars de la fédération m'avaient prévenu que si je faisais une "connerie", ils me tueraient. Et le soleil c'est mort. Ça aussi je savais, c'est bien pour ça que ça me fait hurler que mon grand père aie fait placer la cérémonie à 9h, en pleine journée. Lucio s'est interrompu, m'observant, attendant mes réactions.

"C'est la loose, quoi."

Oui, c'est la loose. J'suis obligée de boire du sang et l'orfèvre m'a grondé en me disant que non, je ne devais pas me contenter de sang animal, et lui il me dit que je dois pas dire que je bois du sang humain. Et la fédération et la ferme que je dois pas en boire du tout. Logique hein, mais bon. C'est nul quand même. Je quitte ma position de boule humaine pour attraper mon sac, et les bijoux que j'ai repris chez l'orfèvre. Et c'est pas du vol, d'abord! Le collier était payé d'avance, et la barrette elle a dit elle faisait pas payer! Je joue avec doucement.

"J'voulais juste qu'elles partent avec..."

Pas me faire expliquer en long en large et en travers les "joies" de ma nouvelle existence! Et là, soyons franc, je sature en termes d'informations. C'est tellement plus confortable de repousser un peu plus longtemps. De se concentrer sur l'important.

Lucio & Alyssa

Hollow words, let my actions speak for me

Expliquer toutes ces choses, le cheminement du pouvoir, les différents talents et les changements qui vont venir sont des points difficile qui me renvoient dans mes propre pensées, mon propre passé. Ai-je droit et raison de prendre cette enfant et la guider? Je la regarde alors qu'elle est troublée par mes propos, je peux le voir mais ce ne fait pour la peine que renforcer ma détermination... Et une pointe de colère en mon âme qu'elle ait été fauchée si jeune. Elle qui dit qu'elle aurait dut partir avant ses mères adoptives... Les remords du survivant ne sont pas les choses les plus logiques, disons-nous le et personne ne veut jamais perdre sa famille, cela est un point immuable de la réalité. La protéger, car personne ne le ferait et le personnel de la ferme me l'a prouvé ce jour.

Elle accroche sur le fait que je parle que ce n'est qu'au bout d'un siècle que l'hypnose se manifeste par notre regard et je comprends que, jusqu'à cet instant, elle avait crue que j'étais peut-être à peine plus agé que mon apparence laissait croire. Je souris en coin, la regarde alors que la stupeur la laisse songeuse. On ne pense pas à l'immortalité à l'âge qu'a cette jeune femme, on se sent immortel tout simplement et demain sera un nouveau jour, c'est là une certitude. Je me tourne vers elle pour la regarder avec un air calme, la laissant digérer ces informations et sa déclaration me fait avoir un petit rire. Rire qui s'interrompt lorsque la jeune vampire se lève pour aller chercher dans son sac la cause de notre rencontre: Les bijoux récoltés chez l'orfèvre. Je regarde ceux-ci et la déclaration de la petite est faible mais une protestation. Tout était parti d'une si bonne intention. Avec des gestes lents et calculés je me lève afin de venir vers elle et m'agenouille face à elle et observe, dans sa paume, les joyaux qu'elle avait tant fait pour récupérer.

Peut-être suis-je un sot sentimental mais je me souviens très bien de la mort d'une personne de ma famille, un souvenir trop brutal et brûlant même après ces décennies depuis et mes mains vont doucement empoigner celles de la jeune vampire, fermer celle-ci pour serrer avec douceur les précieux cadeaux et j'hoche la tête avec calme.

"Je comprends. Je peux voir ce que je peux faire si tu souhaites pour que tu puisses aller les poser pour qu'ils reposent avec. Je vais faire tout en mon pouvoir pour te protéger et t'aider comme je le peux, mademoiselle Snow. Je le jure sur mon honneur que je vais toujours vous aider."

Des propos qui pourraient faire rire certains. L'honneur est mort mais il persiste quelques lambeaux, déchirés et précieux, teinté de sang de promesses qui ont été faites et rompues. Promettre quelque chose sur une bête agonisante... Mais la jeune vampire n'a à savoir.

"Souhaites-tu que je te laisse te reposer un peu? Il se fait tard."

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Je ne réagis pas quand il attrape mes mains et les referme sur la pince à cheveux et la chaîne de pierreries. Je suis ailleurs, et si mon cerveau entends les propos de l'adulte, mon corps n'en montre pas réaction. L'honneur. Je ne sais pas trop ce que c'est. Un truc de films et de romans, mais sinon ? L'honneur a tué des millions de gens mais n'a jamais sauvé personne. voilà et même dans les films c'est pas hyper bien vu on dirait. Je sais que c'est une histoire de fierté. Mais je ne vois pas le rapport avec moi. Mes mères m'ont protégé. Et elles ne sont plus là. Est ce que je dois croire ses mots, et craindre qu'il ne meure aussi ? Je ferai bien de ne pas m'attacher alors. Ça fait tellement mal... Ou est-ce que je dois le prendre comme de simples mots pansements, vides de sens et ne servant qu'à apaiser ?

Je ne sais pas trop combien de temps s'est écoulé. Je n'ai pas entendu partir le vampire. Quand il revient je me suis laissée tomber sur mon lit, ma peluche favorite dans les bras et les poings toujours serrés sur les bijoux, roulée en boule sur le côté. J'ai pleuré mais il ne commente pas. Il m'invite simplement à le rejoindre. Je cache ma peluche, prends quelques secondes pour effacer les traces de larmes qui ont coulé sur mes joues. Il me fait monter dans sa voiture, et ne dit mot du trajet. Ou peut être qu'il parle et que c'est juste moi qui entends pas. Je ne reconnais le bâtiment qu'une fois à l'intérieur. Le centre funéraire. Maman. Mama. Je n'entends pas la conversation des deux adultes, le vampire et l'employé qui nous guide vers une pièce. Je ne fais même pas attention qu'ils sont restés en arrière pendant que j'approche à pas hésitants de Maman d'abord. Elle a l'air de dormir, tellement tranquille. A ceci près que sa peau est encore plus froide que ma mienne. Je murmure en créole des excuses, des regrets. Combien j'ai peur, combien je voudrais être avec elles. J'essaie de lui glisser la chaîne autour du cou. Ils lui ont mis sa croix de communion en argent, celle qu'elle avait remisé au fond de sa boîte à bijoux. L'employé me vient en aide pour échanger les bijoux. Elle a l'air plus heureuse comme ça ? Je passe à Mama, dont le cercueil est fermé au dessous du torse. Ne te demande pas ça. Qu'est-ce qu'Il lui a fait pour qu'on ne puisse montrer le reste de son corps ? À nouveau aidée de l'employé, je rassemble les cheveux de ma mère sur le côté, et les maintient avec la boucle. Voilà. Elles ont leurs bijoux, chacune celui de l'autre.

Assurez vous qu'elles les gardent avec elles. S'il vous plaît.

Parce que je ne doute pas que mes grands parents, surtout côté Maman feront tout pour "effacer" mama et moi de sa vie. La croix qu'ils lui ont mise en est la preuve. Mais par respect je la glisse quand même dans sa poche de chemisier. À nouveau je reste avec mes mères, ignorant le reste du monde autour de moi. Je sais juste que je ne "peux pas" pleurer. Ce n'est que quand je sens une main sur mon épaule que je reprends contact avec la réalité. Il est temps de repartir. Je n'en ai pas envie. Mais je ne fais pas d'histoires. Je suis l'adulte vers la voiture et vers la ferme. Et n'ai qu'un seul mot à lui adresser.

"Merci."