Il était une fois, dans une ville des Etats-Unis nommée « Nouvelle-Orléans », une jeune femme qui vivait là avec sa famille. Petite vie tranquille et heureuse, les Assoiffés, comme ils étaient nommés, appréciaient les joies de la vie et ses petits plaisirs de tous les jours, mais plus encore, ils aimaient festoyer en compagnie d’hommes et de femmes humains et d’agréable compagnie. Ce jour-là, plus que tous les autres, une petite réception avait été organisée pour l’anniversaire de notre héroïne où tous venaient les bras chargés de présents. Un jeune humain pour l’un, un livre pour l’autre, la bénédiction d’une année fructueuse pour un troisième qui venait de perdre son emploi et était devenu trop pauvre pour faire un cadeau à sa cheffe… Tout semblait se passer pour le mieux lorsqu’alors les portes du manoir cognèrent. Dans l’encadrement une très vieille femme à l’air de sorcière. Arquant un sourcil, la reine de la nuit s’approcha alors d’elle.

- Puis-je savoir ce que vous venez faire ici. Souffla-t-elle froidement.
- Je suis déçue.

La jeune femme se pinça le nez.

- Et pourquoi donc ? S’enquit-elle en soupirant d’agacement.
- Je n’ai pas été invitée.

Fronçant les sourcils, la blonde grimaça entre rictus et dégoût à la vue de cette pauvre femme en haillon et au nez crochu.

- Allons bon ! Je ne vous connais même pas, pourquoi vous aurais-je invitée ? Sur ce dégagez avant que je ne m’énerve.
- A l’aube de la prochaine année, tu tomberas dans un sommeil profond de cent ans et tu en MOURRAS ! HAHAHAHA !

Interdits devant cette vieille folle qui venait vraisemblablement de perdre la tête, chacun l'observa courir vers le portail en riant telle une damnée. Et l’on ne reparla plus de cette histoire.

Les mois passèrent et avec eux les saisons. Nous étions alors à l’aube de la prochaine année. La malédiction ? Elizabeth l’avait bien vite oublié. Et pourtant… Cette nuit là, elle s’était décidée à se rendre dans son nightclub afin de vérifier les comptes. Seule et à pied, elle marchait ainsi d’un bon pas, ravie de pouvoir prendre l’air, quand soudain une lueur verte attira son regard. Sourcils froncés, elle avança prudemment vers celle-ci, soucieuse d’en connaître l’origine, lorsque…

- HAHAHAHA !

Sans que la vampire ne puisse comprendre, sans qu'elle ne puisse réagir outre qu'en faisant volte face, une seringue fut plantée dans son doigt et elle tomba au sol, inerte.
Les heures passèrent sans que quiconque ne viennent à son secours. La rue désertée de ses habitants, la mort de la jeune femme semblait toute vue. Et pourtant, enfin, un homme aperçu, du coin de l’œil, le corps inanimé de la blonde. Inquiet et soucieux du bien être de ses concitoyens, surtout si ces derniers devaient être une belle jeune femme, il se décida bien rapidement à l’emmener au « Château », un relais routier près de l’autoroute. La route était semée d’embuche pour l’atteindre : une forêt de dos d’âne et de nid de poule se dressait devant lui, mais l’homme était brave et il traversa héroïquement chacun des obstacles jusqu’à atteindre le parking du relais. La vampire entre ses bras, il la déposa alors sur son lit, caressant tendrement son visage.

- T’as de la chanche que tu chois tombé chur moi… Lui susurra-t-il à l'oreille en bon prince qu'il était.

Et à nouveau, les heures défilèrent… Une... deux... trois… Le prince de la route, comme il aimait s’appeler, attendait patiemment au chevet de celle qu’il avait décidé d’emmener avec lui dès son réveil, après tout ne l'avait-il pas sauvé d'une mort certaine ? Au moins lui devait-elle une loyauté éternelle. Mais quand se réveillerait-elle ? A vrai dire, l’homme avait une certaine chance car si la malédiction de l’anniversaire avait effectivement eut lieu… La sorcière s’était quelque peu trompé d’unité de temps car il ne fallut pas cent ans pour voir la princesse du jour se réveiller mais seulement cent heures. Et cent heures plus tard, l’un après l’autre, Elizabeth ouvrit les yeux.

- Qu’est-ce que… Souffla-t-elle avant d’écarquiller les yeux au baiser humide qu’était en train de lui asséner son « prince ». Le repoussant violemment jusqu’au mur en face d’elle, elle gronda furieusement. Touchez moi encore un fois et votre tête quittera ce cou sans attendre.
- Chois pas timide ! Dit-il alors. Ch’est moi qui t’es chauvé. Ch’ai pris choin de toi, et maintenant che vais t’emmener chur mon fidèle dechtrier, mon camion ! Che m’appelle Philippe au fait. Et toi ch’est quoi ?

La vampire grimaça, une main sur la tête.

- Ça n’est certainement pas Aurore. Gronda-t-elle.
- Ha bah non hein ! S’amusa Philippe. Cha aurait été trop chinon de faire comme dans le Dichney, mais tu peux t’appeler comme tu veux ! Mais tu devrais rechter couchée tu est encore très…

Un crack et il tomba lourdement sur le sol sous le regard dégoûté de la vampire, le cou disloqué et le regard vidé de toute son énergie vitale.

- Si j'avais été gentille, je t'aurais proposé de t'apprendre à embrasser. Les poulpes ne sont plus à la mode aujourd'hui. Grimaça-t-elle en l'enjambant. Mais malheureusemet pour toi, je ne le suis pas. Elle gronda légèrement en se recoiffant rapidement, pressée de pouvoir rentrer chez elle prendre un long bain et trouver enfin la seule personne qui embrassait plus que convenablement à ses yeux. Plus aucun homme pour rattraper l'autre dans cette ville.

Soufflant, elle quitta alors les lieux. La malédiction s’était accomplie et la vieille sorcière courrait toujours les rues alors faites attention lorsque vous fêtez votre anniversaire, n’oubliez pas d’inviter Mme Dragoon, cette sorcière n'apprécie pas être oublié.