Il était vingt heures lorsque Dougal était sortit de l’université. Une heure tardive, mais un choix qui ne lui était pas donné. Professeur des universités. Un titre certainement très agréable à donner aux autres mais qui induisait bien des responsabilités. Et si l’histoire n’allait pas se modifier pour quelques heures de cours années, les étudiants, eux, avaient bien besoin de quelques cours supplémentaires avec leurs partiels. L’homme avait pourtant d’autres chats à fouetter. Des chats des plus importants aux vues de sa position de chef de la communauté Mawu. Ainsi avait-il repris sa voiture en direction du central business district. Pourquoi ? La raison tenait en la réunion de la veille avec les Mawus les plus importants, et surtout, le Renifleur. Bradley avait, en effet, demandé à voir afin le « Conseil des Mawus » pour le tenir au courant de ses « visions » sur les possibles nouvelles recrues. Ian était ainsi partit trouver un jeune homme, étudiant. Quant à Dougal, c’était d’une jeune femme dont il devait s’occuper, Bradley allant lui-même trouvé une troisième personne qu’il avait pu identifier.
A vrai dire, le vieil homme n’avait que peu d’informations sur la jeune femme qu’il cherchait. Elle s’appelait visiblement Diana, était blonde, jeune et s’était retrouvé dans une bijouterie du central business district, au centre-ville. Bradley, aidé d’un Mawu doué en dessin, avait pu lui faire un croquis précis de la jeune fille. Mais pour ce qui était du reste… C’était à lui de mener l’enquête. C’est pourquoi le vieux professeur se trouvait désormais en direction du centre-ville.
Sa voiture stationnée non loin de la seule boutique portant le nom que Bradley avait pu lui donner, il attrapa sa serviette qui contenait dessin et informations sur la jeune Diana et quitta son habitacle pour se rendre dans la boutique. Il n’avait que peu de temps avant la fermeture du magasin, ainsi se dépêcha-t-il jusqu’à l’entrée. Attendant le départ du dernier client, l’homme s’avança à l’intérieur vers l’une des vendeuses.
- Bonjour. Dit-il doucement. Je m’excuse de vous déranger. Je ne suis pas attendu, mais auriez-vous, vous ou l’un de vos collègues, aperçu une jeune femme blonde répondant au nom de Diana ?
Sortant le croquis, le Mawu le lui présenta dans un sourire des plus chaleureux.
- Cette jeune personne doit recevoir un présent de ma famille et je ne peux que lui offrir en main propre, malheureusement. Esquissant un nouveau sourire, il reprit l’image. Si vous aviez une idée de son lieu d’habitation ou de travail, cela me rendrait un grand service.
Cette recherche, et il le savait, pouvait tout à fait paraître étrange, mais que dire ? Il ne pouvait décemment révéler le secret de la communauté et se devait de la retrouver, un juste équilibre difficile à trouver, il allait sans dire, mais que Dougal tentait de maîtriser comme il le pouvait, malgré tout.
Il fut un temps où les fusillades et autres accidents majeurs plus ou moins déplorables, offraient une très mauvaise publicité aux établissement devant lesquels ils se produisaient. Il fallait croire que cette époque était révolue, car la boutique peinait à désemplir ! Chacun en était ravi, même si ces clients supplémentaires avaient un petit relent de touristes morbides.... Cela dit, un commerçant ne pouvait pas se permettre de discuter les intérêts de ses clients. La journée avait été bien chargé, et Catherine n'était pas mécontente de voir son dernier client partir. Il était l'heure de faire la fermeture, et de retourner chez soi goûter à un repos bien mérité. Ou presque. Voilà qu'un homme d'un âge mûr, vint à sa rencontre. Sourire courtois et bienveillant de rigueur, elle accueillit le retardataire avec toute la politesse de rigueur.
Bonsoir monsieur, ne vous excusez pas nous accueillons aussi sans rendez-vous préalable, que puis-je pour vous ?
Mais lorsqu'il parla du nom de Diana, la pauvresse se décomposa sur place. Il vint même à l'achever en lui montrant un croquis beaucoup trop fidèle et détaillé pour lui être soutenable. A présent livide au possible, un collègue vint à sa rescousse, venant même la soutenir.
Catherine ? Avez-vous besoin d'aide pour renseigner Monsieur ?
Je.... Il..... Il faudrait peut-être le rediriger vers Mademoiselle Orlov, je crains ne nous ne puissions pas lui être d'aucune aide dans sa requête....
Elle lui désigna d'un regard rapide le croquis, restant assez fébrile. Le vendeur, toujours courtois, sembla devenir subitement plus méfiant à son tour.
Je vois.... Effectivement, cela dépasse notre domaine de compétence. Catherine, voulez-vous demander à Miss Orlov si elle dispose de quelques instant à accorder à Monsieur avant ses rendez-vous à l'international ? Je m'occupe de faire patienter Monsieur, et de faire la fermeture.
Merci Alfred....
Le regard de la vendeuse affichait encore bien plus de gratitude que son remerciement laissait entendre. Sa collègue partit d'un pas particulièrement rapide vers l'arrière-boutique, laissant son homologue seul avec ce curieux visiteur.
Si Monsieur veut bien patienter, nous devrions recevoir une réponse sous peu.
Mais Catherine ne revint pas.... A la place, ce fut le téléphone du comptoir qui sonna. Alfred décrocha.
Oui ? Tout de suite.
Raccrochant, il s'adressa à l'homme qu'il n'avait pas quitté des yeux.
Si vous voulez bien me suivre, Miss Orlov va vous recevoir.
Il guida alors l'homme à travers les couloirs de l'arrière boutique jusqu'à une porte contre laquelle il frappa, et ouvrit sans attendre de réponse. La noble rousse était là, debout derrière son bureau, attendant visiblement son visiteur.
Merci Alfred, vous pouvez disposer, je m'occupe de Monsieur....
Le vendeur repartie laissant l'homme pénétrer dans le bureau luxueux de la vampiresse. Cette dernière se rassit dans son fauteuil, invitant d'un geste de la main son invité à prendre place devant elle.
Si vous voulez-bien vous donner la peine, Monsieur..... ?
Attendant que l'homme décline son identité, elle en fit de même une fois sa réponse obtenue.
Katyusha Orlov, propriétaire des bijouteries Orlov, enchantée.... J'allais vous demander si je pouvais savoir quel journal vous représentez.... Ajoutant que vos confrères journaliste s'étaient montrés beaucoup plus directs dans leur approche que vous.
L'espace d'un instant, la vampiresse avait pensé qu'il s'agissait d'un énième journaliste venu essayer de lui soutirer des informations. Même si celui-ci était certainement le plus âgé de tous ceux qu'elle aurait vu. Elle tendit sa main pour voir le croquis qu'il avait présenté à la vendeuse.
Catherine m'a informé que vous prétendiez vouloir remettre un "cadeau de famille" à cette jeune personne. Une ruse qui n'a trompé personne.... En toute honnêteté, j'allais me contenter de vous remettre le même communiqué qu'aux autres journalistes, et vous conseiller d'aller interroger les chasseurs pour de plus ample informations sur la fusillade qu'a provoqué leur agent. Cela dit....
Elle leva de nouveau son regard devenu subitement beaucoup plus froid et beaucoup plus perçant, inquisiteur même, l'ancrant profondément dans celui du pauvre hère face à elle.
Il y a deux choses qui me déplaisent hautement dans cette histoire. La première est ce croquis, beaucoup trop ressemblant alors que nous avons très scrupuleusement veillé à ne pas laisser la moindre image de cette jeune fille sortir de ces murs. La seconde est ce nom.... Personne n'est au courant de l'identité de Diana, et une fois encore, nous sommes particulièrement regardant à ne laisser pas la moindre informations filtrer.
Un bruit métallique résonna depuis la porte du bureau. Le bruit d'une porte que l'on venait de verrouiller à distance, par un automatisme. Il n'y avait aucune autre issue apparente dans ce bureau.
Vous allez devoir tout me dire, Monsieur Heinworth.... Et m'expliquer comment quelqu'un qui en sait bien plus que le commun des mortels a pu se retrouver avec ces informations.... Ainsi que me dire pour quel motif réel vous recherchez cette jeune fille.... Je vous invite cordialement à vous montrer convaincant, je suis la seule à pouvoir déverrouiller cette porte.... Et comme beaucoup de monde je n'apprécie que très moyennement que l'on me mente.
Elle savait que Diana était cachée en lieu sûr. Elle savait qu'elle avait des mercenaires armés jusqu'aux dents pour la protéger. Mais en cet instant, elle ne pouvait s'empêcher de se faire du souci. Cet homme.... Se pouvait-il qu'il soit un chasseur infiltré ? Elle ne pouvait pas se permettre de recommencer son numéro, cela ne serait plus discret comme exécution à ce stade. Mais.... Les chasseurs ne connaissaient pas le nom de Diana. Alors.... qui pouvait-il être ?
Avec le sourire chaleureux toujours fixé aux lèvres, Dougal ne se méfiait pas réellement, n’en ayant aucune raison, et suivit alors l’homme jusqu’au bureau de la propriétaire des lieux, espérant sincèrement que celle-ci puisse l’aider dans ses recherches. Bien sûr savait-il que tout cela pouvait paraître quelque peu étrange mais avait-il d’autre choix… L’homme ne put qu’admettre le luxe du bureau dans lequel il fut amené, saluant la jeune femme qui s’y trouvait d’un large sourire en s’installant face à elle.
- Dougal Heinworth. Dit-il calmement. Je m’excuse de faire irruption dans votre boutique de la sorte et à une heure aussi tardive, je n’ai malheureusement pu me libérer avant cette heure.
Vint la présentation de la propriétaire. Une présentation bien rapide suivie d’une question… Dougal ne sut comment décrire cette question. Pour tout avouer, il ne s’y attendait pas le moins du monde. Un journal ? Quel journal ? Pourquoi donc ? Lui qui ne lisait presque jamais les nouvelles de la ville… Le pauvre ferait un bien mauvais journaliste ! C’est incrédule qu’il lui tendit alors le croquis, la laissant continuer à parler. Un peu trop peut-être car plus le temps avançait, plus le pauvre vieil homme semblait perdu. Pourquoi diable voulait-elle lui remettre un communiqué ? Avait-il réellement l’air d’un journaliste ? Le pire était encore à venir. Son cadeau de famille allait bientôt lui revenir dessus. Mauvaise idée, bien sûr, que d’annoncer cela. Surtout qu’il lui semblait alors que la femme qui lui faisait face n’était pas réellement des plus… confiante. Bien au contraire. Le bruit métallique le fit arquer un sourcil. Enfermés. Miss Orlov les avait tout deux enfermés. Et quelque chose lui disait que le combat était bien loin d’être gagné. Le yeux fixés dans ceux de la femme, il esquissa malgré tout un large sourire, hochant la tête, l’air toujours aussi chaleureux.
- Tout d’abord, dit-il enfin. Rassurez-vous, je suis bien loin d’être journaliste, et bien heureusement. Je suis professeur d’histoire à l’université. Et je ne compte certainement pas m’essayer à l’écriture d’un article. S’amusa-t-il. Que tous les Dieux me préserve de cela !
Il plissa néanmoins légèrement les yeux, tentant de sonder la jeune femme de toute part. A vrai dire, ce n’était pas la première fois qu’il avait à faire à une femme aussi suspicieuse, mais c’était bien la première fois que quelqu’un lui faisait le coup de verrouiller le bureau même. Il n’y avait pour autant pas de quoi l’impressionner. Après tout, il n’était pas là en ennemi, bien loin de là. Mais comment le lui faire comprendre…
- Comme j’ai pu vous le dire, je suis à sa recherche pour un cadeau de famille. Je veux dire…
L’homme se mit à réfléchir rapidement. Ce n’était pas un mensonge, à vrai dire, il lui offrait un cadeau de la famille Mawu : le droit à l’éducation. Quelque chose d’important, à ses yeux. Mais il était vrai que cela pouvait, malgré tout, paraître étrange pour un inconnu…
- Excusez-moi. S’arrêta-t-il alors. Je suis désolé de ne pas avoir posé la question avant mais… Pourquoi pensiez-vous donc que j’étais journaliste ? Oh ! Il esquissa un sourire, sortant un badge de sa poche. Pour preuve, si vous le désirez, voici mon badge universitaire indiquant mon poste. Secouant la tête, il reprit alors. Pour ce qui est de la jeune fille, c’est très simple. Cette jeune femme appartient à une famille, nous la connaissons, plus qu’elle ne nous connaît, malheureusement, et nous savons qu’elle est arrivée en ville récemment. C’est pourquoi nous avons un portrait d’elle, mais n’ayant jamais été en contact avec, nous n’avons aucun moyen de la contacter.
C'était, à vrai dire, un bon résumé des choses, et une totale vérité.
La vampiresse ne cillait pas, véritable statue de marbre rehaussée d'une crinière rousse. Elle fixait l'homme droit dans les yeux, écoutant très attentivement ses réponses. Elle devait lui accorder qu'il parvenait à garder une certaine contenance. Mais leur échange ne faisait que commencer. Il lui confirma ne pas être journaliste, même si cela était bien trop évident pour qu'elle puisse s'en féliciter. Alors que le pauvre hère avait tenté de détendre l'atmosphère, l'Impératrice déchue prit un soin tout particulier à rester parfaitement imperméable à la situation. Comme si l'ambiance avait eu besoin d'être plus tendue.... Néanmoins, elle se mit à plisser légèrement les yeux alors qu'il s'obstinait avec cette histoire de cadeau de famille. Ne lui avait-elle pas dit plus tôt qu'elle n'y croyait pas un seul instant ? Mais elle le laissa poursuivre. Alors qu'il lui demandait à son tour pourquoi avait-elle cru qu'il était journaliste. Elle entreprit alors de lui répondre, même si elle semblait sceptique quand au fait qu'il ait pu ignorer les dernières actualités.
Avant votre visite, j'ai eu celles de journalistes venus grappiller des informations sur le drame qui s'est joué entre et devant ces murs. Puisque vous semblez l'ignorer, je vais combler vos lacunes. Diana est entrée dans cette boutique, espérant pouvoir trouver un travail ici. Et peu de temps après un homme a déboulé, furibond et particulièrement agité. Il a commencé à faire un tapage, exigeant que l'on lui livre Diana, et l'accusant d'être une succube qui l'aurait séduite. Il prétendait être chasseur, et a commencé à se montrer véhément. N'ayant aucune preuve de son identité, et son histoire paraissant peu probable, mon service de sécurité l'a fait sortir de la boutique, suite à un énième comportement inapproprié. Nous avions au préalable appelé la police pour qu'ils règlent cette affaire, qui n'était pas de notre ressort..... Mais.... Les choses ont pris une tournure dramatique.
La vampiresse marqua une courte pause, avant de reprendre toujours aussi méfiante.
....L'homme en question était armé, et il semble qu'il ait fait une bouffée délirante. Alors que la police était arrivée et lui demandait de se calmer, il a sortit son arme, et a commencé à ouvrir le feu. Dans sa crise de paranoïa, le monde entier était devenu son ennemi. Sa folie a causé la mort d'un policier, et plusieurs passants ont été blessés, avant qu'il ne soit abattu par les forces de l'ordre. L'enquête est encore en cours mais il s'avère que cet homme était effectivement un chasseur. Il reste encore à déterminer s'il était bel et bien fou ou non, mais cela ne change rien aux victimes qu'il y a eu. Diana avait été évacuée avec le reste de mes employés au moment où l'homme s'était montré menaçant à l'intérieur de la boutique. Impossible de savoir si elle était réellement une succube ou non.
A vrai dire, la vampiresse savait qu'elle était hybride, Diana lui ayant avoué son don surnaturel. Mais elle préférait ne pas trahir d'informations. Cet homme là en savait infiniment plus qu'il ne voulait bien l'admettre.... Mais elle ne pouvait pas non plus trop en dévoiler pour ne pas trahir sa protégée. Elle prit doucement le badge tendu par l'homme, le photographiant avec son téléphone, avant de lui rendre sa preuve. De son côté, elle pianota rapidement sur son clavier, demandant à vérifier point par point l'identité donnée, et de demander une photo de confirmation auprès des services administratifs de l'université. Se redressant dans son fauteuil, Katyusha continuait de surplomber son interlocuteur d'un air impérial, ajoutant sur son même ton inquisiteur.
Au vu des circonstances particulières, vous conviendrez que la prudence est mère de sûreté. Peut-on savoir, et même voir ce "cadeau" que vous défendez avec tant d'ardeur ? Je ne vois guère de paquet.... Une dernière chose encore....
La vampiresse se pencha légèrement joignant le bout de ses doigts, avant de demander d'un air instigateur oppressant.
Avant que le chasseur ne déboule, nous avons brièvement échangé Diana et moi. Je sais donc qu'elle n'a plus aucune famille depuis un certain temps déjà.... Et ce croquis est bien trop récent pour coïncider avec les dates reculées de disparition de ses proches. Il est donc impossible qu'une quelconque famille, même éloignée, puisse avoir une image d'elle aussi récente. Et encore moins qu'elle puisse avoir été prévenu par on ne sait qui de son arrivée dans cette ville....
Elle mentait copieusement, Diana lui ayant dit que ses parents étaient restés en Russie. Mais.... A bien y songer, pas tout à fait. Diana avait disparu du jour au lendemain et avait quitté sa famille et son pays sans laisser ni trace, ni adresse. Elle avait même été déclaré comme disparue, puis morte. Aussi, dans un sens elle n'avait réellement plus vraiment de famille. Et surtout, absolument personne ne pouvait être au courant de son arrivée ici. Au même moment, elle reçut la confirmation de l'identité de son interlocuteur. Ce qui n'était pas pour lui déplaire, elle avait au moins un semblant de vérité à quoi se raccrocher.
Vous avez su me prouver que vous saviez me dire la vérité Monsieur Heinworth..... Au moins sur votre identité officielle. J'aimerais éviter de devoir faire revenir la police et les chasseurs en ces lieux pour cette même affaire.... Après tout vous prétendez connaître sa "famille", vous êtes donc un témoin important..... Pouvez-vous d'ailleurs nous dire si oui ou non cette jeune femme est bien une succube ? Ou peut-être le demander à sa "famille" ? Je ne doute pas un seul instant que vous puissiez les joindre depuis votre téléphone....
Encore un mensonge, Katyusha se passant volontiers d'appeler les chasseurs pour livrer qui que ce soit. Mais si jamais cet homme était un espion infiltré des chasseurs, elle devait jouer finement pour faire croire qu'elle était neutre vis à vis d'eux, voire même à la limite d'être conciliante. Elle le poussait dans ses retranchements et ses mensonges, désireuse de le confronter et de le faire craquer. La soirée ne faisait que commencer.... Elle avait tout son temps.
Dougal soupira quelque peu. Voilà qu’il comprenait mieux les quelques réticences, si l’on pouvait dire « quelques » dans cette situation, de cette jeune femme. Bien sûr, cela n’était pas des plus agréables pour lui, mais beaucoup de choses s’expliquaient alors, et notamment s’il s’agissait là d’un chasseur ou tout du moins d’un prétendu chasseur. La méfiance était de rigueur et bien sûr ne pouvait-il pas la blâmer pour cela. Néanmoins, une chose l’interpela plus que toute cette histoire.
- Succube ?... Répéta l’homme quelque peu surpris.
L’on ne l’avait pas prévenu de cette éventualité, mais… Parlaient-ils alors bien de la même personne ? Fronçant quelque peu les sourcils, l’homme acquiesça malgré tout. Bien sûr, la prudence était-elle mère de sureté, mais tout de même… Le vieil homme arqua alors un sourcil, l’air surpris. Plus de famille ? Mmh. Voilà quelque chose de bien embêtant dans son histoire, une chose à laquelle il n’avait malencontreusement pas vraiment pensé. Un instant, l’homme réfléchit. Il fallait trouver autre chose, une chose plus solide, cette fois, que ce simple mensonge, et rapidement. Si la jeune fille était réellement un succube, sa vie pouvait être en danger, bien plus que pour une « simple » Mawu. Le pire, fut que la rousse, devant lui, appuya de nouveau sur le fait que la jeune femme pouvait être un succube. Fronçant d’autant les sourcils, Dougal secoua alors la tête, restant toujours aussi silencieux, plongé dans ses pensées. Si cela était le cas, il ne pourrait l’aider, pas de la sorte. Pas en la faisant venir au village de manière constante. Non. Il lui faudrait une aide extérieure, un appui qu’il ne pourrait trouver dans sa communauté. Se raclant la gorge, l’homme reprit enfin, le plus sérieusement du monde.
- Je vous rassure en un point, Miss. Souffla-t-il. Mon identité officielle est mon identité officieuse, du moins tant que ma retraite n’a pas été prononcée. Malgré la situation, il esquissa un sourire amusé et chaleureux. Quant à Diana… Son visage se referma doucement, l’air soucieux plus qu’autre chose. Si ce que vous dites est vrai, et je ne doute pas de votre parole, sa famille, ma famille, ne pourra malheureusement pas lui donner entièrement son cadeau. Fronçant les sourcils, il soupira. Avez-vous contacter le Conseil, à la suite de cette venue ? Demanda-t-il soudain.
Le problème le plus difficile à résoudre, à cet instant, était peut être de ne pas révéler le pouvoir de la jeune fille, pouvoir dont l’homme, lui-même, ne connaissait pas réellement les tenants et les aboutissants, tout en insistant sur l’importance de la mener au Conseil.
- Je ne vais pas vous expliquer ce qu’est le monde actuel, continua-t-il. Mais même s’il est difficile de le faire, il faut faire la différence entre les amis et les ennemis et je vous assure que je ne suis pas de cette dernière catégorie. Bien au contraire. Le Conseil, sûrement, vous dira plus de chose que moi-même sur cette jeune fille, mais… L’homme secoua la tête. Me permettez-vous d’appeler, s’il vous plait, mon contact en leur sein ? Je sais que tout cela peut être difficile à croire pour vous, mais je vous conjure de ne pas appeler les chasseurs ou la police et de régler cela entre nous et surtout avec et pour Diana. C’est là le plus important, et mon but, je vous l’assure. Si ce que vous me dites là est vrai, répéta-t-il alors, cette jeune fille doit être protégée, et rapidement. Mais pour cela, faites moi confiance.
Et c’était peut être cela le plus difficile, à bien y penser…
L'homme semblait réellement perturbé, et cela titillait la vampiresse. Comment pouvait-il à la fois en savoir autant et si peu à la fois ? En quoi le fait que Diana soit potentiellement succube avait-il soudainement changé la donne ? Qu'avait-il cru qu'elle soit ? Et pourquoi le "cadeau" ne serait soudainement plus "entier" ? Mais voilà qu'il lui parla du Conseil. Katyusha avait déjà entendu ce nom, mais elle n'en avait jamais appris plus sur la question. Ce conseil n'avait jamais interféré avec sa vie, et sa vie n'avait jamais interféré avec les projets du Conseils. Alors pourquoi cela était différent aujourd'hui ?
Je dois avouer que je ne suis pas très au fait de ce que ce "Conseil" fait. J'ai déjà entendu ce nom auparavant mais je n'ai guère menée plus d'investigation. A vrai dire, je n'étais pas vraiment concernée.....
Elle réfléchit un instant à ce que Dougal lui proposait. Plus cela venait et plus cette histoire devenait confuse.... Ce qui n'était pas l'objectif à la base ! Elle était contrariée et sa paranoïa revint en force. Est-ce qu'il se jouait d'elle ? Est-ce qu'il essayait de la mener en bateau ? Pour gagner du temps ? Cela dit, elle n'était guère plus avancée que tout à l'heure. La vampiresse soupira doucement, replongeant son regard sévère dans celui du vieil homme. Elle souffla comme contenant une irritation certaine.
Vous ne manquez pas d'audace.... Me demander de vous faire confiance, alors que vous-même ne le faites guère. Comment suis-je censée accepter cela, alors que vous éludez la majorité de mes questions ? Comment puis-je ne serait-ce me faire qu'une idée de votre valeur, alors que la seule certitude que j'ai de vous est votre nom et votre profession ? Si vous voulez réellement que je vous fasse confiance, vous allez devoir faire preuve d'un peu plus de transparence que cela.... Comme par exemple répondre à mes questions précédentes ? Auxquelles j'ajouterais la suivante, qu'est-ce que c'est que ces histoires de "familles" ? Nous savons tous les deux que cela n'a plus grand chose à voir avec les liens du sang....
La situation piétinait, et à moins de le contraindre par l'hypnose, elle ne pouvait être certaine des réponses qu'il lui donnerait, s'il daignait lui en donner. Mais c'était là un dernier recours qui, généralement, impliquait de devoir tuer la personne hypnotisée. Car elle ne voulait pas non plus que l'on puisse ébruiter qu'elle même était vampire. Encore et toujours de secrets à faire avouer ou à protéger.... A ce rythme, ils allaient y passer la nuit et plus encore. Il était temps de mettre un petit coup de pression.
Je vous laisse contacter et même inviter la personne de votre choix à nous rejoindre. Mais sachez que la personne en question aura droit au même sort que vous. Et que ni vous, ni elle ne ressortirez de ce bureau sans m'avoir donné de réponses satisfaisantes.... Réfléchissez bien à vos choix....
Interroger deux personnes pouvaient potentiellement lui donner un avantage. Car à moins d'accorder minutieusement ses violons et d'apprendre la même versions des faits, il était alors possible de pouvoir confronter les deux témoignages. Soit ils avaient bien répété leur scène, soit ils finiraient pas se contre-dire..... Ou alors il disaient la vérité, mais c'était toujours là l'option la plus difficile à concevoir pour son esprit farouche et méfiant. Et comme elle n'en finissait plus d'avoir des questions, elle en rajouta encore une autre....
.... Vous parlez d'ennemis et d'amis.... Et vous redoutez l'intervention des policiers et des chasseurs..... Seriez-vous une créature surnaturelle ? Est-ce pour cela que vous recherchez Diana ? Vous pensiez qu'elle était surnaturelle, mais le fait de la savoir potentiellement succube vous a pris de court.... Que pensiez-vous qu'elle fusse ?
S'il en était un, il ne pouvait être ni lycan, ni vampire, sans quoi ils se seraient sentis mutuellement. Un incube aurait depuis longtemps tenté d'user de ses charmes pour l'adoucir un peu et la mettre dans de meilleurs conditions..... Et cela aurait bien été la première fois qu'elle aurait vu un incube vieux. Se pouvait-il qu'il soit Mawu ? Cela expliquerait beaucoup de chose, dont son espèce d'obsession pour le secret. Il y aurait bien un moyen de vérifier qu'il n'était pas incube, c'était de voir la couleur de son sang. Mais lui demander de se faire saigner risquer de le faire clairement paniquer. Et cela ne lui permettrait pas de pouvoir s'assurer qu'il n'était pas un simple humain infiltré.... Elle hésitait à lâcher le nom de Mawu elle-même car cela pourrait également la trahir. Les humains n'étaient, techniquement, pas au courant de cela.... Mais comment lui faire avouer ?
L’homme secoua la tête de droite à gauche, visiblement sûr de lui.
- Le Conseil n’est autre que la réunion de toutes les races existantes œuvrant pour la paix entre tous.
Mais au vu du regard de la jeune femme, il semblait qu’il lui en faudrait bien plus pour être convaincue. La sévérité de ce dernier fit, d’ailleurs, froncer les sourcils du vieil homme qui ne se démontait pas pour autant. Après tout n’était-il pas en tort. Bien au contraire. Soupirant, il secoua de nouveau la tête. Cette femme était bien trop curieuse, et il ne pouvait décemment pas se permettre de révéler les secrets Mawu à la première venue, même, et surtout, pour protéger l’une des leurs car révéler un secret la mettrait même en danger.
- Ecoutez. Souffla-t-il soudain. Je ne suis pas venu en ennemi. Cette jeune fille a besoin d’aide, si vous la protégez c’est que vous le savez tout autant que moi et vos questions ne feront que retarder cela. Ma famille n’est, certes, pas de sang, mais une sorte de famille de cœur, prenant sous leur aile ceux qui en ont besoin.
Mais au moins acceptait-elle que Dougal puisse appeler un membre du Conseil. Du moins plus ou loin. Fronçant sévèrement les sourcils, il attrapa néanmoins son téléphone portable avant de l’entendre reprendre parole, relevant son regard sur elle, visiblement quelque peu fatigué de toutes ces questions.
- Sachez que les menaces ne vous mèneront à rien, Miss. Je comprends parfaitement que vous désiriez des réponses. Mais comprenez aussi que répondre à une personne menaçante n’est certainement pas des plus agréable. Surtout lorsqu’il s’agit de la protection d’une jeune fille dans le besoin. Quant à ce que je suis, je pense vous avoir déjà répondu. Je suis Dougal Heinworth, professeur d’université et protecteur de ma famille. Pour ce qui est de Diana, ce que vous m’avez appris m’a effectivement surpris. Mais si ce que vous dites est vrai, elle est bien plus en danger que vous ne pouvez le croire. Je ne suis alors pas à même de répondre à vos questions.
Cessant là de parler, il composa le numéro de téléphone du Conseil devant la rousse, mettant alors son mobile en haut-parleur, preuve de sa bonne foi.
- Bonsoir. Dit-il. Dougal Heinworth. Pourrais-je parler au responsable des succubes ou des Mawus je vous prie ? - Bonsoir Monsieur Heinworth. Je m’excuse mais ni l’un ni l’autre ne sont aujourd’hui disponible. Seule Miss Brunner est présente sur site.
L’homme fronça quelque peu les sourcils avant d’hocher la tête.
- Bien. Pourriez-vous me mettre en communication avec, s’il vous plait ? - Oui, bien sûr. Patientez un instant s’il vous plait.
Observant la bijoutière, Dougal ne pipa mot, ne faisant que patienter le temps de la musique d’attente. Une chance, la vampire répondit alors rapidement.
- Bonjour Zora, dit-il alors. Dougal, à l’appareil. Je m’excuse de vous déranger. Je… Il hésita quelque peu. J’étais à la recherche d’une jeune femme appartenant à notre communauté mais il semblerait que cette dernière… Soit une hybride. Serait-il possible de vous déplacer à l’adresse que je vais vous indiquer ? Je suis en pleine négociation avec ce qui semble être sa protectrice.
Au moins Zora, elle, ne fut pas difficile à convaincre car elle lui indiqua arriver bien rapidement dès lors que je lui fournis l’adresse. Soupirant après avoir raccroché, j’observai la jeune femme.
- Bien. Miss Brunner vous fournira plus de détail sur ce que sont les hybrides. Plus que je ne le peux. J’espère simplement que nous aurons votre coopération. Pour le bien de cette jeune fille.
Lorsque le sauvetage d'une hybride devient négociation avec une vampire
Katyusha & Dougal
C’était bien rare que je me retrouve seule au sein du bâtiment du Conseil. Oh. Bien sûr ne l’étais-je pas réellement. Il y avait encore quelques membres de l’association, le gardien ainsi que la secrétaire. L’une des secrétaires, tout du moins. Pour tout dire, nous en avions trois différentes qui se relayaient sans cesse lorsque nous étions présents sur les lieux. Enfin… Mis à part ce beau monde, mes collègues du Conseil, eux, étaient bels et bien absents. Cela était habituel et chacun savait quoi faire en cas d’absence des autres. Je ne faisais pas exception. D’autant que la nuit s’annonçait déjà très calme. Pas un appel, pas une visite, même pas un petit rendez-vous de prévu. Rien que le calme. Une chance, j’avais encore quelques cours à réviser. Je suivais une formation pour la gestion des plantes tropicales. Un sujet que je ne connaissais toujours pas entièrement, je profiterais donc de cette nuit pour combler mes lacunes. Ainsi étais-je installée sur mon bureau, entourée de mes feuilles de formation lorsque le téléphone sonna. L’accueil. Un visiteur ?
- Oui ? Décrochai-je - Miss Brunner ? Monsieur Dougal Heinworth est en ligne, il désirerait vous parler, puis-je transférer l’appel ?
Dougal et moi n’étions pas vraiment proches. Je l’avais croisé plusieurs fois dans les locaux du Conseil, nous avions même sympathisés, nous trouvant quelques points communs, mais rien de plus. Il était aussi vrai que je ne gérais que très rarement les faits de la Communauté Mawu, ayant déjà bien trop à faire avec ma propre communauté nocturne. Néanmoins, je ne pouvais décemment pas refuser de prendre un appel, surtout en l’absence de mes confrères.
- Bien sûr. Dis-je, souriante. Bonsoir Dougal ! Repris-je en entendant la voix de l’homme. Que me vaut ce plaisir ?
Un plaisir de bien courte durée. Les histoires d’hybrides étaient toujours les plus compliquées, et celle-ci… Semblait l’être d’autant plus. Pourquoi diable me parlait-il de négociation ? Sérieusement, j’hochai la tête.
- Je comprends. Je pars sur le champ. Notant l’adresse, je vérifiai le trajet rapidement sur mon ordinateur. Je serais là dans cinq à dix minutes.
Et je raccrochai. Une chance que la bijouterie qui m’avait été indiqué ne se trouvait pas à l’autre bout de la ville mais bien dans le quartier adjacent celui du Conseil. Ainsi ne me fallut-il que peu de temps, et notamment à cette heure, pour me stationner devant l’enseigne. Ayant donner quelques instructions à notre secrétaire, j’avais pu partir bien rapidement. Les appels seraient redirigés vers mon portable en cas de besoin, et je ne l’éteindrais pas pour assurer la permanence. J’avais, par ailleurs, toute confiance en la jeune femme qui gérait l’accueil. Elle avait l’habitude. Il n’y aurait pas d’ennuis. Arrivée devant la bijouterie, je rappelai Dougal afin de lui faire part de ma présence, ne sachant réellement où sonner avant de remettre correctement ma robe. Il fallait avouer que je n'étais même pas habillée pour un rendez-vous de ce genre. Peu prévoyante que j'avais été.
Dire que l’ambiance était pesante dans ce bureau était peut-être trop juste. Je comprenais, désormais, ce que signifiait le terme négociation. Une vampire. Bien… Esquissant un sourire respectueux à la jeune femme qui se tenait là, je m’avançais jusqu’au Mawu pour tendre la main à la rousse afin de la lui serrer.
- Zora Brunner. Me présentai-je. Je suis l’une des représentantes du Conseil. Des vampires, pour être plus exacte. Etant le premier exemplaire de notre race, cela semblait plus logique.
Cette présentation n’était certainement pas énoncée pour me donner un air supérieur. J’avais beau être la première vampire, celle à partir de qui tout était parti, je ne m’étais, à vrai dire, jamais sentie supérieur au reste de ma famille. Bien au contraire. Ils étaient même dans cette situation par ma faute. Néanmoins, je me devais, malgré tout, de poser des bases fermes sur lesquelles se reposer et donc que cette jeune femme puisse savoir à qui elle parlait.
- En premier lieu, je m’excuse, mais j’aimerais savoir pourquoi une vampire protègerait-elle une hybride ? Je me mis à sourire, secouant la tête. Non que je vous le reproche, bien au contraire, je suis ravie de voir enfin un peu d’entraide entre les races. Je suis seulement surprise. Mais expliquez-moi donc ce qu’il en est. Terminai-je. Dougal, vous étiez donc à la recherche d’une jeune femme appartenant à votre communauté sans savoir que cette dernière avait du sang succube dans les veines ? Je me retournai vers la rousse. Et je suppose que vous ne faites pas confiance en cet homme pour lui laisser entièrement cette jeune personne ?
Ce n’était pas là de la divination. Bien loin de là. Mais il était évident que l’on ne m’avait pas appelé pour conter fleurette mais bien pour défendre la cause hybride face à cette femme. Dougal n’avait donc pas suffit. Ce n’était qu’une conclusion rapide de ce que j’avais donc sous les yeux.
La vampiresse arqua un sourcil aux informations que lui livrait l'homme. Une organisation qui œuvrait pour la paix entre les races ? Composées par ces dernières ? Vraiment ? Et les chasseurs n'avaient pas encore fait sauter l'endroit à grands coups de C4 ? Ils se ramollissaient.... Sauf si l'organisation susnommée n'était pas aussi bienveillante et désintéressée que le laissait entendre la présentation qu'il en avait faite. D'ailleurs, c'était là un phénomène qui semblait récurrent chez cet homme. Les familles et organisations bienveillantes.... Vivaient-ils dans le même monde ? A en croire cet homme, il existaient encore des gens, et même suffisamment pour en faire des groupuscules altruiste et bienveillants.... Et prêts à se confronter à des ennuis de son gabarit pour venir aider de parfaits inconnus.
Dans ce monde qui est le nôtre.... J'ai bien des peines à croire qu'il existe tant de personnes bienveillantes et désintéressées, prêtes à faire face aux pires ennuis pour secourir des inconnus....
Et pourtant.... N'était-ce pas ce qu'elle même avait fait ? Affrontant chasseurs, police, et même tuant pour cela ? Et faisant ce soir face à un homme résolument bien suspect pour sa paranoïa. Et quand il en vint à déclarer que ses menaces ne servaient à rien, une partie en elle lui suggéra vivement de lui faire sortir son Glock M17 afin de lui montrer qu'elle était tout à fait disposée à passer de l'étape de la menace à la sommation.... Mais il ne s'était jamais montré agressif à aucun moment. Pour l'heure, rien ne justifiait d'escalader dans la violence. C'était clairement la voie de la facilité mais.... Elle n'était pas une vampiresse sanguinaire sur des cibles qui n'étaient pas clairement identifiées comme ennemies. Elle l'observa passer son coup de fil, qu'il fit en haut parleur. Ce qui n'était pas pour lui déplaire. Elle arqua un sourcil en entendant le terme mawu dans la bouche du vieil homme. Comment un humain pourrait-il être au courant de cela ? Elle commençait à avoir l'intime conviction qu'il en était un.... Était-ce cela la famille dont il parlait ? Les Mawus ? Idem pour la notion d'hybride. Cela dit, il ne semblait pas non plus responsable d'aucune de ces races. Alors quel était son rôle dans tout cela ?
Le mystère s'épaississait. Et en attendant que la dénommée Zora les rejoigne, la vampiresse décida de continuer à questionner le vieil homme, même s'il n’aimait pas cela.... Surtout s'il n'aimait pas cela ? Peut-être un peu....
Vous n'êtes pas responsable des succubes, ni de ce que vous avez appelé "Mawus".... Mais vous semblez bien connus de ce Conseil, pour en connaître les Hautes Instances.... Quels liens entretenez-vous avez eux ? Et quel lien y a t-il avec votre "famille" et ce Conseil ? Vos précédentes réponses n'ont pas réellement répondues à mes questions.... Une fois encore.
Au moins il n'y avait plus à prouver le caractère pugnace de la noble rousse.... Mais finalement, on bipa son téléphone pour l'avertir de la venue de leur dernière invitée. Un bref message, et le service de sécurité guida courtoisement la vampiresse blonde jusqu'au bureau. Katyusha se leva à son entrée, et tiqua. Une vampiresse....
~Une vampire.... Miséricorde, voilà qui ne m'arrange pas.... Allons.... N'allons pas redouter le pire.~
Malgré l'ambiance tendues desdites négociation, la vampiresse accueillit poliment sa comparse, lui serrant la main, et l'invitant d'un geste à s'assoir. Elle répondit dans la foulée à sa présentation.
Katyusha Orlov, propriétaire des lieux. Enchantée.
La noble rousse se rassit en écoutant le pedigree de la femme qui lui faisait face. Elle ne sourcilla pas un seul instant face à sa révélation de première née et resta silencieuse, attendant la suite. A vrai dire, elle n'avait pas grand mérite à ce stoïcisme. Tybalt, son géniteur et mentor, était lui-même un premier né, aussi n'était-elle plus intimidé par cela. Et d'ailleurs, ce détail la fit sonder ses souvenirs. Dans ces derniers, elle ne se rappelait pas que Tybalt lui ai jamais parlé de la première d'entre-eux.... Cette femme mentait-elle ? Cela dit, à sa décharge, Tybalt ne lui avait pas non plus tant parlé que ça de ses "frères et sœurs" premiers nés. Mais ce qu'elle redoutait arriva, et la vampiresse vint se tenir l'arrête du nez en prenant silencieusement une profonde inspiration pour contenir sa colère et son agacement. La laissant terminer ses questions et observations, elle souffla.
Visiblement l'âge ne vous a pas enseigné à ne pas divulguer la nature de vos homologues sans accord préalable.... Pour une personne dévouée à la protection de ses pairs, voilà une erreur qui pourrait leur être fatale.
Néanmoins si elle avait été indiscrète avec elle, elle s'était aussi montrée peu discrète avec Dougal, en confirmant qu'il cherchait quelqu'un appartenant à sa communauté.... et recoupant au fait qu'il était surpris par la nature succube... La déduction était facile à faire. La vampiresse fit rouler ses yeux vers Dougal. Perdu pour perdu, elle mit les pieds dans le plat.
Je présume donc que vous êtes vous-même ressortissant Mawu, ce qui explique on ne peut plus votre culte viscéral du secret, si typique des vôtres.... Et justifié à mon humble avis. Si je n'ai pas réellement d'appréhension sur la capacité de Monsieur Heinworth à garder ma nature secrète, j'espère Mademoiselle Brunner que vous saurez traiter cette information avec précaution....
Oui, cela lui avait clairement déplu, oui, elle le lui faisait comprendre. Et surtout elle insistait particulièrement sur le fait qu'elle ne voulait pas que cela se sache. Néanmoins.... A présent forte de la certitude d'être face à deux créatures surnaturelles, l'Impératrice déchue consentit à se détendre un peu. Son regard inquisiteur et perçant s'estompa pour redevenir neutre, et sa froideur s'atténua également. Peut-être que les négociations allaient pouvoir réellement commencer ? En tout cas c'était sur un ton calme et posé qu'elle reprit.
Soyez tous deux parfaitement assurés que j'ai on ne peut plus conscience des dangers qui menacent Diana. L'expérience m'a appris à assurer le secret et la protection. Et également les mesures nécessaires, même celles les plus drastiques.... La méfiance et la prudence m'inciteraient à vous réduire tous les deux au silence afin d'être absolument certaine que vous ne divulguerez jamais les informations que vous détenez. Ni de par votre propre volonté, ni sous la torture. Rassurez-vous, je n'ai pas pour principe de neutraliser des mawus ou des vampires sans qu'ils ne représentent un danger immédiat et incontournable. Une faiblesse, je vous l'accorde. Et qui pourrait mettre à mal des siècles de secrets et sacrifices ce dernier. Je prends le risque de compter sur vous. Ne me faites pas regretter ce choix....
Elle retint un soupir portant de nouveau son regard sur Zora. Sa question, bien que délicate, était somme toute légitime. Pourquoi.... Même l'Impératrice déchue avait encore du mal à l'expliquer. Pourquoi.... Avait-elle commis cette folie ? Aussi folle que Tybalt lorsqu'il l'avait transformé pour la sauver. Une pensée... Qui lui dessina un sourire fugace sur les lèvres. Finalement.... La raison n'était peut-être pas si obscure que cela. Encore un peu perdue dans ses pensées, elle lâcha.
Pour répondre à votre question.... Je pense que c'est là un héritage de mon créateur. Il faut croire que parmi les premiers nés, l'altruisme était une valeur présente....
Retrouvant tout son éveil, elle reprit.
Vous avez résumé la situation. Le fait est qu'on me demande de remettre ni plus ni moins la vie de cette jeune fille entre les mains de Monsieur Heinworth, ou celle du Conseil, sans la moindre garantie de sa sécurité et de son bien être. Loin de moi l'idée de vouloir paraître discourtoise mais.... Vous pourriez très bien être une secte ou un groupuscule versant dans la traite de surnaturels, que je n'aurais aucun moyen de le savoir. Comprenez que je sois réticente.... Même si je comprends parfaitement les enjeux pour Diana. Il est certain qu'elle serait beaucoup plus à sa place entourée de semblables, qui pourraient l'aider dans la découverte de sa double nature, et la rassurer. Mais je ne connais rien de vous.... Si vous avez une idée sur comment résoudre ce problème, je serais ravie de pouvoir offrir à Diana le meilleur accompagnement qu'elle puisse avoir.
Avis à mes partenaires:
Désolée les enfants, vraiment ! Je n'avais vu vos réponses, sinon je ne vous aurais pas fait autant attendre ! Si jamais au bout de deux jours je tarde, n'hésitez pas à me secouer par mp !
L’homme secoua doucement la tête. Cette jeune femme était donc réellement plus que méfiante, non, même pire : désabusée. Oui, le monde dans lequel ils évoluaient n’était pas des plus agréable, bien sûr y avait-il bien des malheurs et des douleurs, mais ne pas croire en la bonté humaine… Cela revenait à faire une croire sur l’humanité même. Et Dougal, lui, n’était pas prêt à cela. Au contraire. D’ailleurs soupira-t-il avant de reprendre.
- Et pourtant, Miss, c’est le cas. Mais Miss Brunner vous expliquera cela bien mieux que moi-même. Ils s’agit de l’une des principale intéressée. Quant au fait que cela puisse exister… J’ai tendance à croire qu’il n’y a pas que du mauvais sur cette terre, et que c’est justement à nous d’œuvrer pour que le bien et le désintéressement garde une place certaine.
Et voilà, à nouveau, que la rousse tentait de questionner le vieil homme sur ses activités. Dire qu’elle était tenace était un bien faible mot face à elle. Mais c’est dans un calme des plus sereins que Dougal l’observait, souriant. La venue de Zora allait répondre à bien de ses questions, pour sûr. Mais il préférait attendre que cette dernière soit arrivée pour cela. Simple question de sécurité : Zora faisait partie du Conseil, ce Conseil qui préservait, autant que lui, le secret de la communauté Mawu. Elle saurait intimer au silence sur ce sujet, et il le savait, l’ayant déjà vu faire plus d’une fois.
La voilà, d’ailleurs, qui arrivait, enfin. Un sourire, et il se leva afin de la saluer comme il se devait, se rasseyant en même temps qu’elle. Les paroles de Zora furent claires et nettes. Peut être même trop pour la jeune femme qui leur faisait face. Une vampire, donc. Dougal fronça quelque peu les sourcils. Voilà bien une chose à laquelle il ne s’attendait pas. Au moins était-ce presque plus rassurant. Pourquoi ? La jeune femme semblait accorder grande importance au mot « secret », comme en avait témoigné son comportement lorsque la blonde avait révélé sa nature. Sûrement, ainsi, pourrait-elle comprendre l’importance du secret de la Communauté. Ainsi le vieil homme hocha doucement la tête en guide d’acquiescement.
- C’est exact. J’en suis le chef. Le protecteur, comme j’ai pu vous l’indiquer.
Et c’était justement le cas. Dougal n’avait menti en rien dans ce qu’il avait dit. L’homme avait simplement laissé échapper quelques détails importants, comme toute la partie concernant les Mawus, mais, au moins, la vampire ne pourrait-elle pas lui reprocher quelconque mensonge. Et cela, comme tout bon citoyen, lui importait particulièrement.
- Vous connaissez, donc, visiblement notre communauté. Continua-t-il. Cela nous sera donc plus facile de discuter, cette fois à cœur ouvert, vous en conviendrait ?
Mais déjà la rousse reprenait parole, provoquant un nouveau froncement de sourcil chez le Mawu. Des menaces suivie d’une demande d’apaisement. Cette femme était bien spéciale. Mais l’homme, bien que seulement humain et entouré de deux vampires ne se laissait pas impressionner. Le regard calme, toujours aussi bienveillant posé sur la vampire, il hocha doucement la tête.
- Quand bien même vous désireriez nous réduire au silence, Miss Orlov. Sachez qu’outre le fait que nous ne sommes pas là en ennemi, cela resterait une erreur. Tout comme, je le suppose, Miss Brunner, ma communauté est au courant de ma venue en ces lieux. Nous sommes une communauté pacifique, ne désirant que le bien de nos membres, quoique cela puisse vous perturber. Nous n’œuvrons que dans ce but, les aider et les sauver d’un monde hostile. Mais jamais aucun membre de cette communauté, aussi pacifique soit elle, ne laisserait impunie un tel acte. L’homme soupira. Quant au secret… Je doute qu’il y ait plus discret que le Conseil. Zora ?
L’homme se retourna vers la vampire afin d’y trouver un appui, car quelque chose lui disait qu’elle n’avait, ainsi, pas révéler tout cela sans une bonne raison. Mais laquelle… Cela restait encore à voir.
Pour ce qui est des doutes de la vampire, Dougal préféra laisser la seconde répondre, n’y ajoutant alors qu’un seul point.
- Cela n’est pas dans nos habitudes. Néanmoins… Si vous le désirez, vous pourrez assister aux premiers entraînement de votre protégée, si cela peut vous rassurer.
Restait encore à négocier cela avec la Communauté. Mais après tout… Cela pourrait tout à fait être possible.
Lorsque le sauvetage d'une hybride devient négociation avec une vampire
Katyusha & Dougal
Hé bien. Voilà qui était certain : la négociation était bien en cours. En témoignait la froideur de l’ambiance qui pouvait m’entourer. Enfin. Esquissant un sourire tandis que la jeune femme se présentait, je me stoppai bien rapidement. Ce nom… Ce nom me disait quelque chose. Mais quoi… Fronçant quelque peu les sourcils, je tentai de masquer ma réflexion dans un sourire des plus poli, reprenant parole pour tenter de comprendre la situation. Des questions qui ne furent, visiblement, pas au goût de la vampire, m’arrachant un sourire amusé.
- Miss Orlov. Repris-je alors le plus sérieusement du monde. Je comprends votre manque de confiance, néanmoins je pense être la mieux placée d’entre nous pour savoir quand divulguer, ou non, les races de chacun des partis. Or. Il semble, ici, et au vu de la réaction de Monsieur Heinworth, que ce dernier n’était pas non plus au courant de votre race. Je connais parfaitement le soucis de secret de chacun, Miss. Mais nous allons ici discuter de la vie d’une jeune femme innocente. Le temps des cachoteries est donc révolu. Agissons en toute connaissance de cause, à présent.
Mon ton était ferme. Habitué à ce genre de choses. Et, pour tout avouer, j’avais quelque peu… Provoqué intentionnellement la révélation de leurs appartenances. C’était l’un de mes principes : pas de secret, et surtout lorsque je me trouvais entre personnes de confiance. Or, si Dougal était tout à fait digne de confiance, le fait que cette vampire protège un autre membre de son espèce tout en sachant son hybridité… Cela me permettait de tirer quelques conclusions, même sans en connaître les causes.
- Tâchez, dans ce cas, d’agir pour le mieux sans avoir à faire venir l’une des vôtres, Miss. Dis-je soudain bien plus sérieusement en l’observant.
Pour tout avouer, je n’appréciais pas le ton employé, d’autant que je venais en amie, ayant expliqué ma nature et mon appartenance. Oh bien sûr pouvait-elle douter, ce n’était pas un problème, mais son comportement n’était, malgré tout, pas tout à fait ce que je pouvais appeler d’agréable. Justifié ? Seulement à moitié car même si cela avait pu lui déplaire, je n’allais certainement pas me laisser démonter du fait des paroles de l’une de mes descendantes. Je retins un léger sourire à ses menaces. Quel beau principe. Et c’était donc pour ces principes qu’elle ne nous réduisait pas au silence. Grand bien lui fasse. Mais je n’eus le temps de répondre que mon comparse reprenait parole. Voilà une chose que j’appréciais grandement chez cet homme : son calme à toute épreuve, quelque soit le sujet. Et il venait de nous en faire une démonstration grandiose en cet instant.
- Effectivement, acquiesçai-je aux mots du Mawu. La violence ou les menaces ne résoudront jamais vos problèmes, Miss. Ou seulement ponctuellement car le remord et les regrets vous entacheront alors toujours. C’est pourquoi je ne peux que vous conseiller d’éviter, à l’avenir, ce genre de remarque car même si nous remercions vos principes moraux de ne pas nous tuer sur le champs, je ne saurais insister sur le fait de connaître vos adversaires avant de vous en prendre à eux.
Pour cause. Cette jeune femme ne me connaissait pas. Et même si je n’étais pas une combattant hors pair, comment pouvait-elle donc le savoir ? Mieux. Comment pouvait-elle imaginer, comme l’avait si bien dit Dougal, que nous ne serions pas recherchés. Non. Je ne me faisais aucun souci là-dessus. Mon regard fixé sur elle et ma question sur le pourquoi du comment posé, je repartis alors dans mes pensées, tandis qu’elle me répondait. Orlov… Katyusha Orlov… Un créateur parmi les premiers transformés… Mon regard s’éclaira soudain. Impossible. Et alors que la vampire terminait son discours, ma mémoire se remit en marche. Tybalt… Voilà bien des années que je n’avais pas pensé à cet homme, l’un de mes premiers fils. Le dixième peut être… Non. Le quinzième. Ce dernier, avec qui je n’avais jamais perdu contact, ou presque, jusqu’à sa disparition, m’avait parlé d’une jeune femme prénommée Katyusha Orlov. Une jeune femme qu’il aimait et dont il était tombé amoureux, pour sûr, mais que je n’avais alors jamais eu la chance de rencontrer. Était-ce elle ? Elle qui rechignait à se battre mais qui semblait aujourd’hui nous menacer ? La pétillante Katyusha ? Mmh… L’hésitation était de mise et pourtant… Reprenant contact avec la réalité, je secouai la tête, les derniers mots de la vampire me parvenant aux oreilles.
- Ecoutez, dis-je à la suite du Mawu. Si Dougal peut vous présenter leurs entraînements, je peux vous faire visiter le Conseil et vous montrer l’encadrement que nous faisons pour les hybrides. Je me tus quelques instants. Nous en profiterons pour discuter, si vous le voulez-bien, finis-je par dire. Je suis certaine que Tybalt serait heureux de voir que vous avez retenu les valeurs qu’il véhiculait. J’esquissai un léger sourire désolé. Je suis désolée pour sa perte. Continuai-je doucement. Je ne peux que savoir la souffrance que vous avez dû ressentir ayant perdu mon époux il y a bien des années, mais je suis heureuse de savoir que l’infante de mon fils nocturne sait prendre soin des autres.
A l'affirmation de la première née, la vampiresse arqua un sourcil, explicitement peu convaincue. Elle secoua doucement la tête, trouvant son argumentation bien légère. Elle fit un effort pour masquer son air las, et lui répondit platement.
Il y a ce que vous pensez, et il y a les faits. Malheureusement pour vous, vos actes n'illustrent guère l'aptitude à manipuler le secret que vous semblez revendiquer. A vous de vous accorder entre vos prétentions et vos actions. Par ailleurs, l'avenir de Diana n'est pas non plus une justification aux décisions faites à l'emporte-pièce.
Elle était loin de se douter de la réflexion de Zora à ce sujet. Aurait-elle pu seulement comprendre ou accepter que Zora lui ait accordé sa confiance sur le simple fait qu'elle avait protégé Diana ? Cela aurait été bien difficile à concevoir pour la noble rousse. Elle qui ne jurait plus que par une prudence et une méfiance excessive, et qui ne croyait plus en autrui depuis bien longtemps à présent. Elle attendait beaucoup plus de sagesse et de prudence de la part de celle qui était supposée être à l'origine de tous les autres. Un peu plus à la manière de Dougal à vrai dire. Elle garda ses réflexions pour elle, et enchaina.
Cela dit, on ne peut pas vous retirer que ce qui est fait est fait. Et que l'on ne peut décemment que faire avec à présent. Elle porta son regard vers Dougal. Effectivement, j'ai entendu parlé de votre communauté. Je n'ai guère cherché à questionner vos ressortissants par respect pour votre nature secrète, aussi vous excuserez mes connaissances limitées en la matière. Cela dit, je peux faire un effort pour vous parler.... Un peu plus librement.
A cœur ouvert, c'était beaucoup trop demander à l'éternelle demoiselle, qui avait bien du mal à pratiquer cet exercice même avec ses proches. Stigmates de son éducation impériale.... La pique de la première née glissa sur l'Impératrice déchue comme des gouttes d'eau sur les plumes d'un cygne.... Pour la simple raison qu'elle ne se sentait pas concernée. Et d'ailleurs, elle lui indiqua posément.
Personne ne vous a contraint à venir ici, Miss. Si vous êtes parmi nous ce soir, c'est uniquement parce que vous avez accepté de répondre à l'appel de Monsieur Heinworth. Prenez la responsabilité de vos choix.
S'il était vrai que personne n'avait menacé Zora pour la faire venir, il n'en restait pas moins que lui dire de prendre ses responsabilités pouvait être perçut comme une réponse relativement sèche. Et pourtant la rousse restait calme et son regard était même beaucoup moins froid que précédemment. Drôle de manière d'afficher sa détente.... D'ailleurs, sa franchise semblait être difficilement acceptable pour le duo qui lui faisait, et qui lui exprimait son désagrément quant à l'idée qu'elle avait pu exprimer ouvertement l'idée de les tuer. Non sans lui signifier que cela l'exposerait d'ailleurs à des poursuites. En revanche, lorsque Zora lui parla de regret et de remords elle se pinça violemment les lèvres pour ne pas éclater de rire. Des regrets et des remords ? Elle ? Résolument la première née était beaucoup plus humaine qu'elle. Elle les laissa terminer, avant de se sentir obligée de leur expliquer sa manière de faire et d'être.
Miss Brunner, votre aptitude à me prêter des regrets et des remords me touche, mais c'est hélas là un luxe auquel je n'ai plus eu droit depuis des décennies. Soyez sûrs tous les deux que, si j'avais dû prendre la résolution de vous faire taire, cela n'aurait pas été de gaité de cœur, certes. Mais je l'aurais fait parce que je me serais sentie forcée de le faire, afin de protéger mon secret et par extension ma vie. Cela aurait été une pure question de survie, et la survie ne laisse que rarement voix au chapitre au remords et aux regrets. Encore une fois, si je dois en venir à de telles extrémités, c'est qu'il n'y aura pas eu d'autres solutions à mes yeux. Avec tous les risques et les répercussions que cela aurait engendré. Dont les éventuelles représailles de mes adversaires, et quels qu'ils soient. Mais malheureusement, c'est également le genre de situation auxquelles j'ai dû apprendre à répondre et à me préparer. J'ai à disposition tout un panel de protocoles et de procédures à suivre afin soit de masquer mes.... Mesures de sécurité. Soit pour offrir aux âmes vengeresses un bouc émissaire sur qui déverser leur courroux et leur fiel.
Elle se recula un instant dans son fauteuil, pour jauger de ses invités, les analysant, les sondant du regard pour essayer de comprendre leur raisonnement et leur fonctionnement. Elle enchaina alors.
De la vision que vous me donnez tous les deux.... Il est évident que nous n'évoluons pas dans les mêmes mondes. Peut-être l'effet de groupe vous a-t-il prémuni, peut-être ai-je simplement fait comble de malchance au cours de mon éternité. Mais le fait est que ma présence ici ce soir et ma survie n'ont été possibles que par l'application stricte de ces mesures, qui résonnent de manière si déplaisantes en vous. Je peux comprendre que vous perceviez cela comme des menaces. Mais cela n'en était pas. D'où le fait que je vous ai précisé que je comptais pas vous réduire au silence. Peut-être cela peut vous paraître invraisemblable, mais j'aspirai davantage à vous faire comprendre ma manière de fonctionner. Avec quel soin et rigueur je dois œuvrer pour assurer ma survie et celles de ceux que je protège. Jusqu'où je vais pour cela.
Elle joignit ses mains, avant de poursuivre.
Et également pourquoi, même si vous vous êtes présentés ici tous les deux avec les meilleurs intentions du monde, ma nature me pousse à rester sur mes gardes. Je conçois que cela peut vous être particulièrement frustrant, dans l'idée où vous ne demandez qu'à faire preuve de bonne volonté. Je confesse également que votre altruisme et votre bienveillance.... Me laissent perplexe. Ce n'est pas là quelque chose que j'ai pu observé depuis bien trop longtemps.
Dougal lui proposa alors d'assister aux premiers temps de Diana au sein de la structure. Ce qui en soit n'était pas une mauvaise idée, mais si cela n'était qu'un leurre le temps d'endormir sa méfiance ? Et qu'une fois rassurée, ils mettent la main mise sur Diana ? Ou si tout simplement ils la manipulaient à d'autre fins. Le problème était qu'à raisonner de la sorte, rien au monde ne pourrait lui prouver et lui garantir leur bienveillance. Elle réprima un soupire, répondant à Dougal.
Cela pourrait être intéressant effectivement. Comprendre votre manière d'intégrer et d'épauler vos protégés serait un bon début, même si je redoute quelque réticences de la part de votre communauté. Chose que je pourrais tout à fait comprendre. Je prends bien en considération que cela serait un gros sacrifice pour les vôtres.
Zora reprit alors parole, venant soutenir son confrère mawu. Katyusha réfléchissait, considérant l'offre tout en acquiesçant. En allant sur place elle pourrait se faire une idée.... Et au pire du pire, elle pourrait toujours trouver une victime à hypnotiser pour lui faire dire la vérité.
Soit. Faisons cela....
Elle n'était toujours pas convaincue pour l'heure, mais si elle pouvait trouver un indice qui permettrait de les innocenter ou au contraire de les mettre en porte-à-faux, elle ne se priverait pas ! Sauf que.... L'impensable se produisit. Tybalt. Elle avait prononcé le nom Tybalt. Depuis sa bouche, sans prévenir sans amener le sujet. Aussi rare que cela pouvait être, Katyusha eu un véritable coup de sang, se mettant à siffler furieusement, et son regard devenant écarlate.... Comme si on avait injecté directement une encre rouge dans ses yeux. Ses muscles s'étaient crispés à l'unissons comme si elle allait bondir sur Zora pour lui arracher les yeux et attaquer. Mais son assourdissante colère n'alla heureusement pas plus loin. Faisant des efforts monstrueux pour se calmer et rester digne, elle souffla néanmoins particulièrement amère.
Ne parlez pas en son nom....
Même si c'était pour lui dire que Tybalt aurait été fier, la douleur était encore trop présente, trop vive pour qu'elle puisse entendre quelqu'un qu'elle ne connaissait pas lui dire ça. Surtout qu'au fond d'elle.... Elle ne se sentait absolument pas digne de ce que Tybalt avait pu lui apprendre, et de la bienveillance débordante qui le caractérisait. Elle.... Elle n'était plus celle qu'il avait connu.... Elle avait été corrompu par la douleur et la folie. Elle était devenue un monstre bien différent de la jeune vampiresse qu'elle avait pu être. Elle avait accepté cette nouvelle condition, cette nouvelle nature qui pouvait être si froide et si cruelle. Mais.... Elle n'était plus digne de lui.... Katyusha était d'une exigence rare envers les autres. Mais envers elle-même, elle était intransigeante, et même parfois injuste. La vampiresse respirait lentement, profondément et silencieusement. Si elle avait revêtu son masque de neutralité avec une rapidité et une maîtrise remarquable, il n'y avait aucun moyen de se tromper. Zora avait touché un sujet sensible, à la limite du tabou pour la noble rousse. Doucement, le bleu revenait dans ses yeux, et déglutissant elle acquiesça aux condoléances. Son regard se leva vers Zora lorsqu'elle lui annonça avoir elle aussi perdu son mari. Au moins elle pouvait facilement concevoir la douleur qui la dévorait silencieusement, perfidement.... Lorsqu'elle affirma être heureuse de savoir Katyusha capable de prendre soin d'autrui, cette dernière lâcha un petit rire nerveux.
Prendre soin des autres.... A quel prix ?
Son regard se porta sur Dougal, puis revint sur Zora.
.... Visiblement celui de mettre mal à l'aise autrui, et de mettre les gens dans les positions les plus inconfortables et délicates possibles.
Néanmoins Zora avait raison sur un point. On ne pouvait pas reprocher à Katyusha de ne pas se battre bec et ongle pour protéger ceux qu'elle prenait sous son aile. La vampiresse réfléchit. A vrai dire, le caractère bienveillant de Zora n'était pas sans lui rappeler celui de Tybalt. Ce qui lui était encore plus douloureux, et elle chassa ses pensées de son esprit, serrant les dents pour ravaler sa peine. Elle se raccrocha à la situation présente comme à une bouée de sauvetage.
Quand voulez-vous organiser cette.... Initiation ?
Dougal restait alors silencieux, observant la joute verbale qui s’était mise en place entre les deux vampires. Or, s’il savait que Zora ne laisserait certainement pas tomber, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de la sécurité d’autrui, même éloignée de sa race, il semblait que l’autre vampire n’était pas des plus différentes.
- Miss, défendit-il alors l’originelle. Miss Brunner est ici pour la sauvegarde de votre protégée. Tout comme moi. Elle n’est pas venue seulement de par mon appel, mais pour aider cette jeune fille. Je connais Zora comme certains de ses collègues, et je peux vous assurer que cette femme est l’une des personnes les plus affables que je puisse connaître. Quant à votre méconnaissance de ma communauté, vous êtes toute excusée, nous ne sommes pas vraiment les plus bavards à ce sujet, comme vous avez pu le remarquer.
Mais cela continua… Soupirant, le vieil homme secoua la tête. Lui qui était le plus jeune dans cette pièce, paradoxalement à son physique, voilà qu’il se sentait dans un combat bien trop éloigné de son âge pour l’être de celui des deux éternelles créatures.
- Je vous prierais de ne plus discuter de notre mort éventuelle. Souffla-t-il alors. La mienne ne tardera que trop peu à arriver, j’aimerais donc me concentrer sur un autre point, si cela ne vous dérange pas.
Une petite tentative d’humour dans ces noires paroles. L’homme n’était pas le meilleur pour faire cela, mais au moins tentait-il de dédramatiser cette situation, espérant que la discussion ne revienne que plus rapidement au sujet principal : Diana.
- Ce n’est pas tant une question de frustration, miss, que d’inquiétude. Nous savons que vous faites et ferez au mieux pour cette jeune femme, et nous vous en sommes plus que reconnaissants pour cela. Mais elle a besoin d’un entraînement. Vous… L’homme fronça les sourcils. J’ai rarement eu l’occasion de m’entretenir avec des hybrides, je parlerais donc de mémoire. Mais vous avez dû remarquer que la jeune femme devait très fréquemment se « nourrir ». Qu’elle se fatiguait plus que de raison, n’est-ce pas ? Nous pouvons l’aider à contrôler son don afin qu’il ne puise pas toute son énergie. C’est là le but de notre entraînement.
Il hocha néanmoins la tête. Effectivement, bien des Mawus seraient contre cette intrusion, Dougal était le premier à l’être habituellement, mais il s’agissait de la vie d’une jeune femme innocente. Le choix ne leur serait donc pas laissé.
Soudain, un changement de ton, la vampire se mit à siffler, lui faisant froncer les sourcils tandis qu’il jetait un coup d’œil à Zora. Se voulant impassible, l’homme soupira. Cela allait recommencer. Et malheureusement en cas de combat réel, il était bien incapable de se défendre… Enfin… Mais rien ne se passa.
- Je vais parler en nos deux noms. Dit-il alors en observant Zora, mais arrêtez-moi si je me trompe. Aucun de nous n’est mal à l’aise, et nous pouvons comprendre que la méfiance est de mise. Nous n’avons aucun moyen de vous prouver notre bonne foi, et cela me désole, mais c’est bien pour cela que nous tentons de vous rassurer. Quant à l’initiation… Un nouveau coup d’œil à la vampire et il continua. Nous pourrons commencer dès que Diana sera prête pour notre part.
Lorsque le sauvetage d'une hybride devient négociation avec une vampire
Katyusha & Dougal
Doucement, je levai la main pour la poser sur l’épaule du vieil homme, quoique le terme vieux eut été particulièrement ironique face à mon âge.
- Ce n’est rien. Soufflai-je doucement. Il semble que Miss Orlov et moi-même ayons des caractères bien trop éloignés pour pouvoir nous entendre sur certains points et certaines paroles. Mais nous ne sommes pas là pour devenir amies, seulement pour l’avenir d’une jeune fille.
Une chose était certaine désormais, alors que la vampire nous faisait part de son manque de sentiments : nous ne pourrions que difficilement nous entendre, moi qui m’étais la vie des autres avant la mienne, emprunte de remords et de regrets sur bien des sujets de ma vie, cette femme, là, ne me semblait être qu’un mur de glace. Oh. Sûrement y avait-il plus à l’intérieur, comme bien des murs de glace que je connaissais, mais cette femme ne comprenait visiblement pas ce que l’idée même de notre mort risquait de provoquer. Bien sûr, nous n’étions pas irremplaçables, et j’étais la première à avoir appris à vivre avec la perte. Mais… Ce n’était pas tant notre position hiérarchique que nos buts qui étaient, là, pris à partie. Dougal comme moi-même nous trouvions aujourd’hui entre marteau et enclume, dans la protection des nôtres, dans le secret le plus absolu. Notre mort, ainsi, resterait certainement tout aussi secrète du grand public, mais les retombées internes seraient-elles… Je fronçai quelque peu les sourcils. Voilà une chose à laquelle il allait falloir que je m’atèle. Trop prise dans mon éternité, je n’avais pas réellement pensé à l’après… Enfin. Ce n’était pas la question actuelle.
- Nous ne pourrions nous targuer de protéger nos communautés si nous ne faisions pas preuve d’altruisme ou de bienveillance. Notai-je néanmoins. Mais je peux facilement comprendre votre méfiance, c’est malheureusement là un mal bien trop partagé parmi les nôtres.
Au moins acceptait-elle de s’ouvrir un tant soit peu à nos propositions. Je réprimai difficilement un soupir tant de soulagement que de dépit. Les choses n’allaient visiblement pas être des plus faciles… Et voilà donc autre chose. A peine avais-je eu prononcé le prénom de mon « fils », que la vampire sembla sortir de ses gonds. Dans le plus grand des calmes, presqu’impassible, je l’observai alors. Secouant doucement la tête, je m’approchai d’un pas du bureau, comme pour me mettre entre elle et Dougal, une manière, comme une autre, de protéger l’humain qu’il était d’un risque bien visible bien que rapidement et étonnamment bien maîtrisé par la vampire.
- Je ne parlerais jamais en le nom d’un autre si je n’étais pas certaine de mes mots, Miss. Dis-je doucement.
Laissant alors parler Dougal, j’acquiesçai doucement à ses mots. Oui. Nous étions dans une situation des plus difficiles, à ne pouvoir prouver notre bonne foi. Mais… ce n’était pas tout. Silencieusement, j’observai la vampire. Cela faisait bien des années que Tybalt nous avait quitté. La douleur de sa mort avait été partagée, mais il semblait que cette jeune personne n’arrivait pas à passer outre cela. Je ne pouvais néanmoins me permettre de remettre le sujet sur le tapis. Pas en présence d’un humain. Pas de la sorte. Je me notai néanmoins de profiter de notre prochain rendez-vous au Conseil afin de voir cela, ou tout du moins, pour jauger de cette situation qui ne pouvait être acceptable pour la « mère » que j’étais.
- Cela sera de même pour nous. Je vous accueillerai au Conseil dès lors que vous le déciderez. Je peux vous proposer de venir d’abord seule puis dans un second temps d’y accompagner Diana. De sorte, vous ne la mettrez pas en risque dès notre premier rendez-vous. Cela nous permettra, par ailleurs, de faire plus ample connaissance. Qu’en pensez-vous ?
La noble rousse continuait de fixer le duo, songeuse. Elle était assez incrédule à vrai dire. Des gens qui vouaient leur existence, et qui prenaient des risques pour la sauvegarde d'illustres inconnus, sous seul motifs d'êtres des surnaturels ? Était-elle brusquement tombée dans un monde utopique ? Et pourtant ils étaient bels et biens là devant elle. Une vampiresse, et un homme qui était bien trop renseignés sur les Mawus, et bien trop secret pour ne pas en faire parti. Le vieil homme, sûrement le plus jeune de la pièce, rappela justement sa mortalité et donc une fin qui ne saurait trop tarder, et à laquelle il ne voulait plus penser. La vampiresse leva légèrement la main à son intention, lui signifiant implicitement qu'elle acceptait et comprenait cela. La mortalité lui était si lointaine.... Au moment où elle l'avait étreinte, elle lui avait semblait être une délivrance, la fin d'un calvaire. Humaine, elle l'avait tant souhaitée, tant attendue.... Elle n'avait pas connu l'appréhension de la mort. Elle n'avait pas connu la vieillesse. Et à en voir Dougal, cela semblait être bien pénible et effrayant.... Aujourd'hui elle luttait pour ne plus jamais être assassinée. C'était différent mais était-ce mieux ? Là où on savait une fin se rapprocher, dans son cas la mort pouvait surgir à tout moment....
Finalement, aux yeux de l'éternelle demoiselle, son sort était plus enviable. Elle ne saurait pas quand serait sa fin, là où Dougal la sentait se rapprocher impuissant. La digression passée, elle acquiesça silencieusement aux propos de Zora. Il n'était pas question de faire amie-amie, surtout qu'il n'était pas facile de percer la muraille de glace de la vampiresse. Il était question de Diana. Mais leur divergence dans la manière de voir le monde ne les aidait franchement pas. Aussi l'Impératrice déchue arqua un sourcil aux propos de son homologue. La méfiance ? Un mal répandu ? Pour elle c'était davantage une clause de survie, et c'était d'ailleurs bien pour cela que beaucoup devenaient méfiants ! Dougal mit en avant la nécessité pour Diana d'apprendre à maîtriser sa nature afin ne pas être dévorée par son propre pouvoir. C'était là un argument non négligeable aux yeux de la noble rousse, qui réfléchissait à ses propos. Elle serait bien incapable d'enseigner cela à Diana, elle qui ne s'y connaissait qu'en vampire....
Diana a affectivement besoin d'une aide que toute ma bonne volonté ne saurait lui prodiguer. Je pense que d'autres hybrides, ou même d'autres Mawus et succubes pourraient être grandement bénéfique pour elle. Elle aura besoin d'alliés pour faire face à son éternité.... Et peut-être de jeunes gens de son âge pour qu'elle puisse finir sa jeunesse plus doucement.
Qu'importe l'immortalité, pour les trois surnaturels ici présent, Diana n'était encore qu'une enfant.... Et même si la vampiresse devinait très bien que rien ne pourrait réparer avec quelle brutalité on l'avait arraché à son monde, elle voulait au moins lui offrir la possibilité de savourer les dernières années avant d'être pleinement adulte. Mais l'intervention de Zora sur le sujet Tybalt avait eu l'effet d'un véritable bâton de dynamite dans une poudrière Balkanique. Le drame avait évité de peu, Katyusha demeurant toutefois secrètement surprise de sa propre impulsivité sur ce sujet. A vrai dire, elle n'avait jamais entendu ce nom être prononcé par quelqu'un d'autre que Gerald.... Mais alors qu'elle faisait des efforts monstre pour se calmer, Zora eu le mauvais goût de se montrer insistante sur le sujet. De nouveau la vampiresse sentit la rage lui monter, mais cette fois-ci elle parvint aisément à la contenir. Une fois, pas deux ! Serrant les poings, elle rétorqua en se forçant à demeurer le plus neutre possible.
Vous présumez bien trop des valeurs que vous me prêtez....
Et elle était toujours aussi injuste envers elle-même et surtout têtue comme une fichue bourrique ! Alors qu'elle parvenait à étouffer consciencieusement ses troubles et ses tourments, elle entreprit d'organiser la suites des évènements.
Soit.... Faisons ainsi. Je ferais une première visite en compagnie de Miss Brunner, afin de me faire une idée et de pouvoir décrire plus en détails l'organisation auprès de Diana. Et si cette dernière est intéressée, alors je l'accompagnerai pour une seconde visite, où cette fois Monsieur Heinworth nous montrera ce qui attend Diana. Elle sera ensuite libre de rester ou pas.
Katyusha ne comptait pas la retenir si Diana pouvait être heureuse là-bas. Elle ferait bien attention à ce qu'elle y soit bien, mais une fois cette précaution prise, elle la laisserait choisir ce qui serait le mieux pour elle. Son regard roula de nouveau vers Zora, à qui elle précisa.
En revanche, je doute avoir quoique ce soit de bien intéressant à pouvoir vous raconter à mon sujet. Il vous faudra sûrement pallier cela par votre propre histoire. Je ne doute pas qu'elle soit plus riche que la mienne.
Surtout que si Tybalt lui avait déjà parlé d'elle, elle n'avait peut-être pas grand chose à lui raconter. Et elle préférait taire son passé de toute manière.... Elle sortit deux cartes de visite qu'elle tendit aux deux surnaturels.
Je vous laisse convenir d'une date et vous organisez de votre côté. Vous n'aurez qu'à me communiquer vos dispositions. Avez-vous d'autres questions, suggestions ?
Finalement, contrairement a ce qu'elle aurait cru plus tôt dans la soirées, ces deux là allaient s'en sortir simplement, et surtout vivant. Avait-elle bien raison de le faire confiance ? N'était-elle pas en train de se jeter dans la gueule du loup ? Elle devrait prendre ses précautions....
- Je n’ai malheureusement que très peu d’hybrides de sa condition à lui faire rencontrer, mais sachez que nous ferons notre possible pour aider cette jeune personne. C’est là notre seul but.
Dougal était tout à fait sérieux et comprenait bien sûr que cela puisse être difficile à comprendre pour une personne extérieure, mais Zora avait raison. Tous deux faisaient simplement là d’altruisme. Une qualité qui, certes, devenait bien rare mais qui pourtant existait toujours.
- Quant aux jeunes de son âge, je vous rassure, il y a bien de quoi faire. Le Mawu esquissa un large sourire. Peut-être même un peu trop pour un homme de mon âge ! S’amusa-t-il pour tenter de détendre un peu l’atmosphère pesant dans la pièce.
Une atmosphère qui se chargea davantage en électricité. Un deuil et une créatrice. Dougal était bien étranger à tout cela, mais c’était pourtant une chose qu’il pouvait réussir à imaginer, à défaut de comprendre. Au moins la vampire sembla-t-elle acceptée la proposition de Zora, permettant à l’homme de laisser échapper un soupir de soulagement. Rien n’était perdu et tout pouvait dès à présent commencer et il était bien décidé à faire en sorte que toute sa communauté accueille la jeune fille avec chaleur et douceur. Une chose qu’il allait, évidemment, régler une fois rentré.
- Chaque histoire est riche, Miss. Dit-il alors sagement. Ce n’est certainement pas la même richesse, mais je suis certain que votre histoire l’est tout autant que celle de Miss Brunner.
Attrapant la carte de visite qui lui était tendue, Dougal hocha la tête pour reprendre parole.
- Je me calquerais sur les dates de Zora et la laisserait gérer cela avec vous. N’hésitez néanmoins pas à me contacter, je suis bien souvent disponible et je répondrais au plus vite dans le cas où je ne le serais pas.
Un sourire, et l’homme se leva pour tendre sa main à la vampire.
- Malgré cette conversation quelque peu difficile, Miss, je suis heureux d’avoir pu faire votre connaissance et espère que nous arriverons à faire le mieux pour la jeune Diana. Dit-il en la lui serrant. Sur ce. Je m’excuse, mais je dois aller préparer l’arrivée de cette jeune femme. Je vous souhaite une très bonne soirée. Miss Brunner. Miss Orlov.
Sur ces mots, l’homme tourna les talons pour laisser les deux femmes seules. Lui, au moins, avait fini sa tâche.
