Le départ de Victor l'avait un peu laissé sur sa faim. Comme s'il était parti trop vite ou trop brusquement.... Ce qui était le cas en un sens, puisque son travail l'avait subitement rappelé à ses devoirs. Et d'ailleurs la vampiresse avait tout à fait compris la situation, et l'avait raccompagné sans se poser de question. C'était déjà un bel exploit de sa part qu'il ait réussi à se libérer pour elle aussi vite. Mais cette rencontre avait été spéciale.... Sur bien des plans. Outre le fait que ce moment avait été remarquablement agréable, et qu'elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un sourire en coin à chaque fois qu'elle observait cette rose éternelle dans sa chambre. Car durant sa visite.... La vampiresse avait trouvé par hasard des plans.... Les plans d'un manoir.... Le manoir de la meute Mahiingan. Et si elle ne s'intéressait pas vraiment aux lycans, surtout les plus pacifistes, il y avait un détail qui changeait tout.... C'était le lieu de vie de Victor. Elle avait ni plus ni moins que les plans de sa demeure. C'était un appel au crime, un véritable signe du destin qu'elle s'était empressée de dérober. Ho même si elle avait répondu à une impulsion, ce geste était loin d'être irréfléchi. Elle savait très bien ce qu'elle voulait en faire.
Cela avait commencer par l'élaboration d'un collier. Une chaîne, en mailles épaisses, assez grande et faite en métal précieux. Elle avait pris le soin de la confectionner elle-même, ayant pour cet ouvrage particulier des exigences précises. Le choix de l'alliage par exemple.... Il n'était pas pris au hasard, étant parmi les plus robustes existant. Le design en lui même qui n'était pas sans rappeler les colliers.... Pour gros chiens.... Et sa taille.... conçue pour permettre une transformation en lycan sans briser la chaîne. Oui.... Elle avait osé. Elle y avait mis un soin admirable, car malgré l'allusion sa création restait d'une qualité indéniable. Elle plaça son cadeau dans un petit écrin, lui même "piégé". En effet, dedans il y avait un dispositif assez connu qui permettait de prendre une photo quelques secondes à peine après ouverture du paquet. Cela avait été une grande mode il fut un temps, de prendre ainsi en photo la personne à qui l'on offrait un cadeau. Elle rédigea également de sa main, une petite note qui accompagnerait le tout. L'étape la plus facile réalisée, elle s'attela à la suite.
Cela commença par un repérage des lieux. Prenant soin de se garer à plusieurs kilomètres du manoir, elle fit le tour de ce dernier. Elle observa le terrain de loin mais pas seulement. Elle étudia également la nature environnante, le sol, les arbres, les plantes, les buissons.... Elle ramassa d'ailleurs une bonne quantité de la végétation la plus odorante, qu'elle ramena chez elle. Fougères, essence d'arbres locaux, mousse.... Loin d'avoir une crise botanique compulsive, elle voulait surtout en extraire les essences pour en concentrer les fragrances. Pendant l'extraction, tasse de sang chaud en main, elle étudia les plans avec la plus grande minutie. Chaque tour et chaque détour devaient être retenus pour opéré les meilleurs et plus rapides replis en cas de besoin. Cette mission serait sous le signe de la non-violence et de la discrétion. Interdiction formelle de faire le moindre mal aux lycans présents. Déjà parce qu'ils n'avaient rien fait, ensuite parce qu'ils étaient chez eux, et surtout.... C'étaient des civils pacifistes. Ils n'étaient pas entrainés pour encaisser quoique ce soit. Même s'il s'agissait juste d'assommer quelqu'un. Interdiction aussi d'employer des gaz soporifiques. Il pouvait y avoir des enfants dans le complexe.
L'opération était donc bien plus délicate qu'il n'y paraissait, les restrictions pacifistes obligeant. Mais c'était également un challenge trépidant. Elle avait de la chance de son côté. Même si elle ne doutait pas un seul instant que les lieux auraient un minimum de protections, il s'avéra que ces dernières n'étaient.... Pas très au point. D'un point de vue commando, ce manoir était même une véritable passoire. Mais d'un autre côté.... Qui protégeait sa demeure de manière à pouvoir résister et repousser des assauts et ou infiltrations militaires ? .... Outre Katyusha du moins.... La réponse était, personne. On protégeait sa maison des voleurs et d'intrus, à la limite de voisins indiscrets, mais pas de mercenaires ou de professionnels d'élites. La vampiresse se fit la réflexion qu'elle pourrait d'ailleurs lui apporter des conseils en matière de sécurité, afin de renforcer la sécurité de sa meute. Techniquement les Mahiingan n'en avaient pas besoin, étant une meute pacifiste, et majoritairement pucée. Mais dans le monde qui était le leur, il ne fallait jamais se reposer sur la bienveillance d'autrui....
Mais pour l'heure, il était question de mettre à mal la sécurité des lieux. Et un des meilleurs alliés de ses infiltrations se rappela à ses bons souvenirs. Les voies d'aérations. Particularité notable en Amérique, ils avaient des souvent des systèmes d'aération spacieux. Elle se souvenait même que certains vieux immeubles avaient carrément des passages et couloirs entiers cachés derrières les murs. A la base, cela servait aux ouvriers qui pouvaient ainsi terminer la construction des immeubles alors même qu'il étaient occupés, et surtout, permettre l'entretien de ces derniers. Si le manoir ne jouissait pas de ces aménagements, il avait en revanche un circuit de ventilation généreux. Rien d'étonnant à vrai dire, car dans la région, les températures élevées imposaient une ventilation adaptée et puissante. Cette dernière offrait à l'Impératrice déchue tout ce qu'elle pouvait espérer. Deux accès à l'intérieur de la structure, et un dédale qui lui permettrait d'accéder à toutes les pièces. Il lui suffirait de chercher le bureau de Victor, mais elle avait déjà repéré sur la carte le meilleur candidat pour cela. Un bureau relativement spacieux juste à côté d'une chambre.... Elle étudia tout les chemins possibles pour y arriver, choisissant le plus court et le plus sûr. Elle étudia également quelques chemins vers d'autres pièces susceptibles d'être le bureau de Victor, afin de ne pas se retrouver prise au dépourvue.
L'étude de terrain faite, sa préparation n'était pas finie. Elle sortie une tenue à la fois confortable pour ses mouvements, surtout ceux nécessitant de ramper et de se faufiler. Couleur sombres, presque un camouflage pour ne pas être vue. Elle les lava plusieurs fois avec un produit... qui n'avait absolument aucun parfum. Une fois ces lavages faits, elle les enferma dans une petite pièce où elle diffusa l'essence de la végétation présente aux alentours du manoir. Il fallait imbibé les vêtements de cette odeur, sans les tremper directement dedans afin que la concentration soit la plus naturelle possible. Un traitement de plusieurs jours.... Et le soir du jour J, elle se prépara elle-même. Plusieurs douches avec des savons sans parfum ni odeur. Puis, elle s'aspergea à son tour de quelques gouttes de ces essences. Nul besoin d'en faire trop. Katyusha était une vampiresse, sa température corporelle très basse faisait qu'elle avait naturellement très peu d'odeur. Cheveux tressés et fermement attachés, elle enfila ses vêtements, et termina par une cagoule. C'était encore le moyen le plus sûr de ne pas laisser de trace ou de cheveux.... Des gants, un petit sac à dos avec dedans les plans soigneusement pliés, son cadeau, une sorte de minuscule lampe, plaçable sur l'épaule, pas plus grosse qu'un bouton de chemise, et à l'intensité lumineuse ridicule. L'avantage d'être nyctalope, c'était que ce genre de lumière quasiment invisible à l’œil nu, suffisait amplement à l'éclairer même dans l'obscurité la plus complète. Elle doutait en avoir besoin mais.... Elle préférait prévenir que guérir. Et enfin des petits outils servant au crochetage, dévissage, retirer des plaques ou panneaux, et de la colle à métaux.
Rien ne devait être volumineux, le sac devant rester le plus petit possible. Chaussures pratiques et silencieusess, plans en tête, équipements prêts.... Elle était parée. Elle avait fait livré ce soir là, une camionnette entière de fleurs odorantes, avec pour seule note "en remerciement pour notre docteur". De quoi fleurir tout le manoir.... Énième subterfuge pour flouer l'odorat des lycans, qui était l'une des difficultés majeures de son opérations. Enfilant son sac à dos, n'ayant à présent plus que ses yeux de visibles, elle se surpris à rire. Quelle folie était-elle entrain de commettre, juste pour une plaisanterie ? Tous ces risques, en sachant qu'en cas d'échec, elle ne pourrait lutter, et devrait fuir des lycans.... A la course. C'était relativement peine perdue. Elle n'avait pas le droit à l'échec. Cette réalité en tête, la vampiresse redevint sérieuse, et se concentra. Comme autrefois, à chaque fois qu'elle partait en mission.... Elle était déjà dans l'action lorsqu'elle arriva au manoir. La lune était déjà haute dans le ciel, et tapie dans les buissons, elle observait de loin sa zone d'entrée.
Sur un des flancs du manoir, une grille de ventilation. Après avoir veillé que personne n'était dans les environs, elle fila comme une flèche vers ce point d'entré. Elle commença à dévisser la grille, mais cette dernière manqua de lui tomber entre les mains. Visiblement le temps et la rouille n'avaient pas eu pitié des structures.... Cela dit, cela n'en était que mieux pour elle. Elle avait gagné un temps plus que précieux. Elle déposa doucement la plaque au sol, laissant la végétation la dissimuler pour elle, et se faufila dans le conduit. A présent, tout était une question de représentation et orientation dans l'espace. La noble rousse évoluait doucement, très doucement. Il était particulièrement stupide de vouloir s'infiltrer via des conduits d'aération, et d'y ramper avec la finesse d'un ours polaire bourré ! D'autant plus que dans les conduits, les sons étaient amplifiés ! Silence absolue de rigueur. Son odeur dissimulée par celle de la végétation extérieure, elle ne serait pas trahie non plus par là. Lentement, très lentement.... Elle dépassa une salle commune.... Puis des chambres.... Une cuisine. Son itinéraire lui demandait de faire des détours pour éviter les zones où les conduits pouvaient faire le plus de bruits. Elle s'arrêta plusieurs fois, pour écouter les conversations rapidement.
Ce n'était pas là de la curiosité, mais si elle pouvait par hasard entendre la confirmation du bureau ou de la chambre du docteur, elle n'allait pas se priver. Et d'ailleurs....
Hey, où je mets la carte qui allait avec la forêt qu'on a livré à Vic' ?
Bah, glisse lui sous la porte de son bureau, il la verra quand il rentrera.
Résolument, elle avait bien fait de se montrer zélée.... Néanmoins, elle n'allait pas pouvoir suivre ce lycan à la même vitesse que lui progressait dans les couloirs. Elle fit de son mieux pour accélérer le mouvement, privilégiant toujours la discrétion cependant. Ce qui lui coûta de perdre de vue son indicateur, qui revenait déjà sur ses pas. Elle avait au moins gagné le fait d'avoir trouvé le couloir où se trouvait le bureau. Sondant ses souvenirs, elle constata avec plaisir que c'était là qu'elle avait supposé deviner être le bureau du lycan docteur. Elle décida de tenter sa chance, et de vérifier sur place. Si on avait choisi de glisser la carte sous le bureau de Victor, c'était qu'il était absent.... Il travaillait encore à cette heure ? Et il avait osé lui dire qu'il gérait son temps de repos ? Quelle farce ! Mais ce n'était pas le moment de se déconcentrer. Le moment délicat était arrivée. Tendant l'oreille pour vérifier que personne ne passait à ce moment là, elle profita du calme apparent pour forcer la petite grille d'aération dans le bureau du médecin. C'était là le moment le plus bruyant de son infiltration, car les vis étaient dans le murs, elle était donc obligée de forcer le passage, ne pouvant dévisser de l'intérieur cette fois. Une fois dans le bureau, une blouse sur le dossier de la chaise, et quelques documents à l'attention de Victor, lui chassèrent tout soupçon sur une potentielle erreur, et la ravirent également.
Elle déposa sur le bureau le petit paquet contenant le collier, les plans, et enfin une petite carte à son attention.
La courtoisie avant tout:
Particulièrement fière de son méfait accompli, la mission n'était pas pour autant terminée. Elle le serait une fois rentrée chez elle. Ne perdant pas une seul seconde, elle attrapa la petite grille, les vis, et grimpa d'un bond dans le conduit. Elle sortit la colle à métaux pour en enduire le cadran de la grille et coller cette dernière au mur. Peut-être pas de quoi la faire résister à un tremblement de terre, ou aux prochaines décennies, mais suffisamment pour n'éveiller aucun soupçon. Elle tint la position quelques minutes, le temps d'être sûre que la grille tienne, et repartit dans les conduits. Elle profita de la première intersection pour se remettre dans le sens de sa "marche", et repris sa progression. Pour plus de sécurité, elle avait décidé de sortir par l'autre issue que le plan lui avait dévoilé. Une opération qui lui demanda tout autant de patience et de discrétion qu'à l'aller, surtout que le manoir était bien peuplé, et les occasions de se faire démasquer nombreuses. Mais sa concentration et son attention furent payantes, et elle arriva à la sortie voulue sans encombre. Elle attendit d'être sûre qu'il n'y avait personne aux alentours et força la grille pour sortir. Elle prit le luxe de la repositionner convenablement, la collant comme sa consœur plus petite, avant de refaire le tour de l'édifice. Personne n'avait remarqué la grille d'aération qu'elle avait dévissé pour rentrer. Soucieuse de ne laisser aucune trace de son passage, en bonne professionnelle qu'elle était, elle revissa la grille, rapidement, et cette fois, elle disparut pour de bon du territoire lycan.
Ce fut avec une certaine excitation qu'elle revint chez elle, très satisfaite de la réussite de cette mission "périlleuse". Son égo était également heureux de constater que, malgré toutes ses années d'inactivité, elle n'avait rien perdu de ses capacités. Il était temps d'aller prendre une bonne douche, et de ranger ses affaires. Elle connaissait un lycan qui allait avoir une drôle de surprise ! Et elle avait hâte de "voir sa tête". Elle doutait de voir une mine réjouie, plus un air stupéfait, et peut-être même particulièrement courroucé. Mais c'était là le genre de colère dont on riait, enfin quand on en était pas victime.
Dernière édition par Katyusha Orlov le Lun 2 Nov - 16:26, édité 2 fois
Huit heures du matin. Je venais enfin de terminer mon service de nuit. Ne restait plus qu’à rentrer. Cette fois-ci, pas le temps de m’ennuyer. Les urgences n’avaient, malheureusement, pas désemplie, et je m’étais retrouvé à jongler entre les patients pour leur trouver des créneaux horaires que je n’avais plus. Enfin… Nous nous en étions sortis, et l’équipe de jour avait enfin pris le relais. Charge, désormais, à nous, de nous reposer pour attaquer la prochaine nuit que nous avions à faire. Un au revoir rapide à ceux qui étaient toujours sur place et je quittai enfin l’hôpital au guidon de ma moto. L’air de l’extérieur, à vrai dire, me fit le plus grand bien, et je relevai même la visière de mon casque pour en profiter pleinement, ralentissant afin de retarder mon arrivée. Mais je devais arriver, et je m’arrêtais près d’une demi-heure plus tard, devant l’entrée de notre manoir. Rapidement, je fronçai les sourcils. Quelque chose n’allait pas, ou, tout du moins, n’était pas habituel. Une odeur que je ne connaissais pas. Déposant mon casque sur la moto, j’ouvris alors la porte de la demeure, écarquillant les yeux. Qu’était-ce que tout cela ? Des fleurs à foison qui n’étaient certainement pas là hier soir. Avançant dans la maisonnée, je pus m’apercevoir qu’un nombre assez conséquent de vases avaient été disséminés dans les pièces.
- Andrew ? Hélai-je l’un des loups vivant ici. Peut-on m’expliquer ce qu’il s’est passé ici ? Vous comptez ouvrir une boutique de fleurs ou… - Nope, Papy. Dit-il en ricanant. Mais tu dois avoir une admiratrice franchement obsédée. J’crois que Josh a glissé une carte sous la porte de ton bureau.
Une carte ? J’arquai un sourcil en observant les fleurs, perplexe. Qu’avais-je donc bien fait qui méritait autant de fleurs ? Secouant la tête, j’esquissai un sourire, remerciant le louveteau.
- On ne va pas pouvoir tout garder, pourrais-tu en envoyer aux adresses que je vais te donner ? Demande à Triss ou Jennifer de t’aider.
Le jeune homme hocha la tête en guise d’acceptation et rapidement, je lui dictais les adresses chez qui les envoyer : les Assoiffés, la famille de ma fille, mais aussi l’hôpital, pour le fleurir sans oublier… Je soupirai en donnant l’adresse de Katyusha, espérant que cela lui fasse plaisir. Une fois que cela fut chose faite, remerciant à nouveau le jeune loup, je montai jusqu’à mon bureau où m’attendais effectivement une lettre. Sans même avancer dans la pièce, j’ouvris la carte « en remerciement pour notre docteur »… Non. Décidément, je ne savais pas ce que je pouvais avoir fait pour mériter tout cela. Enfin… Cela n’était même pas signé, impossible, donc, de savoir qui remercier… Je soupirai en allant m’installer derrière mon bureau afin de traiter les dossiers de la meute, un mal nécessaire avant tout repos.
- Qu’est-ce que…
Fronçant les sourcils, j’observai le paquet posé sur le meuble. Un nouveau cadeau ? C’était décidément la journée. Soupirant, j’entrepris de l’ouvrir précautionneusement, ne sachant ce qu’il pouvait contenir. Mais qu’elle ne fut pas ma surpris en voyant son contenu. Un écrin fermé, les plans que je pensais avoir égaré dans tous mes dossiers et une carte. Les yeux légèrement plus ambrés, j’ouvris alors la lettre, désireux de connaître les tenants et les aboutissants de tout cela.
« Miss Orlov »…
Je plissai les yeux au post scriptum, avisant alors l’écrin encore posé près de moi. Pourquoi personne ne m’avait prévenu que Katyusha était venue ici ? Mmh. Attrapant l’écrin, je l’ouvris alors, arquant un sourcil, surpris, devant la chaîne. La petite effrontée avait alors osé m’offrir des chaînes à tailles lycane. Secouant la tête, l’air amusé, je reposai le tout quittant les lieux pour héler Jennifer, toujours au courant de tout ici.
- Excuse-moi. Pourquoi ne m’a-t-on informé comme d’habitude par un mot sur la porte du bureau que Miss Orlov était venue ?
Jennifer sembla surprise et secoua la tête.
- Pour la simple et bonne raison que personne n’est venu aujourd’hui, Victor. Me dit-elle en souriant. Pour une fois tout a été particulièrement calme ici.
Je fronçai alors les sourcils, soudain particulièrement soucieux.
- Tu es certaine de cela ? Insistai-je. - Hé bien… Oui… Quelque chose ne va pas ?
Je secouai négativement la tête.
- Et nous n’avons pas eu de livraison autre que les fleurs ? - Non. Et crois-moi, c’est déjà bien suffisant. Tu devrais d’ailleurs demander à tes admiratrices de livrer des choses plus utiles la prochaine fois.
J’esquissai un sourire, tentant de rester calme. Et pourtant… Mon sentiment était tout autre. Retournant à l’intérieur de mon bureau, j’observai les « présents » disposés sur mon meuble. Impossible… Comment ces présents avaient-ils bien pu arriver ici sans que personne ne les ait livrés ou ne soit venu… Il me fallut de très longues minutes de réflexion pour commencer à trouver un début de piste. Non… Elle n’avait pas pu s’introduire dans le manoir tout de même… Et pourtant… Pourtant c’était là ma seule explication. Je ne savais pas comment elle s’était débrouillée, ni le déroulé de tout cela, mais il n’y avait qu’une seule explication logique. Et elle ne me plaisait pas du tout. Grondant quelque peu d’agacement, j’attrapai la carte déposée et quittai presque immédiatement alors les lieux. Le soleil s’était désormais levé, il n’y avait pas de doute : je la trouverais chez elle.
C’est donc là-bas que je me dirigeai, sur ma moto, et à grande vitesse, tant pis pour les limitations, ma colère s’accumulait à mesure que les kilomètres étaient avalés et elle atteignit son sommet lorsque je passai les grilles de sa demeure. Déposant ma moto dans la cour, je frappai par cinq fois à sa porte.
- Miss Orlov. Dis-je visiblement en colère. Il faut que je la voie immédiatement.
Au moins ne fit-on pas de résistance et m’emmena-t-on plus ou moins rapidement à elle. Et sans attendre je m’avançais droit devant elle, les yeux ambrés et bien différent de ce qu’elle avait pu alors me connaître.
- Comment avez-vous fait pour déposer cela ?! Grondai-je en déposant la carte devant elle. J’exige des explications immédiates. Mes loups m’ont assuré que personne n’était venu déposer ou livrer votre petit présent et je crains déjà connaître la réponse à ma question mais je vous prie de bien vouloir m’assurer que vous n’êtes pas entrée par effraction dans mon manoir ?
Mon ton était sans appel : j’étais en colère d’imaginer cela, et je risquais fort de me confondre en excuse si cela s’avérait être faux. Mais… Pour être tout à fait honnête, je peinais à croire que cela puisse l’être. Il n’y avait pas mille solution et je devais avouer que l’odeur d’une vampire… Non. Chacun des loups présents cette nuit là aurait dû la sentir… Alors comment diable avait-elle fait ?!
- Et pourquoi diable ne m’avez-vous pas simplement appelé pour que je puisse récupérer les plans ?!
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Quelle ne fut pas la surprise pour Maxwell de voir ce bon docteur débarquer aux aurores, l'air particulièrement furibond. Cachant comme il le pouvait sa surprise, lorsque Victor lui demanda à voir Katyusha, il se retint de lui demander dans un soupir, ce qu'elle avait encore imaginé cette fois. Il ne fit guère attendre le lycan, et l'invita à rentrer et à le suivre. D'ordinaire, il aurait dû faire patienter Victor dans un des petits salon, le temps de prévenir sa maîtresse, mais.... Le courroux du médecin n'était pas gratuit. Elle avait encore fait une bêtise, et à voir à quel point leur invité était fâché, elle avait fait fort. Ravalant un sourire en coin, il remonta un couloir, ouvrant la marche et dissimulant légèrement son suivant. Sa maîtresse allait avoir droit à une "surprise". La vampiresse était retournée vaquer à ses occupations, comme si de rien n'était. Elle étudiait une partition qu'elle avait trouvé récemment, et qu'elle comptait installer sur le piano, lorsque Maxwell l'interpella.
Mademoiselle ?
Oui Maxwell ?
Elle était en train de quitter le document des yeux lorsque son domestique s'empressa de lui répondre.
Nous avons de la visite....
Et prestement, Maxwell s'écarta pour laisser place à un Victor furibond, qui avançait vers elle d'un bon pas. Dans un réflexe de garnement pris en flagrant délit, la noble rousse avait commencé un mouvement de fuite, une expression digne d'un "oulala !" lui échappant. Mais la voix grondante du lycan l'avorta dans son élan, et elle resta sur place. Il était trop tard pour fuir, il l'avait vue. Et de toute manière cette confrontation était inévitable. Maxwell, son méfait accompli, décida de prendre congé l'air de rien. Mais alors qu'il passait à hauteur de sa maîtresse, cette dernière lui remis la partition au passage, profitant de l'occasion pour lui adresser un regard réprobateur.... Auquel il répondit par un regard innocent. Elle secoua légèrement la tête, le laissant partir. Elle avait plus urgent à traiter, à savoir, un Victor particulièrement mécontent, qui était à présent face à elle et qui lui présentait la carte qu'elle lui avait laissé. La chipie se pinça fortement les lèvres pour ne pas éclater de rire face à sa propre bêtise., et prit une inspiration silencieuse pour lui répondre.
Bonsoir Victor, ravie de vous voir. Je vais m'abstenir de vous demander comment vous vous porter, la situation est assez éloquente....
D'un geste de la main, elle l'invita à la suivre, tout en lui répondant en marche.
Vos loups ont dit vrai, je ne me suis gère présentée à eux pour vous remettre ce colis et vos effets.
Elle ouvrit la porte d'un des salons, le laissant entrer, et le suivant, refermant la porte derrière eux. Alors qu'ils s'installaient, elle poursuivit, ayant toute les peines du monde à ne pas rire. Et d'ailleurs, elle ne parvenait plus à retenir un léger sourire sur ses lèvres.
Hélas Victor, je ne puis vous assurer que je ne suis pas entrée par effraction dans votre manoir. Mais après tout... Vous le saviez déjà, n'est-ce pas ?
Elle lui avouait sans pression, ni honte.... Pas le moindre petit scrupule sur le forfait qu'elle avait accompli cette nuit. Au contraire ! La voilà qui s'enorgueillait de ses bêtises !
Toutefois, vous me voyez ravie d'apprendre qu'aucun de vos loups ne m'a ni entendu, ni senti. Ce dernier point m'a demandé beaucoup de préparations et de soins je dois l'avouer. Leurrer un odorat lupin est une opération bien délicate. Mais vous m'avez confirmé que j'avais mené mon expédition avec brio, et je vous en remercie.
A sa dernière question, elle ne parvint pas à contenir un léger rire, et lui répondit son regard brillant de malice et un large sourire amusé aux lèvres.
Mais parce qu'il était beaucoup plus distrayant de vous les rendre par ce biais bien sûr ! Vous ne pourrez nier que c'était là une méthode bien plus originale qu'un triste coup de téléphone. Je suis certaine que vous avez été surpris de cet exploit !
Elle sonna un de ses domestiques, Flavie qui n'était pas loin, rappliqua, et la vampiresse lui demanda d'apporter un remontant pour Victor.... Qui risquait d'en avoir besoin. Au vue de leur sujet de conversation, il pouvait très bien éclater de colère, et l'éternelle demoiselle était soucieuse de lui offrir de quoi se donner un peu de contenance. Alors qu'on leur ramenait une desserte avec de quoi boire, la vampiresse reprit.
A vrai dire, c'est lorsque j'ai trouvé vos plans que l'idée m'est venue. Je les ai étudié soigneusement, de même que j'ai observé le terrain.... Vos conduits d'aération m'ont offert une ballade atypique de vos locaux. J'ai pu faire mon excursion sans déranger un seul instant l'un des vôtres. Quand à l'odeur, ou plutôt son absence.... Figurez-vous que la basse température des vampires font qu'ils ont une odeur très subtile de base.... Et que votre manoir est entouré de végétations qui pour certains spécimens sont très odorants.... Je vous épargnerai tous les détails techniques des préparatifs et des multiples procédures qu'il m'a fallu mettre en place, mais vous avez une idée du déroulement de cette.... Visite surprise. Et comment avez-vous trouvé votre présent ?
C'était le moment de vérité. Allait-il s'enrager ? Allait-il hurler ? Il y avait un risque qu'il se vexe terriblement. Peut-être même qu'il allait lui faire la tête pendant quelques temps, même si elle espérait sincèrement qu'il ne lui en tiendrait pas autant rigueur. Néanmoins, elle se tenait prête à accueillir ses foudres. Elle savait que ce qu'elle avait fait était fou, et si cela l'avait amusé, il était temps à présent d'assumer les conséquences..... Quelles qu'elles fussent.
Le couperet tomba bien rapidement à mon goût. Au moins assumait-elle entièrement les faits, ne m’obligeant pas à la travailler pour obtenir des aveux. Non. Et c’était peut-être cela le pire, en fin de compte. Elle semblait fière de ce qu’elle avait fait, son léger sourire m’en apportant la preuve, là où je contenais encore toute ma colère. Mon regard ambré sur elle, je fronçai les sourcils alors qu’elle continuait de parler.
- Plus distrayant ?! M’étouffai-je alors que l’on apportait une desserte pleine de remontant.
Un sourire à la domestique tandis que j’usais de mes dernières forces pour retenir ma colère que je ne voulais pas retournée sur une pauvre innocente – même la moindre parole ou le moindre visage désagréable seraient alors, pour moi, malvenue – je me retournai vers la vampire qui reprenait déjà parole. Ainsi avait-elle étudié les plans pour « visiter » le manoir à travers ses bouches d’aération ? A mesure que la voix de la vampire me parvenait aux oreilles, mon visage blêmissait et mes yeux se mettaient à luire d’une lueur bien différente de ce qu’elle avait pu connaître jusque lors. Katyusha avait ainsi fomenté ce plan des jours durant, étudiant notre manoir, l’odorat lupin, les plantes alentours et tout ce qui allait avec… De longs instants durant, alors qu’elle avait terminé son explication, je me tus, le regard fixé sur elle. Je ne savais pas réellement ce que je devais faire. Son cadeau ? Je ne m’en souciai pas le moins du monde. D’ailleurs, peut être dans d’autres circonstances, m’aurait-il fait rire. Mais cette fois, je ne riais pas. Au contraire. Dents serrées, un grondement sourd se fit entendre, comme celui d’un loup face à sa proie. Et enfin, je me décidai sur la marche à suivre.
- COMMENT avez-vous pu faire cela ?! Explosai-je sans même faire attention au ton et à la hauteur de ma voix déjà grave. COMMENT avez-vous pu vous mettre en danger et mettre mes loups en danger ?!
Car c’était là, le fond du problème. Si je n’avais cure que l’on vienne me rendre visite, les faits étaient que la vampire l’avait ainsi fait de manière intrusive. Or, si elle était malencontreusement tombée sur un loup à ce moment-là… Je grondai alors d’avantage à ce risque, même terminé.
- Vous rendez-vous COMPTE de ce qu’il aurait pu se produire ?! Vous auriez pu vous faire tuer ! Un loup aurait pu mourir ou vous auriez tous pu être blessé ! Je fronçai les sourcils. Vous ne savez PAS qui habite sous ce toit ! Nous hébergeons des loups encore instables !
Cette fois, je me mis à faire les cents pas, tremblant de colère face à ce qu’appelais être de l’irresponsabilité pure et dure. Poings serrés, je ne m’arrêtais qu’au bout de dizaine d’aller-retour pour faire face à la jeune femme.
- Je me MOQUE de combien vous étiez préparée, Miss Orlov ! Les aérations de ce manoir sont vieilles et vous auriez tout aussi bien pu tomber au milieu du salon ! Vous auriez-pu être repérée ou que sais-je ! Avez-vous AU MOINS pensé à la catastrophe que vous auriez pu déclencher ?!
Les tremblements de colère reprirent de plus belle alors que je me concentrais afin de ne pas perdre le peu de contenance qui me retenait encore. En colère ? Non. J’étais bien plus que cela à l’idée que la jeune femme aurait pu se blesser ou que l’un des miens aurait pu… Je ne savais même plus ! Tout aurait pu se passer ! Le pire aurait pu se produire et la jeune femme, en cet instant, semblait tout à fait fière de ses actes ! Non ! Je ne pouvais décemment pas approuver !
- Et ne me dites PAS que tout s’est bien déroulé ! Katyusha ! Continuai-je de la même manière. Je vous INTERDIS de recommencer cela ! Si vous désirez me voir ou m’apporter un cadeau, vous le ferez en MAIN PROPRE ! Ou je vous interdis de remettre les pieds dans le manoir de la Meute !
La sentence était claire et posée : elle n’avait aucun intérêt à recommencer un tel jeu car je ne lui pardonnerais certainement pas ce geste. Mais avant de lui pardonner ce premier petit écart, il fallait encore que je me calme, et je devais bien avouer que cela n’était pas tout à fait gagner. Chacun de mes muscles se voyait durci par la colère et mon regard de loup était fixé sur la noctambule sans même sourciller. Encore quelques mots que je trouverais déplacé, et la transformation allait devenir inéluctable.
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Heureusement Flavie se montra agréable et courtoise, comme à son habitude, offrant un sourire poli au docteur avant de se retirer de la pièce. Au bon moment d'ailleurs, car voilà que le lycan explosait. Au départ, Katyusha ne bronchait absolument pas. Elle semblait même accueillir la colère du pauvre homme avec calme et résilience. Car il avait de quoi être furieux. Mais rapidement son expression changea. Elle ne semblait pas contrariée, ni effrayée, ou mal à l'aise. Mais.... circonspecte. Elle écouta Victor la gronder, hors de lui comme jamais elle ne l'avait vu.... L'air complètement incrédule. A vrai dire, si elle s'attendait à ce qu'il s'emporte, elle ne s'attendait pas à ce discours là. Elle tiqua cependant sur le fait qu'un des siens aurait pu être blessé. Comment ? La croyait-il réellement capable de faire du mal à une créature innocente ? Surtout dans ce genre de contexte ? Voilà un point sur lequel elle devrait le corriger. Tout comme le fait qu'il lui refusait le titre de réussite. Là elle le trouvait franchement injuste. Tout s'était passé à merveille, qu'est-ce qu'il pouvait attendre de plus d'une telle opération ? Outre le fait que Katyusha ne s'y lance pas à corps perdu du moins...
Elle avait doucement ramener ses doigts devant ses lèvres, Ne sachant pas réellement comment répondre ni quoi répondre. Cela dit.... Sa manière de lui interdire de recommencer ce genre de bêtise avait franchement quelque chose de paternaliste. Elle se pinça les lèvres pour ne pas rire. Surtout, ne pas rire. L'homme était au bord de la crise de nerfs et ses yeux ambrés étaient très clair là dessus. Mais.... La situation était tellement improbable et.... Il était si incroyable dans ses peurs... Sortant finalement de son mutisme, la vampiresse secoua doucement la tête en répondant, toujours abasourdie.
Victor.... Vous.... Je m'introduis chez vous pour vous déposer un cadeau et des affaires et.... Vous... Vous êtes hors de vous à propos de.... Ma sécurité ?
Elle appuya ces deux derniers mot, parfaitement sidérée. Puis elle réprima plus ou moins bien un fou rire à l'énonciation de ce fait, ne laissant passer qu'un rire étouffé, comme s'il était nerveux. Mais elle reprit de nouveau avec un sourire au visage. Sauf que.... ce sourire là n'était ni malicieux, ni moqueur, pas même amusé. Non, il était.... attendri. Elle ramena sa main sur sa joue, fermant les yeux.
.... Vous êtes extraordinaire Victor.... Résolument trop bon et adorable....
Elle se mit à rougir de ces compliments qui lui avaient échappé, mais qui étaient sincères. Elle détourna le regard, gênée par sa propre audace qui l'avait étonnée. Elle déplia rapidement son éventail pour s'éventer et surtout cacher la majore partie de son visage derrière. Il n'était pas question qu'il la voit rougir davantage ! Reprenant un peu de contenance, elle poursuivit ses explications, très calme et posée.
Je tiens à ce que vous sachiez que je ne me serais jamais permise de faire le moindre mal à l'un des vôtres, dussé-je sacrifier ma personne s'il le fallait. Je pense que vous avez pu voir que j'étais capable de tenir mes coups si j'en ai décidé ainsi. J'étais l'intruse, vos loups étaient sur leur territoire. J'estime qu'ils étaient en leur bon droit d'y faire leur loi.
Elle évita d'insister sur l'idée qu'elle y était allée en connaissant pleinement les risques mortels, ses nerfs n'étaient pas prêts à entendre cela. Elle traitait parfois sa propre existence avec légèreté mais c'était là un choix de vie qui n'était pas toujours compris. Ce point là abordé, et ayant eu le temps de retrouver un peu de contenance entre temps, elle écarta doucement son éventail, pour retrouver le regard du docteur.
Cela dit.... Il me faut confesser que je ne m'attendais pas un seul instant à ce que vous vous soyez si angoissé à mon sujet. Vraiment, ce n'était pas là quelque chose que j'aurais imaginé. Que vous vous soyez fait du mauvais sang pour les vôtres en revanche, je le comprends plus aisément. Même si je vous assure encore une fois, qu'ils n'auraient rien eu à craindre de moi. A la limite.... J'aurais pu concevoir que vous auriez été quelque peu chagriné s'il m'était arrivé malheur sous votre toit. Mais.... Jamais je n'aurais cru.... Un si vif émoi....
Il avait eu peur, très peur même, et encore ! Ce n'était pas comme s'il avait assister à l'infiltration en directe, c'était en imaginant les risques après coup ! La vampiresse ferma doucement les yeux pinçant ses lèvres pour renvoyer ce sourire attendrie là d'où il venait. Et d'ailleurs qu'est-ce qu'il venait faire là lui ? Elle continua plutôt.
Quoiqu'il en soit.... Je ne voulais sincèrement pas vous provoquer une telle peur. Et à ce sujet, je vous prie d'accepter mes plus plates excuses. Et je vous promets de ne plus m'approcher de ce manoir sans y avoir été invité. Il n'est pas non plus dans mes intentions de troubler la quiétude de ceux qui y vivent.
Elle lui laissa le temps d'entendre ses excuses, et de les digérer, avant de lui indiquer un siège, et de lui dire doucement.
De grâce, essayez de vous calmer. Cela ne vous réussit pas de vous mettre dans des états pareils.... Surtout pas pour une vampiresse qui n'a peut-être plus toute sa raison.
Je crois que la réaction de la vampire fut ce qui me désarma le plus. Son rire transperçant mes barrières de colère, je l’observai, incrédule quant à cela. Bien sûr m’inquiétai-je pour sa sécurité. C’était une chose parfaitement logique ! Elle s’était retrouvée au sein même d’une meute, certes pacifique, mais comprenant des loups jeunes et pouvant être incontrôlable. Elle en avait d’ailleurs déjà fait les frais ! A ses compliments, mon regard se baissa néanmoins, l’air gêné. Elle me trouvait… Adorable ? C’était bien la première fois que l’on me faisait ce genre de compliment… Et c’était presque… Agréable ? Toussant quelque peu je tentai de reprendre le fil de ma pensée. Me pinçant l’arrête du nez je tentai de me concentrer de nouveau sur les pourquoi de mon inquiétude, de ma colère et de tout ce qui pouvait alors aller avec.
- Vous…
Que disais-je… Voilà que ma colère était soudainement redescendue, cette Miss Orlov… Grondant de frustration, je secouai la tête.
- Sacrifier votre personne ?! M’étouffai-je néanmoins. Un présent et des affaires vaudraient-elles plus que votre propre vie, Miss ?!
Au moins la colère était-elle revenue, et au galop. Un grondement sourd, et je fis un pas vers la vampire. Que disait-elle là ? Impossible, inconcevable, pour moi. Et pourtant, voilà que cela avait l’air de la surprendre. Arquant un sourcil, presque aussi surpris qu’elle, je l’observai alors, les yeux ambrés par la colère autant que par l’inquiétude qui me prenait. Avait-elle réellement pensé ne pas se défendre au cas où certains de mes loups l’avaient aperçu ? Non. Je n’osais penser à cette éventualité car même passée, elle me paraissait bien trop difficile à concevoir. Les yeux fixés sur la vampire, j’entendis alors chacune de ces excuses, autant que sa promesse de ne plus approcher du manoir de la meute sans y avoir été invité. Cela me rassurait-il ? Oui… Et non. Preuve m’avait été donné qu’elle était prête à tout dès lors qu’elle se fixait un but. Un bien, certes, dans certains occasions, mais pour des faits comme ceux qui venaient de se dérouler… Je soupirai, me laissant tomber dans le siège indiqué tout en secouant la tête de droite à gauche. Doucement, je passai alors mes mains sur mon visage, soupirant profondément.
- Pour ne plus avoir toute votre raison… Marmonnai-je avant de reprendre plus haut. J’accepte vos excuses, Miss. Mais de grâce ne me dîtes plus jamais que votre vie vaut celle de choses aussi éphémères que celles que vous m’avez apporté. Je… Je fronçai les sourcils. Pensiez-vous réellement que je n’allais pas m’inquiéter de ce qui aurait pu vous arriver ?
A vrai dire… Je comprenais la bêtise de ma phrase même. J’étais en train de m’énerver pour une chose qui n’était pas arrivée, une simple chose potentielle qui ne se produirait sans doute jamais, ou pas dans ces mêmes conditions, tout du moins. Pour autant, je ne voyais d’autres solutions pour lui faire comprendre la vive émotion qui m’avait prise lorsque j’avais compris le pot aux roses. Plus calmement, néanmoins, je repris alors, les yeux redevenus émeraudes.
- Katyusha… Soufflai-je. Comprenez que la meute compte, et vous en avez fait l’amère expérience, des lycans qui n’arrivent pas encore à se contrôler. Vous auriez pu vous faire tuer, ou pire, avant que je n’arrive. Et vous me dîtes que vous ne vous seriez pas défendue outre mesure ? Je refuse d’y croire. Votre vie vaut celle de mes loups, et si je protège ces derniers, je ne peux décemment accepter que l’on se mette en danger pour une simple bagatelle. Que vous ayez ou non votre raison, je vous conjure de ne pas vous mettre en danger de la sorte.
Si je n’appréciais ni ne comprenais la plupart des gens et leurs agissements lorsqu’il s’agissait de faits de ce type, il semblait que tout cela se muait bien trop rapidement en inquiétude lorsque cela touchait la vampire présente devant moi. Un fait qui n’avait pas tardé à m’échapper mais que j’avais alors relégué bien profondément en moi pour ne pas y penser.
- Ecoutez. M’expliquai-je néanmoins, comprenant parfaitement le peu de logique que mon discours pouvait avoir face à ce qui était, somme toute, une connaissance, à défaut d’être encore une amie. Il serait faux de dire que je ne vous apprécie pas. Et de ce fait, je ne veux que vous protéger. Et je vous protègerais. Que cela soit des autres ou même, visiblement, de vous-même et de vos décisions hasardeuses. Bien sûr, j’imagine parfaitement que vous aviez dû préparer tout cela, mais par pitié pour mes nerfs, ne vous mettez plus en danger. Et encore moins de la sorte. Esquissant un léger sourire, je repris alors plus calmement. Quant à votre cadeau… Je le porterais sans nul doute à notre prochain rendez-v…
Je me stoppai au dernier mot. Etais-je en train de vouloir l’inviter à sortir ? Une nouvelle fois ? Sans l’excuse même de sa convalescence ? Les yeux rivés sur elle, je me tus alors, plongé dans mes réflexions. Que devais-je faire ? Était-ce si mal d’inviter une femme ? Sans même avoir d’arrière-pensée. Du moins… Sans même penser à en avoir ?
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Victor semblait parfaitement abasourdi de voir la vampiresse prête à assumer les conséquences de ses bêtises jusqu'au bout. Est-ce que quelques cadeaux valaient le prix de sa vie ? Probablement pas. Mais est-ce que le plaisir de la bravade et le goût de la performance ne palliait pas le déficit ? Pour la vampiresse beaucoup plus. A vrai dire elle avait déjà mis tant de fois sa vie en danger pour des raisons qui n'en étais pas d'ailleurs, que cela ne la choquait plus. Pire, ici elle avait presque l'impression d'avoir eu de bonnes motivations ! Mais quelque chose lui disait que Victor ne l'entendrait pas de cette oreille.... Il allait être bien délicat de s'expliquer fasse à quelqu'un qui accordait une valeur sacré à la vie.
Lorsque l'on fait une.... bêtise, il faut savoir en assumer les conséquences. Sinon il ne faut pas la faire. Cela dit, même si le risque zéro n'existe pas, j'avais tout de même pris soin d'établir un plan avec un taux d'échec le plus insignifiant possible.
Il était difficile de dire si elle était parfaitement inconsciente ou au contraire beaucoup trop fataliste sur sa vie. En tout cas elle avait clairement agis en connaissance de cause. Il était toujours paradoxal de constatait à quel point il était remarquablement dur de la piéger ou de la tuer, la vampiresse étant très douée pour défendre chèrement sa vie. Mais en même temps à quel point elle accordait finalement que très peu de valeur à cette dernière. Comme si elle ne la protégeait plus par devoir que par conviction.... Mais n'était-ce pas là le résumé de sa vie pour les dernières décennies ? Victor s'était calmé, et la vampiresse n'était pas fâchée de lui retrouver ses perles émeraudes habituelles. Elle acquiesça au fait que les lycans inexpérimentés étaient particulièrement dangereux et qu'ils pouvaient facilement tuer. Mais elle n'avait pas vu venir les propos qui suivirent. Ceux dans lesquels Victor lui confiait que sa vie avait à ses yeux la même valeur que celles des siens. La vampiresse s'en trouva toucher, elle qui n'était qu'une étrangère dans son esprit. Redevenue parfaitement sérieuse, elle répondit
Je ne dis pas que je n'aurais pas tout fait pour m'enfuir, et éviter de finir en civet.... Mais si je n'avais eu aucun moyen de m'enfuir, aucun moyen d'éviter la confrontation.... Il m'aurait alors fallu tenir et encaisser jusqu'à ce qu'un lycan ne parvienne à calmer ses pairs. Ou assumer mes choix. Mais.... Il aurait été profondément injuste et incorrecte de molester des loups qui ne font que défendre leur territoire, et qui en plus peine à se contrôler. Ces loups auraient été innocents.
Aussi difficile à concevoir que cela pouvait l'être, la noble rousse avait un sens assez poussé de la justice, bien qu'il lui demeurait aussi très propre. Si elle avait consenti a déboité les pattes avant des jumeaux qui s'étaient transformés, c'étaient parce qu'ils étaient chez elle. Et que leur responsable ne lui avait pas indiqué d'autres solutions plus pacifiques. Ils auraient été question de lycan l'attaquant de manière arbitraire, elle se serait défendu avec pertes et fracas, mais là.... Ce n'était pas le cas. Mais le lycan n'en avait pas fini avec elle. La déclaration qu'il lui fit par la suite.... Troubla encore plus la vampiresse qui se mit à rougir comme une pivoine. Détournant le regard pour essayer de retrouver un peu de contenance, elle prit silencieusement une profonde inspiration, avant de déglutir et de répliquer.
Elle se reprit et lâcha un faible soupir avant de continuer.
Je ne veux pas accabler vos nerfs davantage. Mais de grâce, ne vous donnez pas tant de peine à me protéger. Que je le veuille ou non, je finis toujours par me retrouver dans des situations improbables, et je ne veux pas être une cause d'inquiétude pour vous. Vous avez certainement mieux à faire que de vous faire du mouron pour une vampiresse qui est née sous le signe de l'infortune. Soyez tranquille. Quoiqu'il m'arrive, je m'en remettrai toujours. Je suis beaucoup plus endurante que mon apparence ne le laisse le présager. Que ce soit à cause d'un bain de soleil inopiné, ou une folie bien calculée. Mais je vous ai déjà promis de ne plus venir importuner les vôtres. Soyez tranquille....
Elle esquissa un sourire ravie à ses propos sur le collier, avant de se remettre à rougir, quand bien même il n'avait pas fini sa phrase.
Vous.... Souhaitez un autre rendez-vous ?
Elle se pinça fermement les lèvres pour ne pas sourire, et rester le plus neutre possible.
Vous pouvez le porter en toute circonstance.... J'ai veillé à ce que sa composition ne vous gêne pas dans votre travail ou vos activités. Mais.... Je serais ravie de voir si le maillage que j'ai employé était celui qui vous convenait le mieux. Aussi.... Aviez-vous une date en tête pour cette future entrevue ?
Elle avait toute les peines du monde à ne pas sourire. Pourquoi souriait-elle d'abord ? Et puis pourquoi elle acceptait ce rendez-vous ? Ce n'était pas ni pour affaire ni médicale ! Qu'est-ce qui lui prenait ?! Et pourtant.... Elle ne pouvait pas s'en empêcher....
Je grondai furieusement. N’était-elle pas sérieuse à parler de la sorte ? Je le craignais. Ou tout du moins le semblait-elle. Pour preuve, me parlait-elle de plan établi, de taux d’échec et de risque… sifflant de colère, je serrai le poing, en proie à une colère sourde que je peinais à faire taire.
- C’est de l’inconscience !
Cette fois, ma voix s’était élevée à la suite de ses paroles. Oui. Bien sûr, mes loups auraient-ils été innocents et sûrement n’aurais-je pas accepté qu’ils soient blessés, eux qui n’étaient pour rien dans tout cela. Et pourtant… Je ne pouvais accepter l’idée que la vampire aurait pu être blessée, ou même pire par leur « faute ». Ce furent les excuses de la vampire qui mirent un léger terme à ma colère, tandis que je venais à lui expliquer ce que je venais de ressentir : j’avais craint pour sa sécurité, c’était un fait. J’arquai un sourcil à sa gêne prouvée par la couleur de ses joues. Qu’avais-je donc dit ?... Cette question trouva bien rapidement réponse alors que j’esquissai un léger sourire.
- Il ne pourrait en être autrement. Soufflai-je alors tandis qu’elle reprenait parole.
Je secouai la tête, doucement. Non. Je ne pourrais vraisemblablement faire autrement : c’était là ma nature. Je m’inquiétais, en effet, sûrement bien trop pour chacun de mes proches, et elle ne ferait certainement pas exception. D’ailleurs soufflai-je doucement en venant m’approcher d’elle, sans la toucher pour autant.
- Il y a infortune et risque, Miss. Dis-je doucement. J’ai entendu votre promesse, mais vous ne m’empêcherais certainement pas de m’inquiéter pour vous. Outre le fait que c’est là ma nature, je vous… Enfin comme je vous l’ai dit. Je vous apprécie. Et ne saurait être indifférent aux risques que vous pouvais prendre. Je ne doute pas de vos capacités à vous remettre, mais par pitié pour les nerfs que vous ne voulez pas accablez, ne prenez pas de risques de la sorte pour de simples présents. Je préfère encore ne pas avoir de surprise et vous savoir en sécurité.
Je me mis alors à tousser. Au moins avait-elle compris la fin de ma phrase alors même que je m’étais toppé avant son terme de peur de la choquer ou que savais-je encore. Souhaitais-je donc un autre rendez-vous ? Je plissai quelque peu les yeux. Un autre ? Était-ce donc un rendez-vous ? Alors même que je m’étais invité, et en colère, chez elle ? Non… Mais les dernières fois ?... Mm… Je n’étais pas réellement convaincu de cela… et pourtant, j’hochai doucement la tête.
- Ce… J’hésitai quelque peu. Ce serait avec un immense plaisir, Miss. Soufflai-je finalement, comme un aveu.
Je grimaçai néanmoins quelque peu à l’idée de porter le collier à l’hôpital. Voilà bien une chose que j’allais éviter, au risque de passer pour plus fou que je ne l’étais déjà. Quand au prochain rendez-vous… Fuyant son regard, j’entrepris de répondre, visiblement bien peu à l’aise quant à cela.
- A vrai dire… Je… Je pensais vous inviter pour une soirée entière… Enfin… Dans un restaurant. Mais… Il sert des choses spéciales pour les vampires, bien sûr. Et… Enfin. Pour un thé. Ensemble. Ou… Un piquenique… Je ne sais pas. Je…
Je trébuchai sur chacun de mes mots, peinant à rassembler mes idées. La peur de me rendre idiot finissait par me le faire devenir réellement. Fermant rapidement les yeux, je pris alors une longue inspiration. Bien. Il fallait que je me calme.
- Un piquenique sur les bords du Mississippi. Dans trois jours. Cela vous conviendrait-il ? Je passerais vous chercherais et m’occuperais de tous les préparatifs, précisai-je alors. Bien sûr nous pouvons faire autre chose, si l’envie vous prend. Je… Enfin je suis à vos ordres… Enfin… Je grondai contre moi-même. Non. Je… J’écouterais toutes vos propositions…
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Plus elle essayait de se montrer responsable et prête à assumer les conséquences de ses choix, même les plus contestables, et plus elle le mettait en colère. La vampiresse se pinça les lèvres discrètement. Décidément, il n'y avait rien à faire. Aussi finit-elle par se taire. Inutile d'aggraver son cas davantage, sinon il allait bien finir par lui tirer les oreilles ! Ce ne fut que lorsque la conversation se poursuivit qu'elle comprit pourquoi il ne semblait pas satisfait de ses résolutions. Il n'était pas seulement question d'épargner ses loups, mais il était également question de sa propre survie. Si elle s'était tout à fait imaginée Victor comme pouvant être contrarié par sa disparition, après tout un médecin ne soignait pas ses patientes pour les voir mourir quelque temps plus tard, le problème était bien plus profond. Il lui était hors de question qu'elle puisse se sacrifier, ni même se blesser, même pour le bien être de ses loups. Et cette volonté particulière était mué par le fait qu'il l'appréciait.... Et si rien que cet aveu avait suffit à la troubler, sa confirmation ne fit qu'aggraver ses rougeurs. En être autrement.... Le seigneur lui était témoin qu'il aurait pu en être tellement autrement. Mais.... Victor avait choisi cette voie. Ce qui n'était étrangement pas pour lui déplaire. Inattendu.... Mais réjouissant.
Elle avait essayé de le rassurer encore un fois, lui promettant de ne plus lui faire ce genre de folies. Mais apparemment elle ne pourrait pallier sa nature angoissée quant à ceux qui lui étaient chers. Et retint un léger soupire. Elle qui voulait le préserver au maximum, elle sentait qu'elle allait avoir bien des peines. Car même sans faire de bêtises, elle savait quelle avait franchement le dont de s'attirer les pires ennuis. A défaut de pouvoir lui promettre de ne plus rien encourir, elle fit ce qu'elle put.
Rassurez-vous, je ferais attention à cela dorénavant. Vous m'avez bien trop sévèrement grondé pour que l'on m'y reprenne.
Elle s'était sentie un peu nerveuse lorsqu'elle lui avait demandé s'il avait réellement souhaité un autre rendez-vous. Car si elle avait mal compris et qu'elle s'était trompée, elle savait que nous seulement elle se sentirait particulièrement honteuse, mais en plus elle s'en voudrait terriblement. Heureusement, elle avait bien compris, et put donc continuer à le regarder dans les yeux, même si elle sentait une légère timidité lui faire rosir les pommettes. Elle l'avait questionné sur les dispositions de ce rendez-vous.... Et elle eut le plaisir un peu coupable d'assister de nouveau à une démonstration magistrale d'une crise d'épilepsie de l'éloquence. Le pauvre loup bafouillait et peinait à articuler convenablement ses phrases, le simple fait d'organiser sa pensée semblait dès lors bien compliqué. La noble rousse avait à la fois envie de rire aux éclats de sa maladresse et en même temps de lui venir en aide. Pauvre homme.... Il était amusant mais également.... Attendrissant dans sa gaucherie empreinte de timidité. Elle ramena discrètement sa main devant ses lèvres pour cacher son sourire amusé grandissant. Elle ne voulait pas lui donner l'impression de se moquer et l'embarrasser encore plus qu'il ne l'était. Et d'ailleurs, il finit par se ressaisir.
Il lui donna donc la date et un lieu. Mais de manière approximative.... Et rapidement il recommença à s'embrouiller. Elle dut fortement solliciter sa retenue pour ne pas pouffer de rire à sa déclaration sur sa disposition à être à ses ordres. Résolument, il n'en loupait pas une ! Le laissant terminer, elle pris quelques instants pour réprimer son fou rire, et lui répondre, son sourire de chipie aux lèvres.
A défaut de vous avoir à mes ordres, je me contenterais volontiers de vous avoir en ma compagnie pour un pique-nique sur les bords du Mississippi. Je vous propose d'aviser sur place de ce que nous ferons ensuite, si l'envie nous vient de varier nos activités. Nous nous verrons donc dans trois jours. Dites moi simplement pour quelle heure je dois être prête. Je présume que vous viendrez me chercher pour m'emmener là où il vous plaira.
Dans sa maladresse, il avait juste oublié de lui dire l'heure, et le lieux précis. Pour ce dernier, elle avait imaginé qu'il voulait lui faire une surprise, ou du moins qu'il voulait l'y emmener lui même. Car le Mississippi était tout de même un fleuve particulièrement long, aussi ne risquait-elle pas de devinait sur quelles rives il souhaitait pique-niquer. Et elle était assez curieuse de voir ce qu'il allait lui réserver comme soirée. Car c'était là l'une de ses précisions.... Il désirait sa compagnie pour une soirée entière. Et bien qu'elle refuserait obstinément de l'avouer, cela avait quelque chose de plus excitant que d'accoutumé. Pourtant elle se faisait déjà une joie de le voir d'ordinaire, mais ici.... Il y avait quelque chose en plus.... Quelque chose qu'avant, il n'y avait pas.....
J’observai la vampire face à moi l’air quelque peu circonspect. Le fait était que je ne savais pas réellement sur quel pied danser. Elle s’était introduite chez moi pour un simple « jeu », en dépit de tous les danger. Alors… Comment pouvais-je être réellement certain qu’elle ne recommencerait pas, que le fait de l’avoir « sévèrement grondé » suffirait à l’en dissuader ? Je soupirai alors. Soit. Je n’avais plus qu’à la croire, de toutes les manières. Et puis se fut le temps de l’abrutissement, le temps où mon cerveau sembla ne plus répondre, où je cherchais mes mots plus qu’un nouveau-né et où je peinais à rassembler la moindre de mes idées. Ce fut le temps où j’invitais une femme à dîner. Ou piqueniquer. Ou prendre le thé… Enfin. N’importe quoi. Inviter une femme était de toutes les manières bien assez suffisamment compliqué pour moi pour devoir y rajouter l’idée même d’une activité. Au moins sembla-t-elle, à défaut de rester tout à fait sérieuse, de ce que pouvait montrer son sourire, vouloir m’aider quant à ma propre réflexion. Hochant la tête, je grimaçai bien rapidement. J’en avais oublié l’essentiel. Ou tout du moins une partie de l’essentiel, ce qui était bien assez suffisant pour me donner l’air idiot.
- Eh bien je… Oui. Je soupirai. Disons… Vingt-deux heures ? Cela vous irait-il ?
Au moins aurais-je entièrement terminé ma journée de travail, me laissant même le temps de rentrer au manoir de la meute pour me changer et me rafraîchir quelque peu. Bien entendu, je n’imaginais pas dormir, je n’aurais certainement pas le temps pour telle « bagatelle », mais lorsque j’observais la rousse… J’étais persuadé que cela était pour la meilleure des causes, bien que je ne tente de me convaincre du contraire. J’avais envie de la revoir. Une envie que je n’avais jamais réellement connu, pour tout dire, que je ne connaissais presque pas et que je peinais à comprendre. C’était comme si, malgré la perte de moyens évidente et enfantine qui me prenait lorsque je me retrouvais en face d’elle, tout m’attirait vers sa personne, m’obligeant jusqu’à forcer le destin pour espérer pouvoir la croiser et passer un peu de temps en sa compagnie.
- Je… Fronçant de nouveau les sourcils, je me raclai la gorge pour tenter de rassembler chacune de mes idées. Si nous partons à moto, est-ce que cela vous dérangera ? Demandai-je alors.
L’idée était simple. J’allais l’emmener dans un lieu peu accessible en voiture, une moto serait donc beaucoup plus pratique du fait de la largeur réduite du véhicule. Fallait-il encore que la vampire se sente prête à une telle virée car il s’agirait, ici, d’être près, voire contre, moi. Même dans mon dos. Et de me faire confiance, bien plus que si je conduisais une simple voiture.
- Oh, euh… Bien sûr. Vous… Vous pouvez toujours refuser. Enfin, je… je… J’irais dans ce cas vous chercher en voiture. Ce n’est pas un problème. Et… Si vous avez le mal des transports je peux…
Je grondai contre moi-même, de nouveau. Cela allait devenir une habitude. Voilà que j’imaginais qu’une vampire puisse être malade, allant jusqu’à vouloir lui proposer des médicaments, sombre idiot que j’étais.
- Oubliez cela… Soufflai-je en secouant la tête pour reprendre sur un sujet tout autre. Je ne connais que trop peu votre régime alimentaire mais… Dites moi ce que vous désirez et j’apporterez ce qu’il faut, sans restriction.
Tout du moins… J’essaierais, j’avouai ne pas avoir pensé au fait qu’elle puisse boire du sang humain, je l’avais d’ailleurs tout à fait éludé, et je me voyais bien mal piocher dans les réserves de l’hôpital mais s’il le fallait… J’aurais tout de même beaucoup de mal. Allez. Avec un peu de chance, j’avais à faire à une végétarienne.
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A vrai dire, elle sentait que le temps allait être étrangement long jusqu'à ces vingt-deux heures. Déjà les trois jours allaient lui sembler interminable, un comble pour une créature éternelle, alors le jour J .... Mais elle devrait prendre son mal en patience, la récompense en vaudrait largement la peine. Mais le voilà qu'il reprenait parole. La vampiresse se pinça discrètement les lèvres, à nouveau, se demandant si cette fois Victor allait réussir à prononcer une phrase cohérente en une fois où s'il allait encore s'empêtrer dans ses adorables bafouilles. Mais le loup prit son temps et parvint à formuler une question.... Qui étonna quelque peu la noble rousse. Ou du moins temporairement. Car voilà que son esprit partait de nouveau en croisade contre des moulins à vent, et laissait son propriétaire en proie à on ne savait quelle confusion. Il se précipita de lui préciser qu'elle pouvait tout à fait refuser.... Indication quelque peu superflue pour la jolie rousse, puisqu'il ne lui avait fait qu'une proposition. Mais lorsqu'il commença à lui parler de mal des transports, elle ne parvint pas à étouffer un léger rire, parvenant malgré tout à le contenir rapidement.
Prenant lui-même conscience de sa bêtise, elle n'insista pas sur sa remarque saugrenue. A vrai dire.... Katyusha trouva son attention délicate. Quel homme se souciait de savoir si son invitée souffrait du mal des transports au moment de lui proposer une escapade ? A sa connaissance, il n'y en avait qu'un, et il était face à elle.... Résolument, dans ses précautions, Victor était l'homme le plus touchant et attendrissant qu'elle avait connu. Elle ne put réprimer un sourire particulièrement amusé, avant de lui répondre.
Ma foi, il serait bien hypocrite de ma part de déclarer une quelconque gêne à ce sujet.... Il me semble que nous avons déjà eu l'occasion de tester vos aptitudes en matière de conducteur de deux roues.... Votre véhicule ne m'est pas tout à fait inconnu....
L'éternelle demoiselle n'avait pas oublié qu'elle avait essayé de lui chiper sa moto pour s'enfuir de ses bons soins lors de leur première rencontre. Et d'ailleurs, un peu plus tard dans cette même nuit, Victor ne l'avait-il pas littéralement cueillie à la porte d'un taxi en conduisant ladite moto ? Et ne l'avait-il dès lors pas ramenée chez elle à bord de son bolide ? Certes, cette fois elle ne serait pas à l'avant, assise en amazone, sanglée de ses bras.... Mais elle saurait se contenter d'une position peut-être un peu plus convenable pour une lady ! Mais la conversation amorça un tournant un peu plus délicat pour l'Impératrice déchue. Si elle n'avait jamais eu le moindre problème à boire du sang humain, et si elle l'assumait, elle ne voulait cependant pas importuner Victor avec son régime alimentaire. Surtout qu'il n'était pas question de sang animal, mais de sang humain ! Elle se souvenait d'ailleurs avoir dit à son cher docteur qu'elle se nourrissait de sang humain, toujours lors de leur première rencontre.... Visiblement le lupin avait oublié ce détail, et la vampiresse n'était pas réellement décidé à le lui rappeler. Ni même le contraindre à se fournir en cette denrée plus que controversée. Masquant avec brio son embarras derrière un sourire poli, elle lui répondit doucement.
Je préfère m'occuper de ma collation, si vous le voulez bien. Ho surtout n'y voyez là aucune offense ! Mais.... Il ne serait pas très convenable de ma part de vous astreindre à des pratiques malaisantes pour qui ne serait pas vampire. Qui plus est, pour acheter le sang que je consomme, c'est là un produit effroyablement coûteux.... Vraiment, vous avez mieux à faire que vous souciez de cela.
Du moins, le sang humain était cher ! Le sang animal, elle n'en avait aucune idée, mais elle se doutait que cela ne valait pas grand chose en comparaison. Et de toute manière, il pourrait toujours prendre une thermos de thé, ou une bouteille de vin, ou pourquoi pas ces curieux petits biscuits de sang qu'une compagnie a proposé lors des fêtes de fin d'année. Elle n'avait plus mangé de nourriture solide jusqu'à ces biscuits. En parlant biscuit, elle se mit en tête de lui re-préparer des "biscuits pour chiens". Ils avaient semblé excellent la dernière fois, et ce serait également un hommage amusant à l'une de ses bêtises. Cela dit.... L'idée de se remettre à manger lui traversa l'esprit. Cela serait particulièrement long et encore plus pénible mais.... Peut-être que cela lui offrirait des moments plus cordiaux avec Victor.... Et ses collaborateurs de travail ! Bien sûr ! Ce n'était pas uniquement pour lui qu'elle avait eu cette idée ! Même si étrangement, elle n'avait jamais eu cette idée avant lui....
Si tout cela vous convient, je pense pouvoir avancer que notre prochaine rencontre est fixée. Même si j'ai un peu honte de vous accaparer de la sorte lors d'un des rares jours de repos que vous consentez à vous accorder.
Il était impensable aux yeux de la vampiresse que cet acharné de docteur puisse l'inviter après une journée harassante d'un travail ardu tel que le sien. Elle avait dès lors conclu que ce jours là, il ne travaillait pas et en profitait pour organiser ses loisirs. Si elle savait....
Vingt-deux heures. Elle acceptait donc pour vingt-deux heures. D’accord. Très bien. Parfait. Je… J’irais donc la chercher à vingt-deux heures. Au moins, il y avait là une chose de certaine : je n’oublierais pas cette heure et le temps risquait de me paraître bien trop long jusqu’à notre rendez-vous. Enfin… A moins que le stress ne fasse que cela ne soit l’inverse… Non. Non voyons. Pourquoi être angoissé de tout cela ? Ce n’était qu’un rendez-vous amical, rien de plus. Quoique… Je n’avais certainement pas l’habitude non plus de ce type de rendez-vous. Et puis… Je secouai la tête, m’étouffant quelque peu alors qu’elle faisait une référence directe à notre « tête à tête » mouvementé.
- Je… Je préfèrerais, je vous avoue, oublier quelque peu mon inconvenance lors de cette soirée. Enfin… Bien sûr je recommencerais s’il le fallait mais…
Mais j’étais gêné de la tournure que tout cela avait pu prendre. J’avais été médecin plus qu’homme, et je le serais de nouveau si les faits recommençaient, mais avec le recul… Dieu que j’avais été inconvenant avec cette femme. D’ailleurs, et même si elle n’en avait pas l’air, j’espérais, malgré tout, qu’elle ne m’en tienne que peu rigueur. Au moins passa-t-elle sur un autre sujet, sujet qui me fit arquer un sourcil. Je ne comprenais pas réellement cette envie de s’occuper de sa propre collation, après tout venais-je de l’inviter, il était donc tout à fait normal que je m’occupe de la partie logistique. D’ailleurs secouai-je la tête négativement, un léger sourire entendu aux lèvres.
- J’insiste, Miss. Rassurez-vous pour l’argent, ce n’est pas un problème. Je suis tout à fait à même de me procurer ce que vous désirerez.
Même si je priais intérieurement pour que le sang animal lui suffise. Oh bien sûr lui fournirai-je ce dont elle avait besoin mais ce ne serait, alors, pas avec le plus grand éclat de joie, je devais bien l’admettre.
- Ce que j’ai de mieux à faire, repris-je alors, c’est de vous faire passer une merveilleuse soirée sans que vous n’ayez rien besoin de penser.
Merveilleuse… Peut-être était-ce trop ? Ou du moins… enfin… Non. Entre amis… J’aurais sûrement dû dire autre chose, non ? Peut-être. Je ne savais pas. Ou plus, plutôt. C’était… Mmm…
- Du moins pas merveilleuse mais très bonne. Ou du moins. Enfin plus que cela bien entendu. J’espère que vous apprécierais mais… enfin je…
Pourquoi devais-je toujours tenter de me justifier ? La question était toute répondue : je n’étais pas sûr de moi et je devais avouer que cette femme me troublait plus que de raison sans, justement, n’avoir aucune raison à cela. Et c’était bien ce qui me faisait perdre mes moyens. Je ne savais comment me comporter et si l’idée de me comporter plus « familièrement » m’appelait, je freinais des quatre fers pour ne pas me laisser emporter dans une chose que je craignais de ne pouvoir comprendre actuellement.
Ce fut sa voix qui alors me sortis de mes pensées. Arquant un sourcil, je secouai négativement la tête, un léger sourire aux lèvres.
- Rassurez-vous, je viendrais vous chercher après mon poste à l’hôpital. Et quand bien même je serais en repos, soyez certaine que j’apprécierais chaque instant de mes repos passés à vos côtés.
Instantanément, je baissai les yeux, honteux de ma propre phrase, avant de secouer de nouveau la tête. Je devais me reprendre pour ne pas passer pour un malotru.
- Du moins, vous êtes d’une charmante compagnie, sachez-le. Me rattrapai-je difficilement. Enfin je… Peut-être que… Je me reculai d’un pas, visiblement complètement perdu. Je devrais peut-être vous laisser… Puisque nous avons mis au clair le dernier évènement ainsi que vos cadeaux je…
Je devais partir avant de perdre complètement la face et mes moyens. A moins que cela ne soit déjà fait… La question pouvait se poser…
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Emploi : Propriétaire d'une chaîne de bijouterie internationale
Le fait qu'il manque de s'étouffer à son allusion avait un petit quelque chose d'irrésistible. La vampiresse se pinça discrètement les lèvres pour ne pas rire. Ho bien sûr son attitude avait été des plus cavalières, et dans un autre contexte, jamais elle n'aurait toléré une telle proximité. Mais dans l'ambiance de jeu et de soin qu'il y avait alors, c'était bien différent. Est-ce qu'elle avait un quelconque embarras de leur comportement ? Eh bien elle ne serait peut-être pas fière de toutes ses bêtises face à autrui, mais étrangement pour ce qui était de Victor.... Elle ne regrettait rien. Ce qui n'était pas le cas de ce dernier qui.... Assumait sans assumer. D'ailleurs cette fois ci elle n'y tint plus, et vint lui répondre avec un sourire malicieux.
Vous êtes donc prêt à recommencer quelque chose que présentement, vous préférez oublier ? Voilà qui est singulier....
Il n'y avait bien que lorsqu'il l'avait chevauchée, alors qu'elle était alitée, qu'elle avait objecté contre son attitude. Et quand bien même, de manière générale elle en lui en tenait aucunement rigueur. Le seul sentiment qui avait été blessé ce soir là avait sa fierté en raison de son échec. Et encore, elle s'en était bien vite remise. Mais cela, le pauvre loup ne pouvait le savoir. Peut-être pouvait-il toutefois le deviner.... Car après tout elle ne semblait ni contrariée, ni courroucée au sujet de ces souvenirs. En revanche.... L'insistance de Victor quant au fait de lui fournir lui-même du sang la contrariait beaucoup, même si elle s'interdisait d'en montrer le moindre indice. Il lui fallait maintenant répondre, et finalement....
A-alors.... Prenez ce que vous voudrez, et faites moi la surprise ! Aucun sang ne pourra me tuer. Quoique, évitez le sang lupin tout de même. Ce dernier pourrait bien m'empoisonner.
La vampiresse se maudit pour sa lâcheté. Elle lui avait déjà avouer une fois boire du sang humain, alors pourquoi n'avait-elle pas été capable de boire de le lui rappeler ?! Peut-être parce qu'elle savait qu'il serait soulagé, si ce n'était heureux qu'elle ne boive pas de sang humain.... Elle commençait à connaître le bougre.... Mais.... Depuis quand lui tenait-il autant à cœur qu'il soit à l'aise et comblé ? Depuis quand était-elle prête à se sacrifier pour son bon plaisir ? Une question fâcheuse qui fut balayée d'un revers de main par les propos suivants de Victor. Et Katyusha ne put cacher un doux sourire à ses déclarations, qui lui fit même rosir doucement les pommettes. Il était si touchant.... Et.... Si maladroit ! Le voilà qui s'empêtrait de nouveau dans ses propos, essayant de rectifier un tir qui pourtant avait bien plus à l'éternelle demoiselle. Et cette fois-ci, n'y tenant plus, la noble rousse laissa échapper un léger rire. Il était définitivement beaucoup trop attendrissant et amusant pour qu'elle puisse résister de la sorte toute la soirée.
Pourquoi nous priverions-nous d'une merveilleuse soirée ? Ce serait là une belle réussite que d'arriver à ce stade, n'est-ce pas ? Faisons tout pour cela.
Et si elle devait feindre d'adorer le sang de vache, ou de poulet ou autre.... Alors elle le ferait ! Mais pour l'heure, un détail fit tiquer l'Impératrice déchue qui redevint un peu plus sérieuse ?
En poste ? Juste ciel Victor, j'espère que vous ne commettrez pas la folie de vous accabler d'une sortie après une journée de dur labeur ?! Promettez-moi que vous serez raisonnable.... Et réellement raisonnable j'entends. Prendre dix minutes de pause supplémentaire sur votre pause déjeuner n'est pas suffisant.
Quelque chose lui disais que quoi qu'elle dise, il n'en ferait qu'à sa tête. néanmoins.... Elle n'allait certainement pas laisser son commentaire passer inaperçu. Surtout qu'il recommençait à s'embrouiller lui arrachant de nouveau un léger rire. Le pauvre homme était si peu à l'aise qu'il commençait à vouloir s'enfuir. Katyusha avait envie qu'il reste un peu plus longtemps, mais elle pouvait sentir son malêtre et n'avait pas le cœur à lui refuser sa retraite. Elle se leva doucement, et lui réplique dans un sourire.
.... Alors je serais ravie de vous offrir ma compagnie Victor. Je ne vous retiens pas plus longtemps. Veillez à bien prendre soin de vous Victor..... Et.... A très bientôt.
Elle le savait, et elle le sentait. L'attente allait être interminable jusqu'à leur rendez-vous.