Malgré que je me sois éloigné, je ne peux pas dire que je n'écoute pas. Certes, c'est sans doutes mal vu mais je suis autant aux aguets de potentiels dangers qu'à cette discussion étrange entre une louve et ma protégée. Je devrai d'ailleurs parler avec celle-ci puisque des pièces manquent au tableau des choses que je sais d'elle. Tellement entièrement concentré sur la vampire que j'en oublie l'humaine qui est dessous. La jeune vampire ne voulait tuer, c'est louable mais ce n'est la voie du monde, elle trouvera bien assez tôt et ce jour, je sais qu'elle sera détruite, la première fois que l'on tue n'est pas une leçon que nous pouvons oublier.
Me faire complimenter par la louve alors qu'elle pense que je n'entend pas me fait sourire. Combattre une armée... Quelle année sommmes-nous, 1937? Non, je ne pourrais pas le faire facilement mais je n'ai pas une notion très grande d'honneur lorsque je me bats pour ma vie et éliminer la troupe une personne à la fois est bien plus efficace mais, de nouveau, il s'agit d'un point que je n'aspire à soulever avec la jeune vampire. Elle a assez de choses en tête pour ne pas avoir en prime de me craindre.
Il faut croire que j'ai de la chance, le Seigneur nous observe alors que je trouve une tombe ouverte, j'observe avec calme avant de cesser d'écouter les discussions entre les deux jeunes femmes car, mine de rien, il semble que ma protégée connaissait bien la louve au contraire de ce que j'avais craint au départ. Alors que je m'approche des cadavres que la louve avait bien massacré, je prends mon couteau de nouveau et utilise de mes connaissances pour trancher dans les cadavres avant qu'ils ne soient rigides, séparant les os aux articulations. Un job de boucher, mine de rien mais je retire aussi ma chemise, me retrouvant en t-shirt et prend les phalanges de ces inconnus puis leur casse les dents. Il sera difficile, voir impossible sans les nouvelles technologies d'identifier les chasseurs, une attention pour les familles qui ne sauront pas que leurs frères, pères ou conjoints sont des cons suprémacistes humains.
Ah, que de souvenirs alors que le sang gicle des corps encore tièdes... La louve n'est pas la seule qui sera couverte d'hémoglobine ce soir et je jure un peu sous mon souffle de colère de perdre une tenue mais ceci... C'était pour une bonne cause. Je tranche et tire, usant de ma pleine force pour démembrer ces idiots et jeter dans le tombeau vide ces corps afin de retarder l'inévitable. Qui sait, peut-être même ne vont-ils pas regarder dans la tombe avant d'y mettre un cercueil!
Un homme peut toujours espérer...
C'est déplaisant mais ceci... Je connais ceci et me retrouve loin dans mon esprit. Mes dents se serrent du souvenir... Ceci n'est pas la première fois que je fais disparaitre des corps mais dans ce pays, oui. Bordel... Je repasse en boucle le visage de la petite et je sens mon coeur se figer. Non, je ne suis pas amoureux d'elle mais je veux la protéger, elle éveille un instinct de protection puissant, aux limites de paternel et je mesure l'ampleur de la prise qu'elle a sur moi. J'ai tué pour elle cette nuit et je sens que c'était peu. La vie humaine, mine de rien, est de peu de valeur lorsque ceux-ci s'attaquent à nous.
Je termine ce travail glauque, essuyant mon couteau avant de replier ma chemise emplie de phalanges et quelques dents avant de revenir vers les deux femmes. Ma chemise et mon pantalon sont couverts de trace du sang qui a giclé et mes genoux sales d'avoir été agenouillé. J'arrête cependant avant d'être entièrement en vue et retire mon chandail, laissant voir mon torse musclé qui, heureusement, n'est marqué par les cicatrices qui auraient dut y être. Avantage de guérison d'un vampire je suppose alors que je tourne le coin pour retrouver les deux femmes, portant mon trophée glauque vers celles-ci qui avaient trouvées le boyau.
"Je peux vous l'emprunter un moment? Et mademoiselle Steinn... Vous dites avoir l'habitude de chasser? Connaissez-vous un endroit pour disposer de ceci?"
Je lui tends ma chemise couverte de sang mais il est évident que quelque chose y est mais, du regard, je lui demande de ne pas ouvrir devant l'enfant qui a eue sa dose de sensation fortes pour la nuit.
Rapidement après une moquerie sur sa bouteille d'oxygène, Alyssa lui tira la langue. Dans d'autres circonstances, elle n'aurait pas apprécié mais il s'agissait de la gamine du parc...et surtout, ça signifiait qu'elle allait déjà mieux. La petite avait pleinement retrouvé ses esprits si elle agissait ainsi ! Mais voila que cette dernière ne semble pas apprécier son idée de lui apprendre à se battre. Elle refuse même catégoriquement. Kaia haussa un sourcil et plongea son regard dans le sien.
- Comme qui ? Moi ? Je suis un monstre à tes yeux ?
Et cette hypothèse la laissait franchement indifférente. Si c'était le cas, elle la laisserait se débrouiller et retournerait à sa vie. Elle n'aurait plus à se préoccuper d'une enfant incapable de se protéger elle-même...Oui bon, peut-être que ça l'avait un poil vexé alors qu'elle lui avait sauvé la vie.
- Mais tu sais, parfois...souvent même, il est nécessaire d'être un monstre pour survivre. Surtout maintenant que tu es l'un d'eux aux yeux des humains. Ils te le feront bien comprendre et si cela n'était que de la pacotille, les prochains seront surement plus coriaces. Et si je n'avais pas été là cette nuit ? C'est toi qu'on aurait enterré, pas eux.
Oui bon, on enterrait pas un vampire, mais c'était pour l'image. Et elle espérait être parfaitement claire ! Par la suite, tranquillement installée pendant que le vampire faisait un brin de ménage, Alyssa répondit à une nouvelle question. Et sa réponse fit rire la louve.
- Merci du compliment. Mais ils n'ont eu que ce qu'ils méritaient. Et puis, tu t'habitueras à voir du sang, à le sentir...Même si j'avoue qu'à mon âge, j'adore toujours autant le voir colorer mon pelage. Et le goût est absolument divin !
Ses yeux brillaient. Non, elle n'était pas une vampire amis au fond, les lycans avalaient presque autant de sang que les ressuscités. Et même si elle ne saurait en parler comme eux, qu'elle ne pouvait pas décrire un sang comme un breuvage divin ou non, elle appréciait. Elle adorait même ! Néanmoins, elle était contente que sa louve soit effrayante. Malgré sa petite taille, elle avait réussi à être redoutable ! C'était parfait ! Et le sourire qui ne voulait plus quitter son visage, exprimait clairement la situation. La réponse suivante fut plus...surprenante. Jamais elle ne l'avait entendu aussi vulgaire ! Comme quoi, ça bouleverse beaucoup de choses un tel traumatisme. Elle la laissa vider son sac, un sourire en coin. Parfois, ça faisait du bien de pousser sa gueulante comme ça. Elle finit par hocher la tête, fermant les yeux un instant. Finalement, la gamine n'avait pas une vie si différente de la sienne, si ce n'est les années qui les séparaient.
- Oui, je connais ça. Et je peux te dire qu'on oublie jamais. On apprends à vivre avec.
Sa voix s'était faite plus basse comme un secret qu'elle lui avouait. Un terrible secret. Mais elle n'allait pas lui mentir, surtout qu'Alyssa avait l'éternité devant elle pour s'en rendre compte. Alors que Kaia mourrait un jour, de vieillesse, ou tuée au combat peut-être bien, mais au moins, elle ne vivrait pas éternellement avec tous ses souvenirs, ses cicatrices... La demoiselle la tira de ses pensées en parlant du tuyau d'arrosage. Elle soupira et hocha la tête. Elle se releva...pas d'un bond, sa hanche tirait. Elle aurait vite guéri, mais en attendant, ça faisait mal même si elle faisait avec.
- Tu te sens d'attaque ?
Elle partit à la recherche d'un tuyau, commençant à chercher du côté du robinet. Bingo ! Elle le brancha et tira jusqu'à la zone à nettoyer. Mais elle n'eut pas le temps de faire quoique ce soit que le seul homme de la soirée refit son apparition...Torse nu. Avec un paquetage odorant dans les bras. Elle fronça les sourcils, donna le tuyau à Alyssa et s'approcha de Lucio. Elle se mit, très clairement, à renifler ce qu'il voulait lui refiler.
- Oui, je vais m'en occuper. Même si ça pue. Un loup risque de le sentir à des kilomètres à la ronde.
Néanmoins, elle prit le paquet et s'éloigna tranquillement du duo. Ce n'est qu'une fois hors du cimetière qu'elle en vérifia le contenu. Elle s'attendait bien à du sang et à des morceaux des humains...mais pas à ça. Et la vision particulièrement dégoûtante et déconcertante lui fit tout autant plaisir. Il était capable du pire pour protéger ses arrières. Il serait donc capable de tout pour protéger Alyssa. Et cette idée lui plaisait. Elle referma l'emballage puis s'approcha de sa destination : une plaque d'égout. Elle savait que celle-ci n'était pas fixée et l'ouvrit le plus silencieusement possible. Ca lui prit bien quelques minutes car même si elle avait la force de le faire, un grincement l'arrêtait aussitôt. Une fois la plaque assez ouverte, elle déversa le contenu dans les égouts, laissant les dents rejoindre l'eau ou un trou quelque part tout au fond. Elle les laisserait vivre leur vie, se coincer quelque part et disparaître à jamais. Si une dent réapparaissait, il fallait pouvoir la voir et l'attraper. Elle remit la plaque en place et revint au cimetière avec uniquement la chemise qui dépassait d'une poche.
- Problème réglé. J'enterrais ce truc dans un endroit, à moins que vous ne souhaitiez vraiment la garder ? Même si pour être franche, elle est totalement irrécupérable.
Elle observa les deux vampires puis le sol. - Bien, en avons-nous fini ici ? Il ne faudrait pas trop s'éterniser. D'autres humains vont finir par venir ou appeler la police...
Et ces deux-là avaient vraiment besoin d'une douche. Elle aussi, même si elle l'avait plus ou moins oublié...Elle aimait cette sensation de sang séché, résultat d'un massacre joyeux ! Même si son odorat, là tout de suite, n'appréciait pas tellement. Elle avait un peu de mal à passer au-delà de l'odeur du sang.
Elle se vexe. Je secoue la tête, le regard au sol. Non, pas elle. La peur était la même. La peur qu'ils ont ressenti, c'est celle qu'ils ont voulu m'imposer. C'est injuste. Et ses propos me blessent dans le sens où je sais déjà qu'elle a raison. Mais non, je ne veux pas me battre. Je ne veux pas ressembler à celui qui a tué mes mères. "Lui." Lucio est parti, me laissant avec la babysitter. louve. Elle parle du sang comme Oui, c'est bon, le sang! voilà, comme ça. Sauf que moi j'ai besoin d'en boire et un instinct de survie qui salive juste à la pensée du gout ferreux sur ma langue. Et pas le droit.
Le ton qu'elle prend après ma tirade me fait tiquer. Un écho d'une douleur semblable à la mienne. Et je ne comprends pas. Elle connait cette douleur? Et pourtant elle aime le sang? Donner la mort? Est ce que je deviendrais comme ça, moi aussi? Elle a parlé de pas avoir le choix. C'est pas un truc que je veux... Est-ce que je suis d'attaque? Non.
"J'ai pas d'autre choix que de l'être pas vrai?"
Mon ton est clairement résigné. Pas d'autre choix que d'apprendre à me battre. A tuer? Si je veux rester en vie. Je prends juste le temps de reprendre mon téléphone. Je doute qu'il remarche un jour. Il est littéralement cassé en deux. Près d'un robinet que me montre Kaia, il y a un tuyau d'arrosage qu'elle branche alors que je le déroule sans mot dire. Quand Lucio nous rejoins, ma première réaction est de fermer les yeux assez fort pour voir des taches de lumières et de bloquer ma respiration. Parce que si j'arrive à occulter l'odeur de sang dont JE suis couverte, ce nouveau stimulis titille mes canines, et non. Je sais pas ce qu'il tend à Kaia, mais ça aussi ça sent le sang, et d'autre chose. D'après Kaia, c'est un truc qui pue très fort. Je confirme, et quand Lucio demande pour le tuyau... Je le lui ouvre en pleine figure, le douchant quelques secondes... Avant de retourner le tuyau sur moi et tant pis si je dégouline, ruisselle et qu'on voit ma brassière sous mon chemisier détrempé (et qu'il est ruiné). Je secoue mes cheveux dont coule une eau rosie avant d'ouvrir mes paupières sur un regard un peu plus clair, moins embué par la soif de sang. C'est bien. Maintenant le sol. Je regarde pas Lucio quand même. Il doit être en colère de toutes façons, et ça me tombera dessus tôt ou tard.J'arrose le sol et les tombes avec plus de détermination que d'efficacité, c'est certain. Est-ce que tous les vampires savent cacher froidement des gens morts? Et mes mains crispées sur le tuyau sont sans doutes un bon indicateur pour Lucio que les prochaines heures de sommeil seront riches en cauchemars. Kaia revient avec la chemise, toujours ensanglantée et qui me hérisse le poil, et elle parle de la police. Est-ce que le loup saura? C'est bon, là c'est assez mouillé? Non. Il reste Kaia. Kaia aussi à plein de sang sur elle. Allez. A la douche aussi. Je rouvre l'eau pour l'arroser à son tour, quelques secondes avant de regarder tout le bordel. Est-ce que c'est ça mon futur quotidien?Secoue toi un peu!
Je sursaute, comme piquée par une guêpe, avant de regarder à nouveau Lucio, puis Kaia.
"J'reviendrais quand même. Et toi tu m'dois un portable du coup. Tu viendras avec moi le choisir?"
Oui parce que zut. C'est mes mères à la base, mince! Quand au portable, en vrai je m'en fiche. J'veux juste revoir Kaia, puisqu'elle dit qu'il faut partir et que je ne crois pas qu'elle voudra venir avec Lucio et moi. Des fois, pour dire aux gens qu'ils sont importants, tu as juste besoin de leur dire qu'ils sont attendus.
J'ai conscience, en revenant vers ce duo de femmes, que celles-ci n'ont pas prit la peine de garder le silence, le visage défait de ma protégée un couteau dans un coeur tendre. La jeune femme ne mérite pas ce destin qui s'acharne contre elle et je regarde alors la louve qui approche et renifle ma chemise, me faisant me hérisser un brin mais je tente de ne rien en montrer. Mesure-t-elle ce que je lui donne? Je ne crois pas mais elle ne fait pas geste d'ouvrir le tout et je lui en suis reconnaissant tout comme de l'absence de réparties de sa part, je n'ai pas besoin de cela en ce moment alors que je me tourne pour observer la jeune vampire que je protège. Celle-ci pourra répondre de ma demande d'eau pour me rincer en ouvrant la valve sur moi, causant un sursaut de ma part avant que je ne me rince de mon mieux dans cette eau glacée avant de lui faire signe d'arrêter.
Je pourrais lui faire un reproche de l'avoir fait ainsi mais force est d'admettre qu'elle n'a rien fait que je n'ai demandé et que ce trait d'humour de l'adolescente me laisse penser qu'elle va peut-être s'en tirer moins mal que je l'avais craint. Trempé en plein cimetière, je regarde alors que la louve revient avec ma chemise en disant qu'elle est foutue, s'attirant un sourcil haussé de ma part avant de dire, calme.
"Si vous savez où en disposer, je serais reconnaissant..."
Je suis par contre en accord avec la louve... rester ici est nous mettre en danger et je regarde l'infante avant de hocher la tête, celle-ci a clairement besoin d'un changement de vêtements alors que je range dans son étui caché mon couteau et les regarde tour à tour.
"Je vous invite à ma demeure pour une douche et un changement rapide de vêtements. Je ne peux laisser Alyssa rentrer ainsi à la ferme et je vous dois au moins cela, mademoiselle Steinn."
Oui, elle vient de disposer de l'évidence de mon crime et je veux aussi m'assurer qu'elle n'a été blessée. Force est d'admettre qu'elle a défendue Alyssa et elle s'est gagnée ma gratitude.
Malgré ce qui s'était passé, Alyssa était prête à se lever et à continuer. C'était un bon signe pour Kaia, ça signifiait que la vampirette était capable de surmonter beaucoup de choses. Oui, elle aurait des traces, des traumatismes peut-être mais elle survivrait. Physiquement et mentalement.
- Parfait alors, mais si tu as besoin de te rasseoir n'hésites pas, on a pas besoin d'être deux pour nettoyer ça !
Bon ok, même si c'était bien qu'elle bouge, la louve comprenait parfaitement qu'une gosse titube dans ce genre de situation. Finalement, au retour du vampire adulte, il est évident que ce serait à l'enfant du groupe de se charger du ménage restant. Kaia avait une toute autre mission qu'elle accepta sans rechigner. Cacher des morceaux, elle savait très bien le faire. Quand elle ne les avalait pas tout rond. Bah quoi ? Qui irait chercher des parties de gens dans ses selles ?
Alors qu'elle revenait une fois sa mission accomplie, Alyssa l'arrosa soudainement. Kaia sursauta, émit un léger grognement mais ne s'échappa pas. Elle laissait l'eau couler sur son corps, inondant ses vêtements et emportant une partie du sang séché. Elle suivait des yeux le liquide rougeâtre, d'un air passionné. La température de l'eau ? Bah, elle avait connu pire pendant sa jeunesse. Et l'eau froide c'était bon pour la peau !
L'homme reprit alors la parole et elle hocha la tête.
- Je m'en occupe.
Elle l'écouta proposer à Alyssa de venir chez lui, prendre une douche et se changer. Mais contre toute attente, il l'invita aussi ! 2 vampires et un loup partent en balade...Ce serait toujours mieux que de traverser la ville toute seule et pleine de sang pour retourner à l'usine, non ?
- Très bien, je vous suis alors. Ca me permettra de m'assurer que vous n'abuserez pas de la petite une fois chez vous...
Elle avait dit cela sur le ton de la conversation, comme si c'était une banalité. En attendant, elle vérifia du regard la scène de crime, s'assurant qu'ils n'avaient rien oublié et les suivit hors du cimetière, sans aucune crainte d'aller chez un vampire. Il ne lui ferait rien, elle le tuerait en même temps, elle en était sure.