Ces temps-ci, je devais avouer que j’aimais à m’échapper du manoir. Pour la simple et bonne raison que je sentais je regard d’Aedan peser sur moi. A croire qu’il était au courant de tout et qu’il attendait seulement que je lui dise la vérité. Cela ne faisait que 24h00 qu’elle avait « disparu » et je peinais déjà à me contenir. La suite allait finir par être compliqué. Pour autant… Regrettai-je ? Pas du tout. Bien au contraire d’ailleurs. J’étais ravie de la situation. Et il finirait, comme tous les autres, par l’être, j’en étais tout à fait persuadée.
Et pour faire passer la pilule, quoi de mieux qu’une mission réussie ? Cela calmerait les nerfs de notre chef et lui donnerait l’occasion de ne plus me fixer comme si j’était coupable d’une pire des crimes. Fixation qui était peut-être due à mon imagination, bien sûr, mais… Non. Autant assurer mes arrières. C’est pour cela que je m’étais décidée à quitter le manoir seule cette fois à la recherche d’une connerie de vampire qui avait visiblement décidé qu’on était « des grands méchants » et qu’il fallait nous dénoncer à la Fédération. J’avais entendu Aedan et sa cagole en parler une fois, et j’estimai qu’il était du devoir de chaque membre de la famille de le trouver et de le tuer. Et c’était donc mon but cette nuit.
De ce que j’avais pu comprendre, il s’agissait d’un abruti qui traînait souvent au port et qui se nommait « Enrico ». Un nom de merde si je pouvais me permettre, et d’ailleurs je me permettais bien. J’étais arrivée sur les lieux aux alentours de 23h00-00h00. Le port était calme, comme d’habitude la nuit. C’était d’ailleurs un endroit assez sympa pour se reposer. Enfin. Je n’étais pas là pour ça. Les yeux parcourant l’obscurité, je recherchai un homme répondant à une description plutôt vague : grand, cheveux bruns, yeux bleus, vêtements passés et attitude « nonchalante et particulièrement désagréable ». Super précis, on se l’accordera. D’ailleurs, plusieurs mecs correspondaient plus ou moins à cette description. L’un d’eux, d’ailleurs, avait attiré mon attention. Poche de sang en main, y avait possibilité que ça soit ma cible.

- Enrico ? Appelai-je à quelques pas de lui, l’obligeant à se retourner.
- Qui le demande ?
- Ta marraine la bonne fée, enfoiré ! Grondai-je en me ruant sur lui pour le plaquer contre un mur violemment.

Je sentis son souffle coupé alors que ses mains tentaient de m’éloigner de sa gorge, mes crocs claquant près de celle-ci. Pour autant, je ne voulais pas le tuer tout de suite. Non. Je préférais encore m’amuser un peu avec lui.

- Alors comme ça on veut aller voir la Fédération mon coco ?
- Je ne vois pas ce que…
- La ferme ! Grondai-je. Evite de parler je risquerais d’être méchante. D’ailleurs…

Ricanant, j’attrapai violemment sa langue pour la sortir de sa bouche, tirant doucement dessus. Vu la force qu’il m’opposait, cela devait être un jeune vampire. Une chance. Je n’aurais pas à me défendre plus que ça.

- Je devrais peut-être te la couper avant de te relâcher. T’aurais bien du mal à parler après ça, non ?
- s’i’ vous p’ait… Murmura-t-il. ‘e comp‘end pas…
- Et en plus il fait l’innocent !

Je sifflai un coup en l’envoyant valser contre une bitte d’amarrage. Celui-là, j’allais me le faire, c’était certain.

La voix de la femme me fit légèrement sursauter. Qu’est ce qu’elle foutait là elle ? Sifflant un coup, je la fusillais du regard, poings serrés.

- Et ça te regarde peut-être ? Je te conseille de passer votre chemin.

D’autant que j’étais passablement irritée. Je risquai de voir Aedan fou de rage contre moi à tout moment s’il découvrait ce que j’avis dit, et cet enfoiré voulait nous dénoncer à la Fédération. Disons que c’était pas réellement le moment de titiller mes nerfs comme elle était en train de le faire. Et d’où elle me parlait de petit ami ?! Je grondai furieusement en approchant d’un pas.

- Bon écoute moi Cheveux Bleus. Tu vas vite te barrer d’ici avant que je m’énerve sinon… PUTAIN !

Je tentai de poursuivre ma proie, bien trop vite arrêtée par la petite imbécile qui se dressait au beau milieu du passage. Les yeux rougeoyants je grondai de colère. Voilà pourquoi je détestai les nanas en général. Et surtout les nanas qui voulaient jouer les héroïnes en sauvant la veuve et l’orphelin. Elles pensaient bien faire et foutaient les autres dans la merde avec leur façon de penser à la vient que je te sauve. Et puis merde ! C’était quoi ce raccourci ? Parce que j’démontait un mec c’était forcément mon petit ami et il m’avait forcément trompé ? Et pourquoi moi je ne l’aurais pas trompé ?
Je ricanai doucement à sa menace. Bah tient. Après la Fédération, v’la qu’on me menaçait avec les flics. Ça allait devenir une habitude. Une main sur la hanche, je toisais la vampire avec un léger sourire affiché au visage.

- Et tu vas leur dire quoi ? Répondis-je en ricanant. « Allo, je suis attaq… » Oups trop tard je suis morte. Je réfléchis quelques instants. D’ailleurs je ne suis même pas sûre de te laisser dire autre chose qu’Allo.

Je sortis une dague de sous ma veste pour la faire tournoyer dans ma main sans quitter la femme du regard. Elle venait de me priver de mon petit jeu, de ma mission. Et j’espérai sincèrement que cela ne m’apporte pas plus de problèmes que j’en avais déjà... Enfin… Que je risquais d’avoir.

- Du coup, je t’informe quand même que tu viens de laisser partir un enfoiré qui voulait livrer des vampires innocents à la Fédération. Bravo. Non franchement, bravo. Tu t’es bien foirée de personne à défendre là !

Bon, je devais avouer que c’était un peu du foutage de gueule que de dire que les Assoiffés étaient innocents. Bien au contraire, nous étions les plus coupables de la ville. Mais ça… Elle n’en savait rien, et j’aimais voir la culpabilité sur le regard des abrutis dans son genre qui se pensaient mieux que tout le monde.

Je grondai un coup. Non mais pour qui elle se prenait à juger les gens de la sorte sans plus de cérémonie. Bon. Ok. J’admettais que mon comportement actuel ne donnait certainement pas envie de chercher plus loin. Je l’attaquai, après avoir essayé de tuer un autre vampire, et j’accusai le second de traîtrise à son espèce. Autant dire que la personne la plus traître actuellement n’était pas celle que je désignais à ses yeux. Et c’était compréhensible. Sauf que je n’avais ni envie de comprendre ni envie d’être patiente. J’avais perdu ma cible de mission, la seule chose qui, au cas où Aedan apprenait ce que j’avais fait avec sa femme, aurait pu potentiellement me sauver de ses représailles. Et elle venait tout bonnement de m’en priver.

- J’en suis certainement pas à mon coup d’essai en ce qui concerne les traîtres à l’espèce. Sifflai-je en faisant un pas en avant. Et visiblement, le défendant, tu en es un aussi. Croisant les bras, je m’arrêtai alors, dague en main et yeux fixés sur la femme qui me faisait face. Si je comprends bien ton raisonnement, tu dénonces ceux qui veulent protéger notre race. J’applaudis exagérément. Bien ! J’aime cette façon de penser !

Ironie, évidemment. Je m’agaçai, très certainement. La partie de chasse venait seulement de commencer et j’étais déjà en colère. Très en colère. Et cela n’indiquait rien qui vaille pour la suite. Je n’étais pas la plus douée pour prendre des décisions sur le tas, en premier lieu, mais lorsqu’il s’agissait de réfléchir en temps de stress, cela devenait alors presque mission impossible. Une tare que tous les membres de ma famille me connaissaient. J’avais d’ailleurs dû mettre bon nombre d’entre eux dans la panade avec mon impulsivité latente, au moins une fois depuis qu’ils me connaissaient tout du moins. Au moins, cette fois, étais-je seule. Je ne me ferais que me mettre en danger. C’était déjà cela de pris.
L’écoutant attentivement, je fronçai les sourcils. Voilà maintenant qu’elle changeait de bord en me proposant tout bonnement de partir à la recherche de l’autre abruti de fuyard. Les gens pouvaient donc pas choisir un camp et y rester ? Vraiment ? Soupirant, je rangeais néanmoins la dague en m’approchant d’elle calmement. Tant qu’à partir à sa rechercher autant le faire maintenant avant qu’il ne puisse fuir de la ville même et en compagnie de quelqu’un. Nous irions bien plus vite à deux que seule. Et je n’aurais qu’à m’en débarrasser une fois la mission terminée.

- Bouge toi alors. Grondais-je. Il est parti par là, on a pas le temps de discuter si on veut le rattraper. Quant aux bonnes raisons. Je vais t’en donner une seule. J’ai une famille. Nous sommes tous des vampires et nous sommes toujours là les uns pour les autres. Et cet homme veut tous nous dénoncer car il paraît que les groupes de vampires sont plus dangereux que les vampires seuls et qu’il faut donc les séparer.

Ce n’était pas un mensonge. Seulement des omissions. Je taisais la plupart des choses concernant ma famille : les meurtres, l’esclavagisme, la chasse, les tortures. Tout ce qui faisait que nous nous amusions autant, à vrai dire. Pour autant, je doutais que cela arrive à convaincre les cheveux bleus à me suivre pour attraper le traître.

- Si ça te suffit pas, dis toi que vu comment il est, il serait capable de te dénoncer toi aussi pour je sais quelle raison. Il en a déjà dénoncé trois, dont deux végétariens.

Là, c’était un mensonge. Mais je n’avais pas de temps à perdre, autant la convaincre dès maintenant. Au pire, je lui dirais la vérité juste avant de la tuer. Bonne idée même, cela serait amusant de voir la tronche qu’elle pourrait tirer.

- J’aurais évité de te menacer si tu n’avais pas été assez idiote pour te mettre en plein milieu de mon chemin, je te ferais remarquer.

Au moins me suivit-elle sans poser d’autres questions. Non pas que ça allait me déranger de mentir encore mais je savais pertinemment que plus je m’enfonçais dans un mensonge plus le risque de me faire avoir était grand. Pire, plus je parlais, plus l’autre abruti, la cible de ma mission j’entendais, risquer de fuir à l’autre bout de la ville sans qu’il me soit alors possible de le rattraper.
La gaucherie du vampire eut alors du bon. Me retenant de rire en le voyant tomber de manière si cocasse, je me stoppai à quelques pas, observant son regard incrédule et affolé. Tu m’étonnes qu’il n’y comprît rien, la nana à mes côtés semblait être du type à changer d’avis comme de chemises. Quoique j’avais tout de même été particulièrement convaincante alors je n’allais pas non plus lui jeter la pierre après tout. J’esquissai même un sourire à sa remarque. Qu’elle était mignonne. Lui par contre, j’arquai un sourcil. J’étais leur ennemie ? Mmh. Oui. Sûrement. Très sûrement, même. Je me pinçai alors l’arrête du nez, une main sur ma hanche alors que je sentais le regard de la vampire se poser sur moi. Elle allait encore retourner sa veste celle-là ou quoi ?

- Et tu vas me dire que tu vas croire un enfoiré qui ferais tout pour sauver sa peau auprès de la Fédération ? Je ricanai un coup. Laisse-moi rire. Ça serait la meilleure. Sans même observer la jeune femme, je secouai la tête en m’approchant de l’homme resté à terre. Quant à toi. Tu sais que c’est mal de s’en prendre à des gens sans défense, non ?

Sans défense n’était peut-être pas le terme que j’aurais dû employer. Des défenses, nous en avions beaucoup, énormément même, ne serait-ce que nos crocs et notre amour de la violence. Mais il s’en prenait à nous avec des armes contre lesquelles nous ne pouvions rien : la Fédération. Ils étaient trop nombreux, trop « publiques » pour que nous puissions nous en prendre à elle sans risquer de nous faire exterminer un par un. De fait, nous étions aussi, pour ainsi dire, sans défense. Ce n’était qu’une façon de voir les choses.
Rapidement, j’attrapai le col de sa chemise pour le hisser vers moi.

- Je vais mentir à personne ici, je suis pas vraiment du genre à défendre la veuve et l’opprimé. T’en serais resté à dénoncer des végans là, j’aurais rien dit, pas mon problème
- Mais j’ai…
- Mais si tu t’en prends à ma famille, le coupai-je soudainement. Là je risque de mal le prendre.
- Je vous en supplie…
- Et les mecs que t’as vendu ils t’ont supplié ?
- J’ai jamais…

Crack.

La tête d’un côté, le corps de l’autre, j’observai le macchabée que je venais de créer. Au moins, j’avais accompli la mission, Aedan serait sûrement heureux de le savoir lorsque je rentrerais, mais avant de rentrer… Les mains pleines du sang du vampire mort, je me retournai vers la nana qui m’avait suivi.

- Bon. On fait quoi maintenant ?

La question était tout à fait posée. M’avait-elle cru ? Allait-elle m’attaquer pour tenter de me tuer puisque je venais de tuer un autre qu’elle pensait innocent ? Allait-elle fuir ? Le risque était qu’elle connaissait mon visage, mieux valait, alors que je la fasse taire, par tous les moyens possibles si elle en venait à la décision de fuir.

J’arquai un sourcil en observant la vampire. Bon. Ce n’était visiblement pas elle qui allait me causer des soucis, en témoignait sa réactions alors que je venais simplement d’arracher la tête de cet abruti. Elle semblait même dégoûtée. Pour une vampire, elle me sembla bien trop sensible.

- Allons. Soufflai-je. Ce n’est que du sang, tu devrais avoir l’habitude.

Je soufflai à sa réponse. Au moins, cela dit, pensait-elle à se débarrasser du corps. Elle n’était donc pas dénuée de bon sens. Ou du moins pas totalement. Et au moins faisait-elle l’effort de m’aider à cela, en témoignait la corde qu’elle retira ainsi que la caisse bien rapidement quoique difficilement installée à côté de moi. Esquissant un sourire, j’ouvris cette dernière.

- C’est quoi ton nom ? M’enquis-je alors que je lançai la tête droit dans la boîte. Et qu’est-ce que tu faisais ici à cette heure ? On t’a jamais dit de pas aller dans les endroits craignos comme ici ?

J’observai rapidement le corps inerte. Bien. Il allait falloir que je me salisse. Impossible d’éviter le sang qui avait jailli de son corps d’ailleurs… Je baissai ms yeux vers ma tenue. Hé bien. C’était du joli. Je n’avais plus de quoi craindre le sang. Je n’avais pas vu celui qui m’avait déjà marqué. Soupirant, j’hissai le corps de l’homme sur mes épaules pour le balancer, comme sa tête, à l’intérieur de la caisse dans un grondement. Et tout aussi rapidement, je refermai le caisson en levant la tête vers la vampire.

- T’arriverais pas à mettre son cadavre en boîte mais tu peux peut-être m’aider à le mettre à l’eau. Soufflai-je. J’y arriverais pas seule, disons que t’as pas pris la caisse la plus légère. La prochaine fois tu en cherches une autre hein. Y en a des moins lourdes qui coulent tout autant.

Lui adressant un clin d’œil des plus amusés, je l’attendis pour mettre la caisse à l’eau avant de souffler et m’étirer. Voilà une bonne chose de faite. Il n’y avait qu’à espérer que je ne me fus pas trompée de cible. Le contraire risquant d’agacer plus fortement Aedan, je n’avais plus qu’à croiser les doigts. Mais avant de rentrer… Dégageant mon sac de mes épaules, j’ôtai mon t-shirt pour en mettre un nouveau, rapidement suivi de mon jean. Impossible de me trimballer de la sorte dans les rues emplies de chasseur. Un meurtre dans la soirée, cela me suffisait. Non pas qu’un méchoui de chasseur ne me ferait pas plaisir, mais je n’avais pas envie de risquer davantage ce soir. Nous n’aurions qu’à voir un autre jour plus propice au défoulement de violence.

- En tout cas t’as tous les remerciements de ma famille. Ricanai-je. Ils seront ravis de savoir que tu nous as aidé à ne pas être dénoncés.

- Enchantée, alors, Grenat. Mentis-je en ricanant du fait de son ton particulièrement sec. Manque de pot je suis pas des masses fana de donner mon nom comme ça, surtout pendant ce genre d’événement. Tu vois l’esprit de sécurité tout ça quoi.

Et surtout je préférais que rien ne la relie à moi, si ce n’est, visiblement, cet acte qu’elle trouvait tout à fait horrible, infâme même. Enfin. Je ferais partie de ses cauchemars, ce n’était ni une nouveauté, ni un malheur pour moi. Je m’en foutais même. Complètement. Elle pourrait m’admirer que ça serait pareil. Quoique… Dans ce cas peut être l’aurais-je ramené à Aedan, parce qu’elle était tout de même particulièrement efficace pour dissimuler les corps. Enfin. Elle était choquée, une mauvaise recrue, donc, inutile de penser à des si. Cela ne ferait que me retarder.

- On sait jamais ce que l’avenir nous réserve, ricanai-je en observant la caisse couler.

Voilà une bonne chose de faite, Aedan serait content de ça. Tant mieux. Il serait peut-être moins sur les nerfs. Mais alors que je me changeais pour ne pas attirer l’attention sur moi, j’entendis un nouveau bruit d’eau. Arquant un sourcil, je relevai la tête avant de prendre un air… Dépité. Oui c’est ça. J’étais complètement dépité par ce que je voyais.

- Tu sais. Soufflai-je, aujourd’hui il y a des trucs qui s’appellent détergent ou vinaigre. Ça enlève bien les tâches. Tu devrais essayer la prochaine fois.

Oui, j’insistai un peu, parce que ça me faisait rire de la voir aussi mal à l’aise en cet instant. Non réellement, son comportement était plus que risible pour quelqu’un comme moi. Elle n’agissait pas comme une prédatrice, comme tout bon vampire se respectant, mais comme un pauvre petit écureuil venant sans défense. Voilà. C’était un écureuil aux cheveux bleus. Mignon, mais inutile, sauf pour courir après un gland, comme ce lui qu’on venait de foutre à l’eau.
J’esquissai un sourire. Une famille de mafieux, ben tient. J’imaginais bien Aedan dans son fauteuil, en costard cravate, un cigare au bec et son whisky sur le bureau avec une nana en tenue des années 50, super moulante, assise sur le meuble. Ça serait assez classe, je devais avouer. Je ricanai néanmoins quelque peu.

- Oh allez. Comme si t’allais en mourir de savoir qui nous sommes. Enfin. T’as de la chance, je suis pas franchement bavarde non plus là-dessus.

J’arquai néanmoins un sourcil. Elle venait de parler de Londres là, j’avais pas rêvé ? Rangeant mes dernières affaires, je me relevai pour lui faire face.

- Tu viens de Londres ? M’enquis-je simplement. C’était plus simple là-bas je trouve.

Ou comment dire qu’elle n’était pas la seule. Au moins, ça nous ferait un sujet le temps de retourner à l’entrée du port d’où nous étions parties.

Je ricanai. Effectivement, des gens mourraient pour moins que ça. J’en tuais à la pelle quand j’avais seulement soif alors je ne pouvais que confirmer ses dires. Pour autant, je me gardai bien ce genre de réflexion, pour peu qu’elle décide de faire ma description à la Fédération, autant pas m’attirer plus d’ennuis que ce que j’avais déjà au Manoir.
Arquant un sourcil je levai la tête vers le ciel.

- T’es Américaine et tu rechigne à buter ? Je croyais que le port d’arme vous rendait tous plus sanguinaire, visiblement non. Je suis déçue. Ricanant je soufflai néanmoins. J’appelle pas ça être radical. J’appelle ça être con et butté. Comme si ça allait servir à quelque chose de nous pucer. C’est pas à cause d’un implant qu’on va arrêter de bouffer, faut pas déconner non plus. Après, si ça les amuse. Autant qu’on s’amuse nous aussi en les faisant tourner en bourrique, tu trouves pas ?

Je baissai de nouveau ma tête vers elle, arborant un sourire malsain. A vrai dire, si je pouvais buter un ou deux de la fédération, ça m’arrangeait bien. Un petit surplus, un cadeau, pour ainsi dire.

- Par contre tuer et s’en sortir, qu’on soit dans un pays ou dans un autre, suffit de pas jeter toutes ses fringues à l’eau dès qu’on a un problème. Si on trouve le corps et que tes chaussures sont pas loin, j’paye pas cher de ton casier judiciaire. T’as une bonne planque j’espère ?

Mon sourire se transforma en un rictus moqueur. A vrai dire, les chances que cela arrive étaient assez faibles. Les chaussures dériveraient et personne n’irait sonder le fond du Mississippi avant un bon bout de temps, s’ils le faisaient un jour d’ailleurs. Elle s’en sortirait donc facilement. Enfin j’espère pour elle qu’elle faisait pas ça à chaque fois. Outre le fait de racheter des chaussures, ça puait niveau discrétion. Autant même laisser sa signature sur les lieux.
J’esquissai néanmoins un sourire à sa réflexion.

- Prendre les armes hein ? Je croyais que vous en aviez déjà tous ici. J’haussai néanmoins les épaules. Ça sera pas compliqué. On fera comme d’hab’, on bute ceux qui se mettent sur notre chemin. Comme tu as pu le voir ce soir. Après si t’as envie d’une autre petite séance de mise à l’eau hésite pas à m’appeler hein !

Ricanant de nouveau, je m’avançais alors qu’elle se stoppait. Elle pouvait bien rester là si ça lui chantait, moi, j’allais faire quelques détours avant de rentrer au manoir, histoire de pas être suivie. Voire même j’allais dormir à l’hôtel. Oh je savais pas encore, je déciderais bien sur le chemin du retour. Puis pour la note, j’aurais qu’à l’envoyer à Aedan. Il comprendrait. Parce que j’allais pas franchement avoir les moyens immédiats de me payer une chambre d’hôtel.

- Fais de beaux rêves !

Lançai-je pour derniers mots des plus sarcastiques alors que je m’élançais droit devant.