Une visite productive

Vendredi 15h00.
J’avais rendez-vous à la Fédération dans une demi-heure. Il m’en fallait quinze pour y aller. Parfait. Assis derrière mon bureau je grondai un coup. Nous avions perdu encore deux membres. Douglas et Cheryl. Deux membres actifs. Tués par des lycans. Ces monstres. Les dossiers de la morgue se trouvaient ainsi sur mon bureau et j’observai les deux photos avec une rage plus que visible. Nous allions venger leur vie, c’était un fait. J’avais d’ailleurs déjà fait faire leur portrait-robot par les deux survivants de l’attaque.
Deux femmes. Une rousse et une autre aux cheveux blancs. Elles agissaient en meute et n’hésitaient pas à tuer. Voilà qui me suffisait. A vrai dire… Rien que de les savoir louve m’aurait largement suffi à mettre en place une chasse au loup. J’haïssais ces créatures, sûrement bien plus que n’importe qui.

- Jesse ? T’as eu le dernier rapport ? Une tête passa à travers l’encadrement de la porte restée ouverte.
- Si je ne l’avais pas eu, crois-tu que je serais tranquillement installé à ce bureau ? Dis-je sans même lever la tête de mon bureau.
- Non, mais je voulais surtout savoir si tu l’avais lu.
- Oui.
- Et ?

Je levai enfin la tête. Pensait-il réellement que son rapport sur les nouvelles lois allait m’intéresser davantage que le meurtre de sang froid de deux de nos membres ? Fronçant les sourcils, je m’installai au fond de mon siège en l’observant silencieusement.

- Tu…
- Où étais-tu ce matin ?

Le chasseur m’observa, légèrement interdit. Je connaissais la réponse. Nous avions enterré nos deux compagnons le matin même et tous les chasseurs, ou presque, s’y étaient retrouvés. De fait, il s’agissait là d’une question tout à fait rhétorique. Sous son silence, je fronçai d’autant les sourcils.

- Ai-je besoin de t’expliquer les priorités ?

Il secoua la tête.

- Excuse-moi.

Je l’observai quitter les lieux sans un mot. Bien. La Fédération n’était pas ma priorité. Elle ne l’était, pour ainsi dire, presque jamais. Ces bureaucrates en blouse blanche ne m’inspiraient que trop peu confiance. Ils n’étaient là que pour pondre des lois et des systèmes qu’ils ne poussaient jamais au bout, comme la puce. Enfin. Je jetai un coup d’œil à ma montre. J’allais visiblement voir quelques nouveautés quant à celle-ci aujourd’hui et il était d’ailleurs temps d’y aller. Soupirant, je rangeai chacun des dossiers pour quitter les lieux, non sans fermer le bureau à clé. Simple question de sécurité.
Le trajet dura comme prévu un quart d’heure et c’est donc à la minute près, comme à mon habitude, que je passai les portes de la Fédération. J’arquai un sourcil à mon prénom. Au moins étais-je attendu.

- Je ne suis jamais en retard. Répondis-je de la façon la plus neutre possible. Enchanté, Miss Owens.

Enchanté. Je ne l’étais pas vraiment. Je n’étais après tout là que pour prouver les liens existants entre Fédération et Chasseurs. Après tout étaient-ils ceux qui nous subventionnaient en très grande majorité. Quelques instants, je l’observais. Elle avait tout de la scientifique type. Blouse blanche, froide et éloignée. Je ne pris d’ailleurs même pas la main de lui tendre la main, c’était inutile, préférant la suivre sans un autre mot.
Il était une chose certaine, ce laboratoire était plus que rangé et propre. L’on aurait difficilement pu faire plus blanc. Au moins cela semblait-il plus sérieux qu’un endroit désordonné comme j’avais pu déjà voir.
Attrapant le lecteur de puce, je l’observai sous toutes les coutures. Un lecteur plus rapide. Pourquoi pas. Nous avions déjà eu à gérer quelques créatures récalcitrantes à se faire lire la puce. Voire des créatures déjà hors de contrôle. Quoique nous préférions généralement abattre ces dernières avant de lire leur puce. Mais pourquoi pas. J’avais néanmoins arqué un sourcil à sa voix. Hé bien. Au moins n’était-elle pas ici pour rien.

- Ces bestioles ne se débattent pas longtemps avec nous. Soufflai-je en reposant la machine. Il sera évidemment tester sur le terrain avec rapport à l’appui. Comme à chaque fois. Avez-vous néanmoins réglé le souci d’ergonomie ? Nous vous avions indiqué que la poignée ne permettait pas un rangement optimal. L’un de nos agents avait faillit se faire mordre pour ne pas avoir rangé le lecteur assez vite.

Doucement, je vins appuyer mon dos contre la paillasse, observant agacé toute la paperasse qui s’accumulait près de la machine.

- Je suppose que nous allons encore devoir signer une tonne de documents inutiles pour plaire à vos supérieurs. Je grondai légèrement. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que je viens ici et je ne vous ai jamais vu. Stanford n’était pas disponible ? C’est avec lui que je traite habituellement.

Que je traite et que j’obtiens quelques informations plus intéressantes qu’un simple nouveau lecteur, il allait sans dire. Mais mieux valait taire cela.

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J’hochai purement et simplement la tête. Nous étions visiblement d’accord. Parfait. Si la tâche m’emmerdait réellement, je n’avais, au moins, pas à faire à une adoratrice des créatures qui ne désirait que les sauver d’elles-mêmes. Cela m’arrangeait. Pas besoin de prendre de gant, d’ailleurs je n’en prenais que rarement, et pas besoin de ronger mon frein. Tuer une membre de la Fédération… Je n’étais pas réellement persuadé que cela plaise à tout le monde. D’autant que j’avais bien autre chose à faire que de m’emmerder avec des paperasses supplémentaires pour cause de meurtre.
Attentivement, je l’écoutai. Ça me faisait chier et sûrement cela devait-il se voir à mon visage plus que fermé. Pour autant, je me devais de retenir chaque information pour les retransmettre par la suite. Lentement, j’hochai de nouveau la tête.

- Un holster sera déjà bien. Confirmai-je. Un ou deux mètres serait effectivement beaucoup plus pratique et moins risqué pour nos agents de terrain. Nous avons déjà trop de morts pour en risquer d’autres.

J’esquissai un sourire amusé alors qu’elle reprenait sur son collègue. Eh bien. Voilà un manque certain de solidarité entre collègues. Amusant. Du moins. Divertissant. J’aurais presque voulu être là pour les voir se tirer dans les pattes. C’était bien là une chose qui m’amusait. Enfin. Je n’avais pas que cela à faire, et je me contentais d’observer la pile de document qui fut poussée vers moi. Mmh. Et ça, ce que je ne supportais pas. Ces bureaucrates… Tout pour emmerder le monde, rien pour l’aider. Grimaçant légèrement, je rangeais lesdits documents dans ma sacoche.

- Votre travail consistant à répondre à mes questions, il se pourrait peut-être que j’en vienne à vous téléphoner pour de plus amples informations.

Esquissant un sourire narquois, je fermais mon sac pour me redresser. Je ne l’appellerais pas. Il allait sans dire. Pour rien au monde je ne téléphonerais à ces bras cassés de la Fédération, seulement bon à s’enfermer dans des bureaux et des laboratoires plutôt qu’être sur le terrain. Bien sûr avions nous besoin d’eux, ne serait-ce que pour ce genre d’innovation. Pour autant, je continuais de croire qu’une séance sur le terrain en remettrait un bon nombre dans des innovations bien plus concrètes que beaucoup d’entre elles sans que nous n’ayons besoin de les informer de problèmes somme toute logiques, à notre sens. D’ailleurs… Je peinais à croire que beaucoup d’entre eux puissent supporter une formation terrain. La plupart risquant de se faire dessus à la moindre incartade.
La suite de son petit discours me fit néanmoins arquer un sourcil. Plus de sécurité ? Voilà qui m’intéressait bien plus que le tas de papier que je devais emporter avec moi.

- Mmh. Avec plaisir. Soufflai-je. Je ne suis jamais contre un accroissement de la vigilance publique et des arrestations de créature.

Esquissant un sourire plus attentif, j’observai néanmoins autour de moi.

- Je pensais que vos innovations ne m’étaient présentées que lorsqu’elles étaient au point. Du moins était-ce ce que l’un de vos supérieurs m’avait dit lors de ma prise de poste à la Chasse. La politique aurait-elle changée ? Dans ce cas… Je fronçai doucement les sourcils. Le mieux serait que vous en informiez vos collaborateurs. Cependant… je ne suis pas contre ce changement, cela me permettra de mieux préparer les équipes.

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- Il serait temps. Effectivement. Lançai-je en fixant du regard ce petit bout de femme qui semblait particulièrement décidée à aller au bout de cette idée.

Cela n’était pas pour me déplaire, bien au contraire, d’ailleurs. Je n’aimais pas me perdre en tergiversation et en paroles inutiles. Un paradoxe, pour un professeur de philosophie. Mais j’estimais que la philosophie, justement, ne devait pas être que paroles vaines. Non. La philosophie devait se vivre, s’apprécier dans le monde réel. Ne faire qu’en parler se comparerait à ne faire qu’observer son plat plutôt que de le manger.
J’esquissai alors un sourire à sa remarque. Oh. Avais-je trouvé un point sensible sur la bureaucratie ? Je ne pus m’empêcher de lâcher un léger rire amusé, secouant légèrement la tête avant de reprendre sur le même ton qu’elle, à peu de chose près.

- Rassurez-vous, je ferais en sorte de vous emporter avec moi dans la tombe de l’ennui, dans ce cas. Il se pourrait, à vrai dire, que la bureaucratie nous ait affligé d’un nouveau document qui m’est encore inconnu et qui nécessitera donc les lumières de la Fédération.

A nouveau, il allait sans dire que jamais je ne l’appellerais pour quelconque demande. J’avais, à vrai dire, moi aussi autre chose à faire que de jouer à cela. Mais puisque j’étais sur place, autant ne pas me laisser démonter ou avoir par elle. Et elle reprit alors la parole. Attentivement, bien plus même que jusque lors, je l’écoutais. Au moins était-elle claire dans ses désirs. Anéantir les créatures. Et je devais avouer que cela me plaisait. Voilà un point sur lequel nous pourrions facilement nous entendre, quoique j’ai une préférence pour la chasse au loup avant tout.
Sa faveur était donc cela. Lui fournir des cobayes. Un instant, je me mis à réfléchir. Le fait est qu’accepter cela ne me posait pas de problèmes. Mais, car il y avait toujours un mais, cela signifiait changer bien des habitudes prises depuis des années par les Chasseurs. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire amusé. Ne me décevez pas. Ce n’était pas mon problème de la décevoir ou de lui faire plaisir, à vrai dire. Seul le but m’importait.

- Vous faites bien fort dans le chantage. Répondis-je calmement en croisant les bras. Mais voyez-vous, vous me demandé là de changer la façon de penser de bien des chasseurs. Je ricanai un coup. Habituellement notre devise est facile : Tuer ou être tué. Nous ne laissons que peu de créatures en vie, préférant nous en débarrasser. Seuls quelques chanceux ont le pouvoir de visiter nos petites cages. Et aucun n’en ressort jamais vivant.

Je laissai un temps de silence, réfléchissant à tout cela. Bien de mes hommes seraient frustrés de ne pouvoir mettre un terme à la vie de certaines créatures. Il me faudrait le leur expliquer, les convaincre du bienfondé de cette idée, car après tout, qu’est-ce que cela pouvait bien nous apporter ? A nous, Chasseurs ? Les exterminer n’était-il pas le plus simple ?

- Je n’ai que deux conditions. Repris-je enfin. Je veux savoir sur quoi portent vos expériences ainsi que les résultats de ces dernières. Par ailleurs, je souhaite voir certains projets être mis en première ligne dans vos laboratoires. Des projets dont je pourrais vous parler plus tard si cela vous convient.

Je m’éloignai de la paillasse pour faire un pas vers elle, la main tendue et le regard plus que sérieux. Il était évident que j’allais accepter cela. Si cela me permettait des avant-goûts, comme des petits teasers de la future Amérique que nous étions en train de construire, dénuée de créatures.

- Alors. Dis-je dans un léger sourire. Montrez-moi ce projet en cours.

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Juste un ou deux. Oui. Cela pouvait être possible. De toutes les manières, le sort de chaque résident en cage n’était tenu qu’à une seule et même personne : moi. Quoique je dévouais bien des tâches à mes responsables de secteur. Je n’aurais donc qu’à leur donner de nouvelles directives, cela était aussi simple à dire qu’à faire.
Et l’accord fut conclus. J’esquissai un léger sourire. J’espérais effectivement que ses projets soient à la hauteur du « mal » que j’allais devoir me donner pour satisfaire ses petites exigences de scientifique. Le contraire aurait bien trop rapidement rendu ce « contrat » caduque. Mais ne jugeons pas. Je me devais d’abord de vérifier cela et la suivis donc rapidement, désireux de savoir ce que la Fédération pouvait bien développer en rapport à ces monstres.

- C’est à l’absence de pause-café que nous reconnaissons les meilleurs éléments. Soulignai-je, légèrement moqueur. Au vu de l’absence d’âme qui vive ici, je suppose que c’est à cela que nous devons le manque de réactivité de vos laboratoires. A cela et à la bureaucratie. Il va sans dire.

Je m’arrêtai néanmoins devant l’arche installée, arquant un sourcil pour l’observer attentivement. Un portail électronique lecteur de puce pour les différentes boutiques. Bien. Très bien. J’hochai doucement la tête. Il allait sans dire que ce genre de projet était tout à fait ce que j’attendais de la Fédération. Un projet à destination de la population et de sa sécurité. Un tout, à vrai dire, que nous attendions depuis longtemps.

- Parfait… Soufflai-je en tournant autour de la machine. Ce dispositif sera-t-il gratuit pour les commerçants ? Je suppose que son installation à un coût assez important mais le gouvernement accepte-t-il de le prendre à charge. Je m’arrêtai enfin pour faire face à la scientifique. Car si cette machine est effectivement des plus intéressantes, le coût pourrait être bien trop élevé pour de simples commerçants.

Je tournai la tête vers le portail. Et il manquait quelque chose pour le rendre parfait… Quelque chose qui rendrait cette barrière invisible imperméable à toutes les créatures. Plissant les yeux, j’en vins à croiser mes bras sur mon torse en soufflant. Quelque chose d’important… Une idée… Mmh.

- Serait-il possible d’y adjoindre un détecteur de température et de rythme cardiaque ? Demandai-je enfin sans quitter la machine des yeux. Je veux dire. Cette machine est une très belle avancée et je vous en félicite. Néanmoins. Si les monstres pucés sont une cible, notre priorité reste les réfractaires à cette technologie. De fait, il nous faudrait pouvoir les isoler de la population humaine.

L’idée était, à vrai dire, très simple. Nous savions que les créatures avaient, au choix, une température et, ou, un rythme cardiaque différent des simples humains. Connaître ces informations permettrait de mieux les remarquer au travers des foules humaines. Bien sûr, le risque était de prendre un humain malade pour un lycan ou un succube, par exemple, du fait de la température élevée, mais peut être y aurait-il alors un moyen de palier à cela. Peut-être… Enfin. Je n’étais pas scientifique, ce n’était donc pas à moi de réfléchir à cela. Moi ? J’étais uniquement là pour donner des idées d’amélioration et désormais de projets pour contrer ces bestioles infâmes.

- Pour quand cette machine pourra-t-elle être prête ? Je veux dire par là, bien sûr, installée dans tous les commerces demandeurs et opérationnelle. Une autre question tout aussi intéressante, je suppose donc qu’il nous faudra installer une ligne spéciale pour ces cas. Quand aurons-nous les modalités quant à cette création ? Il nous faut le temps de le faire le nécessaire pour rendre cela effectif le plus rapidement possible.

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J’esquissai un sourire amusé alors que la scientifique me répondait, hochant simplement la tête en retenant un soupir.

- La "flemme" n’est que très peu permise dans nos rangs. Soufflai-je alors. Il faut dire que les fainéants sont généralement et à juste titre les premiers à se faire tuer par les monstres. Mieux vaut, ainsi, ne pas l’être.

J’hochai de nouveau la tête. C’est bien ce qu’il m’avait semblé, la Fédération et le gouvernement en général devait gagner de l’argent pour fonctionner, mais le faire sur le dos des pauvres gens… Je fronçai les sourcils. Non. C’était hors de question. Et je n’allais certainement pas laisser faire une telle chose. Je n’appréciais pas la politique, la psychologie des politiciens me faisait vomir, leur comportement m’exécrait et leurs faux-semblants bien plus encore. Mais s’il fallait cela pour protéger les humains, je n’hésiterais pas à faire valoir ma place de leader des Chasseurs pour cela. Après tout, il fallait bien que celle-ci serve de la sorte un jour ou l’autre. D’autant que la jeune femme qui me faisait face ne semblait pas tout à fait apte ou désireuse de se lancer dans une telle bataille. Mmh. Pauvre femme. Elle n’avait donc rien compris. Pour se débarrasser des monstres mieux valait avoir plusieurs cordes à son arc. Au moins, cela dit, faisait-elle son travail de manière efficace. C’était toujours cela de gagné.
J’esquissai d’ailleurs un sourire amusé à sa remarque. Compliment ou non, je ne savais pas réellement, et je m’en moquais bien, mais j’allais malgré tout y répondre de manière tout à fait narquoise.

- Rassurez-vous, nous ne sommes pas tous des brutes sans cervelles. M’amusai-je ouvertement.

Je fus néanmoins plus que ravi de savoir que leur préoccupation allait tout autant vers les créatures non pucées car c’était effectivement là que se trouvait le fond du problème. Nous pouvions avoir un œil sur les créatures pucées, ces dernières, d’ailleurs, se tenaient le plus souvent tranquille, de peur, peut être des représailles, mais tranquille malgré tout. Les monstres les plus problématiques étaient ceux qui refusaient la puce. Les plus dangereux, les plus instables. C’était eux que nous devions arrêter le plus rapidement possible et plus qu’arrêter… Que nous devions éliminer.
J’hochai alors la tête en guise d’acceptation. Un mois ou deux. Cela irait vite. Parfait. C’était là ce que je désirais le plus : la rapidité d’exécution. Il était inutile voire risqué de perdre du temps. Les créatures gagnaient du terrain et je le savais, mieux valait, donc, les arrêter rapidement.

- Nous aurons le personnel nécessaire. Je suppose que la collaboration avec la Fédération s’en trouvera d’autant plus poussée. Nous ne pourrons faire tenir un standard téléphonique, malgré tout, vingt-quatre heure sur vingt-quatre. Enfin. Je suppose que je verrais cela avec vos supérieurs. Vous. Faites votre travail, c’est là tout ce qui m’importe. Je laissai quelques instants de silence. Et je dois avouer que je suis satisfait de ce que je peux voir. J’esquissai alors un sourire. Notre collaboration risque d’être particulièrement intéressante.

Je réfléchis alors quelques instants. Des questions… En avais-je encore… A vrai dire une seule…

- Pensez-vous qu’il soit aussi possible d’y ajouter une caméra ou un appareil photo. L’idée serait simple. Lorsque le commerçant appuierait sur le bouton d’alerte une photo et, ou une vidéo serait alors prise. En cas de fuite de la créature, nous aurions alors une image pour la retrouver et l’anéantir.

Je ne mâchais pas mes mots quant à ce qui attendaient les fuyard. Ceux-là n’auraient même pas la « chance » de rencontrer cette jeune femme. L’ordre était clair : tout fuyard devait être exterminé. Sans attente, sans avertissement. Juste. Exterminé.

Retourné dans son laboratoire, j’attrapai une carte de visite, l’une des rares que je portais sur moi. A vrai dire, j’avais pris l’habitude de n’en avoir qu’une ou deux maximum pour ne pas risquer d’en perdre sur mon chemin. Moins mon entourage était au courant de ma vie de chasseur, mieux je me portais, il allait sans dire.

- Serait-il possible de nous rencontrer un jour autour d’un verre lançai-je alors que je posai ma carte devant elle. Non que je veuille vous inviter à boire uniquement « un coup », mais cela nous permettrait de parler des quelques projets que j’avais à vous soumettre ainsi que de vos désirs en termes de créature. Des blonds, des bruns, ce que vous désirez, somme toute.

J’esquissai un sourire amusé en l’observant attentivement.

- Nous éviterions ainsi vos collègues et toute question déplacée quant à vos agissements. N’est-ce pas ? Un léger ricanement et j’attrapai mon portable pour noter ses coordonnées. Et ne vous inquiétez pas, je paierais la facture des boissons.