Il était tard, la lune brillait déjà dans le ciel assombri par de lourds nuages noirs que le vent peinait à chasser. L'ambiance paraissait électrique comme si un orage était proche.
Sortant de son travail qui s'était allongé plus que prévu, à cause de caisses à décharger et à vider, Kaia leva les yeux vers les nuages. Elle prit une grande inspiration alors qu'un sourire naissait sur son visage. Elle aimait tant cette odeur lourde de l'orage, ces moments d'attente où la pluie finirait bien par tomber pour laver cette ville et ses habitants. Et puis, lorsque l'orage arrivait, les humains rentraient chez eux, se calfeutraient...ce qui était bien plus agréable que les nuits bruyantes qu'ils offraient d'habitude.

Satisfaite, elle salua ses collègues avant de les quitter pour de bon. Elle se sentait en pleine forme malgré l'heure avancée. De toute façon, il était rare qu'elle puisse dormir la nuit, étant trop insomniaque pour ça. Pourtant, elle restait assez alerte grâce aux rares siestes ou nuits qu'elle arrivait à passer au fond de son lit. Même si les cernes habitaient son regard et ne la quittaient plus depuis des années maintenant.

Le vent commença à se lever, agitant ses cheveux, signe que l'orage ne serait pas tendre, loin de là. Kaia s'arrêta au milieu d'une rue, hésitant. Devait-elle retourner à l'usine, dans la sécurité du lieu de vie de sa meute ? Ou aller courir quelque part ? L'air était chargé d'électricité et la poussait à l'action.
Elle reprit sa marche mais au lieu de bifurquer vers sa maison, elle s'en éloigna, au contraire. Elle humait l'air régulièrement, affichant un air béat. Elle se sentait bien là, sous ces épais nuages, dans ce vent qui se faisait cinglant. Elle ne croisait que quelques rares humains qui se pressaient pour rentrer à l'abri.

La pluie finirait bien par faire son entrée mais pour l'instant, Kaia profitait de l'air sec, de l'orage prêt à exploser. Elle avançait, sans but précis, se promenant juste au gré de son envie. Ses pieds avançaient alors que sa cervelle tournait à plein régime. Elle réalisait qu'être en plein centre ville avait des avantages dans la lutte contre les chasseurs mais pour courir à leurs aises, chasser notamment à la pleine lune, ce n'était pas évident. Elle se disait qu'il faudrait un autre lieu à la meute, un endroit fait de joies et de chasses, de rassemblements pour mieux s'unir. Elle devait chercher un tel endroit, hors de la ville, entouré d'arbres, c'était l'idéal...Mais il fallait aussi de l'argent, c'était bien le soucis. Elle chercha à se remémorer ce qu'il restait dans la cagnotte...Mais n'y arrivait pas vraiment. Et puis, elle devait en parler à Ruby, elle ne pouvait pas se lancer dans un tel projet sans d'autres avis. Elle saisit son téléphone puis remarqua qu'il était beaucoup trop tard ou...trop tôt pour appeler quelqu'un qui n'avait pas de soucis de sommeil.
Elle soupira et rangea son portable dans sa poche, avant d'entendre comme un bruit de craquement. Elle fouilla les alentours, cherchant à savoir d'où venait ce bruit.

- Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

Ce n'était peut-être que son imagination après tout. Mais alors qu'elle était là, plantée au milieu d'une rue entièrement vide, fouettée par un vent de plus en plus violent qui faisait virevolter ses cheveux en tout sens de façon anarchique, elle avait l'impression d'avoir raté quelque chose. Avait-elle été trop plongée dans ses réflexions ? Elle fronça les sourcils, inspirant un maximum...Mais elle ne bougeait toujours pas, attendant de voir si quelqu'un se manifesterait ou si ce n'était que son imagination.

 

Chasse au loup

- Sérieusement Jesse, pourquoi tu nous accompagnes ? T’en as pas besoin, t’es déjà au sommet. Ricana l’un des chasseurs.

Vérifiant une dernière fois mon arme, je la plongeai dans mon holster avec un léger sourire amusé aux lèvres. Alors que j’enfilai mon cuir, avant d’attraper le fusil de chasse que j’avais reçu comme cadeau lors de mon accession au trône de la Chasse.

- Ce n’est pas parce qu’on est au sommet qu’on a plus le droit de s’amuser. Lui fis-je remarquer en ricanant. Ce soir, c’est chasse au loup. Je ricanai un coup. Enfin. Si vous trouvez quelque cadavre, hésitez pas à les catapulter une fois pour toute en enfer.
- Et on fait comment pour les reconnaître ? C’est la nuit, et en plus ces monstres prennent notre apparence. Alors…

Je sortis un petit dispositif de ma poche.

- On vous a, à tous, distribué cette petite chose. Il s’agit d’un thermomètre. Visez la personne voulue, elle vous donnera sa température.
- Et si c’est un humain malade ?
- Deux choix. Tirez et ce sera une victime collatérale, au risque d’avoir quelques ennuis par la suite. Ou prévenez, au risque de vous faire tuer. Vous choisissez votre clan, je n’ai pas à le faire pour vous. Des questions ?

Tous se turent. Parfait.

- Equipe A, vous quadrillerez Tremé. Equipe B, Garden District. Equipe C, avec moi, direction le Central Business District. On se retrouve tous ici à 7h00. D’ici là, faites attention et que tout le monde rentre en vie. A nous de tuer ces monstres. Faisant signe aux chef d’équipe, je leur intimai l’ordre de me suivre dans mon bureau avant tout départ. Consigne supplémentaire, soufflai-je. Si vous trouvez un vampire jeune, ramenez le ici.
- Mais…
- Exécution.  Ordonnai-je sèchement alors que le chasseur quittait les lieux.

Je n’avais certainement pas oublié le petit marché conclu avec cet agent de la Fédération. Elle cherchait visiblement un jeune vampire, alors jeune vampire elle aurait. C’était aussi facile que ça. Enfin. Nous étions tous prêts. J’observai un à un les hommes et les femmes de mon équipe. Armés, protégés et surtout motivés à tuer. Parfait.
Ainsi chaque équipe quitta le Riffle Center pour se rendre dans la zone de patrouille. Nous mîmes un quart d’heure pour nous rendre au centre du Buisiness District. A cette heure-là, ce quartier était particulièrement calme. Nul doute que nous croiserions que peu de monde. En un sens, tant mieux. Moins il y avait de monde, plus cela était facile pour attraper les créatures, mais dans un autre… Cela ne nous donnait que moins de possibilité de tuer du monstre. L’un dans l’autre…
Le nez levé au ciel je fronçai les sourcils. Mauvais jour pour la chasse, un orage se préparait. Enfin. Cela ne nous arrêterait certainement pas. Nous étions chasseurs pas pauvresse en quête d’un abri s’il se mettait à pleuvoir.
D’ailleurs, il ne nous fallut que peu de temps avant de croiser la première personne. Enfin croiser… Faisant signe à mes deux chasseur de se mettre à couvert, je sortis mon thermomètre pour viser la louve avant d’esquisser un sourire mauvais. Température élevée, visiblement bien loin d’être malade. Il y avait soixante dix pourcent de chance qu’il s’agisse là d’une sale chienne.

- Est-ce qu’il y a quelqu’un ?

Je retins fermement un ricanement, faisant signe à mes hommes de rester caché alors que je quittai ma propre cache pour m’avancer vers la potentielle louve, fusil de chasse en main.

- Votre nom, votre race et la raison pour laquelle une jeune femme se promène à cette heure si tardive en plein milieu de ce quartier ? Dis-je fortement afin d’être certain qu’elle entende mes dires. Et ne m’obligez pas à me répéter. Il est tard, je suis fatigué et je n’ai donc aucune patience pour ce genre de choses.

Le fusil braquée sur la jeune femme, je ne la quittai pas des yeux, mes hommes prêts à intervenir à la moindre incartade de sa part.

Codage par Libella sur Graphiorum

Alors que Kaia se promenait sous le ciel chargé, elle avait perçu un bruit étrange. Elle avait donc appelé, pour savoir si ce n'était que son imagination ou s'il y avait bien quelque chose...Mais après tout, ce n'était peut-être qu'un rat en quête de nourriture. Ce ne serait pas étonnant.
Elle s'apprêtait à reprendre as route lorsqu'un homme apparut subitement...arme en main ! Et pas du petit calibre. Elle haussa un sourcil, nullement effrayée. Plutôt...étonnée d'une telle apparition. Mais il prit rapidement la parole. Un chasseur ! Ça ne pouvait en être autrement ! La louve fronça les sourcils.

- Et qui me le réclame ? Un chasseur, n'est-ce pas ? Il n'y a que vous pour agir ainsi.

Elle le fixa droit dans les yeux avant d'écarter les bras.

- Allez-y, tirez. Ça ne me fera aucun effet et vous effrayerez tout les voisins.

Bon, la première partie n'était pas tout à fait vrai, elle aurait mal, très mal même s'il lui tirait dessus mais elle devrait survivre. Par contre, la deuxième partie était tout à fait vrai.

- Et puis, franchement, n'ai-je pas le droit de me promener ? Après une rude journée de travail ? Il faut croire que vous êtes très sévère...vous les humains.

Elle venait clairement d'avouer ne pas être humaine et de toute façon ne s'en cachait pas. Et dans tous les cas, elle n'avait pas peur, ni de ce type, ni de son arme. Il semblait tellement persuadé d'être dans son bon droit...les humains étaient tellement amusants !

- Je suis une louve, monsieur, et...

Elle huma l'air avant qu'un sourire n'apparaisse sur son visage.

- Vous n'êtes pas venu seul ? Auriez-vous peur du monstre que je suis ? Serez-vous les prochains cadavres sur ma longue liste ?

Elle ne put s'empêcher de rire. Elle était fière d'avoir déjà pu tuer quelques chasseurs, fière de ce qu'elle était et de ses agissements. Mais lui, il n'allait surement pas avoir le même avis.

- Vous semblez bien âgé pour ce poste, d'ailleurs. Si vous souhaitez mourir sur le terrain, je peux vous accorder ce souhait. Même si ce serait trop d'honneurs pour moi. Mais après tout, qui suis-je pour vous le refuser ?

Son regard brilla d'une étrange lueur alors qu'elle se jetait en arrière, donnant un violent coup de pieds dans la poubelle toute proche pour l'envoyer voler vers le type armé. Dans le même temps, des grognements s’élevèrent alors qu'une pluie de déchets suivait le vol de la poubelle. Des grognements digne d'une bête. Kaia se transformait. Mais ne restait pas pour autant à proximité. Elle bougeait sans cesse, changeant de cachette aussi rudimentaire les unes que les autres, envoyant régulièrement voler vers eux des poubelles ou tout ce qui lui tombait sous la main. Même ce pauvre rat qui couina durement son baptême de l'air.

Petit à petit, elle s'écartait des humains et rejoignait le bout de la ruelle d'où elle comptait bien s'enfuir à toute vitesse...et à toutes pattes, se sachant bien plus rapide sous sa forme lycane. Malgré ses provocations, elle n'était pas idiote, elle ne pouvait pas affronter un homme armé en face à face, encore moins s'il avait du soutien.

 

Chasse au loup

Au moins ne mit-elle pas longtemps pour répondre. Tant mieux, je n’avais que peu de temps à perdre.

- Bonne pioche. Ricanai-je. Au moins m’assures-tu que tu n’es pas humaine.

En joue sur la jeune femme, je plissai les yeux en l’écoutant. Effrayer les voisins ? A vrai dire je ne m’en souciais que peu. D’abord car nous n’étions pas dans un quartier résidentiel, il n’y aurait donc que peu de monde dérangeait par le bruit que nous allions occasionner. Ensuite, nous aurions pu réveiller la moitié de la population néo-orléanaise que cela ne m’aurait pas dérangé. Bien au contraire, notre victoire n’aurait été que plus agréable : un exemple pour les autres créatures, une preuve de leur sécurité pour les humains. Tout ce qu’il nous fallait.
Une louve alors. Parfait, n’étions-nous pas à la chasse au loup ce soir ? Elle tombait à point nommé. Je plissai néanmoins les yeux. Et provocatrice qui plus est. La petite peste. Un sourire, malgré tout, s’afficha sur mon visage.

- Peur ? Répondis-je. Pourquoi aurais-je peur de chiens comme toi ? Je ricanai un coup. Je vengerais donc tous les cadavres que tu as pu laisser derrière toi. Cela ne me donne qu’une raison de plus pour balancer ta carcasse parmi tous les autres de ton espèce. Et je pense que j’ai à mon actif bien plus de mort que tu n’en auras jamais parmi les miens.

Du moins l’espérais-je pour elle et ce pour deux raisons. La première parce que j’avais tant de mort à mon actif que je pouvais imaginer l’impact psychologique que cela pouvait avoir. Enfin. Pour elle. Non pour moi, puisque je ne faisais que tuer des monstres qui devaient, par toute logique, plus rejoindre les enfers que rester sur terre. Ensuite parce que je ne tolèrerais pas qu’elle ait pu faire plus de mort parmi les humains que moi parmi les créatures. Une autre question de logique, somme toute.
A sa remarque, je ne pu m’empêcher de rire. Bien âgé pour ce poste. Si au moins elle savait et d’ailleurs…

- Allons bon. Mon âge avancé devrait justement te dire qu’il ne vaut mieux pas tenter de se frotter à moi. Après tout suis-je resté en vie malgré tout ce temps.

J’eus à peine le temps de me mettre à l’abri que la poubelle s’écrasa à ma précédent position. Sale petite peste. Les grondements ne mentaient pas. Elle venait de se transformer, m’envoyant tous les déchets qu’elle pouvait. Une façon comme une autre de nous retarder alors que l’un de mes hommes avait pris la décision de prendre les rues adjacentes pour la contourner. Bien lui en prit, car il tira à ses pieds l’obligeant à faire demi-tour si elle ne voulait pas essuyer d’autres tirs.
Renvoyée vers moi, à l’autre bout de la ruelle, je ricanai un coup.

- Ne manque plus que le piège à loup et le spectacle serait complet. Lançai-je à tue-tête en la reprenant en joue
- Chef !

J’arquai un sourcil en levant la main, lui intimant l’ordre de se taire.

- Mon âge aurait dû te mettre la puce à l’oreille et il aurait mieux valu pour toi que tu ne tentes pas de t’échapper. Je ne suis pas une jeune recrue et tu mourras malheureusement sans nom. J’esquissai un sourire, rechargeant mon fusil pour la remettre en joue. Alors laisse moi t’apprendre au moins qui va avoir le plaisir de marcher sur ton cadavre. J’avançai d’un pas en sa direction. Jesse Smith, chef des Chasseurs. Malheureusement, tu ne m’auras pas dit ton nom. Tu mourras donc comme la sale bête que tu es. Alors au panier !

Je tirais deux coups, droit dans l’une des pattes de la louve ainsi que dans son poitrail. Suffisamment pour lui faire mal, pas assez pour la tuer. Et c’était tant mieux. Je voulais la faire souffrir. A vrai dire, deux loups avaient récemment tuer de deux nos collègues. Et à bien y repenser, elle commençait à correspondre à la description que l’on m’en avait fait. Oh bien sûr elle n’était certainement pas la seule à correspondre à cette description, mais elle serait celle qui servirait de vengeance. Dommage pour elle, car je n’allais certainement pas lui faire de cadeau.

- Chef !

Je grondai furieusement contre le Chasseur à mes côtés.

- Quoi ?
- L’Equipe B a eu un problème. Ils rentrent.

C’était bien le moment de m’informer de cela, esquissant un sourire bien plus mauvais j’observai la louve.

- Hé bien au moins a-t-elle de la chance puisque le temps nous manque. Abattez-la. Ordonnai-je simplement d’une voix forte.

Codage par Libella sur Graphiorum

L'homme semblait satisfait de sa réponse. Rien d'étonnant pour un chasseur, il avait désormais la certitude de faire face à une créature, à une personne qu'il semblait mépriser et qu'il désirait éliminer. Comme tout bon chasseur qui se respectait. Aucun intérêt finalement mais Kaia faisait la même chose...dans l'autre sens.

- En effet, je ne suis pas humaine. Quel intérêt d'être un humain ? C'est tellement...pathétique !

Quoiqu'un peu mieux que les vampires qui étaient tout en bas de la chaine à ses yeux. Ah non, les incubes et succubes étaient pires avec leur façon de vivre. Bah en vrai, seuls les lycans méritaient réellement de vivre à ses yeux.
Néanmoins, l'humain se montra insultant envers sa race qu'elle estimait supérieure. Elle fronça les sourcils.

- C'est que tu n'as connu que de faibles loups alors. Je vais devoir te prouver que tu ne mérites que de crever lamentablement, agonisant dans ton propre sang. Et moi qui me roulerait de plaisir dedans pour t'humilier un peu plus !

Une lueur un peu folle éclaira son regard. Beaucoup de provocations énoncées sur un ton glacial alors qu'en réalité, elle comptait surtout se barrer. Elle avait beau être une lycan, face à plusieurs types armés, elle savait qu'elle ne ferait pas forcément long feu.
Elle chercha à les surprendre avec les poubelles qui trainaient dans cette ruelle, tout en se transformant. Elle pourrait courir bien plus vite sous cette forme. Seulement, une fois sous forme lycane et arrivée à l'extrémité de la rue, un autre groupe de chasseur apparut et lui tira aux pieds. Elle recula alors en grondant furieusement.

Elle fit alors face à l'homme continuait de parler, grondant toujours mais plus bas pour entendre ses mots. Elle aurait bien ri si elle en avait encore eu la capacité. Elle était donc face au chef des chasseurs en personne ? Et il était persuadé qu'il allait la tuer ? Elle commença alors à se redresser pour paraitre menaçante lorsqu'une première balle la toucha dans une patte puis la seconde dans le poitrail. Elle poussa un rugissement de douleur, la main sur sa poitrine. Elle baissa la tête un moment, ses griffes se crispant sur sa peau où son propre sang commençait à couler. Son propre sang. Ignominie. Souffrance. Impardonnable.

Les mots finirent par percer le brouillard dans lequel elle se trouvait. Abattez-là. Il en était hors de question ! Elle ne pouvait abandonner ses proches ! Alors que les mots résonnaient dans sa tête, un grondement furieux lui échappa. Elle s'élança sur le dénommé Jesse Smith qui avait osé lui tirer dessus. Sa patte et sa poitrine lui faisaient mal, sa patte menaçait de se dérober la rendant moins stable, un peu moins rapide mais elle forçait dessus, jusqu'à sauter sur sa proie et la plaquer au sol, profitant qu'il soit quelque peu occupé à donner ses ordres. Elle rugit de nouveau, juste en face de son visage alors qu'elle cherchait à planter ses griffes dans ses épaules. Il allait souffrir. Bien plus qu'elle.

Son regard croisa alors le sien, cherchant à lui faire comprendre un message, il allait mourir. Ici et maintenant. Mais d'abord, il aurait mal. Elle cherchait à l'écraser sous son poids, malgré qu'elle soit une louve plus petite que ses congénères, ses griffes raclant sans aucune délicatesse ses épaules. Son museau parcourait le haut de son corps à la recherche du meilleure accès, du meilleur endroit à mordre sans pour autant l'achever de suite. Elle en avait presque oublié les autres chasseurs, concentré sur celui qu'elle voulait à tout prix tuer...Il avait osé insulter sa race, il avait osé lui tirer dessus. Résultat, elle était furieuse et son sang s'écoulait sur lui, inlassablement.

 

Chasse au loup

Pathétique disait-elle ? N’était-ce pas sa provocation qui était pathétique ? J’esquissai un sourire mauvais. Bah. Qu’elle s’amuse tant qu’elle le pouvait, cela ne durerait pas. Du moins elle ne durerait pas. Ainsi ses piques ne m’atteignaient pas, ricanant. M’humilier voulait-elle ? Je secouai négativement la tête alors qu’elle faisait pleuvoir sur nous une pluie de déchets. Sale chienne.

Mais enfin, nous la tenions. Prise en tenaille entre nous, elle n’avait guère plus le choix que de se rendre. Plus elle se rendrait vite, mois cela serait douloureux pour elle, d’autant que je n’avais clairement pas beaucoup de temps à lui accorder, l’équipe B ayant été prise à partie. Un seul loup dans la soirée. Ce n’était certainement pas une bonne soirée. Mais nous nous en contenterons pour cette fois. Après tout… C’était toujours un de mois dans nos rues, c’était là ce qui devait nous importer plus que l’équipe qui rapporterait le plus de têtes.
Le rugissement de douleur poussé par le monstre qui me faisait face m’arracha un ricanement froid. J’aimais cela. Les entendre rugir. Cela faisait ressortir la part la plus sombre de mon être. Un instant, j’imaginai d’ailleurs un sujet de philosophie pour mes étudiants par rapport à cela : aimer la douleur d’autrui. Un sujet vaste et profond entre la morale et la raison, la justice et le devoir de tout citoyen. Enfin… Peut être étais-je en train de m’écarter du sujet en prenant position sur ma propre situation.

Abattez là. Voilà ce qu’était mon ordre, et sûrement aurait-elle mieux fait de se faire une raison. Cela ne fut, malheureusement rien, et à peine les premiers tirs résonnaient-ils que la louve se jeta sur moi, faisant cesser les rafales immédiatement. Grondant tant de surprise que de douleur et de colère contre les abrutis qui m’accompagnaient qui n’avaient pas été foutus de l’arrêter, je tombai sur le dos, la louve au-dessus de moi.
Son regard parlait pour elle. Elle m’en voulait. Etrange ? Et visiblement elle m’en voulait au point que ma mort même devait être, à son sens, écrite dans le marbre. Malheureusement, je n’étais pas franchement de cet avis. Esquissant un sourire mauvais alors que je sentais son museau trop près de moi, j’enfonçai ma dague, alors maintenue dans mon ceinturon, dans la cage thoracique de la créature. Si cela touchait quelque chose, tant mieux sinon… Cela me permettrait au moins d’avoir un élément de surprise. Mes hommes arrivés derrière moi, il nous fallut nous mettre à trois dans une coordination que je me félicitais de leur avoir appris, pour l’envoyer plus loin dans la ruelle. Me redressant, refusant l’aide des chasseurs, j’attrapai de nouveau mon arme, prêt à toute éventualité.

- Il y a une chose qu’il faut savoir sur moi. Dis-je alors en l’observant attentivement. Je suis un homme particulièrement fairplay. J’abat de manière rapide les créatures qui se soumettent à mes règles. Et j’use des pires coups contre ceux qui me résistent. Tu fais malheureusement partis de la seconde catégorie.

S’il y avait bien une chose dont nous étions fiers, chez les Chasseurs, c’était nos entraînements. Nous savions quand agir et comment agir. Et alors que la louve était fixée sur moi et mes menaces, nous entendîmes distinctement deux coups de fusils de chasse, tirés dans chacune des pattes. Avec un sourire narquois, j’observais la chienne tomber au sol alors que je m’approchai d’elle, faisant signe à mes collaborateurs de rester à distance. Un coup de pied dans le museau et je me penchai vers elle, attrapant sa gueule entre mes mains, le regard plus que courroucé.

- J’oubliais. Je déteste que l’on me menace. L’humiliation ? Je ne connais pas ce mot. Alors je vais te faire une faveur, la chienne. Je vais m’occuper de toi personnellement. Ça te va ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Face aux chasseurs qui l'encerclaient, Kaia avait tenté d'agresser celui qui menait la danse. Ce serait une grande victoire que d'attaquer une tête pensante de ce groupe, voir même de l'éliminer. Malheureusement, il ne semblait pas de cet avis. Alors qu'elle cherchait une faille dans ses protections, le meilleur accès où mordre, elle sentit une vive douleur au niveau de la cage thoracique. Un hurlement lui échappa, long et bien significatif de sa souffrance en cet instant. Elle perdait beaucoup de sang mais ne comptait pas se laisser faire. Si elle devait mourir, elle en emporterait dans la tombe, elle s'en faisait la promesse !

Elle chercha à mordre, n'importe quel endroit, n'importe quelle peau accessible pour déchiqueter cet homme qu'elle désirait tuer et qui la blessait inlassablement. Mais ils se mirent à plusieurs pour la forcer à le libérer. Alors, elle changea de cibles. Ses griffes se plantèrent profondément dans les côtes d'un humain et elle lui mordit profondément l'épaule, sans même voir à quoi il ressemblait. Elle grondait furieusement, laissant son corps s'écrouler à ses pieds alors qu'elle essayait de réitérer sa manœuvre. Ses griffes et ses crocs frôlaient des corps, arrachaient parfois des morceaux sans même qu'elle prenne le temps de s'arrêter dessus, de vérifier ce qu'elle atteignait ou qui elle blessait.

Mais ils réussirent à atteindre leur objectif, l'envoyant valser un peu plus loin dans la ruelle. Un couinement lui échappa alors qu'elle atterrissait au sol. Certaines de ses plaies avaient violemment heurté le béton de la ruelle. La douleur irradiait dans tout son corps. Pourtant, elle se releva, arrachant comme elle put le couteau toujours fiché en elle. La rage avait pris le contrôle, elle ne réfléchissait même plus. Elle n'était plus que colère, plus que souffrance, elle ne faisait qu'un avec sa bête et ses instincts meurtriers. Elle fixa son regard sur sa proie ultime, celui qu'elle désirait à tout prix tuer alors que le sang entachait son poil blanc, en longue traînée rouge.
Elle n'eut même pas le temps de faire quoique ce soit de plus, que des coups de feu retentirent. En quelques secondes, elle se retrouva à nouveau au sol, les pattes tremblantes, percées, douloureuses à l'extrême. Elle gronda furieusement, tenta de se relever mais ses pattes se dérobaient sous elle.

Soudainement, il était là. Sa proie. Le chasseur. Et il lui donna un coup de pied dans le museau, lui arrachant un nouveau couinement. Dans la foulée, il lui saisit la gueule comme si elle n'était qu'un vulgaire animal. Un grondement sourd s'éleva de sa gorge alors qu'un peu de sang s'écoulait désormais de son museau, gênant sa respiration.
L'homme lui parla à nouveau, ses mots étaient promesse de longue souffrance à venir, d'un moment qui ne serait pas agréable du tout. Elle le sentait. Mais elle refusait de se laisser faire ! Elle gronda de nouveau et secoua la tête pour se libérer de sa poigne. Elle fit alors claquer sa mâchoire, cherchant à lui faire comprendre qu'elle le mordrait à la moindre occasion.
Elle en profita pour essayer de le griffer, de les planter dans son mollet...ce qui serait une excellente prise pour se tirer jusqu'à lui. Elle braquait sur lui un regard furieux, ignorant les autres chasseurs qui n'avaient plus aucun intérêt à ses yeux. C'était entre lui et elle.

 

Chasse au loup

Je respirai profondément. Ce grognement sourd… Un grondement de colère, il allait sans dire. Je le savais pertinemment et cela… Cela m’amusait. Oui. Je m’amusais avec cette immonde bestiole. J’aimais à les voir se débattre tout en connaissant l’issue du combat, et je devais avouer que le sang sur ma main, propulsé de ses narines me confortait dans l’idée qu’elle ne sortirait pas vivante d’ici. Cela ferait au moins un chien de moins dans les rues de la Nouvelle Orléans.

Mes mots durent l’agacer d’avantage car un nouveau grondement se fit entendre. Et tandis que la louve secouait la tête, je me redressai, bien heureux de la situation. Son claquement de mâchoire ? Je ricanai un coup. Ridicule. Si elle tentait de m’impressionner…

- Alors ? Soufflai-je. On est une méchante fifille ? On veut mordre ? A nouveau, je donnais un coup de genou dans son museau.

Mal m’en fit. La petite peste voulut en profiter pour m’asséner un coup de griffes dans le mollet. La sale bête. Je n’aurais eu le temps d’esquiver la moindre de ses attaques sans l’intervention de l’un des chasseurs m’accompagnant. Et le poignard fut enfoncé dans la large patte de la louve avant même que cette dernière ne m’atteigne.

- Merci. Grondai-je en me redressant. Ecoute moi bien, la chienne. Tu as mis à mort bien trop de chasseurs pour que je te laisse envie. Ceux que tu as blessé risquant la transformation, tu te doutes que te laisser, toi, en vie risque de ne pas être possible.
- Jesse ? Je me retournai vers la voix. C’était mon frère…

Un instant, je réfléchis sans cesser de regarder la louve, prêt à reculer à la moindre alerte, au moindre mouvement. Mmh. Bien.

- Soit. Un pas en arrière, et je croisais les bras.

L’homme s’avança droit vers la louve. S’élança, même, devrais-je dire, car son couteau se planta alors bientôt dans le dos de la chienne, juste à côté de la colonne vertébrale. Je grimaçai même. Voilà quelque chose qui devait faire mal. Pire… Si elle faisait un mauvais mouvement, elle serait paralysée des pattes antérieures pour un petit moment. Un trop long moment, cela dit, au vue de son espérance de vie bien réduite.
Je levai alors mon bras pour l’empêcher de faire tout autre chose. Elle était à moi, je le lui avais promis, après tout.
Soupirant, j’attrapai des mains d’un chasseur un fusil pour venir la mettre en jouc. A nous deux. Un rictus, et les deux balles furent tirer. La première dans son épaule. La seconde dans son flanc. Deux balles qui allaient faire de très gros dégâts. En avais-je fini ? Bien sûr que non. L’arme fut bientôt enfoncée verticalement dans sa gueule afin de la laisser ouverte le temps de quelques secondes. Assez pour attraper la fiole d’aconite tue-loup à ma ceinture et lui en verser la moitié dans la gueule. Le reste ? Ce fut directement sur ses blessures que je le versai.
Allons. Ne restait maintenant plus qu’à observer les quelques effets que cela pourrait avoir sur elle. « Pauvre » bête.

Codage par Libella sur Graphiorum

Malgré ses efforts, le chasseur se montrait moqueur, comme si elle n'était rien. Et à ce moment-là, la louve savait pertinemment qu'elle était mal barrée et que sa survie était compromise. Pourtant, elle n'abandonnait pas la manche. Elle refusait de se laisser tuer, du moins pas aussi facilement. Elle voulait l'emporter dans la tombe avec elle.
Sauf qu'il lui donna un nouveau coup de genou dans le museau. Cette fois-ci, elle entendit distinctement le craquement alors que des ondes de douleur remontaient jusqu'à son crâne. Un long gémissement plaintif lui échappa, bien malgré elle alors que sa respiration se fit sifflante. Seulement, sa dernière tentative d'agression, son coup de griffe fut interrompu par un poignard qui s'enfonça dans sa patte lui arrachant une nouvelle plainte. Un nouveau grognement. Et malgré la souffrance, elle envoyait un regard meurtrier aux chasseurs les entourant. Elle replia sa patte contre elle, cherchant à la protéger et peut-être à enlever cette fichu lame mais sa mâchoire ne répondait plus vraiment. Son museau avait doublé de volume déjà.

Le chasseur lui expliqua alors qu'au vu de ses nombreux meurtres, il ne pouvait pas la laisser en vie. Était-il au courant de tous ? Elle n'en regrettait aucun. Chaque mort avait permis à une créature non humaine de vivre plus longtemps. C'était donc une victoire en soit. Et c'était à cela qu'elle pensait en l'écoutant, un sourire canin étirant ses lèvres, dévoilant tous ses crocs. Elle ne serait pas morte en vain, au moins.
Une nouvelle voix s'éleva alors, attirant son attention. Son frère ? Elle fronça les sourcils, l'autre idiot là-bas ? Toute une famille de pourrie !

Elle tenta alors de se redresser pour faire face à celui qui s'approchait. Pour bien montrer qu'elle ne s'avouait pas vaincu, que jusqu'au bout elle lutterait. Mais elle ne s'attendait pas à cela. En vérité, elle s'était à peine redressée sur sa patte intacte qu'il planta un couteau dans son dos. Lui arrachant de nouveau un hurlement de douleur. L'enfoiré ! Elle sentait la lame, elle sentait où il avait planté. La douleur irradiait maintenant de son dos, la clouant au sol. Elle tremblait de tous ses membres, même si elle tentait de se contrôler. Elle refusait de se montrer faible face à eux.

Un mouvement attira son attention. Ah, le plus âgé des chasseurs reprenaient sa place. Elle ne savait pas si elle en était contente ou pas. En peu de temps, elle se retrouva face à un fusil. Elle se raidit. Ça y est, c'était la fin ? Mais non, il tira, une dans l'épaule et l'autre dans le flanc lui arrachant un nouveau couinement. Son cœur battait la chamade, la situation devenait vraiment compliqué. Alors qu'elle résistait à l'inconscience comme elle le pouvait, elle sentit quelque chose s'enfoncer dans sa gueule. Elle grogna en réponse, ne pouvant faire bien plus. C'était humiliant mais malgré ses envies de meurtre, elle ne pouvait même pas reculer ou se défendre. L'homme approcha alors une fiole et en versa la moitié dans sa gueule. Elle réagit aussitôt, reconnaissant le goût. Elle se débattit, cherchant à recracher ce qu'il tenait à lui faire boire alors que sa bouche commençait déjà à être en feu. Mais alors qu'elle se concentrait là-dessus, elle sentit des pics de brulures sur tout son corps, à chaque endroit où elle était blessée. Elle comprit rapidement qu'il avait versé de l'aconit partout où il le pouvait.

Elle hurla, gémit, se tordit dans tous les sens, malgré la lame plantée dans son dos. Plus rien n'avait d'importance que cette horrible brûlure partout. Dans tout son corps. Elle n'était que brûlure, que douleur. Chaque zone touchée par l'aconit était affreusement douloureuse, comme brûlée profondément. Sa langue avait gonflé en réponse, ressortant de sa gueule, se blessant sur ses propres crocs, même elle ne le sentait qu'à peine. Sa respiration s'était accélérée alors qu'un rugissement s'échappait d'entre ses crocs. C'était pire que la mort.
Finalement, au bout d'un moment, son esprit céda sous la douleur, préférant l’inconscience que la douleur lancinante, que sentir la mort approcher lentement. Mais même ainsi, sa respiration restait saccadée, très difficile et son corps ne ressemblait qu'à une plaie géante, boursoufflée et sanguinolente.

 

Chasse au loup

Voilà une chose que j’appréciai bien plus que d’autres : le gémissement de douleur des coupables que je châtiais. Oh, non, je ne me prenais certainement pas pour un Dieu ou un Roi. Bien loin de là. Seulement pour un justicier, pas comme dans les BD, mais une sorte de police militaire… Oui, voilà. Nous étions une armée annexe et nous sauvegardions la paix des Etats-Unis, ou tout du moins, ici, de la ville et de ses alentours.
Pour tout avouer, cette louve canalisa à elle seule toute la haine que chacun de mes hommes et moi-même ressentions pour les créatures. Ces bêtes immondes qui prenaient la vie de chacun d’entre nous à diverse mesure. C’est d’ailleurs pour cela que j’avais accepté que le chasseur venge son frère tant aimé. Je comprenais cette envie, la soutenait, et l’acceptais donc.

Cette louve, parlons-en d’ailleurs, était tout de même bien tenace. Je ne pouvais que constater qu’elle tenait à la vie et ne désirait pas se laisser partir. Une tique dont la tête ne voulait pas mourir, en quelque sorte, mais, au vu de nos sévices, nous l’avions déjà bien raccourci, et cela, je le savais, ne saurait tarder. L’amanite tue loup fut d’ailleurs une solution toute trouvée pour abréger les souffrances, ironiquement, de la louve. Sans soin, et elle n’en aurait certainement pas, elle ne passerait pas la nuit. Nous l’avions abîmé, et nous allions la finir. Non pas par bonté de cœur, sa souffrance ne me faisait ni chaud ni froid, à vrai dire, mais seulement car nous n’allions certainement pas passer toute notre fin de service à observer la mort d’une bête.
Ce fut d’ailleurs son inconscience qui m’indiqua que le jeu était terminé. L’observant en silence quelques instants, je soupirai alors.

- Bien. Dis-je enfin en la mettant en joue. Fin de la partie.

Je n’eus pas le temps de déverrouiller la sureté que l’on me tendit un téléphone. Grondant de colère, je rendis l’arme à son propriétaire, un bien jeune chasseur, tout juste arrivé dans nos rangs. C’était, d’ailleurs, sa première sortie, une sortie haute en couleur, il allait sans dire.

- Jesse. J’écoute.
- Equipe A. On a un problème. Demande SOS d’urgence. Pas de blessés mais troupeau de chiens Governor Nicholls Street.
- On arrive.

Je raccrochai alors avant de me tourner immédiatement vers les chasseurs présents autour de moi pour leur donner mes ordres : direction Tremé. Impossible d’attendre. Me postant devant le jeune chasseur, je l’observai alors quelque peu intensément. Une main sur l’épaule, et j’hochai la tête.

- Abat cette chienne et rentre immédiatement au QG. Nous t’y retrouverons.

Sans plus de cérémonie, je quittai alors le jeune homme. Un son de tir m’indiqua qu’il avait effectivement pris soin d’obéir à mon ordre. Parfait. Cela faisait désormais une de moins…

Codage par Libella sur Graphiorum

Totalement inconsciente, Kaia ne pouvait pas entendre les propos de l'homme et heureusement, sinon cela l'aurait particulièrement énervée. Fin de la partie. Oui, elle était condamnée, elle en avait pris conscience au moment où elle s'était retrouvée à terre, incapable de se défendre. La louve s'était révélée impuissante face à un groupe de chasseurs bien armés. Et pourtant, qu'avait-elle fait de mal ce soir-là pour mériter un tel déferlement de puissance ? Le retour de bâton, très surement.

Finalement, ils allaient repartir et la laisser là mais pas sans un cadeau d'adieu. Un petit jeune fut chargé de lui tirer dessus. Le coup de feu retentit mais déjà partie loin, Kaia ne ressentit rien.
Amorphe, du sang s'échappant de chacune de ses blessures, elle était condamnée à plus ou moins long terme.
Le museau fracturé, des plaies par balles, trois dans la patte droite, une dans la patte gauche, une dans la poitrine, une dague dans les côtes côté gauche, une dans l'épaule gauche, et une dans le flanc droit, un couteau dans le dos juste à côté de la colonne vertébrale, et pour finir, de l'aconit dans chaque plaie et dans la gueule, suintant avec le sang, brûlant chaque centimètre de peau touchée.
La dernière balle avait raté sa cible, au lieu de s'enfoncer dans son crâne, la balle avait ripé sur sa tempe, laissant une vilaine plaie mais pas profonde pour autant.

Petit à petit, la souffrance recommença à tirer sur tout son corps. Elle se réveillait. Tout son être irradiait. Son cœur tambourinait violemment. Elle avait mal mais elle refusait de mourir. Ses paupières clignèrent plusieurs fois, elle voyait trouble. Elle eut du mal à reconnaitre la ruelle où elle était et ce qui s'était vraiment passé. Au bout d'un moment, elle se souvint que son téléphone était dans la poubelle avec ses vêtements. Elle se traina alors, à la force de ses bras, poussant par moment des hurlements.
Elle réussit à atteindre la poubelle qui chuta à son contact, répandant son contenu. Elle chercha à saisir son téléphone mais grogna lorsque ses griffes risquèrent de le casser.

Elle essaya de pianoter dessus mais n'y arriva pas et faillit sombrer à de nombreuses reprises. Au bout d'un moment, après quelques secondes...ou minutes, elle ne savait pas, d'inconscience, elle découvrit des jambes dans son champ de vision. Elle ne reconnut pas l'homme, elle ne voyait plus rien. C'était la fin, si personne ne l'aidait ou si cette personne cherchait à la tuer. Elle poussa un faible grondement.
L'homme saisit son téléphone et appela le premier numéro visible sur l'écran, celui qu'elle avait tant tenté d'appeler pendant cette éternité de souffrance à ses yeux.
La voix de l'homme s'éleva alors.

- Votre numéro était sur l'écran de ce téléphone. Le propriétaire...ou la propriétaire...un lycan est dans un sale état. Venez l'aider ou elle va mourir.

Il donna l'adresse exacte de la rue mais n'attendit pas de voir si la personne arrivait. Visiblement pas idiot, il se doutait que le nouveau venu ne serait surement pas humain. Kaia passait son temps entre inconscience et état éveillé, plus ou moins comateux. Elle ne sentait plus ses jambes. Mais le reste de son corps la faisait affreusement souffrir. Et pourtant, elle n'avait plus la force de se plaindre. Et encore moins de bouger. Elle ne pouvait qu'attendre, dans l'espoir que quelqu'un viendrait.