Je n’étais pas arrivé à la Nouvelle-Orléans depuis très longtemps. Peut-être une semaine, tout au plus. Je n’avais, à vrai dire, eu le temps de rien, ou presque. Durant ce temps, j’avais trouvé un logement, acheté le restaurant, fait connaissance avec son personnel et maintenant… maintenant il me fallait prendre mes marques au sein du Conseil et plus précisément de l’Association. Pour cela, je devais me rendre au sein même du conseil, rencontrer, pour la seconde fois, Zora Brunner, la cheffe suprême des vampires, pour ainsi dire. La toute première, notre ascendante à tous. Cette nuit-là, j’étais rapidement passé chez moi pour me changer, mon tour au restaurant terminé. Un costume ? Cela serait parfait pour le rendez-vous qui m’attendait. C’est au volant de la seule folie que je m’étais permis en quittant Los Angeles que je me rendis alors au centre-ville, me stationnant dans l’un des parking souterrain de la ville, hors de question que mon bijou soit alors exposé à tout vent.
D’ici quelques jours, je rendrais visite à mon père. Et cela… Cela me terrifiait, je devais l’avouer. C’est pourquoi je tentais d’être occupé chaque jour de chaque heure pour ne pas y penser. Dix jours. C’était l’attente que je m’étais fixé pour partir à sa recherche. Une recherche qui serait rapide, sans nul doute, puisque je savais exactement où chercher sa présence. Mais une recherche qui allait s’avérer anxiogène. Me reconnaîtrait-il ? Accepterait-il mon existence alors même qu’il me croyait sûrement mort ? Retrouver le seul enfant vivant qu’il pouvait encore avoir n’allait-il pas créer un choc important ? Comment allais-je moi-même réagir après toutes ces années ? Je secouai la tête en passant les portes du Conseil, dans le Vieux Carré. Mieux valait ne pas penser à tout cela. Non. Aujourd’hui, cette nuit, j’avais une autre mission.
- Bonjour. Saluai-je la standardiste à l’accueil. Je m’excuse de mon avance, mais j’ai rendez-vous avec Miss Brunner à une heure quinze. Est-elle dans son bureau ? - Bonjour Monsieur Rosenbach ! Dit-elle dans un sourire des plus charmants. Laissez moi quelques instants pour vérifier. - Ravie que vous vous souveniez de mon prénom ! M’amusai-je en allant m’asseoir sur les fauteuils de l’entrée.
Il ne me fallut pas plus de deux minutes pour que la standardiste vienne me chercher. Une chance, je recommençai à penser à ce qui allait se passer d’ici quelques jours…
- Si vous voulez bien me suivre, Miss Brunner vous attend.
Un sourire entendu, et je la suivis à travers les couloirs du bâtiment jusqu’au bureau indiqué devant lequel elle me laissa. Remettant convenablement mon costume, je cognais par trois fois contre la porte, attendant l’invitation à entrer. Je ne poussai la porte qu’au son de la voix de la vampire.
- Bonjour Zora. Dis-je alors en souriant. Comment vous portez-vous aujourd’hui ?
Attendant son invitation, je restai debout face à elle, le sourire aux lèvres, avant de m'asseoir.
- Je m'excuse quant à mon avance. J'ai une mauvaise tendance à craindre le retard, m'obligeant à prendre bien trop d'avance sur mon emploi du temps. J'espère que je ne vous ai pas dérangé dans un travail important.
Lorsqu'un nouveau vampire arrive en ville et vient nous trouver, notre objectof est de lui trouver une place dans laquelle il s'épanouira.
Ton feat bien sympatoche
La Nouvelle-Orléans. Berceau du jazz, je la fête et des couleurs. A vrai dire j’étais bien heureuse de me trouver dans cette ville. Bien décidée à ne plus quitter cet endroit, j’avais fait de la ville entière mon foyer, et les vampires qui la peuplaient étaient alors ma famille. C’est d’ailleurs l’un d’entre eux que je m’apprêtais, aujourd’hui, à rencontrer. Pour la seconde fois. Un homme tout à fait charmant, j’en convenais. Nouveau dans la ville, il venait tout droit de Los angles sans que je ne sache rien de plus sur lui. Monsieur Rosenbach avait, en effet, été dirigé vers nous par une connaissance et je m’étais ainsi chargée de l’aider à s’installer. Mieux, il s’était trouvé parfaitement intéressé par notre association Share & Protect. C’est d’ailleurs de cela dont nous devions discuter aujourd’hui. J’en profiterais ainsi pour apprendre à mieux le connaître. Depuis mon arrivée à la Nouvelle-Orléans, je devais avouer que j’avais vu tous les types de vampires possibles. Et si je n’appréciais pas certains, comme partout ailleurs, mon but était alors de les protéger, quitte à mettre mes avis de côté pour travailler avec eux. Une lourde tâche lorsque l’on connaissait certains cas… Mais je ne m’avouais que rarement vaincue et m’entourer de personnes comme semblait l’être Louis Rosenbach était une chose importante pour la poursuite de mes desseins dans cette ville et plus généralement, dans le pays. C’est d’ailleurs pour cela que je n’avais pas vraiment fait d’effort particulier quant à ma tenue. Une tenue qui, d’ailleurs, me rappelait vaguement les années 1970 si douces et agréables pour bien des gens. Ainsi assise dans mon bureau, je soupirai en observant l’ordinateur. Voilà une chose que j’avais appris à manier et que, pourtant, je n’appréciais pas à outrance. Pourquoi diable avait-on remplacé les belles lettres par des emails si impersonnels ? L’évolution… Une chose que je pouvais avoir bien du mal à comprendre. Enfin. J’allumai ma machine pour en sortir quelques dossiers de l’association. Tout devait être prêt lorsque mon invité arriverait. A peine, d’ailleurs, avais-je eu le temps de lancer quelques impressions que mon téléphone sonna. L’entrée du bâtiment. Louis devait être arrivé.
- Zora, j’écoute ? - Bonsoir Miss Brunner. Excusez-moi de vous déranger mais votre rendez-vous d’une heure quinze est arrivé. Dois-je le faire attendre ?
Distraitement, j’observai l’horloge au-dessus de ma porte. Une heure cinq. Seulement dix minutes d’avances ? Oh allons, je n’allais pas chipoter pour si peu.
- Bien sûr que non, dis-je parfaitement souriante. Faites-le monter. Et… Serait-il possible d’exagérer en vous demandant de nous apporter deux verres de sang, s’il vous plait ? - Avec plaisir, Miss ! Répondit la standardiste avant de raccrocher.
Je n’aimais pas vraiment demander de me faire servir mais lors des rendez-vous… Je n’avais pas non plus vraiment le choix. De fait paraissais-je toujours gênée de demander ce genre de choses bien que cela puisse paraître normal pour d’autres. Deux minutes plus tard, l’on toqua enfin à ma porte.
- Entrez Monsieur Rosenbach ! Lançai-je de mon imprimante. Je vous en prie ! Tournant la tête vers lui en récupérant les derniers papiers, j’esquissai un large sourire pour continuer de mon accent bien trop allemand pour paraître américain. Je vais parfaitement bien, je vous remercie, et vous-même ? Comment se passe votre emménagement ? Votre habitation vous plait-elle ? L’on m’a informé que vous aviez enfin trouvé pied à terre ! Posant les feuilles en paquet devant moi, je me réinstallai sur mon siège. Mais asseyez-vous, prenez vos aises, ne vous en faites pas ! Nous ne sommes pas dans un entretien formel !
A nouveau, j’esquissai un large sourire tandis que la jeune standardiste passait la tête dans l’encadrement, non sans avoir frapper, s’excusant de son interruption. Les verres posés sur mon bureau, j’observai quelque peu Louis, secouant négativement la tête.
- Allons bon. Ne vous excusez surtout pas pour si peu. Je ne m’offusquerais jamais que l’on veuille me voir plus tôt que prévu.
Je ponctuai ma phrase d’un léger rire avant de prendre mon verre en main et le soulever légèrement vers le vampire qui me faisait face dans l’espoir de trinquer à cet entrevue.
- Bienvenue, Louis, dans cette charmante ville. Dis-je doucement faisant tinter mon verre contre le sien. Bien. Alors… J’affichai un léger sourire. Oui. Vous me disiez la dernière fois que l’association vous intéressait. Mais j’aimerais seulement savoir pourquoi et le pourquoi de la Nouvelle-Orléans. Je fis un geste amusé de la main. Rassurez-vous. Ce n’est pas un questionnaire, seulement de la curiosité afin de mieux vous connaitre. Je pourrais alors vous proposer un poste qui vous correspondra parfaitement dans l’association. Et si vous avez la moindre question, surtout, n’hésitez pas !
Affichant un large sourire, je m’installai sous sa demande devant elle, de l’autre côté de son bureau.
- De même. Dis-je. Quant à mon emménagement, tout se passe parfaitement ! Je vous remercie sincèrement pour votre aide dans la recherche de logement. Je n’aurais certainement pas pu trouver mieux.
Depuis notre première rencontre, je m’étais fait une idée de cette femme, douce et réellement serviable. Une chose, néanmoins, me semblait : elle allait toujours droit au but, en témoignait mon arrivée même dans la ville alors que l’on m’avait immédiatement présenté le Conseil, l’association et tous leurs agissements. Ainsi savais-je, au moins, où je mettais les pieds !
- C’est tout à votre honneur, m’amusai-je. Mais je sais aussi qu’arriver en avance peut arranger bien des plans et je ne voudrais pas vous déranger.
Mais déjà Miss Brunner reprenait parole pour me souhaiter la bienvenue, ce que j’accueillis d’un hochement de tête ravi en faisant tinter mon verre contre le sien.
- Oh ! Dis-je en mettant la main sur le cœur. Je commençais à avoir peur de me retrouver en entretien d’embauche ! Me mettant à rire, je secouai la tête avant de reprendre. Pour ce qui est du pourquoi de la Nouvelle-Orléans, la raison est très simple : familiale. J’ai récemment repris contact avec mon père et je me suis donc décidé à le rejoindre ici. La distance Los Angeles – Nouvelle Orléans étant trop importante pour maintenir des contacts fréquents.
Je soupirai quelque peu. Mon père… Que je n’avais pas encore retrouvé. Oh cela n’allait pas tardé, bien sûr, mais… Cela ajoutait un stress supplémentaire à ce qu’était déjà un déménagement.
- Pour ce qui est de l’association, je dois vous avouer que celle-ci est encore un peu vague, mais du peu que j’ai pu comprendre et assimiler, l’association m’intéresse pour son but : la paix entre les créatures, quelle qu’elles soient. Je ne dirais pas que je suis un saint, bien entendu, mais je désire la paix et l’entente entre tous. Ainsi… Je pense que je pourrais aider à cela. Bien sûr, j’aurais des questions. Mais je pense que je pourrais vous aider. D’abord par mes compétences. J’ai géré bien des restaurants et autres établissement d’accueil, je connais donc toutes les bases du recrutement au management en passant par la comptabilité et la gestion physique.
Je me tus un instant. D’entretien informel, voilà que je me prenais à passer un entretien d’embauche à lui expliquer mon parcours et les raisons de tout cela. Me mettant légèrement à rire, je secouai ainsi la tête.
- Excusez-moi, je crois vous prendre pour une chargée de recrutement ! Toujours est-il que j’ai effectivement quelques questions. Tout d’abord… En quoi consiste exactement l’association ? Quels sont ses buts, ses agissements exacts ? Enfin… Je secouai la tête. Le but est bien entendu compréhensible et comme tous, nous ne cherchons qu’une seule chose : la paix entre tous. Mais comment ?
Lorsqu'un nouveau vampire arrive en ville et vient nous trouver, notre objectif est de lui trouver une place dans laquelle il s'épanouira.
Ton feat bien sympatoche
Au moins l’homme qui se trouvait en face de moi avait-il de l’humour. Un humour bien volontiers accueillis d’un rire cristallin tandis que je secouai la tête pour reprendre tout sérieux. Ainsi l’homme venait-il pour des raisons familiales… Je devais avouer que cela était bien rare pour un vampire. Surtout de son âge. L’avais-je d’ailleurs déjà vu ? Des fratries transformées, oui. Cela était rare, mais cela arrivait tout de même. Mais un père et son fils… Je crois que je n’avais encore jamais vu ça. Enfin ! Il fallait visiblement une première à tout, n’est-ce pas ? Hochant la tête, je le laissai alors reprendre.
- Comme quoi, nous nous trouvons visiblement effectivement dans un entretien d’embauche, m’amusai-je à sa suite. Je plaisante évidemment, mais ne vous en faites pas, expliquez-moi ce que vous désirez. De toutes les manières cela nous permettra de choisir le rôle qui sera le vôtre. Enfin. Pour répondre à vos questions… Je me tus pour y réfléchir quelques instants. L’association, Share and Protect, est une association de droit public visant à aider les créatures dans le besoin, quel qu’elles soient. L’idée est simple. Nous apportant un toit et de la nourriture, notamment du sang, aux surnaturels en ayant besoin. Puis nous les redispatchons, si le besoin en est, vers les familles surnaturelles les plus à même de les aider, à savoir les Végétariens pour les vampires ou la meute Mahiingan pour les lycans. Il y a une chose que je répète souvent à ceux qui désirent entrer dans l’association. Nous ne sommes pas des héros. Nous œuvrons pour la paix, oui, mais nous ne sommes pas des super héros qui pourrons sauver le monde. Non. Nous faisons cela pour permettre à un maximum de personne de s’en sortir, mais il serait mal venu d’imaginer que nous pourrons, à nous seuls, changer le monde. Nous faisons bien entendu notre maximum, et en tout temps. Mais je veux que chaque bénévole soit réaliste pour ne pas tomber des nues : Nous ne pourrons sauver le monde.
Un sourire presque triste s’inscrivit alors sur mon visage. Les années passant m’avaient amené à être malheureusement des plus terre à terre. Et si je désirais la paix plus que n’importe qui, ainsi que la sauvegarde de mes « enfants », je n’en étais pas moins réaliste : nous n’étions qu’une goutte d’eau dans un océan aride. Certainement pourrions-nous sauver des créatures, et le plus possible, mais imaginer que nous pouvions refaire la face du monde était peut-être trop surréaliste pour être vrai.
- Si vous êtes conscient de cela, alors vous aurez une place parmi nous, c’est certain. Lui laissant un temps de réflexion, je repris alors. Nous avons des besoins dans tous les domaines. De la sécurité de nos lieux de secours jusqu’à la gestion humaine de l’association. Il y en a réellement pour tous et pour tous les goûts, nous nous adapterons donc à ce que vous désirez faire. La question est… Que désirez-vous faire ? Quelle est la tâche qui vous donnera envie de venir nous rejoindre sans traîner des pieds ?
C’est plus qu’attentivement que j’écoutai l’Originelle parler, hochant la tête à chacune de ses phrases. Tout était parfaitement clair et je supposai qu’elle avait alors tout à fait raison de préciser que les membres de l’association n’étaient pas des héros. Bien sûr, comme tout à chacun, je désirais aider la population néo orléanaise, et surtout ceux malmenés par la Fédération et le gouvernement en général. Bien sûr aurais-je aimé pouvoir changer la face du monde, mais Zora avait tout à fait raison : ce n’était pas réaliste. D’ailleurs me surpris-je à soupirer, hochant doucement la tête.
- Je comprend ce que vous dites et suis en accord avec cela. Néanmoins… Je laissai un temps de silence. Néanmoins, le fait de se sentir héros n’est pas nécessairement en lien avec le sauvetage de la planète. Dis-je simplement. Sauver une seule vie suffit, à mon sens, pour être un héros. Ne pensez-vous pas ? Alors… En quelque sorte… Tous les bénévoles sont des héros. A leur niveau, tout du moins. J’esquissai alors un sourire chaleureux. Mais je comprends tout à fait ce que vous désirez dire, ne vous en faites pas. Je ne fais là que chipoter sur un mot.
Je comprenais, et approuvais, bien évidemment. Mieux valait ne pas décevoir les bénévoles, au risque de les voir fuir pour une autre conquête plus « prometteuse » en termes d’héroïsme voire de reconnaissance, car il ne fallait pas se leurrer, bien des gens ne marchaient qu’à la reconnaissance…
- Pour ce qui est du poste en tant que tel… Je me mis à réfléchir. Je doute que beaucoup de chose me fasse traîner des pieds, je vous rassure. Néanmoins, j’espère pouvoir vous être un maximum utile. Pour tout vous dire, je suis ancien militaire, préparé, donc, à la surveillance et au combat. Mais je suis aussi responsable de lieux de restauration et d’hébergement, d’hôtels pour être exact, de la gestion économique à la gestion humaine. J’ajouterais à cela que j’ai été éleveur de bovin dans un passé plus ou moins lointain mais… Je doute que cela soit très utile en ces lieux.
Un nouveau sourire et je secouai la tête, l’air amusé.
- Dans tous les cas, sachez que je m’adapterais à la demande. Je n’ai aucun problème pour faire la moindre tâche. De la manutention, quoique je ne sois pas le plus doué, à la surveillance. J’irais là où le besoin se fait le plus sentir. Cela vous va-t-il ?
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