La vampiresse préféra laisser Victor répondre à l'interrogation de Louis sur le cas de Mia. Afin de dissiper toutefois son appréhension au plus vite, elle se contenta de secouer doucement la tête, un sourire au léger aux lèvres. Son loup favori s'occuperait de lui expliquer plus en détails ce qu'il en était. Et on aurait presque pu dire que c'était l'ordre de la soirée que de lui épargner des explications. Ainsi Louis expliqua avec brio la situation à Victor, l'impératrice déchue n'ayant qu'à acquiescer les propos. Un léger sourire aux lèvres, elle acheva le tout.
Avouez qu'il m'aurait été délicat d'expliquer ma guérison miraculeuse là où tout le monde m'a vu être ébouillantée.... Et rassurez-vous ce n'était trois fois rien. Le soleil m'avait fait un outrage bien plus conséquent lors de l'incident de l'entretient des vitres....
Becky avait d'ailleurs toujours du mal à se remettre des images de sa maîtresse brûlée jusqu'à la chair sur le visage et les bras.... Mais au moins cela permettrait à Victor de se faire une idée. Et en parlant d'idée, il y avait ici un certain vampire qui allait s'en faire une quand au pouvoir de peste sur-développé de la chipie à poils roux. Après avoir pris soin de faire de Victor son complice, elle resta légèrement en retrait, gardant cela dit consciencieusement sa main dans la sienne. Et si elle ne disait mot, le sourire moqueur qu'elle adressait à Louis dans le dos de son père avait de quoi faire enrager. Elle faisait des efforts pour ne pas rire en voyant le pauvre bougre se retrouver autant au dépourvu qu'un enfant pris la main dans le sac ! Bien entendu le fait qu'il fusse innocent était la cerise sur le gâteau. Mais il s'avéra que Louis avait de la ressource.... Et que loin de s'en laisser conter, il prit les propos diffamatoires à rebrousse-poils, tentant de se mettre en chaste victime, face à une démone de la tentation....
Katyusha dut se pincer les lèvres pour ne pas éclater de rire face à tant de culot et d'absurdités ! Cela dit, Louis ne pouvait pas savoir à quel point son ainée était au contraire une femme très.... Conservatrice. Tout comme il ne se doutait pas que son père jouait la comédie, avec un certain brio d'ailleurs. Victor n'aurait donc aucun mal à deviner qu'il mentait, connaissant bien la fripouille qui lui servait de compagne, et sachant pertinemment que ce n'était pas là un de ces vices. La malice en revanche.... Plus qu'un vice, c'en était devenu un art de vivre. Et ce fut donc sans perdre un instant de sa confiance et de sa fausse innocence qu'elle répliqua avec aplomb.
Je dois avouer que, lorsque je vous ai demandé de veiller à ce que personne ne rentre alors que je me changeais, j'imaginais que vous attendriez derrière la porte.... Et non à l'intérieur du bureau. Ne vous voyant pas sortir au bout d'un moment.... et bien.... J'ai compris qu'il n'était pas dans vos projets de le faire.
Et si le malheureux pensait qu'elle allait se contenter de cette simple pirouette, il allait vite apprendre ô combien cette petite peste pouvait être retorse. Car la voilà qui ajoutait, jouant à merveille les victimes innocentes.
Néanmoins.... Si votre regard était neutre et désintéressé.... J'ai trouvé vos mains bien trop audacieuses de s'aventurer ainsi sur mon corps, surtout aux endroits que la moral ne saurait pardonner.... Je sais bien que vous aviez insisté pour m'aider à revêtir ma tenue mais.... Était-il réellement nécessaire de vous y attarder autant ? D'autant plus que.... je ne vous avais pas demandé d'aide, à aucun moment. C'était assez troublant....
Elle serra discrètement la main de Victor, comme pour lui donner le signal de pouvoir feindre une explosion, autant de sa colère que de son indignation les plus scandalisées.... Et fallacieuses ! Il avait essayé de les flouer une seconde fois.... Mais ce n'étaient pas aux vieux singes qu'on apprenait à faire la grimace ! Son méfait accompli, la chipie bicentenaire déploya son éventail de sa main libre, comme pour faire mine de se cacher légèrement derrière.... En pauvre victime chamboulée qu'elle prétendait être.... Mais c'était pour mieux dissimuler son sourire si grandissant qu'on pouvait le lire dans son regard, qui narguait de manière insupportable le vampire. Elle se moquait clairement de lui.... Et elle n'était pas la seule. Elle était curieuse de voir comment son cher et tendre allait jouer cette partie de la divine comédie qu'ils avaient commencé à improviser.
Je secouai négativement la tête, un léger sourire, malgré moi, affiché aux lèvres. Grand Dieu, je n’avais pas eu d’autres enfants et encore moins avec telle histoire. Mon esprit ne s’en portait, ainsi, pas plus mal, je pouvais, aujourd’hui, l’avouer.
- Mia. Repris-je. Est… En quelque sorte… Ta nièce. Il n’y a pas de lien de sang, à ce que je sache, entre elle et Elizabeth, mais elle m’a été présentée comme sa fille. Alors considérons-la comme telle.
J’espérais bien que cela ne pose pas de problème à mon fils, bien sûr, mais je lui faisais entièrement confiance quant au traitement qu’il accorderait tant à sa sœur qu’à la famille de cette dernière. Du moins si ce dernier n’avait pas changé autant que la première…
Attentivement, je me mis alors à écouter les explications données par Louis au sujet des bandages qui ornaient la peau de ma compagne. Au fur et à mesure de ses paroles, j’observais la vampire, plissant les yeux et sondant lesdits bandages, comme si je pouvais lire à travers. Factices alors… Bien que cette explication me semble acceptable, je devais avouer qu’une part de moi tendait à ne pas y croire. Autant de malchance ? Tout de même… Et pourtant Katyusha vint m’apporter un nouveau détail qui termina de convaincre pour esprit. A cette pensée, d’ailleurs, je soupirai, secouant la tête de gauche à droite.
- A vrai dire, je ne sais pas vraiment si cela est une bonne nouvelle ou non. Les blessures dues à cet incident étaient tout de même particulièrement importantes. Enfin… Je soupirai. Je comprends cette décision. Mais, très chère, par pitié pour mes pauvres nerfs, emballez-vous dans du papier bulle que je cesse enfin de m’inquiéter à cause de votre malchance.
Un sourire amusé aux lèvres, et voilà que la partie la plus drôle commençait. Les dires de Katy venait de provoquer en moi une fausse colère, alors que j’avançai vers mon fils. Or, celui-ci, à mesure que j’avançai, semblait perdre toute sa contenance, fondant comme neige au soleil, comme un petit garçon face à son père, ce qui était, et je devais l’avouer, une sensation que j’avais bien rarement eu, les punitions étant gérées par leur précepteur ou leur gouvernante. Mais alors que je pensais la partie gagnée, voilà que le coquin reprenait de plus belle, accusant la rousse d’être une femme de peu de vertu. Cette fois, et connaissant la bête, je dus avouer que j’eus bien du mal à garder un visage neutre. Et pourtant. Pourtant il le fallait. Je devais rester calme et serein face à ces accusations. D’ailleurs… Je devais même en jouer. Pourquoi faire marcher l’un et pas l’autre, après tout ? Si le premier prenait visiblement un malin plaisir à nous enquiquiner, la seconde, elle, n’avait jamais été en reste depuis notre première rencontre, n’est-ce pas ? Fronçant les sourcils, je me retournai alors lentement vers Katyusha, le regard encore plus sévère que précédemment.
- Qu’entends-je ? Grognai-je en avançant d’un pas. Louis dit-il ici la vérité, Katyusha ?
Preuve en était de ma colère, j’usais là de son prénom entier au lieu du surnom « Katy », que je lui avais attribué dès notre premier baiser.
- Me mentiriez-vous sur votre façon de vous comporter ? Grondai-je.
Une attaque directe sur sa façon d’être. Nul doute, et je l’espérais, que la vampire allait devoir réagir à cela. Mais elle ne semblait, visiblement, pas non plus en avoir fini, relançant le débat à son tour et faisant alors passer mon fils pour un vil pervers. A nouveau, mon rire retint, je me tournai vers Louis. Mais cette fois, au lieu de le prendre à partie, une idée toute autre me vint. Mon regard passa de l’un à l’autre sans discontinuer et je grognai alors. Je connaissais toutes les étapes de la mutation en loup, et je savais exactement ce qu’il fallait alors faire pour leur faire croire à une transformation imminente. Deux vampires ne pourraient pas imaginer que je ne faisais que faire semblant…
- Et alors quoi ?! Grondai-je plus furieux encore que précédemment. Quelle va être la suite ?! Je me tournai vers la vampire. Louis risque-t-il de me dire que vous avez apprécié ses mains posées sur vous ? Puis vers mon fils. Avant que Katyusha ne me dise que tu t’es alors montré plus direct ?! CA SUFFIT !
Rapidement, mes yeux devinrent ambrés tandis que je tremblais de toute part. La transformation allait commencer. Et tout était de « leur faute ».
Mia était donc une nièce ? J’avais une nièce ? Un sourire éclaira mon visage. Un de ces sourires francs et heureux que l’on appréciait voir chez autrui. Il allait sans dire que je considèrerais chaque enfant de sang ou de cœur de ma sœur comme mes neveux et nièces. Bien au contraire, cela augmentait ce que j’avais de plus cher à mon cœur : ma famille.
- Il va sans dire. Repris-je alors, véritablement heureux de cette nouvelle. Et je dois avouer que j’ai grand hâte de pouvoir les rencontrer, tous, que cela soit mon beau-frère ou même ma nièce. Y en a-t-il d’ailleurs d’autres ?
Vint alors l’explication quant aux bandages. Père ne semblant pas tout à fait convaincu par ce que je disais, il est vrai que je fus ravi de voir la principale intéressée intervenir quant à cela. Bien lui en fit. Et mon père reprit parole, me faisant arquer un sourcil. Visiblement, la vampire ne m’avait réellement pas menti quant à sa malchance.
- Et, pas pure curiosité, demandai-je alors. Pourrais-je savoir quels étaient les tenants et aboutissants de cet incident de vitre ? J’observai Katyusha. Attendez ! Dis-je alors précipitamment. Laissez-moi deviner… Vous désiriez absolument laver vos vitres en pleine journée et vous les avez brisées ? A moins que vous n’ayez fait pire à oublier le soleil et à les ouvrir ?
Sur ce coup, je ne la blâmerais pas. Lors de mes jeunes années, j’oubliais bien souvent le soleil et les heures, me brûlant plus d’une fois lors de l’ouverture d’une fenêtre. C’était d’ailleurs la douleur qui m’avait appris à regarder l’heure avant toute ouverture. Mais alors que la conversation s’engageait parfaitement, voilà que l’on m’avait accusé de perversion. Bien sûr, afin de ne pas perdre la face, face à ce mensonge éhonté, j’avais répliqué accusant à mon tour la vampire d’avoir désiré ma présence et si je pensais qu’elle allait en rester là… Force me fut de constater qu’elle allait à son tour répliquer, alors même que mon père semblait déjà furieux, en témoignait sa réaction lors de ma première accusation. J’écarquillai les yeux lorsque la vampire reprit parole. Moi ? La toucher ? Alors même que je me refusai de toucher la moindre femme ne serait-ce que pour l’accompagner quelque part ? Mais je n’eus le temps de répondre que mon père explosa, me faisant reculer d’un pas. Doucement, d’un pas lent, sans cesser d’observer mon père, je me dirigeai vers la porte de mon bureau que je fermai à clé, mesure de sécurité. Je ne connaissais que trop mal les lycans, je devais malheureusement l’avouer, et ce que je savais sur eux n’était pas réellement pour me donner confiance. Manque de contrôle, force, transformation… Je n’avais pas réellement d’image positive d’eux, il fallait l’avouer.
- Père… Dis-je calmement. Je vous assure que tout cela est faux… Je levai doucement les mains en signe d’apaisement. Rien de ce que nous avons dit n’est vrai. Votre compagne s’est changée dans la pièce attenante au bureau…
Tout aussi doucement, je me dirigeai vers la pièce que j’ouvris alors en grand, jetant un coup d’œil à la vampire afin de lui demander de l’aide. Je ne pourrais gérer seul un lycan en colère tout en pensant au raffut que cela ferait. Raffut que mes clients pourraient alors entendre. Non. Mieux valait tenter de calmer le jeu avant tout.
- Là. Vous savez pertinemment que jamais nous n’aurions fait telle chose. Même sans savoir qui elle était…
Il n’y avait alors plus qu’à espérer que ma tentative d’apaisement par l’explication fonctionne.
S'il y en avait d'autres.... Il y avait bien du monde chez les assoiffés, mais... Elle n'avait pas le cœur de lui dire qu'ils ne seraient certainement pas aussi avenants et accueillant que lui pourrait l'être. Il le découvrirait bien assez tôt.... Et qui sait ? Peut-être qu'avec un peu de chance, et sa bienveillance, il arriverait à s'attirer leur bonne grâce ? .... Beaucoup de chance.... .... Au moins il aurait essayé. Victor consenti à faire faire plus ou moins confiance à sa chère et tendre, mais non sans la gratifier d'une recommandation qui lui fit secouer doucement la tête.
Considérez que cela en est une bonne, puisque ici mes brûlures sont insignifiantes. Et de grâce, détendez-vous. Vous devriez pourtant savoir que peu importe ce qu'il m'arrive, tant que je ne perds pas un membre, et que ma tête et mon cœur sont épargnés, je m'en remettrais. Et.... Elle afficha un petit sourire en coin. Connaissant la coalition cosmique œuvrant pour ma perte, Je serais capable de me retrouver avec le seul papier bulle de la ville ayant servit à transporter des pieds de tacca-chantrieri.... Évitons de provoquer le sort.
Mais voilà que Louis se montrait curieux de la mésaventure de la noble rousse quant à son dernier bain de soleil. L'éternelle demoiselle tourna son visage vers lui, assez surprise de ses suppositions. La prenait-il pour une jeune infante ? Quoiqu'il ne lui semblait pas que, même dans ses premières années, elle ait eu ce genre de douloureuses expériences. Tybalt et Gerald avaient particulièrement veillé au grain. Elle réprima une petite moue au fait qu'il la prenait soit pour une maladroite, ou pour une étourdie.... Ce qu'elle pouvait être, mais pas cette fois ! Joignant ses mains, elle décida donc de rétablir la vérité.
Absolument pas. Je passais dans un couloir, lorsque j'ai aperçu l'une de mes employée qui était en train de nettoyer les vitres. Elle était montée sur un escabeau. Je l'ai salué à mon passage. Elle s'était tournée pour me saluer à son tour mais.... En faisant cela, elle a glissé de son escabeau. Je me suis précipitée pour la rattraper et amoindrir sa chute. Mais dans cette dernière, elle s'était raccrochée par réflexe à la poignée de la fenêtre, qui s'est alors clanchée, et ouverte.... Au moment précis où je suis passée devant. Un timing des plus malheureux, pour un accident domestique bête.... Un léger bain de soleil qui m'avait valu quelques vilaines rougeurs....
Qui lui avait rôti les bras et une partie de la figure au point que ses domestiques choqués, et même traumatisés pour ceux qui l'avaient vu fumante, en vinrent à appeler Victor malgré le refus explicite de leur maîtresse. Mais elle avait été trop fière pour admettre la gravité de son état, en dépit de l'avis de Victor, qui au diapason des employés avait trouvé son état suffisamment grave pour la mettre sous analgésiques puissants, et en perfusion.... Elle n'était pas prête d'oublier cette perfusion fémorale d'ailleurs ! Mais au lieu de ressasser des souvenirs embarrassants, il était question d'en offrir un à Louis ! Et quoi de mieux que faire passer un fils pour le dernier des pervers devant son père, en impliquant en plus la compagne de ce dernier. Si au départ, Katyusha n'avait pas ciller face à la remise en question de Victor quant à son comportement, la suite fut tout autre.
Elle ne l'avait pas pris au sérieux, car elle pensait qu'il ne faisait que jouer la comédie, comme convenu et avec un certain brio. Et d'ailleurs voir l'air effaré de Louis avait suffit à la ravir. Mais.... Son air changea du tout au tout lorsqu'elle le vit trembler, et surtout en apercevant ses yeux changer de couleur. Son visage se fit grave, sérieux et elle réagit très vite. Si Louis allait fermer la porte à clefs, l'Impératrice déchue prit les devant et se positionna devant le lycan, s'érigeant en véritable rempart. Elle était particulièrement dubitative quant au fait qu'une porte fermée à clef puisse contenir un lycan bicentenaire.... Elle réfléchissait rapidement. La sécurité lui commanderait d'assommer d'un coup sec Victor, tant qu'il en était encore temps mais.... Elle n'avait pas le coeur à user si vite de cette extrémité. Elle pouvait également user de son hypnose, mais elle savait aussi que son adoré n'aimait pas du tout qu'elle use de cela sur lui. Était-il seulement encore influençable dans son état ? Elle attrapa délicatement la tête du loup, captant son regard du sien, et lui parlant doucement.
Victor, voyons.... Regardez-moi.... Votre fils à raison, et vous le savez.... Vous savez que tout cela n'était qu'une farce grotesque depuis le début.... Quelle idée vous mettre dans des états pareils ? Allons.... Moi me dévêtir en présence d'autrui ? Encore plus d'un homme ? Et pire encore le laisser me toucher ? C'est invraisemblable voyons.
Elle l'appelait de nouveau Victor, comme lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Elle tentait de le raisonner et surtout de l'apaiser. Calmer les émotions vives. Avec ses pouces, elle caressait très doucement les joues du lycans.Elle-même se devait de rester très calme, quitte à faire croire qu'elle maîtrisait la situation. Alors qu'en fait elle improvisait complètement.
Nous parlons de votre fils Victor.... Pas du premier quidam venu. Et à en voir sa réaction quand vous le grondez.... Je doute que ce soit là l'attitude d'un pervers dénué de morale et de respect. Allons.... Calmez-vous.... Je n'ai pas envie de devoir encore jouer à chat avec un lycan furieux. Cela ne m'a pas réellement réussi lorsque les jumeaux se sont transformés. Je sais que vous n'avez toujours pas eu la démonstration de ma capacité à me suturer le dos seule, mais tout de même. Et vous seriez fichu d'utiliser le prétexte de mon état convalescent pour m'enchainer au lit encore une fois....
Essayer de le faire rire était aussi une idée qu'elle tentait d'essayer. Tout était bon à tenter que d'avoir recours à la force. Elle se moquait bien de se retrouver une énième fois en charpie, mais si elle devait déboîter les pattes avant de Victor comme il lui avait demandé de faire la première fois avec les jumeaux.... Elle savait qu'elle le vivrait particulièrement mal. D'autant plus que Louis ne serait peut-être pas compréhensif à ce sujet.
Je ne pus m’empêcher de sourire à Louis, hochant la tête. J’étais particulièrement ravi de le voir accepter la famille de sa sœur, mais… Peut-être devrais-je lui indiquer quel homme était Aedan. Ou tout du moins quel merveilleux gendre il n’était pas…
- Sa famille comporte plusieurs vampires, mais seule deux jeunes femmes sont vraiment proches d’elles. Mia et Effy. Enfin… Je secouai la tête. Je te laisserais faire leur connaissance lorsque tu leur rendras visite.
Je laissai alors à ma compagne l’opportunité de s’expliquer elle-même sur le « léger » incident qui l’avait brûlé il y a quelques temps déjà. Une chose qu’elle semblait même atténuer sous mon regard légèrement courroucé. Quelques petites rougeurs… C’était bien peu dire.
- Je rectifierais par de graves brulures au visage et sur le corps. Dis-je en plissant les yeux. Ce qui est légèrement « plus » que quelques petites rougeurs, vous en conviendrez.
Mais l’heure n’était alors plus aux explications et je dus me rendre compte de mes talents d’acteur. A moins que cela ne fut ma race qui me permettait d’être si crédible. Après tout, chaque personne, ou tout du moins les créatures, savaient que les lycans pouvaient être explosifs lorsqu’une émotion vive le prenait et notamment, la colère, comme aujourd’hui. La preuve de ceci ? Il m’en était donné plein, car alors que je tremblai, Louis avait fermé la porte, espérant sûrement ainsi contenir la rage lycane à l’intérieur de son bureau. Un instant, je dus retenir un soupir de fierté. Son bureau. Mon fils avait un restaurant à lui seul. Dieu qu’il avait grandit depuis son entrée à l’armée… Une émotion bien vite mise de côté alors que Louis reprenait parole bien rapidement suivie de Katy. Les yeux suivant chacun de leur mouvement, je fus surpris de voir la vampire apparaitre devant moi pour tenter de me calmer. Au moins usait-elle d’une voix des plus douces et agréables, et je dus me fouetter intérieurement pour garder mon calme, et donc ma colère, face à elle. Ce fut à la fin de sa tirade que je restai alors quelques instants en silence, la fixant de mes yeux jaunes. Un instant que je voulais être stressant, angoissant pour chacun d’entre eux alors qu’ils tentaient de m’utiliser pour mettre l’autre dans quelques beaux draps. Puis soudain, un rire. Mes yeux redevenus émeraudes, je me mis à rire, sincèrement, de bon cœur, les larmes, même, me venant aux yeux. De très longs instants, je fus simplement incapable de prononcer le moindre mot.
- Oh je suis désolé… Finis-je par articuler en tentant de me calmer. Cela vous apprendra à m’utiliser comme boomerang et à jouer les plus malins. Je soufflai alors, essuyant les dernières larmes de rire et secouant la tête. Calmez-vous. Je ne vais pas m’énerver et je sais très bien que rien de s’est passé comme vous l’avez décrit.
C’était un fait. Je connaissais aussi bien Katy que mon fils, ou tout du moins celui que j’avais pu quitter il y a de cela plus de cent ans, mais cela me suffisait pour en être convaincu.
- Quant au fait de vous enchaîner, une prochaine blague de ce genre et vous le serez tous les deux. M’amusai-je alors ouvertement. Enfin…
Doucement, j’attrapai la main de ma compagne, un léger sourire, bien plus serein, amoureux, même.
- Puisque nous avons réglé cette histoire, je vais vous laisser à vos occupations. Dis-je alors en me retournant vers mon fils. Louis. Au plaisir de te voir. Nous n’aurons qu’à fixer un jour… Une nuit pour aller rendre visite à ta sœur. Puis je me tournai vers la rousse. Katy, je viendrais vous voir demain, si cela vous convient.
Un baiser sur sa joue en guise d’adieu, bien trop pudique devant mon fils pour oser un baiser sur ses lèvres quoique l’envie ne manque pas et je quittai alors les lieux, le plus simplement du monde. Pourquoi partir si vite ? La raison était simple. Je leur avais fait peur, et il faudrait sûrement quelques minutes pour qu’ils regagnent leurs esprits. Ainsi y avait-il deux raisons. En m’éclipsant juste avant que leur esprit ne revienne à la raison, je m’évitai leur foudre. Par ailleurs, en quittant de la sorte, je les laissai sans aucune réelle explication et… « bête », comme certains pourraient le dire. Bête de leur peur et de leur jeu. Cela leur apprendrait donc… Enfin… Tout du moins à Louis, car connaissant Katy, cela n’aurait pour effet que de lui donner davantage l’envie de me piéger, mais c’était là une partie de son charme, n’est-ce pas ?
Au moins Miss Orlov semblait-elle savoir y faire. Quoique, cela me fasse particulièrement bizarre de voir une femme aussi proche de mon père. A vrai dire, cela me faisait plaisir, c’était un fait. Le voir bien accompagné me rassurait quant à la vie qu’il avait pu passer. Mais chose qui n’était pas pour me rassurer, a contrario, c’était bien l’attitude de mon père. Les lycans étaient difficilement contrôlable, je le savais mais voir mon propre géniteur affecté par ce « mal » … Je devais avouer que cela n’était pas des plus agréable. Bien au contraire. Et encore plus lorsque l’on savait que des clients et des employés plus innocents les uns que les autres ne se trouvaient alors qu’à quelques pas de nous.
Puis il y eut un silence. Un silence beaucoup trop long à mon goût. Allait-il explosé ? Devions-nous nous préparer à arrêter un lycan hors de lui ? Ce fut le rire de Georges qui me rendit perplexe, encore plus qu’auparavant. Sans comprendre, je l’observai. Il riait ? Non… Si. Mon père, cet homme si froid et dur riait aux éclats. Les yeux légèrement écarquillés, je ne cessai alors de le fixer. Il riait. C’était en fin de compte encore plus étrange que tout ce que j’avais pu connaître jusque lors. Je n’avais jamais vu mon père rire à ce point. Pour dire. Et enfin, il s’expliqua, me faisant plisser les yeux. De la comédie. Il n’avait fait que nous jouer la comédie. Soupirant tant de soulagement que, quelque peu, d’agacement de mettre fait avoir de la sorte, je secouai la tête avant de me stopper de nouveau. Et voilà qu’il plaisantait de la sorte.
- Miss… Dis-je doucement sans quitter le lycan des yeux. Qu’avez-vous donc fait à mon père ? Je dois vous avouer ne plus le reconnaitre.
Et je ne mentais pas. Ce n’était pas là le père que je connaissais. Plus détendu, plus calme, paradoxalement à ce qu’il venait de nous montrer, plus amusant… Il ne ressemblait en rien à l’homme que j’avais quitté des années auparavant. Je n’eus le temps de m’étonner d’avantage que mon père prit la décision de nous quitter, sans même plus d’explication ou nous laisser le temps de nous « venger » de cette petite blague. Les yeux fixés sur la porte qu’il venait de fermer, je croisais mes bras, m’asseyant quelque peu sur mon bureau, silencieux. Ce fut un long soupir qui brisa ce même silence alors que je fronçai les sourcils.
- Il a changé. Dis-je. En bien, rassurez-vous mais… C’est étrange. J’esquissai soudain un sourire entre l’amusement et l’attendrissement, tournant les yeux vers la vampire. Je suis ravi de voir que vous avez réussi à en faire un autre homme, Katyusha. J’espère pouvoir vous appeler de la sorte ? Enfin. Je vous félicite. Des souvenirs que j’en ai, ce n’était pas mince affaire. Je suis aussi surpris qu’heureux de voir cela, et je vous assure que mes frères auraient été tout aussi heureux que moi s’ils avaient eu le pouvoir d’être là. Levant la tête vers le ciel, je fermai rapidement les yeux, leur adressant une légère prière. Mais je sais qu’ils nous regardent et le sont malgré tout…
Soupirant, je me décalai enfin de mon bureau, m’inclinant légèrement face à la vampire.
- Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, beaucoup risquent de se poser des questions en bas et j’avoue que j’espérais ne jamais voir mon père en colère. M’amusai-je. Je vous remercie pour tout, dans tous les cas et… Je grimaçai, m’excuse de ce petit jeu à vouloir vous faire porter le chapeau. J’ai tendance à m’emporter facilement dans ce genre de cas.
A l'air courroucé et dubitatif du médecin quant à la description de ses brûlures, la vampiresse lui répondit par une très légère moue boudeuse, secouant doucement la tête. A la voir, on jurerait que Victor en faisait des tonnes, et qu'une éraflure devenait un fracture ouverte avec lui ! Et pourtant.... Cela dit, Katyusha n'était pas la seule à savoir tromper son monde. Voilà que le lycan se sentait d'humeur taquine, et décida de piéger ses proches ! Avec brio il fallait le lui accorder. Les deux s'étaient faits avoir comme des débutants ! D'ailleurs ce jour là, la vampiresse appris qu'un lycan pouvait influer sur la couleur de ses yeux à volonté. Elle serait plus prudente à l'avenir ! Pour l'heure elle laissa échapper un soupir de soulagement, en secouant doucement la tête. Elle aurait voulu se fâcher et le gronder mais.... Au vu du large sourire amusé qu'elle avait aux lèvres, c'était particulièrement compromis ! Et pour cause, elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver que son coup était bien joué. Enfin, à un petit détail près, qu'elle ne pouvait pas taire cela dit.
Mon ami, ne vous a t-on jamais dit qu'il ne fallait pas crier au loup en vain ? Imaginez qu'on finisse par ne plus vous prendre au sérieux et que vous vous transformiez pour de bon. Cela dit....
Elle marqua une courte pause avant de lui souffler de manière à peine audible.
....De grâce évitez de jouer à cela à l'avenir. J'ai failli vous assommer pour éviter un drame. Ou pire, imaginez que j'eusse appliqué la méthode que vous m'avez apprise pour maîtriser les jumeaux. Nous aurions été dans de beaux draps !
Elle se tourna vers Louis qui l'avait prise à partie quant au comportement de son père. Retenant un rire, elle protesta.
Je vous assure que je n'y suis pour rien. Je me demande vraiment où il a pris de si vilaines manières. Mais je vais essayer d'y mettre bon ordre.
Néanmoins elle ne parvenait pas à effacer son sourire amusé sur son visage. La chipie qu'elle était ne pouvait pas s'empêcher d'apprécier l'audace de ce tour. Elle se tourna de nouveau vers le prévenu lupin, précisant.
Nous reparlerons ultérieurement de votre attitude au manoir.
Une phrase qui pouvait donner l'impression que Victor allait se faire très sérieusement sermonner une fois qu'ils seront dans l'intimité. Mais avec le sourire qu'elle avait, il était bien difficile de faire un pronostic. Elle comptait d'ailleurs jouer sur l’ambiguïté de cette phrase pour titiller la curiosité et l'imagination de son cher et tendre. Ce dernier s'offrit d'ailleurs une dernière bravade qui n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Un sourire carnassier aux lèvres et un regard défiant, elle lui répondit goguenard.
Voyez comment il est ! Prétendre des motifs impérieux pour m'enchaîner alors qu'en réalité le moindre prétexte est bon pour. Essayez donc mon cher, et je vous attache sur un cheval au triple galop.
Il le savait pourtant.... Elle n'arrêterait jamais ! Elle répondrait à chacune de ses bêtises, encore et encore ! Mais n'était-ce pas là quelque chose qu'ils affectionnaient profondément l'un comme l'autre ? Leur capacité mutuelle à répliquer. Elle acquiesça d'un signe de tête à sa proposition, lui confirmant leur rendez-vous.
Soit, je ferais préparer des "biscuits"....
Une dernière allusion pour la route. Son loup préféré vint lui déposer un baiser sur la joue, ce qui lui parut beaucoup plus convenable en présence de son fils. Elle se permit l'audace de lui répondre en posant une main sur la sienne.... Leur pudeur les perdrait un jour.... Victor partit, l'éternelle demoiselle se tourna vers Louis, qui peinait à se remettre de ce qu'était devenu son père. Elle secoua doucement la tête un sourire attendrie aux lèvres.
Il me serait bien délicat d'établir lequel des deux a le plus changé l'autre.... Ou serait-il plus correct de dire révéler l'autre.
Elle acquiesça, un petit sourire en coin.
Mon prénom reste une appellation pertinente pour m'interpeller en effet. Il serait bien prétentieux de vous le refuser. Mais croyez-moi.... Je n'ai réellement pas eu besoin de faire le moindre effort avec votre père. Cela est venu.... Très naturellement et rapidement. Il m'est toujours surprenant d'entendre le tableau si austère et sérieux que l'on dépeint de lui.
Alors que Louis évoquait ses frères qui devaient certainement les observer depuis un au delà.... La vampiresse se surprit à se dire qu'ils avaient certainement dû s'insurger plus d'une fois en voyant toutes les bêtises insensées que Victor et elle avaient pu faire. Ou rire à s'en fendre les côtes, au choix. Elle secoua doucement la tête à sa remarque sur la colère de son père. Elle avait été particulièrement amusé de le voir reculer comme un enfant grondé face à son courroux. Elle leva doucement la main à ses remerciements et ses excuses.
Louis, croyez-moi je suis la plus comblée, vous n'avez pas besoin de me remercier.... Ni de vous excuser. Je sais apprécier les bonnes audaces et encore plus y répondre.... Comme vous avez pu le constater. Votre répartie m'avait particulièrement inspirée et amusée. Et je ne doute pas que cela aurait pu durer encore longtemps si votre père n'avait pas décidé de nous donner une leçon. Je suis curieuse de voir ce que cela donner à l'avenir.... Mais pour l'heure, il me faut retrouver Ruben. Le malheureux doit se faire un sang d'encre, et je n'ai que trop tardé. Au revoir Louis, et à très bientôt dans des conditions plus propices j'espère.
D'un mouvement de tête, elle quitta les lieux pour retrouver l'humain qui commençait à se ronger les sangs.