Vendredi soir, enfin le week-end où tout était possible. Les rues étaient déjà pleines de fêtards et de noctambules à la recherche d'un lieu où se poser pour prendre un verre, "chiller" comme disent les jeunes. D'autres avaient préféré rentrer se reposer mais le bruit ambiant rendait le sommeil agité. Il fallait vraiment aimer vivre dans une cacophonie permanente pour loger au centre de la Nouvelle-Orléans, voilà pourquoi Calista avait préféré s'éloigner. Toutefois, elle appréciait faire un tour en ville avant d'ouvrir sa boutique le samedi, en espérant trouver un peu de bonne compagnie. Cela ne finissait pas forcément toujours au lit, ce n'était pas le but recherché, juste trouver des petits humains friands de sensations fortes ou simplement discuter. Ses pérégrinations l'avaient emmené jusque devant un club de jazz réputé, pour elle qui aimait la musique c'était parfait. Elle savait pour y avoir déjà été que c'était un lieu sympathique où se mêlaient mélomanes et artistes. Ce qu'elle appréciait chez ces personnes était qu'ils profitaient de la vie et qu'ils ne pensaient pas à l'avenir. C'était donc le bon endroit pour décompresser et passer un bon moment.

La vampire entra en ces lieux où la musique résonnait déjà entre les murs. Ce n'était pas toujours agréable pour quelqu'un qui avait l'ouïe fine mais le son n'était pas assez fort pour la faire fuir. Elle fut rapidement mise dans l'ambiance en étant accueillie par un serveur habillé comme au 19e siècle et il l'amena à une table ronde entourée de 4 chaises. Elle commanda un verre de sang mélangé à une larme de whisky qui arriva quelques minutes plus tard. Elle se sentait bien seule au milieu des milieu des autres qui étaient venus avec des connaissances et Cali espérait maintenant que quelqu'un daigne la saluer comme cela arrivait souvent. On ne laissait rarement une jolie femme seule autour d'un verre... En attendant, elle regardait la scène ou se produisait un petit groupe peu connu. La façon dont les musiciens se déhanchaient donnait envie de danser, tout était réuni pour faire la fête. Heureusement, avec l'avènement des vampires il existait beaucoup d'endroits qui leur étaient ouvert toute la nuit et surtout, qui servaient du bon sang de qualité. Cela donnait l'impression que les grandes villes ne dormaient jamais.

La nuit ne s'annonçait pas si mauvaise, la musique était bonne, le cocktail succulent et l'ambiance festive. C'était avant l'arrivée d'un drôle de vampire accompagné de deux bébés, la femme crut halluciner. Avait-elle bien vu la scène étrange qui venait de se dérouler ? De sa position, Calista avait tout vu mais étant un peu dans le noir, l'homme n'avait pas dû la remarquer au premier abord. Non seulement c'était complètement inconscient d'amener des bébés dans un tel lieu mais en plus il les cachait sous la table… Dommage qu'il était idiot parce qu'il avait un physique plutôt avantageux. Calista chassa cette pensée de sa tête, après tout il ne devait pas être célibataire s'il avait des enfants, à moins que la mère s'était barrée. Le plus important présentement était la santé de ces petits puisqu'ils n'avaient pas leur place ici, le bruit risquait de leur abîmer les tympans. La vampire risquait également de se faire jeter mais ça ne coûtait rien d'essayer. Elle se leva donc de sa chaise et rejoignit discrètement la table du papa vampire.

"Ça ne tourne pas rond chez vous ?" S'enquit-elle calmement.

Encore un alcoolique qui ne pouvait pas vivre sans sa dose ? On vivait dans une drôle d'époque... La femme au teint pâle jugeait un peu vite mais elle se fichait de ce qu'il pouvait penser de toute façon. A ce moment là, le serveur arriva avec de l'alcool, beaucoup d'alcool... Sérieusement ?Calista fit semblant d'être la petite amie du noctambule pour ne pas éveiller les soupçons et détourner l'attention du serveur. Pour cela, elle se mit à caresser sa joue quelques secondes tout en lui faisant comprendre avec le regard qu'elle faisait cela pour le couvrir. D'ailleurs, rien ne l'obligeait, il suffisait de le dénoncer mais était-ce une bonne idée de laisser ce type de personne partir avec des enfants en bas âge ? Elle avait surtout envie de comprendre. Elle prit alors un des bébés qu'elle cacha sous un châle et il se mit à sourire en la voyant. Quel adorable petit… Cali se sentit soudainement nostalgique. Elle aurait aimé pouvoir enfanter mais hélas, la vie en avait décidé autrement.

"Expliquez moi s'il vous plaît qu'est-ce qu'il vous ai passé par la tête avant que je n'appelle les services sociaux ?"

Plusieurs questions se bousculaient dans sa tête, avaient-ils mangé ? Où était leur mère ? Que faisait un vampire avec des bébés humains ? C'était un sentiment assez étrange pour elle car même si elle n'avait jamais été mère, elle ressentait de l'empathie pour ces enfants.

"Ce n'est vraiment pas intelligent de boire devant eux, quelle image souhaitez-vous renvoyer ?"

Ils étaient à peine nés alors ils n'allaient sûrement pas se souvenir de cette scène et la belle le savait bien, il n'empêche que ce n'était pas normal.

Il en existait des vampires étranges mais celui-là avait décroché la palme, ou soit c'était l'alcool qui avait grillé son cerveau. De toute manière, ce n'est pas pour lui que Calista avait changé de table mais pour les deux bébés par terre. D'ailleurs, ce que dit cet homme laissait penser qu'ils n'étaient pas à lui, ce qui était très curieux. Quels parents sains d'esprit confiraient leurs enfants à un vulgaire soûlard ? Non, c'était les siens et il ne les assumait pas. Néanmoins, ils avaient l'air en bonne santé et d'avoir mangé puisqu'ils étaient sages, le vampire n'était donc pas un si mauvais père, à par si c'était la mère qui faisait tout. C'était donc plutôt rassurant.
Calista haussa un sourcil à sa remarque sur le fait qu'elle avait qu'à faire des gosses. C'était pourtant évident qu'elle ne pouvait pas en avoir.

"Si j'avais des enfants ils ne seraient sûrement pas ici mais au chaud dans leurs lits, je n'ai pas à recevoir de leçon de votre part." Lança-t-elle l'air contrariée.

Il continua dans sa lancée et déblatérant des bêtises encore plus grosses que lui et la brune se dit qu'il était peut-être préférable de l'ignorer si elle ne voulait pas péter un plomb. La nature avait voulu qu'elle n'ait pas d'enfants, pendant que des personnes inconscientes en concevaient et c'est ce qui était le plus navrant.
Le vampire lui reprit le bébé qu'il cacha sous sa veste mais il en restait un par terre. Elle remarqua en l'observant qu'il était touché en regardant son enfant, et il prit soin de vérifier que l'autre allait bien. La sangsue se calma un peu et réalisa qu'il était peut-être simplement un homme qui n'avait pas voulu d'eux mais qui les aimait quand même. Elle attrapa l'autre bébé qui dormait malgré le bruit et elle lui caressa la joue doucement.

"Votre femme vous laisse sortir avec eux ? Elle sait où vous êtes au moins ? Malin comme vous êtes vous n'avez pas amené de couches je suppose."

La belle se permit de lui prendre un fond de verre de rhum puis elle le provoqua du regard, elle en avait bien besoin.

"Écoutez… Je vous vois arriver avec deux bébés que vous posez sur le sol, il est normal que je m'inquiète, non ? Mais pardonnez moi de vous avoir agressé."

Pour une raison obscure, c'est lui qui était de corvée pour les garder et il ne savait clairement pas s'y prendre. Il aurait suffit de trouver une nourrice si le père voulait continuer de vivre de la même façon que lorsqu'il n'avait pas d'enfant.

"Vous devriez peut-être envisager le fait d'engager une baby-sitter, cela vous permettrait de sortir seul et de profiter."

Il faut croire que le vampire n'avait pas apprécié que Calista parle d'une femme au vu de sa réaction et elle ne semblait pas exister visiblement. Son intention n'était pas de le mettre en colère ni mal à l'aise en parlant d'elle. Seulement, étant un peu de la vieille école, la brune pensait simplement que s'il avait des enfants c'est qu'il était avec quelqu'un. Elle se rappela soudainement que la société avait bien changé depuis de nombreuses années et qu'on était plus obligés de se marier pour avoir des enfants. Elle trouvait d'ailleurs cela triste puisqu'il n'était pas rare de voir des couples enfanter pour au final les élever séparément. Son interlocuteur devait en faire partie.

D'ailleurs, il continuait de brailler et de faire le malin alors qu'il était complètement à côté de la plaque. Calista ne le crut pas une seconde et elle prit même un air narquois pour lui montrer que faire le beau ne servait à rien. Il n'y avait rien de mal à avouer ses faiblesses ni à demander de l'aide pourtant. Cependant, elle ne le connaissait pas et elle ignorait donc ce qu'il le poussait à se comporter de cette façon. Deux choix s'offraient donc à elle : soit elle le prenait au mot et elle quittait le bar, soit la miss restait pour essayer de comprendre la situation. Heureusement pour lui mais surtout pour les bébés, elle avait de la compassion à revendre.

Calista choisit la deuxième option (elle n'avait rien d'autre à faire de toute façon) et écouta le beau brun donner son avis sur les baby sitters. La créatrice de bijoux haussa un sourcil, il en demandait un peu trop… Personne n'accepterait de travailler gratuitement mais il fallait avouer que ça restait un coût non négligeable. Le père lui remit l'autre bébé pour aller se commander à boire, comme si ce n'était pas assez. Il n'avait rien écouté en fait… Calista en profita pour jouer un peu à la maman alors qu'elle observait les jumeaux, elle se dit que ça ne devait pas être facile d'en avoir deux d'un coup. Ils gazouillaient tranquillement mais le bruit était couvert par la musique. Ils allaient peut-être devenir des futurs fans de jazz…

Le vampire revint avec une autre bouteille et reprit l'un des enfants, sous le regard agacé de Calista. De plus, il se permit une petite blague comme si elle était une vraie plaie. Elle soupira alors en trouvant dommage le fait qu'il le prenne de cette façon alors qu'elle voulait aider. Le garçon toujours dans les bras, elle releva ses yeux verts sur le père.

"Vous auriez assez d'argent pour financer les services d'une nourrice si vous ne l'utilisiez pas dans l'alcool mais passons."

Elle prit ensuite le verre puisqu'il semblait vouloir qu'elle le suive et elle l'avala cul sec avant de faire une petite grimace. Elle buvait devant les jumeaux, ce qui n'était pas bien mais elle avait une réplique toute trouvée pour se justifier.

"Je vous remercie, je vais en avoir besoin pour tenir le coup avec vous. Avouez que vous avez un sale caractère."

La femme lui fit un petit clin d'œil pour l'embêter avant de bercer le bébé. Elle s'amusait bien avec eux.

"Serait-ce trop demander de connaître votre nom mais aussi celui de vos progénitures ? Ils sont très mignons en tout cas, vous les aimez cela se voit. "

Calista écoutait l'homme passer sa rage et elle le nargua en baillant. Elle, un sale caractère ? Oui, quand on la cherchait mais dans le cas contraire, il n'existait pas d'âme plus gentille. Et là, la vampire était face à un sacré morceau, il fallait donc qu'elle puise dans sa patience pour ne pas l'insulter à son tour. En y réfléchissant, ce serait se rabaisser à son niveau alors elle se contenta de boire un coup.

Au moins l'homme avait daigné répondre à sa question et Cali connaissait maintenant les prénoms de tout ce petit monde. Enfin en partie puisqu'elle ignorait qui était Lyla et qui était Morgan… Enfin, après un rapide coup d'œil elle comprit qui était qui et même leur père ne faisait pas cet effort. C'était vraiment grave au point qu'elle se demanda si ce n'était pas une caméra cachée. Le pire étant qu'il ne voulait même pas avouer les aimer, c'était un véritable crève-cœur. Qu'allaient penser ces enfants en grandissant ?

"Calista…" Souffla-t-elle agacée. "Je possède un commerce."

La belle brune n'avait pas vraiment envie de discuter de tout et de rien avec quelqu'un d'aussi rustre, il faut dire qu'il ne donnait pas envie… Elle répondit donc par politesse et parce que son éducation l'exigeait.

Heureusement, Morgan la sauva en faisant du bruit et elle voyait bien que Stephen galérait. Il ne savait pas du tout y faire, étonnant, non ? Ayant les bras pris par Lyla, la vampire ne pouvait pas faire grand chose, seulement donner des conseils.

"Vous ne pouvez pas faire comme s'ils n'existent pas, ce petit a besoin de vous actuellement alors cessez de penser qu'à votre petite personne et écoutez le, observez ses gestes."

C'en était trop pour Calista qui souhaitait réellement lui donner une bonne leçon, non seulement parce qu'il avait été insupportable mais aussi parce qu'il se fichait de ces enfants.

"J'étais prête à vous aider en vous proposant mes services gratuitement mais… Ma vie n'est pas intéressante apparemment et puis j'ai un trop 'sale caractère'."

Ni une ni deux, la femme se leva puis posa la petite sur le bras libre de Stephen, sans même lui laisser le temps de rouspéter. Elle regarda ensuite la sortie et commença à se diriger vers elle. Libre à lui de la retenir ou non, elle ne pouvait pas imposer ses idées malgré qu'elle aurait aimé en savoir plus sur la situation du père.

Les choses se passèrent comme la lady l’avait prévu, en effet elle fut rattrapée par Stephen en moins de deux. Forcément, qui refuserait les services gratuits d’une nourrice ? Calista se laissa emporter, pensant qu’il avait retenu la leçon mais non, il était toujours aussi impoli. La brune reprit sa chaise quand même, les bras croisés et le regard fixé sur son interlocuteur. Là, elle n’était pas vraiment pas contente… Déjà d’une elle ne s’appelait pas “Gertrude”, c’était le prénom de sa défunte grand-mère mais passons et de deux, l’homme ne s’était pas excusé. Il pensait peut-être qu’elle allait écouter sagement ? C’était mal la connaître. Pendant ce temps, elle en avait oublié les enfants qui étaient retournés sous la table.

“Je vous arrête tout de suite Stephen, soit vous devenez un adulte responsable et je reste, soit vous continuez d’être un imbécile qui s’exprime comme un charretier et je m’en vais.”

Elle leva légèrement la tête et lui lança un regard glacial qui signifiait qu’il n’avait pas le choix d'obtempérer. Ce n’était pas si difficile d’aligner trois mots sans insulter personne, si ?

“Vous n’êtes pas en mesure de négocier, si je comprends bien vous avez absolument besoin de quelqu’un…”

Le ton se faisait cette fois plus provocateur et elle se mit à sourire pour le narguer. Assez joué, Calista attrapa Morgan qui était à deux doigts de pleurer et elle le berça un peu pour le calmer. Ce n’était pas simple de faire un diagnostic étant donné qu’elle ignorait s’il avait mangé ou non mais au vu de l’odeur qui se dégageait de sa couche, il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre… Le problème était que son père n’avait pas pensé à prendre des couches, ni même au biberon alors que faire ?

“Votre bébé a besoin d’être changé… Non loin d’ici se trouve une supérette, je veux bien m’y rendre mais je ne le fais pas pour vous.”

Calista remit Morgan dans les bras de Stephen sans lui laisser le choix et elle quitta le club pour aller chercher des couches.

***

La femme au teint pâle revint quelques minutes plus tard et constata que les enfants étaient encore en vie. Les couches et les lingettes cachées dans un sac, elle reprit l’un des jumeaux en le recouvrant par son châle.

“Prenez la petite et venez avec moi, tout de suite.” Dit-elle sèchement.

Pas question de la laisser gérer seule pour se bourrer la gueule et puis il fallait qu’il apprenne. Calista se rendit discrètement dans les toilettes pour femmes et il n’y avait personne heureusement. Les enfants étant interdits il n’y avait pas de quoi changer un bébé alors elle posa son châle sur le rebord d’un évier carrelé pour que ce soit plus confortable pour le petit. Ce dernier se mit à pleurer un peu sous le regard ahuri de la suceuse de sang qui craignait être démasquée mais la musique couvrait les bruits. Le plus drôle dans tout ça c’est que Calista ne s’était jamais occupée d’un bébé mais elle avait pris des cours comme se devaient les femmes à son époque, elle savait donc quoi faire. Telle une opération chirurgicale, elle retira la couche et donna des ordres à Stephen pour l’aider. Son fils était maintenant propre et content. Elle le reprit dans les bras et profita du calme des toilettes pour parler un peu avec Stephen. Bon finalement elle n'était pas partie... Mais c'était plus fort qu'elle, il ne fallait pas avoir de coeur pour laisser un papa inexpérimenté et en galère se débrouiller.

“Racontez moi un peu comment vous en êtes arrivé là.”

Enfin, le vampire avait fermé son clapet et c'était agréable pour les oreilles. Il faut croire qu'il avait enfin compris qu'il valait mieux pour lui de rester calme ou Calista partait, ce qui aurait été fâcheux étant donné que l'un des bébés devait être changé. Il avait donc suivi la brunette dans les toilettes et avait obéi à ses directives sans broncher, comme quoi il n'était pas si idiot. A vrai dire, on voyait bien qu'il tenait à ses petits mais il était juste dépassé par la situation.

Morgan dans les bras, elle écouta Stephen raconter son histoire et haussa un sourcil. Finalement, c'était un récit assez classique et cela arrivait très souvent d'ailleurs. Au moins l'homme avait rejoint la mère de ses enfants et les avait assumé malgré qu'il n'en voulait pas, ce qui était une bonne chose. Elle comprenait aussi un peu mieux son comportement et sa situation alors elle hocha la tête et le laissa finir. Le beau brun avait merdé c'est clair mais Calista ne porta pas de jugement sur la façon dont les bébés avaient éte conçus, ce qu'il comptait c'était le fait qu'ils étaient bien traités.

"C'est plutôt honorable d'être resté malgré que ce n'était pas votre choix de départ, beaucoup de pères ne le font pas hélas mais vous devriez apprendre à mieux vous occuper d'eux pour qu'ils deviennent des adultes responsables, n'êtes-vous pas d'accord ?"

D'autre part, être père pouvait peut-être lui apprendre à être lui-même responsable et c'était sans doute quelque chose dont il avait besoin. La vampire le voyait comme ça en tout cas.

"La grossesse et l'accouchement ont du être pénibles pour votre amie, elle a beaucoup de courage et même de la chance que vous l'ayez rejoint, vous devez beaucoup l'aimer."

Calista s'adoucissait enfin et elle finit sa phrase par un sourire. Il faut dire que les histoires d'amour la faisait fondre mais voilà que Stephen demanda pourquoi elle l'aidait.

"Parce que vous en avez besoin, eux également." Dit-elle en zieutant les jumeaux l'un après l'autre.

Était-elle une simple âme charitable ? Oui et non.

"Je n'ai pas pu avoir d'enfants, non pas par choix mais parce que j'ai été transformée jeune. J'ai presque cents ans et j'aurais aimé transmettre mon savoir, partager des moments ludiques avec des enfants, leur apprendre à être des personnes aimantes…"

Elle regarda le sol, un brin de nostalgie dans les yeux puis elle se reprit pour s'attarder sur son interlocuteur.

"Cela n'arrivera jamais alors si je peux au moins vous soulager en gardant ces petits de temps en temps, j'en serai très heureuse." Avoua-t-elle en souriant.

Tout en gardant Morgan, elle sortit sa carte professionnelle de son sac à main qu'elle donna au père.

"À vous et à votre amie de décider."