Event - Rencard cauchemar entre deux rousses [PV Lauranna]

La Saint-Valentin, un des événements préférés de tout bijoutier qui se respectait ! Katyusha ne faisait pas exception à la règle, cette période étant l'une de des plus propices à son chiffre d'affaire. Et pourtant.... L'atmosphère d'amour plus ou moins artificiel que l'évènement occasionnait n'était pas forcément le plus bénéfique pour elle. Aujourd'hui encore, après des décennies.... Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à Lui.... De cette fête qui les mettaient souvent mal à l'aise face à ces couples qui eux prenaient un peu trop leurs aises ! Cette fête qui était le prétexte pour Gerald pour pousser Tybalt à faire un premier pas que jamais la vampiresse n'avait osé faire.... Que de souvenirs si doux, presque amusants..... Qui lui rappelait hélas cette réalité pénible, et la solitude qui lui était rattachée. Elle était seule.... Elle avait perdu son âme soeur.... Et sa douleur et ses pleurs n'y avaient rien changé. Aujourd'hui il n'y avait plus de larmes dans ses yeux bleus. Juste un vague à l'âme fugace, que son masque éradiquait sans sommation. Elle avait vécu l'amour d'abord à travers les crimes de son mari perpétués à sont égares. Puis à travers une symbiose inachevée avec Tybalt. Et ce fut la fin de cette dernière qui la fit le plus souffrir. Qui la fit réaliser et se résigner. Elle n'était pas vouée à être aimée, et ceux qu'elle avait aimaient connaissaient tous une issue tragique.

C'était dans cet esprit de résignation muré sous le silence et la confidence de ses pensées que la vampiresse rentrait chez elle ce soir. Elle comptait bien s'enfermer dans sa chambre, devant un feu de cheminée.... Un disque sur son vieux gramophone, un cocktail d'absinthe pure et de liqueur de menthe à la main. Une soirée parmi tant d'autres, mais où en secret, elle se perdrait dans une nostalgie douloureuse mais inéluctable. C'était son programme, presque un rituel à présent. Et demain tout cela se serait évanoui, comme les rêves mortels disparaissaient avec les nuits....

Hé bien, quelle bien triste vision de la vie ! Allons Altesse, est-ce là une manière de rendre hommage à celui pour qui votre cœur a toujours souri ?

La vampiresse se figea d'angoisse et de stupeur à l'entente de cette voix qui en savait beaucoup trop sur elle, et qui semblait même pouvoir lire dans ses pensées. Elle chercha frénétiquement autour d'elle à identifier où était son interlocuteur, aux aguets, mais rien n'y faisait. La voix semblait être à la fois partout et nul part.

Auriez-vous oublié la puissance et la profondeur de l'amour que jadis déployait ce coeur devenu glace ? Ho non Katyusha, non ! N'espérez pas qu'un jour votre fougue s'efface ! Une passion d'une telle puissance, vous lui ferez face ! Et si vous avez juré de ne plus jamais aimer, si vous croyez vraiment avoir été trop brisée pour recommencer.... Alors vous apprendrez que l'amour n'obéit à aucune résolution, aucune raison, aucun règlement abscons ! Votre coeur est capable d'un amour parmi les plus fous.... Et il est toujours capable d'inspirer lui aussi de l'âme les plus tendres remous....

La vampiresse avait ouvert la bouche pour invectiver quelques sommations bien salées, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Un écran noir devant ses yeux, son corps qui s'effondre, un rire lointain.... Et lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était dans une chambre, sur un lit.... Une pièce spacieuse, meublée, une femme allongée à côté d'elle sur le grand lit, et menottée à son poignet, les rideaux tirés et....

HAAAAA !!!!

Une femme menottée à elle et toutes les deux allongées sur un lit ! Prise de panique, la vampiresse ponctua son cri d'un bond en arrière, hors du lit, trainant sans ménagement, et sans vraiment le vouloir non plus, la pauvresse attachée à elle. Furieuse et acharnée, Katyusha se mit à forcer de tout son être sur les chaînes et les bracelets pour essayer de les briser à la force nue de ses muscles. Mais en vain..... Elle qui était capable de briser les mailles lourdes des chaînes qui relevait les ancre des paquebots, elle ne parvenait à rien ici. Elle commença à s'énerver, ne comprenant ce "miracle".

Enfer et damnation !!! Quelle est cette sorcellerie ?!!

Elle n'avait pas encore remarqué qu'on l'avait changé, et qu'elle portait à présent une petite robe à fleur fluide, qui mettait particulièrement son physique à son avantage.... Maquillée.... Coiffée.... Quelqu'un avait pris le soin de la mettre tout en beauté pour sa partenaire à-titré.... Qu'elle n'avait pas encore eu la décence de rencontrer dans les règles de l'art, et qui devait assister à un curieux spectacle d'une jeune femme qui luttait bientôt à sang contre leurs fers !

La St valentin n'est pas un jour spécial pour moi. Pour Hannah, c'était souvent jour de festin, parce qu'elle trouvait "plus facilement" des proies ne voulant pas "être seules en ce jour spécial". Pour moi, hormis une fois avant la naissance de mon fils (dont je me souviens en me demandant comment je pouvais être aussi culcul-la-praline), le 14 février est un jour comme un autre. Boulot pour le conseil, un tour à la salle pour le cours de cardio boxe et un verre de jus de fruits en discutant avec d'autres habituées, vérification des devoirs, discussion et visionnage d'une série avec mon fils, avant d'aller me coucher relativement tôt... J'aime ces petits moment entre veille et sommeil, pelotonnée sous la couette, juste à profiter de la douce chaleur et des petits bruits familier qui arrivent peu à peu au cerveau, à mesure que je me réveille.

Le hurlement et le bras qui se fait entraîner (et le reste de mon moi avec) ne sont PAS ce que j'appellerai un réveil en douceur. Étalée par terre, l'épaule et le poignet douloureux, j'essaie de comprendre ce qui se passe, dans cette pièce trop sombre pour moi. Une voix de femme, plus grande que moi. Qui crie, qui tire sur mon bras. Des sons métalliques de maillons qui s'entrechoquent et glissent. Le contact d'un bracelet contre mon poignet, un contact comme siliconné, gélosé, une protection contre le métal d'une couche extérieure. Dont part une chaine. Des menottes? Sérieusement? Et tant qu'à chercher ce que je perçois... C'est pas mon pyjama en coton que je porte là. Un chemisier en satin, à l'encolure un peu trop prononcée à mon gout, et un pantalon serré, jean ou assimilé, orné de brillants le long de l'encolure.

Alors que je cherche des doigts à reconnaitre mon environnement, puisque mes yeux sont inutiles dans cette obscurité (ce qui me fait dire que je suis peut-être enchaînée avec une vampire, qui est l'imbécile qui trouve que c'est une bonne idée?), je trouve un bout de papier. Avec des bosses dessus. Du braille.

"Mesdemoiselles, bonsoir. Il est venu à mes oreilles que vous ne croyiez plus en mes pouvoirs, que vous rejettiez l'amour que je vous présente. J'ai été patient jusque là, mais c'en est assez. Par mes divins pouvoirs, je vous condamne à rester enchaînée l'une à l'autre, jusqu'à ce que vous compreniez que l'amour n'est pas mort, retrouviez la tendresse et fassiez preuve envers l'autre des doux sentiments qui caractérisent cette journée. Et c'est signé "Cupidon, fils d'Eros". Mais c'est quoi cette connerie?!"

Si j'ai pris soin de lire assez fort le début de la lettre, pour couper la femme (que j'entends, dont je devine la position à sa respiration, mais ne voit pas du coup) dans son état de fébrilité, et de lire le plus posément et distinctement possible (en butant sur certains mots quand même parce que le contenu de la lettre me fait halluciner), ma dernière phrase reflète bien plus ma fougue habituelle et mon ressenti. J'ai le bras toujours en l'air à cause des menottes (j'avais donc pas rêvé), et je m'empare de la chaine pour me guider et me redresser. Au passage, je constate que je suis peu stable sur mes jambes. Qui est l'idiot qui m'a affublé de chaussures à talons?! Puis les mains en avant, les pieds balayant le sol pour éviter un obstacle, avec l'habitude de l'expérience, j'essaie de définir mon environnement.

"Par hasard, verriez vous un interrupteur, quelque part? Que nous puissions voir où nous sommes?"

Non, parce que moi je ne vois pas dans le noir.

La vampiresse continuait de s'acharner comme une diablesse sur les liens de fers, de cuir et de silicone. Il fallait reconnaître la qualité et la manufacture de ces menottes, mais pour l'heure la noble rousse était trop irrité pour s'y attarder. Elle écoutait néanmoins la femme qu'elle avait tiré de son sommeil sans grand ménagement, et qui parvenait à lire dans l'obscurité. Une nyctalope ? Mais pas le temps de se poser des questions. Sa lecture fit bouillir l'impératrice déchue qui s'exclama.

Le scélérat ! Si ce déviant se prétend fils d'Eros, son prochain entretien sera avec Thanatos ! Il ira rejoindre les abîmes d'Hadès !

L'éternelle demoiselle chercha du regard l'interrupteur, non sans avoir arqué un sourcil à la requête de..... Ce qui semblait être une compagne d'infortune ? Elle n'avait même pas prit soin de décliner l'identité de cette prisonnière.... Mais si sa rage l'avait aveuglé, son esprit froid revint à la charge. Elle devait se calmer et réfléchir. Et pour commencer, allumer la lumière. Elle se dirigea vers l'interrupteur tout en maugréant.

"L'amour n'est pas mort".... "retrouvez la tendresse" .... Je serais particulièrement tendre avec ses abats.... lorsque je les lui aurais arraché à mains nues.... Je vais lui briser le cœur à coup de piolet....

Ses bougonneries cessèrent en même temps que la lumière revint dans la salle, permettant aux deux femmes de se découvrir plus en détails. Cela n'avait pas l'aura d'une vampiresse.... ni celle d'un lycan à vrai dire.... Elle ne dégageait pas de charme inexplicable.... Humains ? Mawu ? Difficile à dire et dans l'absolue, cela n'avait aucune importance. Quoique.... Quelque chose pouvait en avoir.... Mais pour le savoir elle allait devoir la jouer fine.

Bien, tâchons de reprendre de manière plus conventionnelle.... Je me nomme Katyusha Orlov.... Et vous ? Loin de moi l'idée d'être indiscrète mais pouvez-vous me dire votre profession, vos loisirs, opinions politiques etc.... J'essaie d'identifier les différences et similitudes de nos profils. Je ne veux pas négliger le moindre indice capable de nous faire comprendre à quoi rime cette mascarade grotesque !

La vampiresse observa autour d'elle, cherchant notamment ses effets personnels. Son téléphone portable, son portefeuille, ses clefs, ses armes.... Elle trouva presque tout sauf.... Ses armes ! Elle réprima un grognement, se consolant en se disant qu'au moins, on lui avait laissé ses bagues. Qui aujourd'hui songerait encore à la possibilité qu'elles puissent renfermer du poison ? Cette manière d'assassiner appartenait à un temps révolu, et pourtant.... Elle était toujours efficace.

Si cet imbécile attend un gage de "tendresse", c'est qu'il doit avoir le moyen de nous observer et / ou de nous écouter.... Il doit également avoir un moyen d'ouverture à distance.... En supposant qu'il dise la vérité et que son esprit malade ne nous offre pas un coup de théâtre particulièrement déplaisant.

Tout en faisant ses déductions, la vampiresse regardait partout autour d'elle comme à la recherche de micros ou de caméras cachées. Elle serait bien partie à leur recherche, mais elle s'abstint. Car même si elle en avait trouvé, et ainsi prouvé sa théorie, à quoi bon ? Cela ne les aiderait pas à se libérer. Prenant une profonde et silencieuse inspiration, elle tentait de contenir son effervescence, avant d'ajouter.

Quittons cette chambre avant qu'elle ne m'inspire davantage la nausée....

Elle espérait apprendre si sa comparse d'infortune travaillait par hasard pour la fédération. Pire ! Si elle faisait parti des chasseurs ! Au quel cas, elle savait déjà comment séparer son poignet du sien.... Ce qui lui faciliterait la tâche en un sens. Autre importance à découvrir cette information, savoir si elle devait cacher sa nature à tout prix, ou si elle pouvait la trahir en cas de besoin.
En sortant de la chambre, les deux femmes eurent la surprise de découvrir qu'elles étaient dans un hôtel.... Où d'autres couples menottés sortaient des chambres eux aussi. Au vue des réactions, elles n'avaient pas été les seules victimes de ce fou furieux. Katyusha observa la scène incrédule. Elle souffla en contenant sa colère et sa frustration.

Un fou.... Fou à lier.... Mais un fou qui a les moyens de faire une opération de grande envergure.... Miséricorde.... Hâtons-nous.... A ce stade, il peut-être extrêmement dangereux.

Je sais pas d'où me vient cette intuition que mon "âme soeur" (en tout cas ce que semble avoir décidé ce dieu de l'amour autoproclamé) n'apprécie pas du tout la nouvelle que je viens de lui lire. Je la sens tirer sur mon bras et fait deux pas chancelants dans sa direction. Sérieusement. Des talons, probablement des escarpins, à une BORGNE?! Et elle fait preuve de menaces de mort très imagées, et je vis avec des connaisseurs en la matière.

"Je ne suis pas sure d'en trouver, mais je serais heureuse de vous laisser ces talons aiguilles, je suis sure que ça fera tout autant l’affaire."

Quoi?! La lettre a dit de se montrer courtois et attentionné! Et j'avoue que j'ai aussi de sombres pensées impliquant notre ravisseurs, sa mère et une incapacité à le reconnaitre... Quand la lumière s'allume, je cille par deux fois avant de m'y habituer. Pendant qu'elle énonce ses questions, je repère mon téléphone, et fait le tour du lit. Heureusement, la chaine des menottes est assez longue pour que, en tendant légèrement les bras, on puisse se trouver chacune d'un côté. Bon, par contre, gênée par mon oeil borgne je me cogne le genou au montant du lit. Pas assez pour maugréer, surtout que ce genre de blessure est courante. Mais assez pour claquer la langue d'agacement, alors que je cherche... Elle n'y est pas. Notre ravisseur m'a pris ma canne! Alors certes, elle est clairement conçue pour se battre, mais ça reste une canne d'aveugle, merde! Bon, et je dois avouer que vu que ma main est enchaînée à une femme qui a tendance à oublier cette fichue menotte, ma canne m'handicaperait plus qu'autre chose, mais quand même! Et l'autre qui semble me prendre pour une idiote... Ses questions sont bien trop ciblées pour simplement "chercher des similitudes dans nos profils.". Je n'ai de toutes façon pas le temps de répondre qu'elle a embrayé sur notre situation et son hypothèse. Un moyen de surveiller ce que nous faisons et de le défaire à distance...Empochant mon propre téléphone, je reviens doucement vers ma partenaire désignée, pour mieux examiner les chaines qui nous lient. Pas de dispositif technologique, et je ne parviens pas à trouver de prise dessus avec ma télékinésie. Ce qui signifie que c'est un lien rituel. Ce genre de chose implique en effet soit une surveillance constante (et une concentration sans faille, ce qui signifie qu'on peut espérer tabler sur un relâchement de cette concentration) soit un objet signifiant, dont la destruction se répercutera sur les menottes...

"Lauranna Ariyin, enchantée. Humaine, plus attirée par la wicca que par les dieux grecs ou romains, et comme vous l'aurez constaté, au champs visuel limité."

Comment ça je ne réponds pas à sa question de savoir mes opinions politique? D'un autre côté, croit-elle que je vais lui dire que je fais partie du conseil? Je suis peut-être, des 4 représentants, celle dont la perte serait le moins un coup au moral des surnaturels, mais je reste un secret absolu, c'est une notion que mon grand père m'a bien entré dans le crâne!

"Me guideriez vous?"

Avec douceur, je pose ma main, celle qui est menottée sur son bras, de manière à me servir d'elle comme guide et comme canne à la fois pour sortir de la chambre. Au passage, je perçois la fraicheur de sa peau, ce qui me confirme mon intuition. Le fait que je n'ai pas souvenir d'un nom tel que "Katyusha" dans les noms du conseil me fait soupçonner qu'elle ne soit affiliée à aucun clan, mais je ne pourrais en être certaine.

Les autres couples enchainés m'atterrent pour une autre raison. C'est la quantité potentiellement nécessaire d'énergie pour arriver à lier ainsi plusieurs personnes qui m'affole. Et en même temps, une autre hypothèse me vient.

"Impossible que notre kidnappeur ne maintienne autant de liens par simple concentration. Il doit avoir quelque part des objets, cordelettes ou liens créés à partir de cheveux. Les détruire devrait suffire à nous libérer. Autre possibilité, que le lien soit lié à notre état d'esprit... Et à ce que notre esprit considère comme 'tendresse'."

Hein, quoi, je m'y connais étonnement bien? Ah bon. Bon, ben si elle avait un doute que je suis Mawu, ou au moins pratiquante avertie de Wicca, il sont dissipés. A première vue, nous sommes dans un de ces hôtels anciens, ou les chambres donnent sur une coursive en mezzanine, et en dessous... Est-ce une salle de réception? La chambre dont nous sortons, la vampire et moi est la dernière de la travée, ce qui m'a permis de murmurer mes informations sans être audible d'une oreille humaine. D'autant qu'en bas, une femme, menottée à un grand costaud prend la parole d'une voix forte quoi que calibrée pour être douce, attirant les regards.

"S'il vous plait, votre attention. Ainsi que vous l'avez sans doutes tous compris, nous avons été enlevé et liés par couples, par des liens qui ne disparaitrons qu'une fois preuve de tendresse faite. D'après les lettres dans nos chambres respectives, c'est un Dieu qui nous retiens prisonnier, et j'ignore ce qui pourrait se passer si nous essayons de fuir. Je suis Valérica Froid-Glacé, et administratrice d'un site de rencontre. Je sais que c'est ironique de me trouver parmi vous, mais je vous propose donc de travailler ensemble à nous redonner les uns les autres foi en l'amour, puisque c'est ce que nous semblons tous avoir perdu!"

Wait. What?!

Des talons aiguilles, c'est parfait pour perforer des reins....

La vampiresse pouvait avoir un sens aigüe de l'imagination lorsqu'elle le désirait... Elle écouta la femme lui répondre non sans réprimer un soupir d'agacement. Évidemment, elle lui avait caché son appartenance ou non à la fédération et compagnie.... Cela dit il n'y avait pas que cela de contrariant. Vision limitée.... Mais si elle avait besoin de se faire aider pour marcher, elle ne devait pas être loin de la cécité complète.... Ce qui ne l'arrangeait pas du tout. Fédération ou non, pour l'heure elles étaient toutes les deux menacées, mais sa compagne de galère était une cible plus que facile.... Elle allait devoir la protéger et la surveiller deux fois plus, si elle décidait de la considérer comme une non ennemie. Pour l'heure elle lui avait demandé son aide pour avancer, et il était de bon ton de lui donner une réponse. Acquiescer de la tête n'aurait pas grand sens ici.

Bien entendu.... Je ne suis pas à l'aise avec cette exercice mais j'essaierai d'être vos yeux.

Si elle ne pourrait ni se battre ni s'enfuir, elle démontra qu'elle avait des connaissances. Jamais les chasseurs n'auraient acceptés une malvoyante dans leur rang, c'était donc déjà un cas de figure éliminé. Mais la Fédération.... La Fédération n'était pas au courant de l'existence des mawus. Aussi ne voyait-elle pas pourquoi ils auraient dans leur rang une personne qui parlerait sans retenue de sa "passion", qui ferait même très tâche au sein de ces esprits sectaires et psychorigides. La question était donc.... Véritable Mawus ou juste une illuminée qui se passionnait un peu trop pour la magie ? Elle lui souffla alors à vois basse.

Loin de moi l'idée d'être indiscrète ou pressante, mais j'ai réellement besoin de savoir ce dont vous êtes "capable". Il est difficile d'établir correctement une stratégie sans cela....

Une démonstration valait mieux que mille discours, et celle que lui fit sa comparse ne fut pas pour lui déplaire. Discrète mais efficace.

Parfait.... Ce sera particulièrement utile.

Après être sortie avec précaution, la vampiresse avait observé avec une certaine stupeur la scène devant elle. Déjà tous ces couples forcés offraient une vision assez surréaliste. Mais l'intervention de cette espèce de bonne femme sortie de nul part ne lui disait absolument rien qui n'aille. Déjà, elle semblait beaucoup trop à l'aise. Personne ne semblait ravi ou paisible, chez tous les autres couples l'incompréhension, l'embarras et le malêtre était perceptible. Mais cette femme, propriétaire d'un site de rencontre comme par hasard, prenait les choses en main avec beaucoup trop de sérénité pour être naturel.... Ensuite, comment pouvait-elle savoir que tous les couples présents avaient reçu la même lettre et que tous avaient été victime d'un dieu ? Surtout que d'autres couples continuaient de sortir..... Et enfin.... La seule solution que cette suspecte avait avancé était ni plus ni moins que de céder à la volonté de leur ravisseur.... C'était beaucoup trop de coïncidences. Elle murmura à sa comparse ses observations, avant d'ajouter.

Deux possibilités..... Soit nous agissons de manière frontale, et je repousse ces deux zigotos dans leur chambre où je nous enfermerais pour les faire parler.... Soit nous optons pour une approche plus indirecte et nous laissons la foule présente agir pour nous. Cela dit, dans votre état il serait peut-être risqué de choisir une approche frontale sans y être obligé.... Gardons cette option en cas de dernière nécessité. Il est temps de semer le chaos....

Et à ce petit jeu, elle savait se montrer redoutable.... D'une voix clair et résonante, elle prit à son tour parole.

Foi en l'amour ? Mais de quel amour parle t-on ?! D'une pseudo tendresse forcée ?! Exigée sous la contrainte ?!

Optant pour la même théâtralité que cette Valérica elle leva son poignet, et celui de Lauranna avec, exhibant leurs fers.

Où est l'amour dans ces chaînes ?! Où est la tendresse dans ce fer ?! Quelle divinité supposée dédiée à l'amour cautionnerait ce genre de procédé ? Où est l'amour désintéressé, l'amour spontané, le véritable amour ? Non, il n'est pas ici, pas dans ce joug, pas dans ce lieu de détention où nous avons été déporté après notre enlèvement ! Nul dieu bienveillant ne ferait preuve de pareille perfidie ! Mais l'esprit tordu d'un pervers bien trop sensible au syndrome de Stockholm en revanche oui.... Comment pouvez-vous être si sûre de tout ce que vous avancez ? Et pourquoi nous demander de nous plier directement aux exigences de nos ravisseurs ? Pourquoi ne pas chercher de l'aide, comme le ferait toute personne sensée ? N'y aurait-il pas quelque chose que vous auriez à nous dire, que vous nous cacheriez ?

Déjà les esprits s'échauffaient et les regards inquisiteurs se tournaient vers Valérica, certains couples commençant même à se poster devant elle, bras croisés et l'air particulièrement mécontent. Il était mille fois plus facile d'attiser la peur et la haine que l'amour.... Et les faits se vérifiaient ce soir une fois encore, et il ne restait pas beaucoup de temps avant que la violence ne rapplique. Le terreau était extrêmement fertile, car les gens étaient tous désorienté et inquiet de se retrouver ainsi enlevé et enchaînés à des inconnus. Valérica allait avoir bien du mal à se sortir de ce guêpier, et la vampiresse en profitait pour avancer doucement vers elle, guidant Lauranna. Si cette femme était dans le coup, comme l'avait souligné Lauranna elle ne pouvait pas être seule, et il fallait lui faire cracher la position de ses complices !

Bon. En quelques secondes j'ai appris quelques détails sur ma partenaire d'infortune. Elle a de l'imagination, et je ne crois pas qu'elle aura la moindre hésitation à mettre en pratique. Elle se méfie de moi, et ou n'est pas à l'aise avec le contact humain. Pas que je le lui reprocherai. Pourtant quand elle me redemande mes capacités (et je constate qu'elle a effectivement fait ses propres déductions de mes propos) je hoche la tête... Et ne répond pas. Je me contente d'un rapide regard aux menottes qui nous retiennent, simplement en passant, avant de regarder autre chose. Par contre, le maillon que j'ai accroché du regard se soulève légèrement, et tourne dans la chaine. Utile, discret et efficace, oui, je confirme. Et si je me concentre plus sur la foule et notre environnement que sur ma partenaire, je ne peux retenir un léger sourire. Valérica Froid Glacé... C'est un nom qui me dit quelque chose, surtout le "Valérica". Ca me rappelle un jeu vidéo auquel jouait le père de mon fils. Bon, c'était plusieurs années avant qu'il ne le devienne. Et je me souviens m'être déjà fait cette réflexion il y a quelques mois.

Par contre je ne suis pas d'accord avec ma liée. Oui, elle est louche, mais j'avoue que j'aimerais éviter qu'il n'y aie un bain de sang. Pas avec autant de personnes impliquées. Et euh... "dans mon état?!"Je claque la langue d'irritation. Je suis pas enceinte non plus oh! Même quand je l'étais d'ailleurs, mon grand père ou Zora ne m'ont pas couvée! Enfin, si, un peu quand même, mais j'en ai chié bien comme il faut... Bref. Une belle envolée rhétorique pour contrer l'étrange femme. Et moi qui me voit utilisée comme un étendard je déteste ça... En bas ça s'agite. Ca commence à crier, à ne plus trop savoir quoi faire. Il y a ceux qui demandent des explications, ceux qui essaient d'appeler la police et râlent, soit de n'avoir pas assez de réseau, soit de se voir mis en attente par un standard saturé, un autre couple dont la nana a trainé son binôme vers les fenêtres, toutes couvertes de rideaux pour les ouvrir et dévoiler... Des volets fermés. La porte aussi à entendre une autre interjection.

"S'il vous plait, calmez vous..."

En général, ça ne marche pas, et si trois couples continuent d'exiger des explications (qu'ils n'écoutent pas, puisqu'ils se coupent la parole, d'autres essaient qui d'enfoncer la porte ou de forcer les serrures. Pour ma part j'essaie plutôt d'utiliser mon téléphone. Hein? La Police? Naaaaaaaan. Je suis une grande fille... L'appel passe, me faisant soupçonner que nous sommes dans une zone imparfaitement couverte. Mon opérateur se vante d'être "le plus couvrant", ils méritent le titre ici. La voix qui me répond au bout du fil est ensommeillée... Et se réveille dès mes premiers mots.

"Allo...?"

"Oui, mon tinag, je te dérange pas?"

"Maman?! Qu'est-ce qui se passe?!"

Tinag n'est évidemment pas le nom, ni même le surnom de mon fils. This Is Not A Game. Un acronyme que nous avions intégré dans nos codes. En quelques mots, je lui brode la situation. Je suis retenue pour le moment, je ne pourrais pas rappeler son rendez vous à "tante Maria", est-ce qu'il pourrait vérifier dans ses dossiers et lui rappeler avec qui c'est? Par contre mes doigts tapotant le micro du téléphone amplifient certains mots. Maria. Chercher. Dossier. Et quand il me demande "qui c'est", si vocalement je brode, mes doigts tapotent le micro. Trois court, un long. V. Un court, un long. A. Un court un long deux courts. L. Taper tout le nom en morse est long, mais quand je raccroche, c'est avec l'assurance que mon fils fait ses recherches. Et qu'il saura qui appeler à l'aide en cas de besoin. Pendant que je me "désintéresse" de la situation, l'homme enchaîné à Valérica a pris la parole, coupant court aux protestations.

"Du calme! On sait ça parce que nous ça fait déjà une bonne demi-heure qu'on est réveillé! Valérica... Putain, c'est vraiment trop long ton nom. Val a déjà essayé d'appeler les flics, mais le réseau est complètement pourri. On est coincé dans cette maison, et menottés les uns aux autres. Point barre! Elle y peut rien la poule!"

Et elle de renchérir après une seconde d'interlocution. Le "la poule" à pas du passer...

"Je suis simplement assez observatrice pour remarquer que nous sommes plusieurs à avoir la même lettre à la main, et à avoir les mêmes menottes aux poignets! Quand à la bienveillance... Je n'y crois pas plus que vous, à dire vrai, pas plus que je ne suis sure de ce que j'affirme. Simplement, je doute que souffler sur les braises de nos craintes comme vous le faites sans rien proposer en retour nous aidera!"

Pour ma part je n'ai pas écouté vraiment cette conversation puisqu'elle a lieu en même temps que la mienne. D'autant plus que mon attention est attirée par un autre couple, resté non loin de nous. Le seul autre couple homosexuel que je vois d'ailleurs, et fugacement je me demande bien d'où est-ce que "cupidon" à décidé que j'étais homosexuelle... Mais si je comprends bien les propos de celui qui s'échauffe contre son partenaire, il se pose la même question. J'ai pas entendu les mots, mais je perçois le poing serré qui se lève... Et j'entends bien le hurlement de douleur alors que les deux hommes se tiennent le poignet menotté... Et ça sent le brulé...

"Seigneur Dieu, je crois que voilà un argument contre la violence..."

Je dois admettre que je suis d'accord avec elle. Il y a trop de civils impliqués. Et je ne peux m'empêcher de murmurer en français.

"J'aimerais bien que ça ne finisse pas en première page du journal comme à halloween..."

Non, parce que préserver l'harmonie c'est quand même plus facile quand la majorité de la population est pas terrifiée par la minorité! Et oppressante pour eux... Et que je sens que ça va être compliqué... Dois-je déjà réfléchir à comment maquiller des meurtres?

Au fur et à mesure du déroulement des évènements, la vampiresse continuait d'assimiler les informations. Les sorties étaient bloquées, et les fenêtres condamnées. Ils étaient faits comme des rats.... Et ce n'était pas là une nouvelle qui ravissait la vampiresse. S'il y avait bien une chose qu'elle n'aimait pas, c'était qu'on la prive de sa liberté ! Elle avait dû mourir pour l'obtenir, il était hors de question qu'on la lui soustrait une fois encore ! Mais pour l'instant, rien n'était joué. Son petit bâton de dynamite dans la fourmilière avait eu l'effet escompté, et les gens s'agitaient. En cet instant, la vampiresse n'aurait pas aimé être à la place de cette Valérica. Lauranna appelait ses proches pour les rassurer et traiter quelques affaires, le gorille enchaîné à l'incriminée tentait de la défendre.... Mais visiblement un nom à trois syllabes étaient compliqué pour lui, ce qui en disait long sur ses capacités cognitives. Néanmoins, la vampiresse dut réprimer un sourire lorsqu'il la qualifia de "poule". Elle revit alors son jugement, ce gorille avait très bien cerné la personne à qui il était menotté. La poule vint alors défendre sa position.... De manière peu convaincante. A sa décharge, il était bien délicat de pouvoir répondre aux accusations que la vampiresse lui avait asséné comme un boxeur se serait acharné sur son adversaire déjà sonné. Et d'ailleurs, la vampiresse comptait bien ne rien lui laisser passer.

Est-ce là tout ce que vous avez à dire pour votre défense ? Vous avez "observé" ce que tout le monde pouvait aisément constater. Et à partir de ces éléments qui indiquent très clairement nos statuts de victimes prises au piège, votre solution est "plions nous aux délires psychotiques des fous furieux qui nous accablent, dans la joie et la bonne humeur" ? N'essayez pas d'atténuer vos propos, Madame. Vous n'avez pas plébiscité un apaisement, vous avez encouragé la soumission ! Qui se soumet pas même une heure après s'être retrouvé enlevé, enchainé, séquestré et en proie à un jeu perfide ? Votre attitude et vos réactions sont suspectes, n'en déplaise à votre compagnon d'infortune.

Mais certains s'agitaient de leur côté, pour d'autres raisons. Notamment celle de vivre très mal d'être enchaîné avec un comparse qui n'était pas de leur bord. Cela allait pour dégénérer et alors qu'un début de violence allait éclater, quelque chose intervint. L'agresseur se vit châtier pour sa tentative d'agression. Un phénomène que l'impératrice déchue prit grand soin de noter dans un coin de sa tête. Elle se félicita de ne pas avoir extorqué les informations de sa compagne d'infortune via la force ! C'était donc là une mesure de sécurité pour empêcher les couples de s'entretuer, et de "gâcher" le jeu malsain qui avait été lancé. Les organisateurs avaient visiblement pensé à tout... Une démonstration de force qui tombait à point nommé pour Valérica, mais la vampiresse ne comptait pas s'en laisser compter.

La violence envers nos "partenaires" en effet.... Mais c'est surtout là la démonstration de la gravité de la situation. Nous sommes exposés aux caprices d'un ou plusieurs fous qui peuvent littéralement jouer avec nos vies, charmant programme. Et d'ailleurs, je tiens à vous préciser que vous vous êtes trompés lourdement. Je n'ai jamais "rien proposé en retour", au contraire. J'ai justement et scrupuleusement souligné les éléments qui méritaient investigations et enquêtes. A savoir vous, et votre comportement bien trop conciliant et détaché pour être naturel.... Contrairement à ce que vous avancez, je ne compte pas rester inactive, et attendre de voir combien de temps il faudra aux déviants qui nous contraignent pour se décider à nous forcer à faire je ne sais quoi sous peine de nous torturer à distance....

Elle jetait littéralement du napalm sur le brasier ardent des couples paniqués. La peur avait considérablement gagné du terrain après la brûlure de l'homme. Si Valérica avait voulu s'en servir pour prônait la non violence, la vampiresse avait insinué la possibilité que n'importe qui pouvait être le prochain à se voir maltraiter. Et lorsque l'intégrité physique des gens se voyaient exposer à une menace réelle et plus ou moins imminente, la sagesse et la passivité se voyaient très rapidement sombrer dans l'oublie collectif ! Katyusha le savait.... Elle l'avait tant de fois observé.... Et ses propres tendances paranoïaques étaient des véritables muses en la matière ! Les gens se firent de nouveau plus grondant et menaçant, le duo se vit même repousser dans sa propre chambre, le gorille ayant alors le judicieux réflexe de refermer la porte pour s'enfermer à clef. Un geste salvateur, mais qui ne leur offriraient qu'un court répit.... La porte n'allait pas résister bien longtemps.... Et pendant ce temps là, la vampiresse se tourna vers sa comparse qui avait soufflé en français quelques craintes, à laquelle et lui chuchota discrètement une réponse dans le même langage.

Navrée de vous chagriner, mais une telle histoire impliquant autant de gens, cela fera forcément les gros titres.

J'ai quelque peu l'impression d'assister à un match de tennis. A ceci près que la vampire à mes côtés lance plusieurs balles à la fois, sans laisser à son adversaire le temps de les lui renvoyer. Il y a des voix qui s'élèvent en appui de ma comparse, d'autres, minoritaire, au contraire, semblent plus sensibles aux arguments et à l'aura de ce que j'identifie avec retard comme une succube. L'idée de se soumettre fait visiblement bouillir la vampire. Qui assène une nouvelle salve, faisant taire les quelques soutien de la suspecte... Et lui valant d'ailleurs d'être agrippée et son agresseur repoussé avant que le grand gaillard relié à Valérica n'extrait sa liée du groupe et ne se retranche avec la femme dans sa chambre. Étrange qu'il ne soit pas emporté par l'hystérie (mauvais mot, d'ailleurs, vu que y a pas que des femmes) collective, qui rend une foule plus bête que le plus sot de ses composants, et plus manipulable par la langue acérée de ma comparse. Qui m'explique en français (ce qui va être plus pratique pour continuer ainsi) que nous ferons sans doutes DÉJÀ les gros titres. M'obligeant à préciser ma pensée tout en secouant la tête.

"Je voudrais surtout éviter qu'une implication surnaturelle ne soit dévoilée... Et je suis désolée de vous le dire, mais encore aujourd'hui on enseigne aux femmes à se laisser faire..."

Oui, mon ton donne l'impression que j'ai un combawa dans la bouche. J'ai notamment vu ça en "cours de défense féminin". Des profs conseillant aux femmes de se laisser violer sans se débattre "pour ne pas énerver leur agresseur qui pourrait faire pire". Inutile de dire que j'ai quitté le cours avant la fin, et cherché un autre professeur...Bref. on a du monde qui s'acharne sur la poignée de la porte derrière laquelle sont cachés nos suspects principaux. Mais et les complices? Il doit y en avoir au moins un, peut être plus. Comment les retrouver? Je me doute qu'eux nous ont bien repéré, surtout le grain de sable dans leurs plans qui se tient à mes côtés. Est-ce qu'ils nous observent par caméras et micros, comme l'a supposé Katyusha? Je l'ignore, mais je me dit qu'on ferait mieux de ne pas rester isolées sur notre balcon, alors que les autres sont tous en bas, certains en train d'essayer d'enfoncer la porte. Je me dit que s'ils y arrivent pas on pourra leur proposer de crocheter la serrure. D'ailleurs les menottes ont pas de trou de serrure? Non. Ou plutôt si, mais il est obstrué de gomme... J'entraine donc avec moi la vampiresse dans les escaliers, lui indiquant mon idée d'un simple mouvement de tête. Je me dit que vu le bazar qu'on met dans la mécanique de "cupidon", il va vouloir nous neutraliser. Enfin surtout ma partenaire... Je ne suis pas très douée aux échecs, mais j'ai assez vu de parties entre mon grand père et Zora pour dire que là, ça s'appelle un gambit...

Si Katyusha a semé les graines d'un projet, son organisation reste à revoir. Ils sont une douzaine à se gêner les uns les autres devant la porte. D'autres couples se sont éloignés, et l'homme à la main brulée geint en la tenant contre sa poitrine. Un homme essaie d'apaiser sa liée et un autre couple qui sont en train de paniquer complètement, et s'acharnent sur la porte fermée. Une femme discute doucement avec un homme frêle en costard, qu'on imaginerai plus à sa place en T-shirt Minecraft devant un ordinateur, qui regarde un peu partout d'un air nerveux qui pourrait sembler suspect... Si la moitié des convives n'avaient pas le même, qui s'inquiète pour son fils, et je ne peux que compatir, même si je n'aurais pas vu un homme comme ça avoir un enfant. Bien sur, elle lui demande comment s'appelle l'enfant, et il répond, d'un ton naturel, quoi que nerveux. Je n'ai pas fait attention que j'ai buté et stoppé net, me raccrochant à celui de la vampire. Le nom de mon fils est assez rare. Alors comment celui de cet homme peut il porter le même nom?

"Tout va bien?"

la femme a remarqué mon hésitation. Je sais par chance, mentir, et sourire en ayant l'air naturel. Et ma main se crispe sur le bras de ma liée. Un court, deux longs, un court. Puis Un long et trois court.

"Je suis désolée. J'ai entendu le pauvre papa inquiet auquel vous êtes attachée, et je n'ai pu m'empêcher de m'inquiéter moi aussi pour mon adolescent. Par contre je crois que je me suis tordu la cheville..."

Je dois bien jouer la pauvre handicapée blessée puisque la femme nous propose d'entrer dans la chambre devant laquelle ils discutaient pour que je m'assoie quelque part. Et le geek qui se tient le plus éloigné possible de Katyusha. Qu'il soit nerveux, passe encore, mais pourquoi aurait-il plus peur d'elle que de moi, elle n'a rien fait sinon parler? J'en manque presque la prise de parole de la femme, qui essaie de nous rassurer que leurs autres parents sont surement avec eux, et qui me demande comment s'appelle le mien de fiston.

J'en doute, son père est mort avant que mon fils ne naisse.

Et clairement, j'en ai plus rien à foutre de lui. Par contre la pâleur brusque du geek quand il entend le nom de mon fils est l'indice qui me manquait. Mon poussin fait toujours EXACTEMENT la même tête quand je mets à jour ses mensonges. Bon à ceci près que là c'est plus grave. Je ne laisse pas le temps à la femme de s'étonner... La lampe de chevet dans son dos s'arrache de sa prise et lui percute le crane avec un choc sourd, la projetant, inconsciente dans mes bras. Bon, faudra trouver à lui expliquer plus tard comment elle s'est assommée, mais là... Avec la porte fermée personne ne pourra nous entendre interroger l'homme sur son comportement...

Si elle n'avait pas été enchainé, la vampiresse aurait pu prendre quelques instants pour se satisfaire pleinement de ce spectacle. La douce fièvre d'un chaos naissant.... Pour l'avoir vécu, elle avait appris qu'il fallait toujours être extrêmement précautionneux lorsqu'on s'attaquait à un groupe de personne en même temps.Car dès lors qu'un simple simulacre de foule pouvait se former, l'effet de groupe devenait ingérable en un claquement de doigt. Il fallait beaucoup d'expérience et la faculté de penser à tout pour pouvoir parvenir à gérer un grand groupe. Et visiblement, leurs ravisseurs n'avaient pas cette expérience. Ce n'était donc pas des professionnels, quand bien même, même au sein de ces derniers certains échouaient dans ce type de cas de figure. Pour l'instant aux yeux de la vampiresse, cela ne se passait pas trop mal pour elles, même si elles étaient très clairement loin d'être sortie d'affaire. Mais tandis qu'elle réfléchissait sur la meilleure approche à venir, la réponse de sa compagne d'infortune l'arracha à ses pensées. Elle arqua un sourcil, comme surprise par les espoir de la mawu. Elle lui répondit alors, toujours en français, avec aplomb et l'assurance de quelqu'un qui constatait un fait.

N'espérez rien de cette ville, le climat anti-surnaturel est déjà bien trop ancré pour que nous ne servions pas de bouc émissaire à tout va, afin de légitimer toujours plus la nouvelle chasse aux sorcières.... Malheureusement ici, je doute que des humains soient derrière tous ça, et encore plus qu'il sera possible de justifier tout ça de manière naturelle.... Et pour ce qui est de la soumission, ce n'est pas parce que certains décérébrés sont restés ancrés à l'époque victorienne, que cela justifie ou normalise ce qui n'était la norme d'un autre temps. Aujourd'hui ces comportements sont peut-être encore présents, mais ils sont décriés et techniquement condamnés. Ce n'est plus une norme. Son comportement reste donc anormal. Par ailleurs.... Ne soyons pas stupide non plus. Une femme qui a été lobotomisé pour être soumise ne prendrait jamais d'initiative, encore moi la parole devant toute une assemblée, et surtout pas pour dicter une conduite quelconque, même si c'est un appel à la soumission. Ce genre de femme se tait et attend qu'on lui dise quoi faire. Ce n'est clairement pas le cas de Valérica.

Les mœurs avaient déjà tant de mal à évoluer, Katyusha ne comptait pas laisser le moindre fragment de terrain à l'ennemi machiste dans cette guerre là. Mais ce n'était pas leur bataille d'aujourd'hui il y avait un front plus urgent. Les gens réagissaient comme prévus, à savoir n'importe comment, et c'était ce que voulait la vampiresse. Elle n'attendait pas d'eux qu'ils soient efficaces, elles voulaient qu'ils deviennent imprévisible, ingérables et donc un danger qui menaçait de péter à la figure des commanditaires. Elle les forçait à agir, se manifester, se trahir. Elle n'avait pas peur de s'attirer les foudres, déjà parce qu'elle était habitué à payer les conséquences de ses choix et surtout parce qu'ici le risque était tout de même calculé. Elle comptait se frayer un chemin jusqu'à la porte pour aider cette foule en colère. Défoncer une porte était facile pour peut qu'elle ne soit pas renforcée et qu'on sache s'y prendre. Katyusha savait s'y prendre, et les portes de cet hôtel n'étaient pas conçus pour résister à des assauts. Un bon coup de pied au niveau de la serrure, près de la clenche. C'était le secret quand on avait la flemme de faire du crochetage, et surtout qu'on avait pas le matériel pour. Mais Lauranna avait d'autres projets en tête.

Quelques chose semblait l'avoir perturbé, et le message en morse était très clair. A l'affut bien qu'elle revêtait son masque impassible, elle suivit sa comparse dans la chambre.... Dont la porte était fermée.... Il y avait donc à faire avec ce couple, ou au moins l'un de ce couple. La mawu assomma la jeune femme subitement, répondant clairement aux interrogations de la vampiresse, et lui indiquant au passage qui était le problème. Ce type avait vraisemblablement peur d'elle, il suffisait de voir comment il la regardait, et la distance qu'il avait pris soin de mettre entre lui et elle. Et l'impératrice déchue allait se faire une joie de lui montrer ô combien il avait raison. D'un geste rapide, elle l'attrapa d'une main à la gorge, commençant à la serrer avec force comme si elle voulait l'étrangler. Elle lâcha alors.

Un cri, un appel à l'aide, une tentative de fuir ou de vous débattre, et je vous sors les yeux des orbites avec mes doigts.... Je vais vous relâcher et vous allez parler..... Dire tout ce que vous savez.... calmement, et sans rien omettre.... Tout....

La vampiresse avait plongé son regard dans celui transi de peur de l'homme. Elle ne voulait pas prendre de risque ni perdre de temps, aussi était-elle entrain de l'hypnotiser. Autant avoir et une marionnette et les infos dont elle avait besoin. Elle relâcha lentement sa gorge, pour le laisser parler, et voir ce qu'elles allaient pouvoir apprendre.

J-je leur avais dit que c'était une mauvaise idée de vous mêler à tout ça, mais ils n'ont rien voulu entendre ! Ils disaient qu'avec Ty....

Un seul mot à ce sujet et ce sera le dernier de votre vie. Revenons à notre affaire.

Pitié ! On voulait pas faire de mal à personne vous savez ?! On voulait juste rééquilibrer le monde !

Qu'est-ce que c'est que ces fadaises ?!

Hé bien... Il suffit de regarder notre monde pour constater qu'il y a beaucoup plus de haine et de colère que d'amour.... Alors.... la cheffe s'est dit qu'en forçant les gens à faire preuve de bons sentiments, les choses finiraient par se rééquilibrer.

C'est à se demander comment certains ont atteint l'âge l'adulte. Combien êtes-vous ? Où est votre cheffe ? Quelles sont vos armes et vos capacités ? Comment on sort d'ici ?

Euh.... On est trois et euh.... la cheffe c'est Valérica, elle est partie s'enfermer dans la chambre quand elle a vu que ses charmes ne fonctionnaient pas. Il y a moi et un mawu vaudou qui permet de maudire les chaines et.... On.... On a pas d'armes.... On est pas des criminels....

Enlèvements et séquestrations, rien qu'à ce niveau vous êtes des criminels. Et cette succube ne voulait que relancer ses affaires, sombre concentré d'idiotie majeurs. Où est le marabout ? Comment sort-on ?! Je ne reposerai pas cette question....

Il est au sous-sol, mais on ne peut y accéder que par la chambre de Valérica. Et c'est aussi au sous-sol qu'on peut déverrouiller la porte....

Si le marabout disparaît, sommes-nous libérés de nos chaînes ?

Oui mais..... Vous.... Vous n'allez pas le tuer ? Vous savez, juste un peu de tendresse et tout le monde est libre !

On ne force pas les émotions.

Elle assomma le pauvre bougre, bien décidé à s'occuper de son sort quand les autres auront le dos tourné.

Préparez vos talons Lauranna, je sens que Valérica aura besoin d'un examen d'une intervention ophtalmologique....

Il était temps de quitter la chambre pour voir si la foule avait réussi à forcer la porte, ou si elle allait devoir faire une démonstration de ses connaissances.

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