Une nouvelle route, une nouvelle histoire.... J'avais accompli ma tâche dans la dernière meute que j'avais quitté. C'était toujours la même mission et pourtant.... Je ne m'en lassais pas. J'avais rejoint cette meute alors toute jeune et inexpérimentée. Je l'avais dirigée, faite grossir. J'avais fait en sorte qu'elle soit auto-suffisante en terme de fonds. Et enfin, j'avais transmis mon savoir.... Tout mon savoir. Aussi bien mon expérience de la vie, que mes techniques de combat. Mes stratégies militaires, comme les valeurs lycannes. Et enfin j'avais transmis ma philosophie et mes valeurs à mon successeur. Comme toujours je l'avais formé à son insu. J'avais été plus sévère et plus exigent avec lui. Et ce ne fut que deux semaines avant mon départ qu'il comprit pourquoi. Ho bien sûr, il n'avait pas bien pris la nouvelle. Il s'était senti piégé, et même manipulé depuis le début. Mais.... Il avait également compris chacun de mes choix, et chacune de mes décisions. Je lui avais donné toutes les clefs en main pour qu'il puisse reprendre le flambeau et continuer de faire pérenniser sa meute. Et je sais qu'il ira loin....

Les adieux sont toujours pénibles. Je me refuse à partir comme un voleur sans laisser d'explication. Je ne suis pas un lâche. Comme à chaque fois j'ai dû m'expliquer. Rassurer les loups, leur faire comprendre que ce n'est pas une fuite, pas une punition, ni un abandon. Mais qu'à présent ils étaient grands.... Et que d'autres avaient besoin de moi. Si les adultes comprenaient.... plus ou moins, pour les petits c'était différents. Et.... Merde, c'était bien ça le plus dur. Quand on voit naître et grandir des petits et même des ados, c'est toujours un enfer de leur dire au revoir. Les séparations sont très dures à cet âge là, même si c'est aussi là un apprentissage de la vie. Je ne montre jamais rien, car je sais qu'à la moindre faiblesse, ces petites fripouilles en profiteront pour essayer de m'amadouer et me faire rester. Mais les voir si tristes et en larmes pour les plus petits, aujourd'hui encore ça me fout un coup au moral. Enfin.... C'est là la vie que j'ai choisi. Un vieux loup comme moi n'est pas fait pour garder une meute ad vitam æternam. Non.... Je suis là pour faire grandir et transmettre mon savoir. Moi le "Pèlerin", le "Nomade".... Je me souviens même d'un loupiot qui m'avait surnommé "l'Apôtre" pour m'enquiquiner. Et à présent que je suis parti.... Quelle sera ma prochaine meute ?

Je pensais à vrai dire prendre un peu de temps pour me reposer un peu. Même si j'avais encore de l'énergie et de la force à revendre, je me disais qu'un peu de temps pour moi ne serait pas du luxe. La Nouvelle-Orléans. C'était mon prochain point de chute. J'avais eu vent d'agitation dans le coin entre les surnaturels et les instances anti-surnaturels. Je comptais bien m'amuser du chaos que les lycans aguerris allaient provoquer en réaction à ces abus. Et je comptais également ouvrir un commerce d'armes dans les alentours. Au vu de la situation digne d'une poudrière des Balkans, c'était le moment ! L'avantage de ma vie nomade c'était que je n'avais pas des camions de biens. A vrai dire, je n'aurais même quasiment rien outre mes vêtements et un ordinateur pour travailler.... Si toutes les meutes que j'avais aidé ne m'avait pas toutes offerts autant de souvenirs ! La majorité venaient des plus jeunes.... Je sais pas pourquoi je gardais tout ça. Mais.... J'avais clairement pas le cœur de les jeter. Je disais que c'était des trophées pour ne pas paraître trop sentimental. Mais.... ça me rappelait tous les petits loups que j'ai connu. J'avais gardé contact avec certains. Cela me faisait toujours plaisir d'avoir des nouvelles des meutes que j'avais faite grandir. De savoir les jeunes générations être devenues des adultes robustes.... Et tout autant de générations qui me reprochent inéluctablement de ne pas donner assez régulièrement de nouvelles et de mettre du temps à leur répondre ! Bon sang ! Les enfants.... Même adultes, ils vous feront toujours des caprices....

J'étais arrivée dans la chambre d'hôtel que j'avais prise le temps de me trouver un logement plus adéquat. Je dépose mes quelques affaires, le ferais venir le reste une fois que j'aurais une adresse un peu plus fixe. J'observe la ville à travers la fenêtre de ma chambre. Il pleuvait, et même si j'imaginais sans peine cette ville fourmiller d'activité, la pluie dissuadait les badauds et les touristes de trainer dehors. Pour l'heure tout était calme, même si j'avais entendu parler de cette vile pour son agitation sous-jacente. Je me demande où et quand allait éclater le conflit. Car il était inéluctable que les affrontement allaient arriver. J'espérais que les loups tiendraient leur place et leur rôle. Qu'ils profiteraient de cette situation pour conforter leur assise et faire de l'endroit un des nombreux territoires lupin du nouveau continent. Et d'ailleurs.... Je me demandais où ils pouvaient bien se cacher.... La pluie cessait enfin, c'était le moment de partir en vadrouille et de m'approprier mon nouveau territoire. Bien sûr, c'était pas une averse qui m'avait dissuadé de m'engager plus tôt dans cette reconnaissance. Mais je voulais pouvoir profiter des odeurs. J'espérais pouvoir sentir un des miens, et pourquoi pas rencontrer les meutes qui siégeaient en ville.

Y en avait-il plusieurs ? Ou n'y en avait-il qu'une seule dominante ? J'étais curieux de le découvrir. Peut-être n'aurait-on pas besoin de moi cette fois ? Peut-être pourrais-je me contenter d'observer les loups agir par eux-mêmes ? J'arpente les rues encore trempée, les mains dans les poches d'un grand imperméable. Pas que je craigne le froid ou l'humidité, mais.... J'aimais bien marcher les mains dans les poches ! Un petit luxe en soit, celui de ne pas être en alerte. Ce qui ne m'arrivait pas souvent. Autant en profiter. Bien des odeurs me viennent. La pluie et le sol mouillé sont prédominants.... Les odeurs habituels de pollution, de nourritures.... Où vous cachez-vous.... ? Je marche encore et encore, essayant de retenir les endroits que je parcours pour pouvoir me repérer plus tard. Par endroit je vois des affiches anti-surnaturels "non-pucé". Tsah ! Bah voyons ! Quelle connerie ! Je ne peux pas m'empêcher de secouer la tête en pensant à ces surnaturels qui ont renier leur liberté et leur dignité pour assouvir les caprices et les dictats humains. Les rassurer.... Montrer patte blanche.... Comment on peut croire à ces conneries ? Comme si une puce pouvait empêcher quelqu'un de faire du mal. Si tel était le cas, tous les criminels en auraient, et ils n'y auraient plus personne en prison. Mais ce n'était qu'une putain de mascarade !

Quelque part, j'en voulais à ceux qui acceptaient cette laisse minuscule et insidieuse. Il facilitaient la tâche à ces connards de la fédération, et encore plus aux chasseurs. Si certains refusaient de l'admettre ou d'y penser, je n'étais pas stupide. On voulait nous mettre des mouchards. Avec la technologie d'aujourd'hui, on allait pas me faire croire qu'ils ne pouvaient pas faire un petit update de leur puce pour nous dessiner des cibles sur la gueule par satellite. Et une fois qu'ils auront réussi à flouer le plus grand nombre.... Les surnaturels seront à leur merci. Et ce sera la porte ouverte à tous les abus, la discrimination était déjà bien instaurés. Les civils avaient peur, et s'il y a bien une chose que j'ai appris au cours de ma longue existence, c'est qu'un péon qui a peur devient incroyablement abruti et dangereux ! Rajoutez à cela une bonne couche de profit, et il n'y a juste aucune raison que les humains n'abusent pas. L'éthique ? La justice ? La moral ? Le bien ? Que des valeurs relatives, pour ne pas dire de l'hypocrisie en barre dont les humains se gavent pour s'auto-congratuler de leur "bienveillance" et de leur "droiture". Combien de civilisation et peuplades ont péries sous le regard méprisant de leur prétendue justice ? Combien de victimes innocentes cette dernière a-t-elle elle-même engendrée, sans honte ni vergogne ? Non, les humains n'ont jamais été et ne seront jamais digne de confiance. Ils s'entretuent déjà entre eux pour des prétextes idiots, alors envers des créatures qui les surpassent.... Il n'y avait aucun espoir. Seulement une lutte infinie que nous ne pouvions nous permettre de perdre.

La nuit tombe alors que je ne trouve aucun compatriote lupin. Mmmh. Curieux. J'étudie alors la carte de la ville pour faire la liste des lieux étant à la fois peu exposer au public, et proche de la nature. Je trouve plusieurs endroits correspondant à mes recherches. Dont un manoir perdu au milieu de bois. Cela semble intéressant mais cela peut tout aussi bien être la demeure de lycans que le repère d'un vampire affectionnant l'isolement et la nature. Il me faudra être prudent et flairer les lieux avant de m'en approcher davantage. Je décide en premier lieu de faire le tour des zones qui seraient propices à laisser ma nature de loup s'exprimer. Bizarrement un lycan en plein carrefour aux heures de pointes, ça a tendance à rendre les gens nerveux. Je me dis que si je les trouve appropriés pour moi, d'autre loups pourraient avoir eu la même idée. Et je peux me féliciter de ma réflexion.... Enfin des loups ! Je suis toute même surpris de les voir aussi discret, non pas que ce soit un mal, mais tout de même. Je me met à observer discrètement mon homologue voir si je peux en apprendre plus. Et.... Il a l'air assez nerveux. Un autre vient le rejoindre et il n'a pas l'air plus confiant. Je plisse les yeux.... Coïncidence ? Ou quelque chose se tramait-il ? J'ai besoin d'observer plus de confrère pour savoir....

Pendant plusieurs jours, je me rends à différents lieux propices aux loups, aux aurores et lorsque la nuit est tombée. Si j'aperçois des lycan qui font leur vie le plus naturellement du monde, il semble néanmoins y avoir une réelle partie d'entre eux préoccupés.... Beaucoup trop récurrents pour être une coïncidence. Je n'ai pas eu vent d'actions de chasseurs ou de la fédération, ou du moins rien qui aurait mérité de faire parler de soi.... Alors qu'est-ce qu'il pouvait bien se tramer en arrière-plan ? Un soir, alors que je rentrais à l'hôtel, je vois une lycanne que j'avais déjà pu observer quelques jours avant sortir d'un bar. Elle faisait partie de ceux qui n'avaient pas l'air d'en mener bien large. Et elle avait également l'air de tenir une sacré cuite. Alors qu'elle ne marchait plus très droit, deux hommes viennent l'emmerder.... Je soupire. Vraiment, certains mâles me font vraiment honte. Ils sont humains. Ou en tout cas ni vampire ni lycan, donc rien de bien dangereux pour une lycanne. Cela dit.... La demoiselle est bourrée.  Et on ne peut pas vraiment dire qu'une louve déjà pas dans son assiette sobre, soit plus stable alcoolisée. Concrètement, elle peut facilement les tuer dans cet état. Est-ce que j'allais l'en empêcher ? Ma foi.... Cela débarrasserait ce monde de deux vermines qui n'ont aucun honneur. Mais alors que je me tâte à épargner leur vie ou non, la situation prend un tournant qui me déplaît.

La petite commence à frapper un des deux abrutis d'une bonne droite dans les gencives. Une bonne intention, mais son coup manque cruellement de technique et d'efficacité. Un combat d'homme bourré.... Enfin de femme plutôt. Toutefois le type qui a essuyé le coup ne s'y attendait pas et était tombé à la renverse. Je ricane.... Lopette d'humain. Mais là où je rie moins, c'est quand son copain choppe ce qui devait être les reste d'une armature en fer et s'en sert pour taper sur la petite ! Bordel, la gamine n'avait même pas la vingtaine ! Je ne cherche pas à comprendre plus. Si ces deux là survivent cette nuit, ils regretteront de ne pas être morts.... Je cours, et sans autre forme de procès je percute de plein fouet le type à la barre de fer, et l'envoie valser plus loin. Son copain se relève, mais pas pour longtemps. Je lui colle un crochet du gauche dans le foie, j'enchaine avec un crochet du droit dans le plexus solaire. A ce stade, il est à la fois tordu de douleur et il n'a plus de souffle. Je lui flanque quelques coups de poings dans la tronche, pour lui enseigner la vie, et l'achève d'une droite dans la pointe du menton. J'ai été magnanime avec celui-là. Mais l'autre.... Il me fonce dessus avec sa barre.... Quelle crétin, ça a un bâton en ferraille et ça se croit invincible. Une attaque aussi frontale n'est pas bien dure à esquiver. Alors que cet abruti frappe à deux mains dans le vide, je profite de sa propre inertie, pour lui encastre mon genoux dans les côtes.... Jusqu'à ce que j'entende un craquement caractéristique. Il va comprendre à quelque point c'est difficile de respirer avec des côtes pétées. Il tombe au sol, déjà ivre de douleur. Mais je lui donne quelque coups de pieds dans la tête, histoire qu'il puisse compter ses dents restantes à son réveil.  Ho ils ne sont pas morts. Ni l'un ni l'autre. Mais ils vont rester à l'hôpital un moment....

Les deux crétins envoyés au tapis pour les prochaines semaines ou mois, je me tourne vers la loupiote. Elle aussi se tient les côtes et surtout elle traîne sa jambe.... Elle n'a pas eu le temps de se transformer, l'attaque avait été trop rapide. Elle grogne, et pousse des râles de douleur, avant de relever son regard confus et embrumé vers moi.  Je m'approche doucement d'elle, mais je prends soin de laisser plusieurs mètres nous séparer. Je ne veux pas l'effrayer non plus. Elle va sentir ma nature, et je m'agenouille devant elle, essayant de ne pas paraître trop impressionnant malgré ma stature.


La gamine me jauge un instant, respirant péniblement avant de porter sa main a sa poche de pantalon. Elle essaie d'en sortir quelque chose, mais lorsqu'on a des côtes fêlée ou fracturer, le moindre mouvement est une torture. Je m'approche alors doucement d'elle et tend lentement ma main vers sa poche. Non seulement pour lui demander l'autorisation implicite de pouvoir l'aider, mais aussi pour éviter de l'effrayer. Elle me fixe, mais me laisse faire. Je sors donc.... Son téléphone.


Je lui glisse son téléphone dans la main, le temps qu'elle passe l'écran de verrouillage.


Je vais dans le répertoire de la petite jusqu'à trouvé une Julia, unique heureusement, et je l'appelle. Je lui donne l'adresse exacte de l'endroit où on se trouve et lui explique rapidement la situation. La femme au téléphone me prend tout de suite au sérieux et s'inquiète pour Maria. Normal. Je lui demande si elle connait un établissement dans les environs qui sait soigner les surnaturels sans poser de question, mais elle refuse mon idée, affirmant qu'elle connait un médecin. Parfait. Elle m'annonce arriver sous peu. Je raccroche, et m'installe près de Maria. J'aimerai la questionner pour essayer d'en savoir plus mais dans son état, ce serait tout de même cruel. Et je doute qu'elle me répondre. Je n'ai plus qu'à espérer que celle qui viendra la chercher est aussi lycane. Je ne suis pas déçu à ce sujet mais.... La femme n'est pas venue seule. Avec elle un homme, trapus et costaud, l'air d'avoir un certain âge. Tous les deux sont des loups, et ce n'est pas pour me déplaire. La femme se précipite aux côtés de Maria pour s'enquérir de son état. L'homme s'avance, plus méfiant et regarde les deux humains au sol. Je sens et devine son envie de les tuer sur place. A mon sens, il serait dans son bon droit mais.... Je pose sa main sur son épaule pour tenter de le tirer de ses pulsions meurtrières.


Le loup me regarde l'air interdit avant d'aller rejoindre sa camarade et l'aider à transporter la jeune louve vers la voiture. Je les accompagne, rien que pour m'assurer que personne ne nous voit.... Et alors qu'ils ont à peine installer la petite à l'arrière, on entend des sirènes de police se rapprocher. Merde ! Je pose aucune question et grimpe dans la voiture avec eux. Ils démarrent sans tarder, et le loup fonce avant que les flics puissent seulement voire la voiture partir. Le loup au volant reste silencieux, tandis que celle à l'arrière s'assure que nous n'avons pas été suivis. Il s'avère que non, et elle pousse un soupire de soulagement. Malgré cela, tout le monde semble particulièrement tendu. Je doute que ce soit ma simple présence qui les crispe autant.


Ma question jeta un froid polaire dans la voiture. Je vois Garrett qui crispe ses poings sur le volant, alors que les filles ont leur visage qui s'assombrissent.... Maintenant une chose est sûre.... Il se passe réellement quelque chose de grave...

J'attends une réponse.... Qui tarde à venir. Maria scrute le sol, elle a l'air particulièrement amère, et elle n'est pas la seule. Julia tente de capter le regard de Garrett, comme si elle attendait qu'il réponde. Et ce dernier serre tellement les mâchoires que je distinguer ses os sous sa peau. Si je comprends bien que c'est sérieux, je n'arrive pas à imaginer ce qui peut-être suffisamment grave pour inquiéter autant de loups différents, mais qui seraient à la fois du domaine du secret.... Mais une chose est sûre, à s'attendre comme ça, je ne suis pas prêt d'avoir de réponse.


Le dénommé Garrett avait finalement consenti à prendre la parole.... Pour m'exclure de la confidence. Inutile d'insister avec lui. Je le sentais suffisamment tendu et je ne comptais pas froisser les gens à peine arriver. Avant de me mettre qui que ce soit à dos, je devais savoir où je mettais les pieds. Je vois Julia qui prend une profonde inspiration alors que Maria se renfrogne. Mais le silence est aussi source d'informations. Si cela ne me concernait pas, c'était donc un problème personnel.... Un problème qui lierait plusieurs loups différents.... Un problème de meute ? Cela expliquerait la réserve de ces loups. Mais là encore la question demeurait entière. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour mettre en branle une meute entière ? Je doute en savoir plus ce soir en tout cas. Et pour se faire désirer, il faut aussi savoir se retirer. Je farfouille dans ma poche et sort un bout de papier avec un crayon. Je note dessus mon numéro de téléphone, et mon prénom.


Je tends mon papier à Julia.... Garrett me semble trop fier et surtout trop méfiant pour accepter l'aide d'un inconnu, et je ne peux pas le lui reprocher. Je lui indique qu'il peut me déposer où bon lui semblera, afin de faire preuve de ma bonne foi lorsque j'avance que je ne veux pas m'imposer. Une indication qui n'est pas pour lui déplaire, j'ai l'impression que ma présence le met dans une situation inconfortable. Néanmoins, il prend soin de me déposer dans un ruelle à l'abri des regards. Alors que je me prépare à descendre, je me tourne une dernière fois vers eux.


Je ne reste pas une seconde de plus. Maria me lance un regard intrigué, et me fait faiblement signe, alors que Julia me remercie encore une fois de lui avoir porté secours. Garrett m'adresse un signe de la tête que je lui rends, avant de commencer à reprendre la route.... Les mains dans les poches. Un léger sourire en coin, je me dis que pour une première approche, ce n'est pas si mal. Les circonstances n'étaient certes pas les meilleures, mais j'ai au moins pu m'introduire sous un aspect positif. Les chances pour que Julia ou Maria me recontactent sont proches du néant. A moins que leur situation empire au point de devenir désespérer, mais je ne leur souhaite pas non plus. Et pourtant.... Quelque chose me dit que je ne vais pas tarder à jouer les conseillers. Je n'avais pas dis que je voulais prendre des vacances moi ? Tssss.... Je suppose qu'on ne se refait pas. Bon, allez, juste quelques conseils par téléphone, cela va encore, ce n'est pas grand chose. Et encore, si cela se fait réellement ! Je rentre tardivement à mon hôtel, et je pars directement me coucher. Demain je dois faire une tout autre étude de terrain, ou plutôt une étude de marché. Celui des armes dans cette ville....

L'aube s'est déjà levée alors que je m'attèle à la tâche, un thé à la main. Comme d'habitude, le marché noir se taille la part du lion, mais à en juger le nombre d'armurerie en ville, le marché officiel se porte plutôt bien. Après avoir discuter avec quelques stands de tir, j'apprends que la demande a même flambée. Je ne prends donc pas beaucoup de risque à installer une petite succursale ici. Les conflits entre humains et surnaturels ont aussi leur bon côté. D'ailleurs.... En parlant de cela je suis un peu surprise. Avec une ambiance aussi tendu envers les non pucés, je n'ai écho d'aucun affrontement.... Soit les loups de cette ville sont passés maîtres dans l'art des attaques furtives, et ce serait tout à leur honneur. Soit ils se tiennent étonnamment tranquilles. Je ne m'attendais pas non plus a des affrontements ouverts, mais au moins des quelconques actes de résistances. Peut-être que les loups de cette ville manque d'effectifs ou de logistique ? Ce ne serait pas la première fois que je rencontre ce cas de figure. Un grand nombre de loups tous animés du même esprit, mais qui n'avaient jamais songé ou osé se réunir en meute. Cela dit.... Ce n'est pas l'impression que j'ai ici. Je songe de nouveau à ce que j'ai vécu la veille. Je claque la langue contre mon palais. Je dois en savoir plus.... Mais il me faut être patient. Des loups en alertes seront méfiants et potentiellement agressifs même. Ne pas les brusquer.... Ils doivent s'habituer à ma présence. Et constater que je ne suis pas un ennemi, mais au contraire quelqu'un digne de confiance.

Je passe les jours qui suivent à faire une des choses que je déteste le plus. La paperasse ! Mon dieu qu'est-ce qu'on peut nous casser les couilles avec les formulaires par-ci, les demandes d'autorisations par-là, les justificatifs à envoyé en quintuple exemplaires en format A4,775-B et contre-signés par la mairie de la ville de naissance de votre arrière-grande-tante par alliance ! Et après on se demandait pourquoi certains vendeurs d'armes choisissaient le marché noir.... Enfin, il fallait ce qu'il fallait. Heureusement que j'ai les employés du siège qui peuvent me fournir tous ces foutus documents et dossiers par mail. Je finis ces interminables procédure, et en commence d'autres.... Celles des travaux et aménagement pour le magasin. Je commence toujours par une boutique, et ensuite en fonction de la demande locale et des alentours, je complète ou non. Chaque soir, je ne manque pas de me balader. Je fouine et j'observe. J'essaie de voir si je ne peux pas retrouver un des trois loups que j'ai rencontré auparavant. Mais sans grand succès. Les jours deviennent des semaines, et alors que je tente de me mets à côtoyer des bars pour laisser trainer mes oreilles, je reconnais une certaine tignasse rousse....

Maria.... Visiblement de nouveau en train de se murger comme un chauffeur poids-lourd russe. Je secoue doucement la tête, et observe consciencieusement le bar. Pas de Julia ni de Garrett.... Je décide de tenter ma chance, et m'approche dans son dos, pour l'interpeler sourire en coin.


La loupiote se retourne en un bond, et me fixe partagée entre hébétement et incrédulité. Après quelques secondes à se demander quoi, elle finit par me répondre.


Je ponctue ma phrase par un sourire en coin alors qu'elle fait la tronche à ma remarque. Elle a l'air bien jeune pour boire comme ça, et quelque chose me dit que ce ne doit pas être au goût des autres loups qu'elle côtoie. Mais je ne veux pas jouer les moralisateurs ce soir.


La loupiote plonge son regard dans son verre, en tirant une mine dépitée, avant de secouer la tête de droite à gauche. Et la pour le coup.... Elle me fait mal au cœur la gamine. Elle a vraiment l'air d'être dans les emmerdes. Je pose ma main sur son avant-bras alors qu'elle allait de nouveau porter le verre à ses lèvres. Je lui dis alors doucement


Maria me jette un regard interloqué, mais elle finit par s'exécuter. Je rentre alors mon numéro directement dans son téléphone et le lui rend.

Maria me regarde l'air de se demander si c'était du lard ou du cochon. Elle réfléchit quelques instants, mais même alcoolisée, elle garde l'esprit vif. Elle ne refuse pas une ardoise effacée, et je la soupçonne savoir que dans le fond, je n'ai pas tort.... Se biturer de la sorte quand on sait comment ça a fini il y a quelques temps, ce n'était pas la meilleure des idées. Elle ne se fait donc guère prier pour partir, et moi pour régler la note.... Assez salée je dois dire. Bordel, je sais que les lycans récupèrent vite mais à ce rythme son foie ne tiendra pas la cadence !  Enfin.... La note réglée, j'essaie de laisser trainer mes oreilles ici et là pour en apprendre un peu plus, et le départ de Maria s'avère être une aubaine. Car un peu plus loin derrière moi, j'entends deux hommes qui discutent et prennent un verre. L'un d'eux a visiblement regarder la petite rousse partir, et au moment où elle a quitté les lieux, il y est aller de son petit commentaire. Un "Les Barker sont tombés bien bas". Les.... Barker ? Soit c'était un gang.... Soit c'était une meute. J'avais donc possiblement le nom d'une meute..... Intéressant. Je suis resté en espérant en apprendre plus, mais en vain. Bon je repars de là un peu plus renseigné qu'à l'arrivée, c'était déjà une avancée.

De retour à l'hôtel, je réfléchis à ce que j'ai appris et à ce que je savais déjà. J'essaie de recouper et confronter les informations dans mon esprits, mais il me manque encore trop d'élément pour aboutir à une conclusion valable. Je soupire en fermant les yeux. j'espère que Maria se montrera plus réceptive que Julia.... En attendant je pars me coucher. Demain j'ai à faire.... Et dès mon réveille à l'aube, je m'attèle à la tâche. Trouver un endroit où vivre. Les hôtels, ça dépanne, mais j'affectionne de pouvoir avoir un endroit un peu plus privé qu'une chambre envahie régulièrement par des femmes de ménages et autres services d'étages ! Je commence par repérer les zones qui me plaisent. Des coins avec des accès rapides à la verdures ou au bayou. J'aimerai bien pouvoir me dégourdir les pattes quand bon me semble, si possible. J'en profite également pour acheter une voiture supplémentaire. Ho rien de bien extraordinaire. Un utilitaire pratique et tout terrain. Quand je dois frimer avec de la voiture de luxe pour le travail, je me tourne davantage vers des locations. Une fois un véhicule capable d'aller dans les recoins les plus escarpés et accidentés en main, et les coins repérés, je me mets en chasse des locations dans les zones ciblées. Les jours passent....

Je planifie plusieurs visites d'appartement pour la semaine qui suit. Mais alors que je commence à m'établir.... Mon téléphone qui sonne. Je me fige un instant me demandant si ce n'est pas un de mes anciens loups qui viendrait m'engueuler pour avoir oublié de lui donner des nouvelles.... Mais alors que je décroche, je me fige à nouveau.


Je fronce les sourcils et attrape mes clefs.


La petite me donne rendez-vous devant un refuge pour animaux, et je m'y rends sans perdre une seconde. Je ne le sens pas.... Mais vraiment pas. Je sais pas pourquoi exactement, mais c'est mon instinct qui parle, et quand il se manifeste comme ça, c'est rarement à tort. J'espère vraiment que la loupiote sera là, et qu'elle ne se défilera pas au dernier moment. Elle avait l'air complètement paumée au téléphone, quelque chose l'avait méchamment déstabilisée. Je devinais sans mal que son appel était davantage un acte désespéré qu'un acte mûrement réfléchi.... Je pousse un soupire de soulagement en la voyant, et je me gare au plus proche pour la rejoindre rapidement. Elle regarde de tous les côtés.... Elle est clairement en alerte et se sent en insécurité. J'allais devoir la jouer fine.


Et c'était peu dire, je pouvais lire sa confusion dans son regard et même sentir sa panique.

Maria me livre des informations de manière brute. Une chance que l'endroit soit désert et qu'il n'y ait personne pour nous écouter. Pour le peu que je comprends, la situation a l'air encore plus grave que ce que je n'imaginais ! Mon instinct ne m'avait pas trahi, mais j'étais alors encore bien loin de m'imaginer ce qu'il se passait réellement. Doucement je pose mes deux mains sur ses épaules pour capter son regard, et essayer de focaliser son esprit sur moi.


Je sens que la petite hésite et je la comprends. Elle veut protéger les siens.... mais elle est également acculée, et une chance pour moi, son désespoir est plus grand que sa méfiance.


A l'entente de cette nouvelle, je me fige, l'air grave et peine à masque ma sidération. Des.... MOIS ?! Comment ça, des mois ?! Comment un alpha pouvait-il disparaître pendant des mois ?! Pas étonnant que cette meute était en branle ! Mais ce n'était que le début.


Je tendais le dos, mon instinct me soufflant que j'allais avoir droit à une affaire gratiné.... Et il avait raison.....


Cette fois c'était trop. Une Alpha. Qui disparaissait et réapparaissait blessée.... Et qui trouvait refuge non pas chez les siens mais chez un vampire ? Mais qu'est-ce que c'était que cette histoire ?! Malheureusement.... C'était pas fini !


C'en était trop, et faisant tous les efforts du monde pour ne pas exploser de colère, je me concentre davantage sur Maria pour essayer de la réconforter


Si c'était cette affaire qui travaillait Garrett, je comprends mieux l'ambiance dans la voiture l'autre jour..... Bordel.... Mais qu'est-ce que c'était que cette louve sincèrement ? Est-ce qu'elle avait seulement compris quelque chose au concept même d'une meute ?!


Je bouillais tellement que je sentais mon regard se dorer. Bordel, je connaissais même pas cette louve que j'avais déjà envie de lui dévisser la tête ! Comment pouvait-on se montrer aussi dédaigneuse et légère par rapport à sa propre meute ?! Pourquoi être cheffe si c'était pour abandonner les siens au premier coup de Trafalgar ?! Je prends une profonde inspiration. Je dois rester calme et concentré pour aider la petite.


La petite semble encore hésiter, mais a présent, elle a été trop loin pour reculer. elle me donne l'adresse du vampire, et je la conduis vers ma voiture. Un vampire qui soigne et protège une Alpha de sa propre meute, j'aurais vraiment tout vu !

Je ne savais pas exactement ce que j'allais faire. A vrai dire vu la situation il était difficile de planifier une action rapide et pertinente. Je devais me rendre sur place déjà pour vérifier que les deux loups y étaient eux aussi, et si oui, agir de manière à ce que tout le monde rentre sain et sauf. Néanmoins, tout en conduisant, je réfléchissais aux faits dans leur globalité. Et une chose était sûre, la meute commençait à paniquer et à partir dans tous les sens. Pouvait-on réellement leur reprocher, alors qu'ils étaient privés de chef du jour au lendemain, sans aucune raison valable et livrés à eux-mêmes ? Une fois de plus je bouillais contre l'autre andouille, mais je devais aussi garder l'esprit clair. Et surtout efficace....


A vrai dire je me doutais franchement de la réponse, mais cela ne coûtait rien de s'en assurer avant.


Maria fait un peu la tronche, mais elle finit par sortir son portable et envoyer un message aux siens. Après tout, elle-même est très inquiète pour Garrett et Alexis, elle sait donc ce que cela fait. Et il faut croire que j'avais du flaire, car à peine le message envoyé, son téléphone sonne.


Un coup d’œil rapide à la petite et je comprends très vite qu'elle n'en a pas du tout envie. Mais c'est également sa seule chance d'amoindrir le courroux du loup, et dans un soupir, elle décroche.... Pour immédiatement éloigner le téléphone de son oreille. Même moi je peux entendre le mec gueuler dans l'appareil. Et d'ailleurs je me pince les lèvres pour ne pas rire. C'est pas le moment, même si la tête dépité de la petite a quelque chose de tordant. Et visiblement, elle peine à en placer une. Après s'être faite grondé pendant plusieurs minutes, elle parvient enfin à essayer de s'expliquer.... Et à se refaire engueuler quand elle aborde le moment où elle sollicite une aide extérieure. Mais là je n'ai plus envie de rire. La gamine était désespérée et morte de trouille.... Je me doute que le loup au bout du téléphone est sur les nerfs lui aussi, et que c'est certainement le stress qui le fait s'emporter autant, mais là petite n'a pas besoin non plus d'être accablée. Tout ça était la faute de l'autre greluche irresponsable ! J'aurais bien pris l'appel pour lui dire de se calmer, mais je ne peux pas m'imposer dans une meute qui n'est pas la mienne. J'attends simplement, car je sens qu'il va certainement vouloir me toucher deux mots.....


Une fois les écouteurs dans les oreilles et le micro près de la bouche, j'enchaine avec le fameux Friedrick.


A vrai dire, je ne lui laisse guère le temps de répliquer que je raccroche. Ce lycan là était passablement sur les nerfs même s'il faisait de gros efforts pour se contenir Mais je n'avais pas le temps d'essayer de le rassurer davantage. Nous arrivions à quelques maisons de l'adresse donnée par Maria. J'allais devoir me concentrer uniquement sur la situation, je n'avais plus le temps pour ce Friedrick. Est-ce qu'il allait débarquer malgré tout ? Je dirais qu'il y avait trois chance sur quatre pour qu'il arrive effectivement.....

Je prends soin de me garer en haut de la rue, hors de portée de la maison ciblée. Enfin maison, manoir serait plus juste. Ces vampires, toujours dans le faste et l'exubérance. Je ne peux pas m'empêcher de les imaginer en train d'organiser des bals mondains et sanglants comme dans les clichés. Beuuuurk. Des bals.... Mais pas le temps de tergiverser. Alors que je me gare, je cherche du regard Garrett. Je n'ai jamais vu Alexis, je me concentre donc sur le seul visage familier que je connais. Maria aussi cherche à voir si elle ne reconnait personne. Mais la rue est bien calme, et d'ailleurs il n'y a même pas de piéton. Ce qui ne m'arrange pas. Impossible de pouvoir se fondre dans la masse à présent. Il faudra faire sans.


Je n'aimais pas du tout l'idée de faire sortir la petite mais elle marquait un point. Si je voulais faire sortir le loup, ou les loups, il me fallait un appât.... Mais hors de question de l'exposer si facilement.


J'acquiesce et je sors de la voiture, les sens en alerte. Je me mets à descendre la rue, l'air de rien, mais mon regard balaie la rue dans tous les sens. Il y a des ruelles adjacente, mais je ne peux pas voir très loin à l'intérieur. Je sens la présence de loups, mais impossible de définir exactement où ils sont. Il faudrait que je me transforme, mais en pleine ville ce n'est pas le plus discret. Et ce serait un coup à attirer l'attention sur moi, et potentiellement sur Maria. Je retiens un soupire et tente plutôt de vérifier qu'il n'y a aucun danger dans les alentours. L'avantage c'est que nous sommes en pleine journée, le vampire ne se risquera pas à sortir ou ouvrir la fenêtre pour nous tirer dessus. Je ne décèle rien, et reviens à la voiture pour venir chercher Maria.... Mais il s'avère qu'on aura pas besoin de sortir.


Si je suis content d'entendre la voix de Garrett, lui n'a pas l'air content de me voir, et je devine qu'il se pose des questions quant au fait que Maria soit dans ma voiture. D'ailleurs cette dernière sort rapidement trop contente de retrouver les siens en un seul morceau. D'ailleurs j'en profite pour découvrir Alexis, qui semble tout aussi perturbé par la situation.


Une explication qui était véridique, mais qui sembla fâcher Garrett


Maria commence à se décomposer, et me jette un rapide coup d'oeil pour solliciter mon aide. Malheureusement je crois que sur ce coup là, je ne pourrais pas lui épargner le savon de son aîné. Mais c'est une intervention extérieure qui va sauver, temporairement, la petite


Une voiture arrive rapidement, et se gare en vrac en nous voyant. Je n'ai aucun mal à deviner que le gaillard qui en sort doit être Friedrick. L'indice ? Son air passablement irrité. D'ailleurs ça ne loupe pas.




Je m'étais montré autoritaire, mais quand il s'agissait de sécurité, il n'était pas question de niaiser cent-cinquante ans. Maria allait pour remonter dans ma voiture, mais Friedrick la chope par l'épaule, et son regard sévère la dissuade de protester ou de la ramener. Elle le suit donc, pas vraiment heureuse d'avoir échoué à l'esquiver pour le trajet retour. Désolé gamine, mais tôt ou tard tu aurais dû lui faire face.... Garrett s'approche de ce qui semble être son véhicule et Alexis grimpe avec lui. Ils ouvrent la marche, et je les suis.... Avant de remarquer que Friedrick me suis de près, comme s'il voulait m'empêcher de m'enfuir. Ce qui m'arrache un petit rire. Je sais pas ce qu'il s'imaginait, mais s'il croyait que j'allais leur fausser compagnie, il se trompait. Je vois aussi dans le rétro qu'il est en train de passer un savon du feu de dieu à la petite rousse.... Qui n'en mène pas large mais qui semble répondre également. Ces deux là vont se disputer un moment avant que visiblement, Maria cesse toute conversation, bras croisés, et lui fasse clairement la tronche.

L'ambiance allait être sympa ! Heureusement entre Garrett et Alexis, si dispute il y avait eu, elle semblait être déjà passée. Nous arrivons.... De nouveau devant le refuge pour animaux. Je commence à me demander si le QG de leur meute ne se trouve pas là. Tout le monde se gare et descend de la voiture. Il va être temps de s'expliquer....

Après que nous ayons vérifié que personne n'était aux alentours, les explications commencent. Et c'est Garrett qui ouvre la danse, et qui se fâche, Friedrick à ses côtés, les bras croisés et qui le soutient silencieusement.


Sauf que visiblement la petite ne l'entend pas de cette oreille et explose à son tour.


Le coup de gueule de la petite à le don de renvoyer Friedrick et Garrett dans leurs pénates. Bravo gamine, tu as cloué le bec à tes aînés, et tu as raison dans ta colère ! J'en aurais bien ri.... Mais je sens beaucoup trop ta souffrance et ta tristesse dans tes propos.... Pire.... Mon expérience me permet de voir au delà de ta colère et je sais qu'en cette instant, tu cries et te fâches pour ne pas pleurer.... Je reste silencieux et interdis.... Mais ça me fend franchement le cœur. Friedrick se tient l'arrête du nez et je sens qu'il est beaucoup moins confiant qu'avant, Garrett n'en menant pas plus large.




Alexis venait enfin de prendre la parole pour poser une explication sensée, mais qui ne justifiaient pas leurs erreurs communes. Garrett se mit à soupirer.




D'un côté j'aurais pu me vexer qu'il puisse me prêter de potentielles mauvaises intention. De l'autre je comprenais qu'il faisait surtout là une généralité, et qu'il voulait surtout que la petite se montre plus prudente.




La remarque d'Alexis perturbe Maria qui se tourne vers moi, en quête d'explications dans son regard. Bon, c'est à mon tour de prendre la parole.


La question légitime de la petite m'arrache un sourire.


Garrett souffla sa conclusion en levant son regard vers moi, comme s'il essayait de sonder mon âme à travers mes yeux. Je souris en coin avant de lui répondre


Si Alexis, Friedrick et Maria échangent des regards d'incompréhension, Garrett lui est plongé dans ses réflexions. Je sais ce qu'il pense, et je devine que pour lui commence le dilemme de demander de l'aide, ou d'essayer de gérer la situation par lui-même. Même si pour l'heure, il en est certainement hors de question. Mais la graine est plantée dans son esprit. Je ne vais pas le pousser ou le brusquer. Cela doit venir de lui, cela doit venir d'eux.


Je ponctue mon propos en posant mon regard sur Friedrick. Je lui avais dit exactement la même chose, et j'en profite donc pour enfoncer le clou. Mais la voix de Maria me tire de mes réflexions.


Je lui réponds par un sourire en levant la main. Je pensais chacune de mes paroles. Et j'avais été ravi de l'aider.

Garrett essayait de se faire obéir, mais je savais à quel point c'était difficile d'y parvenir dans ce genre de situation.


Je tiquais. Parce qu'en plus de tout le reste, cette truie a trouvé le moyen de ramener l'attention des chasseurs sur sa meute ? S'ils me disent qu'elle leur a donné l'emplacement de leur DG, j'explose.



Mes propos étaient peut-être durs, mais ils étaient soigneusement pesés et pensés.


Garrett acquiesce et je sais qu'il est soulagé que j'appuie ses dires. Mais ce n'est pas juste pour gagner sa confiance. C'est surtout parce qu'il a raison. Cette garce n'est qu'une gangrène dont ils devaient se séparer au plus vite avant qu'elle n'empoisonne les autres, et que sa stupidité et son égoïsme condamne les siens.


Je ne proposais pas mon aide, ni même des conseils, juste une discussion.... Mais le vieux loup en face de moi avait parfaitement compris le message. J'avais de la chance, il avait entendu parler de moi, et donc de mes capacités. Maintenant il fallait qu'il surmonte sa fierté pour me demander de l'aide.... Et là c'était encore une autre histoire.

Nous reprenons chacun nos voitures, et je pars rejoindre ma chambre d'hôtel. La journée avait été remplie, mais j'avais encore du travail personnel à faire. Il ne fallait pas oublier qu'à côté, j'avais des armes à fabriquer et à vendre ! Les jours passent et se transforment en semaine. Je n'ai pas encore emménagé, trop absorbé par mon travail. Jusqu'à la réception d'un message sur mon téléphone. A mon étonnement, c'est Julia qui me contacte. Je crains le pire, mais le ton de son message n'est pas alarmant, ni pressé. Elle souhaite une rencontre avec Garrett, moi et une autre louve dénommé Alice. En revanche, elle reste remarquablement évasive sur la nature de cette rencontre. La curiosité me dévore et j'accepte. Devinez où on se retrouve ? Ce fameux refuge bien entendu. J'arrive sur place, et je trouve Garrett et une brunette au cheveux courts que je devine être Alice. Je salue Garrett d'une poignée de main, et remarque qu'il n'est pas à l'aise.... Qu'est-ce qu'il se trame ? Je ne manque pas de saluer la nouvelle venue.


A ces propos, je vois Garrett s'assombrir. Voilà donc ce qui le mettait mal à l'aise. Ils avaient besoin de mon aide, et une demande aussi frontale piquait sa fierté. Mais visiblement Alice était une femme qui savait ce qu'elle voulait et qui savait également saisir les opportunités à sa portée. Quelque chose me disait que c'était elle qui avait lourdement insisté auprès de Garrett pour qu'on vienne me solliciter. Ce qui a mes yeux était une marque d'intelligence. Savoir demander de l'aide quand on en avait besoin. Sagesse et recule était nécessaire pour cela, et même moi j'avais encore du mal.


Je tique un instant, avant de demander.


Cette fois Alice jette un regard embarrassé à Garrett qui se renfrogne l'air mécontent. Puis elle reprend la parole.


Garrett grogne un coup mais Alice lui adresse un regard qui ne laisse place à aucune protestation. J'acquiesce alors et nous faisons la route vers notre nouvelle destination. Finalement.... Il s'avère que je vais enfin découvrir le QG de cette meute.

Nous arrivons dans ce qui semble être.... une usine désaffectée. Bah, pourquoi pas ? C'est une structure particulièrement vaste qui doit permettre de nombreux aménagement. D'un point de vue extérieur, rien ne laisse présager qu'il s'agit en réalité d'habituation. Je mets ça sur le compte d'un choix stratégique pour tromper l'ennemi, et j'attends de vois comment l'intérieur est aménagé. Et là, les bras m'en tombent. Je comprends vite que ce n'était pas un choix.... Mais que l'usine n'a tout simplement pas été aménagée ! C'est davantage digne d'un squatte que d'une maison ! Et ces loups vivent là dedans ?! Autant vivre transformés dans une tanière, elle serait plus salubre et confortable ! Pourtant je vois des débuts de travaux, visiblement abandonnés depuis longtemps.


Je m'emporte, je le sais, mais c'est trop. Cette ratée en tout point ne s'est pas juste contentée d'être bonne à rien, noooon ! Elle a mis un point d'honneur à être mauvaise à tout ! Bordel ! Si je lui mets la main dessus je lui fais sauter les yeux des orbites et je lui fais bouffer !


Alice me jette un regard consterné, tandis que Garrett, qui nous suit silencieusement, se crispe de honte et d'embarras. Bordel. Je ne peux pas les laisser comme ça. C'est juste impossible.


Elle me montre la porte de bureau en métal. Sans prononcer le moindre mot, je défonce la porte d'un coup de pied rageur au niveau de la serrure. Autant dire que l'intimité ou le privé de l'autre pouffiasse, je m'en battais royalement les couilles. Les deux lycans se regardent un peu interloqués, mais ne bronchent pas. Ils se sont faits une raison.... Je commence à ouvrir les tiroirs et à chercher des dossiers.... Que je trouve sans peine puisqu'il y en a quasiment aucun ! En fait, il n'y a rien depuis la mort du fondateur. Putain ! Comment pouvait-on être aussi fainéant et s'en foutre à ce point ?! Je fulmine et ouvre l'ordinateur. Il n'y a guère plus dessus.


Ça en devenait pathétique, je secoue la tête et lâche dans un soupire.


Alice acquiesce et pousse un soupire de soulagement. J'imagine bien à quel point elle doit être soulagé, et la pression qu'elle a du avoir subitement. Et j'enrage encore plus en sachant que tout cela est dû à une seule et unique crétine finie. Garrett reste bien interdit et silencieux. Et Alice le remarque aussi. Elle vient poser sa main sur son épaule, le regardant l'air de dire qu'ils n'avaient pas le choix. Il va falloir que je règle ce point là....


Je me tourne vers Garrett qui semble un peu réconforté par mes propos. Je me doute bien qu'il avait implicitement repris les rênes en essayant de faire tenir le tout tant bien que mal. Et qu'il se sentait donc responsable de la situation présente. Mais il ne devait pas. Il avait récupérer le bébé sale, et avait fait de son mieux avec.


Alice et Garrett se regardent. Ils savent que j'ai raison, mais ils savent également que trouver un Alpha responsable et digne n'est pas chose aisée. Eux-mêmes en ont fait l'expérience. Arriver à diriger des loups, et gérer une meute et son territoire est très compliqué. Je ne doute pas qu'ils trouveront un Alpha qui viendra me demander conseil. Mais ils doivent faire vite, le temps joue contre eux.

Le lendemain, sans faute, je reviens à l'usine, armée de clefs usb, de dossiers, et même d'un petit ordinateur portable. Alice m'accueille alors à bras ouvert, soulagée de voir que j'avais tenu parole. Nous nous mettons tout de suite mis au travail, sous l’œil curieux des loups présents. Même si je ne les regarde pas, et fais mine d'être concentré sur ma tâche, je remarque bien leurs messes basses et les regards qu'ils s'échangent. Et je ne peux pas leur reprocher. Il est rare que des loups extérieurs puissent rentrer sur le territoire d'une meute sans en faire partie. D'autant plus que, en raison de l'ampleur des travaux et du travail à faire, je reviens dans l'usine également le lendemain, et le surlendemain et.... En réalité cela faisait à présent plus de deux semaines que je passais au moins une fois par jour pour aider Alice. Et je n'ai pas à me plaindre, c'est une louve très vive d'esprit et intelligente. Elle sait écouter et apprend vite. Le travail est très agréable avec elle, et les travaux ont pu commencer rapidement. Je veille au déroulement de ceux-ci, car s'il y a bien une chose que j'ai appris en matière de construction, c'est que si on est pas scrupuleusement derrière le cul des entreprises, elles font de la merde.

Mais alors que je reviens un jour, et que je rentre dans l'usine, je vois la meute réunie devant moi. Je m'arrête et les regarde tous, sondant leur regard pour essayer de comprendre ce qu'il se passe. J'espère qu'ils ne comptent pas m'attaquer parce que vu le nombre, je vais avoir des soucis là. Mais je ne sens pas la moindre once d'agressivité chez eux. Je ne vais pas m'en plaindre. Et pourtant je sens une certaine effervescence contenue.


Un petit groupe se détache. Je reconnais Garrett, Friedrick, Alexis et Alice. Ils s'avancent vers moi, et alors que je m'attends à ce que Alice prenne la parole, à ma surprise c'est Garrett qui m'interpelle.


Je vois Garrett qui prend une profonde inspiration. J'ai toujours pensé que ce serait lui qui allait reprendre les rênes de la meute, mais..... Ça ne colle pas. Son attitude est beaucoup trop hésitante, beaucoup trop.... Embarrassé pour un loup qui vient d'être nommé Alpha. Il faut dire que la communication n'est pas forcément le fort du vieux loup. Et pourtant il fait de gros efforts en prenant la parole devant tous. Alors pourquoi.... .... Je commence à avoir un gros doute sur la raison, que Garrett vient finalement me confirmer.


Résolument, demander ou proposer quoique ce soit était une véritable épreuve pour le pauvre gars, qui n'aimait franchement pas ça. Je regarde les autres loups qui me scrutent tous avec impatience.... Et espoir. Comme si j'avais réellement le choix de refuser..... Enfin dans l'absolue oui je pouvais refuser. Mais je ne pourrais plus jamais me regarder dans une glace si je faisais ça. Et Garrett avait raison.... Dans les faits je gérais déjà plus ou moins la meute.... Je pose mes mains sur les épaules de Garrett pour capter son regard.


Je lève ma tête pour regarder la meute et m'adresser à elle.


Mon petit discours improviser semble faire son effet, et les loups applaudissent et sifflent. De l'espoir et de l'implication.... C'est là tout ce que cette meute avait besoin.... Juste d'un vrai Alpha. Un Alpha responsable et qui fait son travail. J'avais eu le temps de les côtoyer et d'apprendre à les connaître en ces quelques semaines. Même s'il y avait des fortes têtes, comme dans toutes les meutes, c'étaient des braves loups et des braves louves. Ils méritaient d'avoir une vraie chance, un vrai leader. Si certains savaient que je ne serais pas là indéfiniment, ils savaient aussi que je ne partirais pas sans former un successeur digne de ce nom et de mon apprentissage. Mais pour l'heure, j'allais devoir continuer de panser leurs blessures.... Les entrainer, leur enseigner tout ce que je savais, leur offrir un vrai lieu de vie. Et à ce sujet..... ma nomination en tant qu'Alpha allait largement me simplifier la vie. J'allais pouvoir injecter des fonds personnels aux rénovations sans que Alice puisse s'y opposer ou contester. Hé hé ! Par contre, j'allais devoir de nouveau déménager. Et merde.... Mais cela dit.... Tant qu'à faire autant vivre en meute.

Alors que les autres loups se réjouissent, je prends à part le petit groupe pour leur parler.


Le groupe acquiesce et Garrett semble un peu préoccupé. Mon regard s'attarde dans le sien. Je devine que le vieux loup s'inquiète de confier les siens à un étranger, surtout après le désastre ineffable qu'a représenté Kaia. Mais je le laisse comprendre dans mon regard que je ne les lâcherais pas, et que je comptais bien les soutenir et les aider jusqu'au bout. Garrett n'a pas besoin de mot et comprendre mon regard, ce qui est très confortable je dois l'avouer. Le petit groupe s'éloigne, et je me dirige vers ce qui est à présent mon bureau. Dedans, des jeunes loupiots qui me regardent avec curiosité.... Et qui me bombardent de question. Ils ne seront pas les seuls, je le sais. Faire connaissance de chacun des loups de cette meute fait partie de mon rôle et je compte bien m'y mettre. Me revoilà à raconter une fois encore mon histoire aux enfants.... C'est reparti !