Avec deux gamins dans les bras, impossible de lui courir après, et j’avais fini par biter que j’pourrais décemment pas les laisser seuls ces deux-là. Impuissant, j’observai donc Emeraude quitter les lieux sans demander son reste.
- Fait chier ! Bordel !
Les cents pas. Voilà ce qui me vint directement à l’esprit. J’faisais les cents pas, tenant mes deux marmots dans les bras, à travers l’appartement. J’pouvais pas la laisser partir. Elle allait faire un carnage, quoique ça ne fait j’m’en foutais, mais surtout elle risquerait alors de se faire remarquer par les chasseurs. A cette pensée, je grondai furieusement, provoquant les pleurs de Lyla.
- Ferme la putain. Sifflai-je. Ta mère risque de se faire buter alors c’pas le moment pour la ramener !
Les déposant tous les deux dans leur lit, je me ruai à la fenêtre. Vingt trois heures. Elle avait toute la nuit pour risquer sa peau, et clairement, ça me plaisait pas des masses. Genre pas du tout même. J’attrapai mon téléphone, pianotant quelques touches.
- Ouais c’est Steph. T’es libre ce soir ? - Oh heu non, désolée Monsieur Scott, je suis déjà chez d’autres parents…
Putain de baby-sitter infidèle. Sans plus de cérémonie, je raccrochai. Il en fut de même avec les trois autres. Personne de libre, une vampire assoiffée et hors de contrôle la rue et un pauvre con coincé dans sa barraque avec des mioches. Le tableau était génial. Nan sérieux, on pouvait rêver mieux pour un film. Sauf que ce film là, généralement, il terminait mal. Fronçant les sourcils, je ne mis à vrai dire pas des masses de temps pour avoir l’idée du siècle. Bien sûr putain ! De nouveau, j’attrapai le téléphone pour composer un énième numéro. ‘fin le composer… J’allais le chercher dans mon répertoire quoi, qu’on aille pas croire que je le connaissais par cœur.
- Salut mec, c’est Steph. Tu la fermes et tu m’écoutes. Ally est partie de l’appart. J’ai pas pu l’en empêcher et elle va finir par faire un carnage qui va forcément attirer ces enfoirés de chasseurs. J’prend les gosses, ta gonzesses les garde et toi tu montes dans ma caisse dans… Je regardai l’heure. Dans dix minutes. Un silence et je réfléchis quelques instants. Ok changement de programme. Tu prépares ta caisses et j’monte dedans quand j’arrive.
Sans même attendre une réponse, je raccrochai. Non parce qu’on irait sûrement plus vite avec sa caisse qu’avec mon putain de tacot de père de famille. Attrapant les deux mioches, visiblement secoués et en pleurs, de me ruai en bas, sans prendre le temps de les habiller plus que ça et le foutait dans la voiture, sur le siège passager. Bon. J’étais quand même un bon père puisque je les attachai plus ou moins avec la ceinture avant de démarrer au quart de tour, direction le manoir de l’autre Emmerdeur. Arrivé devant, je remarquai la porte ouverte. Coïncidence ou intelligence d’Aedan ? J’votai plus pour la première solution mais m’engouffrai clairement dans l’allée pour venir ouvrir avec une certaine violence la porte de leur entrée. Une chance, sa grognasse se trouvait pas loin. Lui fourrant les gamins dans les bras, je lui intimais l’ordre de la fermer en me barrant dans l’autre sens, gueulant à tout va
- Bouge ton cul putain d’enfoiré !
Le ton employé était un ton bien rare chez moi. A vrai dire, contrairement à d'habitude, j'étais clairement pas dans une envie de déconner, et il avait intérêt à bouger son cul. La pensée d'Ally risquant de crever à tout moment avait légèrement tendance à me rendre sur le nerfs alors si on pouvait la retrouver rapidement, ça allait m'arranger.
Let's bring it backJe venais tout juste de claquer la porte au nez de trois sales mioches ayant osés s’aventurer jusqu’au manoir pour venir demander leur lot de sucrerie. J’avais sorti les crocs et les yeux rouges et j’avais hésité à en bouffer un en guise d’exemple, histoire qu’ils décampent au plus vite. Naïveté ou stupidité, ils n’avaient pas bougé, reconnaissant mon talent indéniable pour mon déguisement plus que réaliste. J’aurais dû les faire entrer finalement, je les aurais apporté à nos membres avec un joyeux « Un gamin ou un sort !». Pas sûr qu’Amélia approuverait, mais peu importe. Je déteste Halloween. Du moins ce que c’est devenu. Bien que les demoiselles revêtue de costumes plus sexy les unes que les autres, parvenaient à apaiser un peu mes rétines en cette nuit du 31 octobre. Ça non plus en fait, Blondy n’approuverait pas. Je regagnais le salon pour me servir un verre, lorsque mon téléphone sonna dans ma poche. En voyant de qui il s’agissait, j’arquais un sourcil en me demandant sérieusement si je devais répondre. Est-ce qu’il allait encore me demander un échange de sang, cet abruti ? Levant les yeux au ciel, je répondis enfin après plusieurs sonneries.
-C’est pourq..
En réalité, je n’eus même pas le temps d’en placer une, si bien que je soupirais fortement dans le micro pour lui faire parvenir mon exaspération. Et en plus il me laissait pas le choix, aucun doute, il devait bien savoir que ça me plairait pas. Rien que pour ça, je devrais le laisser poireauter comme un con. Peut être même que je devrais verrouiller la porte et fermer toutes les issues, histoire de l’obliger à gueuler depuis l’extérieur jusqu’à ce qu’il finisse par demander mon aide plus calmement ? Puis sérieusement, qu’est ce qu’il lui avait dit pour qu’elle foute le camp ? Est-ce qu’il était encore pire amant que je le craignais ? Dans ce cas je comprendrais la frustration de sa nana et son envie de le fuir. D’autant que lui laisser les gosses dans les bras, c’était bien joué. Je ricanais en avalant malgré tout le verre de whisky que je m’empressais de me servir et j’attendis son arrivée « patiemment ». Après tout, j’avais rien de mieux à faire, je comptais certainement pas me taper une petite promenade au milieu des citrouilles et des squelettes décoratifs.
Et l’autre chieur débarqua comme à son habitude, en gueulant à travers la pièce. J’eus le droit à un regard interrogateur de la part de ma fiancée, que je n’avais pas vraiment pris la peine de prévenir. Un haussement d’épaules lui signifia que chacun devait gérer sa merde. Je m’occupais du père, elle s’occupait des gosses et mieux valait faire comme ça que l’inverse. De toutes façons, je ne toucherais jamais à ces deux tas de crottes ambulants. Je n’avais évidemment pas préparé ma voiture mais ma vitesse me permettais de rejoindre le véhicule en quelques brefs instants, avant de me glisser dans l’habitacle. Avant de démarrer, je lâchais enfin.
-Tu comptes m’appeler chaque fois que ta gonzesse est en détresse ? Non parce que je sais que je manque pas de thune mais j’ai pas signé pour le rôle du Prince sauveur de miches de fillette.
Je démarrais en faisant vrombir le moteur, traversant l’allée relativement lentement afin d’obtenir une réponse à ma prochaine question.
-Par où est-ce qu’on commence les recherches ?
Muettement je m’interrogeais sur ce qui avait bien pu se passer, je doutais que la nullité des performances sexuelles de mon passager soit la réelle explication à tout ça. Lui jetant un rapide coup d’œil, je repris la parole de nouveau.
-Alors raconte, qu’est ce qu’il s’est passé ?
Avec Halloween, peut être que c’était pas une si mauvaise chose, du moins peut être que ça craignait pas autant qu’on pouvait l’imaginer ? Avec le thème horrifique de toutes les soirées du coin et les déguisements de la moitié des habitants de la Nouvelle Orléans, elle se fondrait peut être dans la masse ? Quoi que se jeter sur des passants et leur bouffer la carotide, bien que ce soit la nuit idéale pour cela, ça risquait tout de même d’attirer l’attention. Et en dehors des simples mortels ennuyeux à mourir avec leur festivités merdiques, elle pourrait trouver le moyen de se mettre les Chasseurs au cul.
-C’est bon tire pas cette gueule là, on aura qu’à suivre les hurlements affolés, les larmes de désespoir et le sang sur les pavés de la ville t’inquiète.:copyright: 2981 12289 0
Sans un autre mot que mes gueulantes, je le suivis jusqu’à sa caisse, me glissant à l’intérieur en grognant. Lui. Un Prince ? Plutôt un bouffon, la preuve, il répondait à tous mes appels. Il avait toujours pas compris que c’était jamais une bonne idée. Je me retins de le lui faire néanmoins remarquer. En cette nuit de merde, j’allais avoir besoin de lui. Puis j’avais aucune envie de me foutre de lui. Nan sérieusement, j’voulais juste qu’il appuie sur ce putain d’accélérateur et qu’on se tire au milieu de la Nouvelle-Orléans. Sauf cet enfoiré de mes couilles semblait vouloir jouer les abrutis, du moins plus que d’habitude, ce qui m’arracha un grognement.
- Ouais bah le Prince Charmant va arrêter ses conneries et aider son pote qui peut pas quadriller la ville tout seul avec tous ces putains d’humains dehors.
Ouais. Faut dire qu’à deux on aurait vachement plus de chance de la retrouver hein. Con comme j’étais j’y avais pas franchement pensé. La seule chose que je m’étais dite, en fait, c’est que fallait faire garder ses mômes, lui, à vrai dire, était que la cerise sur le gâteau de merde dans lequel j’étais. C’était sa gonzesse le gâteau, pas l’inverse. Le coude posé sur la portière, ma tête soutenue par une main, je soufflai. J’savais pas par où commencer. Elle avait pris le chemin du centre ville, mais tous les chemins menaient à n’importe où alors si elle avait dévié sa route, comment j’pouvais la retrouver ?
- Les bars. On va à ton bar. Je lui jetai un coup d’œil un peu amusé. A moins que t’aies pas refait ta devanture, parait qu’elle a sauté. Ricanant, je secouai néanmoins la tête. Mais ‘azy, on commence par les bars, elle les connait, elle ira p’tet dans un endroit qu’elle connait. Ou chez ta gonzesse, tient. On sait jamais.
Ce qui faisait mine de rien un petit paquet d’endroit disséminé dans la ville.
- Centre ville. Terminai-je.
T’façons, fallait bien commencer quelque part, et le centre ville était p’tet là où la majorité des bars et des humains super appétissants étaient ce soir. A sa question, je grognai à nouveau. J’avais pas franchement compris ce qu’il s’était passé, et il était presque certain que mon manque de tact envers sa nouvelle condition et ma méconnaissance totale des nouveaux nés avaient provoqué ce départ soudain.
- J’en ai aucune putain d’idée. Elle avait soif, j’lui ai dit d’attendre vu que j’avais encore mon bédo en main, et ça a explosé. Mec j’ai rien compris putain. Elle est partie comme une furie en me filant Morgan et elle est pas revenue.
Un instant, je me demandai si elle n’était pas retournée à l’appartement, calmée, avant de secouer la tête. J’préférais perdre mon temps en la cherchant alors qu’elle était à l’abri plutôt que passer à l’appart, voir qu’elle était pas là et perdre un temps précieux pour la retrouver. Cette idée, néanmoins, j’préférai la taire. Pas sûr que mon conducteur soit de cet avis. J’allais pas le remercier d’essayer de nous sortir de cette merde, mais j’étais un tant soit peu reconnaissant de son choix d’accepter de m’aider. Ce qui était déjà pas mal pour moi.
« Tire pas cette gueule » mais il voulait quoi que j’tire comme gueule putain ? Un grand sourire et une petite blagounette bien placée ? Mon cul ouais putain.
- Tu réagirais pas comme ça si c’était ta putain de nana qui risquait de se faire buter enfoiré.
Grognant, je jetai un coup d’œil par la fenêtre. En fait, j’étais un peu con…
- Arrête toi !
Nan. Je l’avais pas vu. Mais j’avais pas pensé à un truc. Sortant le cellulaire de la poche, je grimaçai. J’l’avais même pas appelé. Abruti putain.
- J’vais rien entendre avec ton putain de moteur !
Sortant de la voiture, visiblement particulièrement en colère, je fis quelques pas, agacé et visiblement particulièrement tendu, en attendant que, par miracle, Emeraude décroche. Ce qu’elle ne fit évidemment pas. C’était trop espérer, évidemment. Dans un élan de colère, je jetai alors l’appareil au sol.
- FAIS CHIER !
Geste que je regrettai presque immédiatement, mon écran venait de se fissurer. Complètement. Rah mais putain ! J’réfléchissais jamais assez dans cet état de merde ou quoi ?! Sans attendre, j’remontai dans la voiture.
- Ta gueule.
Ouais nan mais il était facile de savoir qu’il allait dire une connerie alors autant espérer qu’il s’arrête avec un ta gueule dans les dents avant d’ouvrir la bouche.
Let's bring it backJe devais bien admettre que je n’irais jamais jusqu’à attendre le moindre remerciement de la part de ce gros con, mais tout de même, parfois je le trouvais carrément ingrat. Je pourrais lui sortir tout un tas de connerie allant du remboursement de mon temps perdu à courir les rues pour sa sangsue, à l’essence consommée par ma caisse mais ce serait uniquement pour l’emmerder. L’argent pour faire le plein ne manquait pas et en ce qui concernait mon temps, je n’avais pas prévu grand-chose de toutes façons. Sauf peut être m’occuper de ma gonzesse à moi. Bien que vu que ce grand abruti lui avait collé ses rejetons dans les bras sans lui demander son autorisation, elle serait sans doute pas de très bonne humeur à mon retour. Je pouvais toujours espérer qu’elle tienne davantage rigueur à Stephen pour son côté sans gêne que pour mon soudain désir d’apporter mon aide à ce dernier.
-Je te ferais remarquer que je suis déjà en train de t’aider, sinon je serais pas là. Ensuite, je peux toujours freiner mon carrosse et te foutre un coup de pied au cul avant de te rouler dessus.
J’avais gardé le petit « enfoiré » pour moi même, il résonnait dans mon crâne et me tirait un large sourire plus qu’amusé. Il en fallait plus pour me tendre et à vrai dire je lui demandais de se calmer uniquement parce que sa nervosité était palpable et presque gerbante à ce niveau là. Et en plus ce casse burne en profitait pour me lancer des piques sur ce fameux « léger accident » qui avait bien endommagé mon bar. Autant dire que, grâce aux vidéos surveillance restaient intactes dans l’autre bout de l’établissement, j’avais reconnu au moins un des deux connards qui avait saccagé les lieux. Et ce petit con n’était autre qu’un des nôtres. Je lâchais un soupire en faisant mine de ne pas réagir et accélérais soudainement en manquant de rentrer dans une des voitures que je doublais au passage.
-Ferme là, c’est déjà réglé. Étonnamment, les travaux avancent deux fois plus vite quand on menace les ouvriers de les ouvrir du bas du ventre jusqu’au cou. Puis je connais deux clients réguliers, parents de deux affreux mioches qui se seraient fait chier si j’avais fermé pendant des mois.
Il continuait d’énoncer les différents endroits où sa chère copine pouvait bien se trouver, tandis que je gardais les yeux fixés sur la route, gueulant contre un conducteur attardé qui avançait aussi vite qu’un escargot sur le dos d’une tortue. J’arquais un sourcil face à l’explication fournie par mon voisin, manquant de freiner d’un coup sec pour m’arrêter en plein milieu de la circulation, histoire de lui demander s’il avait naturellement du mal avec les gonzesses et s’il voulait un cours de soutien.
-Même ton p’tit tas de caca masculin doit savoir qu’on dit pas à une nana de patienter quand c’est important. Et peu importe ce que tu fais. C’est jamais plus prioritaire, apparemment.
Malgré le fait que je laissais croire que j’en avais strictement rien à foutre et que je prenais les choses à la légère, c’était pas le cas. Enfin… modérément. Je savais plus que bien qu’un individu récemment devenu vampire avait tendance à péter les plombs. Et c’était rarement beau à voir. Donovan, Erika et bien d’autres, je les avais certainement pas rencontré dans un supermarché pour humains entre le rayon biscuits et les céréales. Et si parfois les nouveaux nés avaient la chance de croiser un surnaturel prêts à les aider, il leur arrivait aussi de tomber bien mal et avec les chasseurs toujours à l’affût, ça pouvait vite virer au drame. C’était quand même con de gagner l’éternité pour se faire buter quelques jours après. Et puis avec Halloween, je pouvais presque tenir les paris avec moi même que les rues seraient surveillées plus que jamais.
J’émis un petit grognement alors que les paroles de l’autre idiot me replongeaient dans mes souvenirs. Images pas franchement agréables, d’ailleurs. Datant de Londres, je me rappelais avoir retrouvé Amélia dans un état lamentable. Et ça n’avait pas été une partie de plaisir que de la tirer de là où elle était retenue. Fronçant les sourcils, je pouvais malheureusement très bien comprendre. Et je revenais à la réalité au moment où je l’entendis me vriller le tympan droit. A sa demande des plus polies, je ralentissais pour m’arrêter sur le côté de la route en foudroyant le suceur de sang des yeux. A un moment donné, j’étais quand même pas son taxi, à ce gland. Je tapotais le volant en attendant que sa gonzesse décroche. Et évidemment, elle était pas foutue de répondre. C’est particulièrement exaspéré que j’observais le noctambule explosé son appareil sur le sol, le laissant grimper en voiture sans un mot. Il devait se douter que j’allais faire une réflexion sur sa stupidité et il avait raison, mes lèvres s’entrouvrirent et se refermèrent instantanément. Non pas parce qu’il me l’avait demandé, non, simplement parce qu’à la place je me mis à ricaner. Avant d’ajouter malgré sa désapprobation à m’entendre commenter ses actions :
-Je sais pas pour quelle raison je dois te dire que t’es un gros con. Parce que tu viens de détruire le seul truc qui lui permettait de te joindre ou parce que tu t’attendais sérieusement à ce qu’elle te réponde ?
Je redémarrais en prenant la direction du Devil’s, premier choix de destination.:copyright: 2981 12289 0
J’devais avouer qu’il avait pas tort le couillon. Sans son bar, on risquait grave de se faire chier. Il était le seul à avoir une ambiance plus ou moins potable. Un peu plus que moins d’ailleurs. C’la dit j’allais pas non plus faire l’éloge de son rade. Fallait pas exagérer. Je ricanai néanmoins légèrement à sa remarque. C’vrai que tout allait plus vite par les menaces. J’avais remarqué ça à l’armée aussi.
- Au fait, t’m’expliques ton délire d’ouvrir un bar ? T’voulais concurrencer ta nana ?
Je grondai à sa remarque. Bien sûr que j’savais que j’étais con. J’savais très bien qu’il fallait pas contrarier les gonzesses. Acquiescer et faire ce qu’elle voulait, c’était le meilleur moyen de pas s’attirer leur foudre. Sauf que… J’étais pas un putain de clebs qui accourait la queue remuante devant sa copine pour lui faire plaisir. Si c’t’emmerdeur voulait faire ça, c’était son problème. Moi j’allais pas me rabaisser à ça non plus.
Franchement… J’me doutais qu’il allait ouvrir sa gueule pour sortir des conneries. En un sens, j’savais qu’il avait raison. J’étais un abruti. Un parfait abruti. Et mon téléphone en était la preuve vivante… Fin… Morte du coup. Putain quel con. Appuyant ma tête sur le siège je grondais un coup.
- Ferme la, ou le prochain truc qui sort de ta gueule, ça sera tes dents. C’bon j’suis pas con. Fallait que j’essaie. On sait jamais. Quelle se soit calmée ou j’sais pas putain ! On voit ça dans les films, ça aurait pu marcher !
C’était une idée à la con. Qu’une nouvelle vampire se calme toute seule et rentre à la maison comme une bonne fille. J’savais que j’pouvais pas compter sur ça, mais, à vrai dire, j’avais juste envie de pouvoir encore compter sur un truc. N’importe quoi. Un truc qui pourrait me faire garder espoir qu’on faisait pas que chercher une aiguille dans une putain de ville. Parce que là… Autant jouer au loto sérieux. Au moins, l’Emmerdeur connaissait le chemin, et j’ouvris pas la bouche du trajet, tentant d’imaginer tout ce qui aurait pu se passer. Du meurtre par les Chasseurs en passant par la beuverie désirée depuis tant de jours et de semaines. Toutes les possibilités furent passées au crible. Et je priais sincèrement pour que mon idée de beuverie soit la bonne.
Lorsqu’enfin la voiture s’arrêta non loin de Devil’s Lair, je me précipitai en dehors de celle-ci, entrant dans le bar à grand fracas. Rapidement, mon regard balaya la salle. Une fois. Deux fois. Trois fois. Ally n’était visible nulle part.
- Elle est pas là. Grondais-je au Prince Charmant qui m’accompagnait. Ally est pas l…
Je plissai les yeux un instant. Putain le con. J’devais avoir été trop vite. Laissant échapper un très long soupir de soulagement, je me ruai vers elle, usant de ma vitesse sans faire attention à ce qui m’entourait, bousculant même quelques clients violemment au passage, pour m’arrêter à quelques pas seulement.
- Ally… Je soufflai sérieusement. ‘coute j’voulais pas t’faire attendre mais… A nouveau, je soufflai. Allez, viens. On rentre. Posant ma main sur son épaule, je la tirai doucement à moi. Allyson ? Je fronçai les sourcils. Hey, ça va ?
Aucune putain de réaction. Ally restait là. Plantée. J’savais bien qu’elle m’en voulait mais putain ! Elle pourrait au moins dire un truc !
Let's bring it backPourquoi avoir implanté le Devil’s ici ? La raison me paraissait plutôt simple, j’avais besoin d’avoir mon antre à moi. En dehors du manoir, en dehors de mon bureau à la PPV et ce bar était plutôt agréable, puisque je l’avais crée à mon image et selon mes désirs. Et puis, lorsque j’avais quitté Londres, il m’avait semblé évident que mon établissement ne pouvait pas perdurer sans moi, au sein même de la capitale. Un bon écoulement des stocks à pris réduit n’avait pris qu’une seule soirée et après ça, le bar avait fermé ses portes.
-J’l’aimais bien ce bar à Londres, alors je l’ai ramené avec moi. D’ailleurs, Joey aussi faisait parti du voyage, à croire que personne peut se passer de moi.
Je regardais l’autre crétin de haut en bas avec un large sourire. Il n’empêche que le barman humain avait tout de même traversé l’Atlantique pour un taf bien payé derrière un comptoir. En dehors du salaire, je crois bien qu’il voulait changer d’air lui aussi, sa vie en Angleterre lui laissait un goût amer et il avait visiblement profiter de l’occasion pour fuir le pays et les casseroles qu’il y traînait. Sans aller jusqu’à dire que ça me faisait plaisir de le retrouver dans mes locaux, j’étais pas mécontent de sa présence. Il faisait correctement son boulot, il était pas trop chiant et puis son accent British allait sans doute faire frétiller quelques demoiselles un peu éméchées, ça nous ramènerait davantage de thunes et lui peut être quelques MST. M’enfin ça, c’était pas mon problème.
J’observais les lieux en plissant les yeux, observant chaque détail de la devanture pour m’assurer qu’elle était nickel en tous points. Mais j’étais sûr et certain que les ouvriers avaient fait correctement leur boulot, pour la simple et bonne raison qu’en cas contraire, je leur avait promis d’exploser leur petite tête entre mes mains. Alors même si la crainte que je mettes mes menaces à exécutions avait fait trembler leur jambes lors de mes visites surprises au Devil’s, j’osais espérer qu’ils s’étaient concentrés suffisamment pour ne pas bâcler leur tâche. Une fois les portes passées, je fouillais la pièce des yeux à mon tour. L’ambiance si chaleureuse d’ordinaire était différente ce soir, elle avait quelque chose de bien plus froid. Apercevant la jeune femme aux cheveux ébènes après qui courait l’imbécile de noctambule désespéré, je fis sortir tous les clients, ainsi que Joey. Après tout, un vampire assoiffé ne faisait que rarement la différence entre les proies qu’il pouvait bouffer sans trop d’état d’âme et les proies qu’il culpabiliserait ensuite d’avoir vidé de leur sang.
Posant mon cul sur un tabouret derrière le comptoir, en supposant que les deux allaient régler leur problème de couple, j’attrapais une bouteille de whisky pour m’en servir un verre. Un petit cul sec plus tard, je relevais les yeux vers la salle avant de fixer la nouvelle venue sans un mot. Une jolie blonde que je ne connaissais que trop bien était plantée là, au milieu de la pièce. Je me doutais bien qu’elle devait être un peu agacée par le baby-sitting forcé mais j’ignorais qu’elle se pointerait ici pour nous mettre la main dessus.
-Blondie ? Qu’est-ce que t’es venue faire là ? T’es venue m’annoncer que j’avais le plaisir de dormir sur le canapé ?
Je ricanais un instant avant de voir que visiblement, le mutisme était contagieux. Une femme qui se tait est bien plus étrange qu’une nana qui ne s’arrête de parler que lorsqu’elle a terminer de vider son sac. Ça présageait même plutôt rien de bon.:copyright: 2981 12289 0
Laissez-vous tomber, vous mourrez. Pour survivre, vainquez votre propre peur.
Sortez de votre cauchemar... Si vous le pouvez.
Un léger frisson dans votre dos, un courant d'air circule soudain dans toute la pièce, alors que la porte s'ouvre sur deux silhouettes. Deux hommes, armés qui ne vous jettent pas même un regard. La porte claque derrière eux et vous ne pourrez désormais plus l'ouvrir, ni même la défoncer de toutes vos forces.
Une seringue de tranquillisant plantée dans le cou de chacune des deux demoiselles et les voilà en train de se débattre comme elles le peuvent. La petite brune s'efforcent de lutter contre l'homme qui tente de lui arracher ses enfants des bras tandis que la blonde aux yeux rougeoyants sort les crocs en sifflant de mécontentement.
-Stephen !
Le premier homme arbore un sourire mauvais à l'attention de l'ancien soldat et attrape violemment le bras de sa compagne pour l'installer sur une chaise, sous les pleurs des deux nouveaux-nés qu'il tire une fois de plus à lui. Cette fois, il s'empare des deux bébés et fait soudainement taire leurs hurlements. Quelques clapotis, des gouttes s'échouant sur le sol et un liquide écarlate que vous adorez tant, vous les noctambules, se répand aux pieds du chasseur. Ce dernier se débarrasse aussitôt des petits corps encore chauds sur le comptoir, comme un verre que l'on vient de vider avec lassitude.
-Qu'est-ce que.. qu'est ce que vous avez fait..?!
La douleur dans les yeux de la mère ne peut vouloir dire qu'une chose, vous ne rêvez pas.
Le premier méfait accompli, le second homme attire la blonde à lui. Son dos plaqué contre son torse, il maintient son visage droit sur celui de son fiancé, tirant une fiole de sa poche afin de la lui faire avaler de force. Les yeux de la vampire, rougeoyants de douleur, ne quittent pas l'homme d'affaire alors que l'homme laisse son corps tomber à ses pieds dans un ricanement cruel.
- Tacca Chantrieri. Prononce-t-il simplement avant d'attraper une seconde fiole, la renversant, goutte à goutte, sur le corps de la vampire. - Aedan ! Arrête le ! Gronde-t-elle douloureusement.
J’pourrais que remercier Aedan d’avoir vider l’bar. Non pas que j’en avais quelque chose à foutre de leur vie, mais j’devais avouer que pouvoir régler ça sans meurtre à gérer ensuite m’arranger pas mal, mine de rien. Un frisson parcouru mon épiderme alors que je me retournai vers la porte du bar. Fronçant les sourcils, j’observai les hommes avancer. Qu’est-ce qu’il foutait ces deux-là ? Il avait pas dit à tout le monde de dégager ? Et qu’est ce qu’elle foutait là elle ? Attentivement, j’observai la blonde, grondant légèrement. Si elle était là, où étaient passés mes gosses ? Sans attendre, je quittai Ally afin de me rapprocher d’Aedan, l’air perplexe.
- Qu’est ce qu’elle fout ta gonzesse là ? Où sont mes gosses ? Je grondai légèrement.
C’était pas étonnant. J’lui filai mes enfants, j’lui faisais confiance et voilà qu’elle les donnait à j’sais pas qui d’autre.
- Et c’est qui eux ? T’as invité des potes ?
Visiblement ç’en était pas. Un geste en avant, je grondai de nouveau. Une seringue ? C’était quoi ce bordel ?
- Stephen !
Instinctivement, je me retournai avant de me ruer vers Ally. C’était quoi ce putain de bordel ?! Ma surprise fut totale alors que mes pas se stoppaient d’eux même à deux mètres de ma compagne et de mes enfants ? Je sifflai férocement. Qu’est ce qu’ils faisaient là ?!
- NE LES TOUCHEZ…
Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase. Impuissant, les yeux écarquillés, j’observai les gestes du Chasseur. Mes enfants… Morgan… Lyla… Leurs pleurs s’étaient éteints alors que mes yeux restaient fixés sur le sang qui coulait au sol. Leur sang. Son sang. Mon sang. Mon cœur s’enserra et se brisa alors que ma respiration s’accélérait. J’avais mal. Plus mal que je n’avais jamais eu jusque-là. Et seule la rage me tenait encore debout. Une rage telle que je tentai de nouveau d’avancer, hurlant plus de jurons que je ne pouvais en inventer. Je ne pensais plus qu’à un chose, le tuer, lui arracher tripes et autres organes. Le faire souffrir comme je pouvais souffrir. Et plus encore, sortir Ally d’ici. Mais mon corps refusait d’avancer comme si un mur invisible me barrait le passage. Un putain de mur que j’allais finir par défoncer ! A vrai dire, j’faisais même plus attention aux autres vampires présents dans le bar. Ou presque.
- Aedan ! Vociférai-je à l’attention du salopard qui faisait strictement rien pour m’aider. Il me faut une putain d’arme ! Qu’est-ce que tu branles ?!
Ne sentant aucun mouvement net derrière moi, je me ruai alors vers la porte de sortie, décidé à aller chercher l’arme que j’avais laissé dans sa caisse, comme un putain d’abruti ne désirant pas être armé pour aller chercher sa copine.
- Qu’est ce que t’as fait à ton putain de bar de merde ?!
Main sur la poignée, je tirai, poussai, jurai sans succès. Je tentai même par trois fois de défoncer cette connerie de putain de porte à la con. Rien n’y fit. Perdu, entre quatre murs, je tournai doucement le visage vers Ally et cette putain d’ordure de chasseur, tremblant de toute part. Il fallait que j’trouve le moyen de la sortir de là.
Let's bring it backJ’étais plutôt vif d’esprit et pourtant, tout se passait trop vite pour que je comprenne quoi que ce soit. Les deux chasseurs étaient rentrés comme des cowboys dans le bar, passant les portes comme si l’on se trouvait dans un western. Si pendant un instant j’avais cru que ça leur ferait les pattes de se faire bouffer par la nouvelle vampire, j’avais rapidement changé d’avis à propos de leur présence entre ses murs. Sans avoir le temps de réagir, ou peut être parce que la scène était un peu trop surréaliste pour être vraie, je voyais Amélia contre le corps de l’humain, avalant l’intégralité d’un flacon dont j’ignorais tout d’abord la contenance.
-C’est quoi ce bordel ?
Comme lors d’un match de tennis, ma tête tournait à gauche, puis à droite, répétant les mouvements bien trop vite pour que je puisse réellement voir quelque chose. Enfin si, je vis les deux p’tits tas de crottes sur le comptoir, plus mort que jamais. Et j’avais beau prendre ça avec légèreté parce que je détestais les gosses, je voyais bien que Stephen lui, semblait particulièrement affecté. Difficile pour moi de me mettre à sa place étant donné que j’avais jamais désiré endossé le rôle de père et que je n’en avais moi même pas une représentation très définie. Cependant, rien qu’en imaginant un peu ce qui pouvait se passer à l’intérieur de sa tête, je pouvais presque deviner ses envies de meurtre soudaines.
-Il y a un flingue derrière le comptoir.
Je reportais mon attention sur ma propre compagne, tentant de l’atteindre malgré la force invisible qui semblait m’empêcher de la rejoindre. Impossible d’avancer davantage, de lui apporter mon aide en plantant mes crocs dans la nuque de cet enfoiré qui prenait un malin plaisir à user de sa plante liquide pour torturer ma Blondie.
-Arrête ça tout de suite ou je te promets de t’enfoncer du verre fondu dans la gorge.
Je sentais l’autre idiot s’agiter derrière moi, à faire des allers retours en gueulant toujours un peu plus fort, comme si à force d’hurler les murs allaient soudainement exploser. D’ailleurs si ils pouvaient éviter, ce serait sympa, faire des travaux ça va deux minutes. Et cette porte qui refusait de s’ouvrir alors qu’il s’acharnait dessus, c’était tout de même étrange. Pour quelle raison est-ce que l’on se retrouvait aussi impuissants ? Une légère appréhension pointait le bout de son nez mais l’émotion qui dominait toutes les autres, c’était ma colère qui pour l’instant n’avait pas encore muté en rage.
-J’en sais rien moi, si ça se trouve ces connards d’ouvriers ont construit le bar sur un ancien cimetière et on se retrouve maudit. Sinon à force de systématiquement chercher la merde, il y a forcément un moment où on se met dedans.
La théorie numéro un me semblait quand même un peu trop folklorique. On bouffait du sang pour survivre et on brûlait au soleil, on allait pas se chopper une malédiction en plus, non ? A ce niveau là c’était de l’acharnement quand même. C’était sans doute quelqu’un qui nous faisait payer quelque chose dont on se souvenait même pas. Peut être même que je payais pour l’autre enfoiré qui se trouvait avec moi. Pas que j’étais irréprochable, je butais un tas de monde par semaine alors.. en fait on était peut être tous les deux responsables de cette situation plus que foireuse.
-J’arrive pas à venir jusqu’à toi, Amélia !
Putain les connards qui avaient organisé ça m’aidaient pas à apprécier Halloween, ça c’était clair. Si je parvenais à trouver le moyen d’atteindre ce chasseur, il regretterait à la fois d’être entré ici et aussi mais surtout d’être né.:copyright: 2981 12289 0
Laissez-vous tomber, vous mourrez. Pour survivre, vainquez votre propre peur.
Sortez de votre cauchemar... Si vous le pouvez.
La brune semble plus calme, quelques instants durant lesquels elle se contente d'observer fixement le comptoir. Mais ses yeux se posent enfin sur le chasseur avec une haine si intense que son iris vire aussitôt au rouge.
-Vous tuez nos femmes, nos enfants, nos amis, sans que l'on ne puisse rien y faire. Nous nous contentons d'apprendre leur décès par téléphone. Juste retour des choses que de vous laisser l'opportunité de voir vos femmes se faire tuer sous vos yeux sans pouvoir intervenir, non?
Le chasseur observe alors le visage de la brune attentivement avant de se pencher vers elle, positionnant son pouce et son index de part et d'autre de son œil flamboyant.
-Cesse de me scruter ainsi, sale monstre.
La lame déjà recouverte du sang de sa progéniture vient à présent s'enfoncer dans le globe oculaire de la demoiselle qui ne peut retenir un cri de douleur en se débattant sur sa chaise, l'hémoglobine réchauffant sa peau durant sa course le long de sa joue.
Le second chasseur, laisse s'échapper un rire gras à ce cri, attrapant la gorge de sa proie afin de la ramener debout, contre lui. Sa main droite enserrant sa gorge maintient sa tête penchée sur son épaule, ses lèvres s'approchent de son oreille alors que le regard de l'homme fixe sans relâche le vampire, impuissant.
-Supplie le.
Le poison ingéré fait doucement mais sûrement son effet et la vampire semble alors bien plus réceptive à la douleur. Doucement, il prend le poignard attaché à sa ceinture, ce sourire mauvais aux lèvres. Le silence de sa victime ne fait qu'accroître sa colère et la haine dans son regard alors que la lame vient s'enfoncer lentement dans l'un des reins de la vampire, lui arrachant une plainte. Doucement, réitérant son ordre, l'homme tourne sa lame enfoncée.
-Ae...
Sa voix trahit la douleur ressentie, tant par le poison que par la lame. Une plainte, un appel à l'aide de sa compagne qui ne semble retenue que par la main puissante du Chasseur qui la retient, ricanant.
Se sentir impuissant dans ce genre de situation était bien plus merdique que pouvoir y faire quelque chose. J’avais beau m’évertuer à foncer dans la porte ou vers Ally, quelque chose voulait m’empêcher d’agir. Et si je trouvais cette chose, c’était pas la mort qui l’attendait, c’était bien pire que ça. Les yeux rouges de colère, et sous l’indication du second vampire qui m’accompagnait, je me ruai vers le comptoir, sautant par-dessus, quitte à renverser ce qu’il s’y trouvait pour gronder furieusement contre l’autre abruti.
- Y a pas de putain de flingue !
Redressant la tête, j’écoutai alors les paroles du salopard qui venait d’abattre mes gosses. Crocs sortis, je grondais de nouveau. Nos femmes se faire tuer sous nos yeux ? C’était quoi ce putain de bordel ? Ils sortaient d’où ces mecs putain ? Rapidement, je jetai un coup d’œil à Aedan, sifflant de colère. Est-ce que lui y comprenais quelque chose ? Ça pouvait pas être autre chose qu’une putain de blague de Noël ou d’Halloween ou de j’sais plus quelle fête à la con ! Le cri que j’entendis me convainquit bien trop rapidement du contraire. Me retournant vers la provenance de ce dernier, je tentai de nouveau d’avancer, sans le pouvoir. Cette force invisible était partout. Comme s’ils étaient protégés par un champ de force. C’était p’tet ça putain, un champ de force dont il fallait trouver la source. Mon regard balayant la pièce, je dus vite admettre qu’il n’y avait rien qui aurait pu créer ça. Le bar était normal. Fin… Presque. Et le cri continuait sans s’arrêter, me vrillant l’esprit et ma capacité, déjà naturellement amochée, à réfléchir.
- Lâche la ! Les poings serrés, je forcai, et forcai encore. Putain si je t’attrape tu vas salement gueuler !
Crocs sortis, je grondai furieusement, incapable de savoir comment réagir alors qu’une sensation plus que désagréable s’insinuait en moi. Une sensation qui m’indiquait que si j’agissais pas maintenant ou tout du moins rapidement, je risquai bel et bien de perdre tout ce que j’avais d’important dans ma vie. Comme une putain de boule qui venait bloquer ma respiration alors que je fusillai le coupable du regard.
- Sale rat ! Vociférai-je de nouveau. J’te jure que si t’arrête pas immédiatement j’retrouve ta putain de famille pour les égorger tous un à un d’vant toi avant de te crever les yeux et de te les enfoncer dans le cul ! T’veux voir ce que c’est un vampire enragé ?! On va voir qui est le monstre maintenant !
Forçant à nouveau pour bouger, je me ruai de toute la vitesse due à ceux de ma race vers la porte d'entrée du bar qui ne bougea pourtant pas d'un pouce alors que je reculai, légèrement sonné par le choc.
- Ouvre toi !
Coups après coups, je tentai de défoncer l’entrée de ce rade miteux à la con avec pour seule idée, ramener la famille de cette pourriture pour leur déchiqueter la gorge un par un. Sans même savoir qui il était.
Let's bring it backLe bruit me déconcentrait et entre le vampire qui arrêtait pas de brayer et sa gonzesse qui semblait passer un mauvais quart d’heure, je sentais que ma colère augmentait de seconde en seconde. Il y avait toujours eu un flingue sous ce comptoir et comme par hasard, ce soir, alors qu’on en avait réellement besoin, il ne s’y trouvait pas. Ma soirée serait sans doute plus agréable si je m’enfonçais dans des sables mouvants, parce qu’à défaut d’avoir une solution pour se sortir de ce bordel, au moins ça finirait rapidement. Mes yeux foudroyaient le chasseur dont le visage reflétant la satisfaction pure me donnait des envies d’immolation. S’il espérait entendre Liz me supplier, il pouvait toujours courir, c’était loin d’être son genre. Pourtant une part de moi espérait presque qu’elle se soumette aux désirs de l’autre tordu afin d’avoir une chance de s’en sortir sans trop de dégâts. Je tentais de faire un pas en avant, en vain, alors qu’il la faisait se crisper de douleur contre lui, bien trop ravi de l’entendre aussitôt obéir.
Et finalement ce fut bien plus dur d’entendre mon nom s’échapper de ses lèvres, en sachant que je ne pouvais rien faire d’autre que regarder. D’autant que je commençais à me sentir un peu à l’étroit dans le bar, en sachant que je ne pouvais en sortir. Je regardais autour de moi, soupirant longuement en observant Stephen s’agiter dans tous les sens.
-Tu veux pas arrêter de gueuler et de taper contre cette foutue porte ? Elle est coincée, point barre.
Enfermés au Devil’s c’est peut être là qu’on allait finir par y passer tous ensemble, quatre cons bien plus puissants que les deux pauvres humains qui torturaient nos gonzesses. Je me demandais sérieusement comment on en était arrivé là. Les poings serrés, la mâchoire contractée, mon corps était tendu comme un arc, tandis que je dévorais la scène des yeux, prêt à bondir à la moindre faille qui me permettrait de sauter sur cet imbécile de mortel. Mieux valait pour lui que cette barrière invisible ne se rompe pas même une seconde, car son sang me servirait de nouvelle peinture pour les murs du bar. Et sa tête serait un trophée suffisant pour apaiser ma colère durant 5 petites minutes. Je m’apprêtais à demander qu’elles étaient leur motivation mais visiblement notre simple nature était le véritable problème. Et puis je pouvais pas trop nier qu’on ne se tenait pas du côté des vampires végétariens, au contraire. On bouffait au moins un humain par jour et on en gardait précieusement à la cave pour notre plaisir et dans le but de nous distraire. Clair qu’on nageait dans le vice, fallait pas se la jouer surpris non plus.
Sans détourner le regard d’Amélia et de ce fils de tournante, je tentais de réunir toute ma colère pour me concentrer uniquement sur cette dernière. Parce que je sentais que derrière elle, la crainte de perdre la seule personne qui me ferait risquer ma vie le plus connement du monde et sans même réfléchir, menaçait de se pointer et de me rappeler qu’avoir peur c’était vraiment le meilleur moyen de perdre ses facultés intellectuelles.
-On peut pas échanger nos places avec elles ?
Ça pouvait être une alternative, non ? Et puis je savais très bien que Stephen serait prêt à faire la même chose. Je doutais que cela fonctionne mais je ne pouvais pas me permettre de ne pas essayer. Plus le temps passait, plus je me demandais comment tout cela allait finir. Ils avaient l’air sacrément déterminés, tout de même. Ça sentait un peu la haine et le fanatisme anti-buveurs de sang et généralement, être confrontés à des trous du cul pareil, ça se terminait rarement très bien.:copyright: 2981 12289 0
Laissez-vous tomber, vous mourrez. Pour survivre, vainquez votre propre peur.
Sortez de votre cauchemar... Si vous le pouvez.
Un rire s'éleva dans la pièce chargée en tension, le chasseur aux côtés de la brune repris finalement son souffle en caressant la peau laiteuse de cette dernière de ses doigts aussi glacés que son âme.
-Échanger vos places? Sérieusement? C'est non. Je préfère vous voir tourner en rond comme des lions en cage, incapables de venir tirer vos femmes de là.
La jeune vampire encaissa le coup qui joignit les paroles à l'acte en question, toussant quelques filets de sang qui s'écrasèrent sur le parquet.
-Perforation du poumon, c'est agréable n'est-ce pas? Est-ce que l'air te manque autant que tes défunts enfants?
La rage sans doute, permis à la mère privée de la chair de sa chair de regagner brièvement un peu d'énergie afin de sauter à la gorge d'un des deux seul être qu'elle jugeait monstrueux dans cette pièce. Un sursaut de surprise, quelques pas de recul et la brune s'écroule au sol, le sang s'échappant de sa poitrine pour venir tâcher ses vêtements. Yeux grands ouverts, inerte, elle ne se relèvera plus.
-Et une de moins.
De nouveau, l'autre ricane observant le corps qui se raidit au sol. Se retournant aussitôt vers le vampire le plus calme, il esquisse un large sourire.
-On va s'amuser encore un peu, t'en fais pas. Elle a l'air un peu plus résistante celle-là.
Laissant tomber sa victime au sol, l'homme semble fouiller dans un sac posé près de lui. Sortant deux seringues, il s'accroupit près du corps de la vampire. Elle respire encore. Mais a mal. Si mal qu'elle ne peut se permettre un geste sans gronder furieusement de douleur. Et alors que l'homme la retourne, dos au sol, observant la réaction du vampire, ce dernier se relève, écrasant violemment ses côtes d'un coup de pied parfaitement placés, provoquant un cri de douleur de la part de sa victime.
-Poumon touché ici aussi. A croire que nous aimons ça. Mais... Nous aimons ça, en fait.
Sa respiration se fait sifflante, alors que le regard de la vampire croise désespérément celui de son compagnon. Le chasseur s'accroupit alors près d'elle, seringue en main.
-Paraît que vous alliez vous marier. Rapidement, il arrache la bague de la main de la vampire. Dommage. Ca doit valoir une petite fortune.
Il plante la première seringue dans le cou de la jeune femme qui se tord immédiatement de douleur dans un hurlement brisé.
Rapidement, je cessai de m’évertuer à ouvrir cette putain de porte. Force était de constater qu’il était tout bonnement impossible de l’ouvrir. Me retournant vers Aedan je m’apprêtai à répliquer de manière des plus virulentes lorsque c’t’abruti ouvrit la bouche, me coupant l’herbe sous le pied. C’était une idée. Une idée que j’aurais pu avoir si j’avais réussi à réfléchir. Une idée que j’approuvai totalement. Plus calme, au moins extérieurement, je m’approchai de l’autre vampire.
- Ouais. Approuvais-je. Faites ce que vous voulez de nous mais laissez-les partir.
C’était la meilleure idée qu’il ait jamais eue et celle qui me semblait la plus intéressante. On s’en sortirait p’tet pas, mais savoir Ally en sécurité me permettrait au moins d’accepter plus facilement de crever comme une merde à cause de deux putains d’humains. D’autant que je comptais pas me laisser faire si facilement. Ils allaient pouvoir faire ce qu’ils voulaient de nous… Après nous avoir capturé, et c’était pas chose gagnée car j’allais lui faire sauter la tête en un rien de temps au moment même où il s’éloignerait de mon Emeraude. Bien entendu, et comme je pouvais m’y attendre, quoiqu’espérant le contraire, le chasseur refusa en bloc cette proposition, me faisant de nouveau gronder.
- Vous venez de tuer deux enfants HUMAINS, grondais-je en tentant à nouveau de m’approcher. Qu’est ce que vous voulez de plus ?!
Je fus bien trop rapidement au courant de ce qu’ils voulaient de plus alors que mon cerveau, de nouveau, semblait ne plus répondre aux signaux d’alerte. Perforation du poumon ?! Putain ! Forçant de nouveau sur la barrière invisible qui me séparait de la mère de mes enfants, ma respiration s’emballa d’avantage lorsque j’observai, toujours aussi impuissant, la jeune femme sauter sur le Chasseur avant de reculer. A nouveau, comme avec les enfants, je sentis mon cœur s’arrêter de battre. Pire encore, j’eus l’impression que l’on m’arrachait cet organe sans anesthésie. Le souffle coupé, je n’arrivai pas à reprendre l’air qui m’était pourtant nécessaire et je m’effondrais, me rattrapant seulement d’une main au siège qui se trouvait près de moi. Le souffle rauque, difficile, je grondais, les yeux fixés au sol. Je n’arrivais pas à y croire, je ne pouvais pas accepter que ça se finisse comme ça. Pas elle. Relevant la tête au ricanement du second chien, j’observai les corps sans vie de ma compagne et de mes enfants. A cet instant précis, j’eus l’idée de me rendre. La douleur était telle que je n’arrivais à penser à rien qu’au moyen le plus rapide d’y mettre un terme. Pourtant… Doucement, difficilement, je me remis debout, observant attentivement, comme hypnotisé, les corps de ceux pour qui j’aurais tout donné. Crocs sortis, je me mis à ricaner.
- Je vais te buter…
D’une voix neutre, sortie des abîmes de l’enfer, je tournai mon regard vers le chasseur, visiblement trop heureux de ce qu’il venait de faire.
Let's bring it backLe refus ne m’étonna pas vraiment, il était presque prévisible, palpable même. Ils avaient décidé de nous retirer ce qui comptait le plus, l’un après l’autre. Peut être espéraient-ils qu’on se jette sur eux une fois leur tâche accomplie, pour prouver au monde que l’on méritait ce qu’ils venaient de commettre. Une punition anticipée, pour nos actions à venir. J’observais la chute d’Allyson sans trop comprendre avant que le sang se répandant autour d’elle et l’absence des pulsations de cœur ne m’indique qu’elle était morte. Un rapide coup d’œil jeté au vampire à mes côtés et je vis immédiatement la fureur l’envelopper. De mon côté, je sentais quelque chose grandir en moi, l’appréhension du début se transformait en quelque chose de plus intense et ça m’emmerdait déjà. Je me savais impuissant, incapable de faire un pas de plus dans la direction de la blonde et les provocations du chasseur ne faisait qu’augmenter ma crainte de le voir mettre ses menaces à exécution. Amélia allait finir comme la nana de l’ex militaire. Il ne s’arrêterait pas, quoi que je fasse, quoi que je dise et je le verrais ôter avec satisfaction celle qui devait devenir ma femme.
Je grognais fortement, mes yeux devaient sans doute lancer des éclairs à cet individu qui ne m’inspirait rien d’autre qu’une haine viscérale. Entendre le craquement des côtes de la blonde, son souffle saccadé et pire encore, ses cris, témoins de la douleur qu’elle éprouvait, était insupportable. Me savoir planté là, sans pouvoir agir autrement qu’en proférant des menaces qui s’envolaient aussitôt balancées à cette ordure, ne faisait qu’alimenter mes pensées les plus profondes. Et si je la perdais ? Qu’est ce que je ferais ? J’avais presque envie de détourner le regard pour ne pas observer ma fiancée se tordre de douleur, mais il m’était impossible de cesser de surveiller le moindre geste de ce porc.
Un instant, alors qu’il semblait intéressé par le prix de la bague que j’avais offerte à Amélia, je songeais à lui proposer de l’argent, autant qu’il en voudrait. Sa vie n’avait pas de prix à proprement parler mais j’aurais peut être pu tenter de l’amadouer avec les dollars derrière lesquels tout le monde courait. Mais j’abandonnais rapidement cette idée. S’ils ne voulaient pas de nos vies en échange des leurs, ils refuseraient également ces petits billets verts. Maigre compensation contre l’abandon de leur vengeance, sans doute.
-Je te déconseille de lui administrer la deuxième. Je te déconseille même de la toucher une fois de plus. Parce que je vivrais peut être privé d’elle, mais toi… toi tu vivras constamment dans la crainte de me voir débarquer et buter toute ta famille jusqu’au dernier de tes cousins les plus éloignés. Et c’est par toi que je terminerais, quand tu auras vu les tiens mourir les uns après les autres. Et crois moi, que je prendrais mon temps, que je briserais chacun de tes os jusqu’à ce que tu me supplies de t’achever. Et là encore, je te torturerais jusqu’à ce que ta petite cervelle de piaf décide de se déconnecter et de te laisser crever de douleur, ni plus ni moins.
J’enrageais, à tel point que je cognais violemment ce de mur invisible qui m’empêchait d’aider Blondie. Il fallait gagner du temps, pour la sortir de là, il y avait forcément une solution, une faiblesse dans toute cette merde, quelque chose que l’on avait raté, non ?
-Concentre toi sur ta régénération, ça va aller, je vais trouver un moyen de t’aider.
J’essayais de me persuader moi même que je trouverais quelque chose avant qu’il ne soit trop tard, mais plus je songeais à l’issue finale, moins je pouvais réfléchir correctement. Et sans solliciter la totalité de ma matière grise, je ne pourrais pas lui sauver les fesses.:copyright: 2981 12289 0
Laissez-vous tomber, vous mourrez. Pour survivre, vainquez votre propre peur.
Sortez de votre cauchemar... Si vous le pouvez.
Avec amusement et provocation, le chasseur cogna le flanc de la défunte vampire de son pied, avec suffisamment de force pour que son corps sans vie roule aux pieds de son petit ami. Mais comment était-ce possible.. alors qu'il ne pouvait l'approcher? A moins que.. désormais le noctambule puisse se mouvoir comme bon lui semble.
-Je t'en prie, viens donc essayer. J'ai hâte de te regarder échouer.
Cependant rien n'est jamais aussi simple. Impossible de toucher cet homme, de le blesser, même avec toute la volonté du monde. L'autre chasseur, cependant, est toujours parfaitement protégé par ce mur invisible. Pire. Son ricanement résonne à travers la pièce alors que le vampire le menace. Esquissant un sourire malsain, l'homme plante alors la seringue droit dans le cœur de la vampire, sans, pour autant vider son contenu.
-Programme très réjouissant. Mais vous avez déjà tué mon épouse. A moi de prendre la tienne.
D'un appui, il vide le contenu de la seringue dans l'organe de la blonde qui ne peut retenir un nouveau cri de douleur, un cri plus important encore que les précédentes alors que son cœur envoie le poison dans chaque parcelle de son corps. A bout de souffle, elle use de ce qui semble être ses dernières forces pour lever son regard redevenu émeraude vers le vampire, sous le regard amusé du chasseur.
-Je suis désolée Aedan... Je n'y arrive plus...
L'obligeant à se relever en attrapant ses cheveux, l'homme la projette contre le mur invisible, laissant son corps retomber lourdement au plus près de son fiancé et pourtant toujours bien trop loin pour lui permettre de l'atteindre. Moins d'un mètre le sépare de la blonde qui semble épuisée par la douleur.
-Tu devrais la regarder vivante une dernière fois.
Mes yeux tombèrent sur le corps inerte de mon Emeraude roulant à mes pieds. Doucement, légèrement tremblant, je m’agenouillai près d’elle, passant ses cheveux derrière son oreille, tentant de ne pas perdre la contenance qu’il me restait. Une contenance qui me maintenait encore là, qui gardait la rage qui m’avait pris au premier rang, avant même la douleur que je ressentais pourtant. Une douleur bien réelle alors que je sentais sa peau froide sous mes doigts, cette peau que j’aimais tant toucher. Ils me l’avaient pris. Les yeux plus rouges que l’enfer lui-même, je grondai sourdement. Ils me l’avaient pris. Ma seule et unique raison d’être sain. Celle pour qui j’aurais pu faire n’importe quoi, arrêter de boire et de fumer compris. Celle qui m’avait donné deux enfants que je n’aurais jamais pu espérer ou même vouloir sans ça. Des enfants que j’avais appris à supporter puis à aimer malgré tout et qui venaient, eux aussi, de m’être enlevé. Il ne fallut pas plus de temps pour que je me rue vers le coupable de ce massacre. Usant de ma vitesse et de ma force, je lui assénai coup sur coup sans même prendre le temps de respirer, guidé par ma seule haine envers lui et toute sa race. Le propulsant droit contre le comptoir, enfonçant ce dernier par la même occasion, je m’arrêtai enfin. Le souffle rauque de colère et de désespoir, je levai mon regard rougeoyant vers le corps que j’imaginai inerte du chasseur. Mort. Il était mort. Il était mort sans que j’ai pu le faire souffrir. Il était juste mort sans que je puisse lui arracher chaque articulation, chaque parcelle de peau. Enragé, je donnai alors un coup puissant dans le premier mur qui passa à ma portée. Retournant vers le chasseur, je me figeai alors.
- C’est quoi cette merde ?!
L’homme se relevait, indemne de tout ce que j’avais pu lui faire subir. La rage au ventre, le désespoir me prenait alors plus que n’importe quel autre sentiment alors que je me ruai de nouveau vers ce salopard. Pourtant, à mesure que mes coups atteignaient ma cible, à mesure que le temps avançait et que ma rage s’accentuait, je dû me rendre à une évidence impossible. L’homme ne ressentait aucune douleur. Malgré tous les coups, malgré toute ma puissance, le chasseur restait debout, indemne de tout.
- CREVE PUTAIN D’ORDURE !
Je gueulai, je gueulai la rage que j’avais en moi, le désespoir autant que la mort qui m’assaillait. Et cela dura de longues minutes, de très longues minutes alors qu’enfin je m’arrêtais. Observant, sans comprendre l’homme en face de moi. C’était impossible. Il ne pouvait être encore debout. Je l’avais tué. Je lui avais assez asséné de coups pour tuer une armée entière. Et il était encore debout.
- C’est pas vrai…
Je me retournai rapidement vers Aedan, l’air plus perdu que jamais. Cette merde putain ! Ils s’étaient bien amusés putain !
- Aedan ! Calme toi. Grondais-je alors sans quitter mon abruti de pote des yeux.
Le mur invisible, la porte qui ne s’ouvrait pas, l’homme invincible. Ca pouvait pas être autrement que ça… Un cauchemar.
Let's bring it backL’entendre rire me fit serrer la mâchoire à tel point que mes dents elles même tremblèrent de se voir briser sous ma colère. La seule chose qui pendant un instant seulement, me permis de ne pas bouillir de l’intérieur, fut de voir la distance se réduire entre la blonde et moi. Mais finalement, la sentir plus proche de moi encore et ne pas parvenir à l’attraper, la tirer vers moi, était encore plus frustrant. Un seul petit mètre entre nous, c’était tout ce qui nous séparait et m’empêchait de mettre un terme à cette merde. L’humain se vengeait le plus simplement du monde, en m’ôtant ce qu’on lui avait ôté. Et je nierais en disant que je me souvenais précisément d’avoir buter sa femme, j’en tuais 10 par semaine, je mémorisais pas leur tronche pour autant. J’espérais seulement l’avoir fait suffisamment souffrir lorsque je m’étais occupée d’elle. Et comment est-ce qu’il m’avait retrouvé, au juste ? C’était seulement maintenant que j’y pensais, mais ça me permettait de ne pas laisser l’impuissance, la haine et la crainte me consumer entièrement. Je laissais rarement un petit mot « J’ai tué ta femme, elle avait bon goût, signé Aedan Hale » sur mes victimes. Disons que niveau discrétion et anonymat c’était quand même pas le top.
Le cri d’Amélia résonnait encore dans mon crâne, alors que le sang cognait contre mes tempes. J’avais la sensation de devenir fou, je savais que ma colère exploserait dès lors que je pourrais attraper ce connard, mais ce qui m’inquiétait c’était surtout l’après. Une fois que je serais seul, face au corps de ma compagne. Elle ne pouvait pas simplement partir comme ça, si vite, tuée par une saloperie de mortel. J’étais pas le genre à penser que ma vie serait terminée, que je ne serais plus rien sans elle ni toutes ces conneries de veuf éploré. Mais je savais que sa perte me foutrait un sacré coup. Et je minimisais autant que possible. Si j’étais bien décidé à me marier, c’était pas pour qu’une enflure se permette de venir m’enlever ma future femme. Et j’arrivais à court de menaces, rien de ce que je pouvais dire ne semblait avoir d’impact et rien ne le ferait changer d’avis.
Je ne faisais même plus vraiment attention à ce qu’il se passait autour de moi, d’autant que j’avais pris l’habitude depuis le début de cette soirée de voir mon ami s’agiter de tous les côtés. Une petite seconde je l’observais, en train de régler son compte à celui qui avait assassiner sa nana et ses gosses et je fulminais intérieurement face à sa capacité à se mouvoir comme bon lui semblait. Pourquoi pouvait-il atteindre sa cible ? Est-ce qu’il n’y avait rien d’autre à faire que d’attendre que la vampire ne soit tuée à son tour ? Je baissais les yeux vers cette dernière, sourcils légèrement froncés. Elle ne pouvait et ne devait pas mourir. Je n’en avais pas envie. Et c’était loin d’être un caprice, comme un môme qui s’obstinerait à garder une peluche en très mauvais état. Non, je ne pouvais simplement pas supporter la vision que ce spectacle m’offrait. J’avais vu des proches mourir, là n’était pas la question, la mort elle même ne m’affectait pas.. mais la sienne.. ça m’était impossible à concevoir.
-Aller Blondie, encore un peu.
Je me tournais alors vers Stephen en grondant. Me calmer ? Dans cette situation ? Est-ce qu’il se foutait de ma gueule ? J’espérais qu’il comptait pas me proposer un verre au comptoir, dans la foulée, parce qu’il prendrait mon pied au cul en guise de réponse.
-T’as raison mec, je devrais profiter de l’odeur de mort qui règne dans mon bar en sifflotant l’air de Wind of Change.:copyright: 2981 12289 0
Laissez-vous tomber, vous mourrez. Pour survivre, vainquez votre propre peur.
Sortez de votre cauchemar... Si vous le pouvez.
Alors que Stephen cesse de parler, il peut alors voir les occupants du bar disparaître les uns après les autres, ne laissant qu'Aedan, toujours en proie à ses visions.
Le chasseur, d'ailleurs, s'approche de nouveau de sa victime pour s'accroupir près d'elle. Sur le dos, elle l'observe, incapable de bouger. Alors qu'il brandit un couteau de chasse au dessus de son corps meurtri, il jette un regard au vampire, à quelques pas de lui. Le sourire aux lèvres, sans un mot, il abat ainsi le couteau dans la poitrine de la jeune femme, y créant un passage dans lequel il engouffre la main, arrachant le coeur même de la créature nocturne. Elle n'a pas eu le temps de crier, mais son visage reflète l'horreur du geste alors que son corps se raidit déjà. L'homme se relève alors, faisant face au vampire. Un ricanement s'élève une fois encore dans le bar alors qu'il jette l'organe encore chaud juste aux pieds de sa nouvelle cible.
-Et maintenant ? Tu vas faire quoi ?
Le mur qui l'empêchait de l'atteindre se retire à son tour. Il peut se mouvoir comme il le souhaite.
La vérité m’avait cogné comme un putain de loup en colère. Le souffle court, j’observai le corps de mon Emeraude disparaître, comme ces salopards, mes enfants ou la blonde. Tout ça… C’était faux. PUTAIN ! Qui pouvait avoir une idée aussi merdique que ça ?! Putain de bordel de sa mère la chiotte de mes couilles ! QUI avait eu cette PUTAIN d’idée ?! C’lui là j’allais le trouver et lui faire regretter sa naissance, et même la naissance de sa mère et de sa grand-mère bordel. Retournant mon attention vers celui qu’était censé être mon meilleur pote, j’pouvais pas faire autrement que me mettre à sa place. J’avais bien vu c’qu’ils lui faisaient croire et c’était pas beau à voir. Le problème, c’est que cette fois, j’voyais plus rien. Les visions avaient disparues et j’étais incapable de commenter la scène pour chercher des incohérences parce qu’il y en avait forcément dans ces conneries putain. Grondant à sa réponse, j’approchai d’un pas sans pour autant lui foncer dessus, au risque de me faire envoyer valser dans un mur ou j’savais pas quoi d’autre. La respiration toujours saccadée, encore pris par les émotions de mes propres visions, je tentai d’oublier l’image du corps sans vie d’Allyson. C’était peut être là la chose la plus difficile, d’autant que je savais toujours pas où elle était. Grondant furieusement, je secouai la tête, me répétant intérieurement que tout cela était irréel. Je n’avais fait qu’un putain de cauchemar, un cauchemar et seulement un cauchemar, un truc qui ne se passerait jamais parce que dans la putain de réalité j’aurais été capable d’intervenir et de la sauver. De les sauver tous les trois.
- Ae putain regarde-moi !
J’savais pas comment le sortir de là, mais y avait un truc que j’savais c’est que s’ils la tuaient, valait mieux pas qu’il voit ça directement. J’avais bon cœur en fait, à vouloir lui éviter plus ou moins c’que moi j’avais ressenti en voyant le corps d’Allyson tomber. Et vu sa gueule, j’crois que j’compris bien rapidement qu’ils avaient fini par l’envoyer dans les abîmes elle aussi. Grondant furieusement, je savais pertinemment ce qui allait se passer. C’était pas difficile. Le mur se levait, il sautait et il s’épuiserait à frapper un truc invincible. Pour autant… ça m’avait fait un certain bien de pouvoir me défouler. J’pouvais bien lui laisser ça quelques minutes seulement.
J’observai alors la scène quelques longues minutes avant de décider d’intervenir. Ou du moins d’essayer parce qu’arrêter un vampire enragé et plus âgé c’était limite mission impossible. Pour autant, j’pouvais pas le laisser s’évertuer à taper dans le vide, parce que clairement pour moi, il tapait dans le vide. Ca aurait d’ailleurs pu être super drôle à filmer si j’imaginai pas ce qu’il pouvait ressentir et que j’savais pas le pourquoi il faisait ça. Sifflant d’agacement contre moi-même et c’que j’allais faire, j’me ruai néanmoins vers lui afin de me positionner juste devant sa gueule. P’tet que pour lui, il allait avoir l’impression que j’protègeais sa putain de vision, mais la seule chose que j’voulais c’était qu’il arrête de danser tout seul comme un abruti.
- Arrête ! Vociférai-je. C’est pas réel putain ! Elle est pas morte !
C’était abruti de demander ça, c’était complètement abruti. D’autant que j’voyais pas trop comment il allait pouvoir me croire mais honnêtement j’voyais pas ce que j’pouvais faire d’autre.
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