Le jour était arrivé. Voilà des semaines, des mois même que Dimitri et moi planifions cela dans les moindre détails. Rien ne pouvait être laissé au hasard, pas même la minute d’arrivée de mes visiteurs. Pourquoi ? La raison en était particulièrement simple : c’était le seul jour où j’avais réussi à connaître le planning d’Amelia. Sûrement, d’ailleurs, avait-elle trouvé cela étrange, que je m’intéresse à sa vie. J’avais dû m’obliger à jouer aux gentilles fifilles auprès d’elle pour cela, et sa connerie finie m’avait d’ailleurs bien servi. Elle m’avait ainsi fait confiance pour m’informer qu’elle resterait au manoir ce soir. Une chance. Aedan, lui, m’avait assuré qu’il n’y serait pas, retenu par sa société ou quelque chose du genre, cela ne m’intéressait pas vraiment. Quant à mes autres frères et sœurs… Je m’étais personnellement assurée qu’ils soient chacun bien loin du manoir. Mieux valait que je ne me fasse pas surprendre. Je savais pertinemment que la sanction risquait d’être lourde en m’en prenant à la fiancée du chef. Qu’elle se joue de lui, ou non, il n’accepterait pas la vérité facilement. Pour autant, j’estimai qu’il était de mon devoir de protéger la famille si Aedan n’était plus en capacité de le faire. Dimitri, au moins, était d’accord avec moi et m’avait même convaincu qu’il était urgent d’intervenir, avant même que le mariage n’ait lieu. Pour être tout à fait honnête, je m’estimai chanceuse d’avoir pu rencontrer cet homme. Il m’avait fallu bien du temps pour l’accepter et lui faire confiance mais il semblait ne vouloir que le bien des Assoiffés, et le mien, par la même occasion. Mon charme semblait avoir fait son effet. Un bien car il ne m’était pas indifférent. Il ne pourrait, d’ailleurs et à mon sens, laissé personne indifférent. Sa stature, ses paroles, tout semblait attirer à lui. Enfin. Je menai toujours la barque, j’en étais certaine. Il me mangeait dans la main et, si je n’en étais certainement pas « amoureuse », quoique je dusse avouer qu’il me plaise particulièrement, il n’était pas moins agréable de passer du temps en sa compagnie.
23h30. Nous avions convenu de ne pas attaquer dès le début de la nuit, afin de nous assurer qu’elle serait seule au manoir. L’attente m’avait ainsi semblé interminable.
- Amy ? Soufflai-je de la manière la plus courtoise qu’il lui ait été possible d’entendre de ma part. Tu t’ennuies pas trop ?
La question pouvait sembler banale, ou, à la limite, étrange venant de moi. Pour autant, je tentai de m’assurer, par-là, qu’elle ne quitterait pas la bibliothèque dans les minutes qui allaient suivre. Des minutes qui semblèrent soudain s’accélérer. L’interphone retentit, alors que je me dépêchai. Etant seules au manoir, l’une de nous allait devoir ouvrir et mieux valait que cela soit moi…
- Attendez-moi là. Soufflai-je en faisant entrer les cinq hommes armés dans le manoir.
De nouveau, je me rendis dans la bibliothèque. Elle ne devait pas voir les choses, au risque de riposter. Or, je la savais pertinemment plus âgée et plus forte que moi malgré mon expérience. Mieux valait, donc, ne pas prendre de risques inutiles.
- Hum. Dis-moi. Vu que tu connais chacun des bouquin par cœur. Je cherche l’Encyclopédie des plantes médicinales, tu saurais pas où il est ?
Debout devant la porte, j’esquissai un sourire mauvais alors qu’elle se retournait vers le mur. C’était le moment. Utilisant la vitesse vampirique qu’il m’avait été donné d’avoir, je me ruai vers elle, lui plantant une seringue dans la nuque. Un tranquillisant. Cela serait suffisant pour la rendre molle mais sûrement pas assez pour l’assommer. Enfin. C’était pour cela que nous l’avions pris. Les hommes se chargerait du reste.
- A vous ! Sifflai-je alors que les hommes débarquaient dans la pièce.
Peut être aurais-je dû attendre quelques instants supplémentaires car je vis rapidement l’un d’entre eux voler à travers la pièce, atterrissant violemment sur le piano, le brisant même légèrement au passage alors qu’un second semblait avoir quelques difficultés. Soufflant, je me dirigeai rapidement vers elle pour lui asséner un violent coup dans l’estomac.
- Allez-y. Grondai-je en observant la cagole.
Me positionnant face à elle, alors soutenue par deux des hommes, je l’obligeai à lever la tête vers moi.
- Cette fois c’est fini Amelia ou Elizabeth c’est ça ? T’as trompé un homme, mais tu tromperas pas Aedan comme ça. Ton petit règne trouve enfin sa fin.
Et ainsi l’observai-je partir. Dimitri devait l’attendre avec impatience et il allait sans dire que je le rejoindrais au plu vite. Avant cela… Il me fallait masquer mon propre méfait afin d’éviter les représailles. La bibliothèque, d’abord, fut ma première cible alors que je la détruisais dans le sens propre du terme afin d’y laisser la trace d’une soi-disant bataille. Il en alla de même avec l’entrée, et aussi et surtout les caméras de surveillance et leurs cassettes. Aucune trace ne devait être laissées et je m’assurai ainsi que personne ne pourrait savoir que j’étais l’investigatrice de cela. Lorsque ce fut chose faite, je soufflai alors, m’installant sur le canapé du salon pour attraper mon portable. Plus qu’à prévenir Aedan. Composant le numéro, je m’éclaircis la voix. Je n’étais pas du genre à paniquer, et certainement pas pour cette cagole, mieux valait, donc ne pas la jouer jeune fille affolée.
- Ae ? Grondai-je comme si je m’étais battue. On a un problème. Les chasseurs sont arrivés en nombre. On a tout fait pour les repousser mais… Je grondai à nouveau. Ils ont eu Amy. Je sais pas où ils l’emmènent. J’suis désolée…
Je raccrochai alors, comme si le portable m’était tombé des mains. Ca ne suffisait néanmoins pas. Pas encore. Pas tout à fait. Bien sûr. Il fallait autre chose. Soufflant, j’observai la seconde seringue de tranquillisant. Putain… Tout ça pour faire croire. Au moins j’aurais pas mal. Rapidement, je me dirigeai ainsi dans la bibliothèque, la scène du carnage, avant de me planter l’aiguille dans l’épaule. Plus qu’à faire un petit somme. Et je vidai la seringue, la jetant dans le bazar que j’avais moi-même crée. Aedan n’allait sûrement pas tarder. Ça aurait l’air au moins réel.
J’arquai un sourcil à la question d’Erika. Voilà plusieurs jours qu’il me semblait que son comportement changeait. D’infecte, elle était passée à agréable et curieuse de mon emploi du temps. D’après ses dires, elle se rendait désormais compte « du temps passé à s’occuper de la famille ». Après tout ce temps, je devais avouer que cela me semblait particulièrement étrange venant de sa part. Pour autant, je ne pouvais décemment me montrer réticente à ce pas vers moi. Au contraire, il me fallait y répondre positivement, espérant sincèrement que cela nous permette, un jour, d’enterrer la hache de guerre, ou tout du moins de ne plus la brandir – car il allait sans dire que son visage ne cesserait de m’insupporter. Ainsi, il m’avait semblé logique de lui faire part de mon seul jour de repos de la semaine. Cette nuit. La dernière ayant été quelque peu bousculée par le retour de mon père, je devais avouer que j’attendais avec une très grande impatience mon repos actuel. Je m’étais décidée de passer une partie de la soirée dans mes romans, comme j’en avais l’habitude, avant de profiter d’un long bain en attendant Aedan. Peut-être, d’ailleurs, ce dernier rentrerait-il avant même que j’en sorte afin de rendre la fin de soirée plus agréable encore. A cette idée, j’esquissai un léger sourire avant de secouer la tête, me concentrant à nouveau sur l’Assoiffée.
- Je te remercie. Soufflai-je. Ce roman m’occupera pendant quelques heures, ne t’en fais pas.
Sa courtoisie était somme toute parfaitement anormale, il ne fallait pas être un génie pour s’en rendre compte. Peut-être, après tout, s’était-elle pris un coup sur la tête à la dernière mission… Un mal pour un bien, il allait sans dire. Je fus d’ailleurs d’autant surprise de son ardeur à répondre d’elle-même aux visiteurs du soir. Enfin. Pourquoi pas.
- Qui était-ce ? M’enquis-je alors que je la sentais revenir, sans même lever le regard de mon roman.
Bien. Elle semblait au moins ne pas avoir perdu son habitude d’éluder mes questions. Soufflant, j’hochai néanmoins la tête. Je n’avais aucunement l’envie de me battre ce soir, préférant rendre les armes le temps de la nuit et de mon repos. De fait, c’est naturellement que je me relevai pour chercher l’Encyclopédie que je savais rangée derrière moi, pour sûr : je l’avais moi-même rangée à cet emplacement afin de l’avoir sous la main en cas de besoin. J’aurais bien sûr dû sérieusement me douter de ce qui allait se passer. J’aurais dû savoir que ce comportement n’était pas normal. J’aurais dû imaginer le pire comme je pouvais bien trop souvent le faire. Mais elle était sa protégée et il avait confiance en elle. De fait, je m’étais pliée à son avis : il fallait lui faire confiance. Confiance qui s’envola au moment où je sentis l’aiguille s’insérer dans ma nuque. Qu’était-ce ? Pourquoi ? Me retournant violemment, je retirai moi-même la seringue alors vidée, tandis que déjà ma tête me semblait plus légère.
La fusillant du regard, je n’eus pas le temps de répliquer verbalement, trop en prise aux hommes qui venaient d’apparaître dans le manoir. La garce. Elle m’avait piégée. Grondant tant de colère que de faiblesse alors que j’envoyai le premier homme droit sur mon piano. « Imbécile » fut le terme bien trop léger qui me vint alors à la tête lorsque je vis ce dernier arracher le couvercle de l’instrument. Terme bien vite remplacé par d’autres alors que je tentais de briser la nuque du nouvel assaillant. Tentative vaine : mes forces m’abandonnaient doucement, je ne pouvais que le sentir sans pouvoir lutter contre. Un tranquillisant. Voilà ce qu’elle m’avait injecté. Rapidement, je sentis ainsi mes jambes se dérober sous mon poids, rapidement rattrapée par deux des hommes alors que les mots de la garce d’Erika se heurtait à mes oreilles.
- Va…te faire foutre… Sifflai-je faiblement.
Sans ménagement, l’on m’emporta hors du manoir, laissant tomber mon portable au sol alors que je traversai la cour pour être balancée – car il n’y avait pas d’autres termes – dans une voiture. Incapable de me débattre, je tentai, sur le trajet, plusieurs fois de quitter l’habitacle, me relevant et appuyant sur la portière de toutes les forces qu’il me restait. En vain. Evidemment. Je ne parvenai qu’à faire particulièrement rire mes ravisseurs.
- Où est-ce que nous… - Ta gueule !
La gifle que je reçu me sonna. Sales… Je serrai les dents. Je ne pouvais répondre, j’étais incapable du moindre geste et ils le savaient… Avais-je peur ? Non. J’étais en colère. Très en colère. Trop en colère pour ressentir quoique ce soir d’autre.
Rapidement, l’on m’obligea à monter des escaliers. Je ne savais pas où j’étais. Nous n’avions pas beaucoup roulé, ainsi imaginai-je facilement que nous n’avions pas encore quitté la ville. Nous étions dans une immense maison. Et l’on me menait à une chambre. En témoigna le lit sur lequel je fus jetée dans un ricanement commun des humains. Lit qui signa ma reddition, alors que je m’endormais, épuisée par une lutte inutile.
Lorsque je me réveillai, j’étais toujours sur ce même lit. Ce n’était donc pas un cauchemar… Soufflant, je me redressai difficilement, la tête encore lourde. Cette garce allait me le payer… Observant la porte, il allait sans dire que je ne pouvais décemment pas sortir par là. Il ne fallait pas être le plus intelligent des hommes pour imaginer que la route serait semée d’embuche avant l’entrée et je n’étais certainement pas en état de me battre… De fait, ne me restait plus qu’une seule option : la fenêtre. D’un geste irréfléchi, j’ouvris ainsi les rideaux. Mal m’en prit… Je sifflai immédiatement de douleur alors que le soleil venait brûler ma peau claire, m’obligeant à me ruer dans un coin sombre de la pièce, sans même prendre la peine de refermer les rideaux. Yeux fermés, tentant de me concentrer sur toute autre chose que la douleur que je venais de ressentir, je grondai lorsque la porte d’entrée se claqua. Le bruit des talons sur le parquet m’indiquait qu’une personne était entrée.
- Que voulez-vous ? Grondai-je férocement alors que la douleur, enfin, s’estompait.
Doucement, je me remis debout alors que les rideaux se voyaient être de nouveau fermé. Au moins mon « hôte » était-il soucieux de ne pas me tuer. Du moins pouvais-je l’espérer. Secouant la tête, j’ouvris de nouveau les yeux.
- Qui êtes-v…
Je me stoppai immédiatement, le regard comme figé. Non. Mon regard trahis immédiatement mes pensées. « Non. Pas lui. » Un éclair d’effroi traversa mon regard alors que je reculai d’un pas.
- Dimitri… Je serrai les poings, tentant de reprendre toute ma contenance. Pourquoi ?
Droit, devant la fenêtre, je soupirai. Main derrière le dos, j’attendais patiemment. Nous avions convenu que tout devait se dérouler ce soir mais je n’avais malheureusement aucune vue sur ce qu’il pouvait se passer au manoir des Assoiffés. Malgré tout, je n’étais ni stressé ni anxieux. Seulement… Impatient. Impatient de retrouver ma jeune fiancée. Impatient de retrouver ma nouvelle petite chose. Nous allions pouvoir passer un moment particulièrement agréable ensemble. Du moins pour deux d’entre nous.
Chaque homme avait été payé de ma poche, j’espérai ainsi qu’ils soient efficaces, tout comme devait l’être Erika. Nous n’avions pas le droit à l’erreur. Si nous rations cette opportunité, la méfiance de cette famille risquerait d’augmenter de manière bien trop considérable pour me permettre une nouvelle tentative avant cent ans au moins ; or, je devais avouer que je n’avais plus vraiment la patience qui m’avait permis d’attendre tant d’années.
- Monsieur ?
Je me retournai, le sourcil arqué.
- La chambre est prête. Les barreaux sont fixés solidement, il lui sera impossible de les briser. Nous avons par ailleurs pris la décision de changer la porte afin de la consolider de pièces de métal, la rendant insensible aux coups des créatures nocturnes. - Bien. - Voudriez-vous la voir ?
Je secouai négativement la tête. Il ne me servait à rien d’observer une chambre vide. Non. Je m’étais, de toutes les manières, assurés que mes consignes seraient bien suivies. Et elles l’avaient été, sans nuls doutes. Mon premier majordome retiré, je soupirai alors, venant m’asseoir dans le canapé. 00h00. Elle ne devrait désormais plus tarder. Mon verre de bourbon à la main, je poussai un nouveau long soupir. A bien y penser… Je ressentais une légère pointe d’appréhension à la retrouver si près de moi. Voilà maintenant près de cent trente ans que nous n’avions pas habité sous le même toit et je me doutais pertinemment que la cohabitation allait être difficile à recommencer. Après tout, nos aspirations et nos caractères étaient forcément différents de ce que nous avions connu l’un et l’autre à l’époque et nous allions donc devoir réapprendre à vivre ensemble. Un temps au moins.
Décision avait été prise de faire venir Elizabeth jusqu’au manoir afin de pouvoir être au plus près d’elle. Pourquoi ? Il me fallait la convaincre. La convaincre de son erreur de me quitter, la convaincre de son erreur de l’épouser et la convaincre de faire marche arrière. Enfin… La convaincre était un bien grand mot car je me doutais qu’elle n’allait pas être facile à mater. De fait, j’avais préparé un planning parfaitement arrangé pour elle. Un planning qu’elle allait très sûrement adorer.
- Monsieur ? Votre invitée a été installée dans sa chambre. Une seconde dose de calmant lui a été injectée afin de la maintenir tranquille.
Esquissant un léger sourire, je me relevai pour congédier le Majordome, lui ordonnant de payer mes livreurs. Elle était là. Enfin. Rapidement, plus enthousiaste que jamais, je gravis les marches quatre à quatre afin de me précipiter à son chevet, m’arrêtant seulement au pied du lit. Elle n’avait pas changé. Bien sûr cette couleur ne lui seyait pas comme sa couleur naturelle mais… Doucement, je m’assis près d’elle, passant ma main dans ses cheveux. Elle n’avait pas changé. Un doux baiser volé à ses lèvres, je quittai alors la pièce. Quelques heures de patience encore et elle s’éveillerait enfin.
Les heures s’envolèrent et le soleil réapparut. Un soleil qui me semblait alors parfaitement accueillant ce jour, malgré ma condition de créature nocturne. Je n’avais pu trouver le sommeil, bien trop désireux de la voir enfin seul à seule. Le seul bruit des rideaux tirés me poussa d’ailleurs à rendre visite à mon invitée. Elle était réveillée et devait avoir eu une petite surprise. Nous avions, en effet, enlevé les vitres anti UV de cette pièce avant d’y ajouter les barreaux. Cela pour éviter qu’elle ne s’expose facilement à la fenêtre, celle-ci donnant malheureusement sur la rue. Sa première question retentissant dans la pièce me fit esquisser un sourire. Sa voix était peut-être plus affirmée qu’avant mais ce timbre sonnait toujours bien agréablement à mes oreilles. Rapidement, je refermai les rideaux, évitant soigneusement le soleil qui baignait désormais la pièce. Mieux valait, tout de même, ne pas la tuer trop vite. Pas avant mon programme, évidemment. Me retournant vers elle, j’eus alors le plaisir de retrouver sa vivacité d’esprit. Elle m’avait vu et m’avait immédiatement reconnu. Au moins était-elle toujours marquée de ma présence à ses côtés ; en témoignait son mouvement de recul. Elle me craignait. Parfait. Sur le bureau qui avait été installé pour elle, je déposai un document avant de faire un pas en sa direction.
- Bonjour Elizabeth. Dis-je calmement. Comment te sens-tu ? Secouant la tête, je lui pris doucement la main pour la mener fermement vers le bureau afin de l’y asseoir. Je m’excuse de ce petit rapt si cavalier de ma part, mais au vu de ton comportement… Je n’avais pas le choix. Rapidement, je déposai un stylo devant elle. Si je me souviens bien, nous n’avions pas terminé de signer les papiers la dernière fois. C’est le moment…
Esquissant un nouveau sourire, je caressai alors doucement ses cheveux. Il s’agissait là des papiers de mariage, celui là même que je lui refusai un siècle auparavant. Des papiers que j’avais moi-même signé avant de les lui présenter. Des papiers qu’elle refuserait très certainement de signer… Pour l’instant. De fait m’éloignai-je de l’endroit, ne m’arrêtant que dans l’encadrement de la porte de la chambre.
- Ne t’inquiète pas. Soufflai-je alors. Tu auras le temps de réfléchir à tes erreurs…
Et je fermai la porte, la laissant seule.
Je ne revins que le lendemain. Le papier avait été déchiré. Elizabeth était alors assise sur le lit. Dieu qu’elle était belle ma petite impudente. La saluant comme la veille, je déposai un nouveau papier. Le même, à la virgule près.
- Ne viens-tu pas me saluer ?
Evidemment, la réponse fut négative et je quittai à nouveau les lieux.
Les jours se succédèrent ainsi. Sans que la vampire ne puisse avoir accès à un autre contact que moi-même ou… à du sang. Oui… Car quoi de mieux que le manque de sang pour convaincre une vampire d’obtempérer. Malheureusement, et malgré la semaine écoulée et l’affaiblissement général d’Elizabeth ainsi que la douleur de la soif qui devait très certainement augmenter de jour en jour, cette dernière restait particulièrement têtue, déchirant chaque contrat de mariage que je déposai dans sa chambre. Ainsi avais-je décidé d’agir. Il était aux alentours de treize heures lorsque je fis venir l’un des esclaves de mon garde-manger personnel à sa porte, à la grande surprise de chacun, alors même que j’avais intimé l’ordre à chaque résident de ce manoir de ne nourrir la vampire sous aucun prétexte. Brusquement, l’homme fut mis à genoux, sous de nombreuses plaintes et supplication de sa part. Il savait. Esquissant un sourire, un doigt sur mes lèvres pour lui ordonner le silence, je secouai la tête. J’avais besoin de lui… Ou tout du moins de son sang qui coula alors à terre et sous la porte de ma jeune prisonnière alors que je venais moi-même de lui trancher la gorge. Laissant tomber le corps encore chaud du prisonnier, j’entrepris d’entrer dans la chambre, refermant la porte prestement afin de ne laisser aucune possibilité à la blonde de s’enfuir. Et pour la première fois depuis une semaine, je pris la parole de manière plus sévère.
- Tu n’auras pas le choix, Elizabeth. Grondai-je alors. Lèche ce parquet si tu le souhaites. Ce sera là la seule chose que tu auras si tu ne signes pas ce papier. Esquissant un sourire mauvais, j’attrapai alors son poignet pour l’asseoir de force sur le lit. Mais allons. Laisse moi me montrer bon avec toi et malgré ton comportement. Rapidement, j’attrapai son menton entre trois doigts pour l’obliger à me regarder. Jure-moi ta loyauté et je t’offrirais le sang que tu désires tant… Oh. Non… Soyons fou. Si tu ne veux pas cela immédiatement… Je ricanai légèrement. Va t’exposer au soleil.
Voilà une chose que je n’avais jamais usé sur elle, une chose qui allait peut-être pouvoir la convaincre de faire ce que je désirai, de son plein gré : l’hypnose était peut-être la solution après tout…
Sans un mot, je l’observai attentivement. Quel était ce papier ? Pourquoi ne disait-il rien ? Pourquoi m’avait-il fait emmener ici ? Comment avait-il réussi à détourner Erika de sa famille ? Les dents et les poings serrés je ne fis pas un geste, dans l’attente de réponses de sa part. « Je viendrais un jour te chercher ». Je me souvenais encore de ces derniers mots alors que je quittai notre dernière demeure, cent trente ans auparavant. Ce jour était-il venu ? Avait-il osé… Bien sûr. Bien sûr je l’avais imaginé. A la minute même où j’avais pris connaissance de son appartenance à notre famille je savais que quelque chose n’irait pas. Je savais qu’il faudrait que je me méfie et pourtant je ne m’étais pas méfiée. Pas de ma propre famille. Bien sûr, Erika m’avait déjà poignardée, au sens propre du terme. Bien sûr me détestait-elle ouvertement. Pour autant, je n’aurais jamais pu imaginer qu’elle trahisse Aedan de la sorte. Mais elle l’avait fait et je me retrouvai désormais ici, sans avoir la possibilité de m’enfuir. Et enfin, il desserra mes lèvres, closant les miennes davantage. Il… s’excusait ? Grondant furieusement, je me laissai néanmoins faire lorsque je sentis sa main se refermer sur la mienne. Si je n’étais certainement pas ravie de ce geste je n’étais pour autant pas idiote. Le moindre refus, le moindre geste de recul risquait de me coûter bien plus cher que ma liberté présente. Perplexe, j’observai la liasse de papiers devant moi. « Dossier de mariage ». Sourcils froncés je me retournai vers lui, dégageant sa main violemment avant de me relever.
- A quoi joues-tu ?! Fulminai-je alors qu’il s’éloignait
Mes erreurs… Espèce de… Attrapant le stylo, je le balançai fortement sur la porte qui venait de se fermer sur lui. Le sale petit rat ! Alors c’était donc ça. « Tu es à moi ». Il me l’avait dit. Il avait été clair… Le regard fixé sur la porte, je me retournai doucement vers la liasse de papier, les dents plus que serrées. Jamais.
- Jamais ! Repris-je en attrapant les papiers. VA AU DIABLE ! D’un geste enragé, je déchirai chaque feuille sans en laisser une seule avant de les lancer contre la porte d’entrée, les faisant voler autour de moi.
Le souffle court, le miroir qui se tenait en face de moi connu alors le même sort, terminant, complètement explosé, à mes pieds, tout comme l’armoire à ses côtés dont le bois me donna bien plus de fil à retordre. A cet instant, la rage avait pris le pas sur ma capacité de raisonnement et mon calme. Il m’avait enfermé. Ce RAT m’avait enfermé et je me retrouvais ainsi comme un animal sans défense à tourner simplement dans sa cage. Il me fallut bien deux heures pour cesser de faire les cent pas, alors qu’enfin je m’asseyais sur le lit qui trônait au centre de la chambre.
Lorsque le rat revint, je n’avais quitté ma place et n’avais fermé l’œil. Comment, de toutes les manières, dormir dans ces conditions ? A sa question, je sifflai d’agacement. Le saluer ? Plutôt lui arracher la gorge de mes crocs. Et comme le jour précédent, les documents qui me furent présentés volèrent en morceaux dans la chambre.
Chaque jour succéda au précédent sans que cela ne change rien. Je refusai de signer, il quittait la pièce dans le calme. Pourtant, je sentis bien rapidement son but. Il connaissait les besoins des vampires. Il m’avait créé, m’avait habitué à la vie de créature nocturne, m’avait nourri du sang des humains… Il savait que j’avais besoin de sang et pourtant… Pourtant je n’en avais pas vu une goutte depuis mon arrivée ici. L’âge faisant, je devais admettre que j’avais effectivement bien plus de réserve que ce qu’il avait pu connaître mais… Cela faisait quatre jours, peut être cinq que j’étais ainsi enfermée et le temps commençait à me paraître particulièrement long. Pire, insidieusement, j’avais senti que la soif me prenait. Doucement, ma gorge s’était mise à me déranger avant de me brûler plus sérieusement à mesure que les heures passaient. J’avais soif. C’était indéniable. Une soif que je n’avais jamais vraiment ressentie de ma vie, ayant toujours pris ce que bon me semblait. Soudain, sourcils froncés, je me tournai doucement vers la porte. Cette odeur. Qu’est-ce que… D’un geste lent, je me rapprochai de la source odorante. Dieu que j’en avais envie. Et cette couleur… Le sang venait de traverser le palier, le voyais à quelques mètres seulement de moi. Le regard fixé sur la flaque qui doucement se formait, je me mordis violemment la lèvre. Non… Je ne pouvais décemment pas m’abaisser à ça… Pas comme ça. Mais j’en avais tellement envie… Je dus admettre que l’interruption de Dimitri tomba à pic. Ou presque car le moindre de ses mots me fit gronder de colère. Lécher le parquet… Il en était hors de question. Jamais je ne mettrais ma fierté de côté pour cela. Plutôt mourir. Et pourtant. Pourtant j’y avais pensé. Sérieusement et la vue de ce sang m’y faisait à nouveau penser. Détournant de force mon regard pour le reporter vers le rat, je n’eus pas la force de me dégager de sa prise alors que je sentais le lit sous moi, un hoquet de surprise et de légère peur s’échappant d’entre mes lèvres. Peur bien vite reprise alors que je sentais ses doigts sous mon visage. Grondant furieusement je plongeais mes yeux rouges de soif dans les siens.
- Tu peux aller crever, Dimitri. Je préfère mourir de soif que de te jurer quoique ce soit. Tu n’es qu’un rat, une crevure et je te jure que tu vas payer ce que tu es en train de faire. Et le jour où cela arrivera je t’observerais crever dans notre cave avec le plus beau sourire que tu n’es jamais vu.
Mon regard changea soudain. Je savais qu’il ne fallait pas. Je savais que cela allait me faire souffrir, je savais que cela risquait de me tuer et pourtant… Pourtant je me sentais obligée de le faire. Droite, comme décidé, mon corps avança de lui-même vers la fenêtre.
- Dimitri… M’obligeai-je à souffler difficilement alors que je m’arrêtai juste devant la fenêtre, la main sur le rideau.
Et d’un geste, sans que je ne puisse arrêter ce dernier, ma dernière protection contre les UV fut réduite à néant. Instantanément, je sentis les rayons me brûler. Fortement, douloureusement. Serrant les dents, il ne fallut que trop peu de temps pour que je laisse échapper un gémissement, une plainte bien trop sonore témoin de ma douleur intense, un cri qui n’en finissait plus, alors que je n’arrivais pas à me mettre à l’abri, fixée là, en plein soleil, alors que je sentais ma peau brûler de toute part.
Bien entendu, je me doutais qu’elle ne serait pas tout à fait ravie de signer les documents que je lui présentais. De fait, voir les papiers déchirés ne provoqua, chez moi, qu’un sourire narquois. Sourire élargis par la vue des meubles visiblement écorchés de la colère de ma fiancée. Tant pis pour elle, je n’avais ni le temps ni l’envie de remplacer ou même de bouger ces planches de bois et de verre cassés. D’autant que la politesse ne semblait pas l’étrangler. Peut-être, avec un peu plus de bonté et de douceur aurais-je décidé d’agir autrement. Peut-être. Quoique…
Et chaque jour recommença. Chaque jour où je sentais son regard s’assombrir. Enfin. Elle commençait à avoir soif. C’est d’ailleurs grâce à son doux regard que je su quand agir. Penché vers elle, j’observais ses iris rouges en ricanant légèrement. Qu’elle était belle lorsqu’elle était en colère… Une véritable tigresse. Si je n’étais pas convaincu que j’allasse me faire mordre, je lui aurais très certainement volé un baiser. A la place… Je lui démontrai ma puissance et surtout sa faiblesse. Me redressant, j’observais alors mon œuvre, profitant de chaque gémissement, de chaque cri qu’elle offrait à mes oreilles alors que je voyais déjà sa peau rougir par le soleil.
- Vois-tu, Elizabeth. Soufflai-je en secouant la tête. Lorsque nous nous sommes rencontrés, je savais que tu serais celle qui m’accompagnerait de longues années. Naïve, malléable, désespérément romantique. Tu étais parfaite. Je me retournai alors vers la porte de la chambre. Mais tu as tout gâché avec ta bêtise et tes envies de petite fille. Alors maintenant… Relevant mon visage vers elle, j’esquissai un sourire. Nous allons tout réparer. Tu es d’accord ?... Bien sûr que tu l’es. C’est assez.
Dans un sourire, je l’observai se ruer à l’ombre. Oh elle semblait avoir envie de fraîcheur… Etonnant. Doucement, je me reculai vers la porte d’entrée, l’ouvrant rapidement pour récupérer un verre de sang avant de venir m’installer sur la chaise de bureau, faisant tourner le liquide dans le verre. Que faire maintenant… Elle devait plier. Je ne supporterais pas qu’il en soit autrement. Il n’en serait pas autrement. Vidant le contenu du verre, je le reposai sur le bureau pour mieux m’approcher de la vampire. L’attrapant violemment par le poignet je la jetai de nouveau sur le lit, sans même faire attention à ses blessures nouvellement crées par le soleil.
- Alors écoute moi bien petite garce. Grondais-je soudain. Je vais te laisser encore… Allons… Une semaine. Réfléchis bien.
Rapidement, je m’éloignai vers la porte, déposant avant de la refermer, un verre de sang dans la flaque encore présente.
- Je te conseille d’économiser le sang… Ou de lécher le parquet. A toi de voir.
Je ricanai un coup en quittant alors les lieux. Comme décidé, je la laissai seule une semaine, sans prendre la peine de venir la voir. Sûrement l’isolement lui ferait-il du bien. Ou du moins lui permettrait-il de se rendre compte que personne ne viendrait la chercher ici. Après tout… Qui pourrait bien savoir où elle se trouvait ? Qui pouvait se douter de sa présence ici ? Seule Erika le savait et si je ne lui faisais pas confiance, la haine qu’elle éprouvait envers Elizabeth m’indiquait qu’il ne risquait pas de voir qui que ce soit apparaître ici pour sauver cette pauvre princesse. Pour autant, chaque jour, je passai devant sa porte, m’arrêtant de longues minutes devant celle-ci pour écouter la moindre de ses respirations, le moindre de ses pas. Dieu que j’étais heureux de l’avoir à mes côtés. Cela faisait si longtemps…
Au huitième jour, je toquai doucement à la porte, un verre de sang en main, attendant une réponse qui ne vint pas. J’entrais alors. Elle était là, assise sur le lit, comme au premier jour. Le regard qui me semblait vide m’indiquait que le verre de sang n’avait pas suffit à étancher sa soif. Une chance car elle ne semblait même pas réagir à ma présence. Je vins ainsi m’asseoir près d’elle, passant mon bras autour de ses épaules, j’appuyai sa tête jusqu’à ma propre épaule pour venir caresser ses cheveux devenus blonds.
- Vois ce que tu m’obliges à faire… Lizzie… Penses-tu que je suis heureux de te voir comme ça ? Je secouai la tête. Bien sûr que non… Je ne veux que ton bonheur. Doucement, je lui mis en main le verre que je tenais. Vois, je ne veux pas te voir souffrir… Tu sais que tu n’as qu’à signer et tout sera terminé. Nous serons de nouveaux heureux. Tous les deux.
Je claquai des doigts alors que l’un des Majordome enjambait l’armoire toujours à terre pour poser un énième document sur le bureau.
- Tu sais ce qu’il faut faire. Doucement, j’embrassai sa tempe avant de quitter la pièce.
La patience allait bientôt devenir un véritable qualificatif pour moi, car je ne revins que le lendemain afin d’observer que ni la feuille ni le stylo n’avaient bougés, tout comme ma fiancée qui était visiblement restée prostrée sur son lit. Je ne su pas vraiment comment ni pourquoi mais je sentis une rage sourde s’insinuer en moi. Les yeux rougeoyants, laissant la porte ouverte derrière moi, j’usai de ma vitesse pour me retrouver près d’elle, attrapant ses cheveux pour l’obliger à pencher la tête en arrière afin d’avoir le plaisir d’embrasser son cou, déviant doucement mes lèvres vers son oreille.
- Je commence sérieusement à m’impatienter, Elizabeth. Alors soyons clairs. Ma patience à des limites. Des limites que tu es en train d’atteindre. Tu vas donc m’écouter et je sais que tu m’écoutes malgré ton air absent. Si tu ne signes pas ces foutus papiers. Si tu ne me promets pas ta fidélité et ta loyauté, je te jure que d’ici Noël tu auras l’immense joie de te retrouver avec leur satanée puce dans la nuque. Je ricanai nerveusement. Et ne t’en fais pas. Je vais te garder en vie…au moins jusque là pour que tu aies le plaisir de sentir leur seringue s’enfoncer. Après ça, chérie, tu reviendras ici. Et sous la contrainte ou de ton plein gré, tu seras enchaînée à mon poignet à me supplier de mettre fin à ton supplice.
Rageusement, je desserrai ma poigne, la jetant sur le lit en grondant. Je ne pouvais être plus clair. Et j’étais bien décidé à la faire céder.
La douleur fut immense, chacun de mes membres, chaque parcelle de ma peau se voyaient partir en lambeau alors que j’avais l’impression qu’un millier de lames me transperçaient de toute part. Mon cœur battant à transpercer ma poitrine, un énième cri de douleur transperça la barrière de mes lèvres. J’avais mal. Si mal… Et je ne pouvais pourtant échapper à cette douleur. Derrière moi, la voix de Dimitri résonnait. Je ne comprenais que la moitié de ses mots tant le supplice accablait mon esprit. « C’est assez ». Deux mots qui me parurent comme une délivrance, un appel du Seigneur, alors que je me ruai instantanément dans l’ombre de la pièce en usant de la vitesse propre à ceux de mon espèce. Recroquevillée de douleur, le souffle court je levai les yeux vers Dimitri dans un regard empli d’un mélange de haine et de terreur. Rapidement, l’odeur du sang empli la pièce alors qu’incapable de me lever je grondai sourdement tant de soif que du fait de la douleur dues aux brûlures. Mes pensées, soudain, se dirigèrent vers la seule personne que je souhaitais alors voir apparaitre. Le suppliant intérieurement de venir, je serrai les dents, mes genoux ramenés contre ma poitrine, tentant désespérément de faire taire cette géhenne. « Je t’en prie Aedan… J’ai besoin de toi… », me soufflai-je intérieurement sans discontinuer, ne remarquant même pas l’approche de Dimitri alors que ce dernier m’empoignait le bras, me faisant largement gronder de douleur. Me relevant, je n’eus d’autres choix que de le suivre, bientôt repoussée sur le lit d’une violence qui m’empêcha de retenir un gémissement de peine. A nouveau, sa voix s’éleva dans la pièce alors qu’il grondait visiblement de colère. A la première note de sa voix, mon corps entier se crispa tandis qu’il proférait de nouvelles menaces. Sans acte cette fois, un léger souffle s’échappa d’entre mes lèvres lorsqu’il referma la porte. Pourtant… Mes yeux fixés sur le sang à l’entrée je serrai les poings à m’en ouvrir les paumes. J’avais soif… Si soif…Mais j’étais encore bien trop consciente de tout cela pour me jeter sur une simple flaque de sang. Le verre cependant… Usant de ma vitesse, quoiqu’affaiblie par les blessures qui peinaient à se refermer, je me ruai vers le sang contenu dans le récipient transparent et l’avalais sans attendre, dans un soupire de soulagement, bien trop vite suivi d’un grondement de mécontentement. Je n’en avais pas assez. Bien loin de me soulager, cela me donnait d’ailleurs une soif plus intense encore alors que je portai ma main à la gorge. Plus que la douleur affichée des brûlures sur ma peau, il me semblait soudain que ma gorge me torturait encore bien plus.
Et la semaine passa… La soif me tiraillait le lendemain plus encore que la veille. Je sentais mon esprit commencer à ne plus pouvoir penser à autre chose que cette soif immense et mon corps se dépérir du manque de ce qui lui était alors vital, pour ainsi dire. Pour tout avouer, je ne comptais plus ni les jours ni les heures ni même les minutes. Le temps défilait alors que je restai prostrée sur le lit, ne m’assoupissant que par à-coup, sans réussir à trouver un repos réparateur, ne faisant alors qu’augmenter cette crainte et surtout cette soif qui me tenaillaient.
Lorsque les coups résonnèrent à la porte, je levai doucement la tête. Il n’était pas difficile de savoir qui se trouvait derrière celle-ci. Le regard vitreux, mes yeux tombèrent de nouveau au sol, sans la moindre réaction. A vrai dire… Je savais ce qu’il allait se passer… Et… Je soupirai légèrement en entendant la porte s’ouvrir. Il ne servait à rien de se battre davantage. Voilà deux semaines que je me trouvais là et personne n’était venu… A moins que cela ne soit plus... J'avais fini par ne plus compter les jours... Refusant de céder aux souhaits de Dimitri, l’espoir me quittait petit à petit. Sans même un sourcillement, ma tête fut posée contre l’épaule du vampire. Son parfum, sa voix, cette position… Cela faisait près de cent trente ans que je n’avais pas connu cela. Et cela me dégoûtait. Du coin de l’œil, j’observai distraitement l’humain poser le document sur le bureau. Toujours le même document, alors que mes doigts se refermaient sans attendre sur le verre qui m’était tendu. Un document qui signerait la fin de ma liberté. Bien sûr aurais-je toujours pu demander alors un divorce à la suite de celui-ci ou que sais-je encore pour me défaire du vampire qui me retenait captive mais je connaissais l’homme et surtout son pouvoir et son obstination, en faisant aujourd’hui même les frais. Le risque était bien trop élevé par rapport au gain de cette signature. Un gain qui ne se révélait être qu’un simple espoir de semi-liberté et de sang… Un espoir, car je doutais alors même que Dimitri me gardât en vie bien longtemps. Sa colère, j’avais pu la ressentir lors de ces dernières paroles, et les doucereuses qu’il venait de me murmurer n’enlevaient alors en rien à ce que j’imaginais pour la suite des événements.
A sa réapparition, le lendemain, rien n’avait bougé. Pas même le verre de sang dont les dernières gouttes s’étaient répandues sur le lit. Je ne céderais pas. Jamais. Bien sûr y avais-je réfléchi à plusieurs fois mais… Non. J’étais encore bien trop consciente pour accepter cela et ainsi étais-je restée là, assise sur le lit, sans même réussir à fermer un œil, la soif tendant à altérer ma vision de la réalité. Soudain, une main puissante m’obligea à pencher la tête en arrière dans un grondement de colère et de peur. Mes yeux rouges posés sur lui, je serrai fortement les dents à ses paroles alors que mon regard restait vide. Seul un frisson de dégoût et d’effroi parcouru ma peau lorsque ses lèvres la rencontrèrent. Mais alors que ses paroles s’insinuaient au creux de mon oreille, mes yeux se posèrent sur ce qui me parut être la chance de mettre un terme à tout cela. La porte. Il l’avait laissé ouverte. Oubli par la rage ou piège… Je ne me posai pas la question. A sa dernière menace, l’idée même de la puce me faisant rugir, je le repoussai du plus violemment possible vers l’arrière, priant pour que l’effet de surprise puisse faire son effet, pour me ruer vers la porte ouverte. La chance me fut donnée qu’aucun homme armé ou que savais-je encore n’attendait de l’autre côté de la porte. Pour autant, rien ne pouvait être gagné. Il me fallait encore trouver la sortie d’un endroit que je ne connaissais pas. D’un pas rapide, quoique bien moins que ce qu’il aurait pu être, je descendis les escaliers pour espérer trouver la porte d’entrée. Ou du moins une porte menant à l’extérieur. Oui c’est cela, une simple porte pour me mener à l’extérieur de cette demeure, là était la seule chose que je désirais. De l’air frais… Et un humain duquel je pourrais me délecter. Virant à la vue d’un premier garde, je me retrouvai alors dans ce qui semblait être une cuisine. Une simple cuisine… Avec une porte… Difficilement, m’appuyant sur les meubles, quoique le plus discrètement possible, j’ouvris ladite porte. L’odeur de chlore m’emplit alors les narines. Mais plus que cela… Droit devant moi, entre ce qui semblait être une piscine et moi-même se dressait ce dont je rêvais depuis déjà bien trop longtemps. Sans attendre, usant des dernières forces qu’il me restait, je me jetai sur ma proie, plantant de manière bien trop désordonnée pour la vampire que j’étais, mes crocs dans sa gorge. Peut-être aurais-je dû être surprise de son manque de réaction, peut-être aurais-je du me méfier de l’endroit où je me trouvais, mais je n’en avais cure. Seul le sang qui coulait alors dans ma gorge, apaisant doucement la douleur interne qui me tenait depuis plusieurs semaines, m’importait. Le son de la porte, pourtant me fit légèrement gronder alors que je me retournai, l’humain toujours accroché à mes dents. A nouveau mon cœur s’arrêta de battre alors que le corps sans vie de mon répit, même temporaire, s’écrasait à pieds, laissant couler un long filet de sang du coin de mes lèvres à ma poitrine. Reculant d’un pas, je grondai.
- Tu sais que je ne signerais rien, Dimitri. Tu sais qu’ils sont à ma recherche. Un nouveau pas en arrière pendant que Dimitri avançait d’un pas et je m’apprêtai à me ruer par-dessus la barrière qui entourait ce qui semblait être un jardin. Me garder captive… Je soufflai malgré tout faiblement, l’humain n’ayant suffit à étancher entièrement ma soif. … Est une bien mauvaise idée… Ils vont te trouver et te tuer...
Une idée, il me fallait une idée rapidement… Je ne pouvais décemment compter sur ma force, presque réduite à néant par l’assoiffement, ni sur ma vitesse, bien trop réduite par rapport à celle de mon ravisseur. Seul me restait l’effet de surprise, encore et toujours. Il devait certainement s’attendre à ce que je tente de fuir par n’importe quel côté du jardin, mais ce dont il ne pouvait se douter… D’un coup, je me ruai vers lui pour le bousculer. Si je devais entrer à nouveau dans cette maison, j’en ressortirai tout aussi sec de l’autre côté.
Esquissant un sourire mauvais, je l’observai fuir en reculant de plusieurs pas. Parfait. Je me redressai pour épousseter ma veste en ricanant, la suivant doucement, une main derrière le dos.
- Monsieur ? Je tournai la tête. Numéro 12 est prêt et en position.
J’hochai la tête. Le plan se déroulait à la perfection. J’entendais d’ailleurs déjà la porte de la cuisine s’ouvrir. Au moins tentait-elle d’être discrète. Un sourire et je descendis les escaliers pour la rejoindre. Tout cela était parfait. Elle se nourrissait et serait donc tout à fait consciente pour le reste des festivités car ces dernières étaient loin, très loin d’être terminées. Ouvrant la porte, j’esquissai un sourire en stoppant mon pas à mi-chemin entre ma jeune fiancée et la demeure, mon regard fixé sur elle.
- J’espère qu’il te plait. M’amusai-je à mi-voix. Je me suis dit que tu aurais peut-être un peu soif.
Ses mots m’arrachèrent un léger ricanement alors que je secouai la tête. Je n’avais certes pas eu de nouvelles d’Erika depuis quelques temps mais je ne doutais toujours pas de son envie de voir cette femme tomber. Elle ne parlerait pas et si son coup de maître n’avait pas été parfait, j’estimai qu’il y avait alors bien longtemps que le clan de vampire serait venu la chercher. Personne ne viendrait. Je le savais. Mais elle… Semblait croire encore à une possible libération. Allons, Lizzie… Petite sotte.
- Lizzie. Soufflai-je alors sans même m’avancer. Tu sais pertinemment que c’est faux. Tu es seule et tu n’as plus beaucoup de choix pour t’en sortir. Ta signature directe m’importe peu, à vrai dire. Seule ta reddition est à mes yeux valables. Et lorsque reddition il y aura, la signature de ce document suivra. Tu le sais tout aussi bien que moi. Tu n’aurais pas tenté de fuir sans cela, attendant sagement l’arrivée de ton chien de garde. Je ricanai. J’espère pour toi qu’il répond au sifflet car il risque d’avoir quelques problèmes pour te retrouver.
J’arquai alors un sourcil à sa décision. C’était innovant, je devais l’avouer. Cela me prit d’ailleurs de surprise alors que je reculai de quelques pas, mes bras l’enserrant fermement dans un sourire narquois. Mon nez et l’une de mes mains plongés dans ses boucles blondes, sa tête posée de force contre mon torse je ricanai doucement tandis qu’elle se débattait comme une diablesse.
- Chut mon ange… Soufflai-je. C’est fini…
Et ma lame s’enfonça largement à hauteur de son foie. Trop faible pour rester consciente malgré le sang ingurgité, je la serrai d’autant contre moi pour venir la porter entre mes bras, l’observant dans un sourire des plus malsains. Qu’elle était belle… D’une main, je caressai sa joue fraîche. Et elle était enfin à moi… Sans la quitter des yeux, presque amoureusement, si tant est qu’elle n’ait pas eu de dague plantée dans le corps, je la menai de nouveau vers sa chambre, enjambant de nouveau les meubles que nous n’avions pas bouger. Un instant, alors que je la reposai sur le lit, j’observai le papier d’union. A vrai dire… Je fronçai les sourcils. Avais-je réellement envie de patienter jusque Noël de la sorte ? Non. Non je ne pouvais plus attendre. J’estimai avoir été plus que patient jusque-là et je devais avouer que tout cela commençait à empiéter même sur mon emploi au sein de mon entreprise : je n’avais plus d’autre envie que de me trouver près d’elle afin de m’assurer de sa reddition. Il fallait que cela cesse et que reddition il y ait dans les plus brefs délais.
- Loyd. Je me retournai vers la tête où un humain venait d’apparaître. Deux seaux.
L’humain hocha la tête pour s’exécuter. La mascarade allait enfin cesser. Lorsque les seaux me furent apportés, je les disposai de chaque côté du lit, étendant les bras de ma compagne de part et d’autre de ce dernier. Ayant préalablement retiré la dague, je caressai doucement l’intérieur de ses poignets. Diable qu’elle pouvait avoir la peau douce… Soupirant, je posai le fil de mon arme sur son avant-bras pour venir trancher le plus simplement du monde cette peau si blanche, laissant le sang s’écouler dans le seau et sur les draps, imitant mon geste de l’autre côté, je regardais ce Jésus en croix avec une tendresse bien visible. M’asseyant à ses côtés, je caressai une nouvelle fois sa joue pour venir lui voler un baiser sur ses lèvres d’abord puis sur l’un de ses poignets, me délectant du goût de son sang dans un soupir d’aise.
- Bandez lui les poignets. Ordonnai-je au bout de quelques instants. Elle a perdu assez de sang. Il serait dommage de la voir mourir de la sorte. - Voulez-vous que nous la réveillions, Monsieur. S’enquit le dénommé Loyd en s’attelant à la tâche.
Je secouai la tête. C’était à moi de réveiller cette princesse, à personne d’autre.
- Laissez-nous. Ordonnai-je alors à mes domestiques lorsque le travail fut accompli. Et déposez le matériel à l’entrée.
Seuls, j’esquissai un sourire en me rasseyant près du lit. Le jour n’était pas encore levé… Impossible de la réveille de la sorte alors… Doucement, je me penchai vers son visage pour lui donner un nouveau baiser. Baiser durant lequel je plantai de nouveau ma dague dans son corps, à hauteur, cette fois de ces poumons. La douleur serait telle que le réveil risquait d’être brutal. A moins que cela ne provoque le contraire… La question se posa le temps de quelques instants alors que les yeux de mon aimée se rouvraient enfin. Me séparant de ses douces lèvres, j’esquissai un sourire en retirant la dague, retenant un rire à l’entendre peiner à respirer.
- As-tu bien dormi ? M’enquis-je. Nous avons malheureusement dû t’enlever le sang que tu venais de boire. Sombre histoire de… De rien. A vrai dire. Tu as profité d’un humain, tu as eu ta dose de répit et c’est terminé. J’esquissai un sourire. Te revoilà avec moi. Oh. Calme-toi chérie. Garde ton souffle. Tu vas en avoir besoin.
Doucement, je m’approchai de la caisse qui avait alors été déposée derrière la porte. Que faire… Je devais bien avouer qu’il y avait longtemps que je n’avais pas user de tous ces instruments. Certains, d’ailleurs, avait dû être remplacé pour l’occasion. C’était d’ailleurs peut être l’occasion de les utiliser. Après tout il aurait été dommage de ne pas le faire. Je n’aimais pas gâcher. C’est avec la plus grande simplicité que j’attrapai donc deux fioles.
- Plante chauve-souris. M’amusai-je en me retournant. Et un sang des plus frais que nous venons de collecter sur l’un de mes petits esclaves.
Souriant, je versais un petit quart de la fiole de poison dans le sang avant de le mélanger pour m’approcher de la vampire qui s’était alors réfugiée dans un coin du lit. Elle semblait si apeurée… C’était… Parfait. Approchant la fiole de sang, j’esquissai un large sourire.
- Je sais que tu as soif chérie, mais tu n’as que ça…
Elle ne résisterait pas longtemps à l’odeur du sang, je le savais pertinemment. Là était l’avantage des vampires assoiffés. Tient… Elle portait d’ailleurs parfaitement le nom de son clan aujourd’hui.
- Si tu me jures ta fidélité, si tu m’accompagnes signer ce papier… Je pris sa main. Je t’offrirais du sang frais. Es-tu sûre de toi de ne pas vouloir faire ce que je demande ? Je retirai soudain la fiole. Mais attend… J’y pense… J’ai quelque chose qui pourrait te convaincre.
Claquant des doigts, j’appelai un domestique.
- La machine. - Oui Monsieur.
Une main sur son visage, je forçai ses yeux à se poser dans les miens tandis qu'une lampe à UV faisait son apparition dans la chambre, positionnée à un coin du lit pour en éclairer plus des trois quart.
- A partir de maintenant, Elizabeth, et jusqu’à ce que tu aies signé ce papier ou que tu m’aies juré ta fidélité absolue, cette machine sera ta nouvelle… amie. Tu t’y exposeras dès lors que je dirais le mot « Soleil » et jusqu’à ce que je dise le mot « Suffit ». Tu as bien compris ? Bien sûr avait-elle compris. L’hypnose sur les vampires jeunes et affaiblis était ce qui était le plus facile. J’avançais de nouveau la fiole vers son visage. Maintenant choisi. Bois et je ne rompt pas l’hypnose ou fais ce que je te dis. Trois jours chérie. Tu as trois jours. J’appellerais la Fédération d’ici là pour ton rendez-vous… Pucé.
C’était à prévoir. Evidemment. Je l’aurais moi-même prévu si j’avais eu une autre solution mais… des solutions, je devais avouer que je n’en avais pas à profusion et j’avais bien là abattu la seule carte qu’il me restait en main. Son souffle, sa voix non loin de mon oreille… Je me débattais de plus belle. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas retourner là-bas ! Dieu sait ce que ce diable avait prévu pour me faire « changer d’avis », et je ne pouvais décemment pas me risquer à la curiosité. Une vive douleur… Ce fut la dernière chose que je ressentis alors que les formes autour de moi se faisaient ombre, m’emportant avec elles dans un néant certain.
Ce fut une nouvelle vive douleur qui me réveilla alors que je tentai de me redresser, les lèvres de Dimitri me bloquant sur le lit. Le souffle coupé, je détournai la tête, un haut le cœur bien présent, de dégoût ou de douleur ? Je ne saurais le dire. Pour autant, je crachai alors le peu de sang qu’il me restait alors. Chaque respiration m’était douloureuse. Sifflante, je me dégageai au plus loin de lui sur le lit, un air inquiet et enragé sur le visage. J’étais prise au piège. Privée jusqu’à mon bon sens et je sentais, petit à petit les mots comme l’air me manquer. L’observant attentivement, je retins un gémissement à l’odeur du sang alors que Vladimov ouvrait la seconde fiole. Il n’était pas… Les yeux plus rouges que le plus parfait des rubis, les crocs sortis, je grondai à son approche. Je connaissais la plante chauvesouris. Tous les vampires la connaissaient et savaient ses effets. J’étais trop affaiblie pour lutter… Le sang… Le regard plein de haine pour cet homme que rien ne semblait pouvoir arrêter, j’observai une respiration plus rapide et tellement plus douloureuse alors même que ma blessure semblait peiner à se résorber. Le sang… Non… La plante… Je ne pouvais pas… Mais le sang… Doucement, j’approchai de quelques centimètres vers lui et surtout vers le sang. Encore un peu et ma main se décolla du matelas, les yeux fixés sur la fiole, les sens tournés vers son contenu. Son retrait sembla alors me faire bien plus de mal qu’une lame elle-même, m’arrachant un grognement de fureur, sursautant pour autant à son claquement de doigt. La machine ? Quelle machine ? Pourquoi ? Comment ? Inquiète, effrayée même plus qu’enragée, ma respiration, à nouveau, s’emballa, toujours aussi sifflante, alors que j’observais incrédule, la machine en question faire son apparition pour être postée au pied du lit. Une… Lampe ?... Mon sang ne fit qu’un tour, repensant à la douleur déjà ressentie deux semaines auparavant.
- Dim… Je t’en prie… Soufflai-je en m’éloignant de ladite machine alors que ses doigts se renfermaient sur mon menton, m’obligeant à lui faire face.
« Je t’en prie ». Mais avait-il au moins une âme pour entendre une supplication ? J’en doutais. Non. J’étais persuadée du contraire. Et son geste me prouva cela alors qu’il me tendait de nouveau la fiole de toutes mes envies. Sans attendre, trop aveuglée par ma soif et la douleur qui me lançait encore, j’attrapais le contenant pour le vider de son contenu, sans attendre, d’une traite. La réaction ne se fit pas attendre et je sentis alors le sang pulser dans tout mon corps, envoyé par ce traitre de cœur. Un hurlement de douleur s’échappa d’entre mes lèvres. Trop affaiblie pour le contenir, trop maltraitée pour faire autrement. Mon corps s’étrangla de lui-même alors que, recroquevillée, je sentais chacune des convulsions qui me prenaient.
- Je… Ne signerais… Jamais… Soufflai-je entre deux plaintes sonores.
Avais-je raison de lutter de la sorte ? N’était-ce pas là une lutte vaine et idiote ? Dimitri ne me laisserait pas partir. Il ne fallait pas être grand penseur pour le savoir. Non. Il me tuerait si je ne signais pas, ou m’affaiblirait assez pour faire de moi l’une de ses petites poupées. Jamais. Je préférais encore mourir que de subir cela. Doucement, alors, la douleur commença à se taire. Mon corps meurtri s’apaisa, laissant mes bras retombées près de mon visage. Le regard vide, je peinais à savoir si Dimitri se trouvait encore près de moi. Et… Pour tout avouer cela ne m’importait que trop peu. Peut-être aurais-je du me méfier. Peut être aurais-je du trouver le moyen de ne pas l’entendre…
- Soleil.
Ce simple mot m’obligea à me redresser dans une première souffrance indescriptible alors même que la lampe s’allumait. Il ne me fallut que deux mouvements pour me retrouver face à elle. A genoux sur le lit, j’observai la lumière m’irradier. La douleur était indescriptible mais je ne criais plus. Trop meurtrie, trop blessée, trop affaiblie. Je ne pouvais plus crier et je restai là, muette, les yeux malgré tout écarquillés, témoin de ce que je ressentais à cet instant.
- Suffit.
La lampe s’éteignit et je m’écroulais sur le côté, le souffle court, sifflant, le corps abîmé et les yeux dans le vide. Je n’entendis pas Dimitri partir. Tout comme je ne l’entendis pas revenir. Combien de temps cela faisait-il ? Combien de temps venait-il de s’écouler depuis mon dernier bain de soleil ? J’étais incapable de le dire. Je ne pensais déjà plus qu’à une chose : en finir. Je ne voulais ni signer ni me soumettre. L’espoir de voir Aedan venir à mon secours avait fini par disparaître avec les jours et Dimitri avait raison… Personne ne me retrouverait ici. Et j’imaginais guère Erika parler de cela, au risque de finir plus bas que terre… Un risque que personne ne serait prêt à prendre. Une question, d’ailleurs, me vint à l’esprit : étaient-ils au moins en train de me chercher ou me fourvoyai-je réellement ? Je grondais. Non. Ils me cherchaient… Mais arriveraient trop tard… Je fermai ainsi les yeux. Il fallait que cela cesse. Je ne sais combien de temps cela dura. Je ne pourrais dire combien de fois Dimitri m’intima l’ordre de m’exposer devant la machine. Par deux fois, je tentais d’ailleurs de l’allumer moi-même, usant des maigres forces qu’ils me restaient, espérant que malgré la douleur, celle-ci mette un terme à ce que je pouvais ressentir mais rien n’y fit. La machine restait désespérément vide tant qu’il ne m’ordonnait pas de me mettre devant. A vrai dire, il n’y avait presque plus rien à m’ordonner. Je peinais même à bouger, restant allongée, les yeux rivés vers le mur d’en face. Peut être la soif, elle, finirait-elle alors de m’achever…
Sa supplication m’arracha un soupir de contentement. J’aimais à entendre sa voix si faible me demander de l’épargner. Allais-je le faire pour autant ? Il était évident que non. J’avais d’autres souhaits pour elle, d’autres souhaits qu’elle s’efforçait de refuser, petite sotte qu’elle était. Les quelques mots qu’elle put prononcer, d’ailleurs, me firent sourire. Jamais disait-elle ? Ne connaissait-elle toujours pas mon entêtement à obtenir ce que je voulais ? Je lui avais pourtant prouvé que je faisais toujours ce que je disais. Sa présence en ma demeure en était la preuve. Et pourtant… elle s’évertuait à résister. Je devais avouer que sa résistance me surprenait. Bien des femmes s’étaient abandonnées à moi sans que je n’aie besoin de faire le tiers de ce que je lui avais fait subir. Mais elle… A vrai dire, elle n’en devenait que plus agréable à mes yeux. J’aimais les battantes, les survivantes. Elle en faisait partie. Quoiqu’à l’observer de plus près, elle semblait plus proche de la mort que n’importe qu’elle survivante. Peut être y allais-je un peu fort avec cette lampe à UV… Mais c’était bien trop amusant pour que je puisse cesser de l’utiliser. C’est pourquoi, la première journée, ma jeune fiancée eut le droit à quatre petites séances, laissant sa peau marquées de douces brûlures que je prenais plaisir à caresser. Je ponctuai d’ailleurs chaque séance de bronzage de moments de tendresses, profitant de ses lèvres que j’humidifiais de sang, seulement pour qu’elle n’oublie pas son goût et de sa peau qui malheureusement était bien moins douce par les brûlures et pourtant toujours aussi belle. Je dus avouer que la seconde journée de bronzage fut plus décevante que la première. Elle que je croyais battante semblait en avoir décidé autrement, et c’est avec un regard empli d’une certaine amertume que je l’observai tenter de rallumer la machine. Un suicide ? C’était d’une faiblesse… Une chance que la lampe ne puisse s’allumer que grâce à la télécommande que je gardais dans ma main. Allumage que j’enclenchais d’ailleurs dès sa deuxième tentative. Elle voulait souffrir ? Elle allait souffrir. Je pouvais bien lui accorder cela, après tout, dans toute ma bonté, évidemment. Mais la mort… Non. Il était hors de question que je lui offre cette libération. Du moins pas avant qu’elle n’accepte son sort d’épouse. Après, peut-être, lui accorderais-je la grâce de Dieu. Peut-être. Je n’en étais à vrai dire même pas certain. Elle était bien trop divertissante. Néanmoins, il me fallut bien vite me rendre à l’évidence. Plus la journée avancée plus la vampire semblait se laisser mourir. J’avais connu quelques cas comme ça. Une fois mariées, elles se laissaient entraîner vers la mort jusqu’à ce que leur cœur cesse de battre. Or… Elizabeth n’était toujours pas Vladimov. Il était d’ailleurs à noter que le nom d’Elizabeth Vladimov était des plus agréables à l’oreille. Enfin. Là n’était pas la question car elle ne portait toujours pas mon nom. Impossible, donc, pour moi, de la voir s’éteindre de la sorte, avec le malheureux sobriquet de Rosenbach. Non. Cela ne faisait que trop peu de temps qu’elle subissait mes envies. A peine plus de deux semaines. Un temps trop court pour qu’elle puisse tout à fait apprécier ma présence. Elle ne faisait que preuve de faiblesse… Qu’avais-je donc fait ? Quelques UVs, pas de sang, quelques coups de couteaux et du poison. Rien de bien fou. J’étais donc réellement déçu de voir qu’elle ne supportait pas plus. Pour une femme de ma création… J’étais plus que déçu.
Autre chose… Il me fallait une autre idée… Que pouvait donc toucher cette vampire ? Aedan peut être… L’idée de le capturer à son tour me vint. Mais si j’avais su prendre ma femme par surprise pour m’assurer de son calme, il me semblait que je ne pourrais faire la même chose de ce fils de catin. Et Erika, jamais, n’accepterait de me servir de petite marionnette. A moins que… Une idée me vint alors. Il devait la chercher. Il devait forcément la chercher. Le contraire ne pouvait être vrai. Si moi-même je venais à l’attirer au manoir sous la raison de l’urgence pour Elizabeth que je venais de retrouver… Cela pourrait fonctionner… Sans attendre, je quittai les lieux, non sans donner l’ordre à mon majordome de nourrir la jeune vampire afin que les blessures superficielles de sa peau se résorbe avant l’arrivée de notre nouvelle invitée. Entre temps, bien sûr, j’activerais la lampe à distance pour intimer l’ordre à ma fiancée de rester tranquille. Le sang donné, de toutes les manières, ne lui permettrait certainement pas d’avoir assez de force pour se mouvoir. Et c’était exactement ce que je désirais. Une fois dans ma voiture, seul, je soupirai. Cette situation commençait à m’agacer, je ne pouvais le nier et j’espérais sincèrement que l’arrivée de son vampire m’aide à la débloquer. Je devais avouer que pucer ma femme ne m’était pas des plus réjouissants. Je n’avais d’ailleurs pas encore contacté la Fédération pour programmer l’insertion de cet engin électronique dans son cou... Et si cela devait être fait… Il me fallait profiter des instants de liberté qui lui était donné et… J’appelai alors l’un de mes majordomes. Non. Je ne pouvais y aller. Je devais rester près de ma douce Elizabeth. Grognant, j’indiquai alors mes ordres à mon homme de main. C’était à lui de faire le sale boulot. Je me contenterais du plus doux, pour cette fois. Revenant auprès de ma future épouse, je m’installai près d’elle, l’attirant à moi en soupirant. Elle venait d’être nourrie. Je le sentais sous mes doigts alors que je caressais doucement sa joue.
- Rassure toi… Soufflai-je en embrassant son front. C’est bientôt fini…
***
Le majordome arriva bien rapidement à l’adresse indiquée : le manoir des Assoiffés. Arrêtant la voiture sans prendre la peine d’éteindre le moteur, comme il lui avait été indiqué, il se précipita à l’entrée, tambourinant jusqu’à ce qu’on vienne lui ouvrir.
« Si ce n’est pas leur chef, un grand brun l’air patibulaire et le type de personne que nous écraserions volontiers, quoique c’est le cas de tous chez eux, ramène moi la personne qui t’ouvrira, ne fait pas de sentiment » lui avait-on dit. Et heureusement… car la description qui lui avait été donnée ne correspondait pas du tout avec la personne qui lui faisait face. Un instant de silence et il fronça les sourcils, prenant un air légèrement inquiet.
- Miss. Je m’excuse de cette venue. Votre cheffe… Elizabeth, elle est faible… Mon maître l’a retrouvé dans un fossé juste avant que le soleil ne se lève… Monsieur Hale a été prévenu mais Miss Elizabeth vous a demandé et… Il ne savait même pas son prénom. Prenant un air effaré il lui fit signe de le suivre dans sa voiture courant vers celle-ci. S’il vous plait ! Dépêchez-vous ! Je vous en prie !
Au moins était-il bon acteur… Et une chance, car la vampire qui lui avait ouvert s’invita dans sa voiture sans poser plus de questions et il démarra en trombe.
- Je suis vraiment désolé, Miss de vous déranger mais… Mon maître est inquiet et il m’a fait venir vous chercher en vous décrivant seulement…
Autant continuer le petit jeu, et ce jusqu’au manoir, devant lequel il se stationna sans, à nouveau, éteindre le moteur, se précipitant à l’intérieur en intimant l’ordre à la vampire de le suivre rapidement pour ne pas faire attendre « Miss Elizabeth ».
***
J’avais passé toute notre attente à caresser les cheveux de mon aimée, embrassant ses lèvres et sa tempe, lui susurrant quelques mots doux… Des moments tendre alors qu’elle ne semblait même pas réagir. D’ailleurs, je n’avais même pas entendu revenir mon majordome accompagné de la jeune vampire et fut surpris en les voyant arriver dans la chambre alors même que je déposai un énième baiser sur les lèvres de ma fiancée. Arquant un sourcil j’intimai l’ordre audit majordome d’attraper les bras de la vampire. Lui-même vampire de 150 ans, j’espérais qu’il puisse maintenir la jeune femme en place, auquel cas, je m’en occuperais moi-même.
- Ce n’est pas exactement ce que j’avais espéré. Soufflai-je. Mais je m’en contenterais. Je me retournai alors vers Lizzie, amorphe entre mes bras pour lui murmurer. Mon amour… Nous avons de la visite. Tu devrais ouvrir les yeux…
Le manque de réaction de la vampire me fit siffler. Était-ce de l’abandon, de la faiblesse physique ou simplement l’espoir que je ne dise vrai de tout cela ? A vrai dire cela m’importait peu et je la laissai tomber sur le lit en grondant.
- Je te conseille de te réveiller, Elizabeth. Grondai-je furieusement en attrapant la télécommande avant de me décaler vers notre jeune invitée. Bienvenue chez moi, jeune… Comment t’appelles-tu ? Mh. Peu importe. Ne t’en fais pas, cette petite sotte va se réveiller.
Et j’appuyai sur le bouton. La réaction ne se fit pas attendre et la voix hurlante de ma vampire empli la pièce d’une douce musique. Un soupir de contentement et enfin je stoppai la lampe alors qu’elle levait les yeux vers nous.
- Tu la reconnais ? Je me disais qu’elle pourrait peut être te faire entendre raison. Et si tu ne veux pas…
Je tournai la lampe en la direction de la vampire qui finissait d’être solidement attachée par mon majordome et jetée au beau milieu de la pièce, sans faire attention aux meubles qu’avait cassé mon adorée et qui étaient resté sur le passage. Une fois la jeune vampire seule au milieu de la salle, j’allumai de nouveau la lampe. Seulement quelques instants rapides pour faire réagir Elizabeth.
Tu poses en vrac tes affaires sur le sol et t'assoies, exténuée, sur le premier siège que tu vois. Le manoir est anormalement calme.. Il n'y a même pas un esclave qui a accourut au moment où tu es rentrée. Trop fatiguée pour réfléchir, tu te laisses tes interrogations pour plus tard. D'ici quelques minutes, tu iras dans ta chambre et dormira plusieurs jours de suite. Un coup d’œil sur ton téléphone portable.. Ah oui. Il était cassé. Tu soupiras, agacée par l'idée de devoir en acheter un nouveau, puis tu fermas les yeux pour un instant de repos. Mais où étais-tu depuis tout ce temps ?
Londres. Où du moins, dans une ville non loin de la capitale. Tu t'y rends quand l'envie t'en prend, pour ne pas oublier. Tu regardes la baraque à moitié cramée en train d'être rénové. Ton cœur se serre à l'idée que quelqu'un puisse s’installer dedans. C'était votre maison, à ta famille et toi. Tu savais au fond de toi que cela arriverait un jour, il fallait s'y faire, mais ça n'en resterait pas moins douloureux. Tu parcours les rues, refait le même trajet des centaines de fois. Ce même trajet qui à finit par causer la perte de tes parents. Ce même trajet qui a changer ta vie a tout jamais. Systématiquement, tu t'arrêtes là où ça a eut lieu. Sa voix est déformée. Presque tout son corps est flou. Seuls ses mains autour de ta gorge, ses yeux rouges de folie et ses canines luisantes te paraissent clairs, t'arrachant d’innombrables frissons d'angoisse. Parfois, tu te retournes, pensant qu'il est là. Mais il n'y à personne.. Tu penses, espère, que tu le croiseras un jour et que tu pourras te venger. Pas pour t'avoir transformer, non ça.. Tu le vis plutôt bien au final. Pour tes parents. Ils n'avaient pas mérité ça, ils n'avaient pas mérité cette fin atroce.
Larmes.
Alors voilà, après ce petit périple difficile émotionnellement. Tu retrouves ta nouvelle famille, n'oubliant jamais l'ancienne. Tu as hâte de les voir, chacun. Un sourire se dessine sur les lèvres. Ta mère, l'autre empaffé, tes frères et sœurs.. Oui, chacun. Tu allais te lever pour te rendre à ta chambre quand soudain, l'écho de fracas sur la porte principal t'arrêta. Tu fronças les sourcils. Qui pouvait bien frapper à cette heure-ci..? Et surtout de cette manière. Tu pestas alors qu'un esclave ne s'étaient bougés le cul pour venir ouvrir une nouvelle fois.
▬ Faut tout faire soit-même dans cette baraque !
Grognas-tu de plus belle alors que tu t'avançais vers la porte. Tu l'ouvris et regarda d'un air peu aimable l'homme qui avait tambouriné contre le bois. Ces premières paroles te mit dans tous tes états. Ta mère avait été blessé !? Elle te demandait ! Aedan avait été prévenu.. Donc pas besoin de le faire. De toute façon avec ton téléphone hors service, tu n'aurais pas pu faire grand chose. A part le chercher dans tout le manoir, si t'en est qu'il soit là.. Il te pressa, te coupant dans tes réflexions de prévenir quelqu'un.
▬ Je suis vraiment désolé, Miss de vous déranger mais… Mon maître est inquiet et il m’a fait venir vous chercher en vous décrivant seulement…
C'était quelqu'un de la famille donc..? Raaaaah. Pas lt'emps de réfléchir, mère est en danger ! Tu grognas, l'idée que ta mère pouvait être en mauvaise posture parasitait ton esprit et te faisait agir, sans vraiment prendre le temps de réfléchir.
▬ C'bon j'te suis, dépêche toi de m’amener à elle !
Gueulas-tu à moitié en serrant les crocs. Tu voyais rouge. A la fois inquiète et en colère, tu ne cachais pas tes émotions. Une véritable bombe sur patte. Le voyage te sembla durer une éternité, tu regardais à travers la fenêtre, priant pour ne pas arriver trop tard. Pas encore, pas ta mère.. Sous la nervosité, quelques larmes perlaient sur tes joues. Elle est forte, tout ira bien. Essayas tu de te convaincre. D'un revers de manche te balaye les perles salés, tu étais arrivée. Enfin ! Tu bondis en dehors de la voiture, toisant le conducteur. Magne toi l'cul.
Tu entrais dans la demeure, suivant de prêt l'homme. Tu ne faisais pas particulièrement attention à ce qui t'entouraient. Une brève pensée sur le détenteur de la bâtisse vint à ton esprit. Tu ne connaissais aucun membre qui pouvait être en possession de ce bien.. Après tu ne savais pas tout sur tout le monde. Tu t'enquis alors auprès de celui qui te conduisait soit disant à ta mère.
▬ C'qui ton maître ?
Pas de réponse.. Pourtant, tu étais sure d'avoir parlé fort et distinctement. Il s'arrêta pour ouvrir une porte, t'invitant à y passer la première. C'est avec une pointe de méfiance que tu t’engouffras dans la pièce, tu poussas un cri interloqué par l'horreur de la scène. Elle avait été brûlé.. Et pas qu'un peu. Et cet homme qui l'embrassait.. Ce n'était pas Aedan ! De fureur, tu allais te jeter sur lui, mais des bras, forts, plus fort que les tiens, te retenaient prisonnière. Tu hurlais et faisait claquer tes crocs qui mordrait la moindre chose qui passait sous eux.
Lizzie ne réagissait pas, ce qui ne fit qu'amplifier ton envie de te débattre. Était-elle encore vivante ? Oui.. Sinon l'autre connard lui parlerait pas. Tu ne comprenais pas tout ce qu'il se passait, tu étais juste sur d'un chose, le blond n'était pas de ton côté.
▬ Bienvenue chez moi, jeune… Comment t’appelles-tu ? Mh. Peu importe. Ne t’en fais pas, cette petite sotte va se réveiller.
Il appuya sur le bouton d'une télécommande et une vive lumière te fit fermer les yeux. Des hurlements. Ils provenaient de ta mère, tes yeux s’ouvraient alors, s'écarquillant de peur. Jamais tu ne l'avais vu ainsi, jamais tu ne l'avais vu avoir mal.. Pas autant.. Des lampes UV.
▬ Salop !
Les lampes s'éteignirent, tu continuais de te débattre comme une furie.. Mais l'âge et ta pauvre force te faisaient défaut face au vieux vampire qui te ligotait. Il te jeta comme une poupée de chiffon au milieu de la pièce. Tu t'écorchas sur le bois d'un meuble cassé avant de touché le sol. Tu tentais de te redresser et dans lancer quelques jurons aux hommes mais.. Le blond alluma la lampe. Il ne s'était écoulé que quelques secondes, mais tu sentais l'odeur de ta chair qui commençait à brûler doucement. Tu avais poussé un cri que tu avais étouffé en te mordant la lèvre inférieure.. Tu ne lui donnerais pas cette satisfaction.
Je sentais chaque baiser, chaque caresse que me donnait Dimitri. Sa main se promenant dans mes cheveux me donnait des nausées. Son parfum pire encore. Me défaire de son emprise était devenue ma seule pensée et pourtant… Pourtant je restai là, immobile, à sentir ses baisers et ses caresses, incapable de me soustraire à ses bras. Je ne comprenais pas ce changement d’attitude, craignant le prochain bain de soleil qui n’arrivait alors pas. Yeux fermés, je tentai ainsi de résister, tant à la peur qui m’étreignait chaque seconde depuis des jours maintenant qu’à la douleur que je ressentais à chaque respiration même ou le sommeil qui me prenait. Oui… J’avais sommeil. J’étais… Fatiguée. Fatiguée de lutter contre la douleur et contre Dimitri. Fatiguée de tenter de raisonner une soif déraisonnable. J’avais seulement envie… de dormir…
Un cri fut alors poussé, me faisant à peine lever la tête. Qui cela pouvait-il bien être ? Je ne savais pas. M’en moquais-je ? Pas vraiment, je n’avais seulement plus la force de m’intéresser à ce que cela pouvait être. Le contact brusque du lit me fit légèrement gronder de douleur alors que je me tendais. Dimitri s’éloignait. Pourquoi ? Qu’allait-il encore m’arriver ? Doucement, mes mains serrèrent les draps alors déjà tâchés de sang. Mon sang. A qui parlait-il donc ? Était-ce cette même personne qui avait poussé un…
Mes pensées furent interrompues par une vive douleur sur mes blessures toujours à vif. Quelques courtes secondes où je serrais les dents, toujours aussi peu désireuse de lui donner le plaisir qu’il cherchait, avant de me laisser submergé par la souffrance que chaque rayon de cette lampe pouvait m’apporter. La lampe éteinte, je tremblai alors de douleur, levant doucement les yeux vers Dimitri, l’air presque désespéré. Un air qui se mua rapidement en effroi alors que je voyais ma fille attachée aux côtés de mon ravisseur.
- Dimitri… Soufflai-je alors qu’elle était poussée au centre de la pièce.
Son cri me raidit presque instantanément. Cette douleur, je la connaissais, depuis plusieurs jours je la subissais à longueur de temps. Tentant de me redresser, réunissant toutes mes dernières forces, je me laissai tomber sur le sol le plus rapidement possible, chancelante sur mes jambes mais plus que décidée à rejoindre Mia. Mal m’en prit car je tombais à genoux devant elle, la respiration rapide, chacun de mes membres étant engourdis et douloureux. Les dents et les poings serrés, je grondai en me relevant, me tenant fermement à la chaise de bureau restée encore intacte. La vue même de la peau de ma main brûlée m’arracha un grondement alors que je me retournai difficilement vers Dimitri.
- Ne la touche pas… Grondais-je faiblement. Ne t’approche pas d’elle…
Je n’étais certainement pas en mesure de la protéger, trop faible, trop amoindrie, je savais que je ne ferais pas le poids face à lui et pourtant… Doucement, je m’étais positionnée entre lui et Mia, en sorte de mur parfaitement branlant mais debout et bien présent. Grondant tant de douleur que de colère, je l’observai alors, les yeux plus rouges que des rubis. Non. Il ne la toucherait pas. Quand bien même je subirais le triple que ce qu’il m’avait déjà fait subir, quand bien même je devenais une ghoule à la fin, quand bien même il me pucerait, j’étais bien décidée à protéger cette Assoiffée de toutes les manières possibles. Un instant, seulement, je jetai un coup d’œil sur le bureau où trônait encore le document de mariage. Je fronçai les sourcils, retournant mon regard vers mon ancien fiancé. Il savait… Il savait que je ne laisserais aucun membre de ma famille se faire torturer par ma faute. Il savait que je cèderais à tous ses caprices pour les protéger, pour m’assurer de leur vie. Pour autant… Je l’observai attentivement en tentant de garder une respiration régulière.
- Quoique je fasse… Tu ne la libèreras pas… Grondai-je. Si tu la libères, ils sauront où je suis… Tu ne prendras jamais le risque de les voir venir… Tu ne voudrais pas qu’Aedan te détruise…
A nouveau, je grondai, m’efforçant à rester droite sur mes jambes. Je fronçai doucement les sourcils. Je ne supporterais pas voir Mia souffrir. Je le refusais. Mais il me paraissait plus que logique qu’il ne pourrait la libérer aussi facilement… De fait… Une seule idée me venait en tête, alors que je restais en rempart entre la lampe, Dimitri et ma fille.
- Si… Si je signe ce contrat et que je te promets de rester avec toi… Si je te promets… Ma loyauté et que j’annule mon mariage… Est-ce que tu me promets de la laisser partir ?...
Est-ce que j’étais heureux ? Plus que tout. Ces cris, ces gémissements me plaisaient. Surtout ceux d’Elizabeth, évidemment. L’autre gamine… Était seulement amusante, d’autant que même s’il ne s’agissait pas du rat, il semblait que ma pêche soit tout aussi bonne, en témoignait le visage de ma belle fiancée. Elle avait peur. Pour autant… ça n’était pas une peur habituelle, celle que j’avais pu voir sur son visage jusque-là, ces dernières semaines. Non. C’était une peur bien plus profonde, un peur que je n’avais encore jamais vu chez elle, et cela me plaisait. Le sourire aux lèvres, j’observais la blonde se diriger vers notre nouvelle invitée. Au moins cela semblait lui donner des ailes… Quoique. J’émis un léger ricanement alors qu’elle retombait à genoux. Pauvre enfant tant abîmée qui tentait de protéger une gamine vulgaire et visiblement tout à fait inutile. Inutile mais amusante, cela dit. Oh… Des menaces ? Elizabeth était-elle en train de me menacer ? J’espérais que oui, en un sens, cela allait devenir bien plus amusant. D’ailleurs, j’esquissai un sourire narquois alors qu’elle grondait face à moi.
- Sinon quoi ? M’amusai-je en appuyant mon dos au mur. Tu me tuerais ? Fais-moi rire Lizzie, tu n’es même pas capable de tenir sur tes deux jambes. Allons chérie. Sois sérieuse.
Je devais avouer qu’Elizabeth était plus réfléchie que ce que je ne pouvais l’imaginer. Même dans cette situation, il semblait que le cerveau contenue dans cette petite tête restait tout à fait apte à comprendre et réfléchir. Et elle disait vrai. Je ne pouvais la libérer de la sorte. Cette petite idiote irait droit courir dans les jupons de son abruti de chef dès lors qu’elle aurait quitté ces lieux, l’informant, donc, de l’état plus que déplorable de mon Elizabeth. Nul ne ferait doute qu’il accourrait ici. Si je le ne craignais pas, je devais avouer que le voir arriver pour mettre ma demeure à feu et à sang comme sûrement il le désirerait ne me plaisait pas réellement. Bien sûr je comptais sur mes hommes pour l’arrêter mais si je pouvais éviter d’en perdre, ce qui serait inévitable, cela m’arrangeait plus que de raison. Enfin. Toujours était-il que cette jeune fille allait très certainement rester quelques temps en notre compagnie. D’ailleurs qu’elle âge avait-elle ? La question était toute posée. Je ne lui donnais même pas la majorité. Dommage pour elle. Mourir si jeune. Enfin. Elle n’avait qu’à se trouver une mère moins sotte et buttée, après tout. Pour autant… J’esquissai un sourire amusé. Peut être n’était-elle pas si sotte, après tout… Doucement, j’avançai vers les deux vampires. Était-elle sérieuse ? Signer le contrat, annuler le mariage et me promettre sa loyauté ? Bien que la promesse ne vaille que très peu à mes yeux, je devais avouer que le reste de la proposition me semblait tout à fait… Acceptable. Arrivé à sa hauteur, ayant posé la télécommande de la lampe hors de leur portée, j’attrapai doucement le menton de ma bien-aimée pour m’approcher d’elle, un sourire aux lèvres.
- Pourquoi ne m’as-tu pas dit plus tôt qu’il suffisait d’attraper un membre de ta famille pour te faire céder ? Je ricanai doucement, déposant un baiser sur ses lèvres. Signe immédiatement très chère, et je verrais ce que je peux faire.
D’une main, j’attrapai le stylo pour le lui mettre dans la sienne, sans même perdre le sourire qui étirait mes lèvres. Enfin je touchais au but. Et d’une facilité des plus déconcertantes. Pourtant… Elle semblait encore hésiter. N’avait-elle donc pas confiance en moi ? C’était, à vrai dire, logique, je devais l’avouer. Pour autant… Doucement, je relâchai le visage de la vampire pour l’asseoir sur la chaise qui se tenait devant le bureau avant de me diriger vers la toute jeune vampire. D’un geste brusque, je la relevai par les cheveux, collant son dos à mon torse pour lui souffler doucement à l’oreille :
- Tu devrais dire à Elizabeth que plus elle signera vite, moins tu souffriras. Un geste sec et je ponctuai ma phrase d’un coup de couteau dans l’un des reins de la vampire. Je n’ai plus la patience d’attendre Lizzie. Cent cinquante ans… Je tournai doucement le couteau enfoncé dans le corps de la jeune femme. Cent cinquante ans que j’attend de t’épouser… Allons. Tu es certaine que tu ne veux pas signer ? Je crois que… Je retournai la lame dans l’autre sens. Que cette jeune fille a mal… N’est-ce pas jeune fille ? Et d’ailleurs, soyons sérieux. Comment t’appelles-tu ? Et qui es-tu ? Que je sache au moins qui je vais tuer si elle ne signe pas ce contrat.
Si elle signait aussi, d'ailleurs, car je comptais bien me venger de toutes ces années d'attente. Je rejetai d'ailleurs la jeune femme, couteau enfoncé sur le lit qui sentait encore le sang de sa cheffe. Un véritable plaisir pour les yeux et pour les sens. Et doucement, je m'approchai de ma fiancée, embrassant sa tempe pour guider sa main vers le papier.
- Ta signature et ta loyauté mon amour... Lui soufflai-je
Tu grondes, grognes entre colère et souffrance. Ce qu'il venait de te faire subir.. Il l'avait probablement fait subir aussi à Lizzie. Tu rageais d'avantage, te sentant coupable d'être partie autant de temps, sans vraiment prendre de nouvelles. Si tu avais été là.. Peut-être que.. Tu sentais ta mère venir s'écrouler à tes côtés. Tu la regardais et toute la peine du monde se reflétait dans tes prunelles. Mais qu'est-ce qu'il t'a fait..? Tu tentais désespérément de te libérer de tes liens, qu'importe la douleur, qu'importe ta chair brûlée qui frottait contre le cordage. Tu voulais la prendre dans tes bras, la rassurer, lui dire que tu étais là, avec elle et que tu allais la protéger. Mais tu ne parvenais pas à t'en défaire, impuissante.
Tu te sentais pitoyable, tu avais suivit cet inconnu, tu t'étais fait attrapé si facilement.. Les deux vampires discutèrent, tu arrêtas de gigoter, prêtant attention à leur parole. Un papier ? Rester avec lui..? Annuler le mariage..? Quoi !? Mais qu'est-ce qu'ils racontent putain ! Tu n'étais pas une lumière, mais tu compris très vite la situation. Le tortionnaire voulait Lizzie, pour lui et juste pour lui.
L'accord semblait convenu, il aida ta mère à se placer devant le bureau pour signer les fameux papiers, puis vint vers toi. Tu n'avais pas peur. Tu le regardais avec toute la fureur que ton petit corps pouvait contenir. Il te souleva tel une plume, par les cheveux. Tu gémissais, criait, le pire était de le sentir si proche de ton ton corps, cela te donnait la nausée.. Et tu l'eus d'autant plus en sentant son souffle caresser ton oreille.
▬ Tu devrais dire à Elizabeth que plus elle signera vite, moins tu souffriras.
Et puis qu-.... C'est froid. C'est chaud. Le métal qui traverse ta peau. Le sang qui coule de ta plaie. Tu baisses la tête avec horreur, alors qu'il s'amuse à tourner le couteau, triturant tes organes. Tu hurles, secoue la tête dans l'espoir que celle-ci cogne la sienne.
▬ Lâche moi connard !
Parvins-tu à lui hurler dessus. Il te demanda comment tu t'appelais.. Et en guise de réponse, tu lui crachas au visage. Il te jeta sur un lit.. C'était toujours plus confortable que le sol dirons-nous. Tu te tenais de façon à ce que se soit le moins douloureux possible. Même si tu avais mal, tes yeux ne quittaient pas ta mère. Elle irait s’enchaîner à ce fils de... pour toi ? Pour te protéger. Dans d'autres circonstances, tu aurais surement été touché, attendris par l'acte mais là..
▬ Fais pas ça !
Gueulas-tu à travers la pièce. Tu roulas sur le lit pour te retrouver au sol, tu avançais façon vers de terre jusqu'au duo de vampire. Tu sentais.. Le couteau remué, s'enfoncé un peu plus à l'intérieur. Et sans doute grâce à l'adrénaline, la rage et le désespoir, tu arrivas à te mouvoir vers eux.
▬ Aedan va venir ! Je t'en prie, ne signe pas !
Même si cette non signature signifiait ta mort. Tu t'en foutais. Tu ne savais pas si elle t'entendait vraiment où si elle n'était plus qu'une marionnette que l'autre blond faisait danser du bout de ses doigts.. Tu lui jetas un regard, tiens encore un peu, suppliais-tu silencieusement.
Petite gamine insolente. Je grondai furieusement alors qu’elle me crachait au visage. Elle ne voulait donc pas me donner son nom. Et cette petite sotte qui hésitait encore à signer… Je devais avouer que ma patience avait largement atteint ses limites. Pour autant… La nouvelle invitée réussissait encore à m’amuser alors qu’elle hurlait à travers la pièce. N’avait-elle pas compris qu’il ne servait à rien de se battre ? Ici, j’étais tout puissant. J’étais le maître à bord et je tirais les ficelles. Elles ? Elles n’avaient qu’à obéir. Le sourire aux lèvres, je m’asseyais à moitié sur le bureau pour observer la gamine ramper jusqu’à nous en ricanant. Au moins était-elle décidée. Un peu trop pour moi. Je plongeai de nouveau mes doigts dans sa chevelure pour la remonter vers moi, ricanant doucement en retirant ma dague.
- Ton cher Aedan ne viendra pas, gamine. Il ne sait pas où vous êtes. Seule Erika est au courant puisque c’est elle qui m’a rendu mon Elizabeth. Et… Je doute fortement qu’elle ne trahisse notre petite secret, elle apprécie bien trop nos nuits pour cela. Ricanai-je en paquant le dos de la vampire contre mon torse pour l’empêcher de me cracher de nouveau au visage.
Une main sur sa gorge, je passai doucement la lame du couteau sur son ventre en ricanant. J’avais envie de la voir se tordre de douleur. J’avais envie de voir Elizabeth implorer ma pitié quant à la vie de cette gamine qui semblait importer à ses yeux. J’avais envie de les voir se soumettre devant moi. Ricanant de nouveau, je susurrer alors à la gamine :
- Je te conseille de lui demander plutôt de signer, jeune fille. Il serait dommage de souffrir encore, n’est-ce pas ? A moins que tu ne veuilles un petit aperçu de ce que je peux faire ? J’esquissai un sourire en la retournant pour la voir me faire face. Mes yeux dans les siens, je repris alors la parole. Puisque tu sembles le vouloir… Je vais te donner cette lame, très chère. Et tu vas te l’enfoncer dans le ventre. Profondément. Et je t’interdis de bouger de ce lit.
Je ricanai alors en mettant la dague dans sa main avant de, violemment, la jeter sur le lit. L’hypnose était un jeu des plus amusant, en fin de compte.
- Je t’en prie. Soufflai-je l’observant enfoncer la douce lame dans ses entrailles alors que je tournai de force la tête de ma fiancée pour l’obliger à regarder ce magnifique spectacle. Allons Lizzie, est-ce que tu hésites encore ? Rapidement, j’attrapai la télécommande de la lampe UV. Tu sais ce que cela va lui faire. Veux-tu vraiment qu’elle ressente cela ? Veux-tu vraiment voir cette jeune fille brûler ? Soit. Si tel est ton désir.
Je n’avais même pas attendu sa réponse que j’allumai la lampe dans un ricanement mauvais. Quelques courtes secondes d’abord puis plus longtemps, jusqu’à ce que je sente la peau de la vampire cuire. Un délice, il allait sans dire. Arrêtant enfin la lampe, j’embrassai doucement ma fiancée, tendrement, caressant sa joue du doigt.
- Allons ma chérie. Réfléchis. Si tu signes maintenant, je ne la toucherais plus et lui donnerais du sang.
A ce mot, la réaction de Lizzie ne se fit pas attendre. Elle avait soif et cela se voyait. Ses yeux rouges m’observaient intensément. Elle voulait ce sang pour elle. Parfait. Elles n’auraient qu’à se battre après tout. Cela serait d’autant plus amusant.
- Mais si tu ne signes pas… A nouveau j’allumai la lampe. Elle souffrira comme elle n’a jamais souffert… Comme toi tu as souffert. Et je suis sûr que ce n’est pas ce que tu veux mon ange… Aedan ne viendra pas. Tu es seule et sa vie est entre tes mains. Alors… A toi de décider. Sois à moi ou tue la.
Le regard de Mia en disait long. Elle ne comprenait pas comment j’avais pu en arriver là, être aussi pitoyable. Oui… Pitoyable. Car c’était bien là ce que j’étais et je le savais. Je me sentais faible, impuissante et plus qu’assoiffée autant que je l’étais réellement. Mon propre regard trahissait cette faiblesse alors que je me relevai pour faire face à Dimitri. Bien sûr étais-je incapable de le tuer. Jamais, d’ailleurs, n’avais-je été capable de cela. Mais pour autant, je ferais tout ce qu’il était en mon pouvoir pour protéger ma famille et Mia faisait partie de ma famille. C’est pourquoi je me trouvai désormais devant le document que Dimitri désirait me faire signer, stylo en main. Je n’avais pas réagi à son baiser. Il me dégoûtait. De ses gestes à son odeur, tout, chez lui, me dégoûtait. Et pourtant je ne réagissais plus. Néanmoins, le geste qu’eus le vampire pour relever ma fille me fit gronder alors que je tournai plus ou moins rapidement la tête vers eux, sifflant de colère.
- Ne lui fais rien ! J’observai une respiration rapide, témoin de mon inquiétude alors que Dimitri se mettait à souffler quelques mots. NON ! Le coup de couteau me fit tressaillir alors que je serrai les dents et ma main sur le stylo sous les cris de ma fille. ARRETE ! Je vais signer !
Enfin, il la jeta sur le lit. Je soupirai à moitié de soulagement. Elle était loin de lui, c’était là tout ce qui comptait à mes yeux. Posant le stylo sur la feuille je fronçai les sourcils. Ma signature et ma loyauté contre la vie de Mia. Je n’avais, à vrai dire, pas d’autres solutions. J’acceptai donc. Evidemment.
- Fais pas ça !
Je sursautai légèrement sans même me retourner alors que je l’entendais ramper jusque nous. Le regard lourd, je fixai le papier. N’avait-elle pas donc compris que je faisais cela pour la sauver ? Petite sotte qu’elle était. La main crispée sur le stylo, j’entendais le nom d’Aedan, ce dernier me faisant gronder.
- Il ne viendra pas, Mia. Dis-je sévèrement alors que Dimitri reprenait la parole pour confirmer mes dires.
Au prénom d’Erika, je sifflai fortement. Cette petite traîtresse m’avait vendu et je peinais à croire qu’effectivement elle accepte de révéler où je me trouvais. Savait-elle au moins que Dimitri avait enlevé Mia aussi ? Était-elle assez traitresse et inconsciente pour l’avoir laissé faire ? Savait-elle au moins ce qu’elle avait fait ? J’aimais à croire que non. Une façon, peut-être, de me rassurer quant au fait qu’elle ne ferait pas de mal aux autres membres de la famille. A nouveau, Dimitri attrapait ma fille, me faisant largement siffler. Les yeux rivés sur lui je grondai alors qu’il reprenait parole. Il n’allait pas…
- Mia, non ! Grondai-je en lorsque je vis le couteau s’enfoncer en elle. Dimitri ! Laisse la part…
J’observai impuissant les allumages de la lampe UV, me levant immédiatement pour m’écrouler quelques courtes secondes plus tard, incapable de tenir correctement sur mes jambes. Le souffle coupé, je ne pouvais être que spectatrice de la douleur de ma fille alors que les lèvres du vampire se posaient à nouveau sur les miennes. Mes yeux plongés dans les siens je grondai de nouveau au mot « sang ». Quelques instants, seulement, j’avais oublié ma soif mais ce mot… Ce mot me rappelait à ma gorge brûlante, à ma tête sur le point d’exploser, à mon corps qui se battait chaque seconde avec l’envie d’abandonner toute conscience de cette soif. Ce fut les cris de la jeune vampire qui me sortirent de ma torpeur alors que Dimitri allumait de nouveau la lampe.
- Je vais signer ! Grondai-je. Ça suffit… Je te jure… tout ce que tu voudras… Continuai-je difficilement, ma gorge brûlant à chaque syllabe. Je ferais ce que tu voudras… Mais arrête !
Doucement, avec l’aide du vampire, je me réinstallai sur la chaise devant le bureau, stylo en main, pour signer le document sans attendre. Si c’était la seule chose à faire, je le ferais et je venais de le faire. Le regard fixé sur les papiers sur lesquels ornait désormais ma signature, l’air affligé au visage je serrais le poing.
- Laisse la partir… Grondai-je. Tu as ce que tu voulais... Envoie ces papiers et nous serons mariés… Elle ne te sert plus à rien… Je… Je grondai de haine contre lui autant que contre moi aux mots que j’allais prononcés. Je suis à toi.
Ce qu’il allait advenir de ma vie ? A vrai dire je m’en moquais, à cet instant. Je souhaitais seulement savoir que ma famille était en sécurité. Qu’Aedan ne souffrirait des agissements de Dimitri et que Mia se trouverait au plus de loin de lui. Faible ? Peut être l’étais-je. Mais la souffrance dues à mes blessures autant que l’effroi que je pouvais ressentir à le voir près de moi et surtout près de ma fille avaient mis un terme à mes dernières défenses.
- Je suis désolée, Mia… Soufflai-je la tête basse, fixée sur le bureau.
Désolée qu’elle ait pu ainsi voir la faiblesse de sa mère. Désolée de paraître pitoyable et désespérée face à elle. Désolée de faire honte à la famille entière à cet instant.
Ses mots raisonnent dans ta tête, perdant un instant ta contenance face à l'affirmation de ta mère. Était-ce vrai ? Ou avait-elle simplement perdu espoir ? Depuis combien de temps était-elle ici ? Tu fronçais les sourcils, lui lançant un regard plein de colère. Ce n'est pas ta mère.Ta mère est forte et n'abandonne pas. Tu refuses de la voir autrement que comme ça. Tu allais parler, essayer de la raisonner, lui crier de venir boire ton propre sang et de se battre comme la digne cheffe de famille qu'elle était.. Mais on te souleva à nouveau, tu sentais alors, certains de tes cheveux s'arracher sous la poigne, dans de désagréables picotements.
Enfin, c'était toujours plus agréable que la lame qui quittait ton ventre. Tu serras les dents, on pouvait voir que tes canines étaient de sorties. En même temps avec tout ce sang.. Il répéta qu'Aedan ne viendrait pas. En revanche, tu ne t'attendais pas à ces révélations. Ton visage se décomposa alors que le vampire disait que c'était ta sœur qui vous avait trahi. Abasourdi par la nouvelle, tu ne sentis pas immédiatement sa main se placer sur ta gorge.. C'est la dague qui te ramena à la réalité, d'une façon douloureuse.
▬ Tu mens !
Hurlas-tu dans un râle de douleur. Elle ne pouvait pas.. Elle ne l'aimait pas, mais jamais elle n'aurait fait ça ! D'un côté tu entendais les suppliques de ta mère, de l'autre les menaces de cet espèce de porc blond. A nouveau, il te somma de dire à ta mère de signer, mais tu t'y refusas. Alors, il te tourna et son regard te pénétra.
▬ Puisque tu sembles le vouloir… Je vais te donner cette lame, très chère. Et tu vas te l’enfoncer dans le ventre. Profondément. Et je t’interdis de bouger de ce lit.
Libérée de tes liens, tu attrapes cette dague qu'on te tend. Tu peux l'attaquer ! C'est le moment ! Ou pas. Contre ta volonté, tu obéis à ses ordres. De retour dans le lit, tu passes à l'acte, plantant l'acier dans la chair. Tu ne pousses pas même un cri, seul des larmes coulent le long de tes joues. C'était.. Douloureux. Tu finis par pousser un cri étouffé par la souffrance causée, alors que la garde t'empêchait d'aller plus profondément dans ta chair.
Et puis.. La lumière. Ni douce, ni chaleureuse. Non. Terrifiante et brûlante. Littéralement. Tu brûlais à petit feu devant cette mortel lumière. Bientôt l'odeur de ta chair brûler envahissait ton nez, puis la pièce et donnait la nausée. Tu n'étais plus attachée, mais tu n'étais pas plus libre. Tu restais sur le lit, à te tordre de douleur, à hurler, à pleurer, comme on te l'avait ordonné. Tu ne pouvais pas même tourner ta tête en direction de ta mère.. De toute manière, tu n'aurais pas pu la voir. Ta vue commençait à se troubler et tu te tordait dans tous les sens, vomissant des gerbes de sang sur le lit déjà bien entaché.
Les derniers mots que tu parvins à entendre avant de sombrer, furent ceux de ta mère.
La reddition avait quelque chose d’agréable. Observer une âme descendre si loin dans les enfers que son esprit préférait s’éteindre que de continuer à vivre était une chose parfaitement douce à mes yeux et c’était là exactement ce que je pouvais voir. La jeune fille que m’avait ramené mon majordome n’était pas ce que je lui avais demandé, c’était un fait, mais il semblait, pour autant, qu’il ait fait une bonne pioche. Elizabeth était en train de se sacrifier pour elle. La vampire, à mon grand contentement, s’abandonnait à mon bon plaisir pour sauver la vie de cette gamine. « Je suis à toi ». Ces mot résonnaient dans ma tête. Des mots que j’avais espéré depuis plus de cent ans. Enfin. Elle était mienne. Et doucement je me penchai au-dessus du bureau, vérifiant chaque signature qu’elle avait apposé sur les documents. Tout était parfait.
- Tu es donc devenue raisonnable, très chère. Lui susurrai-je en me relevant pour vérifier l’état de la jeune vampire.
Inconsciente. Mh. Cette vampire, cette « Mia » était bien moins résistante que sa protectrice. Dommage, il était vrai que l’envie de m’amuser davantage de cette lampe était présente. Enfin. J’étais néanmoins un homme de parole. Claquant des doigts, j’observai l’arrivée du Majordome que j’accueillais dans un large sourire.
- Nourrit cette jeune fille, dis-je en désignant Mia. Qu’elle reprenne des forces. Nous la relâcherons lorsque la nuit sera presque finie. Et ramène-moi une fiole de sang X en plus.
L’homme acquiesça, un léger sourire amusé aux lèvres, repartant rapidement chercher le nécessaire demandé alors que je me retournai vers Elizabeth, main caressant tendrement sa joue alors que je forçai son regard vers le mien.
- Vois-tu, je respecterais ma parole et cette enfant sera sauve et même libre.
Le majordome revint, m’obligeant à quitter ma bien aimée pour prendre en main la fiole qui m’était tendue tandis que le premier soignait l’adolescente. De retour près de la blonde, je débouchai le flacon pour le lui présenter.
- Je sais que tu as envie de sang. Alors bois, mon ange. Lui soufflai-je, esquissant un sourire.
Voilà une chose amusante, avec les vampires assoiffés, il semblait qu’ils puissent réfléchir au-delà de l’instant présent. Sans demander son reste, Elizabeth m’arracha le flacon des mains et avala d’une traite le sang qui lui était présenté, sans même prendre le temps de se méfier de ce dernier. Bien sûr aurait-elle dû faire attention, mais il me semblait qu’elle espérât que ce que je lui avais fait subir suffirait à apaiser mes nerfs. Ainsi, ricanant, je la vis tomber à genoux devant moi, chacun de ces muscles tendus, sa respiration saccadée. Oh, elle devait avoir mal. Très mal. Il y avait presque plus de poison que de sang dans cette fiole. Juste assez de sang, à vrai dire, pour que son esprit embrumé par la soif ne sente pas le reste.
- Ne crois pas que tu t’en sortiras comme ça, Elizabeth, lui soufflai-je en l’obligeant à me regarder dans les yeux afin que je puisse profiter de ces yeux d’un rouge parfait. Tu m’as fait attendre beaucoup trop longtemps pour que je joue les maris doux et aimants. Tu n’es qu’une sale petite traînée, après tout.
Peut être mon ton était-il trop doux pour que l’on s’y attende, mais même mon Majordome sursauta alors que ma main s’abattait plus que violemment sur la joue de la vampire, la faisant tomber au sol à un mètre de moi. Doucement, alors, je m’agenouillais près d’elle, l’obligeant à se redresser par ma main glissée sur sa gorge. Elle souffrait et plus elle avait mal plus j’appréciait le moment. Enfin avais-je ma vengeance…
- Tu vas souffrir mon amour. Tu vas souffrir comme tu n’as jamais souffert et tu finiras par me supplier de te tuer. Non pas pour sauver quelqu’un, ce serait trop d’honneur pour toi, mais pour mettre un terme à tes souffrances, et ainsi prouveras-tu à tous ta lâcheté.
A nouveau, je ricanai alors que mes gestes se faisaient plus doux, ma main, de nouveau, caressant tendrement la peau abîmée de la vampire tandis que mon bras l’attirait contre moi afin que je puisse déposer un baiser des plus amoureux sur ses lèvres entrouvertes de douleur, faisant lentement quitter sa bague de fiançailles de sa main gauche pour la jeter plus loin dans la pièce, sans même quitter ses lèvres si douces. Elle n'en aurait plus besoin, désormais.
Somewhere far along this road, He lost his soul To a woman so heartless.
Ft. Blondie, Mia, Boucles d'Or & Aedan
Il m’avait fallu environ cinq minutes pour m’armer et me préparer avant de gagner ma voiture avec impatience. Donovan n’avait pas tardé à me rejoindre, après tout il semblait que mes ordres avaient été d’une clarté absolue et qu’il avait préféré m’obéir sans broncher. Les doigts resserrés sur le volant, le jeune mercenaire m’observait comme s’il craignait que je n’arrache celui-ci du tableau de bord. Je devais avouer que j’étais passablement énervé et que je n’avais passer mes nerfs que trop brièvement sur Erika pour me détendre. Mais je n’avais pas le temps de jouer davantage, désormais, mes pensées étaient toutes redirigées vers ce salopard blond et sa petite tête de piaf que je rêvais d’écraser entre mes mains. L’heure viendrait et ce, bien plus vite qu’il ne pourrait l’imaginer car déjà, je me garais non loin de sa demeure. J’observais la baraque d’un œil mauvais, sentant presque le parfum de l’échec depuis ma position actuelle. Il souffrirait, ce n’était pas une promesse, plutôt une évidence. J’en tremblais presque d’excitation. A moins que ce ne soit la fureur qui me faisait serrer les poings si fort ? Je décidais de m’approcher davantage de la bâtisse, Donovan sur mes talons. A travers la fenêtre, je pouvais voir la lumière allumée dans ce qui semblait être respectivement la salle à manger puis la cuisine. L’étage aussi semblait éclairé. Mais pour l’instant, je me préoccupais surtout des deux gars que je voyais à travers la vitre. Baissant d’un ton, ignorant la nature de ces deux là, j’ordonnais au vampire à ma suite de s’occuper de celui qui se trouvait dans la salle à manger, tandis que je prendrais l’autre. J’ignorais si d’autres hommes se trouvaient à l’intérieur mais j’étais prêt à prendre le risque de rentrer sans être en possession de cette information. Si d’ordinaire je préparais mes plans en détail, je devais avouer que pour cette fois, j’allais laisser mon perfectionnisme et mes précautions habituelles de côté.
Une main sur la poignée, je poussais doucement la porte d’entrée, prêt à l’assaut si toutefois deux trous du cul attendaient juste derrière. Mais rien, personne. C’est que la blondinette à canne devait être bien confiante si elle laissait sa maison avec une surveillance aussi minable. Du menton, j’indiquais à Donovan qu’il pouvait y aller. Sans le moindre de bruit, je me fondis dans la cuisine, là où un simple humain était en train d’engloutir ce qui semblait être un sandwich improvisé. Levant les yeux au ciel face à cet affamé, je profitais qu’il m’offre son dos pour lui briser la nuque d’un geste sec. Retenant son corps par le col de son t-shirt afin de limiter le bruit, j’abandonnais ce dernier sur le sol de la cuisine, tournant les talons pour regagner l’entrée, presque dépité face à la simplicité avec laquelle on venait de se débarrasser du comité d’accueil. Parce que Donovan venait de réapparaître face à moi avec un petit signe de tête certifiant qu’il avait rempli sa tâche. Ne restait plus qu’à grimper les marches qui nous séparaient de l’étage. A pas de loup, je remontais l’escalier toujours accompagné du jeune noctambule. Soudain, je cessais tout mouvement, alors que des voix s’élevaient dans la pièce qui se trouvait juste sur notre droite et dont la porte était ouverte en grand. Les propos de cette enflure me firent crisper les doigts sur la rambarde, si bien que je décidais d’en ôter mes mains afin de ne pas risquer de la briser sous ma fureur grandissante. Et elle ne fit que croître encore lorsque l’odeur familière d’une petite vampire que j’affectionnais un peu plus que les autres me parvint, alors que je me mouvais de nouveau pour m’approcher de la porte. Je vis Donovan froncer le nez et mes iris se teintèrent aussitôt de rouge. L’odeur de chair brûlée qui nous parvenait était particulièrement désagréable, mais au-delà de ça, il était facile d’imaginer la douleur qui l’accompagnait.
Quelques pas de plus et je me trouvais sur le seuil de la porte, alors que la bague rebondissait sur le sol et atterrissait à mes pieds. Je retins un grognement en la ramassant sans le moindre bruit et plissais les yeux en balayant la pièce du regard. Un coup d’œil rapide porté sur le lit à notre droite et je fis signe à Donovan qu’il allait devoir se charger de l’enfoiré penché sur Mia. Sortant lentement la dague, que je réservais à la blondinette, de son étui, je m’approchais lentement de cette dernière en prenant soin de contourner l’armoire renversée et d’éviter de marcher sur les bouts de verre éparpillés un peu partout. J’espérais bien que ces 7 ans de malheur étaient réservés à Dimitri. Lorsqu’enfin je me trouvais derrière lui, je pris quelques secondes afin de lui enfoncer ma lame dans le haut de sa colonne vertébrale.
-S’il y a quelqu’un ici qui va souffrir comme il n’a jamais souffert, à tel point qu’il sera obligé de supplier pour que cela s’arrête, c’est bien toi.
Jetant un coup d’œil à Donovan, en prise avec celui qui s’apparentait visiblement au majordome de la maison, je vérifiais que celui-ci s’en sorte sans trop de difficulté. Si le vampire semblait faire preuve de résistance, j’arborais un petit sourire satisfait lorsqu’il tomba à genoux en tenant sa gorge profondément entaillée entre ses mains. Parfait, désormais blondinette était la seule encore vivante entre ces murs. Et comme j’avais pris soin d’enduire ma dague de tacca chantrieri avant d’atteindre sa moelle épinière, il ne risquait pas de tenir bien longtemps sur ses jambes. Mais ça, je me gardais bien de le lui dire. En revanche, je ne me privais pas de lui coller mon poing dans la tronche. Mais c’était très loin de me suffire, à tel point qu’il me fut nécessaire de lui administrer deux bonnes droites supplémentaires, frottant mes doigts abîmés par la force de mes coups.
-T’imagine pas comment ça fait du bien.
De nouveau, je me tournais vers mon partenaire de sauvetage.
-Emmène Mia dans la voiture, je m’occupe du reste.
Le temps pressait. L’état physiques des deux femmes était plus que préoccupant. A vrai dire, j’évitais de trop poser les yeux sur Amélia. Bien évidemment, c’était elle le plus important. Mais je ne pouvais pas me permettre de n’être empli que d’inquiétude. Si je me laissais distraire, je pourrais aisément commettre une erreur et dans notre situation, ce n’était pas même envisageable. Je tournais alors la tête en direction du bureau, fronçant un peu les sourcils avant de saisir l’un des papiers qui s’y trouvait, où la signature de ma compagne s’y trouvait apposée. Grognant aussitôt, je froissais ce dernier à l’intérieur de ma main avant de m’accroupir aux côtés du buveur de sang étendu par terre.
-Je doute que ce truc ait été obtenu à la loyal.
Sortant un briquet de ma poche, j’enflammais le document avant d'obliger ce crétin blond à ouvrir la bouche, le lui enfonçant à l’intérieur avant de plaquer ma main sur ses lèvres avec force.
-Mâche bien, il paraît que ça aide à digérer.
Enfin, je me tournais vers ma future femme, la portant comme une princesse en détresse qu’elle incarnait parfaitement en cet instant. Glissant sa bague de fiançailles autour de son doigt, là où était sa place, je soufflais doucement.
-Désolée Blondie mais j’attendrais que tu te sois brossée les dents pour t’embrasser, je voudrais pas avoir la sensation de rouler une pelle à ce connard. On sera bientôt au manoir, ça va aller.
Marchant sur le noctambule comme s’il ne s’agissait là que d’un vulgaire paillasson, je m’abaissais tout de même pour attraper sa cheville et le traîner derrière moi, sa tête heurtant chacun des obstacles entre la porte et nous. Mais ce n’était probablement là que le début car le passage de l’escalier fut mon préféré. Entendre son crâne cogner dans chacune des marches à mesure que l’on descendait me faisait sourire comme pas permis. J’installais bien vite Amélia dans la voiture avant de me diriger vers le coffre pour y foutre l’autre enflure à l’intérieur.
-Profite du trajet Boucles d’Or, ce sera ton dernier moment de répit.