Irina n'était pas arrivée depuis très longtemps en ville qu'elle se demandait déjà si elle ne ferait pas mieux de repartir. Ces dernières années, elle avait beaucoup voyagé, de villes en villes, de campagnes en campagnes...Découvrant énormément de choses, que ce soit en paysages, en cultures ou même en langues. Elle avait envoyé bon nombre de souvenirs à la ferme et elle le savait, ils étaient tous entassés dans sa chambre qui l'attendait sagement. Son sac était aussi particulièrement plein...De souvenirs. Quelques rares vêtements s'étaient logés comme ils l'avaient pu.
Le premier détour en posant pied dans cette ville avait été pour la puce. Elle avait du montrer l'exemple en se faisant pucer dès son arrivée. Ce qui n'avait pas vraiment été une partie de plaisir. Quand elle avait du donner son âge, l'homme en charge de remplir les données de sa puce l'avait fait répété plusieurs fois...et lui avait même demandé si elle se moquait de lui. Elle s'était contentée de lui expliquer que certains vampires étaient mêmes bien plus âgés qu'elle et qu'il allait devoir s'y faire. Tout en douceur et avec le sourire. Pour autant, ça n'avait pas rassuré ce pauvre humain qui tremblait de peur.
Dès qu'elle en eut fini avec cette paperasse, elle s'était dirigée vers la ferme...et avait bien failli se perdre plusieurs fois. La ville avait tellement changé pendant ses voyages ! Elle appréciait cette effervescence dans un sens mais elle avait hâte de rejoindre le calme de la ferme. Hâte de rejoindre sa famille, de retrouver les siens. En arrivant aux abords du parc, Irina leva les yeux au ciel, admira la lune et les étoiles un instant avant de les fermer, se concentrant sur son nez. Elle inspira fortement, comme pour retrouver ce qui était sa vie d'avant, quand elle vivait ici. Avec un sourire aux lèvres, elle se remit à avancer, direction la ferme ! Est-ce qu'il y aurait quelqu'un pour l'accueillir ? Elle avait appelé pour prévenir de l'heure approximative d'arrivée et...bon, bah, elle était en retard de deux heures. Les humains et leurs foutues paperasses...
Elle finit par atteindre sa destination et jeta un coup d’œil circulaire sur les lieux. Cet endroit avait bien évolué et les photos reçues pendant ses voyages ne la mettaient vraiment pas en valeur. Elle chercha à voir et à écouter, se demandant si certains vampires étaient là quelque part ou s'ils étaient tous dehors. Elle décida d'aller directement dans le salon, suivant les quelques bruits qu'elle entendait.
- Bonsoir tout le monde !
Elle avait parlé d'une voix franche et douce, accompagné d'un large sourire. Oui, elle était heureuse d'être là et à l'instant, elle savait qu'elle avait fait le bon choix. Elle ne repartirait pas. Plus jamais. C'était ici sa place. Elle posa son sac bien lourd sur une chaise, avec milles précautions vu qu'il contenait un vase ancien plutôt fragile.
- Alors, qu'est-ce que vous faites en cette douce nuit ?
Elle les observa un par un, cherchant à enregistrer le visage des petits nouveaux et à trouver ses plus chers amis. Où était Peter ? Elle qui se faisait une joie de le retrouver...
- Eh bien, je vois qu'il y a de nouvelles têtes. Je suis Irina Anastasya Kataïev, pour vous servir !
Elle leur adressa même une élégante courbette, digne des rencontres entre nobles datant de sa vie d'humaine. Elle espérait simplement être bien accueillie maintenant et que tous l'accepteraient sans trop rechigner, sans trop devoir s'imposer.
Pas de cuisine, aujourd'hui, bien que je sois à la ferme. Je suis plutôt en train de m'arracher les cheveux sur une démonstration de maths, qu'essaie de m'expliquer Diego, ce qui serait plus facile s'il ne faisait pas son kéké.
"Nan mais arrête de chercher à comprendre, contente toi d'appliquer! Les femmes sont pas assez mathématiques pour que tu comprennes, de toutes façons!"
"J'te signale que c'est les calculs d'un groupe de femmes qui ont permis à l'homme de marcher sur la lune, bekélé!"
A la crispation de Diego, je me rends compte de l'impair: Tina ne supporte pas les injures, même en d'autres langues, on va se faire engueuler... Mais non, même pas. Elle est en train de discuter avec Célia d'un bouquin, et ne prête aucune attention à notre dispute, certes à voix basse, mais bon, on est des vampires quand même! Et puis il y a une ambiance bizarre, depuis notre arrivée de chez Lucio. Une sorte d'attente latente.
"Une idée de ce qui leur prends?"
Un haussement d'épaules me répond tandis qu'il prend un cookie dans l'assiette devant nous.
"Il a du se passer quelque chose pendant que je dormais, elles sont comme ça depuis mon réveil."
Ca m'avance pas. Autant se remettre sur cette épineuse démonstration de calcul d'intégrale qui me pourrit la vie... Je sais pas trop ce que font les autres pendant que je me torture les méninges et met la patience de Diego à rude épreuve. Mais la voix inconnue qui précède l'entrée d'une femme tout aussi inconnue nous fait relever la tête de mon livre.
"Bonsoir Irina! Tu as fait bon voyage?"
La joie dans la voix de Célia est perceptible, tandis qu'on lui fait écho d'un "bonsoir" par réflexe. La nana inconnue semble rentrer de loin, vu le machin qu'elle se trimballe tout en parlant. Qu'est-ce qu'on fait... Des maths.... Et on se fait chier avec! Bon et vu sa courbette c'est une vieille vampire, voire une noble. Comment ça comment je le sais?! Elle fait genre la révérence, la nana! Comme Lucio ou Kat, qui je le sais ont une "certaine éducation". Par contre Célia, j'l'ai jamais vue en faire une... Bref. Je referme la bouche (je m'étais pas rendue compte que j'l'avais ouverte en buguant) avant de répondre, un peu hésitante...
Julian venait d’arriver à la Nouvelle-Orléans. Cela faisait à peine plus de quatre heure. Le temps de sortir de l’aéroport, de récupérer sa valise et de trouver un taxi. Avantage de la vie à la grande ville, il y avait toujours des transports, quelle que soit l’heure. D’autant qu’il ne connaissait nullement cette ville. Deux choix s’offraient alors à lui. Le premier, était de se diriger chez son amie, chez Elizabeth. Il savait qu’elle avait bien assez de chambre pour l’accueillir le temps de trouver un logement plus fixe et il était persuadé qu’elle ne lui refuserait pas l’hospitalité au moins le temps de la journée de demain. Pour autant… Julian ne pouvait se résoudre à se rendre de la sorte chez elle. La raison était simple : elle ne vivait pas seule mais entourée de vampires qu’il n’était pas réellement certain d’apprécier « à leur juste valeur ». Son second choix lui semblait être alors le plus judicieux, tant pour lui, que ses nerfs ou encore l’avenir car c’était bien vers l’avenir que ce dernier se tournait aujourd’hui. Ce choix était celui de la ferme végétarienne dont l’adresse lui avait été expressément envoyée par Irina. A vrai dire, le vampire ne savait pas si cette dernière était rentrée de son dernier voyage, mais peut être que son simple nom suffirait à ce qu’on lui accorde une journée de repos. Voire un peu plus. Julian avait en effet l’idée, après d’intense réflexion, qu’il était temps, pour lui, d’intégrer un groupe qui lui permettrait enfin de vivre pleinement d’un régime végétarien. Cela faisait, pour tout avouer, déjà plusieurs années qu’il s’était mis à ce régime alimentaire, mais il était vrai que sans ressource fixe, cela n’était pas réellement des plus évident, notamment dans les villes développées où les fermes se faisaient très rares, voire inexistantes, l’obligeant à revenir à la nourriture basique du vampire : l’humain. Bien sûr faisait-il cela dans le respect et le consentement de l’autre, mais ce n’était toujours pas quelque chose qu’il appréciait réellement.
Il fallut près de quarante minutes de route pour atteindre les abords de la Foodie’s Farm. Payant taxi et récupérant bagages, Julian se retrouva seul devant l’entrée du domaine. Soupirant, il avança sans trop hésité. Il avait bien l’habitude de ce genre de situation, ne comptant plus le nombre de fois où il avait dû se faire héberger chez l’habitant pour éviter, en catastrophe, les premiers rayons du soleil. Il pouvait d’ailleurs se targuer d’avoir su faire changer quelques mentalités vis-à-vis des vampires. Arrivé face à la porte, le vampire toqua trois fois. Rapidement, l’idée lui vint que l’on pourrait malgré tout le refuser. Après-tout n’avait-il pas prévenu de son arrivée, quoique pour sa défense, il ne pensait pas qu’il pourrait arrêter si tôt son emploi d’avocat à Pékin, où il s’était jusque-là installé. Enfin. Si la porte restait close, il n’aurait, après tout, qu’à appeler Elizabeth. Elle restait présente, quoiqu’il puisse arriver. Il n’avait qu’à espérer qu’il n’ait pas besoin de cette solution qui le réjouissait sans pour autant le mettre à l’aise. Mais enfin, la porte s’ouvrit. Arborant son sourire le plus chaleureux, un sourire naturel, somme toute, pour l’homme qu’il était, il salua celui qu’il espérait être son hôte.
- Bonsoir ! Je m’excuse de cette arrivée si tardive mais je me demandais s’il était possible d’obtenir asile pour la journée de demain et d’obtenir une audience avec votre responsable de groupe.
Ainsi n’y avait-il plus qu’à espérer que ces deux demandes soient acceptées, en découlerait sûrement tout son séjour à la Nouvelle-Orléans. Que ce dernier soit court ou bien plus long que prévu.
Les journées d'activité à la ferme... Bon, je ne vais pas dire que je viens très souvent ici mais parfois je viens rendre visite ici à ma protégée qui, souvent, jouait la jeune maîtresse queuse des lieux pour quelques bénéfices que ce soit. Manger est perdu, la nutrition est bien inutile pour un vampire mais je persiste dans cette vilaine habitude afin de garder en moi un semblant d'humanité, assurant ainsi que lorsque je dois aller rencontrer une entreprise de disques ou autre, je ne suis pas à les regarder manger en buvant une coupe de sang et les mettant mal à l'aise. Sauver les apparences est, mine de rien, ce qui m'importe le plus très souvent mais ce jour, j'avais été déçu de découvrir que la jeune vampire avait prit retard dans ses devoirs mais je n'avais pas à faire une éducation sur ce point, les études supérieures de cette génération bien au-dela de ce que je sais et sans le moindre sens pratique au commun des mortels. C'était donc au salon que j'avais prit place pour jouer doucement un peu de musique, non pas au cello qui est un peu trop encombrant mais plutôt mon violoncelle afin de mettre un peu d'ambiance sans pour autant étrangler les conversations.
Quelques-uns écoutaient sans trop d'égards, d'autres veillaient à leurs activités mais, au final, je faisais cela pour moi-même et non pas pour qui que ce soit ici. J'étais ici aussi pour veiller sur cette jeune femme sans que celle-ci sache que j'avais entrepris les démarches pour prendre sa tutelle légale. Oh, c'était idiot... Très idiot même, je n'avais aucun lien de sang et pourtant je l'aidais de mon mieux. Ce même mieux qui avait été de lui donner du sang humain dans son sang animal et que j'avais depuis cessé pour mettre fin à une supercherie lorsque celle-ci m'avait presque prit en défaut. La conscience était que si j'étais incapable de la laisser me voir faire, c'était un mal.
J'étais dans cette optique, déterminé de voir comment avançait ma jeune protégée lorsque je remarque une personne inconnue entrer dans la pièce, une jeune femme fort jolie qui semble être connue de quelques-uns des plus anciens vampires qui vont la voir. Je termine mon morceau avant de ranger mon instrument. Je regarde Alyssa se lever et aller vers celle-ci et je note le nom de la femme, figeant un peu. Oh, je connaissais le nom de la fondatrice de la Ferme mais la rencontrer et la voir faire une révérence est quelque chose de bien étrange alors que je me sens.. Comment dire? Je peux enfin sentir que je ne suis pas aussi désuet alors que j'écoute ce que ma protégée dit. Un sourire me vient aux lèvres alors que j'approche et pose une main bienveillante sur l'épaule de celle-ci, me penchant pour parler à son oreille.
"Tu peux certes saluer une demoiselle mais tes devoirs doivent aussi être faits, Alyssa."
Oui, je voyais bien que ma protégée voulait fuir ces mathématique à tout prix et que cette distraction était la bienvenue mais je ne la force pas d'aller les faire de suite.
"Mademoiselle Kataïev est la fondatrice de la ferme et, en quelque sorte, l'une des principale instigatrices du mouvement végétarien."
Je ne le dis pas trop fort, peu désireux de mettre ma protégée dans l'embarras et m'écarte avec prudence d'elle pour venir face à la femme et m'incliner pour prendre sa main et y poser un baiser galant.
"Je suis Lucio Morandi, enchanté senora, un plaisir de vous rencontrer."
Je relache ses doigts avec un sourire calme, charmeur sans pour autant être dragueur et ma prise comme mon baiser sont très délicats, montrant un respect et non pas l'autre tendance du baisemain qui indique une intention plus... "charnelle", dirons-nous. Cependant, je ne pousse pas la chose davantage et remarque un nouvel arrivant qui fait part de ses intentions de demander un lieu... Un sourire me vient alors que je regarde la fondatrice.
"Dois-je aller chercher notre directeur actuel ou souhaitez-vous vous entretenir avec lui?"
Évidemment, à peine arrivée dans le salon, Célia est là pour l'accueillir et Irina éprouve un réel bonheur de revoir ce bout de femme. Sans hésiter, elle la sert contre elle...d'un air un peu maternel, il faut bien l'avouer mais elle a beaucoup d'affection pour la vampire.
- Je suis heureuse de te revoir Célia. Tu es vraiment devenue une très belle femme !
Certes, un vampire ne vieillit pas mais il y avait certaines choses qui ne trompait pas pour quelqu'un l'ayant connu humaine ou même jeune vampire. Célia grandissait, murissait et ça se voyait. Elle relâchait à peine Célia qu'elle remarqua une autre jeune femme aux côtés de sa création. Elle l'observa de haut en bas, sans paraitre malpoli. Elle essayait de mettre des noms sur les visages. Célia lui avait envoyé beaucoup de photos.
- Mmh...et tu dois être Tina, c'est ça ? Merci ce que tu fais pour la ferme.
Un sourire et on continuait les présentations. Elle avait le temps d'apprendre à tous les connaître. Finalement, une demoiselle attira son attention, se présentant et annonçant clairement qu'elle était la dernière arrivée. Ou alors la plus jeune. Elle ne semblait être qu'une enfant encore ! Qui avait pu la transformer ? Irina croisa le regard de Célia, elle aurait beaucoup de choses à lui expliquer. Elle s'approcha alors de l'enfant et lui adressa un doux sourire.
- Enchantée de te connaître Alyssa, j'espère que ta vie dans cette ferme te plais. Et que tu n'éprouves aucune difficulté à la mener.
Que ce soit à être heureuse ou dans le contrôle de sa soif de sang. Elle se tourna ensuite vers le jeune homme, surement récemment arrivé car elle n'avait pas l'impression que Célia lui en avait parlé.
- Toi et ton ami êtes les bienvenus ici et si vous avez besoin de quoique ce soit, il ne faut pas hésiter. Ma porte reste ouverte, qu'importe l'heure et qu'importe la raison. Je serais toujours ravie de vous aider !
Des mots sincères, une voix douce, Irina cherchait à devenir une aide pour ces jeunes gens même si elle savait parfaitement qu'elle devait d'abord gagner leur confiance. Mais tout ceci viendrait au fur et à mesure. Rapidement, le seul autre homme de la pièce s'approcha. Clairement plus âgé que le premier celui-là.
- Si je peux me permettre, j'ai aidé à sa création mais je ne suis pas à l'origine de l'idée. J'étais encore trop jeune à l'époque pour pouvoir me permettre de telles ambitions. Maintenant, je ferais en sorte que tout ceci perdure comme il le souhaitait. J'ai repris avec plaisir cette charge et je compte bien faire de mon mieux pour que la ferme évolue vers un bel avenir.
Elle avait pris beaucoup de décisions à distance, maintenant, elle ferait tout d'ici, depuis la ferme même, ce qui serait bien plus simple. Elle aurait toutes les données ou presque toutes...et pas seulement la parole de ses proches et amis.
- Pour ce qui est des devoirs de la demoiselle, ce n'est pas toujours passionnant et parfois une pause peut s'avérer nécessaire. Notamment pour mieux reprendre par la suite. Que diriez-vous d'échanger un bon repas ? Elle pourrait reprendre après...du moins, si ça te conviens aussi Alyssa.
Même jeune, l'adolescente devait bien être capable de prendre des décisions, non ? Et puis, elle avait appris avec les années, que certaines personnes de cet âge n'aimaient pas qu'on parle d'eux comme s'ils n'étaient pas là. Elle laissa alors le dénommé Lucio lui tirer sa révérence et lui faire un baisemain. Preuve qu'il était d'un âge déjà bien avancé pour connaître les us et coutumes de ce salut très respectueux.
- C'est un plaisir aussi, Lucio Morandi, j'ai beaucoup entendu parler de vous.
Puisqu'il partait sur un vouvoiement, elle en ferait de même, bien qu'elle n'estimait pas cela nécessaire. Rapidement, leur conversation fut interrompue par l'arrivée inopinée d'un nouveau vampire qui demandait l'asile. Et à la rencontrer.
- Je vais m'en charger. N'oubliez pas qu'on ne refuse pas l'abri à un vampire dans le besoin.
Autant prendre de suite ses nouvelles responsabilités en main. Elle se dirigea vers la porte pour accueillir le nouveau venu et s'arrêta net. Elle le connaissait. Son visage lui disait quelque chose ! Elle fouilla sa mémoire jusqu'à se rappeler l'échange de courriers avec cet inconnu, vampire, qui lui avait envoyé bon nombre de photos pour qu'ils se reconnaissent lors d'une potentielle rencontre. Elle lui en avait aussi envoyé en échange, dans la même idée. Et bien sur, elle l'avait invité à venir jusqu'à la ferme même si elle ne s'imaginait pas le voir si tôt ! - Julian ? Quel plaisir de vous rencontrer enfin ! Entrez donc ! Et bien sur que nous allons vous offrir l'asile, je vous l'avais promis. Sacré hasard que de voir ici alors que je viens tout juste d'arriver aussi. Je pourrais presque croire que vous l'avez fait exprès !
Elle lui adressa un large sourire, véritablement heureuse de le rencontrer. Elle l'invita à le suivre jusqu'au salon où l'attendaient ceux qui l'avaient accueilli à son arrivée. - Mes amis, je vous présente Julian Moore, je vous demande de l'accueillir chaleureusement. Il va rester avec nous...Combien de temps d'ailleurs ? Est-ce pour une nuit ou plus longtemps ?
Elle espérait réellement que ce soit la deuxième option. Ce serait une occasion de voir si leur amitié pouvait survivre à un face à face ou si elle n'était faite pour vivre que sur le papier. En attendant de connaître la réponse, Irina laissa son regard passer d'un membre à l'autre de sa famille. Elle était tellement contente d'être rentrée, elle était chez elle, parmi les siens et étaient sure d'avoir fait le bon choix en revenant ici.
Un regard noir accueille la réprimande de Lucio. Je voudrais bien l'y voir moi avec ces foutues intégrales! Surtout que je m'y perds parce que je vois pas à quoi ça sert alors démontrer un truc que je ne conçois pas... Etudier seule a des avantages... Mais aussi de sacrés inconvénients quand on ne comprend pas convenablement. La fondatrice de la ferme? Qui nous souhaite de bien vivre notre vie, de vampire ou à la ferme, je ne sais pas trop. Je détourne les yeux des siens, pendant que Lucio la salue. Faire une pause dans cette explication biscornue? Volontiers. Même si je n'appellerai pas un repas un bol de sang. Je ne suis pas sure, d'ailleurs d'avoir déjà partagé un repas avec d'autres de la ferme, depuis mon arrivée. Elle semble très demandée, puisqu'elle s'en va aussitôt accueillir un nouvel arrivant. Pendant qu'elle n'est pas là, Célia s'éloigne, et je l'entends frapper à la porte de Julia
"Ramène toi! On a de la visite! Irina est rentrée!"
Je ne suis pas sure que dire à une associale j'ai du la voir moins que les doigts d'une main depuis mon arrivée qu'il y a du monde soit un argument sufisant pour la faire sortir de sa grotte, mais la mention d'Irina suffit a faire pointer une tête blonde ebourriffée dans le couloir. Ils la connaissent tous, du coup?J'ai l'impression désagréable d'être "à l'écart", encore une fois, et je déteste ce sentiment. Est-ce que Célia s'en rend compte? Toujurs est-il que précédent la... cheffe du coup? Elle se glisse à nos côté, tandis que Julia gromelle un "bonjour" à la ronde, sans regarder personne, et offre un signe de tête vers Irina et le nouvel arrivant, avant de s'installer près de la porte.
"Ne soyez pas nerveux les jeunes. Irina est très gentille. C'est elle qui m'a redonné vie, vous savez?"
Bon, elle se méprend sur nos sentiment. En tout cas sur les miens. Pas très grave. Et il est difficile de passer à côté de la fierté et de l'amour dans sa voix quand elle évoque sa parentée avec la vampire. Qui m'étonne, et je regarde à nouveau la vampire âgée qui présente le nouveau. Résident temporaire ou permanent? M'enfin, ce qui m'étonne surtout c'est que je crois que c'est la première fois que je rencontre un "parent" vampirique. Il y en a donc? Ah et sinon, y a toujours un nouveau. Et elle a parlé de repas tous ensemble...
"Bonjour. Est-ce que je dois mettre le couvert?"
On est combien, là? De l'oeil je calcule le nombre de couverts à poser... Je mets quoi comme couverts à chacun d'ailleurs? D'habitude je me contente d'un bol orné d'un nesquick, mais là j'ai l'idée que ça le fera pas... Assiettes creuses et cuillères à soupe, peut-être? Où est-ce qu'on a ça?
Julian haussa les sourcils, affichant un large sourire à la vue d’Irina, remerciant l’homme qui lui avait ouvert d’un hochement de tête.
- Je suis tout aussi enchanté, Irina. Je m’excuse, j’aurais dû prévenir mais les événements se sont un peu trop précipités pour m’en laisser l’occasion. Comment s’est passé votre dernier voyage ?
Sans attendre, bien ravi que l’asile lui soit accordé malgré les conditions toute particulière, le vampire suivit son hôte jusqu’à ce qui semblait être le salon. Un salon empli de bien des vampires à ce qu’il pouvait voir. Leur adressant à tous un sourire chaleureux, l’homme s’inclina légèrement alors que la jeune femme le présentait. A sa question, il esquissa un sourire.
- J’avais pour espoir de m’établir quelques peu à la Nouvelle-Orléans. Un cabinet d’avocat recrute alors… J’aimerais en profiter pour connaître votre vie et votre alimentation plus en profondeur afin de la pratiquer à mon tour.
Le ton était, au moins, donné. Il n’était pas végétarien, il n’en avait jamais vraiment eu l’occasion. Mais il souhaitait plus que tout cesser de devoir blesser des humains pour cela. A espérer, cependant, que cela ne dérange personne ici. Il paraissait que le sevrage pouvait être compliqué, et surtout pour les plus jeunes. Peut-être qu’à son âge cela lui serait plus facile. Il fallait le croire ou tout du moins l’espérer, afin de garder une certaine tranquillité d’esprit.
- Mais je ne désire pas m’imposer pour autant, je veux m’assurer que cela ne pose aucun problème de me voir rester.
Cela était bien entendu lancé à Irina, mais aussi à tous les vampires présents dans la pièce. Julian ne voulait en déranger aucun. Et dans le cas contraire, il était certain qu’il trouverait une autre solution.
- Dans tous les cas, salua-t-il ravi, je suis plus qu’enchanté de vous connaître. L’on m’a beaucoup parlé de cet endroit et j’avoue avoir hâte de le visiter.
Le vampire esquissa un sourire alors que l’une des jeunes vampires posait une question fort intéressante. Des couverts… Pour tout avouer, il n’en avait jamais vraiment utilisé depuis sa transformation il y a bien trop longtemps maintenant, et il craignait fortement de ne plus savoir s’en servir de façon convenable. Ses habitudes alimentaires étaient pourtant simples. Lorsqu’il le pouvait, il se contentait de poche de sang humain, avec ou sans verre. Lorsque cela lui était impossible, lors de ses longs voyages notamment, il cherchait à se nourrir à la source, sur des humains en bonne santé et consentants. Les couverts n’étaient donc plus réellement d’actualité dans sa vie, mais s’il fallait cela pour s’habituer à cette demeure, il réapprendrait à manger « humainement », alors. Il savait cela possible, alors pourquoi pas.
L'importance de toujours être bien vu, de ne jamais faire un geste déplacé en rencontrant quelqu'un de nouveau, surtout quelqu'un qui a de l'importance en ce bas-monde n'est pas perdue pour moi, ancrée par des années et des années de vie dans un monde de coupe-gorges qui n'ont pas le moindre quartier. Irina Kataïev... Un nom indubitablement venu de l'ancienne URSS mais je ne saurais dire avec exactitude ce qui en est. Le regard de ma protégée cependant ne me fait pas un véritable pli, un sourire me vient même de la voir se mettre en rogne, une réaction typique de son âge dans cette époque. Lentement je retire mes doigts de la paume de la vampire ainée et lui offre un sourire compréhensif de son reproche quant à ce qui en est.
"Vous avez raison, bien entendu, chaque chose en son temps et heure, il semble que le moment soit aux réjouissances, n'est-ce pas?"
La ferme s'active, la majorité des gens s'éveillent de la présence de la Reine des abeilles, une femme très intéressante qui ne prend pas le crédit que je lui offre mais, cela fait, je me retrouve comme si j'avais ignoré le fait qu'elle n'est qu'une aide des fondateurs originaux de la ferme. Les gens vont, viennent, la folie de mouvements que j'observe avec un poil d'amusement détaché, la folie de la jeunesse... Alors qu'Alyssa semblait se concentrer sur le repas potentiel, j'envoie un message rapide de mon appareil téléphonique pour qu'une des végétariennes manquant vienne nous rejoindre. Viviane avait acceptée une étrange position dans ma demeure en échange d'une chambre et d'un peu d'argent et, en échange, elle aidait à ce que les vilaines langues taisent que j'avais pris en ma demeure Alyssa. "Irina est à la ferme, nous allons tous manger ensemble". Envoyé mais avant que je puisse me détourner, je suis pris un peu de court du compliment de la part de la femme. Ah, elle connait donc ma réputation? Une notion amusante ou inquiétante car elle semble assez vieille, son coeur battant lentement indiquant son âge avancé. Que savait-elle?
"Je suis honoré, mademoiselle, il est toujours délicat pour moi de faire faire reconnaissance de mes oeuvres par le passés perdues et offertes mais si vous dites avoir entendues, j'en suis ravi. Peut-être pourrai-je vous divertir un peu plus tard lorsque vous serez installée de nouveau."
Cela dit, je regarde ma protégée alors qu'elle semble compter les têtes et souffle pour elle
"Viviane sera ici dans une demie-heure environ, penses-tu que nous pourrons l'attendre?"
Je range les choses de la petite afin d'éviter que ceux-ci ne se perdent, oh, elle l'aurait fait éventuellement mais pour l'instant, je remet avec soin les choses dans le sac avant de regarder le nouveau venu. Celui-ci parlait de s'établir ici et qu'il travaillerait comme avocat? Une notion intéressante alors que je regarde en coin la femme, curieux de savoir si elle va porter attention au potentiel profitable d'avoir un d'eux pour tout cas de médisance envers nous. Un sourire me vient et je vais donc vers lui et lui tend la main.
"Bienvenu à la Nouvelle-Orléans. Nous sommes une famille assez unis mais nous ne mordons pas vraiment." Une pointe d'humour de vampire, oui oui. Peut-être pourrons-nous faire le tour après le repas mais, je crois, la priorité serait de vous trouver une chambre, jeune homme."
Irina ne savait plus où donner de la tête, il y avait d'un côté les jeunes qui la regardaient d'un air éberlués pour certains, ceux qui la connaissaient et qui souhaitaient attirer son attention...et le nouveau venu. En attendant, Célia était allée chercher Julia pendant que Tina retournait la ferme à la recherche de son frère...surement endormi quelque part. Ah dehors sur un arbre à en croire les discussions qui leur parvenaient. La vampire ne put s'empêcher de sourire largement.
- Je constate que beaucoup de choses n'ont pas changé ici ! Et bonjour Julia, c'est un plaisir de te revoir !
Célia reprit alors la parole pour rassurer aux jeunes en leur promettant qu'elle était très gentille. Mais surtout, Irina avait parfaitement capté la fierté qui ressortait dans sa voix. Elle s'approcha de sa fille et lui ébouriffa les cheveux, un sourire tendre aux lèvres. - Oh mais, je peux très bien mordre s'il le faut aussi !
Elle afficha un air espiègle, preuve qu'elle savait encore s'amuser et blaguer malgré les nombreuses années vécues jusque là. Lucio reprit alors la parole et Irina hocha la tête.
- Si vous parlez de jouer de la musique, je veux bien en effet. J'en ai énormément entendu parler, alors il me tarde de pouvoir me faire mon propre avis !
Peut-être qu'elle allait lui mettre une légère pression mais ce n'était pas le but. Elle était réellement pressée de l'entendre jouer. La musique avait traversé les époques et les générations, un lien entre tout ceux présents dans cette pièce finalement. A la question de la jeune Alyssa, Irina réfléchit un court instant.
- J'ai peut-être quelque chose...
Elle fouilla dans son sac et en sortit un lot de jolies assiettes, aussi bien plates que creuses qui valaient clairement une petite fortune à cause de la décoration. Irina avait craqué en les voyant sans trop savoir ce qu'elle comptait en faire...Décoration ? Utilisation ? Sachant qu'elle ne mangeait pas de nourriture solide, la majorité risquait de prendre la poussière. Mais elle était ainsi ! Face à une reproduction exacte et impeccable d'un art très ancien de porcelaine, elle ne pouvait résister.
- Il devrait y avoir ce qu'il faut là-dedans. Attention, c'est très fragile.
Elle les confia à l'adolescente, dans leurs emballages multiples et épais avec un doux sourire. Oui, elle faisait confiance à une inconnue et oui c'était risqué...Mais elle estimait qu'il fallait toujours faire confiance et de laisser chacun faire ses preuves. Les mesures ne viendraient qu'en cas de bêtises, pas avant. Entre temps, Julian, qu'elle avait abandonné en revenant dans la pièce, reprit la parole. Un avocat ? Intéressant !
- Eh bien, nous expliquons toujours notre mode de vie à quiconque le souhaite, alors nous le ferons pour vous aussi, avec grand plaisir. Nous allions justement passer à table, le temps de tout préparer...Et vous allez pouvoir goûter votre premier repas végétariens. Pour le reste, les avocats sont toujours très recherchés. Si jamais notre mode de vie vous conviens, nous pourrons reparler de vos compétences. Mais prenez d'abord le temps de nous découvrir, nous et notre vie. Et pour répondre à votre question précédente, mon voyage a été...écourté et plus rapide que prévu, surtout le retour. Néanmoins, je n'en regrette absolument rien.
Après tout, Irina avait longuement parlé à Julian de la ferme et de la fierté qu'elle en tirait de cet endroit. Elle aimait énormément ce lieu et les personnes qui y résidaient. C'était sa famille comme elle l'avait si souvent répété. C'était aussi sa maison, un lieu où elle pourrait toujours revenir, qu'importe l'époque. Irina déplaça son sac, annonçant qu'elle allait le monter dans sa chambre. Elle en profita pour déballer les paquets fragiles, notamment le gros vase, enfin déballer...Les poser à plat sur le sol pour qu'ils ne s'abiment pas au contact des uns et des uns en étant compressé dans son sac. Au retour, elle croisa Tina qui ramenait un Mike assez boudeur. Elle les prit par les épaules, en souriant.
- Allons, allons, arrête de bouder Mike, ce soir on fait la fête ! Tu auras comme ça, une excellente raison de dormir longtemps quand on ira se coucher !
Elle les relâcha pour entrer dans la pièce, suivie de la fratrie, Tina joyeuse, Mike plus enclin à faire la fête d'un coup. L'idée d'avoir la permission de dormir longtemps l'enchantait...En plus d'une bonne soirée.
- Alors, est-ce que quelqu'un a pensé à acheter une bonne bouteille de vin rouge ?
Elle laissa le temps à la famille de réagir et voir si quelqu'un avait ce genre de choses en stock. Ce n'était pas comme du sang, certes, mais toujours agréables au palais...Enfin, pour certains. Pour les habitués. Elle se rapprocha alors de Julian.
- Mon cher ami, chassez donc vos inquiétudes et vos doutes. Ici, nous accueillons tous vampires demandant l'asile, surtout quand il souhaite éprouver notre mode de vie. Nous estimons qu'il faut toujours offrir une chance à ceux qui désirent la saisir. Alors, ce soir, vous serez notre invité et peut-être que demain, vous serez un frère pour nous tous ?
Ça ne prendrait pas qu'une nuit, évidemment, mais c'était une façon de parler pour dire qu'il pourrait très bien faire partie de la famille un jour. Elle regarda alors autour d'elle.
- Est-ce que tout le monde est là ?
Venant tout juste d'arriver, elle n'avait pas encore enregistré tous les habitants de la ferme. Et puis, il suffisait qu'il y ait d'autres jeunes comme Alyssa et Diego qu'elle ne connaitrait pas...Donc, la politesse exigeait de demander et de s'assurer que c'était le cas pour commencer la fête. Même si elle avait déjà un peu débuté finalement...
Trop d'effervescence à mon gout dans ce salon. Trop de monde aussi, avec Julia qui se rajoute, grommelant une réponse à Irina sans quitter le sol des yeux. Lucio et Irina parlent musique et je soupire à l'idée de subir encore plus de musique classique. Bon sang qu'est-ce qu'ils ont contre le métal l'électro-pop, le rock...? Un chuchotement de Lucio qui me prévient de rajouter un couvert, et à qui je dois reprendre mon sac pour le reposer sur la table. Qui va me les prendre, d'abord? Et c'est mieux de rester ouvert à la bonne page, ça incite à s'y remettre! Ouais, ou pas. De la part de la russe, je me vois fourrer une pile conséquente d'assiettes dans les bras, assorties d'un avertissement qui, réflexe, me pousse à assurer ma prise. Et je descend armée de tout ça vers la cuisine, laissant les plus vieux discuter, rassurer le nouveau venu Je parie qu'il fera la gueule en goutant au sang de poulet. Voire bien avant! sur son acceptation parmi nous. Le problème étant surtout de si lui s'accoutumera. J'entends les voix qui décroissent alors que je descend pour ne plus devenir qu'un bruit indistinct, tandis que je descend à la cuisine, rejointe par Julia.
"Alors, Julian, laisse moi te nommer un peu tout le monde, que tu t'y retrouve. Oh et fais pas gaffe, je tutoie toujours les membres de la famille. Donc dans l'ordre décroissant, tu connais déjà Irina, notre doyenne." Une interruption dans le discours gouailleur de la vampiresse, de manière à laisser l'interpellée commenter, ou se présenter un peu plus."Ensuite, Lucio, qui habite en ville." La encore, un silence de quelques secondes, alors qu'elle désigne le musicien de la main, avant d'indiquer le frère et la sœur."Puis Tina et son frère, Mike. Ensuite il y a moi, Célia la magnifique, mais Célia suffira. Après, Viviane, qui est... Elle nous rejoint ou pas?" Cette fois elle se tait pour laisser parler Lucio. Et sitôt la réponse donnée, elle embraye à nouveau. "Ok. Et Julia, qui est descendue. Ne t'inquiète pas de ses manières abruptes, sortie de ses chiffres elle n'aime personne. Enfin, les bébés du groupe... Diego et enfin Lyssa, la petite noire qui est descendue avec Julia. Ne t'inquiète pas, aux dernières nouvelles, on ne mord pers..."
"MIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIKE! QU'EST-CE QUE TU COMPRENDS PAS DANS "NE PAS TOUCHER" ESPÈCE DE GOINFRE?!"
sonne...
Oui, le hurlement de banshee, c'est moi. Moi qui vient de découvrir que sur les 20 sucettes que j'avais placées au frigo pour qu'elles figent il n'en reste que 17. Idem pour mes tuiles à base de sang et de blanc d’œuf en neige. Moi qui, après avoir disposé joliment les assiettes creuses (déballées) autour de la table, accompagnées de cuillères à soupe issues d'un service gagné à la tombola ça fait un peu dépareillé, mais bon et de verres de cristal dénichés par Julia, voulait utiliser les assiettes plates comme plats pour un apéro et me rends compte qu'un sagouin a encore pillé mes réserves...
Julian esquissa un large sourire à l’encontre de chacun des membres venu lui souhaiter la bienvenue, comme à l’encontre des autres, d’ailleurs.
- Jeune homme ? S’amusa-t-il. Malheureusement je suis bien moins jeune que j’en ai l’air. Mais je vous remercie du compliment.
Se retournant vers Irina, le vampire hocha la tête. Leur accueil semblait le rassurer sur tous les points, tant leur façon de vivre qui lui était tout à fait étrangère que leur vision du clan, parfaitement familiale en ces lieux. De fait sourit-il de nouveau.
- Ne vous en faites pas, je suis là pour prendre mon temps, mieux vaut ne pas brusquer les habitudes d’un coup, nous sommes vampires mais pas moins humains malgré tout et le cerveau humain n’apprécie jamais les changements trop brusques.
A nouveau, il hocha la tête, Irina était aussi charmante en réalité que par mail, cela allait sans dire. Et c’était visiblement une chance inouïe d’être tombée sur elle et de l’avoir vu se faire présenter.
- Je vous remercie, Irina, souffla-t-il. Très sincèrement.
La voix de Célia le fit alors sursauter tandis qu’il reprenait bien vite contenance pour l’écouter, tentant de se rappeler de tous les prénoms associés aux visages. Peine perdue, il allait sans dire. Julian n’avait jamais été des plus doués pour la physionomie et il lui fallait bien souvent un temps certain pour se rappeler de chaque nom et de chaque visage. Ce séjour à la ferme n’allait visiblement pas faire exception à la règle. Il hocha néanmoins la tête à chaque nom, se concentrant au maximum pour retenir tout le monde. Le plus important, à son sens, était de ne froisser personne, mieux valait, donc qu’il retienne au plus vite tous les noms, n’est-ce pas ? La voix, pardon, le cri de… Julian fronça les sourcils. Il avait déjà oublié à qui appartenait cette voix… C’était bien sa veine… Enfin, c’était l’une des plus jeunes vampires, mais qui… Bref. Son cri le fit largement sursauter avant de sourire, amusé alors qu’il se penchait vers Célia.
- Vous ne mordez pas, mais vous avez de la voix, et c’est tant mieux. Cela fait plus de vie. S’amusa-t-il avant de se redresser. Oh. D’ailleurs… J'allais oublier !
S’agenouillant près de sa valise, le vampire sortit alors une bouteille puis une seconde qu’il présenta à Célia dans un sourire avant de se diriger vers la cheffe de clan.
- Ce n’est certes pas du vin rouge, mais j’ai apporté les meilleures bouteilles de vin blanc et de Champagne de mon dernier voyage en France. J’espère que cela ira à tout le monde. Je n’allais, après tout, pas venir ici les mains vides.
A vrai dire, l’homme avait effectivement une bouteille de vin rouge, mais celle-ci était destinée à une personne bien précise, une personne qui, il le savait, adorait le vin rouge plus que bien des alcools, et il ne pouvait donc décemment offrir cette bouteille à une autre qu’elle.
Je regarde ce joyeux chaos, la ferme semble plus active qu'elle l'a été. Plusieurs fois par le passé j'avais entendu parler de famille quand ce venait aux végétariens mais je n'avais jamais vu un tel désordre organisé de la part des jeunes vampires et moins jeunes. Une notion de famille bien américaine en des égards car si j'avais eu de tels agissements auprès de ma famille... Un frisson me traverse mais je me contiens alors que je regarde la vampire ainée sortir de son paquetage quelque chose qui me fait blémir sinon mes yeux qui rougissent. Des assiettes telles que celle-ci, je les connais pour être un outil pratique des vampires d'antans, une antiquité permettant facilement de tenir le sang comme un bol sans en être un. Ma mère avait une collection de celles-ci et manger dans celles-ci était un honneur.
Prenant cela pour un indice de prendre retraite pour me regrouper, je prend le sac de ma protégée avant de monter à la chambre qu'elle avait encore ici pour le déposer et me recentrer. Irina ne savait pas, c'était un simple hasard, n'est-ce pas? Enfin. Il me faut moins de cinq minutes pour redescendre et cela peu après le cri de ma protégée, clairement encore Mike avait fouillé dans ses efforts gastronomiques, un effort que j'encourage volontiers car ce la fait pratiquer autre chose que de simples devoirs mathématiques. Chaque personne doit avoir une passion, après tout...
Je regarde mon appareil téléphonique et sourit, un peu amusé. Visiblement quelqu'un avait avisé la gardienne de ma protégée car celle-ci arrive alors que je regagne le plancher principal. Sa hâte était plus qu'évidente, elle portait une de ses tenues affublées qu'elle appréciait coudre pour retrouver un temps d'antan qu'elle n'a pas connu. Ces activités, incarner un personnage, me font un peu sourire alors qu'elle s'élance vers moi, sa robe autour de ses chevilles
"C'est vrai? Elle est ici?!"
Peu étonnant pour dire vrai que la jeune Viviane soit aussi heureuse alors que je lui indique la pièce voisine. Ce sera une comète vivante et couinante qui saute dans les bras de l'ainée. La vampire végétarienne était dans les plus anciennes de la ferme et une fanatique d'histoire, me questionnant souvent sur l'Italie et la vie que j'y ai connu. Je partage volontier ce que des livres d'histoires pourraient lui avoir appris mais pas quoi que ce soit de ma lignée en soit. Cependant, alors que j'allais pour fermer la porte, je fronce les sourcils et prend un paquetage, une enveloppe kraft portant le nom d'Irina. Je soulève le bien et sort brièvement pour l'ouvrir, paranoïa oblige et observe dedans... un manuscrit et rien d'autre. Étrange. Rentrant, la menace désamorcée d'un possible attentat (je suis paranoïaque, oui), j'arrive dans la cuisine alors que Viviane laissait Irina respirer un peu plus pour aller aider Alyssa et que notre doyenne se voyait offrir une bouteille de vin blanc. Je pince les lèvres et approche, offrant l'enveloppe à la demoiselle.
"Avoir su, j'aurais pris une bouteille de ma réserve personnelle, mademoiselle Kataïev. Au fait, il semble que vous ayez été attendue, ceci était sur le pas de la porte. Sans doutes le livreur n'a pas été entendu dans notre joyeuse cohue."
La bonne humeur semblait bien présente et chacun semblait s'amuser...un minimum en tout cas. Et en observant la joyeuse famille, Irina ne put s'empêcher de sourire, elle aimait tant les voir ainsi ! Et Julian, à peine arrivé semblait bien s'intégrer en plus de paraitre plutôt intelligent. A vrai dire, elle avait toujours aimé discuté avec lui, leurs conversations étaient toujours très agréables même si c'était à distance et jamais en réponse directe.
Célia entreprit alors d'effectuer les présentations, ce qui n'était pas une mince tâche mais qui lui convenait parfaitement. Et évidemment, Irina fut la première. Elle adressa un doux sourire aussi bien adressé à sa création qu'au nouveau venu.
- On aura le temps de faire réellement connaissance par la suite, pour cette nuit, prenez juste le temps de vous détendre.
Intéressée, elle écouta également la présentation des autres membres de la famille. Ah cette Célia ! Irina souriait, amusée, avant de lui ébouriffer les cheveux. - En comparaison, tu es toi aussi un bébé pour nous, ma petite !
Son ton était particulièrement affectueux, preuve d'un passé chargé entre ces deux là. Mais en même temps, c'était surement la seule de ses créations avec laquelle Irina avait passé autant de temps et noué de telles relations. Elle l'appréciait énormément et était ravie de vivre avec elle. Mais alors que Célia finissait ses présentations, un hurlement de...rage ? leur parvint en provenance de la cuisine. Irina grimaça.
- Aïe, c'est que la petite a de la voix on dirait...Et le caractère nécessaire pour faire face à Mike. Et je constate que tu n'as pas changé depuis le temps, petit gourmand !
Le concerné prit un air faussement innocent mais ne chercha même pas à se défendre. Pourquoi faire après tout ? C'était trop tard de toute façon, il avait surement déjà digéré ce qu'il avait volé. Et Irina n'était même pas surprise par son comportement. Il était toujours le même depuis son arrivée. Finalement, Julian sortit une bouteille de vin de son sac et la confia à Célia qui apportait son précieux chargement à la cuisine...et surement dire deux-trois mots à la pauvre adolescente. - Vous n'étiez pas obligé même si nous apprécions fortement le...
Elle fut coupée en plein milieu de sa phrase par quelqu'un qui lui sautait littéralement dessus. Et trop détendue surement, elle ne l'avait pas vu ni senti venir.
-...geste. Bonjour Viviane, moi aussi je suis contente de te voir !
Irina se tourna de façon à pouvoir prendre la nouvelle venue dans ses bras. Elle lui adressa un large sourire avant de la laisser se présenter à Julian...dont elle allait surement chercher à savoir d'où il venait. Mais voila que Lucio revenait enfin, une épaisse lettre à la main. Elle ouvrit les yeux, surprise en entendant que c'était pour elle. Elle saisit alors le paquet avec douceur, ne s'offusquant même pas de le voir déjà ouvert puis découvrit le contenu. Sa réaction fut immédiate. Ses mains se mirent à trembler, le tout lui échappa des mains et s'écrasa au sol. Fortement perturbée, Irina resta pantoise un certain moment. Elle était comme coupée du reste du monde, figée sur place, n'entendant plus rien, les mains serrant le vide et tremblant toujours autant, les yeux fixés sur le colis. Comment ?
Elle se ressaisit en sentant une larme couler le long de sa joue. Ce simple nom sur le manuscrit avait réveillé tant de souvenirs douloureux et enfoui au plus profond. Elle s'accroupit vivement, ramassant l'enveloppe et son contenu, essuya sa joue et sortit brusquement de la pièce. Elle devait se ressaisir. Elle ne pouvait pas agir ainsi devant la famille au grand complet ! Les mains toujours tremblantes, elle serra son colis soudain contre sa poitrine alors qu'elle s'enfuyait, telle une voleuse en direction de sa chambre. Elle ne comprenait pas ce qui se passait et d'où ce manuscrit provenait ? Qui avait déposé ça devant la maison ? Qui avait eu vent de son retour en ces lieux à part la famille justement ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ?
Elle posa le tout sur son bureau, caressant la couverture du bout des doigts. Cet auteur...pourquoi maintenant ? Et depuis quand existait-il un ouvrage supplémentaire ? Pleines de questions, elle finit par redescendre, les sourcils froncés et le regard perdu. Elle alla directement vers Lucio. - Pouvez-vous me dire comment avez-vous trouvé cette enveloppe ? N'y avait-il absolument personne quand vous l'avez récupéré ? Rien de plus ?
Sa voix était un peu plus rapide que d'ordinaire, comme si elle devait urgemment connaitre les réponses. Son regard se montrait interrogateur, inquisiteur même alors qu'elle sondait celui du vampire devant elle. Elle était toujours profondément troublé par ce qui venait de se passer mais elle était preneuse du moindre indice, de la moindre information....oubliant presque tout le reste.
Mes meringues en forme de tuile... Mes sucettes! Ce sagouin de Mike n'a même pas attendu qu'elles aient fini de figer, et a dérangé les autres bâtonnets, du coup c'est même plus droit! Et le pire c'est que ce goinfre recommencera à la première occasion! Julia me laisse récriminer, alors qu'elle fait chauffer les bouteilles au chauffe biberon. Oui, au chauffe biberon. Le sang, c'est quand même meilleur au bain marie, et les chauffes biberons sont précisément conçus pour chauffer ainsi le lait jusqu'à 37°, ce qui est la bonne température pour nous aussi donc... Bon, ok, la différence est que nos "biberons" sont plutôt catégorie maouse costauds. Bref. Pendant que le repas chauffe, moi j'essaie d'arranger joliment mes créations culinaires sur une des assiettes plates.
"Dis donc gamine, t'as une de ces voix! Tu voulais faire peur au petit nouveau?"
"C'est pas drôle!"
Clairement pour moi ça ne l'est pas. Je suis en colère après Mike, et lui il s'en fiche, il recommencera et ça fait juste rire tout le monde! L'éclat de rire de Célia me renfrogne encore plus, mais le plan qu'elle me chuchote à l'oreille relève les coins de mes lèvres en un sourire mauvais. Souris pas comme ça tu vas lui faire peur! Roh ça va, je doute de faire peur à qui que ce soit, en vrai. Mais effectivement ça lui servira de leçon.
Quand on remonte quelques minutes plus tard, Célia et moi, la table est mise. Assiettes creuses, cuillères à soupes, verres à eau et à vin pour les plus vieux... et une bouteille de limonade pour Diego et moi. Ca se fait, un soda au sang?Mais tu peux pas penser à autre chose, toi? Nan. Ca se tente pas, une sangonade?C'est merdique comme nom... Oh, vos gueule, les voix dans ma tête! Bref, donc le couvert est mis, et sous une cloche, qui est d'ailleurs trop basse pour les isoler totalement, on a mis 6 grandes bouteilles de sang (porc et poulet) pour qu'elles refroidissent pas trop vite. Julia est restée en bas pour fignoler les détails, tandis que je porte sur une assiette mes tuiles et mes sucettes joliment arrangées. Sauf 2 tuiles, cassées en deux par les doigts indélicats d'un chapardeur, dans un coin. Et une sucette qui a perdu son bâton dans le même coin. Mais du coup l'assiette est pas ronde!Oh ta gueule, c'est une figure de style!
"Oh, nouvelles tentatives?"
Oui, pour la plupart des habitants de la ferme, c'est habituel que je leur fasse tester des produits. Mais là c'est un nouveau dosage, et je déteste qu'on touche à mes tentatives tant que j'ai pas dit ok! Bon, par contre, l'ambiance est un peu bizarre, avec la cheffe qui regarde Lucio comme si c'était LUI qui avait volé les tuiles. Et lui pose des questions à propos d'une enveloppe. Mike, évidement, s'en fiche et vient pour prendre une tuile...
"Et fameuses avec ça!"
Ma main claque sèchement la sienne.
"Bas les pattes! Primo, t'attendras que tout le monde soit servi, Deuxio, vu que t'as pas fait gaffe et que t'as cassé une partie de mon travail, tu te contentera de celles qui sont abimées!"
Voilà le ton est donné. Je fais passer mon plateau, donc, en m'assurant que personne ne touche aux tuiles abimées, et en précisant pour les deux nouveaux venus.
"Blanc d'oeuf et sang pour les tuiles, gélatine sucre et sang pour les sucettes. J'essaie des mélanges différents pour le sang."
Bon, ce qui m'empêche pas de regarder la cheffe avec une hésitation. Elle a un truc qui l'ennuie, elle regarde Lucio bizarrement...Est-ce que je vais encore avoir des ennuis? Changer de tuteur, ou je sais pas quoi?
La toux de Mike, qui a finalement pris une des tuiles que je lui indiquais me distrait instantanément de mes interrogations.
"Mais t'as noyé de sel!"
Il en a les larmes aux yeux le pauvre... Pour autant le sourire qui me vient respire la satisfaction.
"Bien fait ♪! Et la prochaine fois que tu fouille dans MES créations, ce sera du tabasco!"
L’interruption de ladite Viviane eut pour effet d’arracher un sourire des plus amusés à l’homme qui inclina chaleureusement et respectueusement la tête face à elle.
- Enchanté de vous rencontrer, Miss. Souligna-t-il avant de tourner les talons pour donner la bouteille à…
Et il avait déjà oublié son prénom. Non, décidément, sûrement vaudrait-il mieux qu’il se fasse un tableau. Ah oui. Célia. Bien sûr. Dans un large sourire, le vampire lui confia donc la bouteille en se retournant vers Lucio.
- Gardez vos bouteilles, Monsieur. Autant user d’une bouteille qui ne fera que se faner avec le temps plutôt que de prendre dans vos réserves. Et surtout, je dois bien au moins une bouteille de vin pour votre accueil si chaleureux. Irina m’avait parlé de cet endroit m’en dépeignant un tableau des plus agréables mais je dois dire que je suis malgré tout surpris de votre chaleur.
Pourtant, la cheffe des lieux ne sembla soudainement plus réellement à son aise. Sourcils froncés, Julian l’observa quelques instants. Il n’était qu’un nouveau ici, une connaissance épistolaire tout au plus pour la vampire, rien qui ne lui permettrait de s’avancer. D’ailleurs plusieurs autres vampires s’en étaient déjà donnés la peine, ce qui n’empêcha pas la vampire de quitter les lieux, sous leur regard circonspect. L’homme s’approcha alors de Lucio, l’air légèrement inquiet.
- Tout va bien ? S’enquit-il alors que déjà Irina revenait sur les lieux.
Le ton de sa voix, sa façon de se tenir, nul doute qu’une chose venait de la perturber, mais quoi ? Un instant, Julian réfléchit de nouveau à sa position dans cette maisonnée : il n’était rien, il n’avait en rien le droit de se mêler de ce genre d’histoire, et pourtant…
- Irina… Interrompit-il doucement. Si vous avez le moindre souci n’hésitez pas.
Et il tourna de nouveau les talons. Une façon comme une autre de l’informer qu’elle n’était pas seule sans, pour autant, paraître trop intrusif. D’ailleurs, mieux valait détourner l’attention du reste de la maisonnée pour la laisser à ses questions. Esquissant un sourire, le vampire revint auprès de Célia et surtout d’Alyssa.
- Dites-moi, souffla-t-il. Dois-je me méfier des autres tuiles ? L’homme soupira quelques peu. Je dois avouer que je n’ai pas manger de nourriture solide depuis de très, très nombreuses années. Alors… Non que je ne vous fasse pas confiance, évidemment, mais pouvons-nous réellement manger cela sans avoir de problèmes de digestion derrière ? Il se mit à rire. Excusez cette discussion particulièrement agréable sur la digestion des vampires. Pour une première arrivée, il va sans dire qu’elle n’est pas des plus habituelle. Rapidement, il se tourna alors vers chacun des vampires présents dans la pièce. Et je crois que j’aurais aussi besoin d’un nouveau tour de table pour me rappeler de tous vos prénoms. La mémoire d’un vieillard n’est malheureusement plus ce qu’elle était lorsqu’il était jeune homme !
Les gens sont entiers à la liesse alors que je regarde la vampire à qui je viens de tendre un paquet des plus inusités, un étrange dossier de papiers que je n'ai pas lu pour ne point briser la confidentialité. J'entends Viviane qui demande des détails de ce qui est au menu, parlant avec quelques vampires de ses dernières oeuvres de couture, j'entends le hurlement de ma protégée de la perte de ses friandises faites maison, le capharnaeum d'une vie qui est bien plus remplie sur la ferme végétarienne que je l'ai connu. Mais alors que je note ces choses dans mon esprit, je vois le blanc monter au visage de l'ainée, le rouge gagner ses yeux et ses yeux briller de larmes qu'elle dérobe de nos regards en prenant la fuite à l'étage. Que diantre se passe-t-il? Je reporte mon attention sur le nouveau venu et lui offre un sourire que je veux rassurant puisque notre "célébrée" vient de prendre la fuite.
"Allons, monsieur, ce n'est point mal vu d'ouvrir un bon vin lorsque la fête peut commencer." Un regard vers la plus jeune de nous "peut-être même vais-je laisser Alyssa prendre un verre si elle le désire." Une offre bon seigneur alors que j'entends le chaos que provoque celle-ci au retour de la cuisine avant d'ajouter mon "grain de sel". Oui, j'ai un sourire de cette pensée.
"Alyssa, ne gaspille pas de nourriture mais si tu es partante, je ne suis pas contre l'idée que tu nous prépares une recette ardente de la Nouvelle-Orléans. J'ai ouie dire de certains que les recettes peuvent embraser le ventre de ceux qui s'y égarent sans être prêt."
Je souris, le reproche manquant clairement de toute force alors que je me tourne pour voir la chef descendre, semblant un peu mieux en maîtrise de ses émotions alors qu'elle vient vers moi et me parle avec une voix qui est presque atone de tout sentiment, vidée mais cela indique une douleur alors que je fronce les sourcils.
"Le paquet était sur la terrasse, devant. Je ne l'ai ouvert que puisqu'il me parait étrange que ce soit arrivé en même temps que vous, mademoiselle. Je jure que je n'ai pas lu ce qui s'y trouvais."
Je me méprend sans le savoir de la cause du malaise de la vampire, je ne peux savoir mais je crois bien que j'aurais aussi été vexé de voir quelqu'un ouvrir un paquet qui m'étais adressé. La paranoïa de ces derniers temps qui me rattrappe alors que j'incline la tête, répentant.
"Je n'ai vu ni rien ni personne, et je n'aurais caché ce qui vous reviens de droit. J'ai simplement craint un coup ou que sais-je."
Mon mea culpa alors que je reporte mon attention vers l'autre nouveau venu, trouvant là une distraction qui ne peut être que bienvenue, je souris au dénommé Julien.
"Je conseille de manger peu, c'est effectivement davantage un reflexe acquis et il se peut qu'il y ait un brin d'inconfort mais en toute sincérité, je trouve un point de réconfort de ne pas oublier nos racines humaines."
Ce faisant, Viviane observait les plaques en questions et s'approche mais sans en relever une, sourit avant de venir vers Alyssa pour lui parler de divers coups pendables possibles à faire pour que les "repas" de la jeune femme ne soient pas indigestes mais bien pour des papilles discernantes.
Irina était fortement perturbée. Comment ce manuscrit avait-il pu se retrouver sur le pas de sa porte ? Qui lui faisait cette affreuse farce ? Le roman inachevé d'un petit auteur français, son auteur préféré...Elle ne comprenait pas. Et le pauvre Lucio ne comprenait visiblement pas ses inquiétudes, son trouble alors qu'elle l'interrogeait.
- Alors...vous n'avez vu personne ? Vraiment personne ?
Elle baissa les yeux, réfléchissant à ce qu'il venait de lui dire et à ce tas de feuilles se trouvant dans sa chambre, sur son bureau. Qu'est-ce qui se passait ici ?
- Je vous crois, ne vous en faites pas...
Elle avait une petite voix mais ne réalisa son trouble que lorsque Julian s'approcha, indiquant sa propre inquiétude avec quelques mots. Elle cligna des yeux, plusieurs fois puis se redressa pleinement, cherchant à se reprendre. Elle n'avait pas le droit d'inquiéter tout le monde ainsi. Elle devait paraitre forte, elle devait être l'épaule, le dos qui soutenait cette maison et cette famille. Elle n'avait pas le droit de faillir, encore moins devant les jeunes et les nouveaux. Ou même ses amis. Elle lui adressa alors un mince sourire.
- Tout va bien. Tout va très bien. Reprenons donc cette fête ! Il semblerait que quelqu'un a même préparé quelques mets qui ont l'air savoureux !
L'entrain n'était plus aussi présent qu'auparavant, néanmoins, elle donnait un minimum le change. Assez pour distraire une partie des présents, enfin elle l'espérait. Elle leva les yeux vers Lucio puis murmura à voix basse :
- J'aimerais que tout ceci reste entre nous. Quoique vous ayez pu voir dans ce colis, pas un mot, d'accord ?
Certains n'avaient pas saisi qu'elle avait reçu quelque chose et ça devait rester ainsi ! Elle se dirigea alors vers le groupe entourant la jeune Alyssa et son plateau. Elle avisa le pauvre Mike qui semblait souffrir d'un excès de sel mais le sourire de la demoiselle prouvait que c'était fait tout à fait sciemment. Irina l'observa d'un air plus intrigué qu'auparavant, cette enfant avait visiblement des ressources malgré son jeune âge et ses débuts très récents dans leur monde. - En même temps, Mike, tu cherches les ennuis. Tu devrais le savoir que toutes les femmes ne sont pas aussi douces et protectrices que ta sœur. La plupart se feront un plaisir de te faire comprendre ce qui ne leur convient pas. Et puis, ainsi, tu apprendras que tu dois même te méfier de tes cadets.
Elle posa une main sur l'épaule d'Alyssa puis se pencha légèrement vers elle, une façon de dire aux autres vampires que ce qu'elle allait dire était destinée à l'adolescente...tout en sachant que la majorité allait l'entendre même en murmurant.
- Je suis fière de toi, jeune fille. Des connaissances culinaires très intéressantes et...bien d'autres choses, j'en suis sure. Il faudra qu'on en discute, ainsi que d'autres éléments.
Une longue conversation à venir mais qui ne se ferait pas avant un petit débriefing de la part de Célia à propos de tout ces jeunes qu'elle ne connaissait pas. Mais ainsi, elle espérait faire comprendre à Alyssa qu'elle était un membre de la famille et qu'elle avait parfaitement le droit d'agir ainsi, si c'était justifié. En attendant, les conversations continuaient tranquillement et Julian semblait hésiter sur le fait de goûter ou non les préparations de l'adolescente...Avant de réclamer un nouveau tour de table des prénoms. Elle ne put s'empêcher de rire, légèrement. - Allons bon, si vous êtes déjà un vieillard, qu'est-ce que je suis alors ? Avouez plutôt que vous n'avez pas écouté la première fois !
Son ton était taquin, preuve qu'elle ne l'accusait en rien, se contentant d'ajouter à la bonne ambiance du moment. Elle chassait au loin ses sombres pensées, ne voulant pas anéantir la fête qui s'annonçait. Tout devait bien se passer. Elle y réfléchirait plus loin. Elle saisit une tuile, décidant de croquer dedans pour faire honneur aux efforts de la jeune fille puis avisa les sucettes.
- Eh bien, voila une chose qui n'existait pas à mon époque. Je n'ai jamais eu le loisir d'en goûter...Pensez-vous qu'il serait, temps, à mon âge de faire de telles expériences ?
A son tour de se positionner comme une petite vieille qui avait encore des choses à apprendre. Mais entre son ton et son sourire, il était évident qu'elle ne se prenait pas au sérieux...Bien qu'au fond, la question était réelle. De quoi aurait-elle l'air en suçant une sucette ? Sérieusement...si on lui avait dit un jour, que ce serait une interrogation qu'elle se poserait, elle n'y aurait jamais cru ! Mais c'était bien aussi la preuve qu'elle se sentait bien dans cette famille, prête à faire de nouvelles expériences...Aussi saugrenues soient-elles.
J'avoue que si je fais la fière, j'en ai pas moins la trouille. Je suis une adolescente, qui vient de piéger un adulte. Alors certes, Célia m'a assuré que ça irait, mais quand même... Le rire de Célia, puis celui de Diego, le sourire de Lucio me rassurent. Même si mon tuteur me sermonne, ses yeux disent pas la même chose et mes épaules se détendent. J'vais pas me faire punir? Et encore un peu plus quand la plus âgée des vampires rit de bon coeur et sermonne Mike, qui finit par rire avec les autres. Les représailles ce sera pas de suite... Je sais pas ce qui l'a inquiétée, mais elle semble vouloir le mettre de côté. Par contre, je sais pas trop si je dois être rassurée ou non par les "autres choses" dont elle me parle et je ne peux m'empêcher d'un regard vers Lucio. Et d'un message silencieux: "Elle fait peur là."
La question du nouveau végétarien m'offre une distraction bienvenue. Et je lève les yeux au ciel quand il me demande s'il peut en manger. Ca va, j'ai mis du sel que sur celles de Mike! Ah, non, c'était pas dans ce sens...J'ai du mal à me souvenir que les vampires n'ont pas l'habitude de manger. Et l'autre de renchérir qu'elle connait pas les sucettes... Ben elle y perd!
"Si elles étaient mauvaises, Mike me les volerait pas à chaque fois... C'est du sang et du blanc d'oeuf en neige, si vous avez l'habitude de boire du thé ou mieux du chocolat, ça posera aucun soucis. Sinon, une ou deux vous pèseront pas trop sur l'estomac, mais une dizaine... M'dame Orlov à dit qu'ils étaient bien, mais avec modération! Et de mâcher avant d'avaler. Mais franchement c'est mieux de cuisiner. Les gourdes de sang sont pas pratiques!"
Combien de fois mes thermos se sont renversés? Euh c'est une question? J'ai arrêté de compter moi... En parlant je fais un nouveau tour pour reproposer des tuiles à chacun. Même à Mike qui gromelle avant d'en accepter une. Et Viviane qui refuse. Ah oui, c'est vrai elle a son club. Avec petits fours et compagnie. Je lui ai déjà fourni des gâteaux pour l'occasion puisque chacune amène à son tour. Du piment fantome pour une prochaine fois...
"J'espère bien qu'y aura pas besoin d'une nouvelle fois! Par contre, j'prendrais pour faire un bon gombo!"
Comment mon tuteur peut n'en avoir "qu'entendu parler"?! Pendant que je parle avec Viviane, Célia a repris la parole, pour répondre à la demande de Julian.
"Je m'appelle Célia Owen, fille d'Irina, et oui, très fière de l'être. J'ai 105 ans, et j'adore lire. Est-ce que ça résume bien?"
Elle conclu en reprenant une tuile et me pousse d'une bourrade.
"A toi, tiens!"
Génial, j'adore les présentations publiques... Un soupir m'échappe tandis que je pose l'assiette avec précautions sur la table basse, avant de marmonner.
"Alyssa Snow, 16 ans." J'suis supposée rajouter quoi là? Un connard à tué mes mères? Bonjour l'ambiance. Je déteste être une vampire?Mouais, bof. J'ai peur des gens, et je me sens complètement prisonnière et infantilisée?Vrai, mais tu vas passer pour une gamine capricieuse."J'habite avec Lucio et Viviane."
Ouais, un fait simple. C'est bien, non? Allez y a pas quelqu'un qui veut prendre le relai?
Julian se mit à rire à la réflexion d’Irina. Oh il la savait plus âgé que lui, mais de combien ? Cela, il l’ignorait à vrai dire. Ne dit-on pas qu’il ne faut jamais demander l’âge d’une femme ? Julian avait toujours respecté cette règle, ainsi ne lui avait-il jamais demandé son âge. Et cela lui importait peu, d’ailleurs mit-il une main sur le cœur pour s’incliner légèrement.
- Je l’avoue ! J’étais trop peu attentif ! S’amusa-t-il. Mais c’est là aussi que se joue la vieillesse, et vous devez le savoir, notre concentration tend à nous faire défaut.
Julian aimait les petites piques légères de la sorte, celles faites pour amuser et non pour blesser, même involontairement. Or, au vu de la façon dont se comportait Irina sur la question de son âge, il lui semblait bien qu’elle serait réceptive à ce genre de plaisanterie, du moins l’espérait-il sincèrement. A nouveau, il rit avant de se tourner vers Lucio.
- Je suis tout à fait d’accord avec vous. Nous ne devrions pas oublier notre humanité, mais je dois avouer que j’attendrais peut-être d’être plus à l’aise avec le sang animal pour me laisser tenter par ces créations. Se retournant vers Alyssa avec un grand sourire. Ne le prenez surtout pas pour vous, Miss. Ce n’est qu’une question de… Il réfléchit un instant. Une question de peur. Voilà.
Un nouveau rire prouvant qu’il ne se prenait pas au sérieux, et il écouta alors attentivement les nouvelles présentations. Célia donc. Elle, il l’avait noté. Pourquoi, c’était une bonne question, mais il n’aurait certainement pas de mal à la retenir. Il hocha d’ailleurs la tête.
- Merci Célia. Dit-il. Je ne manquerais pas de vous recommander, alors, quelques romans, je suis tout aussi féru de lecture.
Se retournant vers Alyssa, il ne put que constater qu’elle ne semblait pas tout à fait à l’aise quant à l’exercice, ainsi, d’ailleurs, allait-il lui proposer de ne pas le faire, de sorte à la détendre mais la jeune fille prit la parole avant même qu’il ne puisse dire mot. Alyssa Snow. Dieu qu’elle était jeune. Pauvre enfant. Le brun jeta un coup d’œil à Irina. Si jeune… Qui diable avait pu transformer un enfant ? Revenant à la jeune fille, le vampire esquissa un sourire plus doux.
- Enchanté Alyssa, donc. Dit-il. Je ne sais pas réellement si je peux t’être utile, à toi, mais si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas. Il se mit à rire. Je sais, je suis nouveau et sûrement m’apporteras-tu beaucoup plus que je ne pourrais le faire. Je ne sais même où nous nous trouvons exactement dans la ville ! Décréta-t-il. Le taxi m’ayant déposé, j’aurais peut-être dû prendre une carte de la Nouvelle-Orléans avant !
- Moi c’est Diego ! Lança soudainement la voix d’un jeune homme à côté. J’ai 18 ans et j’ai super faim ! S’te plait Alyssa ! Je vais mourir de faim avant la fin de la nuit ! - Enchanté Diego, reprit le vampire en se retenant fermement de rire.
Un nouveau jeune… Dix-huit ans… L’homme trouvait cela particulièrement tôt pour choisir la vie éternelle ou non. A moins qu’ils ne l’aient pas choisi, ce qui l’attristait alors davantage mais semblait certainement plus réaliste. Enfin. Julian esquissa un large sourire.
- Je suis certain qu’Alyssa ne te laisserait pas mourir de faim… Seulement elle va t’apprendre une leçon que tout homme doit retenir : ne contrarie jamais une femme.
La vampire qui me fait face semble très pâle, ses yeux légèrement teinté de sang, elle est en un état de presque panique mais pas encore. Rien de disgracieux en soi, mine de rien, les émotions sont fortes de son retour à la maison et elle semble dépitée alors qu'elle comprend que je ne lui ment pas. Peut-être aurais-je dut lire ce qui était dans ce paquet, au final... Mais ce n'aurait été élégant ni discret et Dieu seul sait si ce n'était pas quelque chose de bien trop personnel. Mine de rien, nous avons tous quelque chose que nous ne voulons pas que les gens sachent. Mon secret est dans ma poche, une flasque de sang humain alors que nous sommes sur la ferme des végétariens mais les raisons sont miennes et miennes seules de faire ce que je fais, vivre la supercherie que je fais, cette illusion de végétarisme.
La fête reprend et je fronce les sourcils, je ne me sens jamais véritablement à l'aise dans une foule sans avoir une scène entre nous mais alors que je songe m'éloigner, Viviane m'attrappe par le bras et se pend à celui-ci, souriante comme toujours.
"Tu oses penser à fuir?" Je ne suis pas si transparent mais la vampire vit avec moi et Alyssa, elle connait mon tempérament solitaire alors qu'elle se tourne vers le nouveau venu.
"Le grognon ici est Lucio Moretti, il est vieux, quelques siècles mais il ne veut pas me dire exactement son âge car je le questionnerait. Moi c'est Viviane, je suis une fanatique de lecture mais surtout d'histoire. Je fais de la couture et..." Elle regarde Irina, son esprit épars se démontrant alors qu'elle a un sourire ravi
"Irina! il faudra que tu me dises ce que tu penses de la dernière robe que j'ai fait! Ou mieux encore l'essayer!"
Elle se détache de moi et je soupire un peu d'aise avant de secouer la tête, la jeune femme allant embêter la Doyenne pour des histoires, comme de coutume alors que je souris à l'homme, montrant que je suis désolé de cet entrain de la jeune femme. Je reporte alors mon attention sur la jeune vampire qui est ma pupille.
"as-tu besoin d'aide pour quoi que ce soit?"
La liesse générale est en train de débuter de me mettre mal à l'aise en ce moment.