La semaine avait été assez longue et riche en rebondissements pour Cassandra. Elle avait passé de longues journées au refuge à s'occuper des chiens. Elle adorait ce travail et pourrait y rester toute la journée et toute la nuit aussi...Mais elle avait d'autres obligations qui l'obligeaient à rentrer. Certains collègues lui disaient toujours avec humour qu'elle avait forcément un enfant à nourrir et à gérer à la maison...Elle se contentait de sourire, sans jamais démentir ou confirmer. Il valait mieux qu'ils croient à ce genre de choses plutôt que d'imaginer la vérité. Elle devait bien nourrir quelqu'un mais ce n'était surement pas un bébé...Ou de très grands bébés. Aux longues dents bien pointues.

En tout cas, après avoir servi de casse-croutes le soir même, elle était allée se coucher de bonne heure, épuisée. Ainsi, elle s'était levée tôt, s'était habillée de la tenue imposée par les propriétaires des lieux et étaient allée voir les esclaves dans la cave. Elle avait pitié pour eux, dans un sens, malgré sa situation, elle était mieux lotie qu'eux...Elle pouvait travailler et là où ça lui plaisait. Elle n'était pas constamment enfermée dans cet endroit. Elle aida les plus affaiblis à manger, notant mentalement une petite liste de ceux qui ne seraient pas capables de donner plus. Elle ne voulait pas voir plus de morts.

Malgré tout, elle choisit de profiter de sa sortie hebdomadaire. Une autre liberté qu'elle n'abandonnerait pas de sitôt. Elle se changea rapidement pour enfiler une jolie robe lui arrivant aux genoux, accompagnée de collants et d'un tee-shirt à manches longues et col roulé. Les températures remontaient mais pas encore assez pour qu'elle se permette les tee-shirt à manques courtes. Et puis, c'était une grande frileuse.
Elle vérifia dans un miroir que tout était impeccable, qu'aucune morsure n'était visible puis elle fourra son portable dans un petit sac qu'elle passa sur son épaule. Elle prévint rapidement une vampire qu'elle sortait se promener et qu'elle serait de retour dans maximum une heure...sauf si on avait besoin d'elle bien avant, évidemment.

Une fois hors du manoir, elle prit une profonde inspiration et se dirigea droit vers le vieux carré. Elle profitait de ses sorties pour visiter un peu la ville et avait bien envie de voir la cathédrale. Il paraissait que c'était un bâtiment superbe. Même si elle ne venait pas pour y prier...Dieu ne devait pas exister ou alors il lui en voulait énormément pour toutes les épreuves qu'il lui faisait subir. Son don, la prison et maintenant les vampires...
Elle secoua la tête, choisissant de ne pas y penser. Le nez sur le téléphone, elle suivait les indications de son GPS pour arriver là où elle le désirait. Elle prenait son temps, admirant les bâtiments qu'elle croisait et les quelques paysages. La campagne lui manquait mais jamais elle n'aurait le temps d'aller aussi loin...A moins de convaincre un vampire de partir en week-end. Autant dire que ce serait mission impossible.

Elle arriva enfin devant la fameuse cathédrale et leva la tête, tentant de voir à quel point cet édifice était grand.

- Wahou !

Une étrange faim la saisit alors et en parcourant les environs du regard, elle réalisa qu'il y avait énormément de pigeons en train de dévorer la moindre miette abandonnée par des passants. Ces animaux étaient troublants et elle décida de s'éloigner un peu. Elle n'avait aucune envie de ressentir plus encore les émotions des pigeons. Elle voulait un peu de tranquillité aujourd'hui...Était-ce trop demandé ?
Par la même occasion, elle mettait un peu de distance entre la foule de passants et de touristes et elle. Elle se retrouva sous quelques arbres, un peu à l'ombre. Tout semblait calme ici, si ce n'était quelques couples qui se prélassaient, profitant de la relative intimité de l'endroit.

Elle prit le temps d'admirer l'architecture de la bâtisse jusqu'à ce qu'une sensation bizarre lui noue l'estomac. Elle avait l'impression d'étouffer. Elle posa une main sur un arbre, cherchant son souffle. Le regard un peu flou, elle regarda autour d'elle. Tout ce qu'elle vit fut le corbeau qui roulait au sol, visiblement très mal. La peur et la souffrance qui émanait de ce petit être étaient si fortes qu'elle l'étouffait. Cassandra se précipita aussi vite qu'elle le put, tomba plusieurs fois mais se releva toujours jusqu'à atteindre l'oiseau. Elle le saisit et constata qu'il avait un bout de patte coincée dans le gosier. Cet idiot s'étouffait en voulant engloutir trop vite sa nourriture ! Sans hésiter, elle passa deux doigts dans le bec, malgré les serres qui lui lacéraient les bras, saisit ce qui gênait le corbeau et le retira rapidement. Pas le temps de faire dans la finesse.
Elle sentit l'oiseau prendre une grande inspiration entre ses bras. Il était sonné mais visiblement rassuré. Elle le sentait. Elle jeta le responsable au loin, alors qu'elle restait à genoux sur le sol, l'animal dans les bras, le tenant d'une main alors que l'autre le caressait délicatement.

- Là, tout va bien. Tu es en sécurité maintenant, il ne t'arrivera plus rien.

Elle lui parlait comme s'il s'agissait d'un bébé à consoler mais pour elle, c'était tout comme. Néanmoins, elle avait agit sans réfléchir et ne réalisait pas la situation. Ses genoux saignaient légèrement, le gilet et eux s'étant écorchée à force de chuter ou de se laisser tomber aux côtés du corbeau. Mais surtout, des personnes l'observaient, intrigués par son comportement plutôt étranges. Après tout, rare étaient ceux qui oseraient agir pour un animal sauvage...
Mais Cassandra ne les voyait pas, trop occupée à rassurer ce magnifique et grand oiseau de la terreur qu'il avait ressenti. Il s'était vu mourir et se remettait doucement entre ses mains.

 

Halte !

Corbeau en danger !

 

Feat. Cassandra Lewis

Le Vieux Carré, j'aimais beaucoup l'ambiance qui y régnait mais, malheureusement, bien trop envahi par les touristes... Il y en avait partout, à prendre des photos de toutes les infrastructures présentes. Dommage car, dans les faits, ils gâchaient un peu le paysage. Et la foule... Inutile de préciser que j'avais horreur de me sentir entourée de gens. C'était un peu comme nager au milieu d'un nuage de microbes, de saleté... La plupart des gens étaient si sales, ne respectaient même pas les principes d'hygiènes de bases. Mais bon, ça me faisait du bien de sortir, avec les travaux en cours à la Villa... J'étais à deux doigts du malaise à chaque fois que je voyais un ouvrier entrer au sous-sol. De la poussière partout, du désordre... Heureusement qu'ils avaient des toilettes de chantier. J'avais clairement interdit d'utiliser les miennes. J'étais déjà bien gentille de leur proposer du thé glacé fait maison et des biscuits... Ca allait durer encore quelques jours. Le temps de peindre les murs et le plafond, poser le parquet, alimenter la salle en électricité... Surtout pour y accueillir une salle de sport complète. Il fallait revoir toute l'installation. Si j'avais su, j'aurais réfléchis à deux fois avant d'aménager cette salle chez moi... C'était un peu tard maintenant pour revenir en arrière, j'avais déjà commandé tout le matériel, avec ma compagne.  

Depuis ses travaux, d'ailleurs, j'acceptai de plus en plus d'enquête, histoire de me faire sortir de chez moi. Aris surveillait très bien la Villa, il savait se montrer très convaincant si un ouvrier ne respectait pas les règles. Cette I.A était vraiment poussée... Ca faisait presque froid dans le dos de se dire qu'on était capable de créer... pratiquement une vie informatique avec son propre caractère. Aris était un peu sarcastique, mais très obéissant et rigoureux. Il avait son propre humour, comprenait ce que je disais et savait quand je m'adressais à lui de manière naturelle. Alors, oui, elle m'avait coûté une fortune,son développement avait nécessité l'intervention des plus grands génies informatiques mais ça valait la peine. Il était même capable de s'adapter à mon humeur, en proposant, par exemple, des musiques relaxantes s'il me sentait en colère ou nerveuse. Bref, c'était un bijou informatique qui servait pratiquement de majordome dans ma Villa. Bref, les enquêtes, donc. C'était la raison de ma présence ici. J'avais une longue liste d'affaire à résoudre pour des particuliers. J'acceptais pratiquement toutes les demandes en ce moment et je résolvais le plus rapidement possible... Un peu comme du travail à la chaîne, pour le coup. Mais au moins, je ne pensais plus au désordre qu'il y a avait chez moi. L'air un peu ailleurs, trop concentrée également à éviter la foule et à croiser trop de gens, je remarquai tardivement certaines personnes qui semblaient intriguées par quelque chose, un peu plus au loin. Evidemment, de nature très curieuse, je m'approchai pour voir une jeune femme avec un oiseau dans ses bras. Oiseau qu'elle tenait comme si c'était un bébé. Un gros oiseau, noir. Un corbeau !? Fantastique ! J'admirais tant ces volatiles, c'était de loin mes animaux préférés. Victimes de préjugés, associés à la mort et au malheur... Alors qu'ils méritaient plus de considérations.  

Je m'approchai davantage, de plus en plus intriguée par la scène. Des écorchures ça et là, des vêtements abîmés, des restes d'oiseaux plus petits -mais trop gros pour le corbeau- à coté, des blessures à causées par des griffures sur les bras et des traces sur le sol qui témoignaient de plusieurs chutes et d'une course à pieds. J'assemblai rapidement les éléments dans ma tête pour arriver à la conclusion que cette jeune femme venait de se précipiter vers l'oiseau qui s'étouffait pour lui sauver la vie. Je regardai le chemin, vis les traces qui montraient qu'elle venait de bifurquer ici, regardai la distance qui la séparait dudit chemin à l'oiseau... Elle avait probablement remarqué une masse noire au sol, s'agiter, et avait courut en remarquant un animal proche de la mort. Ce corbeau venait d'avoir beaucoup de chance. Mais ça m'intriguait pas mal, cette histoire. Je décidai donc d'aller à la rencontre de cette jeune femme.

"... ...ne t'arrivera plus rien." Entendis-je une fois à sa hauteur.

Je restai aussi discrète que possible, non pas pour éviter de me faire remarquer, mais pour éviter de faire sursauter la femme et, par enchaînement, de faire peur à l'oiseau qui pourrait s'en prendre à elle. Je contournai pour me montrer dans son champ de vision, évitant ainsi de la faire sursauter avec ma voix. Elle me voyait d'abord, avant de m'entendre.

"Cet oiseau ne peut pas vous remercier alors... Laissez moi le faire à sa place. Merci de l'avoir sauvé."

Reconnaissante, j'inclinai légèrement le buste en avant... Réflexe de mon éducation japonaise. Tout en délicatesse, je m'accroupis en prenant soin que mes vêtements ne touchent pas le sol. Aucune envie de me salir. Reconnaissante, je l'étais réellement. J'aimais les animaux, la nature. Mon sang Mawu n'était pas étranger à cela. C'était un mode de vie, de respecter la nature. Yum Kaax serait fier de nous, en tout cas ! Dieu Maya de la végétation et des animaux. D'ailleurs, pour l'histoire, le corbeau était le message de Chaac, dieu du tonnerre, de la foudre et de la pluie. Je regardai l'oiseau, à travers mon bandeau. Il n'avait pas de bague, il n'appartenait donc à personne... C'était vraiment curieux de le voir aussi docile, dans les mains de cette jeune femme alors qu'il semblait l'avoir lacéré avec ses serres peu de temps avant. D'ailleurs, je récupérai des lingettes désinfectantes que je lui tendis pour qu'elle puisse nettoyer ses blessures.

"Il est magnifique, en tout cas. Vous pensez qu'il faut l'emmener voir un vétérinaire ?" Demandai-je.

J'ignorai si l'animal avait des séquelles, peut-être au niveau de sa gorge... Je ne savais pas. En tout cas, s'il fallait, j'étais prête à l'accompagner pour m'assurer de la bonne santé du corbeau.

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Concentrée sur le corbeau que Cassandra continuait de câliner et de rassurer, elle ne remarquait pas les regards et les murmures. Et puis, entre sa propre voix, basse et douce adressé au volatile et la puissant émotion qu'il lui partageait grâce à son don, elle ne voyait rien d'autre. Il n'y avait que le corbeau qui comptait en cet instant.
Alors forcément, elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un s'approche et encore moins lui parle. Elle releva la tête, quittant du regard son protégé pour observer la nouvelle venue. Elle cligna des yeux plusieurs fois comme si elle sortait d'un doux rêve. Petit à petit, ses griffures et ses genoux écorchés se rappelaient à elle mais pas encore assez pour lui faire vraiment mal.

L'inconnue la remercia puis...s'inclina. Ce n'était pas vraiment une habitude américaine, plutôt asiatique, c'était un fait connu. Mais la jeune femme n'avait pourtant pas les yeux bridés ou tout simplement un visage typé de cette contrée lointaine.
Finalement, la demoiselle s'accroupit, face à elle. Cassandra ne bougea pas pour autant, ne tenant pas à effrayer le corbeau qui déjà lui envoyait des ondes un peu différente, pas apeuré non, mais plus aussi détendu qu'auparavant. Finalement, elle reprit, parlant de vétérinaire. Cass baissa les yeux sur l'oiseau puis eut un doux sourire.

- Non, ça devrait aller. S'il avait mal, je le saurais. Il est détendu...peut-être un peu moins depuis votre arrivée mais il va bien. Je suis intervenue à temps, n'est-ce pas mon grand ? Il faut faire attention quand on mange plus gros que soit !

Son ton était légèrement espiègle alors qu'elle taquinait un animal sauvage sans même se rendre compte que ses paroles pouvaient paraitre étrange. Mais c'était bel et bien le cas, il n'avait pas mal et elle le savait parfaitement. Elle le sentait.
L'oiseau croassa doucement. Le charme de l'instant était rompu, forcément, alors il cherchait à se redressa. Elle l'aida, tout en délicatesse, le posant au sol. Pourtant, il ne s'éloigna pas, les observant, comme s'il était bien là.

- Vous avez quelque chose à lui donner ? A manger ? Ou de l'eau ?

Il était peut-être encore un peu sonné et ça le remettrait totalement d'aplomb si l'inconnue avait ce qu'il fallait.

- Au fait, vous saluez comme une asiatique, vous venez de là-bas ?

Totalement franche, comme d'habitude mais ce n'était pas une critique. De la simple curiosité.
Elle baissa à nouveau les yeux sur le corbeau et passa doucement ses doigts sur ses ailes, elle en profita pour l'ausculter. Elle était plus habituée à des animaux à quatre pattes, très clairement mais ses années de vétérinaires n'étaient pas totalement oubliés. Elle agissait avec habitude et même avec professionnalisme, vérifiant qu'il allait parfaitement bien. Même s'il était serein, sa mésaventure pouvait lui avoir fait oublier d'autres choses, bien que non grave car s'il avait une aile cassée ou une blessure aussi grave, ça se saurait. Du moins, elle le saurait, tout simplement.

- En tout cas, ce n'est rien, c'est tout à fait normal. Et puis, je pense que n'importe qui serait intervenu, vous ne croyez pas ?

Elle leva les yeux vers la jeune femme, persuadée de ce qu'elle disait. Son don lui avait simplement permis de s'en rendre compte avant tout le monde. Mais sinon, tout le monde l'aurait aidé, elle en était sure.

 

Halte !

Corbeau en danger !

 

Feat. Cassandra Lewis

Un corbeau qui reposait dans les bras d'une humaine, comme un bébé. Si je pensais voir ça un jour... C'était amusant en tout cas. Enfin... Cette pauvre bête avait failli mourir mais, heureusement, elle ne semblait pas blessée. Du moins à première vue. Et je n'étais pas vétérinaire pour un sou. J'avais beaucoup de connaissances, oui, sur un tas de sujets... Avoir de la culture, c'était toujours très utile quand on était enquêtrice mais là, les animaux... Chacun son métier ! Les spécialistes pouvaient mieux dire que moi si, oui ou non, cette pauvre bête avait besoin de soin. Et puis bon, j'allais évidemment proposer de payer la note s'il fallait, puisque c'était moi-même qui venait de faire le proposition. Ce qui me préoccupait le plus c'était ... Dans ma voiture ? Si je devais conduire la jeune femme chez le vétérinaire... Ca serait forcément dans ma voiture. Un oiseau en plus... Il ferait caca partout, mon dieu... Quelle horreur.

"Non, ça devrait aller." Répondit-elle.

Ouf, tant mieux alors ! Ca m'enlevait une sacrée épine du pied. Je n'avais clairement pas envie de devoir changer les sièges de ma voiture à cause d'un caca de piaf. Ni même parce que cette jeune femme s'était assise... Bon, j'avais mes housses à usage unique de protection mais quand même, on était jamais à l'abri d'un accident.

"S'il avait mal, je le saurais. Il est détendu...peut-être un peu moins depuis votre arrivée mais il va bien."

Elle était une genre de divinatrice qui lisait dans les plumes de corbeau... ? Et puis c'était pas très sympa de dire que je rendais les oiseaux nerveuses !

" Je suis intervenue à temps, n'est-ce pas mon grand ? Il faut faire attention quand on mange plus gros que soit !" Fit-elle en s'adressant à l'oiseau.

Bon, vu son aisance avec les animaux, j'imaginais qu'elle était vétérinaire, ou qu'elle devait travailler avec du moins. Mais le pire dans tout ça, c'était ... comme si l'oiseau semblait la comprendre. Si je fermais les yeux, je pourrais même croire qu'elle parlait à un enfant.

"Vous avez quelque chose à lui donner ? A manger ? Ou de l'eau ?"

Je fouillai dans mon sac du coup, pour essayer de trouver de quoi manger. Mon téléphone, Mes clefs, mon porte-feuille. Des lingettes, un paquet de mouchoir, des pastilles à la menthe, du fil dentaire -juste au cas où-, une culotte de rechange, une brosse à cheveux, du parfum... Ma boite de cure-dent, des chaussettes propres, un bandeau de secours, des lacets neuf -au cas où les miens se cassaient-, une paire de bas -on savait jamais-, mes clopes, un stylos bleu et un autre noir, un bloc note... Une petite lampe de poche (jamais trop prudente!), mon déodorant, une bombe à poivres, mon rouge à lèvre, mon fard à joue, un bandage, un désinfectant, mon chéquier, mon kit d'entretien du katana, mes cartes de visites, mon petit parapluie pliable, mes sachets d'infusions, du baume pour les lèvres, mes ibuprofène, ma petite batterie externe, ma crème hydratante... Bon... Ah ! Ma -petite- bouteille d'eau et deux barres de céréales, parfait !

"Au fait, vous saluez comme une asiatique, vous venez de là-bas ?" Demanda-t-elle.

Ah, elle avait donc remarqué. Je regardai un instant l'oiseau qui était à présent au sol. Il se laissait docilement ausculter.

"Je suis née au Japon, oui. Mais mon père était britannique, j'ai hérité de ses traits, semble-t-il. Peut-être que je dois la pâleur de ma peau à ma mère."

Je tendis lentement les céréales à l'oiseau. Quant à la bouteille... Bah il pouvait la garder. La jeune femme sera très capable de lui donner à boire elle même.

"En tout cas, ce n'est rien, c'est tout à fait normal. Et puis, je pense que n'importe qui serait intervenu, vous ne croyez pas ?"

Je la regardai, songeuse. Probablement oui... J'avais déjà vu un tas de vidéos sur Youtube de gens qui venaient au secours des animaux. Mais bon, de là à pouvoir leur parler comme si c'était des enfants...

"Votre approche est assez... Atypique je dois dire. C'est même surprenant de voir que cet animal sauvage semble vous faire naturellement confiance. Vous savez drôlement y faire, vous devez souvent être en contact avec les animaux."

Le corbeau semblait apprécier les céréales. Tant mieux, j'avais rien d'autre à lui donner, à part des pastilles à la menthe...

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L'inconnue se montrait très polie et plutôt discrète, ce qui était appréciable finalement. Cassandra sentait un léger stress chez l'oiseau et il ne faudrait pas grand chose qu'il s'envole...Heureusement, que la jeune femme n'était pas du genre à vouloir prendre un selfie à tout prix avec le corbeau tout en piaillant que c'était formidable.

Alors que Cass avait demandé à la jeune femme si elle avait quelque chose pour nourrir ou abreuver le volatile, elle l'a vit chercher dans son sac. Longuement. Est-ce qu'il y avait autant d'objets que le supposait cette longue fouille ? Ou alors, elle ne trouvait rien et persévérait ? Finalement, l'aimable personne retrouva une bouteille d'eau et des barres de céréales.

- Ce qui explique pourquoi vous n'avez pas les traits asiatiques mais les habitudes...Je ne suis jamais sortie des États-Unis...C'est comment le Japon ?

A vrai dire, à part des stages à la campagne pendant ses études ou pour retourner voir ses parents après sa sortie de prison, elle n'était pas allée très loin. Deux ou trois heures tout au plus. Résultat, elle ne connaissait rien au monde, rien à part ce qu'elle avait appris dans les livres.
Cassandra laissa la jeune femme donner des graines à l'oiseau alors qu'elle récupérait la bouteille. Elle versa de l'eau dans le bouchon et le posa devant le corbeau qui s'empressa de boire. Elle dut en remettre régulièrement, n'ayant rien pour couper la tête de la bouteille et offrir une plus grande ouverture pour lui permettre de boire directement à la source.

- Je ne sais pas s'il mangera des graines, en général, les corbeaux sont des charognards...

Sauf s'il avait vraiment faim peut-être ? En tout cas, après avoir bu la moitié de l'eau, il se tourna vers les graines. Elle se concentra sur lui, pour aller plus loin que le stress qui était le plus évident. Un peu de faim. Ce qui était logique pour un oiseau sauvage.
La remarque de la demoiselle sur son approche du volatile ne la surprit même pas. On le lui avait dit plus d'une fois même si c'était plutôt auprès des chiens.

- C'est normal, je ressens clairement les émotions, du coup, je comprends plus facilement leurs attentes ou leurs besoins...C'est pratique pour créer un lien, résultats, les animaux me font rapidement confiance.

Elle le disait naturellement, oubliant totalement la règle des Mawu de rester secret, discret sur leurs capacités...Mais elle ne s'était jamais réellement sentie l'une des leurs, ayant du mal à considérer cette faculté comme un don, comme un...pouvoir. Pour elle, c'était naturel depuis toute petite. C'était une évidence tout simplement. Et en général, il n'y avait pas grand monde qui prenait ce qu'elle faisait pour autre chose qu'une empathie naturelle envers les animaux. Alors, elle avait fini par y croire. Et elle souriait en aidant le corbeau à s'abreuver ou en lui caressant les plumes.

 

Halte !

Corbeau en danger !

 

Feat. Cassandra Lewis

Je n'avais pas vraiment les yeux bridés, j'avais surtout ceux de mon père. Mais tout le reste, c'était un produit 100% japonais. Un peau blanche, fragile, de porcelaine. Des cheveux épais et volumineux. Mon corps était naturellement plus fins que les autres. J'étais également plus..."ferme" que les autres femmes. Encore une fois, grâce aux gènes asiatiques. Le corbeau, quant à lui, était toujours en train de manger ses céréales. Il les trempait même dans l'eau pour les rendre plus molles. C'était amusant de le voir faire et ça montrait bien que c'était oiseau intelligent.

"Ce qui explique pourquoi vous n'avez pas les traits asiatiques mais les habitudes...Je ne suis jamais sortie des États-Unis..." Avoua-t-elle.

Dommage, il fallait justement en profiter, si nous avions les moyens du moins. Voir d'autres pays, d'autres cultures... Ca permettait aussi de s'ouvrir, d'avoir un esprit plus large sur le monde qui nous entourait, de pouvoir minimiser certains problèmes de la vie. On pouvait dire que voyager apportait la sagesse, oui. Et ça j'en étais convaincue.

"C'est comment le Japon ?" Demanda-t-elle.

J'en avais quelques souvenirs. Tous très bon. Et, à vrai dire, ça me manquait le Japon. Les USA étaient vraiment différentes de mon pays de naissance. Les américains étaient... Beaucoup moins ouvert d'esprit, déjà. Et puis, il fallait l'avouer... Globalement plus gros, à force de bouffer de la merde. Moins respectueux aussi, envers eux-même déjà, et envers les autres. Comment pouvais-je lui décrire mon pays d'origine, alors ? Je n'allais quand même pas lui dire que les Américains étaient gras et pas sympa...

"Le japon c'est... Très accueillant et coloré. Les gens sont très polis et respectueux, avec un esprit de groupe très fort. Les rues sont propres, on y prend vraiment plaisir à s'y promener. Les paysages sont eux aussi paradisiaques. Nous avons la mer, les forêts, des montagnes... On est notamment réputé pour nos cerisiers. Lorsqu'ils fleurissent, c'est magnifique. Et je ne vous parle pas de la nourriture... C'est sain, équilibré et, surtout, c'est bon ! Et puis c'est assez déroutant de voir le traditionnel se mêler au modernisme. Les villes sont assez dynamiques, pleine de vie. C'est difficile à décrire en réalité, il faut y aller pour s'en rendre compte."

Plus je parlais, plus j'avais des étoiles dans les yeux. Des yeux qui pétillaient, de joie mais aussi de nostalgie. Je pourrais y emmener Evelyn un jour, pour nous faire des vacances. J'avais envie de revoir mon pays d'origine. J'avais le mal du pays parfois, ça me ferait du bien. J'avais le regard un peu perdu sur l'oiseau, puis je regardai la jeune femme, qui me surprenait encore. Cette aisance avec l'animal était déroutante. Peut-être que j'allais en apprendre davantage.

" C'est normal, je ressens clairement les émotions, du coup, je comprends plus facilement leurs attentes ou leurs besoins..." Avoua-t-elle.

On pouvait ressentir de l'empathie envers les animaux ? Je restai un instant sceptique.

"C'est pratique pour créer un lien, résultats, les animaux me font rapidement confiance."

En fait, quand elle en parlait de cette manière, ça me faisait surtout penser à... Quelqu'un de mon peuple. Et si... ? Non parce que, bon. Si c'était le cas, c'était un peu dangereux quand même d'en parler de manière aussi ouverte. La règle la plus important chez les mawus était, après tout, le secret de notre existence.

"Oh... Je vois. Et donc, ça vous donne l'impression d'être un peu... différente des autres ?"

Je tentai une approche assez discrète, pour être certaine de ne pas me tromper s'il s'avérais que cette jeune femme n'était pas mawu.

"Enfin, différente mais pas forcément la seule."

Je la regardai, à travers mon bandeau, avec insistance. Si elle était mawu, elle allait rapidement comprendre ce que je voulais dire par là. Sauf si elle ne connaissait pas la communauté... On verra !

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L'attention de Cassandra variait entre la jeune femme et le corbeau, s'assurant qu'il mangeait lentement et correctement. Ce serait dommage de le voir s'étouffer à nouveau et de recommencer les mêmes gestes pour lui sauver la vie et le rassurer. Mais il semblait faire attention, comme s'il avait appris la leçon. En attendant, la jeune femme continuait de lui parler d'elle et du Japon surtout, ce qui fascinait Cassandra.

- Oh, je vois, le Japon a l'air d'être un beau pays. J'avoue que j'aurais bien aimé le voir un jour...

Elle avait parlé au passé sans vraiment s'en rendre compte mais elle ne pensait pas pouvoir s'échapper de sa condition et encore moins vieillir. S'enfuir n'était pas possible, ils la rattraperait forcément. Non, elle imaginait plus aisément mourir de leurs mains mais ne savaient que faire pour l'en empêcher. Jusque là, elle arrivait surtout à assurer sa survie en s'assurant de diverses choses, notamment de la bonne santé du chien de la cheffe de famille.
Mais elle chassa tout cela de sa tête, se concentra sur l'inconnue qui avait le regard brillant en parlant de son pays natal.

- Vous semblez vraiment aimer le Japon, pourquoi ne vivez-vous pas là bas ?

Bah oui, si elle l'aimait autant pourquoi ne pas y emménager ? Pourquoi vivre ici ? Mais elle espérait ne pas avoir été trop loin dans ses questions, sachant pertinemment que la vie privée pouvait être, parfois, très compliqué.
En attendant, Cassandra avait tenté d'expliquer à la jeune femme comment elle réussissait de telles prouesses avec les animaux et celle-ci posait de nouvelles questions. Visiblement, tout ceci l'intriguait alors elle allait faire au mieux pour y répondre même si...ses demandes étaient troublantes. Différente mais pas seule ? Elle repensa à toutes ces années, son enfance, la prison...

- On m'a souvent dit que je n'étais pas comme les autres, c'est vrai. On m'a souvent demandé comment je faisais...On m'a même dit une fois que c'était surement de la magie. Mais...je ne sais pas...pour moi, c'est naturel, ça fait partie de moi. Je ne me vois pas vivre sans leurs émotions. Je sais que ce corbeau est apaisé actuellement, qu'il se sent bien, je n'ai pas à réfléchir, je le sais tout simplement.

Et elle se sentirait bien vide sans tout cela.

- Un jour, on a tenté de m'apprendre à faire la différence. Je me sens bien en présence d'animaux calme ou heureux, et triste si un animal à mes côtés l'est...Mais je crois bien que c'est impossible pour moi de différencier mes sentiments des leurs.

Les Mawu avaient commencé un long apprentissage pour qu'elle maîtrise son don mais ils n'avaient jamais pu aller très loin puisqu'elle avait été kidnappée entre temps. Et puis, pour elle c'était tellement naturel qu'elle avait bien du mal à croire qu'il s'agissait d'un don, comme ceux que les Mawus possédaient. Néanmoins, elle parlait d'eux sans vraiment les citer. Elle savait que le secret existait et elle ne voulait pas les mettre en danger. Elle ne se sentait juste pas comme l'une des leurs, raison pour laquelle elle parlait aussi librement de son empathie pour les animaux.

- Mais je ne sais pas s'il y en a d'autres comme moi. Enfin...j'imagine que tout ceux qui travaillent avec les animaux doivent bien les comprendre, quand même.

Voila une preuve supplémentaire qu'elle ne faisait pas la différence entre les connaissances et habitudes des vétérinaires et autres métiers auprès des animaux et son don. Elle avait juste plus de facilité à ses yeux, rien de plus.

 

Halte !

Corbeau en danger !

 

Feat. Cassandra Lewis

Au moins, parler du Japon semblait plaire à cette jeune femme. Elle avait l'air plutôt détendue et la conversation se faisait naturellement. Même si évoquer mes souvenirs de mon pays natal me faisait du bien, je voulais surtout savoir si, oui ou non, elle pouvait être une mawu. Je ne l'avais encore jamais vu au village et j'avais beaucoup de mal à croire que le Renifleur était passé à coté de quelqu'un. Elle venait peut-être d'arrive en ville ? Mh non... Dans tous les cas, il existe des mawus ailleurs, donc elle aurait été dirigé vers notre village.  

"Oh, je vois, le Japon a l'air d'être un beau pays. J'avoue que j'aurais bien aimé le voir un jour..." Avoua-t-elle.

Je fronçai les sourcils, intriguée par cette formulation. Elle venait de dire ça comme si c'était, pour elle, quelque chose d'impossible. Comme si, à cet instant, elle s'était déjà résignée au fait qu'elle ne pourrait pas y aller. Pourtant, au vu de ses vêtements, de sa belle coiffure et de son maquillage, elle ne semblait pas dans le besoin, du moins... Pas spécialement pauvre. Quelque chose d'autre devait la retenir ici. Quoi ? Je m'en fichais pas mal, à vrai dire. Mais c'était tout de même curieux. Et forcément, j'étais attirée par tout ce qui était curieux, des petits mystères à percer.  

" Vous semblez vraiment aimer le Japon, pourquoi ne vivez-vous pas là bas ?" Demanda-t-elle.

Sa question était posée si innocemment... Pourtant si vraie. Pourquoi n'étais-je pas retournée au Japon, après avoir tout perdu ici ? Mes parents, mon fiancé, mon travail... Je n'aurais eu qu'à acheter un aller simple pour Tokyo, recommencer ma vie... Simple à dire, mais la vie était parfois si pesante qu'on semblait crouler sous son poids, incapable d'avancer, se sentir piégée, bloquée. La réponse était simple : Je n'avais pas la force, à l'époque, d'aller de l'avant. Je n'avais pas la force d'abandonner la Villa de Roy, préférant vivre dans ces murs comme pour essayer de faire vivre des souvenirs. Refuser la réalité, vivre dans le passé. Est-ce que je regrettais ? Non, car le destin m'avait conduit à Eve. Si j'étais partie, pas de Eve. Tout simplement. C'était le destin, oui... Un cadeau de la vie après m'avoir fait traversée ces épreuves. Un beau cadeau, assurément.  

"On m'a souvent dit que je n'étais pas comme les autres, c'est vrai."

Elle évoqua ensuite la magie. Nos dons étaient surtout... Lié à la psyché et au corps. Je n'avais encore jamais vu de mawu contrôler un élément, par exemple. Elle précisa que c'était naturel, quelque chose qui était en elle.

"Je sais que ce corbeau est apaisé actuellement, qu'il se sent bien, je n'ai pas à réfléchir, je le sais tout simplement"

Un don d'empathie envers les animaux ? Ca y ressemblait fortement en tout cas. Plus la conversation avançait, plus j'étais certaine d'être en face de l'une des miennes. Peut-être qu'elle ne voulait pas vivre au village. Elle parlait comme si elle savait que c'était un secret à conserver, restait évasive mais pourtant, en parlait quand même.

"Un jour, on a tenté de m'apprendre à faire la différence." Déclara la jeune femme.

"On" ? Qui était ce "on" ? Des autres mawu du village ? Donc elle connaissait bien notre peuple.

"Mais je ne sais pas s'il y en a d'autres comme moi. Enfin...j'imagine que tout ceux qui travaillent avec les animaux doivent bien les comprendre, quand même."

Ca devenait compliqué là... Elle semblait connaître les mawus mais ... après sa dernière déclaration, on pourrait croire que non. Elle ne comprenait qu'en ce qui la concernait, on ne parlait pas d'une simple aisance avec les animaux. C'était bien plus que ça et je pourrais mettre ma main à couper qu'elle avait un don. Toujours accroupie, j'entourai mes genoux avec mes deux bras, pour la regarder, la tête légèrement sur le coté.

"Je pense qu'il y en a d'autres, comme toi. Peut-être pas avec les mêmes... capacités. Quelqu’un a surement du "flairer" que vous aviez un potentiel différent, j'imagine."

Je la regardai, amusée. Non, le Renifleur ne ratait jamais aucun mawu. Ce type était bien trop balèze pour nous dénicher, à mes yeux il ne pouvait pas passer à coté.

"En tout cas, moi j'ai croisé un type comme ça. Assez beau gosse, blond, cheveux long attaché en chignon, ou queue de cheval."

Je regardai un instant le corbeau, qui était bien sage. Au moins ma présence ne semblait pas trop le perturber.

"En tout cas, moi j'ai croisé un type comme ça. Assez beau gosse, blond, cheveux long attaché en chignon, ou queue de cheval."

Je me souvenais encore de ma rencontre avec lui. Au lycée, à la sortie des cours, il était là, comme s'il m'attendait. Au début, j'avais cru que c'était un pervers un peu tarée qui suivait les filles. J'étais à deux doigts de lui casser la gueule, jusqu'à ce qu'il me déballe tout son speech sur mon don. Ca m'avait un peu retournée, de savoir que je n'étais pas la seule à posséder un don. Mais j'avais peur. J'avais refusé de le suivre au village, je ne voulais pas m'éloigner de trop de Roy et de ma famille. J'avais promis de garder le secret, au vu des conséquences si on apprenait notre existence.

"Il vous a dit quoi, à vous ? Enfin, si vous avez croisée cette personne."

Codage by Littleelda from     Never Utopia

Malgré ses questions sur le Japon et les raisons qui poussaient la jeune femme à rester ici plutôt qu'à retourner dans ce pays qu'elle chérissait tant, Cassandra n'obtint pas de réponses. Elle ne s'en offusqua pas sur le coup, chacun avait sa vie privée. Et puis, elle était peut-être allée trop loin. Elle-même avait des secrets qu'elle ne pouvait révéler au risque de perdre la vie bien plus vite que prévu. Et ce n'était nullement dans ses intentions.

Elle observait le corbeau, un doux sourire aux lèvres, elle se sentait apaisée en sa présence. Et même les propos de l'inconnu ne l’inquiétèrent pas, l'influence de l'oiseau était plus puissante encore. Néanmoins, elle comprit parfaitement où elle voulait en venir et plongea son regard dans celui de cette femme. Elle la laissa terminé puis hocha la tête.

- Je l'ai rencontré, oui. Mais il n'a pas parlé, pas un seul instant. C'est plus la personne avec lui qui a parlé...Mais ils ne pouvaient rien dire à ce moment-là. C'était trop risqué, la prison observait et écoutait chaque rencontre...

Peut-être que le corbeau était un peu trop détendu finalement car elle venait de parler de la prison comme si elle parlait du beau temps...Elle se raidit aussitôt et chercha à voir si ce qu'elle venait de dire choquait son interlocutrice. Ce n'était pas son intention mais ces mots lui avaient échappé.
Elle préféra alors continuer, espérant qu'elle ne s'arrêterait pas trop dessus. Elle ne tenait pas à expliquer pourquoi elle avait fini en prison même si elle ne regrettait nullement son geste.

- Ce n'est que des années après que j'ai pu les contacter...

Bah oui, le temps de sortir pleinement de prison et de ne plus être surveiller constamment. Ce ne serait pas pratique sinon pour leur secret, ça, elle l'avait bien compris.

- Ils m'ont parlé de moi, de ce qu'ils ont appelé mon don...un peu de leur communauté et de leur chef...Vous en faites parties ?

Si elle avait rencontré le Renifleur, c'était surement le cas, non ? De toute façon, elle n'en savait pas assez pour pouvoir révéler quoique ce soit sur les Mawus. Ils avaient tenté de l'entraîner avant de penser réellement à la ramener au village. Mais peut-être qu'elle y aurait été plus en sécurité...Elle baissa les yeux alors que les souvenirs lui revenaient en mémoire. Pourtant, grâce à la présence du corbeau, elle n'était pas triste en repensant à son kidnapping. Elle revoyait la scène comme si elle était une observatrice extérieure, comme si cela ne la concernait pas.

- Ils ont essayé de m'entraîner...pendant un temps...Mais pour moi, ce n'est pas un don, c'est...naturel, ça fait partie de moi.

Elle ne savait pas comment l'expliquer à cette femme, tout comme elle n'avait pas su comment l'expliquer à ces hommes à l'époque. Non, elle ne faisait pas la différence entre les émotions animales et les siennes mais cela faisait tellement longtemps que c'était ainsi que ça ne la dérangeait pas. Elle était habituée tout simplement. Et elle se sentirait vide, tellement vide, sans ces émotions qui n'étaient pas les siennes. Peut-être vivait-elle au travers des animaux mais au final, cette vie lui allait bien.
Et puis, depuis son kidnapping, depuis sa vie chez les vampires, elle n'avait jamais osé les rappeler. C'était beaucoup trop dangereux. Elle ne voulait pas les mettre en danger. Même si elle était perdue, même si elle se sentait seule, les animaux étaient son seul refuge désormais.

 

Halte !

Corbeau en danger !

 

Feat. Cassandra Lewis

Je n'étais pas franchement rassurée, avec cette rencontre. Cette mawu ne semblait pas réaliser que son attitude pouvait se révéler dangereuse. Elle parlait trop librement, à mon goût, de son empathie envers les animaux. Elle devait comprendre que ce n'était justement pas naturel et qu'en parler ainsi allait peut-être compromettre notre secret. Le Renifleur avait forcément fait ou dit quelque chose, alors pourquoi cette femme était-elle aussi... peut prudente ?

"Je l'ai rencontré, oui. Mais il n'a pas parlé, pas un seul instant" Avoua-t-elle.

J'ignorai qu'il était accompagné. D'ordinaire il agissait seul pour conduire les mawus au village ou, au moins, leur parler de la communauté. Il était souvent le premier contact des mawus.

"C'était trop risqué, la prison observait et écoutait chaque rencontre..."

La prison ? Le Renifleur avait rencontré cette personne en prison ? Ca expliquait pourquoi il n'était pas seul à ce moment là. La raison qui avait conduit cette femme en prison m'importait peu, chacun avait sa vie et ses propres soucis. Moi aussi, sans mon don, j'aurais probablement fini ma vie derrière les barreaux ou pire. D'après ce qu'elle disait, elle y passa plusieurs années, avant de pouvoir enfin rencontrer d'autres mawus.

"Ils m'ont parlé de moi, de ce qu'ils ont appelé mon don...un peu de leur communauté et de leur chef...Vous en faites parties ?"

J'hochai doucement la tête, pour répondre à sa question. Depuis la mort de Roy, je m'impliquais davantage dans la communauté. Et plus encore ces derniers temps, entre mes recherches et mes expéditions pour comprendre nos origines. Au moins, elle savait qui ont était et savait également à quel point c'était important pour nous de conserver le secret de nos dons. Elle resta silencieuse un instant, l'ait pensive. Les yeux bas, comme si elle revivait un souvenir. Je patientai, puis elle reprit.

"Ils ont essayé de m'entraîner...pendant un temps...Mais pour moi, ce n'est pas un don, c'est...naturel, ça fait partie de moi."

J'haussai un sourcil, sceptique. Elle ne comprenait pas ? Bien sûr que c'était un don. Peut-être qu'elle n'arrivait pas à le maîtriser, qu'elle ne pouvait pas faire la différence ou dissocier les sentiments des animaux aux siens, mais en tout cas... Ca restait un don. Bon, on dirait que j'allais devoir mettre de côté mon enquête, pour le moment, pour essayer de comprendre davantage la situation de cette mawu. Queque chose ne me semblait pas très clair. Que faisait-elle maintenant ? Pourquoi n'était-elle pas au village ? Pourquoi renier le fait qu'elle possède un don ?

"C'est naturel pour tous les mawus, d'avoir un don. Moi aussi, mon don fait partie de moi... Et je ne me vois pas vivre sans, en réalité."

Même si, souvent, je l'utilisais pour arriver à mes fins... Pas toujours pour faire des bonnes choses, même. J'avais déjà fait plonger d'autres personnes à ma place, manipulé, trompé, tué... C'était si facile, quand on pouvait ordonner tout et n'importe quoi. Je ne regrettais pas, mais je n’étais pas non plus spécialement fière. Je faisais ce qu'il fallait faire pour moi, me protéger et pouvoir vivre de manière plus que convenable.

"Vous ne vivez donc pas au village ? Je suis certaine de ne vous avoir jamais vu là bas. Quoi qu'il en soit, j'imagine que vous savez que les mawus, la communauté et les dons sont quelque de secret ? Vous semblez évoquer votre capacité avec beaucoup d'aisance. Ca ne vous fait pas peur ?"

J'essayais de ne pas avoir l'air de la juger. D'ailleurs, ce n'était pas le cas. Je voulais simplement comprendre sa situation.

Codage by Littleelda from     Never Utopia

La jeune femme écoutait les propos de Cassandra qui avait l'impression qu'elle pouvait parler sans être jugée. Même après avoir mentionné la prison, la nippone n'avait pas paru choquée ou contrariée. Elle n'avait pas non plus posé de questions. A vrai dire, sa seule réaction suivait son unique question, oui elle faisait partie des Mawus. En tout cas, Cass appréciait de pouvoir discuter sans que son interlocutrice ne se montre intrusive.

En attendant, Sofia reprit la parole, annonçant que pour elle aussi son don était naturel. Et Cass se demanda aussitôt de quoi il s'agissait mais préféra ne pas poser la question. Par respect. Elle le saurait en temps et en heure si la demoiselle souhaitait le lui dire.

- Je m'exprime surement mal...je ne sais jamais comment l'expliquer mais...ça fait partie de moi...c'est moi...c'est juste...normal, ça n'a rien d'extraordinaire à mes yeux. Je suis juste...un peu plus sensible que la moyenne.

A ce moment là, le corbeau releva la tête et croassa joyeusement. Il semblait détendu. Cass pouvait même le confirmer, elle le sentait au plus profond d'elle-même. Résultat, elle se mit à sourire comme si elle s'apprêtait à faire une sieste, dans cet état de sérénité totale après un bon repas. Le corbeau s'envola alors pour rejoindre l'arbre le plus proche et se mettre en sécurité, pour un repos bien mérité. A ce moment là, Cassandra secoua la tête comme si elle émergeait, ses véritables émotions reprenant alors le dessus.

- Je ne savais même pas qu'il y avait un village...Je n'ai pas vu ces Mawu très longtemps. J'ai eu quelques...

Elle tourna la tête autour, comme pour vérifier qu'elles étaient seules. Ce qui n'était pas le cas au vu des touristes à quelques mètres d'elles et partout sur la place. Mais même si ce n'était pas des vampires, après tout, il faisait jour, elle ne pouvait pas faire confiance à ces inconnus. Et s'ils rapportaient quelque choses à ces vampires ? Non, elle ne pouvait pas le permettre. Elle ne voulait pas mourir !

- Enfin bref, c'est assez compliqué et je ne les ai pas revu depuis un moment. Et pour vous répondre, comme je n'ai pas l'impression d'avoir un don, je n'ai pas l'impression d'être comme vous...Je ne réalise surement pas et puis...il y a plus dangereux que ça.

Exactement comme ce qui l'attendait à la maison quand elle rentrait de ses rares sorties autorisées. Elle n'avait pas conscience de mettre en danger toute une communauté, car elle était bien trop occupé à s'assurer sa propre survie face aux vampires. Elle voulait vivre et en tant que humaine. Alors le reste, tout ce qui était hors de la maison avait tendance à être un peu secondaire, sauf son travail, la seule chose qui la rendait réellement heureuse actuellement.
Elle croisa alors le regard de la jeune femme avant de se relever. Elle épousseta ses vêtements avant de remarquer que cela ne servait à rien, ses vêtements étaient sales et elle allait devoir faire avec.

- Merci de votre aide en tout cas. A nous deux, nous avons rendu ce corbeau heureux et ça me fait vraiment plaisir ! Il est rare de croiser quelqu'un comme vous qui s'intéresse à la vie animale !

Elle affichait alors un véritable sourire, preuve qu'elle ne mentait pas. Maintenant que le corbeau était parti, elle était pleinement elle-même et se sentait, un peu stressée comme d'habitude, mais malgré tout plus ou moins sereine. Tout allait bien et il faisait encore bien jour, la nuit n'était pas prête d'arriver.