Il pleut..

Dehors ou dans ton cœur, c'est quoi la différence de toute façon ? Tu trimbales tes vieux os jusqu'à ta voiture. Une fois par mois. Tu n'y vas qu'une fois par moi et pourtant à chaque fois c'est le même bordel. Tu es sobre et clean, tu te forces à l'être et c'est franchement pas une partie de plaisir pour toi. Tu trembles, ton corps veut sa dose, mais il faudra se retenir. Tu t'accordes juste quelques cigarettes. Si tu tiens tant à être aussi propre autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, c'est pour ne pas amener ta merde là-bas. Au village ou dans ta cabane. Tu ne veux pas qu'ils sachent tous, comment ton âme est rongée. Ils pensent juste que tu fais ton deuil loin d'eux, de ta vie que tu avais construit avec elle, là-bas.

Tu conduis, prenant le chemin le plus long. Tu as envie d'y aller, de te rappeler de son odeur, des bons souvenirs, mais tout ça amène forcément les mauvais. Te rappelant ta longue et douloureuse descente en Enfer. Arrivé, tu fumes une dernière clope. Pas de cigarette dans la cabane, c'était la règle. Tu soupires, sous ton parapluie, il va bien falloir s'y jeter. Alors tu te décolles de ta voiture, marchant jusqu'au village, chaque pas réveillant une douleur bien vive que tu t'efforces à endormir sous drogues et alcools.

Tu es là, devant la porte d'entrée, clé dans la serrure, main sur la poignée. Tu attends quoi pour rentrer ? Une invitation ? Inspire, expire. Aller, ça va bien se passer, tu vas entrer, nettoyer, regarder les albums photos, t'écrouler, chialer et demain tu iras tout oublier. Oui, demain ça ira mieux. Tu prends ton courage à deux mains et pénètre enfin dans ton ancien chez toi. Une odeur de renfermée s'insinue immédiatement dans tes narines, alors ta première tâche consiste à ouvrir les volets.

Tu regardes autour de toi. Ne pas se laisser submerger par les émotions. Tu attrapas l'aspirateur dans le placard et tu commences ton petit ménage mensuel. Tu te concentres sur tes tâches, t'arrêtant parfois, quelques secondes lorsque tes yeux tombent sur une photo d'elle ou de vous.. Puis tu reprends frénétiquement le dépoussiérage de la cabane.

Alors que tu venais de terminer, tu allais comme d'habitude, ouvrir la commode pour sortir les albums photos. Tu retraçais vos voyages avec un sourire nostalgique jusqu'à ce que vos pas vous mène ici. C'est à partir de là, que tu commençais à te laisser aller, t’effondrer en tournant les dernières pages. Cependant, on vint te déranger dans ton petit train-train.

▬ Sam t'es là !?

Une voix paniqué passait par ta fenêtre encore ouverte. Tu te levais, approchant de cette dernière. Tu connaissais bien la personne qui venait de t'interpeller, c'était ton voisin le plus proche. Tu le saluas rapidement, lui demandant ce qu'il y avait.

▬ On a un soucis avec un des villageois.. C'est Sofia, la Sirène, elle a perdu le contrôle !

En résume, va l'arrêter s'il te plait, y a que toi qui peut le faire avec ton pouvoir. Tu hochas la tête vivement, sortant de ta cabane pour suivre l'homme. Sofia.. Sofia.. Ça te disait vaguement quelque chose. Tu avais du la voir durant un rassemblement au village ou une connerie du genre. Ne connaissant pas son pouvoir et te demandant ce à quoi tu allais t'exposer, tu demandas plus de détails au mawu qui te guidait.

Donner des ordres en regardant les gens dans les yeux. Oh. Mais comment on fait pour perdre le contrôle de ça ? Tu n'as pas vraiment le temps d'étudier la question, tu arrives prêt du lieu où on entend un net brouhaha ambiant. Bon. Arrivé par devant. C'est mort. Ton pouvoir ne se fait que par le toucher, elle aura mille fois le temps de te donner l'ordre d'aller te faire foutre. Pas que t'en avais pas envie.. Mais bon.

Tu te faufiles alors discrètement par derrière, ne faisant aucun bruit jusqu'à ce que tu arrives à porter. Tu avais demander aux autres de lui parler pour la tenir occupée. Tu levas ton bras et ta main se posa avec douceur sur sa nuque. Au moment où tes doigts touchèrent sa peau, l'emprise de la Sirène cessa. Tu t'attendais à te prendre un pain ou autre.. Mais bon, c'était un mal pour un bien.

▬ C'est finit Sofia. Calme toi maintenant.

Le Corbeau et

le Cygne

Feat. Samael Lucky

Je passais de plus en plus de temps au village et ça devenait difficile -presque impossible- de combiner ma vie à la ville et celle parmi la communauté. Est-ce que, tôt ou tard, j'allais devoir faire un choix ? Abandonner ma villa, ma vie à la ville, pour m'installer ici ? Il y avait très peu de chance, j'étais bien trop dépendante de mon confort et à ma vie de Reine. Je m'attachais davantage à ce petit village, à mon peuple. J'aimais venir ici, je pouvais me vider la tête et fuir mes responsabilités de citadine, d'enquêtrice. Parce que, il fallait le dire, voir des saloperies chaque jour ça devenait usant. Des femmes torturées, violées et tuées, des enfants égorgés, des hommes démembrés, sans parler des atrocités commises par les créatures. Je soupirai, déjà fatiguée par tout ça. Dire que ça ne faisait que trois ans et pourtant... Le souci était que comme j'avais un taux de réussite tellement élevé, le commissaire ne pouvait plus se passer de mes services. Je travaillais tous les jours, même le dimanche. Le Crime ne prenait pas de vacances, après tout. Et parlant de vacances, les dernières remontaient à ma sortie en camping avec ma compagne. Et c'était les seules que j'avais prises durant ces dernières années. Deux petits jours, un seul petit week-end. Trop court. Donc, en quelque sorte, quand je venais ici, c'était un peu comme des vacances... Même si mon téléphone pro' ne cessait de sonner. Evidemment, moi seule avait le choix de répondre ou non mais je ne pouvait vraiment pas ignorer des appels. Si je refusais une enquête, c'était prendre le risque de laisser un meurtrier, un violeur ou un pédophile se balader librement dehors. Et ça... Il en était hors de question. Car la prochaine victime pourrait très bien être Eve.

Je sortis de ma cabane, mon katana en main pour aller m'entraîner. C'était important à mes yeux, de m'entraîner. Pour devenir plus forte, pour conserver un bon niveau. J'étais exposée au danger à chaque fois que j'allais sur le terrain pour mener une enquête. Ca m'était déjà arrivé, de devoir me défendre face à un criminel. De devoir tuer même, pour sauver ma propre vie. Jamais par plaisir mais jamais à contre-cœur. Quand on côtoyait la Mort de si près, chaque jour ou presque, tuer ne faisait presque plus rien. Non, comme je disais, c'était de voir les atrocités des autres qui m'usaient. Je m'isolai légèrement pour faire danser ma lame dans les airs. Pour faire onduler mon corps, toujours plus rapidement. Hélas, cet entraînement fut de courte durée. Je sentis quelqu'un me percuter, dans mon dos. Je perdis l'équilibre et une main vint s'accrocher à mon bandeau, comme si la personne à l'origine de la bousculade cherchait la première chose pour se rattraper. Je tombai à terre et, dans la seconde qui suivit, de l'eau m’aspergea entièrement et un seau percuta doucement ma tête dans un petit "poc" ridicule. Le hic, le seau ne contenait pas que de l'eau. Il y avait des poissons partout et ça sentait -putain- de mauvais ! Il y en avait même un qui gigotait dans mon décolleté, mais sérieusement !? En proie à la panique, je clignai d'abord des yeux comme pour réaliser ce qu'il venait de se produire.

"Ah, désolé Sofia ! Je ne t'ai pas vu!" Fit une voix.

C'était un villageois, que je connaissais seulement de vue. Je me mis à trembler, repoussai violemment la main tendue sous mes yeux. L'odeur du poisson et l'eau sale avait pénétrée mes vêtements, ma peau et, pire... Le cordage tressé de mon katana, le tsukamaki, au niveau du tsuka, la poignée. Et là... Oser souiller une telle relique... Mon sang ne fit qu'un tour. J'allais en chier grave pour le remettre en état, c'était une insulte impardonnable envers ma propre famille. Ce katana était dans ma famille depuis les temps les plus anciens. Une relique !! Et puis, bordel quoi, je sentais le poisson ! LE POISSON !

"Mais... Qu'est-ce que... Je levai les yeux vers le jeune homme. Mais tu ne peux pas regarder là où tu marches !?"

Submergée par la colère et la panique, je me relevai, toute tremblante. J'étais souillée, je sentais mauvais et je n'avais pas de vêtements de rechange ! Même mes sous-vêtements étaient dégueulasses ! Dans un excès de colère, je récupérai le poisson qui bataillait dans mon décolleté pour lui jeter en pleine figure.

"Fous-toi le là où je pense, ce poisson !"

Il me regarda un instant, prit le poisson et... Merde, non. C'était trop tard ! Mon bandeau ! Paniquée, je passai mes yeux sur mon visage pour constater qu'il n'était plus là. Et ce type, face à moi, était à présent sous mon emprise. Je devais vite rectifier mon ordre, sinon il allait se retrouver avec un poisson dans le cul.

"La bouche ! Je pense évidemment dans la bouche !"Lançai-je, hasardeuse.

Il s'enfonça le poisson gesticulant dans la bouche avec la queue qui dépassait. Mais ça ne réglait pas mon souci et la panique s'accentua quand un nouveau relent de poisson vint à mes narines. J'entendis les gargouillis de ce débile qui se débattait avec l'animal dans la bouche. Ayant entendu mes cris, deux autres villageois arrivèrent en courant. En voyant la scène improbable, ils se questionnèrent. Mais en remarquant que mon bandeau était par terre et que mes yeux étaient rivés sur le jeune homme, ils ne mirent pas longtemps à comprendre ce qu'il venait de se produire. L'un d'eux signala à son camarade qu'il allait chercher Sam. L'autre essayait de me calmer mais... Non, il ne devait pas me parler !

"Sofia, calme-toi ! C'est rien, tu vas te doucher, changer de vêtements et ça ira !"

Mais je n'avais pas de vêtements de rechanges ! Cette idée en tête, je me mis à sangloter, tremblant bien plus qu'avant.

"Mais j'en ai pas ! Alors sauf si tu veux me donner les tiens, j'ai rien à me mettre!" Fis-je en me tournant vers lui.

Il hocha doucement la tête, l'air déterminé, et commença à retirer ses vêtements. Merde ! Mais ils étaient stupides ou quoi ?! La colère me gagna encore et je vrillai... Comme si j'avais atteint un point de non retour. La panique, la colère, mes TOC's... Je ne contrôlai plus rien. Frénétiquement, j'essayais de me nettoyer le visage avec mes lingettes de secours. Mais rien y faisait, l'odeur était persistante.

"Arrête de me regarder comme ça ! Couvre-toi les yeux !"

Et, évidemment, à ce moment là, il avait son slip en main... Donc il se couvrit les yeux avec, en l'enfilant sur sa tête. Je ne contrôlais plus la situation, ça devenait débile ! L'autre était à deux doigts de s'étouffer avec un poisson frétillant en bouche et celui là avait son slip sur la tête. D'autres mawus arrivèrent, ils essayaient visiblement de me parler, de détourner mon attention. Puis, soudainement, je sentis une main se poser sur ma nuque. Et là, comme un profond malaise, mon emprise sur les deux hommes s'estompa lentement. Un vide en moi, comme si quelque chose venait de se faire siphonner.

"C'est finit Sofia. Calme toi maintenant." Fit une voix calme, sereine.

Je m'arrêtai de bouger, car je savais ce qu'il venait de se passer. Et j'étais soulagée de constater que mon don venait de se volatiliser. Je ne risquais plus de causer des dégâts. Couverte de honte, les larmes aux yeux, je récupérai mon katana, mon bandeau, et me mis à fuir la scène. Je me cachai, en boule, les genoux contre ma poitrine, derrière un arbre. La lame de mon sabre dépassait cependant du tronc, relevant ainsi facilement ma position. Mes sanglots aussi, d'ailleurs... Frénétiquement, totalement paniquée, j'essayai en vain de me débarrasser de cette odeur. Mon paquet de lingettes était presque vide et toutes celles que j'avais utilisées était à mes pieds, froissées en boule.

"Sombre crétin avec ses poissons de merde !" Fis-je à voix basse.

Mon maquillage, bien que que très discret, se mit à couler sur mes joues. Ca n'arrangeait en rien mon état...Mon nez qui se mit même à couler. Je n'arrivais pas à me calmer et, pire encore, la situation ne s'arrangeait pas. Ne supportant plus cette odeur, je retirai ma robe pour la jeter plus loin. Elle était foutue de toute façon, hors de question que je remette des vêtements souillés. Mon juste au corps était lui aussi trempé... Mais je n'allais quand même pas me mettre à poile au milieu du village ! Je frottai mon corps, énergiquement. Petit à petit, l'odeur de citron de mes lingettes effaça celle du poisson mais ça n'allait pas suffire...  

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Le calme après la tempête..

Enfin le calme, c'est vite dit. Sofia était partie, ou plutôt enfui. Tu te grattais l'arrière du crâne en poussant un long soupire. Tu avais vu par où elle était partie, tu irais la rejoindre au plus vite. D'abord, tu t'assurais que personne n'avait été blessé.. Et part leur fierté, ce n'était visiblement pas le cas. Tu aurais surement ri si tu avais eu le cœur à ça.. Faut dire que se retrouver avec un poisson dans la bouche et un slip sur la tête.. C'était assez hilarant.

La pluie continuait de tomber, tu te demandais si la jeune femme était rentrée chez elle ou si elle était restée caché dans son coin. Le seul moyen de le savoir, c'était d'aller vérifier. Tu marchais alors dans la direction où tu l'avais vu fuir. La pauvre. Elle avait l'air dans un sale état.. Même si tu ne savais pas vraiment pourquoi. Tu avais juste vu des poissons partout par terre et comment les "victimes" avaient terminés.

▬ Sofia ?

Tu élevais ta voix pour qu'elle puisse t'entendre. Il était possible, que même si elle était encore dans le coin, elle ne te réponde pas. Ce qui ne t'étonnerait pas, elle doit se sentir, mal, humiliée.. Tu continuais de chercher en silence, faisant le tour en l'appelant de temps à autre. Elle est peut-être rentré au final.. Tu irais faire un tour à sa cabane avant de rentrer à la tienne.. Ou pas. Puisque finalement, tu tombais enfin sur la jeune femme. Nue. Oula..

Bon, on va éviter les questions à la con type "ça va ?" ou de tenter un humour maladroit pour détendre l'atmosphère genre.. Sentir le poisson pour une Sirène, c'est le comble ! Oui hein, on va s'abstenir, surtout quand on a un humour aussi pourrit que le tien. Tu la regardais du coin du l’œil, en train de se frotter avec ce qui semblait être.. Des lingettes ? Ok. Tu comprenais un peu ce qu'il y avait bien pu se passer quelques minutes plutôt. Tu ôtas ta veste dans un premier temps, la gardant sur un bras avant de lui tendre la main.

▬ Ecoute, tu peux la prendre ou pas, mais reste pas dehors à poil. Tu vas finir par choper la crève.

Tu attendais qu'elle s'en saisisse ou non. Dans tout les cas, elle semblait décider à se lever.

▬ T'veux ma veste ?

Elle refusa catégoriquement, tu haussas les épaules. Bah écoute ma fille, si t'as envie de te balader à poil au milieu du village c'est ton problème. Pensas-tu. Heureusement que t'étais pas un gros connard, tu la ferais passé par des chemins peu empruntés.. Et puis final avec la pluie et l'incident, il n'y avait pratiquement personne dehors. Par contre aux fenêtres.. C'était une autre histoire.

▬ Aller viens. On va aller chez moi, c'pas très loin.

Tu aurais pu lui demander où se trouvait sa cabane à elle, mais elle n'avait pas l'air très loquace et puis.. T'es pas très malin, faut pas l'oublier. Tu ouvrais la marche, vérifiant que la Sirène te suivait.. Enfin, elle aurait très bien pu dire non et rentrer chez elle.. Tu t'en foutais dans le fond. Tu voulais juste t'assurer qu'elle ne reste pas dehors dans le froid et la pluie.

Une fois arrivée, tu la laissas entrer la première, refermant la porte derrière toi. Pas à clé, jamais. Vous craigniez pas grand chose dans le village de toute manière. Tu te dirigeais vers la salle de bain, pour prendre une serviette. Au moins de quoi la sécher et se débarrasser du liquide poisseux qui restait.

▬ J'me suis lavé les mains et elle est propre.

Avais-tu dit en lui tendant la longue serviette. Tu ajoutas que tu avais fait couler un bain, qu'elle pouvait utiliser tous les produits qu'elle voulait et lui donna l'emplacement des autres serviettes dans la petite armoire. Tout avait été nettoyé dans l'après-midi comme en témoignait l'odeur de divers produits dans l'air. Tu la laissas faire sa vie, te rendant dans votre chambre. Tu allais pas la laisser sans fringues non plus. C'est avec un gros pincement au cœur que tu ouvris le dressing de ta douce. Tout était parfaitement ordonné.. Surtout comparé à ton armoire. Un rire triste s’échappa de ta bouche, tu imaginais ce qu'elle te dirait si elle voyait l'état de ton armoire.. Ton appart.. Ta vie. En bordel.

C'est un peu au hasard que tu pris une robe parmi les autres. Elle avait l'air d'être de la même corpulence qu'Alana, plus ou moins, donc tu pensais que ça irait. Tu venais frapper à la porte de la salle de bain et sans attendre que la sirène ne te réponde, tu parlas.

▬ J'vais sortir vite fait. Je t'ai laissé une robe dans.. la chambre.. au fond du couloir. Si t'as b'soin d'autres choses.. T'peux fouiller le dressing. Et sinon, y a ce qui faut sur la table de cuisine pour te faire un thé.. Faudra peut-être réchauffé l'eau un coup.. Bref. J'reviens.

Mais où allais-tu comme ça ? Chercher la robe que Sofia avait jeté.. Et puis, surtout en profiter pour prendre l'air. Revoir toutes ses fringues.. Ça t'avait un peu retourné. Et quitte à chialer, tu préférais que se soit dehors où y personne, plutôt qu'avec une inconnue. Il ne te fallut pas beaucoup de temps pour retrouver la dite robe, mais tu restas là, un moment, fumant une cigarette ou deux avant de rentrer.

▬ J'suis là.

Avais-tu dit en passant la porte d'entrée. La robe dans un sac plastique, tu te dirigeais vers la petite pièce qui servait de buanderie. Tu plaças la robe dans la machine à lavée, ajoutant du produit directement dans la machine. Puis, tu allais dans la salle de bain pour prendre ta serviette et te sécher les cheveux.. Et tu irais probablement changer tes vêtements aussi. Tu tenais pas vraiment à être malade. Après avoir fait tout ça, tu remis quelques bûches dans la cheminée et tu t'affalas dans le canapé en soupirant.

▬ La.. La robe te va ? Y en a d'autres si ça t'conviens pas.

Tu ne la regardais pas, fuyant presque sa vue. Tu ne savais pas vraiment si tu avais envie de voir quelqu'un d'autre porté des vêtements appartenant à ta défunte fiancée.

▬ J'suis allé récupérer ta robe dehors.. Elle est dans la machine à laver, si t'as besoin d'y mettre tes hum.. dessous dedans, va y maintenant.

Ce n'était pas un ordre.. Mais si elle avait envie de repartir avec, c'était mieux quand même.

▬ Ça.. Ça va mieux sinon ?

Le Corbeau et

le Cygne

Feat. Samael Lucky

Humiliée. Et profondément souillée. Si bien que ma colère ne cessait de grandir, que me je me disais qu'il avait finalement mérité d'avoir fini avec ce poisson dans la bouche. Il n'avait qu'à s'étouffer et en crever ! hurla une part de moi même. Sauf que non, peut-être pas à ce point. Et c'était pour ça que je m'effrayais. Je ne pouvais pas contrôler mes excès de colère. J'étais dangereuse. Doublement humiliée. Encore une fois, on allait dire que La Sirène était trop instable. Un jour me chasseront-ils peut-être de ce village... Je ne voulais pas les quitter. Je me recroquevillai davantage, laissant mes larmes couler sur mes joues. Cette foutue odeur refusait de s'en aller et la pluie n'aidait en rien. Bien au contraire, l'eau faisait ressortir beaucoup plus cette odeur de poiscaille. Ca me retournait l'estomac, j'avais envie de vomir. Je me sentais coincée. Comme un petit chaton abandonné. Je ne pouvais décemment pas me balader en tenue si légère dans le village, à la vue de tous. Ma cabane était à l'opposée, tout le monde allait me regarder, me juger, me dévisager. Quelle honte... Mais quelle honte ! Je serrai les crocs, les muscles de ma mâchoire se crispaient. Oui, au final, ce n'était rien de grave. Un simple petit accident, sans gravité. Mais l'humiliation était tout de même présente. La Sirène qui sentait le poisson, haha, trop marrant ! Morte de rire, ouais. Malheur au premier connard, trou du cul, qui oserait tenter l'humour. Si déplacé.   

"Sofia ?" Entendis-je.

Et, comme pour essayer de me cacher davantage, l'enfonçai ma tête dans mes épaules, collée contre le tronc de l'arbre. Mais faire aussi petite que possible. Je ne voulais pas être vue ainsi. Moi, une femme si classe d'ordinaire, si chic. Si raffinée... De quoi avais-je l'air à présent ? Sam' me cherchait, je l'entendais m'appeler. Puis il finit par me trouver, son regard posé sur moi. je détournai le mien, très mal à l'aise.

"Ecoute, tu peux la prendre ou pas, mais reste pas dehors à poil. Tu vas finir par choper la crève."

A poil ? Il avait une vision bien à lui de ce qu'était "être à poil". Ma féminité était couverte et même si mon juste-au-corps était blanc, on ne voyait pas au travers. Je regardai sa veste en coin, le bras tendu. Il sentait la cigarette, c'était immonde. Mais mon éducation ne me permettait pas de repousser cette main tendue. Je déposai alors, doucement, une lingette dans celle-ci pour pouvoir y poser la mienne et me relever. De toute façon, je ne pouvais pas rester ici... La présence de Sam me donna le courage nécessaire pour quitter ma cachette.

"T'veux ma veste ?" Demanda-t-il, plein de gentillesse.

Je niai farouchement de la tête. Non, surement pas. Sa sueur, son odeur de cigarette, ses poils, ses peaux mortes, tout ça, il pouvait se les garder. Sur le coup, je me sentis un peu mal à l'aise d'avoir repoussée ainsi le mawu qui ne voulait que m'aider, mais c'était au dessus de mes forces.

"Aller viens. On va aller chez moi, c'pas très loin."

C'était douteux. Conduire une femme fragilisée, l'air perdue, mouillée et en sous-vêtement chez lui... Oui, c'était clairement douteux. Mais c'était un mawu. Donc, naturellement, j'avais confiance en lui. Je croisai les bras autour de ma poitrine pour éviter d'afficher de manière trop provocante -et non voulu- mes formes. Respectant une certaine distance entre lui et moi, je le suivis. Pas me montrer trop proche, les gens allaient se poser des questions. Des commérages, non merci. Arrivés chez lui, il me laissa entrer la première et referma la porte derrière lui. Il fit un rapide tour dans la salle de bain pour me donner une grande serviette. Assez grande pour pouvoir couvrir mon corps et camoufler toute cette impudeur. Même si j'avais des formes avantageuses, ce n'était pas du tout mon genre d'en profiter et de les mettre en avant pour faire tourner des têtes.  

"J'me suis lavé les mains et elle est propre." Précisa-t-il.

D'abord méfiante, cette dernière précision me mit en confiance. Timidement, je m'approchai pour récupérer la serviette et m'y envelopper. Plus à l'aise à présent, je pouvais me concentrer sur ce qui m'entourait. Il venait de faire le ménage mais ça laissait tout de même à désirer... Il y avait encore une très fine odeur, à peine perceptible, de renfermée. Enfin ça, c'était moi. Bien trop maniaque pour remarquer cette odeur qui était pourtant recouvertes pas d'autres, plus agréables. Il avait également fait couler un bain et je pouvais utiliser ses produits pour me laver. Toujours très timide, j'hochai la tête avant de souffler un très petit "merci" du bout des lèvres. Il s'en alla et me laissa seule. J'attendis qu'il était hors de vu, puis je m'empressai, d'un pas très rapide, vers la salle d'eau. Je retirai aussitôt mon juste-au-corps et plongeai dans la baignoire pour me débarrasser de toutes ces impuretés. Mon corps entier fut méticuleusement nettoyé. Sam vint frapper à la porte.

"J'vais sortir vite fait. Je t'ai laissé une robe dans.. la chambre.. au fond du couloir. Si t'as b'soin d'autres choses.. T'peux fouiller le dressing."

je restai silencieuse, toujours un peu chamboulée par tout ces événements. J'étais comme un petit escargot, après une grosse frayeur, dans ma coquille, il me fallait un peu de temps pour oser en ressortir. Et le mutisme était une forme de défense pour moi, à cet instant. Pourquoi? La réponse coulait de sens. Quand parler faisait bien trop peur, fermer sa gueule c'était un bon moyen pour éviter d'envenimer une situation. Surtout que je n'avais pas encore recouvert mes yeux. Et oui, il n'était pas dans la même pièce, mon don ne pouvait pas fonctionner. Mais la peur était irrationnelle, on ne pouvait pas demander de logique à l'irrationnelle. J'entendis la porte d'entrée se fermer, signe qu'il était parti. je sortis du bain, pris soin de tout nettoyer comme il le fallait... Au final la salle de bain était encore plus propre qu'avant. Séchée, je me dirigeai vers la chambre pour récupérer la robe. Heureusement que le buste semblait élastique... Avoir des gros seins c'était tellement chiant. Je l'enfilai, rassurée de savoir qu'elle m'allait bien et, surtout, qu'elle couvrait assez mes jambes. J'étais nue sous cette robe et je ne voulais pas dévoiler ce qui ne devait pas l'être accidentellement.

Je ne m'attardai pas davantage dans sa chambre. C'était un lieu que je considérai comme intime et je n'y avais pas ma place. Surtout qu'il y avait ce lit conjugale, qu'il devait partager avec... Un instant. Avec qui ? Pourquoi avait-il des vêtements pour femme alors qu'il n'avait visiblement personne avec lui ? Oh non... A tous les coups j'étais tombée sur un cinglé qui voulait me prendre pour sa poupée vivante, m'habiller comme il le voulait et... plus tard me... N'importe quoi !! Mais c'était tout de même curieux. Et voila, quand on ne s'intéressait pas aux autres, on ne pouvait pas les connaître. Qui était Sam, au final ? Mon égoïsme, mon caractère trop "nombriliste" faisait que je ne m'intéressait pas aux autres. Je me dirigeai ensuite vers la cuisine pour préparer le thé, comme il l'avait indiqué. Je fis chauffer l'eau, préparai deux tasses et... Non, ce n'était pas propre. Cette pièce devait être davantage nettoyée.

Je retroussai alors mes manches et m'équipai en conséquence : Lingettes, balais, chiffons, produits d'entretien. C'était plus fort que moi, je ne pouvais décemment pas rester dans un endroit qui manquait de propreté. Ni même concevoir qu'il pouvait lui-même vivre là dedans. Je pris alors soin de m'occuper de la cuisine comme il se devait pour la rendre irréprochable, d'une propreté déconcertante. L'eau bouillante fin prête, je la versai dans les tasses et y fis infuser les plantes. Il n'y avait pas de sous-verre, donc je récupérai du papier pour me rendre dans la pièce à vivre. Le papier sur la table, je déposai les deux tasses dessus et attendis le retour de Sam pour boire avec lui. En attendant... Et bien j'allais m'occuper de cette pièce-ci. Toujours bien équipée, je me mis à astiquer, frotter, balayer. Je ne laissai absolument rien au hasard, le moindre recoin, le moins petit millimètre de zone habitable fut nettoyé.

"J'suis là" fit Sam en poussant la porte d'entrée.

Moi, j'étais juste là avec mon petit balai en main, un chiffon dans l'autre pour astiquer les meubles.

"bienvenue à la mai..." Lançai-je de ma petite voix timide.

Heureusement, il ne semblait pas m'avoir entendue. Un réflexe, purement et simplement. "Okaeri", voulais-je dire. Mon sang japonais semblait vouloir faire des siennes. Et puis... Pourquoi souhaiter la bienvenue à quelqu'un, à la maison, alors que je n'étais même pas chez moi ? Encore une fois, j'avais pris mes aises, vis à vis des tâches ménagères du moins. Il avait un sac plastique en main et se dirigea vers une petite pièce. Il devait avoir récupérée ma robe et là, il l'avait probablement mise dans la machine à laver. Il pouvait la jeter, en fait. Je l'entendis marcher jusque dans la chambre, puis revenir ici. Il ne semblait avoir toujours rien remarqué... Ou alors c'était normal pour lui. Oui, c'était normal, évidemment. Je faisais simplement un peu le ménage, enfin... Je devais surtout repasser derrière ce qu'il avait fait. C'était bâclé.

"La.. La robe te va ? Y en a d'autres si ça t'conviens pas." demanda-t-il.

Et son regard fuyant me suffit à comprendre, finalement, ce que tout cela voulait dire. Ses yeux encore légèrement rouges trahissaient des pleurs récents. Cette sensation de solitude que je pouvais percevoir en lui... Je portai les vêtements d'une morte. Cette idée me retourna l'estomac et je sentis un profond malaise. Sa compagne, peut-être ?

"J'suis allé récupérer ta robe dehors.. Elle est dans la machine à laver, si t'as besoin d'y mettre tes hum.. dessous dedans, va y maintenant."

un peu chamboulée par cette découverte, j'hochai simplement la tête, incapable de prononcer le moindre mots. Ce fut donc en silence que je retournai dans la salle de bain pour récupérer mes sous-vêtements et les mettre dans la machine à laver, avec ma robe. J'appuyai sur le bouton de démarrage du programme et rejoignis Sam. Un petit détour dans la cuisine pour récupérer un plateau pour y déposer les infusions et je m'installai, avec lui, sur le canapé.

"Ça.. Ça va mieux sinon ?"

Le plateau entre nous, je pris délicatement une tasse dans ma main, l'autre positionnée en dessus, de manière toujours aussi raffinée.

"Oui... Beaucoup mieux. Merci, du fond du cœur."

Le bandeau à nouveau sur les yeux, je me sentais beaucoup plus à l'aise. Je pouvais sortir de ma petite coquille, sans craindre de faire du mal ou d'en subir. Mes remerciements étaient sincères et profonds, touchées par la gentillesse de Sam. Par sa bienveillance.

"Je ne sais comment vous remercier, merci beaucoup, Sam, d'être venu à mon secours. Sans vous je... J'ignore les dégâts que j'aurais pu causer à mon propre peuple. Je suis sincèrement navrée de vous avoir causé des ennuis."

Je me tournai vers lui, parvins enfin à afficher un doux sourire sur mes lèvres, révélant ainsi un visage radieux. J'étais soulagée, apaisée. Ca faisait chaud au cœur de se dire qu'on pouvait compter sur les autres mawus si nous nous trouvions en difficulté. Et puis... Sam devait avoir compris que tout cela n'était pas voulu. Que je ne voulais pas faire du mal aux autres.

"Si je peux faire la moindre chose pour vous, n'hésitez pas à m'en faire part. Je... je rougis un instant, toute timide. Je suis très douée pour faire le ménage alors... Si vous avez besoin d'aide pour entretenir votre cabane, très charmante d'ailleurs, je suis à votre disposition."

Il n'y avait là aucune sous-entendu de ma part, il entretenait lui même très bien sa cabane et j'étais consciente que mes standards de propreté n'étaient pas les mêmes que les autres. Mais là, dans l'immédiat, je ne savais pas quoi lui proposer en guide de gratitude. Il pouvait me demander ce qu'il voulait de toute façon - dans la limite de la décence, tout de même.  

"C'est dommage qu'on ne vous voit pas plus souvent ici. Le village a besoin de chevaliers comme vous."

Un nouveau sourire flatteur aux lèvres, je coulai un nouveau regard vers lui. Puis, à présent plus calme, je pouvais regarder autour de moi pour comprendre son environnement, regarder curieusement sa décoration, son intérieur.  

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Les yeux fuyants

Le cœur qui bat à cent à l'heure. Tu avais à peine poser ton regard sur elle, à peine, que tu te sentais.. Bizarre. Mal à l'aise. Quelle idée de lui donner les fringues d'Alana aussi. Enfin.. De toute manière, tu n'avais pas grand chose d'autres à lui proposé. Tu n'avais plus de fringues à toi ici, à part quelques caleçons et chaussettes célibataires.. Et ça aurait fait un peu.. Léger. Elle te remercia, tu sentais qu'à travers son bandeau, elle te regardait, tandis que toi tu mettais tout tes efforts pour ne pas la regarder. C'était plus dur que tu l'aurais imaginé. Souffle mon vieux, ça va bien se passer.

▬ Je ne sais comment vous remercier, merci beaucoup, Sam, d'être venu à mon secours. Sans vous je... J'ignore les dégâts que j'aurais pu causer à mon propre peuple. Je suis sincèrement navrée de vous avoir causé des ennuis.

Tu répondis rapidement que c'était normal. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un perdait le contrôle, ni la dernière fois. Même si tu n'étais plus vraiment présent au village, tu venais toujours aider les tiens quand tu le pouvais.

▬ Si je peux faire la moindre chose pour vous, n'hésitez pas à m'en faire part. Je suis très douée pour faire le ménage alors... Si vous avez besoin d'aide pour entretenir votre cabane, très charmante d'ailleurs, je suis à votre disposition.

Tu la stoppas net.

▬ C'pas nécessaire, j'vis plus ici. J'repasse une à deux fois dans le mois pour nettoyer not-.. La cabane. Alors merci d'la proposition, mais ça ira, t'vas bien, ça m'suffit.

Tu n'aidais pas les gens pour recevoir un service en retour. Tu étais naturellement bienveillant et plutôt modeste sur cette qualité. De toute manière, faire le ménage ici, c'était un moment particulier pour toi. Tu ne souhaitais pas le partager avec quelqu'un d'autre, surtout vu comment tu finissais en miettes à chaque fois. Tu attrapais la tasse de thé, glissant au passage un petit merci pour t'en avoir préparé une. Tu es plus café que thé, mais toute boisson chaude est bonne à prendre quand on est gelé.

Malgré le tourbillon de sentiments qui t'habitait, un sourire amusé apparut sur tes lèvres alors que Sofia parlait de chevalier. Aawwh, si elle savait comment tu étais vraiment. Chevalier de la décadence. Elle serait surement moins enchantée la p'tite Lady. Tu ne savais pas vraiment quoi répondre à ce compliment, à part un banal merci. Tu bus quelques gorgées de ton thé, profitant de la chaleur qu'il t'apportait, avant de reprendre la parole.. Toujours sans la regarder.

▬ Hum.. J'sais pas si c'est parce que ça fait un moment que j'viens plus trop mais.. J'tai pas souvent vu au village. T'es là depuis quand ?

Le Corbeau et

le Cygne

Feat. Samael Lucky

...C'était bizarre, j'avais l'impression d'être de trop ici, dans cette cabane, mais c'était également très, chaleureux, accueillant. Il y avait clairement un malaise et j'avais ma petite idée de pourquoi. Sam était bienveillant, ça semblait naturel pour lui de venir en aide aux autres mais, à la fois, il semblait très renfermé sur lui-même, presque froid et distant. Mais ce n'était pas dans sa nature d'être ici, quelque chose de dramatique l'avait rendu ainsi. Deux traits de caractères très opposés qui créaient en lui un chamboulement, un manque d'équilibre qu'il avait du mal à gérer. Je l'observai encore un peu, comme pour essayer de le décrypter, de le comprendre. Ca faisait parti de mon travail oui... C'était peut-être de la déformation professionnelle, ou alors je faisais ça naturellement. Dans tous les cas, en ce qui concernait Sam, j'étais intriguée. Quelque chose me disait que lui et moi n'étions pas si différent que cela. La différence était que, contrairement à lui, je n'étais pas spécialement connue pour être altruiste. En évoquant le ménage, ma présence pour l'aider à tenir cet endroit propre, il me stoppa net. Comme si je venais d'essayer de percer sa carapace, d'essayer d'entrer dans une partie de son passé, là où personne n'avait le droit de venir. Par réflexe, j'eus un mouvement de recule. Par pas peur non, c'était purement psychologique : Je mettais de la distance entre nous deux pour montrer que je ne voulais pas violer son intimité.  

"C'pas nécessaire, j'vis plus ici. Lança-t-il. J'repasse une à deux fois dans le mois pour nettoyer not-.. La cabane." Se corrigea-t-il rapidement.

Bon, le doute n'était plus vraiment permis. Il vivait donc bien ici avec sa compagne qu'il avait visiblement perdu, vu son état. Donc venir faire le ménage ici était comme un rituel pour lui, pour ne pas oublier ? Je ne préférais pas imaginer dans quel état il devait finir...

"Alors merci d'la proposition, mais ça ira, t'vas bien, ça m'suffit."

Vu le ton, inutile d'insister. J'hochai donc simplement la tête avant de boire une petite gorgée de mon infusion. Sam fit de même et me remercia par la même occasion pour lui avoir préparée une tasse également. Je remarquai, cependant, son sourire amusé malgré les traits tirés de son visage visiblement fatigué. Le fait de le voir comme un chevalier semblait le faire rire, du moins intérieurement. Il ne s’étala pas davantage sur le sujet et se contenta de remercier, encore une fois.

"Hum.. J'sais pas si c'est parce que ça fait un moment que j'viens plus trop mais.. J'tai pas souvent vu au village. T'es là depuis quand ?" Demanda-t-il.

En même temps, j'étais plus que discrète ici, avant je ne venais presque jamais. Du moins quand Roy était en vie. Après sa mort, je venais plus souvent, peut-être deux fois pas mois ? Là, ça ne faisait que quelques mois que je m'investissais davantage dans la vie communautaire des mawus.

"Depuis plus ou moins toujours, depuis que j'ai appris l'existence de ce peuple. Je pensais d'abord être unique, un peu seule et perdue, avec ce don... Répondis-je, songeuse. Heureusement, ce n'est pas le cas. Mais je ne me sentais pas vraiment investie..."

Je le regardai un instant, hésitante. Comme si, en moi, venait de naître un sentiment étrange. Comme si je pouvais me confier à lui plus naturellement. C'était surement dû au fait qu'il était mawu, lui aussi.

"Disons que depuis peu, je me cherche. J'essaie de comprendre ce que je suis réellement, pour me voir autrement que simplement un monstre capable de causer destruction et désordre. Et si, par la même occasion, je peux aider les miens..."

J'haussai les épaules, pas l'air franchement convaincue.

"Enfin, même si aujourd'hui je n'ai pas vraiment exemple d'altruisme pour ces deux pauvres hommes... Ils vont bien j'espère ?"

Je le regardai, à nouveau un peu honteuse.

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Détendu

Pas tout à fait, mais on est sur la bonne voix. Cependant, tu ne la regardais toujours pas. Il te fallait un peu plus de temps pour t'y faire. D'après la réponse de la demoiselle, cela faisait un moment qu'elle habitait ici. Tu ne remettais pas ses dires en question, de toute manière, tu n'étais pas connu pour ta bonne mémoire, surtout celle des visages.

▬ Disons que depuis peu, je me cherche. J'essaie de comprendre ce que je suis réellement, pour me voir autrement que simplement un monstre capable de causer destruction et désordre. Et si, par la même occasion, je peux aider les miens...

Son discours était loin de t'être inconnu, de nombreux mawus étaient passés par là. Du moins ceux avec des pouvoirs considérés comme dangereux pour autrui. Alors, ces paroles ne t'étonnaient pas vraiment. Si Alana n'avait pas été là, si elle n'avait pas été une mawu elle aussi, tu ne t'aurais probablement jamais investi au sein du village. Tu aurais vécu ta petite vie de ton côté, sans te préoccuper d'eux.

▬ Enfin, même si aujourd'hui je n'ai pas vraiment exemple d'altruisme pour ces deux pauvres hommes... Ils vont bien j'espère ?

Un petit rire amusé sorti d'entre tes lèvres en repensant à l'état de tes compères. Il valait mieux en rire qu'en pleurer maintenant.

▬ Ils vont bien, ils ont connus pire. Faut pas s'inquiéter, ils t'en voudront probablement pas. C'est pas la première, ni la dernière fois qu'un mawu perd le contrôle. On sait bien que c'est rarement voulu ce genre de débordement.

Cette fois-ci tu tournais enfin ton visage vers elle, lui adressant un sourire sincère. Tu la regardais, dans sa petite robe noir aux discrets motifs floraux.

▬ Elle ta va bien..

Ton sourire s'effaçait progressivement alors que tes iris s'imaginaient Alana à la place de cette jeune femme. Tu fermas les yeux, secouant doucement la tête.

▬ Désolé, j'suis con.. J'aurais mieux fait de t'ramener à ta cabane et pas ici.

Tu te frottais les paupières, saleté de poussières. Tu attrapas à nouveau ta tasse pour boire ce qui en restait. Plus tu parlais, plus tu avais l'impression de t'enfoncer. La pauvre, elle n'avait pas à subir tes états d'âme. Elle venait de vivre un truc pas marrant, pas la peine d'en rajouter une couche.

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... Un fardeau, un boulet, un nuisible. J'avais peur d'être tout cela à la fois, pour mon peuple. Je regrettais amèrement ce que j'avais fait subir à ces deux pauvres hommes. Je les avais ridiculisé, humilié.Qu'allaient-ils penser de moi à présent ? Et si, à cause de cet incident, ils avaient peur de moi, comme c'était déjà le cas avec certains Mawus ? Je ne faisais que renforcer la peur que je provoquai à ceux qui doutaient déjà de moi. La mine triste, je regardai le thé dans ma tasse, y voyant mon propre reflet, très flou. J'avais horreur de causer des ennuis. Enfin... Quand ce n'était pas voulu. Sinon je m'arrangeais toujours pour ne pas en avoir. Souvent aux détriments des autres. Heureusement, le petit rire de Samael parvint à me détendre. A peine en réalité, mais assez pour relever la tête et le regarder, curieuse. Au moins, lui,, il avait trouvé le situation drôle. Ou alors il riait juste pour détendre l'atmosphère... Enfin, avec sa tête de cadavre c'était surtout bizarre. Du coup en fait non... Je me sentais plus trop détendue. C'était pas très sympa de ma part, de le juger. Mais en même temps... Il était connu pour être comme ça, ici. Du moins de ce que je savais. Et de ce que je voyais. Un type très très long et... maigre. Presque squelettique. L'air déprimé et blanc comme un cul. Flippant, quoi. Mais bon, il n'avait pas l'air d'être un mauvais type. Il aurait déjà essayé de profiter de la situation sinon, pendant mon état de faiblesse.  

"Ils vont bien, ils ont connus pire. Faut pas s'inquiéter, ils t'en voudront probablement pas." Déclara-t-il.

Bon, j'irais quand même m'excuser, évidemment. Leur préparer des petits biscuits, histoire de... Ouais, des biscuits en forme de sourire, ça passait toujours bien non ?

"C'est pas la première, ni la dernière fois qu'un mawu perd le contrôle. On sait bien que c'est rarement voulu ce genre de débordement"

Je lui souris doucement, touchée par ses tentatives de me remonter le moral. Il avait raison, ça arrivait et je ne voulais faire de mal à personne. Un accident, sans graves conséquences... Cette fois-ci. Ca aurait pu être pire. Bien pire, si j'avais dis un seul mot de travers... Je frissonnai à l'idée, fermai les yeux pour essayer de chasser ces pensées. J'étais consciente de ce qui aurait pu arriver, inutile de me torturer l'esprit avec quelque chose que j'avais évité. Et si c'était un flingue, qu'il avait en main ? Il l'aurait enfoncé dans sa bouche, comme... Stop ! Je rouvris les yeux, le frisson s'accentua, il en devint très désagréable. Le regard vide, l'espace de quelques secondes, je cherchais un point de repère pour ne pas me perdre dans des souvenirs qui allaient me ruiner. Heureusement, je croisai le regard de Sam. Maintenant que j'y pensais.... C'était la première fois qu'il me regardait.

" Elle ta va bien.." Avoua-t-il, l'air nostalgique.

Son sourire s'effaça, ses yeux se fermèrent. Evidemment, dans cette tenue, je devais lui rappeler sa compagne... Quelle idiote je faisais, j'aurais dû essayer de trouver autre chose plutôt que cette robe.

"Désolé, j'suis con.. J'aurais mieux fait de t'ramener à ta cabane et pas ici"

Je serrai mes jambes et rabattis doucement mes mains contre mon torse, la tasse de thé toujours dans celles-ci. Je me sentais affreusement mal à l'aise... C'était clairement de ma faute ! En plus d'avoir causé du tord à deux mawus, voilà que je ravivais des souvenirs désagréables à celui qui était venu à mon secours... Irrécupérable idiote ! Sombre conne que j'étais ! J'aurais dû refuser de le suivre ici et lui proposer d'aller chez moi à la place ! J'avais l'impression de me refermer sur moi même, de vouloir m'en aller. L'abandonner... Mais ... Il était triste, je ne pouvais pas le laisser comme ça. Et pourquoi pas en fait ? D'ordinaire, je serais simplement partie sans demander mon reste. Pourquoi étais-je prise de compassion, à présent ? Juste car il était mawu ?  

"Lorsque j'ai nettoyé votre cuisine je.... Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que vous étiez drôlement bien équipé."

Je lui souris doucement, tachant de faire bonne impression, paraître douce...

"J'imagine que vous êtes un talentueux cuisinier... Et..."

Mon sourire se fit plus naturellement, plus sincère. Une idée me vint, pour nous permettre à tous les deux d'oublier nos démons intérieurs.

"J'avais dans l'idée de préparer des biscuits sourires pour les deux mawus, afin de me faire pardonner. Que diriez-vous si nous essayions de les préparer ensemble ?"

Plus serine, je bus une petite gorgée de thé, soutenant mon regard sur Samael. J'espérais au moins que mon idée allait lui convenir...

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Et le silence..

S'installe. Tu te maudis intérieurement, t'es vraiment bon qu'à faire des boulettes. Et maintenant, tu ne savais plus quoi dire. La gorge et le cœur serrés, l'estomac qui fait des nœuds et le cerveau en vrac. Eh bah super comme "chevalier" hein. Heureusement, Sofia finit par brisé le silence, te tirant au passage de tes tourments internes.

▬ Lorsque j'ai nettoyé votre cuisine je.... Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que vous étiez drôlement bien équipé.

Tu relevais la tête vers elle. Nettoyer ? Elle avait nettoyé ta cuisine ? Pourtant elle te paraissait propre.. Bon t'es pas un pro du ménage, mais quand même ! Sauf que, tu avais oublié un petit détail. La miss que tu avais en face de toi était du genre.. Ultra maniaque. Tu ne t'en offusquais pas, après si cela l'avait aidé à oublié ses mésaventures pendant que tu étais parti récupéré sa robe.. Et puis, tu te doutais bien que ça devait être plus fort qu'elle. Pour avoir vécu avec quelqu'un qui aimait l'ordre et la propreté.

▬ J'imagine que vous êtes un talentueux cuisinier... Et... J'avais dans l'idée de préparer des biscuits sourires pour les deux mawus, afin de me faire pardonner. Que diriez-vous si nous essayions de les préparer ensemble ?

Fabuleux ? Sans doute, après tout tu n'étais pas à la tête d'un grand établissement pour rien. Tu répondis sans réfléchir, sautant sur cette occasion pour ne pas crouler sous le poids de tes pensées.

▬ D'accord. Parcontre hum.. J'ai pas vraiment de quoi faire à manger ici. Donc, si t'as de quoi faire dans ta cabane, j'suis partant.

C'était vraisemblablement le cas, donc après avoir bu le thé, c'est chez elle que tu irais. Tu avais bon espoir qu'elle puisse se changer chez elle d'ailleurs.. Parce que, quelque chose te disait que ton esprit délabré n'avait fini de te faire voir ta défunte fiancée à la place de la mawu. Tu déposas les tasses dans l'évier, tu les laverais plus tard. Puis tu mis ta veste et donna un parapluie à Sofia, lui proposant des bottines si elle en avait besoin.

Tu la laissais prendre la tête de la marche, de toute manière ce n'est pas comme si tu pouvais le faire, tu ne savais pas où elle habitait. Sous ta capuche, tu faisais un signe de tête aux quelques mawus dont vous croisiez la route. Tu reconnaissais la plupart d'entre eux, il y avait même celui qui était venu te chercher alors que la sirène faisait sa crise. Il semblait rassurer de voir que Sofia allait mieux, ils vous souriait avant de retourner vaquer à ses occupations.

La cabane de Sofia, d'extérieur, elle ressemblait à n'importe quel cabane du village, quoiqu'un peu plus chic que certaines. Avant d'entrer, tu prends soin d'enlever tes chaussures, légèrement boueuses. L'intérieur est très moderne, on sent que les meubles ne sont pas de basses qualités. Tu regardes autour de toi, découvrant ce nouvel environnement.

▬ C'est très beau chez toi.

Dis-tu en lui adressant un sourire sincère.

Le Corbeau et

le Cygne

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Des biscuits sourire. Ouais, c'était une bonne idée ! En voyant ça, ils allaient forcément... me pardonner, hein ?D'ailleurs, pour l'histoire, les smiley venaientt tout droit des États-Unis. En 1963 , Harvey Ball un graphiste avait crée ce symbole, un rond jaune avec deux points noirs pour les yeux et un grand sourire, pour une société d'assurance qui voulait redonner le moral à ses employés... Et ça avait fonctionné. Alors, avec deux mawus... Je n'avais pas d'inquiétude à avoir. Et puis j'allais pouvoir ainsi apprendre à connaître Sam. Savoir qui étaient les miens, essayer de connaître chacun d'eux, c'était un très bon départ si je voulais mieux m'intégrer. Et puis comme ça, je ne donnais peut être pas l'impression de vouloir m'imposer, si je voulais les aider.

"D'accord" Répondit-il rapidement.

Je souris, toute contente de voir qu'il était d'accord.

"Par contre hum.. J'ai pas vraiment de quoi faire à manger ici. Donc, si t'as de quoi faire dans ta cabane, j'suis partant."

J'hochai la tête, bien sûr que j'avais ce qu'il fallait pour cuisiner dans ma cabane ! Le plus souvent, c'était des produits que je pouvais conserver longtemps, dans des bocaux, de la farine, des pâtes, ce genre de choses. Par chance, j'étais passé au marché ce matin, dans le village, pour récupérer des œufs frais. Je terminai mon thé sans plus tarder et donnai la tasse à Sam. Je me relevai, prête à partir, mais fus intriguée de le voir revenir aussi rapidement de la cuisine. N'avait-il donc pas pris la peine de laver les tasses !? Ca alors, je n'allais pas être tranquille si je savais que ses deux tasses allaient rester ainsi dans son évier. Donc, en allant récupérer mes affaires, j'en profitai pour passer rapidement par la cuisine pour les laver, les sécher et les ranger. Je pus ensuite rejoindre le mawu, pour prendre la direction de ma cabane.

Je passai devant, pour lui montrer le chemin. Sam ne savait pas où je vivais, de toute façon. En plus, j'étais bien à l'abri de la pluie, sous le petit parapluie qu'il m'avait prêté. C'était un vrai gentleman ! Hélas, il était trop petit pour être à deux dessous et ça tombait bien, je n'avais pas spécialement envie d'être collée à lui. Il allait être un peu mouillé mais bon, c'était moins grave. J'allais pouvoir lui donner une serviette. Oui, donner. Je ne comptais pas la récupérer si quelqu'un d'autre que moi s'en servait. En chemin, nous croisâmes le mawu qui était parti chercher Sam. Il nous demanda rapidement si tout allait bien. Rassuré de voir que tout était rentré dans l'ordre, il s'en alla. Une fois arrivés, je me retournai pour demander à Sam de retirer ses chaussures avant d'entrer. Je fus devancée, ravie de constater qu'il l'avait déjà fait. Le parapluie restait à l'extérieur aussi, aucune envie de mouiller mon intérieur. Le manteau de Sam, quant à lui, trouva place sur le porte-manteau. Heureusement qu'il y avait un tapis au sol pour rattraper les gouttes qui tombaient.

"C'est très beau chez toi." Commenta-t-il.

Il me sourit sincèrement. Je lui rendis le sourire, bien moins grand que le siens toutefois, très furtif, à peine visible.

"Bienvenue à la maison, Miss Ashley."

Ah, c'était Aris. Il était relié au réseau et, évidemment, installé dans ma cabane qu'il pouvait contrôler.

"Je vois que vous avez un invité, dois-je préparer de l'eau chaude pour le thé ?"

"Nous en avons pris un déjà, merci A.R.I.S"

Je me tournai ensuite vers Sam et lui indiquai de me suivre vers la cuisine. Elle était parfaitement équipée, du matériel dernier cri, un réfrigérateur américain très moderne avec un écran intégré pour y consulter des recettes. A coté, un piano de cuisson probablement hors de prix, je ne savais plus vraiment... Bref, il allait surement très bien s'amuser dans cette cuisine. De l'espace, il en avait. Un plan de travail parfaitement propre, des ustensiles en inox, une balance programmable.

"A.R.I.S, affiches une recette de biscuit sablé sur le frigo', s'il te plait"

Aussitôt dit, aussitôt fait. Une recette s'afficha sur l'écran. J'enfilai rapidement un petit tablier chat qui recouvrait toute la robe et consultai l'écran, les poings sur les hanches. Alors... Des oeufs, de la farine, du sel, du sucre, de la vanille. Bon, j'avais une gousse de vanille  de Madagascar dans le placard, ça allait surement le faire... Le soucis, c'était que j'étais très nulle en pâtisserie... Enfin, j'arrivais à faire des trucs basiques, comme un gâteau au chocolat, si je suivais bien la recette. Mais des sablés... C'était la première fois. Même si à première vu, ça ne semblait pas compliqué. Je me mis sur la pointe des pieds pour récupérer un paquet de smarties, pour les yeux, et la fameuse gousse de vanille.

"D'ailleurs, Sam, vous faites quoi dans la vie ?"

Entre temps, Aris proposa un peu de musique pour agrémenter la séance pâtisserie. J'acceptai volontiers, appréciant comme toujours les initiatives de l'IA. Il passa des musiques un peu passe-partout, comme on pouvait en entendre dans les bars et restaurants chics de la ville. C'était parfait ! De la Lounge Music. Je préparai les ingrédients nécessaire, mis à disposition de Sam un saladier, un fouet et tout le nécessaire pour réaliser ces biscuits.   

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Bip Boop.

Une voix qui sort de nul part, comme ça, ça te laisse un peu perplexe. T'es pas une lumière, alors tu ne comprends pas vraiment de quoi il s'agit tout de suite. Et puis, le temps que les neurones s'allument et analysent ce qui se passe.. Tu finis par comprendre. La cabane de Miss Ashley, pour reprendre les termes de la mystérieuse voix, était équipée d'une intelligence artificielle. Eh bah, on s'embête pas ! Tu en concluais donc qu'elle devait être pas mal friquée, parce que mine de rien ça coûtait surement très cher ce genre de bordel.

▬ A.R.I.S, affiches une recette de biscuit sablé sur le frigo', s'il te plait.

Ah bon. Tu allais proposé une recette, mais bon, c'est madame la chef. Tu regardais ladite recette s'afficher sur le frigo, croisant les bras sur ton torse. On arrête pas le progrès. Tu retroussais les manches de ton sweat, allant vers l'évier pour te laver les mains. Pas à cause de l'autre maniaque, juste un réflexe de boulot. C'est pas comme si c'était la première règle qu'on apprenait dans ce taff hein ! Tu regardais Sofia affublé d'un tablier un peu enfantin, mais adorable. Elle avait sorti tout ce dont vous aviez besoin pour faire les biscuits.

▬ D'ailleurs, Sam, vous faites quoi dans la vie ?

Demandait-elle tout en mettant de la musique que l'IA avait proposé. Toujours agréable pour travailler. Pas vraiment ton style, mais ça passait bien comme fond sonore. Tu regardais le fouet, l'air désapprobateur.

▬ On pourrait être deux à utiliser le tutoiement ?

Avais-tu dit dans un sourire à l'intention de la demoiselle bien trop formel à ton goût. Bon.. Peut-être que toi tu ne l'étais pas assez.. Certes. Mais c'était quand même plus chaleureux, sympa, appelez ça comme vous voulez, de se tutoyer.

▬ Et du coup, j'suis.. Chef cuisinier. Aux Délices Angéliques.

Le restaurant étant plutôt connu, étoilé et tout le toutim.. Ça donnait une idée de ton niveau de cuisine. Tu coupais le beurre en dé pour l'ajouter dans le saladier. Tu ne regardais pas la recette, faire une pâte sablé.. Ça faisait un peu partie des bases de la cuisine. Il fallait maintenant rajouter de la farine.

▬ Par contre.. Pas question d'utilisé un fouet.. C'est à la main ce genre de préparation ! Sauf si t'as un robot pour ça.

Mais tu n'en voyais pas à l'horizon.

▬ Et toi, tu bosses dans quoi ?

Tu avais du mal à imaginer dans quel secteur elle se trouvait.. Infirmière ? Ingénieure ? Astronaute ? Pas la peine de te torturé l'esprit, de toute manière, elle n'allait pas tarder à t'apporter la réponse.

Le Corbeau et

le Cygne

Feat. Samael Lucky

Je réajustai mon petit tablier, il était trop mignon ! Sam se lava les mains à son tour. Bon, il avait les bases au moins, c'était déjà ça... Heureusement que j'étais quand même ! On allait pouvoir essayer de faire quelque chose de bon. Même s'il semblait savoir cuisiner... A le regarder, ça ne devait pas non plus être fabuleux. Enfin, on disait que l'habit ne faisait pas le moine, n'est-ce pas ? Bon, je regardai la table. Il ne restait plus qu'à commencer. Héla,s quelque chose semblait déplaire à Sam, il regardait mon fouet, pas l'air franchement convaincu. Bah quoi ? Comment comptait-il mélanger les ingrédients ? Je n'avais pas mon robot de cuisine ici... Maintenant que j'y pensais, je pourrais équiper la cuisine de ma cabane. Comme je venais un peu plus souvent, ça ne serait pas du luxe.

"On pourrait être deux à utiliser le tutoiement ?" Fit-il.

Je le regardai, le fouet toujours dans ma main. Je penchai doucement la tête, intriguée. En effet, lui s'autorisait à me me tutoyer. Ca me dérangeait un peu quand même. Autant de me faire tutoyer que de devoir le faire vis à vis de lui. On ne se connaissait pas vraiment, c'était pas très conventionnel. Mais après, il m'était venu en aide et avait même accepté de faire des biscuits avec moi. Peut-être que je pouvais faire un effort, dans ce cas.

"Et du coup, j'suis.. Chef cuisinier. Aux Délices Angéliques." Répondit-il.

... ... Ah. Ah, bon. Ouais, bah l'habit ne faisait VRAIMENT pas le moine, hein. Je me sentais un peu bête maintenant... Il n'avait évidemment pas besoin d'une recette. Et je compris maintenant pourquoi il regardait mon fouet avec autant de réticence. J'allais souvent dans ce restaurant, il était assez chic et luxueux. La cuisine était très bonne... Et du coup, c'était lui qui la faisait. Maintenant que je savais que c'était un mawu qui cuisinait dans ce restaurant, je pourrais y aller plus souvent. J'étais cliente régulière déjà, avec mes exigences. Une table impeccable, mes propres couverts... Bref, tout devait être irréprochable et propre. J'avais déjà quitté l'endroit, lorsque j'avais jugé que mes exigences n'étaient pas respectées.

"Par contre.. Pas question d'utilisé un fouet.. C'est à la main ce genre de préparation ! Sauf si t'as un robot pour ça."

Justement, non. Je grimaçai, un peu écœurée à l'idée de devoir mettre les doigts dans ... le saladier pour tout mélanger. Bon, j'allais le laisser faire. C'était son métier après tout. J'allais être son assistante ! Oui, voilà, son assistante. Je rangeai donc le fouet tandis qu'il coupait le beurre en dé pour l'ajouter dans le saladier. Ah, j'aurais même pas pensée à faire comme ça... Je lui donnai rapidement le paquet de farine avec un doseur, en bonne assistante.

"Et toi, tu bosses dans quoi ?"

Il ajouta la farine dans le saladier. Il lui fallait, ensuite, les œufs. Mince, j'oubliai combien il en fallait. Je jetai un rapide coup d’œil à la recette avant de revenir vers Sam pour lui donner un seul œuf. Il allait également avoir besoin d'une pincée de sel. Je mis donc la salière à sa disposition puis allait récupérer une emporte pièce en forme de cercle.

"Je suis enquêtrice consultante. Je travaille souvent avec la police, pour les affaires criminelles. Mais j'accepte également les affaires des privés."

La pâte semblait prendre forme. Je donnai la gousse de vanille à Sam. Les biscuits allaient être drôlement bons, j'avais hâte d'y goûter. Le Chef avait les doigts plongés dans le saladier... Ce n'était pas très agréable à regarder. J'avais envie de lui mettre les mains sous l'eau pour les laver.

"Mais il y a des jours, j'ai envie de... De voir autre chose."

Il fallait avouer que voir des cadavres à longueur de journée, ça usait. Ca et les familles qui étaient détruites, devoir annoncer des mauvaises nouvelles... Bref.

"Jouer du violon ou du piano, dans des bars chics, genre cabarets... "

Je le regardai, esquissant un petit sourire. De toute façon, je n'avais plus vraiment besoin de travailler pour gagner ma vie. Les intérêts seuls suffisaient à me verser un salaire. En réalité, je travaillais pour passer le temps, pour m'occuper. Et puis ça ne faisait jamais du mal, de pouvoir gagner un peu plus.

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▬ Je suis enquêtrice consultante. Je travaille souvent avec la police, pour les affaires criminelles. Mais j'accepte également les affaires des privés.

Tiens, tu n'avais jamais rencontré de personne travaillant dans ce milieu.. Ça devait être intéressant à n'en point douté mais surtout dur. Elle devait avoir un sacré un mental pour réussir à bosser là-dedans. Tu malaxais la pâte, enfin, la farine et le beurre jusqu'à ce que le tout soit homogène. La mawu te donna un œuf, normalement on utilisait que le jaune mélangé avec un peu d'eau.. Mais bon, si elle voulait suivre sa recette, tu en ferais de même. Surtout que ça ne pouvait pas être mauvais avec un œuf entier.

▬ Mais il y a des jours, j'ai envie de... De voir autre chose.

Puis vint le tour du sel et de la vanille de s'ajouter à la mixture. Lorsque la pâte était bien formée, tu arrêterais d'y touché où la pâte serait trop élastique pour pouvoir la travailler correctement. Si ton regard était concentré sur ce que tu faisais, cela ne t'empêchait aucunement de l'écouter attention et tu attendais de ce qu'elle entendait pas "voir autre chose".

▬ Jouer du violon ou du piano, dans des bars chics, genre cabarets...

Tu haussas un sourcil, plutôt étonné de cette déclaration. Quoique pas tant en faite. Tu la voyais bien jouer un de ces instruments.. Mais de la à se produire dans des bars ou autre.

▬ Oh ? T'es musicienne ? Moi aussi et.. Je joue de temps en temps dans des bars. Parcontre c'est pas vraiment "chic" aha. Faut t'lancer si c'est c'que t'as envie de faire, surtout que c'est pas quelque chose de compliqué ou d'irréalisable.

Tu regardais un instant la pâte.

▬ Normalement, faudrait la mettre au frigo pendant une trentaine de minute pour que la pâte se raffermisse.. Sinon on va avoir du mal à l'étaler. Ou une dizaine de minutes dans un congélateur, si t'as.

Dans les deux cas, il faudra mettre le petite pâton dans du fil alimentaire et la faire refroidir.

Le Corbeau et

le Cygne

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1.700.000$. C'était, environs, ce que je gagnais par année. Seulement avec les intérêts. Soit, à une vache prêt, 141.667$ par mois. En moyenne, et grâce à mon taux de réussite incroyable -merci mon don- et ma rapidité de traitement des enquêtes, je peux me verser un salaire de 12.000$ par mois. Des broutilles, comparé à ce que mes intérêts seuls me rapportaient. Alors oui, je n'avais plus besoin de travailler. Et je n'avais que 28 ans... J'avais la vie devant moi avec un compte en banque qui ne faisait que croître. C'était indécent. Pour les autres du moins, ça pouvait l'être. Mais pour moi, c'était normal, ma routine. Dans les faits, je pourrais simplement tout quitter, embarquer Eve' avec moi pour faire le tour du monde, vivre pleinement notre relation, sans se soucier de rien. Dans le fond et, honnêtement, je ne savais même pas ce qui me retenait. Ma soudaine "fidélité" envers les mawus peut-être, ne pas les abandonner. La Villa, lieu de souvenir si agréable, avec mon fiancé. Surtout qu'elle était à lui. L'esprit un peu ailleurs, bousculé par ces nombreuses pensées, je regardai Sam réaliser la pâte. Il avait le geste si sûr, comme si c'était une routine pour lui. Il était cuisinier, c'était normal après tout. Une fois qu'il jugea qu'elle était prête, il cessa d'y toucher pour la laisser reposer.

"Oh ? T'es musicienne ? demanda-t-il. Moi aussi et.. Je joue de temps en temps dans des bars. Parcontre c'est pas vraiment "chic" aha. Faut t'lancer si c'est c'que t'as envie de faire, surtout que c'est pas quelque chose de compliqué ou d'irréalisable."

... Faut t'lancer si c'est c'que t'as envie de faire, surtout que c'est pas quelque chose de compliqué ou d'irréalisable. Une phrase anodine. Le genre de phrase "facile" à balancer. Mais pour moi non, ça avait du sens. C'était le genre de phrase qui allait restée ancré dans mon cerveau. Tout comme celle de ma compagne. "C'est correct d'aimer à nouveau. Peut-être pas de la même façon, ni pour les mêmes raisons, mais c'est correct". Le genre de phrase qui, moi, me débloque, car l'évidence ne l'était parfois pas. Encore moins pour un cerveau comme le mien qui passait à coté des évidences tant il réfléchissait. Je restai toujours muette, songeuse à ce qu'il venait de me dire. Me lancer. C'était la seule chose qu'il me manquait. Je savais jouer, j'avais des instruments d'une qualité incroyable. Me lancer.

" Normalement, faudrait la mettre au frigo pendant une trentaine de minute pour que la pâte se raffermisse.. Sinon on va avoir du mal à l'étaler. Ou une dizaine de minutes dans un congélateur, si t'as."

Machinalement, je récupérai la pâte pour l'envelopper dans du film alimentaire et la mettre dans le compartiment du frigo qui faisait office de congélateur. A cet instant, les petits biscuits n'avaient plus d'importance. Je voulais en savoir davantage sur la révélation qu'il venait de me faire. Distraitement, je regardai ses doigts. Il jouait de la guitare, sans médiator. Ses doigts étaient un peu marqué.

"J'aimerais bien vous entendre jouer de la guitare. Et pourquoi pas, jouer un morceau, ou deux, ensemble."

Je demandai à Aris de nous prévenir une fois que la pâte aura reposée 10 minutes. Je profitai du temps que nous avions devant nous pour faire le ménage sur le plan de travail. Ranger les ingrédients, nettoyer, frotter, astiquer. Bref, comme si tout était à nouveau neuf.

"je ne me vois pas jouer dans un bar... classique. Les gens qui fréquentent ces établissements sont..."

Comment dire de manière aimable que ces gens étaient des ivrognes de basse classe pour qui le thé en sachet qu'on trouvait dans les commerces populaires était du luxe ? Un synonyme de bouseux...mh...

"Disons que la classe populaire ne risque pas de comprendre l'émotion que j'essaie de transmettre quand je joue. Alors que les bars cabarets, les soirées ... mondaines. Enfin... C'est ici que je me sens plus à ma place. Ou alors parmi des artistes..."

J'haussai les épaules, l'air un peu perdue dans mon raisonnement. Où était ma place, en fait ? Avec qui je me sens à l'aise ? Des aristo', des bourgeois, des artistes ? A vrai dire... Personne. J'étais du genre assez solitaire, en raisons de mes... manies.

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▬ J'aimerais bien vous entendre jouer de la guitare. Et pourquoi pas, jouer un morceau, ou deux, ensemble.

Un large sourire vint illuminer ta bouille. C'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! Tu n'étais pas étonné qu'elle devine que tu pratique cet instrument.. Elle était déctetive et même sans ça, n'importe quel personne un peu attentive pouvait remarqué tes doigts marqués par les cordes.

▬ Ça serait avec plaisir.

Tu réfléchissais déjà à ce que vous pourriez jouer tout les deux, un morceau connu ou juste de l'impro pour le fun ? Baaah, t'as le temps d'y réfléchir !

▬ Je ne me vois pas jouer dans un bar... classique. Les gens qui fréquentent ces établissements sont...

Sont...? Tu haussas un sourcil, gardant un air impassible sous ton visage cerné. Tu avais un peu peur des mots qui allaient sortir de sa bouche. Et tu avais bien raison. Tu la trouvais soudainement bien.. Hautaine, prétentieuse même. Tu croissais tes bras sur ton torse, tapotant de tes doigts droits sur ton bras gauche. On pourrait croire que tu étais énervé, mais pas du tout. Elle pense ce qu'elle veut après tout. C'était juste un réflexe nerveux quand tu n'avais plus rien à faire en cuisine et/ou que tu avais envie de t'en griller une. Il n'y avait d'ailleurs aucune animosité dans le ton de ta voix, tu restais fidèle à toi même, mec chill qui juge pas.

▬ Ah bon ? Et.. A ton avis. A quelle classe j'appartiens ?

Dis-tu dans un premier temps, la fixant des yeux clairs. Sourire en coin, il y avait peut-être une chance pour qu'elle se sente mal à l'aise en cet instant. Avec ton langage peu châtié, tes vêtements loin d'être de marques, ta dégaine de camé.. Tu faisais clairement pensé à une personne de classe moyenne, voir pauvre. Tu ne la laissas pas plus dans le tourment de son impolitesse, continuant de parler.

▬ La musique appartient à tout le monde et n'importe qui, simplement en écoutant, peut comprendre, ressentir, interpréter à sa manière. C'est ça qu'j'aime bien dans cet art..

Un léger sourire se glissait sur ton visage, passionné comme toujours lorsque tu parles de musique ou de cuisine.

▬ Ceci étant dit, j'peux comprendre qu'on préfère jouer dans un endroit plus qu'un autre. Moi c'est plutôt l'inverse, les soirées mondaines ou trop guindés, c'pas trop ma tasse de thé.

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Mais richesse n'était pas synonyme de bonheur. Même si, inutile de mentir, ça y contribuait pas mal. Non, ma plus grande richesse, c'était Eve'. Elle m'aidait, petit à petit, à remonter la pente. J'étais sous l'eau, de l'eau trouble, complètement noyée par mon quotidien, mes cauchemars, mes blessures, le vide. On en sortait pas aussi facilement. Ca prenait du temps. Beaucoup de temps. Un rien pouvait nous faire à nouveau replonger. L'esprit était fragile, fêlé mais pas encore totalement brisé. Des fuites, ça et là, qui faisait qu'on prenait l'eau, qu'on pouvait couler à tout moment. L'environnement était important. Une vie la plus saine possible, dans un cadre propre, harmoniser notre vie. En bref, réduire au maximum les sources capables de nous faire totalement sombrer. Vivre dans une maison propre, rien que ça, niveau mental... Si on devait être entouré de désordre, constamment, le cerveau pouvait se laisser aller et se relâcher totalement. C'était ça aussi, mon combat. Au quotidien. Un combat duquel j'essayais de préserver Evelyn, ne pas lui faire subir cette dépression, mon caractère. En sa présence, j'essayais d'être souriante et faire comme si mon passé était loin derrière moi. Pour le moment, ça semblait aller.

Pour le moment. Je remarquai le sourire éclairer le visage de Sam. Enfin, éclairer... Vu sa tronche de zombie, c'était carrément bizarre de le voir sourire comme ça. Enfin, lui aussi devait mener un combat difficile. Il avait ses propres méthodes pour essayer de faire face. J'avais les miennes. Mais la chose en commun, que nous avions lui et moi, c'était de s'évader grâce à la musique. Et c'était justement pour ça que je voulais jouer avec lui. Car lui, au moins, allait pouvoir comprendre mes notes, ma façon et ma raison de jouer. Pas comme ces singes qui ne faisaient qu'entendre la musique sans réellement l'écouter. Incapable de comprendre que je tenais mon violon comme si c'était l'être le plus cher que j'avais au monde. Des notes qui venaient de l'âme, du cœur. Des émotions palpables. Non, ce n'était pas à la portée de tout le monde, de ressentir ce genre de chose.

"Ça serait avec plaisir." Déclara-t-il.

Super, j'étais contente. Je dessinai un très léger sourire sur mes lèvres, même si je pouvais percevoir dans l'attitude de Sam de l'impatience. Comme s'il était en train de me juger, là, maintenant. Je savais ce qu'il était en train de se dire, je dégageais toujours cette aura "praetentus". De mes mots, de ma façon d'agir, de me tenir, de me déplacer. Ce n'était pas le premier, ni le dernier à faire la réflexion ou, ne serait-ce, que le penser. Ca m'était donc totalement égale. Le plus important, c'était que j'étais fidèle à moi-même, inutile de faire de mon caractère de la pâte à modeler pour essayer de plaire à tout le monde. Je savais qui j'étais, je ne me cherchais plus. Et, surtout, je savais ce que je voulais.  

"Ah bon ? Et.. A ton avis. A quelle classe j'appartiens ?"

Il me fixais d'un air assez sûr de lui. Bras croisés, son regard droit dans le mien -à travers mon bandeau-, il affichait ce petit sourire en coin assez typique. Pourtant non, contrairement à ce qu'il pouvait penser ou croire, je n'étais pas déstabilisée pour un sou. Au contraire et, surtout, inconsciemment, je le sondais. Toujours aussi sûre de moi, avec prestance, le dos et le buste droit, la tête haute et le menton toujours légèrement relevé.  

"La musique appartient à tout le monde et n'importe qui, simplement en écoutant, peut comprendre, ressentir, interpréter à sa manière. C'est ça qu'j'aime bien dans cet art." Fit-il.

Je l'observai toujours, sans un mot. Silencieuse. Mes yeux toujours sur lui, à fouiner, à creuser jusque dans le moindre petit détail. Il se grattait au même endroit, des irritations, de l'hyperpigmentation locale, Un reniflement, encore.

"Ceci étant dit, j'peux comprendre qu'on préfère jouer dans un endroit plus qu'un autre. Moi c'est plutôt l'inverse, les soirées mondaines ou trop guindés, c'pas trop ma tasse de thé" Ajouta-t-il.

Il semblait tellement passionné, quand il parlait. La musique et lui, c'était une sacrée histoire d'amour. En tout cas, je l'avais suffisamment regardé et écouté pour pouvoir répondre à sa question. A quelle classe appartenait-il ? La réponse semblait à présent évidente à mes yeux. La cuisine était à nouveau propre. Lentement, je me dirigeai vers le lavabo pour me laver les mains, délicatement, avant de les sécher avec la même douceur.

"Pas celle à laquelle vous semblez être à première vu. Vous essayez simplement de lutter contre vos blessures, à votre manière. Vous êtes comme... une personne allongée dans l'eau, sur le dos, à se laisser guider par le courant en fixant simplement le ciel. Attendre quelque chose. La mort peut-être."

Je pliai soigneusement le torchon puis le rangeai à nouveau. Je pris deux verres, pour nous préparer un petit jus de fruits.

"Vous êtes constamment hanté par la même pensée. Elle vous ronge, comme une nécrose impossible à retirer. Pour oublier, vous avez le choix. Musique, travail ? Ca fonctionne, le travail, surtout pendant les rush du midi et du soir. Mais ce n'est pas assez. Vous voulez... Vous sentir différent, plus vivant. Au début, on se sent plus vivant que jamais. Notre esprit bouillonne, on ressent un tas d'énergie, on se sent ultra confiant, un tas d'idées fusent dans la tête. Alors on continue, on plonge de plus en plus. Pour vous, c'est du pain béni. Rien de mieux que ça pour balayer la perte de votre compagne. Mais, hélas, c'est comme les machines à sou. Si, à chaque fois qu'on tire le levier, les trois mêmes symboles apparaissent encore et encore, on se lasse. Ce qui faisait avant notre échappatoire n'est devenu rien d'autre qu'une addiction qui nous enfonce encore plus dans les abysses. Vous avez largement les moyens, un travail dans un des établissements les plus chics de la ville. Mais vous sombrez, inexorablement. A vous lever, chaque jour, sans réellement rien attendre. Simplement regarder le soleil faire sa course dans le ciel, pour vous dire, une fois la nuit tombée "une de moins"."

Je laissai son verre sur le plan de travail, pour qu'il puisse se servir s'il le voulait. Je tenais le mien dans ma main, l'autre bras croisé sous ma poitrine.

"Les gens n'ont plus d'importance à vos yeux. Peut-être par peur de s'attacher à nouveau. Peur d'être déçu. Ou, pire, peur de décevoir. Vous ne vous investissez donc pas plus que ça dans la communauté, ni peut-être même dans votre propre vie privé. Ce laissé aller, cette consommation... C'est ce qui fait qu'aujourd'hui, vous ressemblez à un zombie. Vos choix, vos décisions. Les conséquences qui vont avec. "

Je déposai mon verre sur la table, évidemment sur le dessous de verre. Je passai ma langue sur mes lèvres pour chasser les dernières gouttes du jus de fruits.

"C’est correct d’aimer à nouveau. Je pense qu’au courant d’une vie on peut aimer plus d’une personne, peut-être pas de la même façon, ni pour les mêmes raisons, mais c’est correct, c’est normal, il ne faut pas avoir peur d'aimer à nouveau"

Evidemment, mes pensées se tournèrent aussitôt vers Eve. C'était ce qu'elle m'avait dit le soir de notre rencontre, mots pour mots. Avait-elle seulement conscience de la puissance de la portée de ces mots... ?

"Si je devais résumer... Vous faites parti de la classe des gens qui ont réellement besoin d'aide. Un jour, quelqu'un viendra plonger sa main dans l'eau pour essayer de vous éviter la noyade. Pensez simplement à prendre cette main, Sam."

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La sirène ne répond plus, pourtant à travers son bandeau, tu sens son regard se poser sur toi. Ça ne te mettait pas plus mal à l'aise que ça, mais on ne peut pas dire que c'est agréable de se faire observer ainsi. Tu avais la désagréable sensation d'être étudié, disséqué et observer au microscope. Et vu les paroles qui allaient suivre, tu n'étais pas franchement loin de la réalité. Le silence, devenant pesant au fil des secondes, te donnait d'avantage envie de t'en griller une et les tapotements sur ton bras se firent plus rapides.  

▬ Pas celle à laquelle vous semblez être à première vu. Vous essayez simplement de lutter contre vos blessures, à votre manière. Vous êtes comme... une personne allongée dans l'eau, sur le dos, à se laisser guider par le courant en fixant simplement le ciel. Attendre quelque chose. La mort peut-être.

Ah. Elle a retrouvé sa langue et pas vraiment pour te dire des choses qui allaient te plaire. Une personne allongée dans l'eau. Mouais. Pas faux, pas faux. Tu avais souvent l'habitude de te comparer à une méduse, qui se laisse porter par les vagues. Une méduse suicidaire qui scrute le banc de sable alors qu'elle s'en rapproche inexorablement et qui s'en fout d'y finir, à force de se laisser aller dans les flots.

Tu étais étonné, voir assez impressionné, qu'elle vise autant juste sur ta personne. En même temps, ça devait faire parti de son quotidien de cerner les gens en tant qu'enquêtrice.. Mais ça n'en restait pas moins impressionnant, surtout pour un pauvre crétin comme toi. Tu la regardais se servir en verre tout en continuant son analyse sur ta personne, tu ne savais pas trop comment réagir. Tu n'étais pas offensé, ni blessé, c'était simplement la vérité. Tu n'étais pas fier, ça c'était un sentiment sur lequel tu n'avais aucun doute.

C'est correcte d'aimer à nouveau. Tu ne doutais pas de ces paroles, tu les trouvais d'ailleurs très juste. C'était peut être correct, peut-être que tu ne devrais pas avoir peur d'aimer à nouveau.. Mais tu ne le voulais simplement pas. La douleur que t'avait causé la perte de ton âme sœur t'avait terriblement abîmé, marqué, traumatisé même, pour le vouloir à nouveau.  Un sourire triste se dessinait sur ton visage. Tu n'aimeras plus jamais. Jamais

▬ Si je devais résumer... Vous faites parti de la classe des gens qui ont réellement besoin d'aide. Un jour, quelqu'un viendra plonger sa main dans l'eau pour essayer de vous éviter la noyade. Pensez simplement à prendre cette main, Sam.

Tu relevas ton regard en direction de la Sirène. Toujours ce même sourire.

▬ J'y penserais.

Peut-être. Ou pas. De toute manière, tu étais encore trop enroulé dans ta douleur pour raisonner de façon logique pour ta propre survie. Parce que oui, comme elle l'avait dit, tu avais besoin d'aide. Tout seul, tu étais condamné à t'échouer, te noyer, te supprimer. C'était dur de trouver quoi dire après tout ce qu'elle venait de sortir. Peut-être qu'au fond, il n'y avait rien à dire de plus ? Tu n'avais pas spécialement envie de parler plus que ça de l'épave que tu étais, sur tes possibilités de survie grâce à quelqu'un, quelqu'un que tu ne voulais pas laisser entrer dans ton cœur, dans ta vie. Ça ne serait qu'une conversation stérile, qui tourne en rond, alors oui, il n'y à rien à dire de plus.

▬ Je.. J'pense que c'est bon. Pour la pâte.

Ou si ça ne l'était pas, ça l'était bientôt. Elle avait mit une alarme avec son IA non ? Tu t'en souviens même plus. Quelle idée de retourner le cerveau d'un paumé aussi.

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Mes mots pouvaient être pesant, oui. Très lourd à entendre, à supporter. Peut-être, mais je ne regrettais pas les avoir dit. Je n'avais fait que répondre à sa question... A ma manière. Je n'aimais pas donner des réponses imprécises. Toujours donner le plus de détails possible. Ca ne laissait pas de place au doute, ainsi. Et puis c'était de sa faute ! Quelle idée de me défier comme ça ? Oui, voilà. C'était en-tiè-re-ment de sa faute. Je souris doucement, un peu soulagée finalement. J'étais quand même à deux doigts de m'en vouloir pour lui avoir dit tout ça. Presque. D'ailleurs, j'observai ses réactions, pour être certaine que ce que je lui balançai n'allait pas définitivement lui mettre le moral dans les chaussettes et essayer de se foutre en l'air pour de bon. Si, au début, il masquait un air de surprise, plus loin, dans mon discours, vint s'ajouter un sourire triste sur ses lèvres. Je visais donc principalement juste. En même temps, pas difficile. Je savais exactement ce qu'il était en train de traverser. Nous avions simplement des façons différentes de surmonter nos épreuves et nos douleurs. Et dans mon cas, ce qui faisait toute la différence, c'était la présence d'Eve dans ma vie. Mon petit rayon de soleil, même si mon ciel était encore couvert de nuages. Peut-être indéfiniment. Mes blessures ne pouvaient pas être soignées.  

"J'y penserais." Fit-il, simplement.

Il ne voulait pas s'étaler davantage. Inutile de chercher à creuser plus que nécessaire, dans ce cas. Je regardai discrètement l'heure sur l'horloge de la cuisine. Le temps défilait rapidement, j'avais déjà passée une bonne parti de l'après-midi en compagnie de Sam. Ce n'était pas désagréable, au contraire. Plutôt reposant, ce mec.  

"Je.. J'pense que c'est bon. Pour la pâte."

Oh, déjà ? Je me tournai vers le frigo , prête à l'ouvrir.

"Pas encore, Miss Ashley." Annonça Aris.

Ah... ?

"Combien de temps, encore ?"

"10...9...8..."

"Aris ! On est pas à 10 secondes, près. tu ne pouvais pas simplement dire que Sam avait raison ?"

Le silence... J'attendis.

"Sam avait raison. A Dix secondes près."

Je croisai les bras bras sous la poitrine, boudeuse. Toujours à vouloir faire son intéressant devant mes invités, celui là. Je ne répondis rien et récupérai la pâte. Elle semblait drôlement bien réussi ! Toute contente, je la déposai sur la table et m'équipai de mon rouleau de cuisine, prête à aplatir la pâte pour y découper les formes rondes grâces aux emporte-pièces. Je m’exécutai, m'assurant que la forme allait être... parfaitement ronde et de la même épaisseur partout. Si ça n'allait pas, je recommençai, jusqu'à obtenir un résultat parfait. Un rond parfait. Une épaisseur parfaite. Fière, je pris l'emporte-pièce pour préparer les biscuits. Là aussi, ça devait être très minutieux. L'espacement entre chaque morceau devait être le même. J'appuyai bien pour être sûre de ne pas faire une mauvaise découpe. J'ignorai combien de temps je venais de passer à faire tout ça... Mais Sam semblait patient. Alors tant mieux !

"Voilà ! Il ne reste plus qu'à rajouter les yeux avec les smarties. Mais attention ! Ca doit être de la même couleur sur chaque biscuit. Et pour le sourire, on avait dit quoi ? chocolat ?"

Je regardai autour de moi, pour retrouver ma poche à douille. Il fallait faire fondre du chocolat, pendant qu'on faisait cuir les biscuits. Pour ça, je préférai laisser Sam faire. Je lui montrai mon four, qu'il pouvait utiliser, pendant que je cherchai du chocolat.

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La sirène ne chercha pas à continuer sur sa lancée, ce qui, on va pas se le cacher, t'arrangeais un peu. Non parce que bon, parler de toi, de ta vie, à une inconnue qui plus est, sans alcool. Ça allait devenir compliqué. Pour pas dire impossible. Et puis de toute manière, avec ce qu'elle avait dit, deviné, rien qu'en te voyant.. Elle en savait plus que la plus part des gens qui te fréquentaient tous les jours.

▬ Pas encore, Miss Ashley.

Commentas l'intelligence artificielle. Tu fis les gros yeux. Comment ça pas encore ? Ta montre était à l'heure ! Aris fit le décompte de dix secondes avant d'annoncer que cette fois, c'était bon. Tu avais raison, à dix secondes près. Tu pouffas du nez. Ce bidule était assez développé pour faire preuve d'humour ? Enfin si s'en était vraiment, tu avais un doute. Dans tous les cas, ça t'avait fait rire et détendu l'atmosphère. La pâte fut sorti du frigo, à l’œil elle te semblait bien, restait plus qu'à voir ce que ça donne à la cuisson. Sofia semblait vouloir faire seule les futurs biscuits, s'appliquant en étalant la pâte et encore plus lorsque vint l'étape de l'emporte pièce. Avec le restant de pâte, tu proposas à ton hôte de vous faire quelques biscuits pour vous. A tout cassé vous pourriez en faire quatre, deux chacun, c'était bien non ?

▬ Voilà ! Il ne reste plus qu'à rajouter les yeux avec les smarties. Mais attention ! Ça doit être de la même couleur sur chaque biscuit. Et pour le sourire, on avait dit quoi ? chocolat ?

▬ Bien Cheffe ! Et me semble qu'on avait rien dit, mais du chocolat ça me parait bien.

C'était toujours moins sucré qu'un glaçage classique. Après avoir disposé les petits bonhommes avec les yeux de la même couleur, comme mademoiselle le voulait, sur une plaque, tu les enfournas. Le four avait eut le temps de préchauffer tranquillement pendant qu'elle avait étendu la pâte. Tu baissas un poil la température du four et demandas à Aris de mettre un minuteur -si celui-ci voulait bien lui "obéir",  trente cinq minutes devraient suffire pour une pâte sablée. Tu conseillas Sofia de faire fondre le chocolat dans un bain marie, lui expliquant ce que c'était si elle n'en savait rien.

▬ Tu cuisines ? J'veux dire.. T'as l'air de prendre beaucoup de plaisir à faire de simples biscuits.

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Franchement, ces biscuits allaient tout déchirer ! Préparé avec le savoir de Sam et tout mon amour ! Ah, et aussi la précision chirurgical de Aris quand il s'agissait de timer. L'équipe parfaite, en gros. Je rassemblai déjà les smarties pour les trier par couleur, comme ça on gagnait un peu de temps. et puis, pour le chocolat... Je ne savais pas trop comment le faire fondre...

"Bien Cheffe ! Et me semble qu'on avait rien dit, mais du chocolat ça me parait bien."

Je souris doucement, amusée. "Cheffe" Il était bête lui... Je n'avais rien d'une cheffe cuisinière, comparée à lui. Surtout que je savais, maintenant, qu'il travaillait dans l'un des meilleurs et plus chic restaurant de la ville. Il m'aida à disposer les yeux des bonhommes en prenant soin de faire des paires de la même couleur. Je m'autorisai, de temps en temps, à manger quelques smarties. Je n'aimais pas vraiment les sucreries, je pouvais bien faire une petite exception, pour une fois. Il ne restait plus que le chocolat à faire fondre. Sam était prêt à enfourner les biscuits, en demandant, au passage, à Aris de mettre un minuteur de 35 minutes. 

"C'est noté, Sam." Répondit-il simplement.

Pour le chocolat, le cuisinier me conseilla de faire un bain Marie. Je connaissais ce nom, mais j'ignorais comment on procédait. Heureusement, et de nature prévoyante, Sam m'expliqua comment faire. de l'eau portée à ébullition dans une casserole, à peine remplie à la moitié. Une fois l'eau bouillante, mettre une casserole plus petite dans la première et ajouter le chocolat. Ah... Dit comme ça, on pourrait penser que ça allait être super long. D'un côté, on avait 35 minutes devant nous. Ca devait suffire.

"Tu cuisines ? J'veux dire.. T'as l'air de prendre beaucoup de plaisir à faire de simples biscuits."

Je laissai l'eau bouillir, puis m'occupais de casser le chocolat en petits morceaux. Si j'aimais cuisiner...? Oui et non. Ca faisait trop de saleté mais, en effet, je prenais du plaisir à cuisiner.

"Mh... Même si ça ne se voit pas au premier regard, je suis assez optimiste. Donc oui, je prends plaisir à faire des simples biscuits. Lançai-je, amusée. Autrement, je sais cuisiner, probablement pas aussi bien que vous. J'aimerais surtout quand c'est pour préparer des plats à ma compagne."

Le chocolat était prêt à être fondu, déjà déposé dans la casserole. Je commençai à nettoyer la cuisine et à ranger tout ce qui n'était plus utile. Je ne supportais pas le désordre, ça me rendait trop nerveuse.

"Et vous, votre passion pour la cuisine est née comment ?"

Je n'aimais pas faire la conversation, d'ordinaire. Je trouvais ça barbant, car la vie des gens ne m'intéressaient pas plus que ça, hormis dans le cadre de mes enquêtes. Mais là, c'était différent. Je me sentais à l'aise avec Sam. Le fait qu'il était lui aussi mawu devait pas mal m'aider. Il y avait autre chose, un bon feeling. Quelqu'un qui ne jugeait pas, qui ne se prenait pas la tête. Et ça, j'aimais bien.

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