Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
La notion du temps. Perdu. Quelque part entre la dernière fois où t'as vu Jen et maintenant. Tu te souviens juste avoir quitté son appartement avec une désagréable sensation de regret au ventre, au cœur. T'es allé boire, boire tout ce que tu pouvais, pour oublier ce moment de ta vie. Pourtant, malgré ton rejet, elle ne voulait pas te jeter de sa vie, elle voulait même être là. Mais toi.. Toi et tout ce qui te ronge le cerveau veut et ne veut pas de cette main tendue. Elle pourrait te sauver de bien des maux mais.. On est si bien, là, dans sa douleur, douce amer. Tu as prit l'habitude de flotter entre deux eaux, te noyer, remonter la tête de temps en temps pour ne pas laisser trop d'eau s'engouffrer dans tes poumons. Et puis, tes paradis éphémères te conviennent, quand la douleur est trop forte, là-bas, tu ne ressens juste plus rien. Adieu les cauchemars de corps calciné, les souvenirs bien trop douloureux, la voir mais ne plus pouvoir la toucher, la sentir contre toi, entendre sa voix..
Tu inspires par le nez une énième une ligne blanche sur ta table basse. Ton téléphone vibre. Encore. Vika t'appelle mais tu ne décroches jamais. Ça fait combien de temps que t'es pas aller au travail ? Tu sais que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle débarque. Alors, comme le lâche que tu es, tu fuis. Tu prends clopes, zippo et sachet de coke. T'oublies de fermer la porte de ton appartement. Ta voiture ? Tu ne sais pas où elle se trouve. Alors tu prends le bus, le tram, avec un peu de chance, l'un d'eux te percutera et fera ce que tu n'arrives pas à faire. T'as le tournis, tu descends. T'as mangé ? Peut-être, un peu, tu ne sais plus quand. Ton estomac est tellement tordu que tu ne pourrais même pas dire si c'est parce que t'as la dalle où si c'est à cause de tout ce que t'ingères.
La lumière et musique d'une boite de strip-tease t'attire comme un papillon trop prêt du feu. Tu sais que si t'y rentres, tu en sortiras encore moins bien, moins mal. Une prostituée à l'entrée te fait de l’œil, habituée à ta carcasse d’épouvantail vient à ta rencontre. Elle joue de ses charmes, tactile au possible et ton corps gelé se retrouve soudainement embrasé. Tu parles peu, juste pour lui dire de t'accompagner, l'argent n'est pas un problème. Tu crois entendre ton prénom dans sa bouche, tu te dis que t'as du l'avoir plus d'une fois dans ton lit pour qu'elle se souvienne de toi. Pour ta part, t'es tellement à l'ouest que tu piges pas les trois quart des trucs qui se passent autour de toi. Elle t'amène dans un coin privé, là où elle te fera une danse sensuelle entre deux prises de coke sur sa poitrine. Tu commandes une bouteille de scotch, tu la bois en la regardant danser et ses hanches qui ondulent t'hypnotise au point où tu en oublies où tu te trouves. Quand t'en a marre, tu la traînes en dehors du club et c'est dans une ruelle, entre deux poubelles, que tu la prends sens vraiment en avoir envie. C'est un contact, physique, bestial, rapide et tel un démon de luxure, elle te susurre qu'elle aimerait s'amuser plus longtemps chez toi.
Chez toi.. C'est où ? Les mawus.. Le village.. Là-bas, où y a ta femme qui t'attend. Mais tu viens de tromper Alana ? Tu te penches sur le côté, vomissant le contenu de ton estomac. Non.. C'était.. Pas.. Ton poing part valdinguer contre le mur, la prostituée prend peur et s'enfuit, te traitant de fou où quelque chose comme ça. Mémoire qui part en couille. Tu restes appuyer contre le mur quelques minutes, le temps de te remettre. Tu secoues ta tête, mais ça te fait plus de mal que de bien. Ta main sur ta bouche, essuyant la crasse restante. T'es complètement paumé, littéralement, tu regardes autour de toi.. Plus tu réfléchis, plus tu t'embrouilles dans ton esprit embrumé. Clope. Non joint. Non t'as assez prit de trucs comme ça. Non mais.. En vrai, c'est bien, ça fait planer.. C'est tout doux par rapport aux autres trucs que t'as prit cette semaine. Tu seras sur un petit nuage, apaisant.. Laisse toi tenter. Tu sors de quoi rouler et tu allumes le bout, rasant les murs pour éviter de t'éclater la gueule plus bas.
Les lumières sont trop fortes, le bruit est trop fort, les odeurs te donnent la nausée. Ville de merde, t'aurais du déménager depuis longtemps. Vie de merde, t'aurais du sauter depuis longtemps. Tu grognes contre l'ombre derrière toi. A vrai dire. Elle n'est plus vraiment derrière. Elle est collée à toi. Elle l'a toujours été plus ou moins. Jenny.. Jenny arrivait à la chasser l'ombre. Ne pense pas à elle, elle te fait mal, elle t'en fera, tu vas lui faire mal, déchet. Tu trembles, tu t'effondres, tu pleures. Regarde comme on est bien quand on ne fait qu'un. C'est ce que tu mérites, ce que tu as toujours mérité, tu le sais, au fond de toi, pas vrai Sam. Tu vas finir seul, crevé, au fond d'un caniveaux, une aiguille dans le bras et tu n'auras plus jamais mal. Plus. Jamais.
Tu sors ton téléphone. Qui vas-tu appeler ? Ton père ? Ta mère ? Ils sont morts et n'ont jamais voulu de toi de toute façon. Alana ? Morte aussi. Brûlée vive. Pas arrivé à temps. Pas d'amis. Laisse toi faire. Tombe. Le sol n'est plus très loin. C'est facile. Jen.. Jen ! Tu reviens encore sur elle ? Laiss- Tes doigts parviennent à appuyer au bon endroit, au bon moment, tu portes ton portable à ton oreille. Ça sonne. Et tu répètes son prénom, Jen Jen Jen Jen, comme une prière, attendant un miracle. Tu ne sais pas si ça à décrocher. Pourquoi elle voudrait décrocher ? Mais par deux fois tu répètes.
Je fronçai les sourcils. Qu’est ce qu’il me voulait encore ? Mon rédacteur en chef était, à vrai dire, sur mon dos depuis mon dernier rendez-vous difficile. Il fallait dire que l’article n’avait certainement pas été à la hauteur de ses espérances. Lui qui espérait que le mari ait été le coupable, je lui avais dépeint une toute autre scène, ce qui avait valut à mon article d’être refusé une première fois. Or, je venais de lui rendre un second jet… Sans presque rien n’avoir changé.
- Oui Monsieur ? Dis-je en m’approchant de son bureau. - Est-ce que tu te souviens de ce que j’ai dit ? - Oui Monsieur. - Est-ce que tu as compris ce que j’ai dit ? - Oui Monsieur. - Est-ce que tu as fait ce que j’ai dit ? - Et je ne le ferais pas, Monsieur.
Il était bien hors de question que je me démonte. J’étais journaliste, et il était de mon honneur de journaliste que je dise la vérité et rien que la vérité. Nous n’étions pas dans un journal people. Non. Et je ne vendrais certainement pas mon âme de la sorte.
- Ecoute moi bien. Cet homme est… - Non coupable. J’ai écris là tout ce que j’ai vu. - Ce que tu as vu hein…
Et voilà qui allait recommencer. Le rédacteur me fit un speech comme quoi mon « don » n’avait de vrai que son nom et que si j’étais une bonne journaliste, il fallait que j’apprenne à vendre mes histoires. Or, que ce que je racontais était bien trop horrible pour son journal, et qu’il fallait donc en restait à l’histoire initiale. C’était ainsi à chaque histoire qui ne lui plaisait pas. Mon don finissait par ne plus exister et je passais pour une escroc. Mais je ne me démontais pas. Il en était hors de question. Et la vague passée, je retournai à mon bureau.
- Il t’a encore engueulé ?
Je soupirai pour toute réponse. De toutes façons, même si je me plaignais, cela ne changerait rien à mon présent comme mon avenir. D’autant que je n’avais pas franchement envie de repenser à cette histoire. Je l’avais écrite. J’avais donné mes conclusions. Je ne voulais plus en entendre parler. Un instant, je repensai à Zombiboy. Je n’avais pas eu de nouvelle depuis… Enfin depuis que l’on s’était vu. Ce jour-là. Ce qu’il faisait ? Il avait dû reprendre sa vie normale. A cette heure-là… Sûrement devait-il être au restaurant. Enfin. Je n’allais pas aller vérifier. J’avais déjà fait assez de bêtises. Non. Je n’étais véritablement pas faite pour me lier aux autres. Cela n’avait fait que me confirmer ce que je pensais déjà. En fait… A bien y réfléchir, c’était peut-être le moment d’égarement qu’il m’avait fallut pour me remettre droit dans mes bottes. Oui, je devais avouer que j’avais ressenti quelque peu de tristesse lorsqu’il était parti de chez moi sans un mot. Mais… Sûrement le méritai-je. Rien n’avait lieu par hasard. C’était la base de tout. Et c’était d’ailleurs justement pour ne pas souffrir outre mesure comme tous mes clients que je refusais de ressentir le moindre attachement aux autres.
- … et j’ai claqué la porte pour qu’il comprenne bien que… - Hein ?
Je me retournai vers mon collègue, visiblement en plein exposé de quelque chose que je n’avais absolument pas écouté. Il ne sembla cependant pas surpris, esquissant un léger sourire.
- T’as rien écouté avoue.
J’hochai la tête, trop honnête pour mentir. Et puis de toutes les manières, c’était inutile d’affabuler, j’aurais été incapable de répondre à ce qu’il venait de me dire. L’homme soupira, reprenant son travail.
- T’as l’air dans les nuages ces temps-ci, Reed. Va falloir que ton copain te laisse dormir la nuit. Ricana-t-il. - Mais je n’ai pas… Commençai-je à m’insurger alors qu’il reprenait parole. - C’est bon, je déconne !
Se mettant à rire, je soupirai. Infernal, voilà ce qu’il était. Mais ça ne changeait pas franchement de d’habitude. Me réinstallant confortablement à mon poste, j’oubliai ce petit contre temps pour me concentrer sur mon travail et le second article que je devais fournir au boss avant demain midi. J’étais un peu en retard sur ce coup-là. Mais bon. J’avais encore un peu de temps alors… Il ne me fallut que quelques minutes pour me plonger dans mon écrit, et comme à chaque fois, je me coupai du monde par la force des choses, comme aspirée par les mots qui s’inscrivait sur mon écran.
- Ny… Je fronçai les sourcils, continuant d’écrire, refusant que l’on me sorte de ma bulle d’inspiration. Jenny ! Oh !
Cette fois, je secouai la tête, relevant furieusement les yeux vers mon collègue qui semblait m’appeler depuis un certain temps.
- Ton portable !
Arquant un sourcil, mes yeux tombèrent sur mon cellulaire. Il sonnait. Ah. D’accord. L’attrapant, mon regard changea rapidement alors que le surnom de « Zombiboy » s’affichait sur l’écran. Samael ? Un mélange de sentiments s’installait doucement en moi. Que voulait-il ? Avait-il changé d’avis ? Ou voulait-il me demander d’effacer son numéro ? Ou peut-être était-ce les deux… Quoique cela puisse être paradoxal.
- Eteint le si tu décroches pas. Gronda mon voisin.
Décrocher. Ah oui. Bien sûr. Appuyant sur le téléphone vert, je portai l’appareil à mon oreille.
- Allo ? - A l’aide…
Immédiatement, je fronçai les sourcils. Sa voix n’était pas normale. Ses mots non plus. Que diable se passait-il ?
- Sam ? Demandai-je presque peu sûre que ce soit bien lui. Sam, qu’est-ce qu’il y a ?
Mais à mesure que les secondes passaient, j’avais l’impression qu’une chose grave était en train de se produire, une chose qui me donnait presque la nausée tant elle provoquait en moi une certaine appréhension. Me levant, soudain affolée de cette chose anormale qu’il se passait sans même savoir ce qu’il en relevait, je repris parole sans même le laisser répondre.
- Où est-ce que tu es ?
La réponse fut visiblement difficile à me donner, mais je compris. Et c’était là le plus important. Le Vieux Carré. A côté d’une boîte de striptease. Que faisait-il là-bas ? Avait-il fait une mauvaise rencontre ? Cette fois, c’était une peur bien réelle de le retrouver après une bagarre qui me prit. Sans attendre, sans même répondre à mon collègue visiblement surpris que je puisse avoir une réaction plus vive qu’habituellement, moi qui étais d’un calme et d’un flegme absolu, je quittai les lieux, attrapant veste et sac. Le trajet dura bien trop longtemps à mon goût. Pour tout avouer, et malgré mon inquiétude, je peinais à ne pas respecter les règles édictées par le code de la route. Non pas par crainte de me faire prendre mais plus par… Habitude. Je roulai néanmoins plus rapidement, l’air plus inquiet que tout, malgré moi. Arrivée près de l’endroit qui m’avait été indiqué, je laissai ma voiture en plan, en double file, et tant pis pour l’amende, pour me ruer vers le club de striptease. Où était-il ? Mon regard passa de droite à gauche, balayant la rue. Où était-il ? Je m’arrêtai sur chaque personne, chaque passant. Il n’était pas là. Le souffle court d’avoir couru sans même avoir parcouru plus de deux cent mètres, je me ruai près de l’entrée. Une prostituée ! Là ! Enfin je l’espérais pour elle parce qu’elle était habillée plutôt court… Enfin ! Elle devait être là depuis un certain temps, peut-être l’avait-elle vue.
- Je… Heu… Bonjour. Hésitai-je. Je suis à la recherche d’un ami. Il est euh… Il a les cheveux blancs, très grand, maigre, et des cernes. Et des yeux bleus aussi. Un peu comme… un Zombie ! Oui ! Il ress… - Dites lui de plus s’approcher de moi ! Gronda-t-elle soudain en me montrant une ruelle juste à côté.
De plus s’approcher d’elle ? Mais qu’est-ce qu’il s’était passé ? Sans plus attendre, je me précipitai jusque dans la ruelle. Il était là, juste à l’entrée. Mais… Je fronçai les yeux en m’agenouillant à côté de lui, posant une main sur son front.
- Sam… Murmurai-je. T’es gelé...
Je savais que ma veste ne lui irait pas mais je la mis malgré tout autour de ses épaules pour tenter de l’aider à se lever. Ce fut une chose légèrement… Compliquée, je dois l’avouer. Aussi bien du fait de la taille de Samael que de son état proche du coma.
- Reste avec moi… Lui soufflai-je en le traînant tant bien que mal jusqu’à ma voiture dans laquelle je l’allongeais, sur la plage arrière. M’installant côté conducteur, je me mis à genou pour passer ma main sur sa joue. Mais qu’est ce que tu as…
N’attendant pas franchement de réponse, je démarrai « en trombe » en direction de son appartement. Le mien était trop loin. Mieux valait aller chez lui. Cette fois, j’accélérai presque franchement. J’allais appeler un médecin dès lors qu’il serait allongé. Pour sûr. Il était hors de question que je le laisse dans cet état. Il était hors de question, d’ailleurs, que je m’en aille avant de le voir mieux, et tant pis s’il râlait. De toutes façons il n’en avait visiblement pas la force. Arrivés devant l’immeuble branlant dans lequel j’étais déjà venue une fois, et d’ailleurs je remerciais sérieusement ma mémoire de m’avoir permis de retrouver le chemin, j’aidai de nouveau le Mawu à marcher jusqu’à ce dernier. Porte de l’immeuble ouverte. Parfait. Ne restait plus qu’à retrouver les clés de son appartement sur lui puisqu’il ne semblait pas vraiment capable de m’aider à cela. M’appuyant sur la porte de l’appartement, je me mis doucement à fouiller ses portes. Quelques secondes seulement, car mon coude s’appuya sur la poignée, ouvrant la porte restée déverrouillée. Et le spectacle… Les yeux écarquillée, moi qui étais presque maniaque, j’observai l’appartement. Si ce dernier n’était pas décoré la première fois que j’étais venue, cette fois… Il s’agissait tout simplement d’un dépotoir. On aurait dit qu’un cambriolage avait eu lieu et qu’ils étaient resté plusieurs jours. La poussière c’était même accumulée sur certains meubles, comme en témoignait une légère poudre blanche sur la table basse.
- Imaleh… Chas Ve'halila…*
Pour que l’hébreu me vienne en premier en voyant ce que je voyais… C’est que cela m’affolait bien plus que de raison. Mais avant tout… Je trainai difficilement Samael jusqu’à son lit où je l’allongeai, le couvrant de sa couette avant de m’agenouiller près de son lit.
- Sam… Soufflai-je en lui prenant la main. Pitié dis moi ce qu’il y a. Est-ce que tu m’entends ? Je vais appeler un médecin, mais il faut me dire ce que tu as. Qu’est ce que tu ressens ? Il faut que je sache quoi lui dire pour qu’il vienne, s’il te plait…
Ma voix trahissait mon inquiétude, ma peur, face à lui, aussi faible et absent. Que diable s’était-il passé ?
Traduction:
En gros de gros Imaleh c'est une expression de surprise/frayeur (intraduisible) et ensuite littéralement "Que Dieu nous garde"
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
Mal. Froid. Tu attends sans vraiment espérer. Si elle ne décroche pas à dix, tu jettes ton portable, tu jettes ta carcasse sous la première voiture qui passe. D'accord, jusqu'à dix. Jusqu'à dix et la douleur s'en ira. Jusqu'à dix.. Et puis, tel un rayon lumineux à travers les ténèbres, une voix, la voix. Jen. Ta bouche s'ouvre sans pouvoir dire un mot. Raccroche. Ça ne sert à rien. Qu'est-ce que tu crois qu'elle va penser de toi quand elle te retrouvera. Elle te tournera le dos. Personne n'aime les épaves. Tu sers les dents et tu entends à peine sa question. Où es-tu ? Tu regardes autour de toi, c'est difficile, tout tourne, tout est flou. Tu reconnais la boite dont tu es sorti plusieurs minutes plutôt. Tu as tourné en rond. Rien de plus normal, un déchet comme toi retournera forcément au milieu d'autres déchets. Aller un effort, un seul. Tu parviens à articuler entre deux spasmes le nom de la rue où tu te trouves, puis tu raccroches. Ton téléphone tombe sur le sol en même temps que toi. Il se brise. Comme toi. Tu recraches une partie de ce que tu as ingurgité.
Relève toi. Il faut en reprendre reprendre. C'est pas un dealer là-bas ? Il pourra te fournir tout ce que tu veux. Au pire, donne lui ta carte et ton code. Tu n'en auras bientôt plus besoin. Tu secoues la tête, ce qui te provoque irrémédiablement mal au crâne. Tu parles tout seul, contre toi, contre l'ombre. Tu restes par terre, rampant contre un mur, tu trembles toujours plus. Les larmes coulent silencieusement sur tes joues de tes yeux écarquillés par la peur. C'est.. Ça serait si facile de l'écouter. Si facile de renoncer à tout. Oui, écoute moi. Si dans cinq minutes.. Elle n'est pas là.. Juste cinq.. Tu feras tes adieux à ce monde pourrit. T'as jamais eu ta place ici de toute manière. Pas vrai ? Tu hoches la tête sans un bruit, tu poses tes mains sur ton crâne. Ça fait mal, c'est de plus en plus fort.. Et ce vide dans ta poitrine. Tu as l'impression qu'il aspire ce pauvre reste de toi qui ne cherche presque plus à se débattre. Aller, ça fait pas cinq minutes mais.. C'est pas si grave.
Une main, sur ton front. Chaud. Tu relèves ta tête et tes yeux vitreux ne voient qu'une silhouette qui se dessine à tes côtés. Tu sens aussi quelque chose se poser sur tes épaules et une autre se soulever. Tu tangues, gardant difficilement l'équilibre sur tes jambes.
▬ Reste avec moi
Trois mots. Trois simples mots, mais ils te donnent une sorte de second souffle. Tu ne comprends pas vraiment tout ce qui se passe autour de toi. Jenny est là. Elle est venue ! C'est qu'une question de temps avant qu'elle t'abandonne et tu le sais. D'une façon ou d'une autre. Tu finis par atterrir dans ton appartement, chaotique au possible, ça doit bien faire un moment que la femme de ménage n'est plus venu. Tu es trop à l'ouest pour avoir une quelconque honte d’accueillir Jen dans ces conditions. Sur ton lit, tu fermes les yeux de longs instants avant de ré-ouvrir à intervalle régulier. Tu luttes pour ne pas sombrer. Une main se trouve dans la tienne. Tu hoches la tête alors qu'elle te demande si tu l'entends. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Qu'est-ce que tu ressens ? Tu aimerais parler, mais il n'y avait pas de mots pour décrire à quel point tu es déchiré. Et puis, tu en es surtout incapable dans cet état.. Pour lui faire comprendre ce qui t'a mit dans cet état par contre, tu parviens à lui dire de regarder dans les deux tiroirs de ta table basse. Dans l'un se trouvait de quoi droguer un cheval, dans l'autre l'autre, du bordel, mais surtout un papier avec le numéro d'un centre de désintoxication. Tu finis par sombrer, après avoir lâché un "désolé" à peine audible. Elle ne voudrait probablement plus jamais te voir après ça.. Surement.
Pas un mot, il ne disait pas un mot. Pourquoi il ne parlait pas ? L’air inquiet, je l’observai sans discontinuer, caressant lentement sa main. Il allait falloir que j’appelle les pompiers. Tant pis pour ce qu’il avait, je leur expliquerais son état et cela suffirait certainement à les faire bouger… Je ne voyais que cette possibilité… A moins que… Arquant un sourcil je tentais de comprendre ce qu’il était en train de me dire. Regarder… Dans les tables de chevet ?
Sans plus attendre je me dépêchai pour ouvrir la première. Sans vraiment comprendre, silencieusement, je vins alors sortir bien des choses de ce simple tiroir. Tous enfermés dans des sachets en plastique. Des pilules, de diverses couleurs et tailles, de la poudre blanche, la même « poussière » que j’avais aperçu sur la table basse, et puis je fronçai les sourcils. Ca je connaissais cette odeur. De l’herbe de cannabis. Certains en fumaient au lycée. Un instant, je relevai le regard vers Sam. « Désolé » ? C’est ce qu’il venait de dire ?
- Sam !
A genoux sur le lit, je tentai de le réveiller. Impossible. Il s’était drogué ? C’était ça qu’il avait voulu me dire ? Oui. Bien entendu. Pourquoi, sinon, me montrer tout ça ? Mais qu’est ce que je devais faire. Tentant désespérément de le réveiller, j’eus le souvenir de son second tiroir. Rapidement, je le vidai de son contenu. Un bric-à-brac de table de chevet, en somme. Que des choses qui m’étaient inutiles. Rien. Rien de rien. A moins que… Entre mes mains, un papier. « Townsend, Addiction & Recovery Treatment in South Louisiana ». Un centre de désintoxication ? A nouveau, j’observai Sam, attrapant alors mon portable le plus rapidement possible pour venir composer le numéro.
- Townsend bonjour ?
Et là ? Je devais dire quoi exactement ? Comment est-ce que je pouvais décrire ce que je voyais ? attrapant de nouveau la main du Mawu je fronçai les sourcils pour reprendre un tant soit peu de contenance.
- Je… Euh… J’ai besoin d’aide. Mon… Il est mal, très mal et… - Calmez-vous. Me dit alors la voix au téléphone. Décrivez-moi comment est cette personne ? - J’en sais rien, soufflai-je, affolée. Il a vomi, ça oui, et il dort là et… Enfin il est inconscient, j’arrive pas à le réveiller. - Est-ce qu’il respire ?
Une vérification et je lui indiquai que oui. Il respirait. Un souffle, la femme à l’autre bout du fil sembla être rassurée. C’était… Une bonne nouvelle ? Oui. Enfin bien sûr que c’était une bonne nouvelle, il n’était pas mort. Mais maintenant je faisais quoi moi ? Je le réveillais comment ?
- Savez-vous ce qu’il a pris ? - J’y connais rien moi, je sais pas, il y a… Du cannabis, ça il y en a, et puis il y a… J’observai les petits paquets sur le lit. Des cachets, je sais pas ce que c’est, y en a certain avec un dessin dessus, et puis y a de la poudre, un genre de poussière.
« Cocaïne ». Il prenait vraiment de ça ? J’en avais vu dans un film une fois… Non… Sam… Serrant sa main, je fronçai les sourcils.
- Il n’y avait rien d’autre ? - Heu… Des… Des seringues, mais il y avait rien dedans.
Et pourquoi, d’ailleurs, avait-il des… Tilt. « Héroïne » Affolée, j’observai l’homme étendu sous les couettes. Non…
- S’il… S’il vous plait, demandai-je, presque suppliante, dites-moi quoi faire ? - Il me faut le nom de cette personne, et votre lien avec Miss.
Mais pourquoi on me demandait ça maintenant ? Ce n’était pas de ça dont il avait besoin. Il fallait l’aider et maintenant !
- Vous êtes là ? - Heu.. Oui. Samael Lucky. Et je suis…
Pas grand-chose, en fin de compte. Même pas une amie. Une connaissance ? Sûrement. Il m’avait rejeté de toutes façons. Et l’appel d’aujourd’hui ne comptait pas. Enfin. Peut-être. Non. Il était drogué, il n’avait surement aucune idée de ce qu’il avait fait alors…
- Une connaissance. - Mmh.
Quoi « Mmh » ? Quoi ? Qu’est ce qu’il y avait encore ?
- Il a besoin d’aide… Il faut venir l’aider… - Effectivement il a besoin d'aide, mais vous n’avez aucun droit sur lui, je suis désolée. Restez avec lui, mettez-le sur le côté au cas où il vomisse à nouveau, et s’il y a un problème appelez le 911 pour l’hospitaliser d’urgence. - Mais vous ne pouvez pas venir le chercher ? L’aider ? Le réveiller ?! - Au vu de votre description, il ne va pas en mourir, et je n’ai pas autorité pour l’admettre dans mon service, tout comme vous n’avez pas autorité pour l’y faire admettre. Il faudra le convaincre ou trouver un proche qui puisse avoir cette autorité. Je suis vraiment désolée…
Et elle le semblait. Du moins sa voix m’indiquait qu’elle pouvait éventuellement l’être. Ce qui n’était certainement pas suffisant pour moi. Des politesses d’usage et, à nouveau, je me retrouvai seule avec l’homme. Sa main dans la mienne, je l’observai silencieusement quelques instants avant de… Ah oui. Sur le côté. Avec une grande difficulté je réussis à le rouler sur le côté, me positionnant derrière lui, la tête sur son coussin, mes bras autour de lui. Je ne savais pas quoi faire. Mais il fallait que je reste avec lui, la femme du centre de désintoxication me l’avait dit. Il fallait que je sois là. Alors… Et puis, au moins, là, je ne risquais pas de me faire vomir dessus. C’était déjà bien. Il ne sentait pas la rose, c’était un fait, mais je ne pouvais rien faire d’autre pour le moment à part… Attendre. Doucement, une larme coula sur ma joue, étalant dans sa course le peu de maquillage que je me mettais alors. Mais déjà, un bruit attirait mon attention. Son portable. Il sonnait. Me relevant, je me dépêchai jusqu’au mobile pour le prendre en main. « Vika »… Sa responsable qui le connaissait si bien.
- A… Allo ? La laissant prononcer quelques mots, je repris rapidement. S’il vous plait… Je suis chez lui, il est là mais il répond plus, je sais plus quoi faire et…
Et pour une des rares fois de ma vie, j’étais affolée, inquiète et je n’avais réponse à rien. Je m’en rendais soudain compte. J’étais complètement impuissante là où je cherchais à toujours maîtriser ce qui pouvait m’arriver. Me dépêchant de nouveau auprès de lui alors que je raccrochai, je me mis de nouveau derrière lui, sur son lit, assise en tailleurs pour caresser lentement ses cheveux sans cesser de le regarder, guettant le moindre signe, la moindre petite faiblesse qui me ferait appeler le 911.
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
Tic. Tac. Ce n'est qu'une question de temps, profite de ton "sommeil".
Tu dors ou plutôt, tu es inconscient. Tu n'entends même plus ce qui ce passe autour de toi, tu ne sais pas tout ce que cette pauvre Jenny est en train de subir par ta faute. Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que ton réveil sera pire encore pour elle.
Quelques minutes après l'appel, Vika était venue à ton appartement. Elle était l'une des rares personnes proches de toi connaissant l'endroit. Elle appuya de nombreuses fois sur la sonnette, nerveusement, inquiète. Elle se demandait si tu étais encore là ou si tu avais déjà emmener aux urgences. La porte s'ouvrit enfin et la jeune femme entra de façon brusque. Elle reconnaissait très vaguement la jeune femme qui lui avait ouvert. Une journaliste qu'elle avait rencontré il y a quelques mois de ça. Elle fut étonné de sa présence ici, surtout que de souvenirs, ils n'avaient pas l'air de s'entendre.. Mais tu ne lui parlais pas vraiment de ta vie privée, ou juste la surface, ce que tu voulais bien raconter.
▬ Il est encore ici ? Comment va t-il ?
Tout en écoutant sa réponse, la jeune femme aux cheveux noirs marcha jusque ta chambre. Lorsque ses yeux se posèrent sur ta carcasse recroqueviller, elle ressentit une irrépressible envie de t'en coller une. Elle poussa un long soupire qui dégageait autant d'agacement que de soulagement. Si tu étais encore ici, c'est que tu n'avais pas fait de surdose. C'était toujours ça de prit. Elle demanda à la Blonde quelques explications, comment elle t'avait trouvé entre autre.
▬ Ce n'est pas la première fois. Dit-elle en gardant son regard dur sur toi. Je me suis déjà occupée de lui aussi, dans cet état, parfois pire. Vous ne devriez pas rester, le voir à son réveil n'est pas quelque chose d'agréable. Croyez moi, et préservez vous.
Cependant, la journaliste ne semblait pas l'entendre de cette oreille. Vika la sentait choquée, mais aussi déterminée à rester auprès de toi. Après avoir essayer plusieurs fois de la dissuader de rester, elle finit par capituler. Elle lui donna plusieurs conseils, et surtout, de ne pas jeter ses drogues.
▬ Ca parait être une bonne idée comme ça, mais ça n'en est pas une. Samhain se drogue depuis un moment, il en a "besoin". Si vous lui retirez ça d'un coup, il pourrait se montrer violent envers vous. Je ne sais pas quels sont ses intentions, mais s'il vous a "demander" d'appeler le centre de désintoxication, ce n'est peut-être pas pour rien.
Ta cheffe s'assura du choix de Jenny quand à rester auprès de toi, puis parti en lui souhaitant du courage, que ça finirait par s'arranger.
▬ Si vous avez besoin de quoique se soit, appelez moi.
Elle lui laissa sa carte comprenant son numéro privé, avant de partir avec quelques doutes. Peut-être aurait-elle du chasser cette femme et prendre place à tes côtés ? Mais qui était-elle pour se le permettre ? Elle n'était que ta patronne. Certes elle t'avait déjà aidé, vous aviez de bons rapports et elle t'avait déjà vu au plus bas mais.. Peut-être que cette journaliste était plus proche.. Peut-être qu'elle pourrait mieux aider.
Tu étais vraiment mal, en sueur, tremble. Si tu te réveillais, c'était principalement pour vomir ou baragouiner des trucs incompréhensibles. Vingt quatre heure plus tard, tu avais finit par reprendre pleinement conscience. Tu avais mal à la tête, mal au ventre et ton corps réclamait déjà sa dose pour calmer la douleur et le creux de ton cœur. Tu marchais jusque dans ton salon difficilement, tombant sur Jenny. A ta tête on pouvait aisément deviné que tu te demandais ce qu'elle foutait là. Tu n'avais souvenir de rien. Tu te frottas l'arrête du nez, puis les narines nerveuses.
▬ Je euh.. J'me souviens plus.. Trop..
Tu regardais le tiroir où se trouvait toute ta drogue, tes yeux faisaient plusieurs aller et retour du meuble à Jen. Est-ce qu'elle t'avait vu..? C'était elle qui t'avait ramené..? Dans tous les cas, tu avais le sentiment d'avoir bien merdé.
Me calmer, il fallait absolument que je me calme pour garder l’esprit tranquille et pour cela… Il n’y avait rien de tel que le ménage. Voilà. J’allais tout nettoyer de fond en comble. Un ménage qui allait s’avérer particulièrement lent tant je faisais des allers-retours entre le lit et le reste de son appartement. D’ailleurs, cela ne dura que peu de temps avant que quelqu’un ne s’excite sur la malheureuse sonnette. Rapidement, j’ouvris la porte. Sa responsable était là. Un soupir de soulagement, presque, se fit entendre. Quelqu’un était venu alors même que je ne savais pas quoi faire.
- Oui… Il réagit des fois mais reste inconscient la plupart du temps. Soufflai-je en la suivant. Je… Il m’a appelé à l’aide alors… Je suis venue et je l’ai trouvé dans une ruelle, j’ai pensé que le ramener ici serait la meilleure chose à faire mais il est tombé dans les pommes et… Je secouai la tête. Je suis pas bonne sous pression. Je savais pas quoi faire…
Surprise, j’arquai un sourcil lorsqu’elle m’indiqua que le réveil allait être difficile et désagréable, sûrement autant pour lui, d’ailleurs. Mais je secouai la tête. Il était hors de question que je le laisse. S’il m’avait appelé à l’aide, ce n’était pas pour rien. Et je ne le laisserais pas. Même avec elle qui semblait si bien le connaître. Plusieurs fois, ainsi, je dû insister : non. Je ne partirais pas. Tant pis pour son réveil. J’avais promis d’être là pour lui, et je tenais toujours mes promesses.
- Combien de temps ? Demandai-je alors. Depuis combien de temps Sam se drogue ?
C’était là une question que je me posais. Une question importante. Oh je n’étais pas en colère. Pas vraiment. Peut être un peu, mais pas seulement. Inquiète, était le mot le plus véridique dans ma situation. Et aussi peut être un peu angoissée. J’acquiesçai néanmoins à ses conseils. Ne rien jeter. Bien. Je ne jetterais rien. Puisqu’il le fallait. Et même si cela avait été mon idée première. Mais sûrement savait-elle beaucoup mieux que moi sur ce point. La remerciant pour son aide, je me retrouvai alors de nouveau seule, comme au point de départ. Le regard posé sur Sam, je me maudissais alors intérieurement. Pourquoi n’avais-je pas seulement écouté mes principes : ne pas m’attacher. Voilà ! Comme d’habitude, ça allait finir mal. Comme dans toutes les histoires que je connaissais, que je voyais et que je racontais. Sauf que cette fois, c’était moi qui étais la protagoniste principale, alors même que c’était une chose que j’avais toujours tenté d’éviter. A notre dernière rencontre, j’avais su que tout allait mal se passer. Alors pourquoi est-ce que j’avais répondu à son appel. Oui. La promesse. « Je serais là ». Forcément. Fronçant les sourcils, je me mis alors à ranger, nettoyer, récurer, tout ce que je pouvais, comme je pouvais, avec tous les produits que je pouvais. J’eus même le temps de changer les draps de son lit. Difficilement, puisqu’il était sur ce dernier, mais je réussis. Et à le protéger aussi avec un plastique que je nettoyai régulièrement dès lors qu’il vomissait. Au bout de très longues heures, l’appartement était propre. Pire que ça même. L’on aurait pu manger par terre. Tout avait été fait. Lessives comme récurage du moindre recoin. Cela, au moins, m’avait permis de ne plus penser, de me concentrer sur autre chose, quelque chose de plus concret. Mais maintenant que j’avais fini… Installée sur le canapé, je fronçai les sourcils. Me voilà de retour dans la réalité. Cela ne faisait pas si longtemps que je l’avais ramené. Et il n’avait pas repris connaissance. Bien sûr, certainement, allait-il se réveiller. Mais quand ? Je devais m’occuper. Je ne pouvais pas dormir… Un regard sur l’horloge. Une heure. Il fallait que je fasse quelque chose. Mon regard se posa sur l’appartement. Il était vide… Le décorer. Voilà. J’allais le décorer. A cette heure-là, une petite boutique était encore ouverte, remercions les vampires d’exister. Un coup d’œil à Samael. Il n’avait pas de nouveau vomi. C’était déjà ça. J’attrapai alors ses clés et quittai l’appartement non sans l’enfermer à clé. Je n’en aurais que pour quelques minutes. Pas longtemps. Cela me prit une demi-heure. Une demi-heure durant laquelle je dû acheter un bon nombre de plante en plastique, comme à mon habitude, et de décoration qui irait parfaitement avec son appartement. Pas chez moi ? Oui bien sûr ce n’était pas chez moi, mais c’était bien le cadet de mes soucis. D’ailleurs, je crois que je n’avais jamais vraiment eu de notion de ce que je pouvais faire et ne pouvais pas faire chez les autres. Un mal pour un bien, cette fois. J’en avais même profité pour lui faire des courses en même temps, essayant d’imaginer ce qu’un chef cuisinier pouvait manger. Bon. J’avais pris beaucoup de plat préparé, mais… J’avais même décidé de lui cuisiner quelque chose. Après avoir décoré. Bien sûr. Revenant dans l’appartement, je déposai le nombre important de paquet au sol pour me dépêcher vers la chambre, soupirant. J’allais encore devoir nettoyer. Et quelques instants après, c’était chose faite.
Ce fut alors les quelques heures de décoration. Trois pour être précise. Trois heures durant lesquelles je me mis à décorer tout l’appartement de plantes et de cadres divers, rendant l’endroit plus chaleureux. Il n’aurait qu’à les enlever quand il se réveillerait. Un instant, je restai de nouveau dans l’encadrement de la porte à l’observer, suppliant presque l’Elohim de venir à notre aide. A son aide, et de le réveiller. Mais cela ne fut toujours pas le cas. Ainsi commençai-je à cuisiner dès lors que les courses furent rangées. J’avais trouvé une recette de tagliatelles au bacon. Voilà qui serait parfait.
Bon... Bien heureusement, j’avais pris plus d’ingrédients que nécessaire car quatre fois furent nécessaire à la réussite de ce plat. Au premier essai, les tagliatelles ressemblèrent à une purée infâme. A la deuxième, le bacon se transforma en charbon, sans parler des champignons. A la troisième les pâtes restèrent collées au fond de la casserole à cause du manque d’eau. Et enfin, je fus plus ou moins satisfaite. Au moins, ça ressemblait un tant soit peu à la photo… Quant au goût… J’avais rapidement pris une fourchette, ça n’était pas le meilleur plat du monde, mais il serait, au moins, mangeable. Chaque portion en assiette et recouvert de cellophane et le plat fut mis au réfrigérateur pour plus tard.
Enfin, se fut l’attente. Assise sur le canapé, incapable de m’assoupir, j’attendis. Et cette attente était longue, très longue. Je ne me levai que lorsque j’entendais du bruit, allant nettoyer et changer le pastique, allant même en racheter au cours de la nuit, ou lui caresser quelques instants la joue pour espérer le voir s’éveiller. C’est d’ailleurs vers treize heure que je fis autre chose pour la première fois. Attrapant toute la drogue que j’avais alors remis dans le tiroir, je la pris avec moi et la posai sur le canapé, tout près de moi.
Et enfin… Il se réveilla. Me redressant, le regard fatigué, je l’observai arriver dans le salon, sans un mot. Il n’avait plus aucune idée de ce qu’il s’était passé. M’étant renseignée sur internet durant la nuit, j’avais pu lire que c’était là quelque chose de très fréquent. Et ses mots me confirmèrent cela. Son regard lui, tourné vers la table de nuit, m’indiqua les questions qu’il devait se poser. A vrai dire, j’étais soudain en colère. Pas parce qu’il se droguait, mais parce qu’il ne m’avait rien dit, me laissant découvrir cela seule, me laissant gérer cela seule, sans savoir quoi faire ni qui appeler. Et Dieu que je remerciais sa chef d’être venue, ne serait-ce que quelques instants.
- C’est de ça dont tu as besoin ? Dis-je doucement en posant toute sa drogue sur la table basse. Un instant de silence et je l’observai la mine triste quoique légèrement en colère. Pourquoi tu ne m’as rien dit ? J’ai cru que tu allais mourir, Sam. Je savais pas comment réag…
Je me tus soudain en l’observant. Ne pas le brusquer. J’avais oublié. Je n’étais pas bonne à ce jeu. J’avais envie, j’avais besoin de dire ce que j’avais sur le cœur, mais il fallait que je me retienne, alors je serrai les dents pour prendre une longue inspiration avant de me lever en direction de la cuisine. Je sortis un bol, une cuillère et des céréales, mettant le lait à côté, je posai le tout sur un tableau puis sur la table basse, à côté de sa consommation. L’observant, je fronçai les sourcils, quelque peu inquiète. Il n’avait pas bonne mine. C’était un fait.
- Comment vas-tu ? Demandai-je en lui attrapant la main pour l’asseoir sur le canapé. Je t’empêcherais pas d’en prendre. Soufflai-je en observant les comprimés et tout ce qui allait avec.
Vika m’avait bien dit qu’il en avait « besoin », après tout. Alors… Je ne pouvais pas l’empêcher de faire ça, bien que l’envie soit présente. Mais je devais respecter chacun de ses conseils.
- Mais pourquoi tu fais ça ?
Voilà une autre question importante, à mon sens. Une question qui attendait une réponse sérieuse. Je voulais comprendre. Et je ne comprenais rien au pourquoi du comment…
- Tu devrais appeler ta chef après. Elle était aussi inquiète qu’en colère. Peut-être même plus en colère que moi. Soufflai-je.
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
Tu prends peu à peu conscience de ce qui s'est passé et de ce qui a pu se passer. Déjà, pour ne plus te souvenir de grand chose, c'est que tu as grave merdé au niveau des dosages. Ensuite, si Jenny est là.. C'est que tu as du la contacter d'une façon où d'une autre. Tu as perdu la notion du temps.. Depuis quand étais-tu inconscient et surtout.. Était-elle rester ici tout le long de ton état comateux ? Sans doute que oui, vu son air fatigué. Tu te sentais honteux de lui avoir infligé ça.. Tu n'aurais pas du l'appeler. Tu aurais du effacer son numéro.
▬ C’est de ça dont tu as besoin ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ? J’ai cru que tu allais mourir, Sam. Je savais pas comment réag…
Tu restes debout, sans bouger, les bras ballants. Un vrai zombi. Mourir. Ça ne te faisait ni chaud ni froid d'entendre ça. D'habitude. Là.. De sa bouche. Tu te sentais plein de regrets. Tu aurais voulu remonter le temps et faire les choses autrement. Ne pas te rater. L'appeler directement alors que tu te sentais glisser inexorablement dans l'ombre. Tu te perdais dans un tourbillon de "et si", "j'aurais du" et sa voix te rappela au présent. Tu t'étais retrouvé dans le canapé sans que tu ne t'en aperçoive. Ton regard se retombait toujours sur ta drogue. Drogue qu'elle avait sortit. Donc. Elle savait tout. Enfin presque tout. Parce qu'elle ne savait pas encore pourquoi exactement, dans quel but tu te détruisais à petit feu. Et sinon, comment tu allais ?
▬ Pas terrible.
Elle avait ajouter qu'elle ne t'empêcherait pas de prendre ta dose et en bon toxico accro, fallait pas te le dire deux fois. Tu t'emparas de la poudre blanche, préparant une ligne sur la table basse et celle-ci disparut presque aussitôt qu'elle était apparue. Et puis vient la question qui allait forcément tomber, que tu avais "prédit". Pourquoi ? Tu regardais fixement le bol de céréales qu'elle avait sorti, mais tu n'avais clairement pas faim. Limite ça te donnait la nausée de sentir la bouffe. Faut dire qu'à l'intérieur, la machine avait bien morfler, pas sur que ça reste.. Tu repoussas le bol en arrière, pour lui faire comprendre que tu n'avaleras rien. Pas de suite en tout cas.
▬ Tu devrais appeler ta chef après. Elle était aussi inquiète qu’en colère. Peut-être même plus en colère que moi.
Ah, Vika. Elle était partie quelques jours.. Elle était donc rentrée et savait ce qu'il s'était passé. Par chance, tu savais qu'elle ne virerait pas.. Mais c'était peut-être la dernière fois qu'elle te passerait tes conneries. Tu ne pourrais pas lui en vouloir, à sa place, tu te serais déjà virer depuis longtemps. Tu te laissas crouler dans le canapé, la drogue faisait son effet, doucement. Si elle parvenait à vaguement effacer le creux dans ton cœur, elle ne chassait pas la honte. Tu te frottais les narines, puis alluma une cigarette d'un paquet qui était sur la table.
▬ Désolé. Pour tout ça.
Avais-tu lâché entre deux bouffées toxiques. Tu peinais à retourner à un état normal. Tu étais conscient, mais tout s'embrouillait quand tu commençais à utiliser tes méninges.
▬ Je t'avais dit.. Que j'faisais n'importe quoi pour survivre
Et comme elle avait pu le constater, tu faisais vraiment n'importe quoi.
▬ C'est un peu paradoxal.. Un peu. Tu émis un léger rire, à la fois amusé et triste de ce constat. Ca pousse plus vers le vide qu'autre chose, mais pourtant, tout ça.. Ton regard se posa sur les diverses drogues face à toi. C'est ce qui fait que j'suis encore là.. Ça et d'autres trucs..
Parce que la drogue n'est pas ton seul vice. Pas sur que tu arrives à lui dire, mais au point où t'en est avec elle.. Autant tout lui balancer.
▬ J'savais que ça allait finir par arriver, c'pour ça que j'voulais.. M'éloigner. J'voulais pas que tu m'vois comme ça. On peut dire que j'ai pas vraiment réussi mon coup aha..
D'ailleurs tu te demandais ce qu'elle faisait encore là, après avoir vu l'épave que tu es. Peut-être qu'elle attendait que tu lui rendes des comptes ? Un service, de l'argent ? N'importe quoi pour t'avoir sauvé la mise ? Oui, c'est forcément pour ça. Pourquoi voudrait-elle rester auprès de toi ? C'était juste pour être sur que tu clamses pas entre ses pattes. Maintenant que t'es éveillé et bien en vie, elle va se barrer et après.. Tu termines à peine ta cigarette que tu en reprends une. Et après.
Silencieusement, je l'observais. A vrai dire, j'avais envie de m'énerver, de crier, de pleurer parce que je ne savais pas comment réagir, parce que je ne savais pas quoi faire, parce que ça n'allait pas du tout. Voilà. Ca me donnait réellement l'exemple qu'il me fallait sur le pourquoi s'attacher n'apportait que des ennuis. Mais de toutes façons, j'étais là. Et les éclats de voix n'apportaient jamais rien. D'autant que cela ne me ressemblait pas. Alors je restais là. Je fus presque peinée de le voir prendre son truc. La cocaïne donc. J'avais toujours vu ça dans les films. Pas en réalité. Et là c'était Sam. Pourquoi ?
Désolé ? Il l'était ? Il semblait au moins l'être. Mais ce n'était pas franchement des excuses que je voulais. Je m'en moquais même de ses excuses. Moi n'étais rien enfin je n'avais rien. J'avais été là pour lui comme je l'avais promis et ça s'arrêtait là. Mais lui... Qu'il s'excuse envers lui même s'il voulait s'excuser après tout.
- D'autres trucs ? M'enquis-je.
Est ce que j'avais réellement envie de savoir ? Possiblement pas. Mais il le fallait après tout. Pour ma santé mentale. Moi qui haïssait l'avenir, le fait de ne pas connaître les choses, alors même que je pouvais tout savoir du passé de chacun, voilà que je me retrouvais face à mes démons : je ne savais ni ne comprenais rien. Et pour arranger cela, il allait falloir que Sam soit honnête avec moi.
- Effectivement. Répondis-je simplement. Sam... je soufflai profondément.
Je savais pas quoi dire. J'étais en colère. C'était un fait. J'étais même très en colère. Mais comme d'habitude, je ne savais pas vraiment comment l'exprimer à part... Deux larmes perlèrent sur mes joues, bien rapidement effacées par le revers de ma main.
- Pourquoi tu m'as caché ça ? T'as pas besoin de ça ! C'est... Non ! Tu vas juste finir par en mourir ! Et ça...
Une nouvelle larme. Puis une quatrième, une cinquième. Il me semblait que les vannes étaient ouvertes, bien contre ma volonté. Et le pire ? Je n'étais pas franchement blessée d'apprendre ça, séparant ses choix de ma vie, mais seulement... J'avais peur. Oui. Voilà. J'avais peur. De ce qu'il pouvait arriver, du fait que je n'arrive pas à me détacher de lui alors même que la logique, ma logique, aurait voulu que je le laisse se débrouiller puisque cela avait été ses choix. Rapidement, je me mis à genoux sur le canapé, entourant mes bras autour du coup de l'homme, sans un mot. De toutes façons que pouvais-je faire de plus ? Je ne pouvais, je ne voulais pas partir. Je ne pouvais pas l'obliger à arrêter. Je ne pouvais pas lui hurler ma colère dessus. Bien sûr, sûrement, avait il des raisons de faire tout cela. Des raisons que je ne comprendrais sûrement pas. Survivre ? Ce n'était pas une raison. Pas pour moi.
- Pourquoi ? Répétai-je alors que j'enfouissai ma tête dans son cou, espérant faire cesser les larmes, seules témoins de ma colère autant que de la peut qui semblait m'étreindre. Merde Sam... J'ai eu peur de plus jamais te voir.
Autant être honnête avec lui. Lorsque je l'avais trouvé, c'était bien la première pensée qui m'était venue en tête. "J'allais le perdre" C'était certainement égoïste. Mais c'était le cas. Je n'étais, de toutes les manières, pas connue pour ma grandr générosité. Enfin. Si. Mais je ne m'en rendais pas franchement compte, ne sachant jamais réellement comment agir avec les autres. Et aujourd'hui encore moins que d'habitude. D'autant que plus de vingt-quatre heures sans dormir... Cela laissait évidemment quelques petits a côtés.
- Dis moi que... Dis moi que tu veux pas continuer comme ça..
Voilà. Il y avait un mais. Avec toute la force du monde, tous les nerfs les plus solides... Je devais me rendre a une évidence cartésienne : je ne pouvais rester ni vouloir aider quelqu'un qui se complaisait là dedans. Enfin... C'était la logique cartésienne, oui, mais je commençais même a douter de ma propre logique alors..
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
♫♫♫
▬ D'autres trucs ?
Tu pouvais difficilement ne rien dire après avoir lâché ça et puis, tu n'avais plus aucune raison de lui cacher quoique se soit. Donc..
▬ Je bois. Beaucoup.
En témoigne la présence des cadavres de bouteilles qui jonchent le sol. Jonchaient. Tu regardais un peu autour de toi. Tu ne te souvenais pas avoir laisser ton appartement dans un état aussi propre.. Ton regard se posa alors sur la seule personne qui avait du faire le ménage ici, Jen. D'ailleurs, il y avait pas mal de trucs en plus.. De la déco ? Ça avait pop quand tout ça ? Tu te frottas l'arrête du nez. Elle n'avait pas seulement prit soin de toi, mais aussi de ton environnement. Mais revenons à nos moutons.
▬ Et je.. J'vais voir des escortes.
Assez régulièrement, mais tu n'avais bizarrement pas envie de t'étaler sur le sujet avec elle. Tu t'en moquais bien d'en parler habituellement, mais c'était Jenny. Et même si cherchait à t'en persuader, elle n'était pas qu'une connaissance, qu'une amie. Tu passas une main dans tes cheveux, qui méritaient bien d'être laver soit dit en passant, alors qu'elle commençait à.. Pleurer.
▬ Pourquoi tu m'as caché ça ? T'as pas besoin de ça ! C'est... Non ! Tu vas juste finir par en mourir ! Et ça...
Pourquoi ? Encore et toujours cette même question. Tu n'avais rien à lui répondre de plus que ce que tu lui avais déjà dit.. Enfin peut-être que si.. La mawu était à présent contre toi et tu sentais ses larmes mouiller ton torse. Elle avait peur. Peur pour toi. Peur de ne plus te revoir. Tu posas une main dans son dos, avec la sensation de ne pas mériter de la toucher, d'avoir son attention, après ce que tu lui avais fait.
▬ Dis moi que... Dis moi que tu veux pas continuer comme ça..
Tu la repoussais, doucement, pour pouvoir la regarder dans les yeux. Soit honnête pour une fois, avec elle, et avec toi.
▬ Je.. J'vais pas te mentir.. J'en sais rien. J'ai juste.. J'suis juste.. Tellement un putain de trou noir. J'ai pas l'impression que j'pourrais être autrement, là tout de suite. Mais je.. Je t'ai appelé parce que.. Je crois que, que y a encore une partie de moi qui hm.. Lutte. Je..
Ta tête s'effondra sur son épaule et à ton tour, tu fondais en larmes.
▬ Je..suis désolé.. Ça aurait été plus simple si tu avais continué de me détester.. Je t'aurais pas.. Enfin. Je.. Tu..
Tout s'embrouillait toujours plus, torturer entre l'envie de prendre cette main tendue et la repousser, tout faire pour qu'elle te déteste. Tes bras venaient l'entourer, la serrant comme si elle était la seule chose qui te permettait de ne pas te noyer.
L’alcool… ça j’avais compris. Il suffisait de voir les poubelles que j’avais sortie… Enfin j’avais compris que l’alcool entrait en jeu, j’étais peut-être nouille sur certaines choses, mais certainement pas à ce point. Ainsi ne réagis-je pas lorsqu’il m’indiqua boire. Ce n’était pas franchement étonnant, et pendant mes recherches, j’avais rapidement pu observer, selon les témoignages, que beaucoup de drogués buvaient aussi alors… ça ne faisait visiblement que confirmer ce que j’avais pu voir. A moins que ça ne soit un raccourcis… En somme, je n’en savais franchement rien. Quant aux escorts… Je baissai quelques peu la tête.
- Oh.
Oui. Oh. Je n’avais à vrai dire que ça à prononcer. Enfin. Des prostituées, c’était ça des escorts, non ? J’avais assez vu de séries et de documentaires pour savoir, ou pour imaginer, tout du moins. Effectivement, j’allais difficilement l’intéresser sur ce point, comme sur d’autres s’il avait l’habitude de ces femmes-là. Enfin. Ce n’était absolument pas la question, et puis… Non. Ça n’était du tout la question. Et je m’énervai alors. Quoique le termine « énerver » fut gros par rapport à ce que je lui montrais, mais je n’étais, de toutes les manières, capable que de cela alors… La sensation de sa main dans mon dos m’arracha un sanglot. Pourquoi est-ce que j’avais appris à apprécier ce contact ? C’était de ma faute, enfin celle de mon cerveau, tout était régit par le cerveau, et là, je savais pertinemment que ce que je ressentais n’étais dû qu’aux trois hormones produites par le cerveau : la dopamine, l’adrénaline et la noradrénaline. C’était tout. Sauf que j’avais beau savoir que ce n’était que chimique, je n’avais pas envie que ça s’arrête, et c’était bien ça le fond du problème. Sans compter son problème à lui, je voulais dire. Doucement, je sentis qu’il me repoussait en arrière, sans résister, je levai les yeux vers lui. En quelques instants, j’avais réussi à me calmer, reprendre une certaine contenance, pour ne pas paraître ridicule, mais surtout pour tenter de garder la tête tiède, à défaut d’être froide. Silencieusement, j’écoutai sa réponse. Je dus avouer qu’elle n’était pas celle que j’aurais aimé entendre mais… Presque. Et de toutes les manières, ce fut pire lorsqu’il s’effondra à son tour. On avait l’air malin comme ça… Les yeux encore embrumés de mes propres larmes, je le sentis m’entourer de ses bras tandis que je nouais les miens autour de lui pour me serrer d’autant contre son corps. Sourcils froncés, je ne savais pas quoi dire, et je réfléchissais réellement à ce que je devais faire, ne pas faire, dire ou ne pas dire.
- Je t’ai jamais détesté. Soufflai-je alors.
C’était le cas, en fin de compter. Il me sortait par les yeux, il m’agaçait, il me donnait quelques envies de meurtre, quoique non car je n’aurais pas eu envie de le voir en vision, mais je ne l’avais jamais réellement détesté. Doucement, ma main plongea dans ses cheveux. Je ne savais pas vraiment ce que je devais faire, me laissant guider par ce que j’imaginais devoir faire, par ce que j’avais vu, lu ou un jour su. Caressant lentement sa nuque et ses cheveux, je déposai un léger baiser sur sa tempe avant de reprendre, enfin, parole.
- T’as pas à être désolé. Dis-je à mi-voix. Et si tu as envie de… D’arrêter tout ça. Je serais là. Je t’ai dit que je serais toujours là. Parce que de toutes façons je déménagerais pas, alors…
Et voilà la logique à toute épreuve qui revenait au grand galop. Et puis d’un côté, c’était le cas aussi, je ne partirais physiquement pas. C’était certain. Et puisque je ne partais pas physiquement, je ne partirais pas mentalement non plus. CQFD. La pression, soudain, retomba. Et je sentis un poids de fatigue s’abattre sur mes épaules. Là, Sam contre moi, je fermai les yeux, fatiguée comme rarement je l’avais été avant de les rouvrir, secouant doucement la tête pour me réveiller. Lentement, je me séparai du Mawu, l’observant de mes yeux verts.
- Appelle ta chef. Soufflai-je sans lâcher sa main que j’avais pris quelques secondes auparavant. Je vais préparer la salle de bain, ça te fera du bien.
Un regard et je me dirigeai vers sa salle de bain, sortant l’une des serviettes que je lui avais acheté, de belles serviettes digne des grands hôtels, plus blanche que le marbre blanc. Salle de bain et tout ce qui allait avec prêt, je retournai près de lui sans m’asseoir, lui tendant la main, savait-on jamais, s’il en avait besoin pour marcher… Je n’en savais trop rien alors… Pour le mener jusqu’à la pièce désormais chaude de l’eau que j’avais fait couler.
- Je… Je t’ai fait à manger aussi. Enfin. J’ai essayé. Et… Les joues quelque peu rose de me retrouver dans la salle de bain d’un homme qui allait prendre sa douche, je baissai les yeux. Je vais te laisser… Enfin… Je vais t’attendre dans le salon… Du coup.
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
▬ Je t’ai jamais détesté.
Vraiment ? Tu avais du mal à croire en te remémorant votre première rencontre et même la deuxième. En y réfléchissant bien, toi non plus tu ne l'avais jamais détesté. Elle avait été insupportable, agaçante au possible et très clairement à l'époque, tu aurais tout fais pour l'éviter, mais jamais tu ne l'avais haï. La caresse de sa main dans tes cheveux te permettait de te calmer peu à peu. Elle continuait de parler, de dire qu'elle serait toujours là, puisqu'elle ne déménagerait pas. Ah. C'était juste pour ça. Evidemment. Pourquoi d'autre. Vous restiez un moment comme ça, l'un dans les bras de l'autre, surement que tu te serais endormi à rester comme ça. Ce n'est pas parce que tu as dormi que tu en ai pour le moins reposer.
▬ Appelle ta chef. Je vais préparer la salle de bain, ça te fera du bien.
Tu réagis à peine, hochant vaguement la tête alors qu'elle quittait le canapé. Tu cherchais ton téléphone, il était surement dans ta chambre alors, après un rapide aller et retour, tu te reposas dans le canapé pour passer ton coup de fil. Ca sonne, mais personne de répond. Peut-être qu'elle est occupée ou qu'elle ne veut pas te parler. Tu poussais un soupire en entendant la voix qui sommait de laisser un message après le bip.
▬ Hey, c'est Sam.. Hum. Désolé pour le bordel. Rappelle moi.. Enfin, quand t'en auras envie.
Tu raccrochas rapidement, jetant presque ton téléphone sur la table basse. Tu regardais les drogues toujours poser sur le meuble.. Ça serait peut-être mieux de les ranger. Ouais. Fais donc ça. Tu fourres tout dans le tiroir où ils étaient rangés habituellement. T'aurais bien reprit un petit truc d'ailleurs.. Même après tout ça. Que voulez-vous, on change pas ses mauvaises habitudes du jour au lendemain. Mais tu résistas, prenant une cigarette à la place. Mieux que rien. Jen revient auprès de toi, te tendant la main.. Ah oui. La douche. Tu écrases ta cigarette à peine entamer dans le cendrier, la laissant te mener jusqu'à la salle d'eau.
▬ Je… Je t’ai fait à manger aussi. Enfin. J’ai essayé.
Elle t'avait fait à manger ? Décidément.. Tu souris légèrement, tu ferais un effort pour manger son plat. Tu te souvenais très bien qu'elle et la cuisine, ça faisait deux.
▬ Je vais te laisser… Enfin… Je vais t’attendre dans le salon… Du coup.
▬ Euh.. Ouais, j'fais vite..
Tu n'allais pas lui demander de rester pour prendre une douche avec toi.. Ça serait bizarre et déplacé. Pourtant, tu aurais vraiment préféré qu'elle reste avec toi, ne serait ce que parce que tu ne voulais pas te retrouver avec toi même. Après que Jen ait quitté la salle de bain, tu entras dans la douche sous le jet d'eau chaude. Ça faisait du bien, mais tu ne t'éternisais pas comme tu l'avais dit quelques minutes plus tôt. Aussitôt lavé, rincer, tu marchas jusqu'à ta chambre, serviette enroulée autour de la taille. Tu enfilas un caleçon, un jogging et un tee-shirt simple, tous de la même couleur : noir.
▬ C'est dans le frigo ?
Demandas-tu en arrivant dans le salon. Tu attendais confirmation avant de te diriger vers la cuisine.
▬ J'vais m'en occuper, t'as assez fait comme ça.. T'as faim ?
Tu t'occupais de faire réchauffer les deux assiettes.. En tout cas, ça sentait bon et l'odeur te mettait en appétit. Tu revenais, assiettes en main, plaçant le tout sur la table basse, retour au canapé. Tu pris une bouchée après avoir soufflé un "Bon ap".
▬ J'ai du mal à te croire quand t'me dis que t'es mauvaise cuisinière.. C'est bon.
Et tu ne disais pas ça pour lui faire plaisir. De toute façon, si c'était mauvais, elle l'aurait directement vu sur ta figure.
Là, seule dans la salle de bain, je soufflai tout en la préparant. Dans quoi m’étais-je lancée ? Qu’est ce qui pouvait encore m’attendre ? Qu’allais-je faire désormais ? Aucune de ces questions n’avaient encore de réponse, mais j’étais bien décidée à en trouver car je ne pourrais que trop difficilement avance sans quelques certitudes. Mais avant… Il fallait que je m’occupe de Sam. C’était cela le plus important, et pourtant le plus difficile vu ce qu’il venait de faire, de se faire plutôt. Le menant doucement jusqu’à la salle de bain, j’hochai alors la tête. Faire vite. Qu’il fasse. J’avais tout mon temps. J’avais, de toutes les manières, prévenu le bureau que je serais absente pour la fin de semaine. J’avais pris large, effectivement, mais j’aurais certainement plus que besoin de dormir après tout cela alors… Au moins aurais-je assez de plage horaire pour dormir. Peut être même que je ne me réveillerais jamais tant j’étais fatiguée mais au moins, j’’aurais pris soin de Sam. Assise sur le canapé, je l’attendis alors patiemment. Je ne levai même pas les yeux, plus par pudeur et gêne qu’autre chose, lorsque l’homme passa en serviette pour rejoindre sa chambre afin de s’habiller. Ah. Une question. Oui. J’hochai doucement la tête.
- Oui. Dis-je à mi-voix.
Est-ce que j’avais faim ? Je ne savais pas trop. Mon estomac était noué. De la fatigue, oui, mais aussi du stress que j’avais pu ressentir ces dernières vingt-quatre heures. Pour autant… Je n’avais rien mangé depuis le matin du jour où j’étais allé le récupérer alors… Peut-être que j’avais faim, effectivement. Ainsi hochai-je la tête, espérant que mon estomac accepte néanmoins de recevoir un peu de nourriture. Comme je le faisais chez moi, je vins m’asseoir par terre pour plus de confort devant la table basse, murmurant un « bon appétit » en réponse au sien avant de tousser un peu.
- Je… J’ai recommencé trois fois ou quatre la recette pour réussir… J’ai sortis les poubelles pour pas que tu vois tout ce que j’avais gâché. Parce que… C’était franchement immangeable.
Mais au moins avais-je persévéré. C’était là le plus important… Non ?
- Et puis… J’ai eu le temps que d’en faire pour aujourd’hui. Le reste, tu auras des plats préparés. Je sais que c’est pas de la vraie cuisine que de réchauffer les trucs, mais au moins ça gâche moins et tu auras des trucs potables à manger…
Je soupirai quelque peu à son "merci". J'avais après tout fait les choses seulement pour m'occuper l'esprit et non par pure gentillesse. Alors me remercier.. je trouvais cela inutile. J'hochai néanmoins la tête. Et maintenant ? Que faisions nous ? Je grimaçai quelque peu en prenant la première bouchée. Non. Ca n'allait pas passer. Mieux valait rester a jeun encore un peu. Sûrement étais-je encore un peu trop tendue pour avaler quelque chose. Au moins, lui, pouvait manger. C'était le plus important. Perdue dans mes pensées, je l'observai alors. Que devais-je faire ? Étais-je réellement prête à supporter ce genre de chose ? J'avais bien lu que c'était une chose très compliquée et je n'étais toujours pas convaincue qu'il veuille s'en sortir. D'un autre côté, je ne pouvais ni n'avais envie de le laisser seul. Quelque chose me retenait. Et je savais quoi. Et plus j'y pensais, plus cela m'agacait. Secouant la tête, je baissai les yeux vers mon assiette, remarquant que je le fixai.
- Désolée... Bredouillai-je. J'étais perdue dans mes pensées. Tu... Tu penses que... Je soupirai. Est ce que tu veux que je reste ?
J'allais en oublier la première règle que m'avait appris ma mère lors de mon adolescence : ne pas m'imposer. Et même si je désirais rester peut être, lui, ne le voulait il pas après tout...
- Tu m'as fait peur. Finis-je par dire. Je... Je veux rester avec toi, Sam. Je crois que.... Je baissai le ton de sorte à ce qu'il ait bien du mal a entendre Je t'aime bien avait de reprendre plus fort Mais j'ai besoin de savoir que toi aussi enfin non mais que tu te battras. Je me connais. Je sais que je suis impulsive et que je sais jamais où est ma place. Mais j'ai envie de croire que pour une fois l'avenir sera bien fait. Et que je suis pas là pour rien.
Doucement, je me relevai pour m'asseoir près de lui, lui attrapant la main.
- Je serais pas la personne la plus émotive, la plus empathique et la plus douce. Mais... Si tu veux de moi un peu...
Voilà. Là. J'étais un peu plus claire non ? Enfin. Il n'y avait pas forcément d'arrière pensée, juste rester pour l'aider. Mais il était vrai que tout cela portait a confusion. Et peut être cela m'arrangeait aussi. Je n'aurais pas à le reformuler avec toutes ces arrières pensées s'il comprenait tout ça.
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
La mawu t'avoua qu'elle avait recommencé le plat plusieurs fois et pour cacher ses méfaits, elle avait jeté les preuves de ceux-ci. Un sourire. Petit mais présent. L'essentiel c'est qu'elle avait essayé. Elle avait aussi acheté de quelques plats préparés. Tu n'aimais pas vraiment ça, mais vu ton état, ça t'arrange un peu. Surtout si elle compte rester. Rester.. Non, elle ne le ferait probablement pas. Elle avait autre chose à faire que s'occuper de toi. Surement mieux à faire.
▬ Est ce que tu veux que je reste ?
... Elle savait lire dans les pensées ou quoi ? Tu la regardas, l'air perplexe, elle venait vraiment de te demander ça ? Tes lèvres s’entrouvrirent, mais le mot resta coincé au fond de ta gorge. Tu ne pouvais pas lui demander ça.. Elle avait déjà fait beaucoup. Et peut-être qu'elle ne te demandait ça que parce que tu faisais pitié à voir, va savoir. Elle continua de parler et ses mots indiquaient tout le contraire de ce que tu pensais. C'était affreuse déconcertant pour toi. Tu ne comprenais pas qu'on veuille rester avec toi, encore plus après tout ça. Tu restais muet alors que Méduse attendait une réponse. Mais que répondre ? C'était pourtant simple. Voulais-tu qu'elle reste ? Oui. Voulais-tu lui dire ? Non. Tu regardais sa main dans la tienne. Si tu avais bien compris, elle voulait rester, mais à une condition. Que tu te battes. Arrête de réfléchir. Agit. Oui, agir, plutôt que des mots, ça te ressemblait bien ça. Ton visage descendait doucement vers le sien, front contre front. Après un moment d'hésitation, ta main glissa sur sa joue dans une douce caresse, tes lèvres vinrent se poser contre les siennes. Un baiser court qui voulait dire tant de choses. Tu reposas ton front contre le sien, les yeux fermés, tu murmuras.
▬ Pour toi, j'veux bien essayer.
Doucement tu t'écartas, gardant sa main dans la tienne, tu la regardais. Tu allais essayer. Tu ne pouvais rien promettre parce qu'on est pas dans un putain de film où tout peut changer dans un claquement de doigt. Tu voulais vraiment essayer, pour elle. Tu veux y croire, rien qu'un peu. Tu ne peux pas prédire ton comportement face au manque. Rien, ni personne ne peut dire si tu arriveras, si tu en seras capable. Ça allait être dur, très dur, mais tu te donnerais les moyens pour en tout cas. Ton regard passa de Jen à la table.. Ah oui, c'est vrai qu'à la base vous étiez en train de manger. Tu remarquas qu'elle n'avait pas toucher son assiette.
▬ Pas faim ? ... Je t'avoue que j'ai du mal aussi pour l'moment.. T'veux qu'on aille se reposer un peu ? Ça nous f'ra pas d'mal j'pense..
Je détestais attendre. Que cela soit une réponse, un rendez-vous, ou je ne sais quelle chose encore, je détestais cela. Non. Je préférais de loin avoir tout, tout de suite. Ce n’était pas là du caprice. Bien au contraire. Seulement… Plus j’attendais et moins je me sentais bien. Et c’était là exactement ce qu’il se passait. Plus il attendait pour me donner sa réponse, plus je me sentais réellement… Mal. Enfin. Non. Pas mal. Mal à l’aise. Voilà. Quoique cela ne se rejoigne, en fin de compte. Ma main dans la sienne, je la serrai doucement, sans vraiment savoir quoi faire. S’il se taisait ? Cela voulait-il dire quelque chose ? Je n’en avais aucune idée. Je ne savais pas décrypter ce genre de chose. Alors… Devais-je partir ? Rester ? Insister peut-être, pour avoir une réponse ? Ou peut être est-ce que je devais attendre encore un peu ? Non. Je commençais à avoir attendu longtemps tout de même… Et… Quelle était la moyenne de temps d’attente dans ce genre de situation ? Enfin non. Une moyenne ne voulait pas dire grand-chose. Plutôt la médiane. Oui. Voilà. Quelle était la médiane ? Et combien de personne aurait pu répondre à ce sondage ? Cette situation était-elle habituelle ? Je peinais à le croire. Mais d’un autre côté, je n’avais pas franchement assez de relations pour me faire une idée alors… Peut être qu’effectivement c’était le cas. La sensation de son front sur le mien me fit arquer un sourcil, surprise et arrêtée dans mes pensées logiques et rationnelles. Hé ? C’était ça sa réponse ? Ce n’était pas une réponse. Un geste, oui, mais absolument pas une réponse. Et sa main. Je fermai les yeux presqu’instantanément au contact de sa main. Cela me faisait du bien. De le savoir là, et bien. Enfin bien. Tout était relatif. Mais au moins vivant. Et son baiser… J’ouvris les yeux, encore plus surprise que le contact de son front. Ça ? C’était aussi une réponse ? Que devais-je comprendre ? Pourquoi ne parlait-il pas ? Pourquoi ne disait-il pas les choses ? J’avais besoin de mots clairs et précis pour comprendre, ne l’avais-je pas prévenu ? Et… Lui qui m’avait quelque peu – pas que quelque peu en fait – repoussée, voilà qu’il m’embrassait ? C’était un peu… Paradoxal non ? La drogue l’avait-il fait changer ? Oui. Voilà. Peut être que c’était sa drogue qui parlait. Je ne savais pas du tout comment cela fonctionnait au niveau neurologique alors, après tout, peut-être cela pouvait-il l’inciter à faire ça.
- Pour toi, j’veux bien essayer.
Je clignai quelque peu des yeux. Cette fois, il avait parlé. Pour mon plus grand plaisir. Car je comprenais enfin ce qu’il voulait dire. Et même si ces derniers gestes restaient quelque peu un mystère quant à leur explication réelle, il voulait essayer. Bien sûr il s’agissait là de confiance : pour y croire, je devais lui faire confiance, et même si je n’avais pas franchement l’habitude de faire confiance aux autres… C’était une chose que j’allais lui accorder, pour cette fois. Je lui faisais confiance.
- Alors. Je soufflai. Je ferais tout pour t’aider.
Même si je ne savais ni comment, ni à quoi je m’engageais. C’était même pire que lorsque j’avais dû aller m’inscrire à l’université pour la première fois. Le stress engendré par la nouveauté n’était réellement pas quelque chose d’agréable, pour moi. Et encore moins lorsque ce que l’on y ajoutait le relationnel en prime. Mais je n’avais plus franchement le choix, au risque de le regretter plus tard. C’était bien l’heure d’appliquer les conseils de ma mère. « Essaie de faire confiance à ton intuition ». J’avais toujours détesté ce conseil. Je détestais les intuitions. Aucune preuve tangible ne les reliait à la réalité, alors comment faire confiance à une chose qui n’était même pas palpable ? Non. J’aimais les preuves, la compréhension des faits, la justesse de toute chose. Sauf que là… Rien ne ressemblait à ce que je pouvais aimer et à ce dont j’avais l’habitude. Bien au contraire. Alors… Voilà. C’était donc ça « faire confiance à son intuition ». Parce que j’avais l’intuition qu’il fallait que je fasse tout ça. Et même si je n’aimais toujours pas ça… Au moins. Je le faisais.
A sa remarque, je secouai doucement la tête de gauche à droite. Je savais qu’il fallait que je mange mais… J’étais encore trop stressée pour ça alors… Je n’aurais qu’à manger plus tard. Voilà. Comme lui, en fait. Quant au repos… Je devais bien avouer que j’en aurais certainement bien besoin. J’étais exténuée. Et cela se voyait, mais dormir là maintenant ? Un instant je soupirai. De toutes les manières, je pouvais bien dormir avec lui. Cela n’allait pas dérégler mon horloge interne, moi qui étais réglée comme du papier à musique, cela ne ferait que faire une petite parenthèse dans ma vie. Quant à lui ? A vrai dire, je ne voyais pas le mal de dormir avec un homme, surtout si cet homme était Sam. Après tout l’avions-nous déjà fait. Alors… Hochant la tête, je le conduisis moi-même jusqu’à son lit que j’avais alors changé lorsqu’il dormait – et ça avait d’ailleurs été plutôt compliqué, j’avais plaint les aide-soignante…
M’asseyant au bord du lit, je fixai mes pieds quelques instants avant d’enlever mes chaussures pour m’y allonger, sans même le toucher. Là, sur le côté, je fis une légère moue. C’était bizarre. Plus que la dernière fois en tout cas. Rapidement, je me retournai de l’autre côté, pour lui faire face. Il était bien là, donc. Et toujours vivant. J’en serais presque soulagée, en fin de compte. Aussi étrange que cela puisse paraître, un léger sourire étira mes lèvres alors que l’une de mes mains prenait place sous ma tête. J’avais sommeil, c’était un fait alors…
- La prochaine fois je te tue dans ton sommeil. Voleur de pouvoir. Soufflai-je en tentant une plaisanterie, sujet que je maîtrisais bien mal.
Visiblement apaisée par sa présence, je fermai les yeux avant de sombrer dans un sommeil plus ou moins profond, ma main attrapant celle du Mawu lors de ce dernier. Après plus de vingt quatre heures sans dormir, voilà quelque chose qui allait sûrement me faire un bien fou.
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
▬ Alors. Je ferais tout pour t’aider.
Tu peinais encore à croire qu'elle le voulait vraiment.. Mais elle l'avait dit. Tu ne te torturais pas à savoir si tu pouvais lui faire confiance, parce qu'au point où tu en es, tu n'attends pas grand chose des gens qui t'entourent. Les gens.. Ca va, ça vient, ça crève. Ton regard se perd un instant sur cette main dans la tienne. C'est pas en continuant de penser ce genre de choses que tu iras mieux. Les habitudes ont la vie dure. Tu proposes alors d'aller se reposer, la mawu acquiesce. Une fois reposé.. Tout n'ira pas mieux, mais peut-être qu'elles seront plus claires. Débranche ton cerveau, c'est plus l'heure de réfléchir. Tu te glisses dans le lit. Est-ce que c'est bizarre de l'avoir invité à dormir dans ton lit ? Bof. C'était pas la première fois et puis, ça paraitre plus étrange de la laisser dormir seule ici ou dans le canapé, après l'avoir embrassé non ? De toute manière, tu ne la forçais pas à venir s'allonger à tes côtés. Tu étais tout de même heureux qu'elle le fasse, le lit te paraissait moins grand, moins vide, avec elle dedans.
▬ La prochaine fois je te tue dans ton sommeil. Voleur de pouvoir.
Elle ne peut pas le voir, mais tu souris légèrement à sa plaisanterie. Plus la force de rire ou même de répliquer. Sa main vient trouver la tienne et tu la serres doucement. Tu as du mal à trouver le sommeil, pourtant tu es crevé. De longues minutes s'écoulent avant que tu n'oses murmurer à la mawu, lui demandant si elle dort. Visiblement oui. Tu prends ton mal en patience. Et puis, tu te mouves sous les draps pour venir se rapprocher d'elle, te blottir sans venir l'écraser. Là, roulé sur le côté, ton visage prêt du sien et ton bras sur sa taille, tu finis par fermer les yeux et t'endormir.
Tu te réveilles, plusieurs heures plus tard. Il est.. Quinze heures. Jen dort toujours, tu sors du lit sans la réveiller. Si elle dort, c'est qu'elle en a besoin. Tu te diriges machinalement vers ton tiroir, le regardant en hésitant. Tu soupires longuement, puis finit par te rabattre vers une clope et un café. Cependant, ton regard ne cesse de fixer le meuble. Sueurs froides. Tu t'approches, te posant sur le canapé avant de l'ouvrir. Ce n'est pas la drogue que tu sors, mais le papier avec le numéro de centre de désintoxication. Tu attrapes ton téléphone resté sur la table basse et tu composes le numéro. Tu jettes un coup d'œil au couloir qui mène à la chambre.. Pour elle. Et tu finis par appuyer sur la touche "appeler".
Il s'en suit une conversation pénible et difficile pour toi. Tu notes au fur et à mesure les informations que te donne la dame que te parle au bout du fil. Trois à six semaines de cure. Trois à six semaines sans bosser ? Tu vas péter un câble. Surtout que vu ton cas, tu tablerais plus sur six semaines que trois. Tu te pinces l'arrête du nez. On se reprend. Tu savais que ça allait durer un moment, enfin, tu t'en doutais. Tu notes aussi le prix, bon c'est cher, mais heureusement pour toi, tu as largement les moyens de te la payer. Tu pourrais même aller dans le meilleur des centres spécialisés s'il le fallait. Elle parle aussi de suivit psychologique, de traitements, là tu tires un peu la gueule. Tu te demandes si tu vas avoir des putains de réunions où on s'assoit tous en cercle à écouter le malheur des autres. Le non fun en perspective. Tu finis par raccrocher après l'avoir remercier pour les renseignements. Tu reposes ton téléphone, jetant un coup d'œil à tes notes, avant de t'affaler dans ton canapé en allumant une nouvelle cigarette. Bon reste plus qu'à choisir où et quand y aller.
Mon sommeil ne fut ni agité, ni difficile. A vrai dire, la fatigue avait été telle que mon corps n’avait demandé qu’à se reposer, sans rêve, sans problèmes, sans un réveil impromptu. Non. J’avais seulement… Dormi. Comme un nourrisson, diraient certains. Moi, j’aurais plutôt appelé ça « comme une morte », mais chacun voyait ce qu’il voulait, après tout. Lorsque je me réveillai, mon portable, posé près de moi, indiquait près de seize heures.
- Mmh…
Je grondai un peu, me retournant dans le lit. Encore cinq minutes. Ou dix. De toutes façons, je n’étais attendue nulle part, et puis j’étais encore fatiguée. Oui. Je voulais juste encore dormir un peu. Juste un p… Soudainement, je vins me redresser dans le lit. Je n’étais pas chez moi. Ce n’était ni l’odeur de fleurs de ma lessive ni même ma décoration. D’ailleurs, ça manquait de décoration. Samael. J’étais chez Samael. Petit à petit, les secondes passant, je remis de l’ordre à mes idées. Mes yeux passant à travers la chambre dans laquelle je me trouvai, je soufflai encore. Je n’avais rien imaginé : la décoration manquait toujours, malgré mes ajouts. Rapidement, je vins m’étirer, secouant la tête pour tenter de me réveiller. Je n’avais toujours pas assez dormi, c’était un fait, mais au moins me sentais-je bien moins exténuée qu’avant mon repos.
Doucement, je vins me laisser glisser en bas du lit, l’air encore quelque peu endormie, pour me diriger vers le salon où j’avais pu entendre Samael quelques instants avant. C’est à quelques pas de lui que je me stoppai alors. Bien… J’étais donc actuellement chez lui. Je venais de me réveiller dans son lit, je me souvenais bien entendu de tout ce qu’il s’était passé la veille. Mais… Et maintenant ? Comment devais-je me comporter ? Devais-je m’approcher et lui dire bonjour comme un couple ? Ou alors il était seulement triste ou en mauvais état et dans ce cas je devais m’éclipser peut-être ? A moins que j’aille m’asseoir en lui disant juste bonjour. Et si je lui proposai un café ? Ah. Non. Je n’étais pas chez moi. Il ne fallait pas. Je crois ? Non. Je pouvais ou je ne pouvais pas ? C’était une très bonne question, une question à laquelle je n’avais aucune réponse. Pour en avoir une, sûrement aurais-je dû appeler ma sœur, qui avait réponse à tout ce genre de question que je pouvais me poser. Et en attendant, le temps que me pose ce nombre impressionnant de questions, je me trouvais là, debout, immobile devant Samael, comme absente, plongée dans mes propres pensées alors que mes yeux étaient restés fixés sur lui. Il me fallut de longues minutes pour, enfin, sortir de ma torpeur et m’approcher du canapé pour m’y asseoir, presque gênée.
- Tu…
Je grimaçai. Je détestais être gênée. Je ne comprenais d’ailleurs pas vraiment pourquoi je l’étais. Après tout c’était assez paradoxal. J’étais censée l’apprécier, non ? Même si je n’étais pas franchement pour le fait de l’apprécier, ou un peu plus, surtout un peu plus. Alors pourquoi étais-je gênée de me trouver là ? Sûrement allait-on me dire que c’était un sentiment humain, et pour autant, je peinais à le comprendre, comme je peinais à comprendre beaucoup de chose, cela dit.
- Tu as bien dormi ? Finis-je par lâcher.
Le regard vissé, cette fois-ci, sur la table basse, j’arquai un sourcil, notant la présence de quelques notes que je ne pus m’empêcher de lire.
- …
Doucement, mon visage se tourna vers lui, l’air étonné, un léger sourire aux lèvres, apaisé, presque, quoique toujours aussi gêné. Un melting-pot de sentiments que je ne contrôlais pas et qui avaient, enfin de compte, une certaine tendance à m’agacer, tant et si bien que je grimaçai de nouveau. Beaucoup trop de sentiments, surtout pour une personne qui n’était pas assez réveillée, mais pas assez fatiguée non plus pour réagir sur le tas. Je réfléchissais beaucoup trop, c’était un fait, et encore plus lorsque je venais de me reposer.
- Tu as appelé. Soufflai-je. Merci.
Oui. Merci. C’était à peu près tout ce que j’avais à dire. Merci pour lui, avant tout, bien sûr, c’était, après tout, sa vie, pas la mienne. Ou peut-être un peu la mienne, en fait, puisque j’avais décidé de rester près de lui alors même qu’on me l’avait déconseillé. Enfin ça n’en restait pas moins une vie séparée de la mienne que je voulais aider. Pas que. Mais quand même. Bref.
- Qu’est ce qu’ils ont dit ? Demandais-je alors.
Peut-être n’allait-il pas vouloir en parler. Certainement. Et ça m’était venu à l’esprit. Mais si cette question existait, c’était bien pour être posée. Pourquoi ne pourrais-je pas la poser, après tout ? Je n’étais pas en tort. Personne n’était en tort de vouloir savoir les choses. Tient. Voilà bien une chose que je ne comprenais pas. Pourquoi les gens se sentaient-ils gênés de demander ? Au moins, je ne l’étai pas. Non. Je l’étais seulement de ma présence ici. Ce qui n’était pas forcément mieux, en fin de compte.
Laisse-moi brûler mon âme pour que je puisse la respirer ft Jenny Reed
Jenny avait fini par se lever. Bah ouais elle allait pas disparaitre sous les couettes ou dormir éternellement. Il allait falloir se reconfronter à elle après tout ça. Y avait un espèce de battement chelou, celui où on sait pas quoi dire à l'autre, parce que la situation est bizarre. Un peu comme quand tu te réveilles avec une inconnue dans ton pieu et que tu sais pas comment faire pour lui dire de dégager poliment. Sauf que là, t'as pas envie qu'elle parle ta p'tite Méduse. Pour rien au monde tu aimerais qu'elle se tire. Même si c'était bizarre.
▬ Tu as bien dormi ?
Finit-elle par demander. Bien non. Dormi oui. Tu hochas simplement la tête en guise de réponse, tu allais lui retourner la question, mais tu sentais son regard se poser sur le papier où tu avais écrit toutes notes pendant l'appel au centre. Tu la regardais, elle souriait. La nouvelle avait l'air de lui faire plaisir, ou quelque que chose comme ça. Toi, tu étais fidèle à toi même, un peu paumé, ne sachant pas vraiment comme en penser pour l'instant. Tu te répétais que ça allait être juste très dur.. Mais quand tu la vois sourire comme ça, rien que pour ça, tu te dis que t'as prit la bonne décision.
▬ Qu’est ce qu’ils ont dit ?
Tu te grattais ta barbe de trois jours mal rasée, reprenant une cigarette.
▬ Humm.. En gros. Que ça allait être difficile. Ils m'ont expliqué comment ça se passerait, le prix.. Et que j'pouvais m'y pointer quand j'voulais pour m'accorder avec eux d'une date d'entrée.. Ou que j'pouvais regarder d'autres cliniques.. 'Fin tout est marqué sur le papier, t'peux regarder.
Tu fis glisser la feuille sur la table basse sur le côté pour qu'elle puisse l'attraper.
▬ J'imagine que l'plus tôt sera l'mieux.
Tu écrasas ta cigarette à moitié consommée dans le cendrier, aux côtés d'autres cadavres de clopes. Tu attrapas les mains de Jenny dans les tiennes, les regardant un instant. Ses mains dans les tiennes. Elle a tes côtés. T'avais vraiment pas l'impression de mériter ça. Puis tu les approches de ton visage, posant un baiser sur ses mains.
▬ On pourra pas trop s'voir pendant deux semaines aussi. 'Fin de c'que j'ai compris, le temps de passer la phase de merde où j'vais péter un plomb à cause du manque et tout.
C'était un mal pour un bien en soit. T'avais pas franchement envie qu'elle te voit encore pire que ce qu'elle avait pu voir. Dans tout ça, tu avais un petit sentiment de peur. Et si elle t'abandonnait ? Qu'elle voulait pas attendre ? Et si elle faisait juste tout ça pour pas avoir mauvaise conscience ? Tu serras les dents. Au pire, tu seras juste déçu et plus intoxiqué par ses merdes. Arrête. De. Penser. Si elle t'aidait c'est parce qu'elle le voulait, au moins un peu, elle te l'a dit non. Personne aurait mauvaise conscience pour un déchet. Et t'es pas un déchet pour elle. Ou pas trop. Raaaah. Tu posas ta tête sur son épaule et dans un soupire, tu murmuras un "Merci".
▬ J'vais aller me reposer, encore un peu.. T'peux rester ici ou partir, comme tu l'sens. Demain. Demain j'irais les voir.
Tu posas un baiser aux commissures de ses lèvres avant de te lever et de retourner te coucher. Le pire comme le meilleur, restait à venir.
Ça allait être difficile ? oui. Bon. Ce n’était pas franchement étonnant, même pour quelqu’un n’y connaissant strictement rien comme moi. De toutes façons on le voyait bien dans les films et les documentaires : ce n’était jamais une partie de plaisir. Mon regard se posa sur le papier. Je pouvais regarder ? Oh. Oui. Il avait dit de toutes les manières que je le pouvais, alors… Je n’hésitai pas franchement, l’autorisation m’ayant été donnée, pour le lire. Notant mentalement tout ce qu’il m’était possible de lire, je reposai rapidement la feuille pour l’observer. Trois à six semaines de cure ? C’était long. Mais s’il le voulait, il le fallait. Enfin en soi, s’il ne le voulait pas non plus, il en allait de sa santé et de sa légalité et même si je me retenais de dire tout cela, Sam savait pertinemment tout ce que je pouvais penser. Enfin… C’était logique, n’est-ce pas ? J’acquiesçai à ses propos.
- Il paraît qu’il faut que tu te sentes prêt pour y aller. Soufflai-je.
Je n’en savais pas forcément plus que ça, juste ce que j’avais pu entendre – oui, à la télévision, seule source d’information sur ce sujet, mais je n’allais certainement pas résister à l’idée de faire des recherches sur tout cela dès que je le pourrais. Alors… Enfin c’était peut-être vrai : il devait se sentir prêt pour ne pas lâcher en cours de route. C’était là aussi, enfin de compte, logique. Mes mains dans les siennes me firent arquer un sourcil tandis qu’un baiser se faisait déposer dessus. C’était… étrange. Pas désagréable, bien sûr, au contraire même, mais étrange. Une chose que je n’avais jamais eu l’occasion de faire, de tester. Ce qui pouvait effectivement sembler tout à fait ridicule.
- D’accord. Acquiesçai-je en hochant la tête. Je…
Qu’est ce que j’allais pouvoir faire pendant ces deux semaines ? La norme sociale voulait que je me rende utile dans ces moments-là, n’est-ce pas ? D’autant que si j’étais là c’est que j’avais pris l’intention de l’aider, il fallait donc aller jusqu’au bout. Or, si cela ne me dérangeait pas, même si j’en avais envie, je n’avais aucune idée de ce que je pourrais faire pour l’aider à cet instant-là… A moins que…
- Je prendrais soin de ton appartement en faisant le ménage en attendant.
Un appartement propre et tout allait pour le mieux, voilà ce que ma mère répétait souvent en faisant le ménage. Alors cela devait être vrai. Et lorsqu’il rentrerait, dans un appartement propre, frais et sentant bon, il irait encore mieux, n’est-ce pas ? Bon. En tout cas, moi, j’en étais tout à fait persuadée. Sa tête sur mon épaule me fit sursauter, alors que je m’étais de nouveau plonger dans mes pensées. Ah. Oui. Automatiquement, ou presque, mes bras vinrent l’entourer alors que j’haussai les épaules.
- Je ne mérite aucun remerciement, soufflai-je. J’ai rien fait pour le moment.
Oui. Pour le moment. Car je comptais bien faire des choses, comme nettoyer son appartement pour qu’il n’y ait pas un gramme de poussière durant son absence, par exemple. Ou acheter d’autres pots de fleurs pour le décorer aussi, tient. Oh. Ou des fleurs aussi, pour égayer tout cela. Enfin. J’allais devoir faire un plan d’action, d’achat et de budget pour tout cela, d’autant que j’avais mes propres produits ménagers, alors quitte à faire le ménage, autant utiliser ce que je connaissais et ce en quoi j’avais confiance. Après tout, sans étude plus ou moins approfondis des produits, on ne pouvait pas forcément savoir ce qu’il y avait dedans, et cela pouvait alors s’avérer nocif en cas de mélange… Bref. Autant utiliser les miens. Je serais, en plus, moins stressée en le faisant.
Esquissant un léger sourire, j’hochai alors de nouveau la tête.
- Je vais rester un peu… Le temps que tu t’endormes. Je dois aller au travail pour déposer mon bon d’absence. Je suis déjà en retard et…
Et je détestais le retard. Vraiment. J’haïssais ça plus que bien des choses.
- Enfin je reviendrais demain matin, comme ça je te laisse dormir. Ou demain soir. Ou après que tu sois allé les voir. Ou pendant. Enfin… Je secouai la tête. Comme tu veux. Mais appelle-moi. Sinon je vais m’inquiéter. Et vu que c’est chez toi que je vais. Il vaut mieux que ça soit toi qui appelle, puisque moi je ne saurais pas quand appeler.
Je grimaçai. Il allait aller au lit. Et je parlais beaucoup trop. Secouant la tête. Je lui affichai un nouveau sourire pour le laisser enfin partir. Départ qui me laissa malgré tout une sorte de vide, tandis que j’avais étrangement envie de le rejoindre. Mais je n’en fis rien. Le retard avant tout. Et je reviendrais demain de toutes les manières…