Audubon Park. Pourquoi me trouvais-je là, déjà ? Aucune idée. Comme à mon habitude, j’avais avancé sans faire attention où mes pas pouvaient me mener. Ces balades quotidiennes me permettaient de respirer, d’oublier toutes les visions que je pouvais avoir, bien trop souvent pour garder une santé mentale des plus saines. D’autant que, ces derniers jours, j’avais enchaîné les rendez-vous. Les articles me manquaient, il me fallait donc enchaîner les histoires et les objets touchés, me provoquant un bon nombre de vision. Souvent inutiles et complètement intraitables dans un journal, mais toujours fatigantes. Depuis que j’avais commencé cet enchaînement, d’ailleurs, les migraines s’étaient enchaînées. Je devais lever les pieds, il en allait de ma santé, tant physique que mental. Mais en avais-je au moins envie ? Pas réellement, à vrai dire. J’aimais mon boulot malgré les très nombreuses déconvenues. J’aimais découvrir la vie des gens, leur passé, leurs secrets. J’aimais écrire ces histoires et recevoir les mots de mes lecteurs. C’était, à vrai dire, très gratifiant. Bien sûr, cela ne plaisait pas réellement à la Communauté Mawu à laquelle j’appartenais. Après tout usai-je de mon don pour faire du commerce. Mais, pour leur plus grand bonheur, je faisais souvent en sorte que le grand public me voit comme un charlatan. Ainsi trouvai-je mon travail de bouche à oreille sans que personne ne puisse ou plutôt ne veuille fouiller de mon côté. Evidemment, les membres de la Communauté ne m’appréciaient pas à cause de cela. Mais au moins, eux, ne me cherchaient-ils pas de noises. Ainsi étais-je tranquille de tous les côtés. Ce qui m’allait à vrai dire parfaitement. Je n’étais pas faite pour les relations communautaires ou amicales. La solitude était quelque chose qui m’allait particulièrement bien. Au moins ne découvrais-je pas les secrets de mes proches par hasard. En touchant un bracelet ou un collier.
Enfin. Toujours était-il qu’au moins, aujourd’hui, j’avais décidé de prendre quelques heures pour moi. C’était déjà cela. Mains derrière le dos, nez au vent, j’avançais ainsi à travers les allées du parc. Seulement habillée d’un jean, d’un gilet en laine, d’un t-shirt et de rangers. Une tenue passe partout et tout à fait convenable pour une sortie au parc.

Autour de moi, les gens semblaient tout aussi calme. A croire que le lieu détendait chaque américain de cette ville. Une chance, c’était là tout ce dont j’avais besoin. A vrai dire, même si j’étais restée de marbre, ma dernière vision m’avait laissé déboussolée. Voir un enfant se faire déchiqueter sous les yeux de sa mère, cette dernière ayant beau être des plus détestables, n’était jamais très agréable, il allait sans dire.
Sentant quelques gouttes, je soufflais alors. Pourquoi diable le soleil se cachait-il quand, pour une fois, je voulais le prendre ? C’était à penser qu’il préférait me voir pâle et blafarde. Triste sort du destin. Enfin. Tant pis. Je n’avais plus qu’à rentrer. Quelques pas encore et je me stoppai, fronçant les sourcils. C’était quoi ça ? Doucement, je m’accroupis au sol en observant ce qui venait d’attirer mon regard. Un collier ? Visiblement. Un instant, seulement, j’hésitai à le toucher, comme j’hésitai à toucher tous les objets que je ne connaissais pas, à vrai dire, et surtout les bijoux. On ne savait jamais sur ce qu’on allait tomber et je devais avouer que j’étais là pour me reposer, pas pour avoir de nouvelles visions. Néanmoins… Je soupirai. Deux bagues. Il s’agissait là d’une triste histoire, et je le savais sans même avoir à les toucher. Enfin, j’attrapai le bijou entre mes doigts. Un millième de seconde, voilà ce qui me suffisait pour voir ce que je ne voulais pas voir aujourd’hui. Une femme. Belle. Heureuse. Et un homme… Je levai la tête alors que la vision s’arrêtait net tandis que le bijou restait dans ma main, l’air interloqué. Cet homme. C’était lui que j’avais vu. Il n’y avait pas de doute possible. Mais pourquoi diable n’avais-je pu rien voir de plus ?

- Mmh. Répondis-je, soucieuse, en me levant, lâchant le bijou. Il est inutile de pleurer Alana. Soufflai-je en l’observant attentivement, comme une curiosité. Elle n’aimerait certainement pas voir cela.

J’avais prononcé ces mots d’une manière tout à fait détachée. Surement devais-je avoir l’habitude de ce genre de choses. Des hommes et des femmes éplorées qui ne désiraient que le retour de l’être cher. Cela m’était devenu presque quotidien. Mais ce n’était pas ce qui me déplaisait actuellement. Jamais l’une de visions ne s’étaient arrêtées de la sorte, et il n’y avait pas de doute que cette homme ou au moins son histoire refusait que j’en sache plus. C’était, pour tout avouer, particulièrement frustrant.

- Pas de soucis. Je n’apprécie pas non plus que des inconnus touchent mes biens les plus précieux. Soufflai-je en époussetant mon jean. J’accepte le café. J’ai quelques questions.

D’un geste de la main, je l’invitais à me suivre. J’étais froide, particulièrement froide, comme je l’étais, à vrai dire avec tout le monde. Mais plus que cela, j’étais pensive. Il fallait que je comprenne ce qui venait de clocher, quitte à reprendre ce bijou en main. Si mon don commençait à déconner, mieux valait que je m’y prépare. Il en valait de mon travail et donc de ma vie, après tout.

- Jenny. Dis-je enfin. Je m’appelle Jenny. Autant que tu saches mon nom puisque je connais le tien, « Sam ».

J’esquissai enfin un léger sourire. Cela allait lui faire un drôle d’effet. Je connaissais le nom de la femme ainsi que son nom. Et je devais avouer que j’appréciait tout particulièrement voir la surprise sur les visages des personnes que je croisais.
Enfin devant le stand de café, je croisais les bras.

- Je prendrais un café au lait. Lui dis-je. Tu devrais faire plus attention à ton collier. Je pense que la chaîne est cassée. Je peux regarder si tu veux.

- Comme tu veux. Dis-je en haussant les épaules, légèrement frustrée de ne pouvoir rien voir de plus comme j’en avais l’habitude. Fais seulement attention à ne pas le perdre, on ne sait jamais sur qui on peut tomber ou qui pourrait le ramasser.

Attrapant le café tendu par le commerçant sans un autre mot, je suivis l’homme pour m’asseoir face à lui, mes yeux fixés dans les siens. Il y avait quelque chose d’étrange en lui, mais je n’arrivais pas à déterminer quoi, et je devais avouer que ça me faisait légèrement grincer. Je détestais ne pas comprendre, et il était hors de question que je reparte sans avoir des réponses à mes questions, dont la principale était : comment as-tu fait pour bloquer mes pouvoirs ?

A sa question, j’arquai un sourcil en l’observant attentivement. Mawu… Il connaissait donc l’existence des humains à don et de leur communauté. Deux possibilités, donc. Soit il s’agissait lui aussi d’un humain à don, ce qui n’expliquait toujours pas le pourquoi il avait bloqué mon propre pouvoir, soit c’était un humain bien trop renseigné qu’il faudrait sûrement rapidement faire taire. Dans le premier cas comme dans l’autre, je ne pouvais décemment dire les choses de but en blanc. La première communauté ne m’appréciait guère pour l’emploi que je faisais de mon don tandis que le deuxième cas risquerait simplement de mettre ma tête à prix. Sans que quoique ce soit ne réponde à ma putain de première question. Avalant une autre gorgée de mon café, j’esquissai alors un sourire du coin des lèvres.

- On dit plutôt de moi que je suis voyante. M’amusai-je. Ou charlatane, ça dépend. Soupirant, je secouai la tête. Quant à la communauté, je ne m’en définirais pas. L’on ne m’apprécie pas beaucoup là-bas. Mes articles sensations ne sont que très rarement bien reçus par la critique.

Ou comment répondre à deux questions en une réponse sans pour autant y répondre à l’une ou l’autre. Il comprendrait ainsi bien ce qu’il désirait comprendre, je ne serais pas plus claire sans plus d’explication de sa part, question de logique et de partage des informations.

- Et vous alors. Vous êtes qui ?

A nouveau, je tentais une question qui rentrerait dans mes deux cas de figure. En espérant qu’il ne soit pas trop abruti pour répondre à côté de la plaque en me donnant son nom, son adresse et la taille de ses slips. Bras croisés, alors que je venais de reposer mon café, je l’observai de nouveau tentant de sonder son esprit. La tentation était forte de tendre la main vers lui pour attraper n’importe quel objet qui pourrait lui appartenir, juste pour connaître la vérité plus rapidement.

- Est-ce que vous croyez en la voyance, « Sam », demandais-je alors ?

Bon, ok, je devais avouer que connaître son nom de famille m’aurait, malgré tout, bien été utile. Visiblement, Sam était un surnom, mais je n’avais pas pu entendre son prénom complet. Les limites de mon pouvoir avaient une tendance à m’agacer dans ces moments-là, surtout lorsque je découvrais ladite limite sur le tas. Enfin. Au moins, nous allions pouvoir aborder le sujet qui m’intéressait. Il allait me répondre oui ou non, je m’en foutais, et j’allais donc lui apporter la joie ou la preuve de mes talents, lui réemprunter son bijou et comprendre enfin pourquoi mon pouvoir s’était bloqué seul. Je quitterais les lieux ensuite non sans avoir fini mon café et reprendrais ma journée normalement. Voilà qui était un programme des plus réjouissants. Alors mieux valait ne pas traîner pour ne pas perdre de temps et profiter au mieux du reste de ma journée.

Je penchai doucement la tête sur le côté. Qui m’agaçait ? oui… Et non. En fait ce n’était pas vraiment de l’agacement. Peut être simplement une curiosité agaçante, oui, mais pas vraiment plus. Quant au naturel antipathique… J’y répondis d’un léger sourire amusé.

- Je te retourne le compliment.

Au moins était-il direct et franc. Tant mieux. On ne tournerait peut-être pas trop autour du pot. D’autant que je n’avais pas que cela à faire. Ma balade m’attendait. Pour autant, il ne semblait pas vouloir répondre à ma question. Alors en fin de compte, peut être que nous allions devoir passer sur le direct et franc. Soupirant, je souris néanmoins.

- Je suis plus marc de café. Ironisais-je. Ou boule de cristal. Manque de chance le prix du cristal ayant augmenté, je me contente d’une boule en verre, beaucoup moins efficace.

J’esquissai un sourire moqueur lorsqu’il me rattrapa sur son prénom. Alors ainsi n’était-il pas celui qui agaçait l’autre. Je préférais cela, en un sens. Après tout, l’agacer à cause de ce que je savais l’obligerait à un moment ou à un autre à se révéler, n’est-ce pas ?

- Je préfère Sam. Soulignai-je néanmoins. Plus court. Plus direct. Tout ce que j’aime.

Terminant rapidement le café, je l’observai attentivement. Comment savoir. Comment comprendre ce qu’il en était si cet idiot n’était pas plus loquace que ça. Je fronçai quelque peu les sourcils. En fin de compte, peut être que cette situation m’agaçait plus que je ne pouvais me l’avouer.

- Tu n’as pas répondu à ma question. Repris-je alors. Crois-tu en la voyance ? En les vision ? Ou fais-tu parti des sceptiques ?

Cette façon de balayer mes questions, elle, par contre, commençait à m’agacer. J’avais besoin de réponse et il ne m’en apportait aucune. Coïncidence ou désire de me voir tourner en rond, je ne le savais pas. Tout ce que je savais c’est qu’il avait les réponses à la limite de mon pouvoir et que je ne pouvais décemment pas les avoir.

- J’espère juste que tu n’aies pas un espèce de lycan qui veut me bouffer seulement pour avoir touché un objet précieux.

J’haussai les épaules. Au moins peut être pourrais-je éliminer une créature. Après tout ne pouvait-il pas être un vampire au vu du soleil qui trônait fièrement dans le ciel. Alors pourquoi pas un lycan ? S’il m’éliminait cette possibilité, me resterais les incubes, les Mawus ou tout simplement un abruti d’humains qui m’avait fait perdre mon pouvoir. A moins que mon pouvoir ne soit tout simplement en train de s’abîmer seul ? A cette idée je grimaçai imperceptiblement. Impossible. J’avais trop besoin de ce pouvoir pour lui permettre de me quitter comme ça. D’autant que personne n’avait jamais fait cas de Mawus perdant leur pouvoir. Il n’y avait donc aucune raison que cela m’arrive à moi.

- A moins que tu tentes de me charmer. Mais dans ce cas, incube, désolé de te le dire, mais tu devrais revoir tes techniques. Tu as l’air d’être du genre tout aussi désagréable que moi.

J’esquissai un nouveau sourire moqueur. Deux créatures qui pourraient être éliminées si enfin il parlait. Et je risquais très fortement de m’agacer si cela ne venait pas.

J’arquai un sourcil à sa remarque. Charlatane hein. Oh je n’allais certainement pas me vexer pour si peu et si bas. De toutes les manières, j’en avais l’habitude. Je ne comptais plus le nombre de lettre que je recevais, m’insultant des pires insanités pour la simple raison qu’ils ne croyaient pas en ce que je faisais.

- Je préfère le surnom d’escroc. Ca fait plus bandit. C’est un peu plus classe que « charlatane ».

Répondre de l’absurde par l’absurde, voilà quelque chose qui m’allait particulièrement bien en cette situation bien particulière. Arborant mon visage des plus froid et désagréable, je soupirai au raccourcissement de mon prénom. Peu de gens m’appelaient de la sorte. D’un autre côté, je devais avouer que j’avais bien peu d’amis et donc bien peu d’occasion que l’on m’appelle comme ça. Enfin. Je m’en moquais complètement. Qu’il m’appelle même Pénélope si ça l’amusait, ce n’était pas mon problème.
Je soupirai néanmoins d’agacement à sa petite moquerie. Bien. Il connaissait la communauté Mawu et n’était ni vampire, ni incube, ni lycan. Ne me restait plus que l’humain basique ou celui à don. Connaissant mon manque de chance, j’étais donc effectivement tombé sur un humain à don. Mais quel don. Je fis néanmoins un léger sourire narquois.

- Je dirais heureusement que tu n’es pas un incube, à faire le difficile, tu serais déjà mort. Je ne dis pas que ça serait triste. Seulement que tu ferais un incube vraiment… A chier.

J’arquai néanmoins un sourcil alors qu’il semblait vouloir droit au but. Parfait, c’était ce que je voulais. Inutile de tergiverser ou de prendre des putains de chemins de traverses, autant lui demander directement son collier à la noix. Le problème était que je ne pouvais décemment pas lui expliquer pourquoi. Dire que mon pouvoir n’était pas sûr, et même si ce dernier n’était pas offensif, je trouvais cela être en position de faiblesse, et il était hors de question que je le sois face à cet idiot. Néanmoins, je ne pouvais décemment continuer à tourner autour du pot, au risque de voir ma cible s’en allait avec les réponses, qu’il n’avait d’ailleurs peut être pas.

- Ton collier et ton pouvoir. Dis-je soudainement. Je veux toucher à nouveau ton collier et que tu me dises ton pouvoir.

Le premier me permettrait d’avoir les réponses à mes questions. Le second… N’était qu’une question de curiosité, en fait. Et peut être une question de sécurité aussi. Je savais que certains membres de la communauté pouvaient avoir des pouvoirs bien plus puissants que les miens. Or, il était bien hors de question que je prenne malgré tout le moindre risque. Mourir n’était pas réellement dans mes priorités ces temps-ci. Autant, donc, prévoir tout danger. Ou au moins connaître les risques que je pouvais prendre en approchant cet homme. D’autant qu’il était franchement désagréable.

- Et très sincèrement, je pense que même en y allant franchement, on pourrait trouver le moyen de s’agacer mutuellement.

Je retins un ricanement moqueur. Après tout, c’était la vérité. Rien que son visage ne me revenait pas. Réellement pas. J’y étais, certes, peut être pour quelque chose, mais ça me suffisait pour m’agacer, de toutes les manières.

Je retins fermement un sourire alors qu’il se pliait à mes « désirs » de surnom. Et puis malgré la tension qui émanait de cette table du fait, visiblement, de notre incapacité à parler normalement, il semblait amusé… Et ça m’agaçait d’autant. J’avais l’impression qu’il jouait avec mes nerfs sans pour autant pouvoir y faire quelque chose puisque cela venait de moi. Après tout, c’était moi qui désirais savoir ce qu’il en était, son pouvoir, surtout et sa vie. Je détestai avoir envie de creuser de la sorte mais ses réactions n’appelaient, en moi, que de la curiosité mal placée.
Je sifflai légèrement de frustration lorsqu’il me confirma ne pas vouloir me confier son collier le temps de quelques instants seulement. Non mais aucune collaboration en fait. D’un côté il ne savait pas réellement pourquoi je voulais faire le test, et mieux valait qu’il ne sache pas. Ce genre de curiosité c’était tout de même un peu malsain. Sauf peut être pour une journaliste. Voilà. Je n’avais qu’à mettre cela sur le dos d’une enquête pour mes articles. Quoique cela n’allait peut être pas le mettre dans une meilleure condition. Enfin. Je me moquais bien de sa condition, tant que j’obtenais ce que je désirais. Plissant les yeux, il semblait néanmoins accepter de coopérer avec moi, me proposant un autre objet. Le problème était que je ne pouvais me contenter d’un objet banal. Le contraire aurait été beaucoup trop facile, et peut être pénible pour moi. Si je devais avoir une vision à chaque objet touché, je pense sérieusement que je n’aurais pas vécu plus de deux ans. Les visions étaient déjà assez éprouvantes comme ça pour m’éviter de telles choses à longueur de temps. Enfin. Une chance, ces dernières étaient reliées à des souvenirs forts. Il me fallait donc un objet à haute valeur sentimentale. Un HVS comme je les appelais. Ces HVS pouvait être n’importe quel objet, bien sûr, mais il fallait qu’ils soient reliés à un souvenir fort en particulier. C’est pourquoi j’expliquai clairement à Monsieur l’enragé du collier que je ne pouvais simplement pas lui emprunter un stylo.
Avisant le zippo qu’il me tendait j’arquai un sourcil. Oui. Bon. Super. Un briquet. Ça valait toujours mieux que la dernière culotte de morte qu’on m’avait tendue cela dit. Soupirant légèrement, car très peu convaincue de l’utilité de cet objet, je le pris néanmoins en main.
Je dus admettre que je m’étais trompé. La vision vint immédiatement. Je me trouvais là, derrière « Sam », dans ce qui me semblait être la cuisine d’un restaurant. En compagnie d’une femme qui n’était pas la prénommée Alana. Je m’approchai d’un pas pour entendre leurs paroles. Il s’agissait d’un événement par…

- HEY !

Le grondement de frustration était sorti seul, comme expulsé par mon agacement de voir mes visions encore une fois stoppée nette sans pouvoir aller plus loin. Interdite, j’observai cet imbécile les yeux légèrement plissés d’agacement alors que ces derniers se baissaient rapidement vers ma main. Il la touchait. Comme il l’avait déjà touché quand j’avais ramassé son collier… Oh le petite enfoiré ! Je grondai un coup en lâchant son zippo pour éviter tout contact entre lui et moi.

- C’est toi alors. Je grondai à nouveau. Tu bloques mon pouvoir. Soufflai-je véritablement agacée. Et tu me dois un nouveau café pour ça.

Non parce que la frustration ça allait un moment, mais là ça commençait sérieusement à faire trop.

- Vu que j’ai compris le tien, t’as peut-être déjà compris le mien. La rétrovision. Lâchai-je en l’observant avec agacement. Je peux voir tout ton passé en touchant le moindre des objets qui comptent pour toi. Impossible de me cacher quoique ce soit.

J’esquissa à cette fin de phrase un sourire du coin des lèvres, un petit sourire narquois qui se voulait agaçant. Après tout, vu comment il réagissait, il semblait ne pas avoir envie que l’on fouille son passé, et c’était exactement ce que j’avais pu faire l’histoire de quelques instants. D’ailleurs… J’avisai son briquet quelques secondes avant de le reprendre en main. J’avais un passé à terminer, un homme à emmerder et une frustration à calmer moi.