Tu éteins le réveil avant qu'il ne sonne. Tu as veillé toute la nuit sur la petite boulette qui est enroulée sous ta couette. Là où ton jumeau se trouve habituellement se trouve ta nièce. Tu la réveilles doucement, de façon bien plus agréable que n'importe quel sonnerie de réveil. Une main se pose sur sa tête, tandis que tu l'appelles par un surnom affectueux. Le louveteau s'éveille et la première chose qu'elle voit c'est ton visage lui souriant.
▬ Allez, debout marmotte, on va préparer le petit déjeuné. On pourra même mettre quelques pancakes de côté pour ton papa, comme on a dit hier.
La petite hoche la tête, se levant après un câlin. Tu allumes la télé sur une chaine musicale, plus par habitude que par envie d'en écouter. Ton cœur se serre, un instant. Awh. Ca va aller. Tu commences à sortir de quoi préparer la pâte à pancake, tandis que Mika vient à tes côtés sur un marche pied pour pouvoir t'aider.
▬ Tonton est pas rentré ?
Tu t'arrêtes alors que tu étais en train de verser les ingrédients dans le bol. Ta tête se penche vers la petite, un nouveau sourire, mais triste.
▬ Non, mais ne t'en fais pas pour ça d'accord ?
Tout comme toi, elle semble peu convaincu par tes paroles. La préparation du petit déjeuner avance et alors que tu préparais les boissons et que Mika se lavait les mains couvertes de farine, le bruit de la sonnette retentit dans tout l'appartement. Tu te précipites à la porte, pensant qu'il s'agissait d'Eden mais.. Non. C'était Noïd. Logique. Il t'avait dit qu'il passerait dans la matinée pour reprendre sa fille. Tu as du mal à cacher ton air déçu sur le moment, mais tu caches tout ça derrière un sourire.
▬ On t'attendait pas aussi tôt ! Entre !
Tu laisses au loup le soin de fermer la porte d'entrée, marchant jusqu'à la cuisine.
▬ On vient tout juste de terminer de préparer le petit dej. T'as un peu de temps devant toi ? Que la petite en profite. Je te prépare un café ?
Vu vos bouilles, il n'a pas vraiment le choix de dire non. Tu attends tout de même qu'il te confirme la boisson pour pouvoir la préparer.
▬ Ca été ? C'était pour une formation c'est ça ?
Demandes-tu en lui apportant une tasse bien remplie et bien chaude de sa boisson. Tu t'installes avec les loups à table, la place de ton frère est vide. Tu la regardes un instant. C'était toujours vide sans lui, moins.. Bruyant. Tu reportes ton attention sur la petite qui regarde avec insistance le sirop d'érable. Tu lui tends la bouteille, n'attendant pas qu'elle demande après. Elle n'ose pas, discrète effacé, comme si elle dérangeait le monde. Tu lui souris, la regardant prendre la bouteille. Awwh. S'il y avait bien quelque chose qui te manquait depuis que tu étais devenue vampire, c'était bien la bouffe. Tu regardais ta tasse de thé au sang devant ton nez. Tu tuerais pour pouvoir manger rien qu'un peu de la vrai nourriture. Bon peut-être pas tuer. T'es déjà pas capable de tuer une mouche alors..
:copyright: Grey WIND.
Dernière édition par Eden & Lilith Payne le Mer 9 Déc - 20:08, édité 2 fois
La cible en carton tressauta alors que les balles perforait la surface blanche. Une silhouette, censée ressembler à une forme humaine, trônait quasiment intacte au milieu d'un tas de trous, plus ou moins loin d'elle. Noïd lâcha un soupir, et tendit l'arme de poing qu'il tenait au type quo le regardait d'un air sévère. - « Six tirs, un seul dans la cible. Pas terrible, monsieur Payne.
- Si vous vouliez que je fasse un carton, ça aurait été moins con de faire la séance à un autre moment qu'après une formation qui a duré toute la nuit. »
Le formateur, un petit brun à lunette un peu guindé, eut un petit rictus hautain qui donna à Noïd l'envie de lui en coller une. Après une nuit sans dormir, fallait pas trop lui en demander. Qui était le con qui s'était dit qu'une formation sur la sécurité nocturne était une bonne idée ?
- « C'était le but. Dans votre travail, vous n'aurez pas toujours l'occasion de dormir de façon convenable. Vous devez apprendre à être efficace, même pas reposé. »
L'albinos leva un sourcil agacé. Ok, c'était probablement une idée du crétin en face. Épuiser volontairement les gens pour une raison aussi abrutie que celle-la, c'était bien une logique de gars qui va pas sur le terrain.
- « Je peux vous garantir que jamais j'aurais eu l'idée de brandir un flingue en étant claqué sans votre formation à la con. Bon, c'est fini maintenant, vous me signez mon papier, que je puisse me casser ? J'aimerais aller récupérer ma fille. »
Après un petit pincement de lèvres, le formateur décida que c'était assez, et rempli finalement le papier dont avait besoin le lycan. Une idée de sa boîte, après l'avoir envoyé pour une mission en taule alors qu'il était pas formé pour ça, ses patrons s'étaient dit que ça serait une bonne idée de faire une formation de rappel à leurs agents. Un type s'était donc éclaté à faire une formation pour une dizaine d'agents de sécurité, qui avait durée toute la nuit. Les trois-quarts (dont Noïd) avaient piqué du nez vers 4h du mat', et s'étaient fait réveiller par un coup de chemise en carton dans la gueule. Histoire de mettre tout le monde de bonne humeur., comme si perdre du temps n'était pas suffisant. En quittant le lieu de formation, le loup blanc retint un bâillement suivi d'un juron, et se dirigea vers l'appartement d'Eden et Lilith.
Mika était trop jeune pour passer la nuit seule, alors il l'avait confiée à son frère et à sa sœur pour la nuit. Habituellement, il aurait plutôt proposé à Ash mais... Depuis qu'ils avaient mis les choses au point à propos de Taylor, il n'avait plus des masses envie de laisser sa fille là-bas. Et de toute façon, Ash et lui ne s'étaient presque pas reparlé depuis la fameuse discussion, malgré plusieurs tentatives de sa part. Noïd retint une nouvelle série d'insultes qui lui venaient à propos de Taylor, et se concentra sur sa fille. Depuis qu'il l'avait récupérée, Mika n'avait pas passée beaucoup de nuits en dehors de leur appartement, encore moins sans son père, et ça leur avait fait un pincement au cœur à tous les deux. Mais il faisait pleinement confiance à Eden et Lilith pour la garder. Enfin, surtout à Lilith. Elle était toujours adorable avec sa fille, et semblait naturellement faites pour ça. Eden était génial aussi mais il était aussi beaucoup... Eden.
Le papa poule étouffa un nouveau bâillement alors qu'il sonna à la porte de l'appartement. Celle-ci s'ouvrit quasiment instantanément sur une Lilith un chouilla tendue. Un peu abruti par le manque de sommeil, Noïd ne capta pas du tout qu'elle avait ouvert vachement vite la porte, ni la déception qui faillit apparaître sur le visage de sa sœur.
- « 'Lu frangine. Bien dormi ? »
Elle le fit entrer, et le fit s'asseoir à table. Dès qu'il fut visible, Mika descendit de sa chaise et sauta dans ses bras. Ah, ça, ça lui donnait un petit coup de fouet. Noïd fit un énorme câlin à sa fille, et s'installa à table.
- « Je prendrais bien un café, Lithoune. J'ai quasi pas dormi, ça me ferait du bien. »
Alors que Lilith le servait, Noïd jeta un coup d’œil à sa petiote, qui fixait le sirop d'érable. Comme d'habitude, elle n'osait pas dire ce qu'elle voulait, même si son regard traduisait comme toujours très bien ses envies. Il s'apprêtait à à s'en occuper, mais sa cadette fut plus rapide. Attentive, comme toujours, elle avait repéré le désir de sa nièce et l'avait aussitôt assouvi. Noïd lui adressa un remerciement d'un sourire. Apprendre à sa fille à s'imposer allait prendre du temps, et des comportements comme ça aidait.
- « Ouaip. Un gros bonnet s'est dit que c'était une bonne idée de nous apprendre notre boulot en pleine nuit. Non seulement j'ai rien compris, mais maintenant j'suis claqué. Un grand merci de m'avoir gardé ma pitchoune. Ça s'est bien passé ? »
Alors qu'il regardait avec un sourire la tasse de thé à l'hémoglobine de sa sœur, le cerveau de Noîd enregistra ce qui n'allait pas. Mika était un peu inquiète, même si elle le cachait bien. Lilith était un poil tendue et... L'appartement était beaucoup trop calme. Et n'avait pas l'odeur de son frère.
- « Éden n'est pas la ? C'est pas commun. »
Aucun jugement dans la voix, juste une petite interrogation. Eden travaillait tard, voir la nuit, mais une heure pareille il aurait du être rentré. Sachant qu'ils n'étaient que rarement séparés, c'était suffisamment inhabituel pour le remarquer.
La présence de ton ainé réussissait à te faire oublier celle de ton jumeau. Du moins, c'est ce que tu te forçais à croire. Tu lui servis un café bien chaud, observant d'un œil attendrit le câlin entre le père et sa fille. S'il y avait bien quelque chose dont tu ne pouvais pas douter venant de Noïd, c'était son amour profond pour Mika. Leur début n'avait pas été facile et tu es heureuse de voir que leur relation a évolué positivement. Le petit déjeuné se passait dans la bonne humeur, ton frère te racontait sa nuit de travail qui semblait avoir été éprouvante.
▬ Mon pauvre. Tu as d'autres formations de ce genre à faire ?
Tu posas ton regard bleuté sur ta nièce.
▬ De rien, c'est toujours un plaisir de l'avoir à la maison. On a dessiné toutes les deux. Elle a du talent ! Tu montreras tes dessins à ton papa hein?
Un sourire qui disparait presque instantanément lorsque ton ainée parla d'Eden. Tu avalas une gorgée de thé rougeoyant, avant de forcer un sourire sur ton visage pour t'adresser à ta nièce.
▬ Ma puce, si tu allais chercher tes dessins maintenant ? Tu te souviens où on les a rangés ?
Le louveteau hocha la tête avant de partir à la recherche des fameux dessins. Tu poussas un soupire lorsque la petite sortit de la cuisine. Touillant ta boisson à la l'aide de ta cuillère, tu t'ouvrais à Noïd. On devinait sans mal qu'il s'était passé quelque chose et pas quelque chose de bien.
▬ Il est rentré très tard dans la nuit, avec quelqu'un et.. Pas vraiment sobre. On s'est disputé sur le palier.. Tu sais comment il est, toujours à en faire des caisses, il est parti en disant qu'il ne reviendrait pas et je sais, je sais qu'il ne le pensait pas, mais ça reste.. Douloureux.
Tu poussas un nouveau soupire, repassant la scène dans ta tête une nouvelle fois. Ce n'était pas la première fois qu'il te faisait ça, tu savais bien qu'il revenait toujours.. Mais ça ne t'empêchait pas pour autant d'être angoissée. D'autant plus lorsqu'il était alcoolisé, surement drogué et avec un.. Client. Tu souffres beaucoup d'anxiété au quotidien et tu es devenue malgré toi, un peu trop dépendante de ton frère. Lui n'a pas autant besoin de toi que toi de lui. Enfin, c'est ce que tu crois.
▬ Mika dormait profondément, je ne pense pas qu'elle ait entendu quoique se soit.
Rassurais-tu le jeune père. Sauf si elle faisait semblant de dormir, mais tu en doutais, elle avait vraiment l'air endormi.
▬ J'aimerais juste savoir qu'il va bien.
Un sourire triste se grave sur ton visage, ton cœur est lourd tout comme les mots qui s'échappent de ta bouche. Tu balayes une larme à peine naissante sur ta joue. Tu ne veux pas que ta nièce te voit pleurer. Tu reprends une gorgée de thé, avalant ta tristesse par la même occasion. Aller. Ce n'est qu'une petite dispute, ce n'est ni la première, ni la dernière.
C'était officiel, Lilith avait l'air un peu absente. Non pas absente. Mélancolique. Maintenant qu'il avait réussi à passer outre son armada de cernes, il arrivait à voir qu'elle était un peu différente. Enfin, si ça se trouve il se plantait. Le nombre de fois ou il s'était retrouvé avec sa sœur sans la présence d'Eden se comptait sur les doigts des deux mains. Ils étaient tout le temps fourré ensemble ces deux là, faut dire. AH. IL ETAIT TROP CON ! Alors qu'il réalisait sa bourde, elle l'interrogeait sur sa formation. Noïd fit un petit rictus blasé.
- « Pas pour le moment, jusqu'à ce que nos blaireaux de dirigeants se disent que c'est une bonne idée de nous faire apprendre notre taf par un gars qui a aucune idée de ce qu'on fait. Tirer en étant fatigué, j'te jure... 'Fin c'est pas très important. J'suis payé pour ça, alors autant faire ce qu'on me demande, même si c'est des conneries. » Mika le fixa du regard un instant. « Des âneries, pardon ma puce. »
Lilith enchaînait en parlant de comment elles s'étaient occupées. Des dessins ? Mais évidemment qu'il voulait voir les dessins de sa fille, il allait les encadrer, bientôt y'en aurait partout sur le mur et... Ok, calme toi un peu, andouille. Penses à ta sœur. A Lithoune qui vient doucement de demander à Mika de quitter la pièce. Noïd avala une gorgée de son café, posa ses coudes sur la table et appuya sa tête sur le dos de ses mains. A tout les coups, Eden avait encore fait une connerie. Gagné. Noïd fronça les sourcils en entendant l'histoire, et se retint de lâcher un juron. Putain, ce que son frère pouvait être con quand il s'y mettait. Quitter la baraque en menaçant de ne plus y revenir ? C'est quoi l'intérêt de brailler ce genre de choses à part pour blesser ta sœur ? Et c'est ça l'objectif, laisse-moi que tu dire que tu mérites une paire de baffe, p'tit blondinet prétentieux.
Lilith était un monument d'angoisse, tout le contraire d'Eden. Elle retenait tout en elle, donnait beaucoup, prenait peu. Et Noïd savait pertinemment que rien n'angoissait plus sa petite sœur que l'idée de perdre son jumeau. Alors que l'autre couillon ait balancé ça en connaissance de cause avait légèrement tendance à gonfler l'albinos. Lithoune, de son côté, restait fidèle à elle-même. Même alors qu'elle stressait à l'idée que sa diva de frère ne rentre pas, elle restait soucieuse de son aîné, et de sa fille. Elle lui expliquait que Mika n'avait rien entendu, qu'elle dormait profondément. C'était sans doute vrai, Mika dormait bien, surtout quand elle était avec des personnes qu'elle appréciait, et elle adorait Lilith. Noïd retint un soupir. Elle était vraiment gentille. Après tout ça, tout ce qui lui importait, c'était que Eden aille bien. En soi, il était d'accord avec elle. Juste qu'il avait également envie de coller une tarte à son frère. Un peu pour son comportement alors que sa nièce était dans l'appart', et surtout parce qu'il avait blessé Lilith.
Noïd se força à régler sa pensée de façon moins subjective. Eden avait un problème de dépendance, c'était connu dans la famille. Il se mettait souvent en danger, et personne ne pouvait rien y faire. Il était abîmé, et même la chaleureuse entente de la famille Payne, et l'amour inconditionnel que lui offrait sa sœur n'étaient pas suffisant pour qu'il arrête ça du jour au lendemain. Il lui faudrait du temps. Mais ça ne voulait pas dire qu'il ne fallait rien faire quand il partait en vrille. Quand on déconne, c'est aussi le rôle de la famille de t'aider. Mary l'avait plusieurs fois fait avec lui, et n'y était jamais allé de main morte.
- « T'en fais pas pour Mika, Lithoune. Elle va bien, elle a passé une bonne soirée et une bonne nuit avec toi. Je suis sûr que t'es sa tata préférée. »
Le loup posa sa main sur l'épaule de sa sœur, et la pressa un peu. Façon maladroite de lui dire qu'il était la, que tout allait bien se passer. Il n'était juste pas doué pour le formuler. Il leva sa tasse, et engloutit en quelques gorgées ce qui restait de son café, manquant de se brûler avec le liquide amer.
- « Bon. Bouge pas, j'vais aller le chercher. Je suis sûr qu'il va bien, mais te connaissant, tu vas rester là à retourner tout ce qui pourrait mal se passer dans ta petite caboche. Donc pour une fois, laisse-moi gérer. »
Les actes, ça il savait faire. Il lui frotta affectueusement la tête, et se tourna vers sa fille qui arrivait, brandissant non sans une certaine fierté quelques feuilles de papier. Noïd attrapa Mika, et l'installa sur ses genoux, détaillant avec elles pendant quelques instants chacun des dessins. Elle ne serait sans doute jamais dessinatrice, mais ses tentatives étaient adorables.
- « Tu fais un câlin à ta tante pour la remercier, ma p'tite louve ? Ça lui ferait plaisir. »
Sans se poser de questions, Mika sauta au sol, et s'approcha de la jeune femme, et se colla contre son bras. Un câlin de petite fille qui aimait beaucoup sa tante. Tu vois que tout va bien, Lilith. Elle t'adore. Noïd lui fit un petit sourire, et lui demanda :
- « Mika, je vais peut-être devoir m'occuper de quelque chose.. Est-ce que ça t'irait si on rentrait à la maison un peu plus tard, et si tu restais ici ce matin ? »
La petite fille resta inexpressive un instant, avant de faire un petit hochement de tête. Intuitivement, elle avait compris que si son père lui demandait ça, c'était que c'était important. Elle était un peu triste de ne pas repartir avec lui, mais elle aimait aussi beaucoup Lilith, alors ça allait. Noïd lui ébouriffa les cheveux, et la serra contre lui. Rien à faire, il ne pouvait pas s'empêcher de faire des câlins à sa fille.
- « T'en penses quoi, Lithoune ? Comme je t'ai dit, je suis sûr que tout va bien. Si ça te va, je vais le chercher. Ah, et t'as une idée de ou j'pourrais le trouver ? »
Ayant eu l'accord de sa sœur, il se mit en route. Il était passablement en rogne contre son frère, mais il allait essayer de (pas trop) le secouer s'il le trouvait. Lilith lui avait donné une adresse. Un hôtel pas trop recommandable ou Eden avait l'habitude de « travailler » avec ses clients d'après danse. Eden se prostituait. Ce n'était pas nouveau, et Noïd ne l'avait jamais jugé sur ça. Il était libre de faire ce qu'il voulait de son corps, le soucis étant qu'il le faisait pour satisfaire une addiction à tout un tas de saloperies. Et qu'il se mettait en danger. P'tain... Oui, les minutes à suivre n'allaient pas être glorieuses. Il pensa à sa fille, sûrement en train de jouer avec Lilith, et se servit de cette image pour se donner du courage. Il savait parfaitement dans quel type de milieu il allait mettre les pieds. Sa mère biologique avait fait ce genre d'emploi, elle aussi, quand il habitait encore chez elle. A ces souvenirs, il sentit son cœur se serrer un peu, et un vague sentiment de rage l'envahir. Non, ne pense pas à elle, ne pense à cette saloperie. T'as une famille maintenant, une vrai. T'es pas comme ta mère.
En franchissant la porte d'entrée de l'hôtel, il retint un haut-le-cœur. Ça empestait. Une odeur de pisse, de drogue, d'alcool et de transpiration mêlée. Comme avant. Mais au milieu de cette ambiance, une autre odeur, plus familière. Celle de son petit frère. Noïd jeta brièvement un regard vers le gars à l'accueil. Le même genre de type qui faisait la vigie dans son immeuble. Probablement un gars payé pour protéger les quelques prostituées ou gigolos qui officiaient dans l'immeuble. Comme chez sa mère. Noïd se claqua nerveusement les joues. Arrête de penser à elle. Même si tout ici t'y fais penser, t'es la pour une chose, retrouver ton frère. Noïd laissa un billet au type à l'accueil pour qu'il ferme sa gueule, et entreprit de suivre la trace de l'odeur d'Eden. Cela lui prit quelques minutes. Jusqu'à ce qu'il arrive devant une porte. Elle ressemblait à son ancienne porte. Ta gueule, voix intérieure. Il était certain qu'Eden était derrière. Alors il frappa vigoureusement à la porte, dans un bruit sourd qui résonna un peu.
- « Eden. Je sais que t'es la. Ouvre. »
Le ton était sans appel. Il était de mauvaise humeur, maintenant. Mais même comme ça, il allait ramener Eden à Lilith. Il était tout pour elle, et Noïd savait pertinemment que l'inverse était vrai également. Si Eden n'ouvrait pas cette porte, il allait la défoncer.
▬ T'en fais pas pour Mika, Lithoune. Elle va bien, elle a passé une bonne soirée et une bonne nuit avec toi. Je suis sûr que t'es sa tata préférée.
La main de ton ainée se posa sur ton épaule, un vague sourire perça ton visage. Noïd n'était pas fort avec les mots, à croire que c'était de famille, mais sa présence, son regard, son geste était bien plus réconfortant que n'importe quel mot de ce monde. Je vais le chercher. Tu relevas tes prunelles bleutés vers le loup, pleine d'espoir et reconnaissante qu'il veuille bien faire ça pour toi.
▬ Merci..
Tu aurais pu lui dire qu'il ne devait pas se sentir obligé, mais s'il te le proposait, c'était qu'il voulait bien le faire. Et puis, la petite revenue, tu ne voulais pas t'étendre sur le sujet devant elle. Tu la regardais montrer avec fierté ses dessins à son père. Ils étaient incroyablement mignons tout les deux, devant cette scène ton cœur fondit, oubliant alors la peine qui le tenait jusqu'à présent. A la demande de son père, le louveteau vint dans tes bras pour un moment de tendresse. Il avait raison, ça te faisait plaisir, mieux encore, cela t'apaisait. Elle passa de tes bras à ceux de ton frère qui lui avait alors annoncé qu'elle resterait un peu plus longtemps ici. Même si personne ne lui disait rien, elle avait bien compris ce qui se passait. Tu t'étonnais toujours de la sensibilité de nièce et parfois, tu ne pouvais t'empêcher de te sentir triste pour elle, à cet âge, elle devrait être plus insouciante.
▬ T'en penses quoi, Lithoune ? Comme je t'ai dit, je suis sûr que tout va bien. Si ça te va, je vais le chercher. Ah, et t'as une idée de ou j'pourrais le trouver ?
De toute manière, même si tu lui aurais dit non, tu es presque sûre qu'il ne t'aurait pas laisser le choix. Tu hochas la tête, resservant un pancake à ta nièce qui regardait la pile avec envie.
▬ J'ai une idée, je t'enverrais l'adresse exact par sms.. S'il n'est pas là-bas, tu pourras aller au Stardust et sinon.. Tu rentreras.
Parce qu'il n'allait pas non plus le chercher à travers toute la Nouvelle-Orléans. S'il n'était pas à l'hôtel, ni au club, il pouvait vraiment se trouver n'importe où.. Même dans l'état d'à côté ! Avant qu'il ne parte et le temps qu'il dise aurevoir à sa petite fille, tu vérifias l'adresse et lui envoya par sms comme prévu. Tu espérais qu'il le retrouverait.. Et surtout que tout se passe bien. Après tout, ce n'était pas le grand amour entre les deux loups.
*******
La lueur du soleil à travers le store cassé caresse ton visage. Tu grognes. T'as mal. Ce connard n'y est pas allé de main morte avec toi. D'ailleurs il est encore là, ronflant à tes côtés. Tu le regardes avec dégoûts. C'était un client spécial, qui aimait bien le faire dans des endroits crades et qui avait des besoins de dominations.. Disons assez conséquentes. Mais il payait bien alors.. Tu te levais pour prendre une douche. Même si tu ne te sentirais pas plus propre après. Tu rentres dans la petite sale de bain, on peut y faire le tour juste en tournant sur soi. Tes yeux cernés d'eyeliner inspectent avec minutie ton corps. Tu es couvert de marques et de bleus. Ca finira par partir.
Tu entres sous l'eau et grogne alors qu'elle passe de chaud à froid, puis de froid à brûlant. L'autre tordu se réveille et finit par te rejoindre sous la douche. Putain. Pas le moyen d'être tranquille cinq minutes avec lui. Tu lui fais savoir que s'il veut venir et te retoucher, ça sera plus cher. Il sourit. L'argent n'est pas un problème et tu le sais, qu'il t'avait répondu. Faux sourire, tu l'attires contre toi et c'est reparti pour un tour. Pendant qu'il fait son affaire, tu repenses à ta soirée. T'étais rentré à la maison avec cet abruti. Tu te rappelles, tes souvenirs faisant surfaces un à un. Lilith, sa colère, ta crise, tes mots. Tu roules des yeux, c'est fou ce que tu pouvais être con quand tu bois. Et pire lorsque tu prenais plus. Awh. Mais c'était ton appartement aussi, c'est pas ta faute si elle bossait pas ! L'argent ça tombe pas des arbres ! De mauvaise foi ? Juste un peu.
Le loup a terminé. Il sort satisfait pendant que tu termines de te laver. T'as un rendez-vous un peu plus tard dans la matinée, t'as pas vraiment le temps de trainer. Après la douche, tu te remaquilles, tirant simplement ta crinière mouillée en arrière. Tu attrapes des fringues propres dans ton sac et tu remarques que l'autre est encore là.
▬ Oublie pas d'payer. J'fais pas ça pour tes beaux yeux.
▬ J'ai pas dit que j'en avais terminé.
▬ Oh Tony, c'est beau d'rêver, mais t'auras pas plus de temps que convenu.
On frappe à la porte. Tu te tournes vers cette dernière, les sourcils légèrement froncés. Tu n'attendais personne.. Et puis, tu entends la voix de ton frère à travers le bois pourrit. Oh putain. Il manquait plus que lui pour te gonfler encore plus. Peut-être que si tu fais le mort il finira par partir.. Ou alors il défoncera la porte. Pas ouf pour les affaires. Dans un soupire, tu te décides à ouvrir la porte. Tu le regardes de haut en bas. Dieu qu'il sait pas se fringuer, c'est toujours un exploit, jamais dans le bon sens du terme.
▬ Hello chéri. Tu m'excuseras, mais j'ai vraiment pas le temps pour toi, je bosse. Alors zou, décampe.
▬ Chéri ? C'est ton copain ? Depuis quand les putes ont des copains.
Il rigole et il est fier de sa connerie en plus. Oh bordel, vraiment, heureusement qu'il paye vraiment bien ce trou de balle. Tu roules des yeux.
▬ J'ai plus de temps pour toi non plus Antonio.
Tu l'entends jurer en italien, il finit par se lever. Tu vois qu'il dépose une grosse liasse de billets sur la commode avant de se diriger vers la porte. Il en profite pour te claquer les fesses avant de partir.
▬ A la prochaine mon beau.
Tu ne réponds rien, cachant ton air agacé par un sourire. Il s'en va enfin. Un peu de répit pour ton corps. Un peu.
▬ T'es encore là ? Va t'en. J'suis pas d'humeur à faire la causette.
Tu quittais le pas de la porte, la laissant néanmoins ouverte. Tu n'avais toujours pas envie qu'il défonce la porte l'autre bourrin, parce que le connaissant, il n'allait surement pas te lâcher comme ça. Tu attrapas la liasse de billets, les comptant un à un.. Il y avait intérêt d'y avoir le compte.
Pendant une brève et folle seconde, Noïd eut la vague impression que sa mère allait ouvrir la porte, que son visage ravagé aux drogues et à l'alcool, cerné comme c'était pas possible, et toujours accompagné d'une clope ou autre chose au bec, allait l'accueillir. Mais non, ce fut le visage de la personne qu'il était venu chercher qui lui ouvrit. Eden, impeccable comme toujours, les cheveux mouillés, le toisait de haut en bas. Rien que son regard en disait long sur la joie qu'il avait de voir son frère. Noïd sentit son irritation s'accroître alors que son cadet lui disait de dégager. Ça commençait bien, il le voyait depuis dix secondes et il avait déjà envie de le tarter. A ce rythme, ça allait tenir du miracle s'il le ramenait à Lilith sans qu'il ait une marque rouge sur la joue. Non, garde ton calme, Nono. T'es pas venu pour ça.
La voix du type dans l'appartement lui fit grincer les dents. Ce type venait de tringler son frère, et venait de le payer pour ça. A cette pensée, et en le voyant sortir en déposant une tape sur les fesses du blondinet, Noïd eut une bouffée d'agressivité parfaitement injustifié envers l'inconnu. Une envie de lui faire bouffer la moquette moisie de l'hôtel, de lui faire rentrer une poignée de porte dans le cul pour voir s'il kiffait autant ça qu'il avait apprécié sa nuit avec Eden. Mais non, il se contenta de le fusiller du regard, et employa toute son énergie pour que ça n'aille pas plus loin.
- « Trou de balle. », maugréa Noïd à l'intention de celui qui était parti en passant le pas de la porte malgré une seconde interjection de son frère pour qu'il quitte les lieux. Ah ouais, t'es pas d'humeur ? Bah figures-toi que lui non plus n'était pas d'humeur pour se ramener dans un endroit aussi pourri que celui-la. Mais fallait quelqu'un pour rassurer notre sœur, bordel. C'est à ça que sert la famille.
Alors qu'il entrait dans la chambre, Noïd retint un haut-le-cœur. Tout ici lui rappelait son ancienne vie. L'odeur, les draps défaits, Eden qui comptait machinalement les billets. Noïd se força à se concentrer. Autant Eden pouvait être un con quand il le voulait, autant il méritait pas de se prendre une hargne qui datait de son enfance dans la gueule.
- « Bah si tu causes pas, tu vas pouvoir la boucler et m'écouter, Eden. T'as joué à l'abruti cette nuit, et j'espère que t'étais pas suffisamment torché pour l'avoir oublié. »
Le loup blanc ne quittait pas son frère du regard . Il voulait lui faire sentir qu'il était sérieux, et qu'il allait pas se casser aussi facilement. Bon, ils se connaissaient alors le plus jeune devait s'en douter. C'était sans doute pour ça qu'il avait laissé la porte ouverte, avant que Noïd ne l'ouvre à coup de pied.
- « Deux choses. Déjà, quand je vous confie ma fille, tu serais pas sympa de ramener un connard comme ça chez vous. Elle a cinq ans, putain ! Y a des choses que j'aimerais autant qu'elle voit pas. »
Noïd prit une inspiration ,et se força à se calmer. Il avait toujours tendance à s'emporter quand il s'agissait de Mika. Mais il était pas venu pour faire une séance de paternel pas content au danseur, il était venu en tant que frère.
- « Mais encore, c'est pas le plus important. Lithoune a géré, la petite a rien vu, donc rien de grave ne s'est passé. Par contre, y a un truc qui est grave. Est-ce que tu te rend compte de ce que tu as dit à notre sœur, bordel ? »
La colère revenait, sans qu'il ait cette fois envie de la maîtriser. Eden méritait une baffe. Voir plusieurs, en fait. Mais pour l'instant, il se contrôlait. Il devait d'abord faire entendre à son frère lycanthrope qu'il avait chié dans la colle.
- « Lilith est en train de tourner en rond dans l'appartement, à se dire que peut-être que tu ne reviendras jamais, peut-être qu'elle va recevoir un coup de fil de la police qui lui apprendras qu'on t'a retrouvé mort dans un caniveau ce matin, ou que t'es l'hôpital après une overdose. » Elle ne lui avait pas dit ça explicitement. Mais il connaissait. Lilith était le genre à envisager tous les scénarios possible et à les retourner dans sa tête pour évaluer le plus probable. « Tu sais comment elle est. Comment elle tient à toi. A quel point elle t'aime. Alors ça t'arracherait la gueule de ne pas la faire souffrir ? »
Il n'avait pas mâché ses mots. Y avait peu de choses qui lui faisaient davantage péter un câble plus que quelqu'un qui blessait quelqu'un de sa famille. Mais quand ce quelqu'un faisait aussi partie de la famille... Noïd serra les poings.
- « Et pour info... je t'aime aussi, Eden. Je tiens à toi, également. Donc maintenant, tu vas me suivre, et tu vas aller voir ta frangine. Notre frangine. Et t'excuser de ce que tu lui as balancé cette nuit. »
