"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Tout cela lui faisait drôle. Elle n’était jamais venue en ces lieux avec qui que ce soit. Elle n’avait jamais partagé un tel moment ni ressenti de telles choses pour une autre femme. Cela faisait longtemps que quelqu’un n’avait pas été ainsi à ses petits soins. Une humaine, même si elle s’était comportée en succube. Elle n’avait pas l’habitude d’être en couple avec des humains. …En couple, oui. Il n’y avait pas d’autre façon de voir les choses. Elle avait dit à Sofia que son corps lui appartenait, et l’humaine en avait fait de même. Ce n’était pas des mots lancés à la légère. Une vérité, dans le feu de l’action, et Evelyn n’avait pas l’intention de reprendre ses mots.
Elle transporta Sofia jusqu’à la tente, où elles y seraient mieux pour dormir. Un bras dans son dos, un bras sous ses jambes. Et elle ne put s’empêcher de sourire tendrement, à la vue de l’humaine sur le point de s’endormir; à son sourire, à sa tête qu’elle enfouissait dans son cou. Elle posa l’humaine au sol, avec toute la délicatesse dont elle pouvait faire preuve. Et bien peu de gens pouvait dire de la louve qu’elle était ainsi, tendre. On lui connaissait surtout son attitude farouche, son visage sérieux.
Blottit contre Sofia, la louve trouva rapidement le sommeil. La journée, il fallait dire, avait été… éreintante, pleine de… rebondissement. Aucun rêve durant la nuit. Au matin, elle se réveilla seule dans la tente. Se frottait encore le visage lorsque l’humaine entra, armée du petit déjeuné. Et elle afficha un visage surpris; et agréablement surprise elle l’était, de se faire servir le petit déjeuné au lit. Étrangement, personne au Manoir ne venait cogner à sa porte avec une assiette de nourriture.
"C'est dommage qu'on doive partir... On revient hein ? Dans notre petit coin... rien qu'à nous...", murmura Sofia à son oreille.
Et le cœur de la louve se gonfla de bonheur.
- On revient quand tu veux, aussi souvent et aussi longtemps que tu le désires.
Après avoir terminé son assiette et son café, la louve s’habilla sous le regard de la femme. Et elle sourit doucement; que Sofia en profite donc pour se rincer l’œil si c’était son désir, ce n’était pas la louve qui allait se plaindre d’attirer ainsi le regard de la belle.
Puis, elles remballèrent tout. Les vacances terminées. Reprirent le chemin inverse jusqu’à la voiture, jusqu’à la Nouvelle-Orléans, rapportant dans leurs bagages d’agréables souvenirs et le début d’une histoire.