"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Sofia était dans une mauvaise posture. Pourtant, aucune capitulation de sa part, aucun drapeau blanc. Plus elle se débattait, plus la prise d’Evelyn se resserrait. Ah, franchement, si Sofia pensait pouvoir se déprendre ainsi… eh bien, elle se trompait. Et Evelyn se rapprochait dangereusement du lac. Plus que quelques pas. Allons, qu’attendait donc l’humaine pour abandonner? Ah et puis… de toute façon, capitulation ou non, Evelyn avait bien l’intention de balancer Sofia dans le lac. Juste pour le plaisir. Parce que ce serait amusant. Sans aucun remord, Evelyn amorça le mouvement, lança Sofia et… et ne s’attendait pas à finir elle aussi dans le lac. Wha-- Ah cette petite maligne! L’humaine avait effectivement plus d’un tour dans son sac. La louve ramena ses cheveux mouillés en arrière, et ne put que rire en accord avec Sofia.
- Tu vas me le payer, répondit-elle avec le sourire.
Non, le style de combat d'Evelyn n’était pas raffiné, la louve préférait les assauts rapides et brutaux, visait les points faibles lorsqu’elle le pouvait : tempe, nez, pomme d’Adam, clavicule, genou… ou bien elle tailladait à coup de griffes, ce qui était bien efficace. Dans un vrai combat, elle aurait certainement tenté de faire tomber son adversaire, pour le noyer proprement et simplement. …Évidemment, cette tactique également était exclue.
L’humaine était déjà en position irréprochable. Evelyn décida de mener la charge, cette fois. Et elle se contenta d’enchaîner une rafale de coups de poing, visant différente partie du corps de Sofia. Retenant ses coups, juste assez pour ne pas blesser sérieusement. Donna, ultimement, un puissant coup de pied direct pour, possiblement, faire perdre l’équilibre à l’humaine.
Le bandeau mouillé me dérangeait, à présent. Il glissait sur mon visage, moins stable qu'avant. Je le replaçai correctement, en essayant de le stabiliser au maximum pour la suite. Car quelque chose me disait que la Belle n'allait pas en rester là. Son rire sonnait comme une douce et agréable mélodie à mes oreilles, ça me faisait clairement du bien de l'entendre. Elle passait un bon moment, elle s'amusait. C'était tout ce que je voulais, l'espace d'un instant, tout mes soucis semblaient bien loin. Il n'y avait qu'Eve, moi, l'eau, la nature et notre combat. Il n'y avait plus rien d'autre qui comptait pour le moment. Mon téléphone se mit d'ailleurs à sonner, c'était le professionnel. Je n'y prêtai même pas attention, il pouvait bien sonner pensant des heures, je m'en fichais totalement. Je préférais largement la compagnie d'Evelyn. C'était surement la première fois que je ne prenais pas mes appels pour le boulot... Ca me faisait bizarre, je devais l'avouer. Et connaissant le commissaire, il devait se faire un sang d'encre... Bah, tant pis. Je lui enverrais un message plus tard pour m'excuser et le rassurer.
"Tu vas me le payer"Répondit la Belle.
Oh, elle commençait donc à sortir les crocs ? Son sourire démontra cependant qu'elle n'allait pas m'arracher la tête - et heureusement ! - puis elle se mit en position. Cette fois ci, c'était à elle d'attaquer. Et elle ne se fit pas prier. Elle amorça une attaque plutôt violente, enchaînait les coups les uns à la suite des autres. C'était difficile pour moi de tout suivre mais, heureusement, je parvins à garder un appuis ferme au sol. Je ne bougeai pas, gardant le contrôle de la situation, pour le moment. Si je reculais, je risquais de me déstabiliser, surtout dans l'eau. Mais les assauts répétés de la Belle devinrent de plus en plus violents. Je ratai une seule parade et la Louve vit aussitôt l'ouverture dans ma défense. Elle en profita pour me donner un puissant coup de pied au niveau du flanc. La vache, si je m'attendais à autant de force ! Je glissai littéralement sur le sol, sur un mètre. Même si j'avais partiellement paré le coup, la douleur était réelle. Mon bras et mes côtes étaient engourdies, comme si j'avais des fourmis dans les os de l'avant-bras. Je secouai rapidement la main pour chasser cette sensation désagréable et me remis en position. Bon, si elle voulait vraiment y aller sérieusement, elle allait être servie ! Je lançai un assaut contre elle, profitai de mes longues jambes et de mon allonge pour la tenir à distance. Je ne frappai qu'avec mon tibia, solide et dur. Je gardai soigneusement mes bras pour me défendre. Des circulaires retournés, des coups direct au niveau des flancs. Encore une fois, la Belle s'en sortait très bien. Même si elle n'avait jamais appris à combattre, la rue avait visiblement été un bon professeure. Je décidai alors de la faire reculer grâce à un chassé. Je pris ensuite de l'élan pour frapper fort avec un direct sauté au niveau du torse. Elle recula encore. Je terminai mon enchaînement en levant la jambe, haute et droite, pour la faire retomber au niveau au niveau du trapèze, une zone particulièrement sensible.
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Un petit combat amical – ah, ce n’était pas comme dans les films, peu de chance que ça se termine dans un lit… ou dans une tente. Un petit combat, parce qu’Evelyn aimait se bagarrer. Avait cependant davantage l’habitude d’affronter ses frères et sœurs, sous sa forme lycane. Ou encore de casser la gueule de quelques idiots d’humains lambdas.
Tigresse, avait-elle appelé Sofia. C’était la vérité. En combat, l’humaine ne laissait pas sa place. Sa défense était solide, ses attaques étaient précises, foudroyantes. Surprise, Evelyn l’était. Ses battements de cœur s’accélérèrent, et elle sentait poindre en elle l’envie de gronder après l’humaine.
Le dernier enchaînement de Sofia eut raison de la défense d’Evelyn. La louve reçut les trois derniers coups sans offrir de résistance. Elle recula de plusieurs pas et… se mit effectivement à gronder. Son regard se mit à flamboyer. Sa main droite se déforma, prit l’apparence d’une grosse patte de loup. Son museau commença à s’allonger et elle pouvait sentir ses crocs pousser. Le grondement s’intensifia. Puis… Puis… Evelyn secoua la tête. Retint ses pulsions. Inversa sa transformation.
Elle calma sa respiration et leva ses yeux redevenus humains sur Sofia. Ses traits étaient tendus et elle déglutit; pendant un bref instant elle avait été près de considérer l'option de faire de l'humaine son repas. Elle se racla la gorge, un peu embarrassée, et dit :
- Je crois qu’on devrait faire une pause.
Et elle offrit un léger sourire à l’humaine, pour camoufler le fait qu’elle avait été à deux doigts de se transformer pour régler un combat amical. Pour régler le combat, ça l’aurait réglé, Sofia étant désarmée. Mais loin d’elle l’envie de blesser Sofia. Elle aimait bien la femme, après tout. Espérait bien s’incruster de temps à autre dans son jardin. Espérait… Mm. À l’instant présent, elle espérait surtout ne pas avoir effrayé Sofia.
Un chassé, du plat de pied. Puissant. Il percuta Evelyn et recula, touchée. Un coup de pied direct sauté, totalement débridé. A nouveau, Evelyn fut touchée et recula encore. Ses défenses étaient brisées, totalement ouvertes. Mon coup de pied marteau eu raison d'elle. Merde... Sur le coup, j'étais si emballée, l'adrénaline qui était montée, l'excitation... Je n'avais plus vraiment su retenir mes coups. Elle gronda, l'air en colère. Je déglutis, pas franchement rassurée. Quelle idiote je faisais... J'aurais dû faire attention, c'était de ma faute. Je m'en voulais terriblement, sur le coup. Le regard de la Belle devint vif, elle était clairement en colère et ses grondements n'étaient pas rassurant. Sa main droite se déformer, des griffes acérées pointèrent au bout de ses doigts. Que faisait-elle ? Une transformation ? Son museau commença à s'allonger, elle devenait très inquiétante. Elle grogna de plus belle, visiblement prête à me sauter dessus pour me faire regretter ce que je venais de faire. Quand même, je l'avais un peu secouée, oui, mais était-ce vraiment utile de s'énerver à ce point ? Par réflexe, je lançais un rapide regard vers mon Katana qui se trouvait sur la berge. Il était trop loin et si la Belle n'arrivait pas à se calmer, j'allais passer un très sale quart-d'heure. Sous sa forme humaine, j'avais peut-être le dessus, rien qu'en terme de technique, mais sous sa forme Lycan, j'étais à sa merci. Désarmée, je ne pourrais pas me défendre. Je reculai d'un pas, effrayée. Je pensais qu'elle était capable de maîtriser ses transformations, mais ce n'était visiblement pas le cas. Merde... Elle secoua ensuite la tête, comme pour reprendre ses esprits. Elle redevint elle-même et leva les yeux vers moi avant de déglutir. La Louve était aussi gênée que j'étais effrayée.
"Je crois qu’on devrait faire une pause."Déclara-t-elle.
Et j'étais totalement d'accord avec elle. J'hochai la tête, rassurée de voir un sourire sur son si doux visage. J'hésitai un instant, entre l'envie de sortir et de m'éloigner d'elle ou de me rapprocher... Elle était à deux doigts de se transformer pour me réduire en bouilli. Là, maintenant, ça aurait pu dégénérer. Et je serais surement en mille morceaux, juste à cause d'un petit entraînement. Non, je ne devais pas lui montrer que j'avais peur. Au contraire... Elle me faisait confiance à propos de mon don que je ne maîtrisais pas, sous la colère. Alors moi aussi je devais lui faire confiance. Il le fallait, il fallait qu'on puisse se faire mutuellement confiance, c'était nécessaire pour... Je fermai les yeux, avant de les rouvrir et lui rendre son sourire. Lentement, je m'approchai d'elle, faisant glisser les paumes de mes mains sur la surface de l'eau. Maintenant que nous étions... Toutes les deux là, autant... Nous baigner, ensemble, non...? Je déglutis, mes joues légèrement roses. Je retirai mes bottines, à présent trempées, pour les poser sur la berge. Je fis de même avec mon haut et mes bas. Il ne restait plu que mon mini-short que je décidai de garder. Une fois face à Eve, je posai délicatement ma main sur son épaule et m'approchai davantage d'elle.
"Je te demande pardon. C'est de ma faute, j'aurais dû retenir mes coups..."Soufflai-je doucement.
Je me faufilai ensuite derrière elle et l'invitai à retirer son haut. Aucune arrière pensée derrière mon geste, je voulais simplement l'aider à se détendre. Je posai mes mains au niveau de ses épaules pour masser ses trapèzes. La pauvre, elle était si tendue... Ses muscles étaient aussi durs que des rochers. Heureusement, en matière de massage, je m'y connaissais plutôt bien et je savais m'y prendre. Je lui susurrai, d'une voix douce et reposée, de se détendre et de me faire confiance, de se laisser aller. J'appuyai sur ses muscles, à des endroits clés pour l'aider à se relâcher. Mais doigts glissèrent sur sa peau pour arriver dans son dos. Je passai le long de sa colonne vertébrale, jusqu'au creux de ses reins, pour masser l'ensemble de ses muscles dorsaux. Je passai ensuite la paume de ma main au niveau de sa taille, l'autre venant se poser sur sa hanche. D'un geste précis et délicat, je la fis pivoter légèrement pour détendre son bassin. Je fis de même de l'autre coté et remontai le long de son dos pour reprendre le massage de ses épaules. Sans vraiment m'en rendre compte, je me collai de plus en plus à elle, comme attirée et envoûtée par son parfum si enivrant.
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Evelyn détourna le regard, ne désirait pas voir la peur dans les yeux de l’humaine, pivota légèrement pour ne plus lui faire face. Elle concentra son attention sur l’eau calme du lac, les arbres au loin, le vent qui faisait bouger les branches, les feuilles, sur une petite mésange qui battait follement des ailes. Soupir. Elle avait réagi sous le coup de l’impulsion, avait laissé la colère prendre le dessus. C’était idiot. Et ce serait dommage que Sofia décide de prendre ses distances. Second soupir. Elle était une créature sauvage, de toute façon; si l’humaine ne le réalisait que maintenant… Ce n’était pas de la faute à Evelyn. Et puis, Sofia était-elle de la bouillie? Non. Ça devait compter pour quelque chose.
La louve perçut un mouvement. Ne regarda pas en direction de l’humaine. Sentit toutefois que Sofia se rapprochait d’elle. Et le cœur d’Evelyn se mit à battre joyeusement. À moins… À moins que Sofia désirait lui exprimer son mécontentement? Si c’était le cas, qu’elle le fasse rapidement et qu’elles n’en parlent plus. Evelyn tressaillit lorsqu’une main se posa sur son épaule. Elle pivota pour faire face à l’humaine. À l’humaine… torse nu? Wow, ok, elle avait manqué un épisode. La louve repéra les vêtements de Sofia sur la berge. Pourquoi diable… ?
"Je te demande pardon. C'est de ma faute, j'aurais dû retenir mes coups..."
Oui, c’était effectivement de la faute à Sofia. Au moins, elle le reconnaissait. Evelyn chercha dans le regard de la femme, mais ne trouva plus trace de crainte. Puis la femme se faufila dans son dos, ce qui rendit la louve pour le moins perplexe. Et une invitation, à retirer son haut. Et Evelyn prit un certain temps, avant de s’exécuter. Pas certaine de ce que cherchait à obtenir Sofia. Des… faveurs sexuelles?
Evelyn se raidit, lorsque les mains de Sofia se posèrent au niveau de ses épaules pour lui prodiguer un massage des trapèzes. Elle supposait néanmoins que cela voulait dire que l'incident était réglé. Elle supposait, oui. D’autant que le katana était encore sur la berge; ce n’était donc pas le dernier massage du condamné.
- Sofia…?, prononça-t-elle, incertaine.
Et alors, la femme lui murmura doucement de se détendre, de lui faire confiance. …Ce qu’elle commençait à faire, poussant un soupir de bonheur devant les mains habiles de Sofia. Bon sang, mais à quand remontait son dernier massage? …Visiblement trop loin pour qu’elle s’en rappelle. Et elle ferma les yeux pour mieux en profiter. Un léger frisson la traversa. …C’est que, Sofia était vraiment douée avec ses mains.
- En quel… honneur… est-ce que je mérite un massage?
Ah et puis, de toute façon, qui était-elle pour refuser un massage de la belle Sofia? Puis elle sentit le corps de la femme contre le sien. Et elle ne put empêcher les battements de son cœur de s’accélérer.
- Sofia?, interpella-t-elle à nouveau; parce que, bien franchement, ce massage commençait à devenir assez sensuel. …Et en tout honnêteté, cela ne lui déplaisait pas. Mais c’était par contre un revirement de situation assez inattendu. - Ça va aller comme ça… Mon dos, il est… Plutôt détendu. Merci…
Sa peau était tellement douce et agréable à toucher, son parfum si sauvage et sensuel... Je me perdis un instant en parcourant le corps de la Belle avec mes mains. Loin de moi était l'idée de vouloir aller plus loin, de vouloir profiter d'avantage de la situation pour explorer son intimité et sa féminité. A n'en pas douter que... Cela serait certainement très agréable mais... Ce n'était pas de cette façon qu'Eve m'intéressait. Je n'étais même pas certaine d'accepter d'aller plus loin, même si elle me le faisait comprendre. Peut-être que si, par curiosité... Ou non, par peur de briser quelque chose. Je ne savais vraiment pas. Mais là, tout ce que je savais, c'était que la Louve appréciait réellement ce que je lui proposais. Je la sentis se détendre, pousser des soupires d'aise, profiter du massage. Et la voir ainsi fit grandir en moi une douce sensation de chaleur, d'apaisement. Mh... J'ignorais le point de vue des autres mais... Moi, concernant l'acte sexuelle en lui même, je le voyais surtout comme une preuve de confiance et d'amour réel. Se montrer à l'autre, s'offrir entièrement, laisser notre corps entre les mains d'une autre personne. Je déglutis, un brin gênée par ce genres de pensées. Non, Evelyn n'était probablement pas le genre de femme à se laisser séduire et à s'abandonner aussi facilement.
"En quel… honneur… est-ce que je mérite un massage?"Demanda-t-elle.
Un honneur...? Le mériter...? Je n'en doutais plus à présent. Elle appréciait réellement ce petit moment de complicité. Je ne répondis rien, me contentai d'un léger sourire et d'un petit rire à peine voilé. J'avais envie, tout simplement. J'avais juste envie de lui faire plaisir, de lui montrer que j'étais capable d'être douce, que la petite tigresse pouvait ranger ses griffes. Ma poitrine contre son dos, mes mains sur ses épaules, je réalisai alors cette extrême proximité. Si hier j'aurais déjà eu le visage rouge comme une tomate, aujourd'hui je ne voulais pas reculer. Car elle ne me repoussait pas. Alors je restai ainsi, prenant son silence pour consentement. Qui d'autre qu'une femme pouvait, après tout, montrer autant de douceur pour une autre femme ? La plupart des hommes étaient de vrais bourrus, une bite à la place du cerveau, sans aucun sens du romantisme. Evelyn n'avait jamais connue ce genre de douceur et moi non plus. Mais je savais en donner.
"Sofia?Appela-t-elle doucement.Ça va aller comme ça… Mon dos, il est… Plutôt détendu. Merci…"
Je reculai légèrement et retirai mes mains de son dos. Elle semblait si paisible, apaisée... Ca serait vraiment dommage de ne pas lui faire profiter davantage de mon envie de tendresse. Mais je ne voulais pas non plus la forcer, ce n'était pas du tout mon genre d'ailleurs.
"J'ai appris à prendre soin de mon corps, car il était aussi mon outil de travail...Déclarai-je à voix basse.Alors... J'aimerais également prendre soin de toi... Si tu es d'accord pour... Me laissai faire ?Demandai-je, toute timide.
Je lui désignai la serviette de plage qui était encore là, proche du feu. En attendant sa réponse, je sortis de l'eau pour aller récupérer mon katana et le ranger dans son fourreau. La Belle décida de me rejoindre, je m'avançai donc vers le feu et m'installai, assise fesses contre mes talons, sur la serviette. Je tapotai devant moins pour l'inviter à se coucher sur le ventre, un doux sourire aux lèvres. Une fois confortablement installée, je récupérai l'un de ses bras pour détendre ses muscles. Triceps, biceps, palmaires, radials... Sans oublier les mains. Soudain, une idée me vint. J'avais justement laissé le flacon d'huile ici, la veille. Je le récupérai et fis couler une fine pellicule dans le creux de ma main. Je frottai vivement pour la faire chauffer et posai mes mains sur le haut de sa cuisse. Je descendis le long de sa jambe pour faire pénétrer l'huile sur l'ensemble de sa peau. Là aussi, je pris soin d'appuyer sur des différentes zones bien précises pour l'aider à se relâcher. Même les muscles de ses jambes étaient tendus... Elle n'avait pas reçu de massage depuis une éternité. Je redoublai alors d'effort, passant sur ses cuisses, puis l'intérieur de son genou, les mollets et même les pieds.
"Tu te sens bien, comme ça?"Demandai-je dans un murmure.
Je ne voulais pas rompre l'ambiance calme et reposante, alors ma voix fut naturellement douce, presque suave. Pour l'heure, seul son bien-être importait à mes yeux. Personne n'avait pris soin d'elle depuis si longtemps alors qu'elle le méritait vraiment, elle méritait qu'une personne soit au petits soins. Je rajoutai un peu d'huile, la fis chauffer et repris le massage, en appuyant plus fermement cette fois-ci. Ca allait me demander beaucoup d'effort pour parvenir à détendre tout ça...
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
De la bonne nourriture, de l’alcool de qualité et… aussi un bon massage. Oui, certainement, on pouvait amadouer Evelyn avec une combinaison de tout cela. L’amadouer, certes, mais ni l’acheter ni se l’attacher. Et non, Evelyn n’était pas le genre à s’abandonner aussi facilement. Enfin… En même temps, cela faisait quand même un moment qu’il n’y avait pas eu de douces mains parcourant son corps. Elle pourrait se laisser charmer. Par… curiosité? Aventure?
Sofia avait-elle rajouté un ingrédient spécial, dans le déjeuner? Cela pourrait expliquer pourquoi elle exhibait sa poitrine sans gêne apparente. …Ou bien, la femme avait chaud. …C’était plausible. Cela étant, même pas deux heures plus tôt, Evelyn s’excusait de son comportement peu civilisé. Alors, bien sûr, elle avait un peu de difficulté à suivre. Devait-elle comprendre que, soudainement, se promener la poitrine à l’air, c’était correct? Devait-elle comprendre que Sofia avait décidé de parader pour attirer son attention? Mm. Pas besoin de parader pour ça, Sofia avait déjà l’attention d’Evelyn.
J'aimerais également prendre soin de toi..., disait Sofia. …Ah, un instant. Dans quel sens? …Si Evelyn était d’accord pour la laisser faire? Mais la laisser faire quoi exactement? C’était un peu flou. Puis Sofia lui désigna un emplacement près du feu, et Evelyn comprit que la femme désirait uniquement continuer le massage à un endroit plus approprié. …Bon. Le regard d’Evelyn passa du lac où elle avait peut-être envie de disparaitre, à la couverture où elle avait peut-être aussi envie de s’étendre. Bon. D’accord. Inattendu, mais d’accord. Et dire qu’elle avait craint avoir effrayé Sofia, craint que l’humaine chercherait à fuir.
Evelyn s’installa donc sur le ventre et laissa l’experte du massage dénouer ses muscles, détendre ses nerfs. Elle commençait doucement à s'assoupir lorsqu’une odeur de fleurs vint l’assaillir. Une odeur épicée, exotique, enivrante, envoutante.
"Tu te sens bien, comme ça?"
Ouais, et d’ailleurs Evelyn commençait à se détendre un peu trop. …Tenez, Evelyn se sentait tellement détendue, que même Victor n’arriverait pas à l’embêter. …Que Sofia pouvait la poignarder avec son katana si elle le désirait, car il y avait peu de chance pour qu’Evelyn réagisse. En réponse, elle bougea positivement la tête et dit :
- Je crois que ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie autant détendue.
La louve fronça un peu les sourcils, sembla réfléchir un peu, puis ajouta :
- J’aime bien ton huile.
Ylang, si elle se souvenait bien. Elle allait devoir s’en procurer ou s’en fabriquer. Et elle pensait que peut-être elle pourrait l’utiliser en diffusion atmosphérique, avec d'autres huiles essentielles. L’idée était intéressante. Puis elle rouvrit les yeux, hésita clairement mais dit tout de même :
- Tu veux peut-être… Que je te masse aussi?
C’est-à-dire… Si Sofia avait de la tension ou des douleurs à cause du petit combat. L'humaine s'était peut-être mise torse nu pour ça, d'ailleurs?
Il y avait un petit coté de paradis. Eve et moi étions à peine vêtues, seules dans la nature, à profiter d'un bon massage, d'un petit feu de camp, d'une ambiance reposante. Oui, pas plus tard qu'hier, je m'offusquais pour une poitrine trop visible, un corps trop nu. Mais finalement, je me disais que c'était pas vraiment justifié, de se montrer aussi pudique. Un cul n'était qu'un cul, une paire de seins juste une paire de seins... Enfin, du moins, en ce qui concernait Eve. Je n'allais pas non plus me mettre nue face au monde. Le parfum s'éleva dans les aires, un parfum épicée, enivrant, de fleur fraîche. Et, au milieu de tout ça, La Belle semblait de plus en plus relâchée, comme si elle somnolait de plaisir et de bonheur. Petit à petit, ses muscles se dénouèrent, elle allait être bien plus souple après ce massage. Je souris à l'idée de la voir se relever et de se sentir légère, de redécouvrir son corps et ses articulations. Elle allait être sur un petit nuage et j'étais heureuse de savoir que j'avais pu prendre soin d'elle. Je pris bien mon temps sur ses cuisses, elles étaient vraiment fermes et musclées mais, également très douces. Mon regard croisa, évidemment par hasard, ses fesses. L'espace d'une seconde, j'eus l'envie de m'attarder dessus, de faire glisser lentement son short vers le bas. Mais la seconde d'après, je chassai cette étrange pensée de mon esprit, ne comprenant d'ailleurs pas pourquoi ce genre de chose traversait mon esprit. Je repris le massage, distraitement, comme si de rien n'était.
"Je crois que ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie autant détendue."Avoua-t-elle.
Et ça, je l'avais en effet bien remarqué. Son corps entier était rigide comme un manche à balai... Mais maintenant, elle devait aller beaucoup mieux.
"Tu devrais te sentir plus légère, maintenant."Chuchotai-je.
Un court silence s'installa à nouveau, puis la Belle ajouta.
"J’aime bien ton huile"
Moi aussi, elle était vraiment particulière, je me sentais si bien, à chaque fois que j'humai son parfum ou que je m'en mettais sur le corps... J'allais devoir demander à Cathy où elle avait trouvée ça. Bref, le massage de la Louve était presque terminée, j'étais passée sur chacun de ses muscles : Cuisses, mollets, pied, bras, avant-bras, mains... Tout y était passé. Je m'arrêtai après quelques minutes, mais laissai mes mains sur les jambes de la Belle. Toujours assise, fesses sur mes talons, je laissai mes yeux parcourir son dos, puis sa nuque, qui était partiellement cachée par ses cheveux qui ondulaient sur le sol.
"Tu veux peut-être… Que je te masse aussi?"Demanda-t-elle, hésitante.
J'haussai les sourcils, assez surprise par cette demande. L'idée n'était pas déplaisante, bien au contraire. D'ailleurs, dans le fond, j'espérai vraiment qu'elle me fasse la proposition. Je ne pus donc contenir mon sourire, ravie à l'idée de pouvoir moi aussi profiter d'un moment de complicité avec Evelyn. Et oui, j'en avais également besoin. Mes épaules devaient être terriblement raides, sans parler de mon dos. Je retirai alors mes mains pour les poser sur mes jambes.
"Ca me ferait vraiment plaisir, oui !"Lançai-je, toute contente.
La Louve se releva doucement. Je pris donc sa place pour m'allonger sur le ventre, bras croisé sous ma joue. La serviette était encore toute chaude... Là où elle venait juste de coucher... Je rougis légèrement, me laissant finalement aller en fermant les yeux, juste pour profiter.
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Masser une autre femme, elle n’avait jamais fait. Vous me direz, homme ou femme, c’est du pareil au même. Oui. La dernière personne… Possiblement la seule personne qu’elle avait massée dans sa vie avait été son défunt mari. Et généralement les séances de massage se terminaient sous la couette– ou sans couette, mais vous saisissez. Elle prit le temps de bien regarder les nombreuses cicatrices de l’humaine, ce qu’elle n’avait pas bien eu l’occasion de faire, lors de leur dernière séance spa. Elle glissa ses doigts sur certaines d’entre elles, s’excusa lorsqu’elle sentit l’humaine tressaillir. Une vie de combat, semblait-il. Et connaître l’histoire de chacune des cicatrices serait certainement long. Les cicatrices de l'humaine étaient moins prononcées que celles qu’avait portées son époux. Mais à côté, celles d’Evelyn semblaient bien pâle.
Pour être plus légère, la louve l’était. Peut-être que l’humaine n’aurait pas dû lui faire un massage, car maintenant la louve réalisait à quel point elle avait été tendue. C’était comme un cadeau empoisonné. …Allait-elle devoir réclamer des massages à Sofia tous les mois, maintenant?
La louve se frotta les mains avec l’huile de massage. Quelques gouttes dans l’eau du bain, se mit-elle à penser, ce devait être génial. Elle descendit de la nuque vers les épaules, puis le dos. Ses mouvements étaient fluides et lents, mais appuyés. C’était un massage intime, dans un décor merveilleux – mais il ne fallait pas se faire d’idées! Elle rajouta de l’huile, massa les chevilles, remonta au genou par des frictions fermes, puis remonta encore vers les cuisses. Remit de l’huile pour terminer par les mains et les pieds.
Elle laissa passer un peu de temps après la fin du massage, avant de reprendre la parole :
- Mon massage t’a plus? Elle ne doutait cependant pas d’avoir perdu la main. Masser c’était comme… disons faire du vélo - même si Evelyn ne faisait pas de vélo.
La louve tourna son regard vers le lac un court instant.
- Je pensais peut-être aller nager un peu.
Et elle attendit une réaction. N’avait pas posé la question, mais elle attendait de savoir si Sofia allait se joindre à elle, aujourd’hui.
Les yeux clos, j'écoutai la nature. Le bruissement de l'eau, le chant des oiseaux... Puis soudainement, je sentis les mains de la Belle se poser sur mon dos. Je tressaillis, surprise. Mon cœur se mit à battre joyeusement et plus rapidement. Ses mains étaient si douces et si chaudes... C'était tellement agréable. L'huile fit, à nouveau, des merveilles. Je ne pouvais pas rêver mieux. Hélas, certaines de mes cicatrices étaient encore assez sensibles. Alors, lorsqu'elle passait dessus, je gémissais doucement, la sensation n'étais pas très agréable. La Belle s'excusa aussitôt, je la rassurai en lui précisant que ce n'était pas grave. De toute façon, elle ne pouvait pas toutes les éviter, tant il y en avait. Elle marqua une petite pause pour rajouter de l'huile et repris le massage en se concentrant, cette fois-ci, sur mes jambes. Je poussai un petit gémissement de plaisir, suivi d'un doux soupire. Les yeux toujours clos, j'étais prête à m'endormir sur place, si elle continuait ainsi. Je découvris une nouvelle facette de la Louve. Elle aussi savait être aux petits soins, visiblement. Elle était douée, en matière de massage et je n'avais pas envie que cela s'arrête. Malheureusement, toute bonne chose avait une fin. Plus détendue à présent, je restai un instant allongée.
"Mon massage t’a plus? "Demanda-t-elle.
J'hochai doucement la tête et rouvrit les yeux.
"Oui... Dommage que ce soit déjà fini."Répondis-je.
Je me relevai en cachant ma poitrine avec mon bras. J'avais l'impression d'être sur un petit nuage, tant je me sentais bien. Il n'y avait pas à dire, Evelyn savait aussi y faire... Nous allions surement recommencer, si nous avions toutes les deux autant appréciées. Et je n'étais vraiment pas contre l'idée, bien au contraire. Elle n'avait qu'à demander pour en avoir un. La Louve lança un regard vers le lac. Je fis de même et compris rapidement ce qu'elle voulait à présent.
"Je pensais peut-être aller nager un peu."Déclara-t-elle.
Et cette fois-ci, je comptais bien l'accompagner. Je lui souris et me relevai pour la suivre jusqu'à l'eau. Nous entrâmes toues les deux à l'intérieur, jusqu'à avoir mon torse entièrement camouflé par l'eau. J'avais gardé mon mini short, pas vraiment prête à me montrer aussi intime. Et puis, vu la matière du tissu, c'était loin d'être gênant. Nous étions loin du centre du lac, d'ailleurs. Il semblait vraiment profond et j'étais curieuse de savoir ce qu'on pouvait trouver sous l'eau. Je plongeai, après avoir pris une grande inspiration. Je disparue un petit moment, explorant le fond du lac. Il y avait quelques poissons, mais à part ça, rien... Aucune ouverture ou tunnel pouvant mener à une caverne. Dommage, j'aurais beaucoup aimé en visiter une. Je commençai à manquer d'aire, petit à petit, il était temps de remonter à la surface. Le lac avait peut-être une profondeur de plusieurs dizaines de mètres, il faudrait plusieurs aller-retours pour l'explorer entièrement. Plus loin, je vis les jambes de la Belle s'agiter, comme si elle essayait de voir où j'étais passée. D'humeur taquine, je m'approchai, toujours bien cachée. Je rasai le fond une fois proche d'elle et me glissai, soudainement, entre ses jambes pour me relever rapidement. A présent perchée sur mes épaules, je la laissai retomber dans l'eau. S'en suivi un "plouf" et deux jambes en l'air. Rieuse, je me tenais le ventre, amusée par la scène.
"Ca, c'est pour m'avoir jetée à l'eau, tout à l'heure !"
Je reculai, méfiante. Elle allait surement vouloir me rendre la monnaie de ma pièce !
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Evelyn savait se montrer plus entreprenante. Volontairement, elle essayait de mettre un frein à la situation – pas très efficace, cela dit, son frein. À 173 balais, ce n’était pas la gêne qui guidait ses pas. Elle s’était habituée à recevoir des messages sur son téléphone. Désirait continuer de partager de l’alcool avec Sofia, continuer de partager du temps, partager des secrets. Alors, perdre une amitié pour assouvir sa curiosité? Tenter l’expérience, ne pas aimer et créer un malaise? Cela lui semblait un peu insensé. …En même temps, à 173 bougies, combien d’amis avait-elle perdus? …Tellement que c’était impossible de compter. Si elle était chanceuse, elle pourrait vivre quelques centaines d’années supplémentaires; alors, des amitiés et des amours elle allait en perdre encore beaucoup. Ça faisait partie du jeu. Si elle ne désirait plus jouer, il ne lui restait qu’à sauter en bas d’un gratte-ciel. Si elle désirait continuer de jouer, elle devait accepter les règles du jeu.
Evelyn garda également ses shorts dans l’eau… même si cela aurait été plus agréable sans. L’eau ne se réchauffait pas rapidement – mais il y aurait d’autre façon, possiblement au pluriel, de se réchauffer un peu plus tard. À un moment, elle tourna la tête pour regarder sur sa gauche. Pas de Sofia. Elle tourna la tête à droite. Fit un tour sur elle-même. Toujours pas de Sofia. Certainement, Sofia devait être en train de s’amuser avec les poissons. Et, apprit Evelyn la seconde suivante, Sofia s’amusait aussi à ses dépens. Après un plouf, Evelyn remonta à la surface, cracha de l’eau et s’essuya les yeux pour y voir clair. Evelyn plissa les yeux devant une Sofia qui riait ouvertement de sa petite vengeance.
"Ca, c'est pour m'avoir jetée à l'eau, tout à l'heure !"
Jetée à l’eau, jetée à l’eau! Sofia y allait fort. Elles avaient toutes les deux terminés dans l’eau! Ça méritait une vengeance. Oui, assurément. Mais, gagnée par le rire et le sourire de Sofia, Evelyn décida qu’il n’y aurait pas vengeance. Elle décida - et les battements de son cœur s’accélérèrent – de s’avancer doucement, sans animosité et, si Sofia ne fuyait pas, de glisser une main dans une des mains de Sofia.
- Je l’ai bien mérité. Tu sais… je suis contente que tu aies voulu rester une journée de plus. Je m’amuse bien, ici avec toi. C’est différent de quand je viens ici seule.
Et elle tendit son autre main pour, rapidement, replacer quelques mèches de cheveux de Sofia.
Je gardai un œil sur Evelyn qui ressortait de l'eau, à présent trempée jusqu'au os. Elle plaça ses cheveux en arrière et chassa, d'un geste de la main, les gouttes qui coulaient sur son visage. L'expression qu'elle faisait me fit rire de plus belle. Ses magnifiques yeux plissés, pour me regarder comme si elle venait de comprendre que, moi aussi, j'étais capable de m'amuser. Oui, même derrière mes airs de femme sérieuse, très -trop?- professionnelle et stricte... Et, franchement, je me sentais bien. Ca me faisait tout simplement du bien, d'être ici avec elle. Je pouvais me vider la tête, pourvoir, enfin, penser à autre chose que cet accident, de mon fiancé, de mon enfant qui n'avait jamais pu voir la lumière du jour, de mon caractère parfois invivable, de mes TOC's difficile à vivre. Bref, pour une fois depuis ces trois dernières années, j'avais l'impression d'être une femme comme les autres. Qui profitait juste de petites vacances avec... Une amie ? Si ce n'était plus, vivre comme n'importe qui d'autre.
Pas de cadavres à regarder, de traces de sang à analyser, de familles à aller voir pour leur expliquer la mort d'un proche, d'enfants retrouvés au fond d'un lac ou en morceaux dans différents sacs, pas de femmes violées et torturées à mort, pas de têtes détachées des corps, pas d'histoire sordide de vengeance, de meurtres prémédités... Car oui, tout ça, c'était mon quotidien. Je pouvais paraître froide, insensible en voyant toutes ces horreurs mais... Il fallait juste apprendre à dresser une barrière entre nous et tout ça, sinon... Impossible de supporter autant de carnage. Se détacher pour ne pas souffrir avec les proches des victimes. Et ici, avec la Belle, il n'y avait rien de tout ça. Alors je voulais rester, encore. Lentement, elle s'approcha de moi. Je jouai, faussement apeurée par son approche, faisant mine de reculer pour ne pas "subir sa colère". Mais elle ne comptait rien faire. Chacun de ses pas, de ses gestes, n'étaient que douceurs. Alors le la laissai s'approcher, mon regard rivé dans le sien. Mon cœur accéléra lorsqu'elle prit, délicatement, ma main dans le sienne. Elle était si proche, tout d'un coup...
"Je l’ai bien mérité. Tu sais… je suis contente que tu aies voulu rester une journée de plus."Avoua-t-elle.
A ces mots, je ne pus retenir un grand sourire, toute contente de l'entendre dire. Je ne pouvais pas espérer mieux, j'étais aux anges. Si elle appréciait ma compagnie, rester ici avec moi... J'aimerais tant lui dire que, dans ce cas, nous pourrions encore rester mais... Il fallait être raisonnable. Le commissaire avait besoin de moi, je ne pouvais pas laisser trainer des affaires plus longtemps.
"Je m’amuse bien, ici avec toi. C’est différent de quand je viens ici seule."Ajouta Eve.
Je serrai sa main dans la mienne, plus fortement, comme pour dire que moi aussi, j'étais heureuse d'être ici en sa compagnie. Comme pour lui dire que je ne voulais pas qu'elle s'en aille, qu'elle reste là, toujours aussi proche de moi. Puis elle leva son autre main qu'elle approcha de mon visage. Mon cœur rata un battement lorsqu'elle replaça quelques mèches de mes cheveux qui barraient mon visage, cette mèche rebelle qui ne voulait rien savoir et qui passait toujours devant du coté droit de mon visage. Je déglutis et sentis mon ventre papillonner. Que faisait-elle, tout d'un coup ? Pourquoi tant de proximité ? Ce geste n'était pas anodin, c'était... Un geste attentionné, presque inconsciemment, comme si c'était normal. Est-ce que je devais faire quelque chose en retour ? Parler ? Pour dire quoi ? Je savais que si j'ouvrais la bouche maintenant, j'allais dire une connerie, tant j'étais déstabilisée. Alors.. tout ce que je trouvais à faire, à cet instant, c'était de répondre à ce geste par le même. Ma main vint glisser dans ses cheveux pour les replacer délicatement derrière son oreille. Je penchai doucement la tête sur le coté, pour la contempler, souriante. Ma main s'arrêta sur sa joue, que je caressai avec le pouce.
"Moi aussi, je suis contente d'être ici"Déclarai-je avec douceur.
Puis, lentement, je l'entraînai avec moi vers le centre du lac, là où nous n'avions plus pied, sans lâcher sa main. Je voulais nager un peu, ou, plutôt, me laisser porter par l'eau en belle compagnie.
"T'as une idée de ce qu'on pourrait faire aujourd'hui ? Tu dois surement connaître d'autres endroits comme ça, non ? J'aimerais qu'on parte en balade toutes les deux pour visiter le coin.
Une petite randonnée, partir vers l'inconnu et découvrir de nouveaux endroits... Ca semblait être un bon plan pour la journée !
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Pourquoi tant de proximité, soudainement? …Et pourquoi pas? Évidemment, Sofia ignorait le cheminement d’Evelyn; l’évolution de sa pensée. Qu’Evelyn avait décidé de suivre la vague. Avait accepté de jouer à ce nouveau jeu. …Non, ce n’était pas un jeu à proprement parlé; mais la louve pouvait gagner ou perdre. Et la vie était ainsi, une succession de gain et de perte. Evelyn était une femme curieuse, à la recherche d’aventure et de rebondissement même si elle disait le contraire depuis un temps. Et Sofia était intéressante, lui avait avoué son intérêt. Alors, pourquoi ne pas y répondre? Jouer la carte de l’affection.
Et elle joua la carte. Prit la main de Sofia. Avoua qu’elle était contente que l’humaine ait voulu rester une journée de plus. Avoua qu’elle s’amusait bien ici avec elle. Replaça une mèche rebelle dans les cheveux de la femme. …Et la femme fit de même. Ce qui n’était pas réellement inattendu, mais la caresse sur sa joue troubla la louve.
"Moi aussi, je suis contente d'être ici"
Bien, bien. On oubliait ainsi l’épisode où Evelyn s’était fâchée et avait été à deux doigts de se transformer. …Quoi que cela avait été oublié dans l’épisode du massage.
La louve laissa la belle l’entrainer vers le centre du lac, sa main toujours glissée dans celle de l’humaine, qui lui parla des projets du jour et de son envie d’une balade pour visiter le coin. Evelyn hocha la tête une fois pour signifier son intérêt. En sa compagnie, Sofia ne risquait pas grand-chose.
- D’accord. Mais interdiction de cueillir des champignons.
Et Evelyn était sérieuse; parce que la blague de "regarder moi je vais manger un champignon nocif" ne la faisait pas rire. Le message étant passé, le visage d’Evelyn s’adoucit, et elle offrit même un léger sourire à Sofia. Puis, son regard se promena. Sur le visage de Sofia, son cou, ses épaules, l’eau du lac, un poisson qui passa en vitesse, la poitrine de Sofia. Son regard ne s’attarda pas, remonta au visage de la belle.
- Je connais une caverne, à possiblement une heure ou deux de marche.
Je faisais pratiquement la planche, au milieu du lac, ma main toujours dans cette d'Evelyn, comme si je ne voulais plus la lâcher à présent. Nous pourrions revenir ici souvent, ensemble... Et faire de cet endroit notre petit à coin nous, juste elle et moi. Oui, c'était une bonne idée ça. Pour être tranquille, rien que toutes les deux. Il y avait tout ce qu'il fallait ici et j'étais certaine que la Louve pouvait même aller chasser au besoin. Des plantes, des champignons, des œufs, du gibiers, ce lac... Que demander de plus ? Une endroit de camping idéal qui était, en plus, isolé du sentier de randonnée. Le risque de croiser quelqu'un était très faible. En été ça devait être particulièrement agréable de venir ici, hors de la saison des pluies évidemment.
"D’accord.Fit-elle.Mais interdiction de cueillir des champignons."Ajouta-t-elle, sérieuse.
Wow, elle ne rigolait pas du tout là... Visiblement, ma petite plaisanterie ne lui avait pas plu. Bon, le message était bien reçu et je ne risquais plus de recommencer. Je n'avais pas réalisé que ça l'avait autant mise mal à l'aise. S'inquiétait-elle pour moi à ce point? Ou était-ce autre chose ? Je la regardai, intriguée, mais mes doutes furent rapidement balayés par son petit sourire. Je lui rendis et me perdis un instant dans ses yeux. Son regard se dirigea petit à petit vers mon torse avant de remonter vers mon visage. Sur le coup, je ne fis même pas vraiment attention. Si elle voulait regarder... Tant pis. Je n'avais qu'à laisser un haut si ça me dérangeait de toute façon.
"Je connais une caverne, à possiblement une heure ou deux de marche."Répondit-elle.
Mes yeux se mirent aussitôt à pétiller de bonheur. Une caverne !? J'avais si hâte d'y aller, maintenant. Ca devait être magnifique à visiter et marcher pendant une ou deux heures ne me faisais pas du tout peur. Il suffisait d'apporter un petit sac pour y mettre de quoi boire, deux ou trois trucs à grignoter et nous pouvions partir. Toute contente, je me plaçai face à elle en récupérant son autre main dans la mienne.
"Une caverne !? C'est trop géniale !lançai-je, toute excitée.On y va ? Comme deux exploratrices, pour voir ce qu'on y trouve."
Un grand sourire vint éclairer mon visage. Je me mis ensuite à nager vers la berge, entraînant, dans mon geste, la Belle avec moi. Je nageai à reculons et le fixai dans les yeux. J'avais l'envie soudaine de me blottir dans ses bras mais je me ravisai aussitôt. J'ai été suffisamment maladroite, inutile de rajouter une couche. Une fois hors de l'eau, je récupérai ma serviette pour me sécher les jambes, les cheveux et la poitrine. Tant pis pour le short mouillé, il allait sécher tout seul durant la marche. Je tendis une autre serviette à Eve et remis mon haut, laissant mon soutien-gorge là où il était. Quitte à marcher, autant le faire dans le confort. J'enfilai une nouvelle pair de bas et mes chaussures de randonnée.
"Je te laisse te rhabiller, je vais préparer quelques affaires en attendant."déclarai-je, de bonne humeur.
D'un pas léger, je récupérai un petit sac à dos en bandoulière pour y mettre de l'eau, de quoi grignoter et une corde, au cas où... Et aussi des lingettes, on était jamais trop prudente. Et... Juste, pour être certaine, une autre pair de bas. Ah, et des mouchoirs, juste par précaution. Un chouchou, aussi, si jamais Eve voulait s'attacher les cheveux. Je zieutai mon téléphone pro' un instant, hésitante. Est-ce que je devais le prendre avec moi ? Et si jamais il sonnait pour quelque chose d'urgent et que je ne répondais pas ? J'approchai ma main sur téléphone pour le récupérer et le glissai dans mon short pour le faire tenir. J'accrochai mon arme à feu au niveau de ma cuisse et attachai la ceinture de mon katana au niveau de la taille. Je regardai la Belle, pour voir si elle était prête à partir.
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Wow. Une telle réaction! D’ailleurs, Evelyn avait-elle déjà vu Sofia autant excitée? …Non. Non, elle ne croyait pas. Eh bien, si la louve avait su que les cavernes lui faisaient un tel effet… Elle lui aurait aussitôt fait visiter toutes les cavités souterraines du coin. Entrainée de force, ou presque, la louve rejoignit les berges du lac. Elle était un peu surprise par la situation, aurait désiré nager encore un peu mais… Bon. Si cela pouvait faire plaisir à Sofia, alors qu’il en soit ainsi.
Evelyn attrapa la serviette que lui tendit l’humaine, s’essuya énergiquement avant d’entrer dans la tente. Alors, elle changea de vêtements. Elle avait reçu le débardeur par la poste, une semaine auparavant, par son fils. C’était sûrement l’avantage d’avoir une adresse fixe, recevoir des colis d’un enfant se trouvant à l’autre bout du monde; les Dieux seuls savaient où exactement, puisque le jeune loup ne donnait pas toujours signe de vie.
Evelyn ne vit rien de ce que Sofia décida de mettre dans son sac à dos, ce qui était mieux ainsi; parce que, une autre paire de bas? Des lingettes? De son côté, la louve se contenta de glisser son couteau pliant dans la poche arrière de son short. C’était toujours pratique.
-Prête?, demanda-t-elle en détaillant Sofia. L’humaine apportait pistolet et katana; étais-ce nécessaire d’être autant équipé? Si elles croisaient un animal dangereux, Evelyn pouvait gérer la situation. L’humaine apportait un téléphone; certainement pour prendre des photos de la caverne.
Les deux femmes passèrent d’abord par le même chemin que la veille, là où elles avaient cueillit plantes et champignons. Evelyn jeta à Sofia un regard suspect, puis se concentra sur la route. Un lézard se reposant sur un tronc d’arbre pourrissant, des lapins nerveux, des oiseaux chantonnant, un serpent sur la branche d’un arbre. Evelyn le lui indiqua simplement, pour qu’elle n’effraie pas le reptile.
- Je t’ai dit que j’ai apporté une bouteille d’alcool? Evelyn n’était pas certaine, elle croyait que oui. Tu voudras jouer, ce soir?
Elle évita une zone boueuse; surtout par considération pour Sofia. Guida l’humaine sur des rochers pour traverser une courte rivière. À travers un champ de fleurs sauvages. Puis soudainement, posa une main sur l’épaule de la femme pour arrêter ses pas. Une biche leva la tête dans leur direction, les regarda un moment avant de s’éloigner gracieusement.
J'attendis qu'Eve soit prête à son tour, toute excitée à l'idée d'aller explorer une caverne. J'avais trop l'impression d'être une exploratrice, prête à partir à l'aventure. Enfin... En espérant ne pas croiser trop de chemins boueux ou de saleté. Je vérifiai une dernière fois mon équipement et m'assurai que l'étui de mon flingue était solidement attaché. Mon couteau militaire était bien en place également et mon katana correctement accroché. La Belle s'approcha de moi, vêtue de manière très légère aussi. Son mini-short en jeans et un débardeur assez rigolo, gris, avec une tête de loup stylisée. C'était tout mignon, porté sur elle ! Je souris et remarquai qu'elle n'emportait rien d'autre que son petit couteau pliable qu'elle avait rangée dans la poche arrière de son short.
"Prête?"Demanda-t-elle.
Elle me détailla longuement, l'air de se demander pourquoi j'avais -encore- décidé d'apporter autant de choses avec moi. Elle allait bientôt comprendre que je ne sortais jamais sans mes armes. C'était une habitude et ça m'avait sauvé la vie plus d'une fois. Quand on parcourait la Nouvelle-Orléans, tout était possible. Croiser un vampire assoiffé à un coin de rue ou tomber sur un Lycan qui aimait un peu trop le gout de la chaire humaine. J'hochai la tête, en réponse à la Belle. Oui, nous pouvions partir ! Elle ouvrit donc la marche et nous passâmes, dans un premier temps, sur le même chemin qu'hier, mà où nous avions cueillis des champignons. D'ailleurs, Eve me lança un regard suspicieux, l'air de se demander si j'allais à nouveau essayer de manger un champignon toxique. Mon visage, de marbre, je fis mine de ne pas m'intéresser aux champignons alors que, au fond de moi, j'avais envie d'aller en prendre quelques uns. Nous nous enfonçâmes plus loin dans le forêt, les animaux étaient très nombreux ici. Il y avait même un serpent qui se reposait juste au dessus de nos têtes, sur la branche d'un arbre. Eve me le montra, mais je préférais ne pas trop l'embêter.
"Je t’ai dit que j’ai apporté une bouteille d’alcool? Tu voudras jouer, ce soir?"Demanda-t-elle.
Oh ! Heureusement que j'avais apporté la bouteille de whisky alors, il lui en restait assez pour ce soir. Moi j'allais me contenter de la bière et, peut-être, d'une verre de whisky pour accompagner la Louve. J'hochai la tête, toujours aussi souriante.
"Ouais, on pourra jouer ! Mais tu devras trouver un jeu alors."
Des jeux, je n'en connaissais pas d'autres que celui auquel nous avions joué la veille. Ce n'était pas comme si je sortais souvent en soirée avec des amis pour participer à des jeux à boire...Nous fîmes face à un chemin tout boueux. Je blêmis aussitôt, la peur m'envahissant rapidement. Bordel, c'était dégueulasse là ! Hors que question que je foute les pieds là dedans ! Je reculai et cherchai un autre chemin des yeux, mais j'étais complètement perdue dans cette forêt. Heureusement, la Belle vint à mon secours et parvint à trouver un autre itinéraire, m'évitant ainsi une situation vraiment délicate. Il y avait, ensuite, une petite rivière à passer. Grâce à l'aide d'Eve, je pus travers en passant sur des petits rochers pour arriver dans un petit champ de fleurs sauvages. J'en prenais plein la vue, cet endroit était vraiment magnifique ! Soudain, la Louve posa une main sur mon épaule. Je me baissai légèrement avant de voir, plus loin, une biche gambader et s'éloigner de nous. Elle nous avait surement senti. L'animal disparut dans la végétation et nous reprîmes notre route.
Ca ne me gênait pas de marcher si longtemps, ça me changeait les idées et, surtout, en si belle compagnie, que pouvais-je rêver de mieux ? D'ailleurs, je profitai un peu de ce champ de fleurs pour en cueillir quelques unes, les plus anciennes pousses et pris soin de ne pas prendre les jeunes fleurs. Plus loin, je trouvai une brindille souple qui allait me servir de base pour créer ma couronne de fleurs. Nous avancions toujours, tandis que je confectionnai ma couronne qui était destinée à la Belle. Concentrée, je ne ratai rien, malgré tout, du paysage qui m'entourait. C'était un vrai paradis sur Terre, ici. Plus je voyais cette forêt, plus j'avais envie d'y rester ou d'y revenir plus souvent. Après plusieurs minutes, ma couronne prête, je la déposai délicatement sur la tête d'Eve, toute contente.
"Et voila, pour la plus belle."Dis-je doucement et timidement.
Mes joues se tintèrent très légèrement de rose, les yeux pétillants et un petit sourire aux lèvres. Elle était vraiment magnifique comme ça, c'était une très belle femme avec du caractère, un coté sauvage et libre, du charisme et un charme indéniable. Bref, elle avait clairement tout pour plaire. Nous reprîmes la marche, je me laissai guider par la Louve qui savait parfaitement où elle allait. Comment faisait-elle pour se réparer dans cette végétation si épaisse ? Tout se ressemblait...
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
Trouver un jeu impliquant de l’alcool. Evelyn pouvait faire ça. Elle avait certainement participé à tous les jeux d’alcool qui existaient. …Pas qu’Evelyn buvait souvent. Elle buvait normalement, en fait. Mais elle aimait les jeux, et mélanger jeu et alcool lui plaisait toujours. Surtout en bonne compagnie. Et elle était présentement en bonne compagnie. Et elle savait quel jeu elle allait choisir. Oui. Et avec sa bouteille de whisky 65.2% d’alcool, il y avait peu de chance qu’elle reste sobre, cette fois. Non. Et puis, elle avait envie de se saouler. Tiens, ce serait agréable, de boire jusqu’à en perdre la raison.
L’humaine s’amusait dans les fleurs. Que fabriquait-elle? Ça durait depuis un petit moment déjà. Étrange. Evelyn s’immobilisa et se tourna vers Sofia. …Et l’humaine déposa sur sa tête ce qui s’apparentait à une couronne de fleurs. Ah, la voilà devenue Alpha de la forêt, Maîtresse incontestée du champ de fleurs, Reine de toutes les abeilles qui butinaient dans le secteur.
"Et voila, pour la plus belle."
Evelyn cligna des yeux. La plus belle? Elle concevait qu’elle avait des traits harmonieux et de jolies courbes là où il fallait, concevait qu’elle avait déjà fait tourner de nombreuses têtes… Mais la plus belle? Si Evelyn désirait être humble, elle répondrait que c’était faux. Si elle désirait être romantique, elle répondrait que c’était Sofia la plus belle.
- Oh? Merci, répondit-elle sincèrement. Ce qui était un début, mais elle n’était pas certaine de savoir quoi répondre; on ne lui avait jamais offert de couronne de fleurs. Pas le style de son mari. Non. Non, clairement pas son style. Elle offrit alors un sourire à Sofia, touchée par l’attention.
- Ce n’est plus très loin, informa-t-elle Sofia en reprenant la route invisible, portant fièrement sa couronne sur la tête.
Puis, elles y étaient. Après avoir zigzaguées entre les arbres, évitées quelques trous de boue, quelques racines traîtres et quelques toiles d’araignées. LA caverne – oui, avec un "la" majuscule et en italique. Pas la caverne d’Ali Baba, ça non. Une caverne large, où on pouvait se tenir debout à certains endroits, avec un puits de lumière, un chemin menant vers l’obscurité, et dont l’entrée était partiellement cachée. Sofia voulait jouer les exploratrices? Bah voilà.
- C’est là que j’ai dormit, la dernière fois. Viens, lui dit-elle avec un sourire, l’entraînant avec elle dans la caverne pour lui faire un très petit tour de la propriété. Le lit, dans le coin creusé là-bas, le garde-manger, sur le tas de cailloux par là…
Elle était belle. Très belle même. Elle avait les allures d'une Reine. Ma Reine. D'ailleurs, elle cligna des yeux, visiblement surprise par mon petit cadeau. Je lui souris, amusée, imaginant bien que ce n'était pas souvent qu'on devait lui offrir ce genre de chose. Pourtant, elle méritait ces petites attentions, car c'était une femme bien à mes yeux. Quelqu'un pour prendre soin d'elle au quotidien... Quand j'étais avec Roy, j'étais plutôt du genre à laisser faire les choses, à le laisser prendre les décisions, à choisir pour nous. Autrement dit, il était mon Alpha et moi sa Bêta, si je devais transposer cela sur le mode de fonctionnement des loups. Enfin... Il était tout de même important de préciser que les notions d'Alpha, de Bêta et d'Omega, dans une meute, c'était des foutaises. On devait surtout parler d'un "couple reproducteur" et le reste de la meute n'était, en réalité, que la progéniture. Bref, tout ça pour qu'au finale, disons-le clairement, j'étais... Soumise. tout simplement soumise aux désirs et envies de mon ou ma partenaire. Et ce n'était pas de la soumission au sens péjoratif du terme, c'était un choix de ma part car j'estimais, en tant que compagne, devoir faire de mon maximum pour satisfaire mon conjoint. J'acceptais naturellement l'autorité de la personne avec qui je devais partager ma vie. Et puis c'était plus facile comme ça, j'évitais les conflits inutiles et donnais mon avis seulement si c'était nécessaire ou si on me le demandait.
"Oh? Merci"Répondit-elle avec douceur.
Son sourire me fit chavirer l'espace d'un instant, tant elle était magnifique. Je détournai alors les yeux, toujours aussi timide et gênée face à ce genre de situation. En tout cas, ce petit geste lui faisait plaisir, ça me suffisait pour être contente.
"Ce n’est plus très loin,"Déclara Eve.
Elle reprit la route et je suivis aussitôt. Elle marchait fièrement, avec sa couronne sur la tête. C'était amusant de la voir ainsi, mignon à la fois. Nous arrivâmes enfin devant la caverne, qui était partiellement camouflée par la végétation, créant ainsi un rideau naturel qui empêchait au vent d'entrer. Et le chemin fut long ! Nous étions loin dans la forêt et heureusement que la Louve était avec moi car je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais. En tout cas, c'était joli et ça donnait envie de rentrer pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur. Je m'imaginai déjà parcourir les galeries de pierres étroites, à me faufiler pour pouvoir passer, à devoir aider Eve à me suivre car elle se trouvait bloquée entre deux murs à cause de sa trop grosse poitrine. Je retins d'ailleurs un rire à cette pensée, l'image bien en tête de la femme, complètement coincée.
"’est là que j’ai dormit, la dernière fois."Dit-elle.
Quoi, elle dormait vraiment là dedans ? Mais, c'était tout sale et humide !
"Viens..."
Elle m'entraîna à l'intérieur, ma main dans la sienne. Une fois dedans, elle me lâcha et je regardai autour de moi. Il y avait des ouvertures au plafond, qui laissaient passer les rayons de soleil. C'était beau à voir, il y avait des faisceaux lumineux un peu partout, des plantes qui poussaient sur les parois. La caverne était creusée comme si un serpent géant vivait ici. Il y avait plusieurs couloirs qui serpentaient, il était facile de se perdre ici... De fait, je restai toute proche de la Belle qui me fit un petit tour du propriétaire. Elle avait même installée un lit et fait des réserves de nourriture. J'haussai les sourcils, j'étais surprise de savoir qu'elle passait es nuits ici. Quitte à dormir comme ça... Autant venir dans mon jardin, c'était plus confortable.
"Je ne m'attendais pas à ce que tu passes certaines de tes nuits ici... tu viens souvent ?"demandai-je.
Je m'approchai ensuite du "lit", pour vérifier son état. Je ne voulais pas que la Belle dorme dans un endroit sale et poussiéreux. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais déjà commencé à faire le ménage ici ! En plus le sol était tout irrégulier... Il fallait l'aplanir. Par réflexe, j'enfilai me paire de gants de secours pour essayer de ranger et de nettoyer ce que je pouvais. Mettre de l'ordre dans le lit, déjà, puis retirer les cailloux qui n'étaient pas à leur place, essayer de créer un minimum de cohérence... Mais c'était impossible sans matériel. Je me mis alors à paniquer, ne sachant plus vraiment comment rendre cet endroit plus habitable pour ma Louve.
"Si j'avais su, ma Belle, j'aurais apporté du matériel ! J'aurais pu aménager l'endroit pour t'éviter de coucher dans la poussière !"
Je déglutis et me mis à trembler, ce sentiment de panique devenait de plus en plus envahissant. Je me sentais totalement impuissante à ce moment là, je ne pouvais tout simplement pas nettoyer, astiquer, ranger et organiser cette putain de grotte. Bon, au moins, je pouvais tirer les cailloux par taille pour créer un semblant d'ordre...
"Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas."
"Je ne m'attendais pas à ce que tu passes certaines de tes nuits ici... tu viens souvent ?"
- J’sais pas. Six fois par an, parfois moins dépendant des années, répondit-elle avec un haussement d’épaules. Souvent, c’était relatif, ça n’avait pas nécessairement la même signification pour deux personnes différentes. Est-ce que six fois par an était souvent? Non. – Ça me change les idées, ajouta-t-elle. Le lit n’avait pas de feuillage, puisque la louve avait tout jeté avant de partir, la dernière fois, il n'y avait alors que du bois peu confortable. La louve était quand même étonnée que tout soit intact. Ce n’était pas toujours le cas.
La saleté et la poussière. À moins de devoir recoudre quelqu’un, Evelyn s’en moquait royalement. Il n’était pas rare de la voir sale; elle aimait courir dans les bois. Si la relation des deux femmes durait, Sofia s’habituerait. Ou non. Mais Evelyn ne changerait pas ses habitudes.
Jacobs croisa les bras, fronça les sourcils. Que faisait Sofia avec des gants et pourquoi déplaçait-elle des cailloux? Pour rendre l’endroit plus habitable? Ah, mais, un instant, Evelyn aimait le désordre de l’endroit!
"Si j'avais su, ma Belle, j'aurais apporté du matériel ! J'aurais pu aménager l'endroit pour t'éviter de coucher dans la poussière !"
- Mais…, Mais merde, c’était une grotte. Une putain de grotte! Par définition, c’était sale et humide. Les yeux d’Evelyn s’arrondirent devant la panique évidente qui commençait à gagner l’humaine. Elle n’avait pas remarqué jusqu’alors que Sofia avait un si gros problème avec la saleté. Peut-être pas la meilleure idée, dans ce cas, le camping?
Evelyn se déplaça de son pas léger et rapide, posa ses deux mains sur les bras de l’humaine pour la raisonner. Doucement. Presque une caresse.
- Hey. C’est une grotte. C’est normal que ça soit sale. Elle sourit, un peu amusée par le comportement de l’humaine, ajouta : - C’est gentil à toi, de vouloir nettoyer l’endroit. Mais ce n’est pas nécessaire. Je l’aime comme elle est, la grotte. Et son sourire s’agrandit, lorsqu’elle dit : - Si tu aimes la saleté, tu vas m’aimer quand je vais me promener couverte de boue. Ses mains glissèrent sur les bras de Sofia, vinrent se glisser dans les mains de la femme, pour les serrer doucement. – Tu veux toujours explorer? Et Evelyn eut soudainement envie d’explorer, d’une main, les cheveux de l’humaine; s’en abstint néanmoins.
Je transpirais, j'étais en sueur et j'avais l'impression de suffoquer. Une peur inexpliquée m'envahissait, mon cœur battait à une vitesse inquiétante, comme si je venais de courir un marathon. Je n'avais plus qu'une seule obsession en tête :Tout nettoyer, tout ranger jusqu'au moindre petit grain de poussière. Faire briller cet endroit comme jamais. Je ne voyais rien d'autre que tout ce désordre et plus je regardais, plus j'avais l'impression que ce désordre grandissait, qu'il y en avait de plus en plus. J'étais terrifiée, angoissée. Une crise de panique. Et voila... Eve me voyait sous mon véritable jour. Une pauvre femme paumée en proie à la panique, au stress quotidien de la saleté, du désordre. Une maniaque psychorigide... Je savais que je n'avais aucune chance, en l'état, de nettoyer cette caverne, je devais me calmer, mais je n'y arrivais pas. J'avais l'impression de suffoquer, d'étouffer sous une énorme masse de poussière, de saleté. En plus, c'était quoi ça !? Son lit !? Mais il n'y avait même pas de draps, de couverture ! dormait-elle directement sur les bouts de bois, comme ça ? La Louve me regardait comme si j'étais une tarée et elle n'avait pas tord... Je venais de sortir une pair de gants de je ne savais où pour déplacer et trier des cailloux. Des putains de cailloux ! Elle finit par s'approcher rapidement de moi et déposa avec délicatesse ses mains sur mes deux bras.
"Hey..."Fit-elle, douce.
Je la regardai, toujours aussi tremblante qu'une petite feuille.
"C’est une grotte. C’est normal que ça soit sale."Déclara-t-elle simplement.
Puis elle sourit. Un sourire réconfortant qui me permis de me concentrer davantage sur elle pour oublier, petit à petit, mon environnement chaotique.
"C’est gentil à toi, de vouloir nettoyer l’endroit. Mais ce n’est pas nécessaire. Je l’aime comme elle est, la grotte."
Elle aimait vraiment se vautrer comme ça dans la poussière ? Pourtant... Eve semblait toujours propre, elle sentait si bon... Un parfum sauvage qui me plaisait beaucoup. Son sourire s'élargit et je m'y perdis un instant. Elle avait un air toujours sérieux mais, pourtant, lorsqu'elle souriait, son visage était comme transformé, radieux. Magnifique. Je me calmai peu à peu, j'arrivai à me concentrer davantage sur elle que sur ce qu'il y avait autour de moi.
"Si tu aimes la saleté, tu vas m’aimer quand je vais me promener couverte de boue"
Je lâchai un petit rire, tout petit et tout mignon, parce que c'était drôle. Drôle mais aussi sexy. La Belle caressant, toujours aussi douce, mes bras et descendit ses mains jusqu'à atteindre les miennes. Là, elle les serra lentement, sans me quitter du regard.
"Tu veux toujours explorer?"Demanda-t-elle.
Je souris à mon tour et hochai la tête une fois. Évidemment que je le voulais... Il était hors de question de gâcher ma journée en sa compagnie à cause de tout ça. Mais d'abord, je devais me calmer. Et comme la situation semblait s'y prêter, du moins avec la réaction d'Eve... Je m'approchai d'elle pour venir trouver de la sécurité dans ses bras, mon torse venant se coller au sien. Délicatement et hésitante, je passai mes bras dans son dos pour me serrer contre elle. Je calai ma tête dans le creux de son épaule et fermai les yeux. Ma respiration, d'abord très rapidement et chaotique, retrouva un rythme plus calme et régulier. Mes tremblements cessèrent petit à petit.
"Si tu débarques couverte de boue, sois certaine que je me chargerais personnellement de ton bain."Lançai-je amusée, à voix basse.
Je gardai les yeux clos et humai doucement l'air pour capter son parfum. Pouvoir me calmer quand j'étais dans cet état n'était pas chose facile. Heureusement, Eve semblait très bien s'y prendre. Ca me rassurait de le savoir car si cela devait se reproduire, je pouvais compter sur elle.
"Et oui, je veux toujours aller explorer, avec toi..."
Enfin, je disais ça mais je ne faisais rien pour la lâcher... Au contraire, je me blottis davantage contre elle pour profiter encore un peu de la chaleur de son corps et de son odeur. Et puis bon, les câlins ça faisait du bien ! L'ocytocine qu'on produisait grâce aux câlins nous rendait heureux ou nous faisait nous sentir proche des autres... Bon, on produisait aussi de la dopamine, une phéromone qui augmentait le désir sexuel... Mais ça, c'était autre chose. Ca permettait de réduire le stress, de réduire l'anxiété social, de... Comment, ça, je cherchais des excuses pour rester le plus longtemps possible dans ses bras ? Pas du tout ! ... Un peu. Tant qu'elle ne bougeait pas, je restais alors comme ça et j'attendais simplement qu'elle se décide à poursuivre notre exploration.