C'est le temps que tu as passé dans ton lit, à te faire soigner. Tu n'avais pas autant morfler que Lizzie, mais plus que physique, c'était les blessures de ton cœur qui ne guérissaient pas. Après avoir eut le temps de ruminer encore et encore dans ton lit, tu avais décidé de t'en aller du manoir. Tu n'étais pas complètement rétablie, mais tu t'en moquais. Tu avais prit un stock de poches de sang, une valise blindée d'affaires.. Direction l'hôtel.
Tu ne savais pas vraiment dans lequel ou lesquels tu logerais, tout ce que tu voulais c'était fuir le manoir. Tu ne te sentais plus digne d'y rester. Tu avais prévenu Donovan de ton départ et lui transmettrait l'adresse où tu séjournerais. Tu ne savais pas non plus, combien de temps tu y resterais, ou pire encore, si tu retournerais de façon définitive au manoir. C'était presque inconcevable pour toi après la faiblesse dont tu avais fait preuve.
Tu avais finit par trouver où loger, un hôtel luxueux en plus dans le centre-ville. Pratique si tu voulais faire les boutiques pour te changer les idées. Enfin, fallait-il encore que tu en aies l'envie. Parce que globalement, à part te lamenter, tu n'avais envie de rien faire. Ça ne te ressemblait pas, pas du tout. Dans un éclair de conscience, ou appelez ça comme vous voulez, tu t’emparas de téléphone portable. Il fallait que tu sortes, voir du monde, des gens que tu aimais et qui étaient extérieur à ta famille.
Alyssa.. Ça devait faire au moins.. Deux semaines que tu ne lui avais pas donné de nouvelles. Entre ton voyage en Angleterre, ton portable qui s'était cassé et.. Dimitri. Tu frissonnas rien que d'y songer. Tu tapotas sur l'écran tactile. Appel ou sms ? Tu restais indécise, fixant l'écran en te disant que c'était peut-être mieux de ne pas sortir, ou de l'embêter. Puis tu te repris. Non. Il fallait que tu sortes et que tu te changes les idées.
Rendez-vous au parc vers vingt une heure ?
C'était un court et concis, mais tu aurais tout le temps de t'excuser de ton absence sans nouvelles et de lui demander comment elle allait quand tu la verrais. Qu'elle dise oui ou non, dans tous les cas tu sortirais. Aussi, tu t'apprêtas, prenant le temps de te pomponner, chose que tu n'avais pas faite depuis un moment. L'heure approchait et tu avais eu la confirmation de sa venue.
Bien, il était tant de sortir. Tu jetas un dernier coup d’œil à ta tenue dans le miroir.. On va dira que ça ira. Tu fermes la porte de ta chambre derrière toi, prenant un taxi pour te rendre au lieu du rendez-vous. Tu n'arrivais même pas à être plus enthousiaste que ça. Pourtant, tu étais contente de revoir ton amie, surtout après autant de temps ! Sans doute que tu retrouveras pleinement ta joie lorsque tu la verras. Tu l'espérais en tout cas.. Tu ne voulais pas lui être de mauvaise compagnie.
Tu t'installas sur ce même banc où tu l'avais rencontré la première fois, c'était devenu votre point de rendez-vous les fois suivantes où vous vous étiez vu. Tu attendais patiemment, ton petit sac sur tes genoux. Maintenant, c'était la partie la plus dure pour toi pendant ce petit temps d'attente. Ne penser à rien, ne pas pleurer.. Ou tu allais ressembler à un petit panda.
Ca fait un moment que j'ai pas vu Mia. La dernière fois, alors qu'on allait à la fête foraine sous le chaperonnage de Célia (qui a cartonné au lancé d'anneaux), elle m'a prévenue qu'elle partait à Londres, et du coup entre deux tirs à la carabine et trois tours de manèges à sensations (première fois que je faisais un grand huit!) on avait parlé un peu de son voyage, de si les vampires pouvaient prendre l'avion, de Londres elle même, de comment c'était... Et que je lui avait demandé de me prendre des photos. En voyant son SMS, j'avais pas pu m'empêcher de sautiller de joie, avant de filer demander l'autorisation d'aller voir mon amie à mon tuteur. Qui commence d'abord par me proposer de se joindre à moi... Et comprends très vite que NON, avoir un garçon qui surveille une conversation de filles, c'est NIET! J'suis sure qu'c'est interdit par la convention de genève!
Du coup c'est à nouveau accompagnée de Célia que je rejoins le parc. Je porte une jupe longue crème, qui volète autour de mes mollets à chacun de mes pas, un chemisier aux manches trois quart d'un beau rouge, très classe... Avec une minnie thermocollée sur ma poche de poitrine par Mama. et des sandalettes usées mais tant qu'elles sont mettables... J'ai avec moi une petite surprise pour Mia, ainsi, évidemment que mon fidèle thermos. Quand j'arrive en vue de notre banc, j'ai un temps d'arrêt. Est-ce que c'est Mia, sur ce banc? Qui ne remue même pas les jambes? Et son SMS était un peu laconique... Est-ce qu'elle aurait eu du soucis pendant son voyage? Lié à sa famille, peut-être? Ne lui montre pas. Ouais, non, appuyer sur des plaies c'est pas mon genre. Et puis si ça se trouve elle est juste fatiguée du décalage, mais comme elle a promis de me montrer des photos... Je m'élance vers mon amie, donc, laissant Célia se diriger vers un autre banc, un peu plus loin. Assez pour entendre s'il y a un soucis, mais pas assez pour écouter une conversation. Et elle sort un bouquin, ce qui veut dire qu'à moins de crier, elle nous fichera la paix royalement. Je saute donc au cou de Mia, la serrant dans mes bras avec enthousiasme, et l'inondant de questions. Plus que d'habitude d'ailleurs.
"Coucou! C'était bien Londres? T'es rentrée quand? Tu vas bien?"
S'engouffrent douloureusement dans tes poumons. Tu as l'impression de suffoquer. Tu n'aurais peut être pas du sortir au final, tu n'étais peut-être pas prête. Tes griffes venaient se planter dans le bois du banc, s'enfonçant petit à petit. Tu ne pouvais pas annuler.. Elle allait surement arriver dans quelques minutes. Mais si elle n'était pas là ? Tu y repenseras à ce moment là..
Ou pas. Une petite voix vint jusqu'à tes oreilles, tu en sursautas presque. Une étreinte amical se fit autour de ton cou. On te posait une flopée de questions. C'était Alyssa. Crispée par le câlin surprise, tu te détendis en apercevant que c'était bel et bien elle. Tu restas silencieuse au lieu de lui répondre avec la même vivacité. Tes bras l'entourèrent et tu te lovas contre elle. Un câlin. Un besoin que tu avais jusqu'alors oublié de prendre en compte. C'était agréable et cela semblait t'apaiser, au moins un peu.
Heureusement qu'elle ne t'avait pas enlacé par la taille ou elle t'aurait vu grimacé de douleur. La blessure du couteau avait fait quelques dégâts internes qui mettaient du temps à guérir. Tu buvais d'ailleurs bien plus de sang de d'habitude pour palier au problème. Ta langue se délia après un petit temps, tu t'écartais d'elle à contre cœur.
▬ Oui, ça c'est bien passé.
Avais-tu dit dans un maigre sourire. Elle ne connaissait pas exactement les raisons de ton voyage là-bas, peut-être qu'un jour tu lui diras. Mais outre l'émotion de ton petit périple annuel, c'était le retour qui t'avait rendu dans cet état. La petite vampire se rendrait surement vite compte que quelque chose ne tournait pas rond. Toi qui d'habitude était une véritable pile sur patte joyeuse, te voir aussi amorphe éveillerait sans doute des soupçons.
▬ Ça va faire un peu plus d'une semaine j'crois.. Désolée de pas t'avoir contacté plus tôt, j'ai cassé mon téléphone et..
Tu te tues. Non. Tu n'étais pas là pour étaler tes soucis. Tu étais là pour passer un bon moment, avec une amie que tu n'as pas vu depuis un moment et penser à autre chose.
▬ Et toi, comment ça va chez les végés ?
Dis-tu dans un sourire qui se faisait toujours timide. Raaah. Fais un effort, bordel !
▬ J'ai pas oublié ma promesse, j'ai prit plein de photos !
Tu essayas de te montrer un peu plus enthousiasme, sortant ton appareil photo. Tu l'allumais, puis lui montrait comment faire défiler les photos avant de le lui tendre. Tu venais un peu plus prêt d'elle pour pouvoir regarder les photos avec elle et lui faire quelques petits commentaires sur certaines photos. A part ça, tu avais du mal à faire ta pipelette comme d'habitude.
Le mouvement de surprise me tire une maigre satisfaction. Pour une fois que c'est moi qui fait sursauter quelqu'un... Le câlin retour et sans paroles me fait un peu tiquer mais c'est pas moi qui refuserai. D'autant plus que je n'ai pas tellement l'occasion de faire des câlins...
Ça s'est bien passé ? Mensonge. J'ai un gros doute. Elle est plus éteinte que d'habitude et si elle fait l'effort de sourire j'ai l'impression que ça lui en coûte. Elle me parle ensuite de son portable cassé et j'hoche la tete. J'ai tout juste le temps de commenter un "je connais ça" qu'elle embraye sur moi. Comme si elle voulait m'empêcher de m'intéresser à elle. Non. Distraction. Comme si elle voulait elle ne plus penser à elle. Ou à son voyage. Encore une fois elle ne me laisse pas répondre. Elle brandit son appareil photo, et me montre avec enthousiasme les photos qu'elle a pris. Elle les commente ou réponds à mes questions ("est-ce que le chaudron baveur existe ?" ) Mais le cœur n'y est pas.
Sur une impulsion je pose l'appareil photo et attire la vampire un peu plus âgée dans une étreinte douce. Si elle veut elle n'aura aucune peine à s'en défaire. Et je chuchote une phrase qu'elle a déjà du entendre de moi. Enfin, des variantes. "Un jour les câlins sauveront le monde... Mais pas demain y a bataille de peluches !"
"Il faudrait, dans chaque maison, un calineur professionnel. Quelqu'un qui ne juge pas, qui vous serre simplement dans ses bras et vous assure que tout ira bien et qu'on vous aime."
Est-ce qu'elle comprend le message ? Je juge pas je me fiche de savoir ce qu'elle a. Juste ça va pas donc calin. Dans mes bras je sens Mia qui se laisse juste faire. Et je commence à fredonner doucement une chanson que mama aimait bien.
" Pardon me for babelyn Comme des milliers de mots Pardon me for babelyn Qui t'envoient des signaux..."
Je sais très bien qu'elle ne comprendra pas les paroles. Mia ne parle pas français. Mais bon la musique est apaisante et c'est ce que j'essaie de faire.
Tu n'arrives que moyennement à le cacher, tu n'es pas forte pour mentir ou faire semblant. Tes émotions, qu'importe leur nature, sont toujours très fortes et difficiles à contenir. Tu regrettes tout de même de ne pas être au meilleur de ta forme pour ton amie. Ceci dit, ça sert aussi à ça les amis. A être là quoi qu'il se passe, dans les bons comme dans les mauvais moments. C'est ce que tu penses pour essayer de ne pas trop culpabiliser.
La vampirette pose ton appareil photo, elle n'est pas dupe quand à ta condition. Elle vient te prendre dans ses bras et tu te laisses aller à cette étreinte. Tu entends sa voix s'élever dans le silence du parc, elle chantonne une mélodie dans une langue que tu connais mal, mais que tu as déjà entendu. Tu ne cherches pas vraiment à en savoir le sens. C'est doux, comme le câlin, et toute cette tendresse apaise ton cœur rongé par la tristesse, la peur et la honte.
Tu sais qu'elle ne cherchera pas savoir, et tant mieux, car tu n'as vraiment pas envie d'en parler.. Pas maintenant en tout cas. Tu profites simplement du moment, libérant ton cerveau de toutes pensées en restant concentré sur la chanson. A la fin de cette dernière, tu relèves doucement la tête, posant un baiser sur la joue de ta précieuse amie.
▬ Merci..
Pas besoin de dire pourquoi, elle le devinera surement. En tout cas, grâce à elle, tu te sens moins dans un mer de tourments. Tu sais que ça ne sera qu'éphémère et que tout reviendra lorsque tu seras seule, mais pour le moment, tu profites. Tu te redresses, quittant à nouveau ses bras, même si tu sais que ça ne sera pas ton dernier câlin.
▬ Alors, qu'est ce que tu racontes de beau ?
Le timbre de ta voix est un peu plus léger et un sourire, cette fois-ci non forcé, se dessine sur ton visage. Les câlins de Roussette doivent avoir un côté magique.
Je fredonne la chanson en français, avec un peu de nostalgie. C'est la voix de Maman que j'entends quand je chante. Et dans mes bras je sens Mia se détendre peu à peu. Je ne sais pas si elle pleure ou non. Pas que ça ferait du mal de laisser sortir un poids qui la ronge de l'intérieur. Bref, quand finalement elle se défait du calin, et me signale d'une bise que ça va mieux, je lui fais un sourire. Mine de rien, je suis contente d'avoir pour une fois le rôle du calineur consoleur...
Le changement de sujet ne me surprend pas vraiment. Je suis quand même curieuse de savoir ce qu'il s'est passé. Plus pour savoir les faux pas à éviter qu'autre chose. Mais bon, à la place, je sors ma surprise de ma poche. Des sucettes. A ceci près qu'elles n'ont pas l'odeur du sucre et des produits chimiques... Mais bien du sang. Lui tendant ma dernière tentative culinaire en date, je lui fais donc un topo de chez les veggies.
"Bah, je teste des nouveautés culinaires. J'ai commencé à démarcher des associations pour leur proposer la viande de nos bêtes, mais dès qu'ils entendent "foodies farm", ils commencent à paniquer. L'église, par contre, ils s'en foutent, donc au moins ça permet de pas gâcher de viande. Là j'ai tenté de faire des "coupe faim" pour Diego, un truc plus discret que la gourde ou des poches, et j'hésite à prendre des vrais cours de cuisine. Mais bon, en vrai, je passe plus de temps à chercher des magasins qui risquent pas d'appeler la fédération ou les chasseurs en me voyant qu'à vraiment cuisiner... Lucio dit que j'ai qu'à faire mes courses en ligne mais je suis pas d'accord! Et puis... Ca va pas avec Lucio..."
Je me suis animée, presque enflammée en parlant des magasins. Oh je suis pas sotte, je me doute que beaucoup de vampires ou de loups garous, pucés pas pucés, s'en balancent les steacks, et vont dans les magasins, panneaux ou pas. Mais j'ai peur et en même temps ça me révolte complet cette histoire... Et puis je laisse un temps d'hésitation, avant de reprendre, parce que là moi c'est pas tant d'un calin que j'aurais besoin que de raconter. Mettre un peu d'ordre dans ma tête D'autant que je peux pas tellement en parler à la ferme...
"J'ai découvert il y a trois jours qu'il rajoutait du sang humain à mes gourdes... J'lui ai demandé, il a dit que non, il avait pas touché, mais bizarrement, depuis mes gourdes chez lui et à la ferme ont le même gout... Alors je sais que c'est surement "pour mon bien", comme quand il me met du sang humain sous le nez et faut pas que j'y touche, mais..."
"Pour mon bien" peut-être, mais je le vis mal. Et nos relations s'en ressentent, puisqu'hormis le strict nécessaire, je ne lui parle plus directement. Mine de rien, je suis pas sure qu'en parler avec une nana qui aime pas le sang animal (et dont au final je ne sais toujours pas d'où elle se procure le sang humain qu'elle consomme) soit une bonne idée... Surtout que je ne suis même pas sure d'arriver à expliquer ce que je ressens...
Une sucette ! Tu regardes la "sucrerie", d'un air un peu ébahi. C'est elle qui a fait ça ? D'après ce qu'elle commence à te raconter, oui. Tu engouffres une de sucettes dans ta bouche, ravi de pouvoir consommer du sang sous une nouvelle forme. Tu essaies même de deviner la provenance du sang.. Mais tu n'en buvant pas vraiment, tu n'en reconnais pas l'origine. Tu l'écoutes attentive. Diego. Tu as déjà entendu ce nom de sa bouche, mais tu n'arrives pas vraiment à resituer qui il est.. Elle râle sur les magasins qui n’acceptent pas les surnaturels et à ta bouille contrit, on devine facilement ton agacement vis à vis de cette situation. C'est tout bonnement honteux..
▬ Et puis... Ça va pas avec Lucio...
Elle semble hésiter à continuer, alors doucement tu lui prends la main.
▬ Je t'écoutes.
Soufflas-tu simplement à la Roussette, bien sur, tu ne la forcera pas si elle ne veut pas se confier. Par ces mots et ce geste, tu veux juste lui signifier que tu es là pour elle, si elle en a besoin. Même si tu n'es pas très bien, tu peux quand même être une oreille pour elle. La langue d'Aly finit par se délier, t'apprenant une nouvelle dès plus.. Inattendue ? A vrai dire, tu ne pensais pas qu'un végétarien ferait ça à un autre.. Tu comprends les raisons qui l'y ont poussés mais..
▬ Il a trahi ta confiance.
Ton cœur se met à battre à tout rompre, sentant une vague de colère t'envahir. Aaah.. La trahison. Tu nageais en plein dedans en ce moment et forcément, cela te faisait penser à ta sœur. Sourcils froncés, mâchoire serrée.
▬ Il a pas l'droit d'faire ça. Pas sans t'en parler, pas sans ton accord.
Ce Lucio a l'air louche.. Tu serras d'avantage sa main.
▬ Tu te sens en sécurité là-bas..?
Tu n'allais pas lui proposer de venir chez toi si ce n'était pas le cas.. Une végétarienne chez les assoiffés, pas sur que ça se passe bien. En revanche, tu pourrais lui proposer de séjourner avec toi à l'hôtel.. Au moins, tu es sur qu'elle serait à l'abri et ça te ferait un peu de compagnie.
Trahi ma confiance. Ces mots me heurtent. Pas seulement par leur signification, mais par ce qu'ils impliquent. Confiance. Naïvement je pensais qu'avoir choisi d'engager son honneur dans ma protection signifiait que Lucio ne me mentirai pas. Et surtout, je me rends compte que oui, je lui ai accordé ma confiance. Pas celle que j'avais envers mes mères, oh non. Je refuse catégoriquement d'avoir avec Lucio la même relation qu'avec elles! Je ne discute pas avec lui de mes amis, de comment je me sens de pouvoir à nouveau sortir, mais toujours pas aller à l'école, ou de combien les regards et les panneaux interdit aux surnaturels me blessent. Je ne lui dit pas comment je me sens d'être traitée comme un monstre alors que j'ai pas demandé, et combien ces regards me font mal. Il ne comprendrait pas alors à quoi ça servirait? Je ne lui dit pas que Mia est une "fanatique de sang humain", comme dirais Kaia, parce que je sais qu'il n'apprécierait pas. Et pourtant les mots de Mia, brûlants de colère, me blessent. Plus que je ne le pensais. Parce que ce constat en amène un autre, c'est que malgré ma peur d'être blessée, malgré mes tentatives pour repousser Lucio, je l'ai quand même laissé rentré dans mon coeur. Et j'en vois le résultat. L'étreinte sur ma main se ressere. Mais la question suivante libère l'étau. En sécurité? Pas trop. Mais dans le ton de la vampirette, ce que j'entends c'est plutôt le 'dois-je te sortir de là es-tu en danger?' Et là, non. Je fourre une sucette dans mon bec et la cale con
"Ca va. Enfin. Je suis pas en danger physique ou quoi. Je sais juste pas quoi penser... J'ai menti en disant que je dormais à la ferme hier, j'y ai toujours ma chambre, et honnêtement je pense y rester quelques jours, mais... Ca m'énerve. Je 'sais' qu'il a surement ses raisons, qu'à ses yeux elles sont sans doutes excellentes. Mais s'il peut pas me regarder dans les yeux et me le dire... C'est qu'il a pas tout compris pas vrai? et s'il a pas compris sa connerie il risque de le refaire, et là il sera un danger... Sauf que je sais pas comment lui faire entrer ça dans le crâne!"
Que je suis plus une enfant croyant au père noël. Que je suis capable de faire des choix éclairés et qu'il n'a pas à les faire pour moi... Ou il ne vaut pas mieux que ceux qui me traitent de monstre et me tiennent en laisse... Et sans le savoir, peut-être que certains de mes mots font écho, différement dans l'esprit de mon amie.
Fais la boule entre tes dents. La colère est présente, elle ne quitte jamais vraiment ces derniers temps. Il faut bien que tu passes tes nerfs sur quelque chose, à défaut de quelqu'un. Les paroles de la Roussette faisait étrangement écho à te propre situation. Cette fois, c'est ta main qui serra la sienne. Chacune son tour. Mais tu n'avais pas le droit, ou du moins tu t'imposais ce non droit, à te laisser aller, à te plaindre de ta propre situation. Elle avait parlé, s'était livrée, et même si tu n'étais pas la plus sage des vampires, tu ferais de ton mieux pour lui prodiguer des conseils.
▬ Tu sais dès fois, faut juste pas se poser de questions. Tu déballes tout d'un coup et tu avises au fil de la discussion. Ça sera pas marrant, dans tous les cas, même si t'sais quoi lui dire.
Tu regardais au loin. Toi aussi il allais falloir que tu parles à un moment. Avec ta mère, Aedan et puis.. Erika. Mais tu repoussais la chose, allant jusqu'à fuir le manoir, ta famille. Tu ne donnais que quelques nouvelles à Donovan.. Et encore. Fais ce que je dis, pas ce que je fais.
▬ T'es plus mature et réfléchit que la plus part des adultes que j'connais, si moi j'peux le voir et pas lui, c'est que c'est vraiment un con.
Tu ne mâchais pas tes mots, tu ne le faisais jamais. Tu espérais que tes paroles l'avaient un peu aidé, voir réconforté. Tu croques le reste de ta sucette sanglante. C'était pas mauvais ce truc ! Bon, ça allait pas vraiment t'aider à guérir, mais ça avait le mérite de calmer un peu ta faim.
▬ T'me feras d'autres sucettes ?
C'était ta façon à toi de lui que tu les aimais, même si c'était fait avec du sang animal.
▬ J'pense que t'as comprit que c'était un peu compliqué pour moi en c'moment.. Mais quand ça ira mieux, j'espère qu'on s'verra plus souvent.. On pourrait retourner au parc d'attraction ?
Tu culpabilisais un peu de ne pas avoir été un très bonne amie ces derniers temps pour la vampirette.. Tu faisais donc ce que tu pouvais pour te rattraper.
Les propos de mon amie vampire me font la regarder ave une impression étrange. Cest pas à moi qu'elle parle.Un écho. Je connais ce phénomène, de manière intuitive. On rapporte toujours tout à ce qu'on connait. Pour mieux comprendre l'autre. Sa réaction me fait dire qu'elle aussi se sent trahie. Et si ses propos sur ma maturité me font sourire, Je me demande si Lucio est en train d'éternuer chez lui, comme dans les mangas? je perçois quand même un trouble dans la force! Euh... Nan, là tu te trompe de RPG. dans ses propos. Docteur Roussette préconise une dose préventive de calinou! Une étreinte brêve lui répond, avant qu'elle ne change de sujet. Est-ce que j'lui ferai d'autres sucettes? Je la lache et en sort plusieur de mon sac. Elles sont pas très égales, ni de forme ni de taille, enveloppées dans du papier ciré. Oui, non, je ne suis pas venue sans munitions! A dire vrai, à la base, je voulais essayer de la convaincre d'élargir mon cercle de testeurs à sa famille. Du coup j'ai pris plusieurs échantillons... Un peu compliqué, sa situation... Non, sans blague? D'autant plus que j'ai l'impression, en lui racontant mes soucis avec Lucio, d'avoir annulé tout le bénéfice de la calinothérapie. Et si je suis d'accord pour la voir plus souvent, je secoue la tête quand elle évoque le parc d'attraction où nous étions allées la dernière fois.
"Ils ont affiché un de leurs foutus panneaux "interdits aux surnaturels" à l'entrée. Alors je sais, c'est pas si simple de détecter un vampire, et je suis pas sure qu'ils aie de quoi ce payer des portiques de détection de température, sans compter que c'est débile, toi et moi sommes la preuve qu'on peut tout a fait aller s'amuser dans un parc sans tuer la moitié des visiteurs..."
Juste goûter? Ta gueule toi. Bon, d'accord, JE pourrais attaquer un humain à vue... Mais Mia elle m'a dit qu'elle sait se contrôler, elle! Et j'aurais de toute façons pas le temps de blesser grand monde avant que Célia ou Mia ou Lucio, ou... Bref, quelqu'un ne m'arrête... Mais bon.
"Sauf que autant moi je peux théoriquement m'en sortir en disant que ça s'applique pas à moi j'suis pucée patincouffin, autant toi... J'aimerai pas que tu sois emmerdée..."
Entendre par là traquée par des connards d'humains qui font chier... Bref.
"Par contre j'ai repéré un escape game qui fait des nocturnes, je me dit ça peut être amusant? Et puis... Je sais pas ce que tu as qui va pas. Mais ne laisse pas s'envenimer à ressasser. 'Dis ta peine, dis ta haine, de toi laisse la s'écouler...' Sinon, ça t'empoisonne et c'est plus dur à gérer. Et pour les sucettes... Tu crois que ta famille accepterai de goûter, et de donner son avis? J'essaie de faire pour Diego, tu sais il a du mal à se sevrer, sauf qu'avec la puce il a pas tellement de choix. Du coup j'ai essayé de faire des concentrés, rien qui ne suffirait à rassasier un assoiffé, certes, mais bon. J'avoue que savoir si j'arrive à un à peu près semblable au gout, mais animal, ce serait ptet un progrès pour lui?"
Et pour moi aussi avouons. Hein? Quoi? Discrimination envers les Assoifés? Mais euh... Ils avaient qu'à pas s'appeler comme ça, aussi, ça porte à confusion Moi je parle de vampires qu'ont soif!
Encore ! Réclame ton petit corps douloureux. Mais tu ne veux pas trop abuser, quoique. Les sucettes pleuvent en réponse à ta question, tu les regardes un instant.. Du fait cent pour cent maison ! Tu les fourres dans ton sac et une garde, direction ta bouche. Comment ça la gourmandise c'est un vilain défaut ? J'ai le droit, j'suis blessée !
C'est par un non de la tête qu'elle répond à ta proposition de parc d'attraction. Dommage, t'y serais bien retourné. Mais elle avance explications et arguments que tu ne peux ignorer. Connards de racistes. De plus en plus, les commerçants humains mettaient ce genre de panneaux débiles sur l'entrée de leur magasin. Même une de tes boutiques de vêtements préférées ! Si tu n'avais pas tapé de scandale c'est uniquement pour ne pas amener l'attention sur toi et ta famille de sanguinaires. La Roussette évoque aussi la puce.. Ah oui, c'est vrai qu'elle porte cette merde. Pas que tu la juges, tu n'aimes juste pas le principe de la puce.
L'idée du parc et bel et bien enterré. Tu tires un peu la tronche, mais elle évoque un escape game ! Tu n'en a jamais fait et tu n'es clairement pas douée pour les énigmes et autres.. Mais ce n'est pas ça qui t'empêchera d'essayer ! Surtout si c'est pour passer du temps avec Alyssa. Elle enchaîne directement, parlant de tes problèmes, te conseillant de ne pas tout garder pour toi. Tu baisses un peu la tête, ta main agrippant doucement la sienne. Tu hoches doucement la tête, approuvant ses dires. Tu sais que ce n'est pas bon et qu'il faudrait que tu en parles.. Mais quand tu seras prête à en parler.
Tu ne pues te retenir de lâcher un léger rire alors qu'elle te demandait si ta famille acceptait de goûter et donner son avis sur les sucettes. Leurs avis, tu le connaissais très bien sans même leur proposer. Tu écoutas néanmoins le reste de ce qu'elle avait à dire avant de pouvoir lui répondre. Diego.. Ah oui, ça te revenait. Un p'tit gus qui avait du mal à se sevré comme le confirmait la suite de paroles d'Aly. Rien qui ne suffirait à rassasier un assoiffé Oula. Là, c'était vraiment dur de ne pas rigoler franchement ! Si tu savais ma belle. Tu restas cependant d'un calme olympien, malgré un petit sourire amusé qui s'étirait sur ton visage. Il était temps pour toi de répondre, et dans l'ordre !
▬ Pourquoi pas pour l'espace game, j'en ai jamais fait.. J'espère que ça sera pas trop compliqué !
Tu esquivas volontairement la partie évoquant ta peine et tes soucis, pas besoin de revenir dessus.
▬ Pour les sucettes, il n'y aura que moi qui en mangera et surement en secret. Ma famille est plutôt.. Pro sang humain.
Avec toutes les infos que tu lui avais donné, plus celle-ci, elle pourrait peut-être deviner à quelle famille tu appartiens. Et franchement, tu ne le voulais pas. Tu n'as pas honte de qui tu es, mais tu avais peur de sa réaction. Elle, végétarienne, ne verrait probablement pas d'un bon œil ton appartenance aux Assoiffés. Cependant, si elle te le demandait, tu ne lui mentirais pas.. Même si c'était un risque de la perdre. Tu préférais le lui dire, plutôt qu'elle l'apprenne plus tard d'une façon ou d'une autre et surement sanglante, et qu'elle découvre qu'en plus de cacher ça comme un petit secret inavouable, tu lui aies menti. Tu espérais juste qu'elle ne le devine pas.. Pas de suite.. On croise les doigts.
▬ J'suis pense qu'ça l'aidera oui.. Enfin j'sais pas, je m'y connais pas vraiment en sevrage. De toute façon, la seule façon d'le savoir, c'est d'essayer ! Et même si ça l'aide pas lui, ça pourra peut-être en aider d'autres !
Elle a un grand sourire amusé quand elle parle de l'escape game. J'ai l'impression qu'elle rit aussi d'autre chose, mais j'ignore de quoi. Bref on s'en fout. Les sucettes ce sera en secret. Je m'assombris en entendant ça. D'autant qu'à la manière dont elle a hésité sur les mots...
Ça m'évoque la manière dont Lucio me parle d'un clan de vampires. Les affamés euh... Nan pas ça. , ou je sais plus quoi. Qui méprisent les végétariens et se nourrissent d'humains. "Comme madame orlov ?" j'avais demandé. "Pire" il m'avait dit. Une question de respect. Tout ça étant nouveau pour moi, et Lucio n'ayant pas voulu "m'effrayer", je ne sais pas trop que comprendre. Faudrait que je pose la question?J'ai peur qu'elle se vexe... Bon, par contre le côté "mépris des végétariens", ça j'ai bien compris. Compris aussi que ces gens étaient à éviter parce que je ne me sens pas de l'affronter, ce dédain. Mais Mia ne te méprise pas. Plus que ça elle essaie de me rassurer sur l'efficacité des sucettes pour sevrer un vampire de sang humain. Romantisme mis à part on est les Roméo et Juliette des vampires ? La pensée m'attire un rire. Et un câlin spontané, bref, juste l'expression de ma joie pour notre amitié.
"J'te donnerai la recette, si tu veux. En soit c'est pas compliqué, c'est juste du sucre, de la gélatine et du sang."
Bon, moi j'utilise du sang animal, plusieurs d'ailleurs, pour essayer de mixer les gouts, mais... Tu l'encourage! Je me protège. De la même manière que je fais taire cette petite question, tout au fond de ma tête. Est-ce qu'elle le connait? Est-ce que l'assassin de mes mères est membre de sa famille?Mieux vaut l'ignorer. Si je commence à m'en inquiéter, à douter... Je ne veux plus avoir peur. Et c'est pour éloigner cette question que je décide de changer de sujet. De montrer mon sac avec la trousse et les crayons, et de relancer un sujet datant d'avant notre séparation: Les vêtements, et des dessins de ces derniers.
Tu le retrouves, même si tu as encore certaines choses à régler avant de le retrouver vraiment, complètement. Alyssa te dit qu'elle te donnera sa recette, au détour d'un énième câlin. Tu te demandes si tu arriverais à reproduire ladite recette.. Parce que bon, t'es un peu une catastrophe ambulante en cuisine. De son vivant, ton père ne te laissait pas mettre un pied dans la cuisine, surtout après la fois où tu avais réussi à faire cramer des pâtes. M'enfin, on verra bien comme on dit !
Tu sens bien que ton amie végétarienne veut te parler de quelque chose. Les traits de son visage se sont troublés l'espace d'un instant, mine réfléchit, mais rien ne sort. Tu ne dis rien non plus, si elle ne se livre pas c'est qu'elle n'est pas prête à le faire. A la place, viennent les sujets ordinaires que vous abordez habituellement. Vous parlez juste comme deux filles, deux amies, simplement. Ce qui te fais un bien fou. Retrouver un peu de normalité après tous ces événements, tu ne demandais pas mieux !
Doucement, même si tu serais bien restée papoter jusqu'au petit matin, tu viens la prendre dans tes bras. Une dernière étreinte, tendre et douce.
▬ J'vais devoir rentrer, j'suis épuisée et j'ai vraiment besoin de repos.. Ça m'a vraiment fait plaisir de t'revoir Aly. Tu me tiens au courant pour l'escape game, d'accord !?
Sourire aux lèvres, un baiser sur la joue, tu finis par te détacher d'elle pour te lever. Il est temps de rentrer !