Né dans une famille catholique américaine le 10 août 1918 à Centralia en Pennsylvanie, Isaac était un garçon calme et réfléchi. Dès son plus jeune âge le garçonnet montrait une certaine habilités dans les mots et les images. Oh ! Non, ce n’était pas un « surdoué ». Il apprit à lire comme tous les enfants de son âge vers ses six ou sept ans. Pour autant, dès lors qu’il sut lire, il s’attarda sur tous les manuels qu’il put et notamment la Bible, quoiqu’il commençât cette dernière vers ses 10 ans, l’écriture étant bien trop complexe avant cet âge. Il ne comprit pas tout. C’est un fait, mais déchiffra au mieux la sainte écriture en compagnie de l’ecclésiaste de sa ville sous les yeux attentifs de ses parents, fiers d’avoir un fils de la sorte.
Savaient-ils à quelle vie de déchéance leur fils allait faire face ? A vrai dire Isaac osait espérer que cela ne fût le cas. Et il ne put malheureusement pas leur demander. A 14 ans, la mine où son père travaillait s’effondra, emportant avec lui la vie de son premier parent et le laissant seul avec une mère sans emploi autre que celui de femme au foyer. Une situation difficile pour la famille, mais c’était sans compter le soutien des familles voisines dans cette ville minière et soudée. Deux ans, encore, la famille survit, jusqu’à l’arrivée du choléra en 1934 qui emporta ses deux frères, sa sœur et sa mère. Resté orphelin, il fut alors accueilli par le Père Stevenson, prêtre catholique de la petite ville qui lui offrit gîte, couvert et éducation. Ce fut d’ailleurs à cet instant, sous la bienveillance de cet homme de Dieu que lui vint sa vocation. Ainsi, corps et âme, l’adolescent se jeta dans l’étude de la religion biblique, prêt bien rapidement à entrer au séminaire.
Tout semblait se goupiller pour le meilleur des mondes et après tant de malheurs, le jeune homme qu’il était allait enfin connaitre la paix intérieure. Enfin ? Evidemment que non… car que serait une histoire sans sordide rebondissement ?
18 ans.
Ce fut le moment le plus difficile de toute son existence. Ce moment où il se sentit attiré par le sexe opposé alors même que lui, charmant, adorable, semblait pouvoir toutes les faire tomber. Mais son cœur comme son corps étaient voués au Seigneur. Comprendre ? Oh. Il ne lui fallut pas un temps infini. Seulement un pas en dehors de sa voie toute tracée lui suffit. Il céda. Et Dieu que cela fut merveilleux. Un temps seulement car vint celui du repenti. Le Père Stevenson lui accorda le pardon. Il avait pêché, comme tout homme. Mais il ne devrait recommencer s’il désirait réellement se lier au Seigneur. Et il le désirait. Plus que tout.
Mais cela recommença.
S’en voulait-il ?
Evidemment.
Recommençait-il ?
Evidemment.
Et pire. Il ne vieillissait pas. Rien en lui ne changeait malgré les années.
Sa première frasque lui valut un retard d’entrée au séminaire, son père protecteur désirant veiller à la véritable vocation de son élève.
Comment comprit-il son état vous demandez-vous sûrement ?
Hé bien… Cela se passa lors de son entrée au séminaire. Il avait 24 ans. Ce fut ses seuls instants de « jeûne » et il vieillit. Vite. Bien trop vite. Affolant jusqu’à ses professeurs. Lorsqu’il sortit, il avait le physique d’un homme vieux de plus de trente ans. Reprenant son régime alimentaire… Il ne lui fallut pas très longtemps pour faire le lien.

Ce qu’il se passa ensuite ?
Isaac prit le nom de Père Hensler pour le commun des mortels, gardant son nom pour ses nuits de débauche. Nuit qu’il terminait toujours par une prière et une supplication auprès du Seigneur. Il ne pouvait pas se tuer mais vivre de la sorte… Les épreuves que lui envoyaient le Seigneur était difficile, inhumaines, presque, mais si c’était là son rôle ? Si c’était justement là sa voie : aider les démunis et ceux dans le besoin ?
Ainsi voua-t-il sa vie à la protection des siens comme des créatures dont il connut rapidement l’existence, en dehors des contes de fées, passant de ville en ville pour ne pas éveiller les soupçons quant à sa condition d’incube.
Aujourd’hui, et depuis deux ans maintenant, le prêtre s’est installé à la Nouvelle-Orléans. Il compte y rester une petite dizaine d’année maximum, comme à son habitude, avant de repartir vers de nouveaux horizons.
Il s’est d’ailleurs installé à l’hôtel, gardant une petite maison près de la cathédrale pour ses offices et sa vie « réelle » et prie toujours après chaque nuit d’obligation, se détestant, s’haïssant pour ce qu’il se doit de faire pour rester en vie.