Ailleurs.

Tu étais ailleurs. La tête dans les nuages, l'air sombre. Tu avais et a toujours, beaucoup de mal à digéré la trahison de ta sœur. Erika.. Tu soupirais, croisant tes bras sous ta poitrine. Tu marchais sans vraiment regarder où tu allais. Tu te laissais guider par les lumières, les  odeurs, les bruits des différents magasins ouverts pour les noctambules. Il était même probable que tu sois passé plusieurs fois au même endroit sans t'en apercevoir tellement tu avais la tête dans les nuages.

Pourtant, à un moment, tu dévias, cherchant inconsciemment du calme. Tes pas t'avaient conduis dans un quartier moins animé. Tu ne savais pas quoi faire, ni où aller. Tu ne voulais pas rentrer au manoir, d'ailleurs, moins tu y passais de temps, mieux c'était. Sans que cela te passera une fois que tu auras tourner la page sur.. L’événement.

Tu te demandais où tu passerais ta journée, puisque tu n'avais pas envie de rentrer chez toi. Tu cherchais un hôtel. Tu aurais pu aller chez des amis, mais tu ne voulais pas non plus devenir la squatteuse de service. Tes mirettes grises étaient donc à la recherche d'un endroit où tu pourrais passer ta journée à dormir tranquillement. N'ayant pas trop de chance dans le coin où tu te trouvais, tu avais décidé de retourner sur tes pas. Dans l'allée centrale tu aurais surement plus de chance de trouver quelque chose à ton goût.

C'est en rebroussant chemin qu'un bruit t'interpella, provenant de la ruelle adjacent à celle où tu te trouvais. Curieuse mais méfiante, tu t'approchas, éclairant à l'aide de la lampe torche de ton téléphone.

▬ Y a quelqu'un ?

Demandas-tu, assez fort fort pour qu'on puisse t'entendre. Tu ne voulais pas prendre de risque inutile non plus. Au premier signe bizarre, tu barreras vite fait. Quel ne fut pas ta "surprise" de tomber sur un sdf.. Non. Bien sur, tu n'étais pas surprise. Il était courant d'en croiser.. Surtout en train farfouiller dans des poubelles. En revanche, son jeune âge t'avait interloqué.

Tu t'approchas, gardant tout de même une distance de sécurité entre vous. Tu n'avais pas l'air dégoûté par sa condition, ou son apparence crasseuse. Peut-être un peu gêner par l'odeur, mais tu ne le montrais pas. De vous deux, c'était surement lui le plus gêner. Tu l'observas un moment, en silence.

Il était.. Sale et maigre... Et te rappelait avec une certaine douleur, une mauvaise période de ta vie. Jeune, seule, à la rue, apprenant la dure réalité de la vie. Tu poussas un soupire, un pincement au cœur. Toi, tu avais eut de la chance. On t'avait sorti de là, qui sait comment ça aurait pu finir.

▬ Ça fait longtemps qu't'es à la rue ?

Moui. C'était pas ton genre de prendre des pincettes.

▬ Ecoute, t'as l'air de crever d'faim. J't'offre un repas s'tu veux.

En espérant qu'il ait pas un égo mal placé.. Tu voulais juste lui apporter ton aider.

▬ Gentil de ta part.. qu'est-ce que tu veux en échange?

Tu haussas un sourcil, mi-surprise dans un premier temps. Puis, comme un éclair d'un autre temps, tu te rappelas qu'à toi aussi, on t'avait proposé victuailles et nid douillet en échange.. De certains services, qui impliquait la plus part du temps, ton corps. Tu t'y étais toujours refusée. Par fierté et aussi à causes de tes profondes convictions. Tu aurais préféré mourir de faim plutôt que de faire.. Ça.

▬ Les gens font rien pour rien. Alors quel est le prix de ta "bonté" envers moi?

Tu restas stoïque, un peu agacé à l'idée qu'on puisse penser ça de toi. Cela ne t'avait pas échapper, son regard qui scrutait derrière toi. Tu t'écartas alors d'un pas, te rapprochant du mur, pour qu'il puisse voir que tu étais toute seule. Tes iris grises regardèrent d'un air dégoutté le mur crasseux et qui en plus.. Ne sentait pas vraiment la rose. A nouveau, tu fis un peu de côté, t'éloignant ainsi de cette crasse malodorante. Tu n'aimerais pas que ta tenue ou tes escarpins blancs et encore moins ta veste en cuir fétiche, soient salis.

▬ C'pas d'la bonté et j'veux rien de toi.

Avais-tu simplement répondu dans un premier temps.. Mais devant son air peu convaincu, il allait falloir être un peu plus loquace. Tu soupiras longuement, avant de reprendre.

▬ On dirait pas comme ça, mais moi aussi j'ai connu la rue.

Tu avais du mal à ne pas grincer des crocs, en avouant à voix haute cette vérité que tu refoulais au fond de toi. Tu regardes, yeux dans les yeux, le jeunot qui te faisait face. Ne dit-on pas que les yeux sont le miroir de l'âme ? Alors, regarde et voit qu'elle ne te ment pas petit Loup. Sans le quitter des yeux, tu continuas de t'adresser à lui.

▬ Alors voilà. C'est à toi de choisir s'tu veux me faire confiance ou pas. J'vais pas m'plier en quatre pour que t'me suives, j'ai d'autres choses à foutre. Soit tu m'suis et t'auras un bon repas, soit t'restes là et tu continues à farfouiller des immondices.

Malgré tes sourcils froncés, tu restait étonnement douce. Les bras croisés soit ta poitrine, tu attendais une réponse de la part du jeune sdf.

▬ C'est une offre limité dans l'temps.

Oui parce que bon, tu n'allais pas rester planter là indéfiniment non plus. Alors ? Viendra ou viendra pas ?

Agacée..

Tu l'étais. Non seulement cet abruti ne voulait pas qu'on l'aide, mais en plus il exigeait de toi que tu lui montres certaines parties de ton corps. Tu savais très bien pourquoi il te demandait tout ça, alors, même si cela t'agaçait, tu comprenais.. Et va savoir pourquoi, tu tenais vraiment à l'aider. Surement pour oublier ta propre souffrance. Ou pas. Qui sait.

Tu t'exécutas sans rien dire, commençant par montrer le creux de tes bras fins. Puis, après qu'il ait inspecté ces parties, tu jetas un coup d’œil derrière toi. Tu n'avais pas spécialement envie qu'on te prenne pour un exhibitionniste ou une prostitué. Doucement, tu levas le devant de ta jupe, révélant tes cuisses blanches, sans aucune marque. Tu grognas faiblement. Aaaah.. Que dirait ta mère si elle te voyait. Elle ne dirait surement rien, elle aurait éclaté le loup et t'aurait tiré les oreilles.

▬ C'est bon ? Ou faut que j'te montre entre mes orteils aussi !?

Tu baissas ta jupe, la réajustant dans des petits bougonnements. Bien heureusement, tu n'étais pas pudique. En revanche, tu n'apprécias pas que le damoiseau en profite pour te mater. Tes sourcils froncés montrèrent alors ton mécontentement.

▬ Si c'était juste pour jouer les pervers..

Grognas-tu entre tes crocs. Il semblait jeune, très jeune. Donc surement avec des hormones qui le travaillait, mais un peu de respect nom de Dieu !

▬ J'accepte plus aucunes demandes. T'as déjà usé les limites de ma patiente et de ma "bonté" comme tu dis. Si t'es pas foutu de reconnaître quelqu'un qui veut t'aider..

Tu soupiras longuement, te frottant la tempe gauche.

▬ Bref. Ramènes toi ou amuse toi bien dans tes poubelles.

Tu lui tournas le dos, maintenant il était seul décisionnaire. S'il venait tant mieux pour lui, sinon tant pis. Tu l'avais prévenu, tu n'irais aucunement te plier en quatre pour lui. Tu avais déjà fait plus que ce que tu acceptais de bien vouloir faire en lui montrant tes cuisses. Fallait trop abuser non plus.. T'es une assoiffée, pas une samaritaine en herbe.  

Belle, mais trop jeune..

Tu grinças des dents, bouillonnant à l'intérieur. Entre ça et lui avoir montré tes cuisses, même si tu savais très bien du pourquoi, tu avais de quoi enrager. Tu soufflas un bon coup avant du lui poser sèchement un ultimatum. C'était à prendre ou à laisser. Et qu'il aille au Diable s'il venait te faire ou dire quelque chose qui te ferait prendre la mouche ! Tu t'en allais, sans prendre ton temps, ni te pressé non plus, au cas où l'autre zigoto se serait décidé à te suivre.

Choix qu'il fit. Tu tournas de trois quart ta tête pour le voir te suivre comme un petit poussin affamé. Le jeunot fit une remarque pertinente, sur le coup, ce n'était pas quelque chose à laquelle tu avais pensé. Cependant, tu avais une petite idée de où tu pourrais l'emmener. Tu lui jetais quelques coups d’œil de temps en temps, ne prêtant pas attention aux gens qui pouvaient vous regarder. Et si quelqu'un s'inquiétait qu'un crasseux te suive, tu l'enverrais tout simplement paître "gentiment".

▬ Tu peux m'appeler Valentin mais puisque tu n'acceptes plus de demandes, je peux pas te demander ton nom.

Tu roulas des yeux, poussant un soupire exaspéré. Pour quelqu'un qui allait recevoir un repas gratuit, il pourrait au moins se montrer un peu plus agréable.

▬ Joue pas à l'abruti avec moi. Ça va vite me gaver.

Il allait sans dire, que les demandes étaient ce qui pouvaient te mettre dans une position inconfortable. S'il ne l'avait pas comprit.. C'est que tu avais surestimé son intelligence.

▬ Mia.

Répondis-tu sèchement, en t'arrêtant pour sortir ton téléphone portable.

▬ J'sais où t'emmener pour manger, mais j'connais plus le chemin, j'ai besoin de mon gps.

Le sens de l'orientation n'était pas ton fort. Tu tapotais rapidement sur ton écran tactile et après avoir localisé l'endroit où tu souhaitais l’amener, tu replaças ton téléphone dans ton sac à main. Tu restais silencieuse le reste du trajet, te calmant petit à petit pour retrouver ta douceur.

▬ C'est là.

Tu fis un mouvement de menton pour accompagné tes paroles. Un food-truck à la décoration un peu rustique, l'enseigne "Chez Mama" était peinte en noir sur un fond rouge brique. Une veille femme le tenait, elle était douce et pleine de vie. Elle préparait à emporter un plat typique et très riche, de la Nouvelle-Orléans : du Gumbo. Tu en avais entendu parlé par des amis non-vampires. Tu étais un peu triste de ne pas pouvoir en manger, car les plats avaient l'air vraiment bon. Tu fis signe à Valentin d'avancer.

▬ Va y, commande c'que tu veux.

L'odeur..

Parvenait à tes narines. Douce et épicée.. Tu te demandais si tu pourrais en avaler dilué dans du sang. Tu n'avais pas vraiment le matos pour tester et même si tu l'avais.. Pas sur que tu tenterais. Vu comment tu ne supportais plus la nourriture humaine.. Tu n'oublieras jamais la première fois que tu en avais avalé après avoir été transformé. La douleur que cela t'avait provoqué ne t'avait pas donné envie de retenter l'expérience.

Valentin commanda son bol et tu t'avanças pour payer, comme tu le lui avais promis. Bien sur, les regards indiscrets et dégoûtés ne t'avaient pas échappés. Alors lorsque tu te retournas et que tu commençais en attendre des murmures peu sympathique à l'égard du jeune homme, tu grondas.

▬ Vous z'avez pas mieux à foutre que de dévisager des gens !?

Bizarrement, il suffit parfois, juste d'élever la voix pour que les gens se taisent et détournent leur regard. Tu pousses un long soupire, t'écartant à ton tour de la petite foule qui s'était agglutiné devant le food truck. Val était déjà en train de manger son gumbo, réfugié contre le mur le plus proche. Manger.. Disons plutôt engloutir. Il se calma après les premières bouchées avaler. Même s'il t'avait énervé, tu ne pouvais pas t'empêcher de te sentir compatissante face à cette faim qui le dévorait.

▬ Si t'veux autre chose à bouffer après.. Dis le moi.

Tu détournais le regard, le laissant manger en paix. Tu aurais bien aimé savoir ce qui l'avait amené à se retrouver dans la rue, mais tu pensais qu'il n'allait probablement pas vouloir parler.. A cause de sa méfiance et de la nourriture. Tu préféras alors le laisser profiter en silence de son repas. Tu restais à une certaine distance de lui.. Notion d'espace vitale tout ça.. Mais ça ne t'empêchait pas de lui lancer quelques regards, même si ce dernier était plus attiré par le gumbo que par lui véritablement. Tu songeais pendant l'espace d'un instant que tu aurais préféré te faire mordre ou griffer par un loup-garou, juste pour pouvoir encore manger de la vraie nourriture. Petite gourmande va. Lorsque le jeune homme termina son repas, tu lui adressas à nouveau la parole.

▬ C'était bon ? T'as b'soin d'autres choses ?

Il commençait à se rafraîchir et même si toi ça ne te dérangeait pas vu ta nature vampirique, lui devrait dormir dans ce froid cette nuit. Tu te grattas l'arrière du crâne, en cherchant une solution.

▬ On dirait qu'ça va cailler ce soir. J'peux.. Te payer une chambre pour la nuit. T'pourras te laver comme ça aussi.

Comme d'habitude, tu ne passes pas par quatre chemin.

▬ J'dors dans un hôtel pas loin. C'toi qui voit. J'te force à rien.

S'il disait non, tu t'en irais juste en lui souhaitant bon courage. Car non, tu n'allais toujours pas te plier en quatre pour qu'il te suive.

Vide.

Il ne restait pas une miette du gumbo qui semblait si délicieux. Tu pensais qu'il voudrait probablement un deuxième repas, mais il refusa. C'est vrai que pour quelqu'un qui ne doit pas se nourrir tous les jours, trop manger pouvait être limite dangereux. Aussi, tu n'insistas pas. Tu espérais juste qu'il ne te mentait pas et que si il avait de nouveau faim, il te le dirait en rangeant sa petite fierté de côté.

D'ailleurs, lorsque tu lui proposas de lui payer une chambre pour la nuit, tu pensais que son ego reviendrait au galop et qu'il refuserait sèchement.. Mais sa réponse fut tout autre et tu t'en retrouvais presque désarçonner. Tu le découvrais plus doux et même un peu reconnaissant. Tu lui souriais, contente qu'il ne fasse pas sa tête de mule ou sa bête sauvage. Tu hochas la tête alors qu'il parlait de prendre une douche.. Pas de toute que ça lui ferait du bien !

▬ Si tu veux bien ouvrir la marche... Et je jure de ne pas faire de gestes ou commentaires déplacés.

▬ Bien. En route alors.

Tu pris la tête de marche, marchant à ton allure comme tout à l'heure. Tu avais hâte de rentrer à vrai dire, mine de rien, tu étais épuisée avec toutes les mésaventures qui t'étaient arrivés. Plus mentalement que physiquement, les blessures de ton corps avaient guérit contrairement à celles de ton cœur.  Pour celles là, il te fallait plus de temps.

Un quart d'heure plus tard, vous vous retrouviez devant l'hôtel où tu séjournais. Un hôtel qui n'était pas spécialement luxueux, mais qui proposaient de nombreux services. Tu entras la première, suivit de prêt par Valentin. Bien sur, le regard effaré du réceptionniste vous frappa de plein fouet. Tu t'approchas, un sourire d'ange sur ta bouille faisait fondre l'homme derrière le comptoir.

▬ Mon ami a eut quelques petits problèmes.. Ne le dévisager pas comme ça s'il vous plait. Y a t-il encore des chambres disponibles ? Je me charge de la régler.

Il ne faisait plus vraiment attention au jeune homme crasseux devant cette bouche en cœur. Il s'empressa alors de regarder, mais il te fit part d'une réponse négative. L'hôtel était complet, tu le remercias, soupirant légèrement dès lors que tu lui tournas le dos. Tu fis quelques pas pour rejoindre Valentin.

▬ Il n'y a plus de place.. Mais on peut partager ma chambre.

Tu attendis sa réponse, encore une fois, tu ne voulais pas lui forcer la main. Il était seul décisionnaire. S'il fallait, tu lui confirais que tu ne couches pas avec des personnes dont tu n'es pas amoureuse. Bien sur, il n'était en rien obligé de te croire mais qui irait prendre le temps d'inventer un mensonge pareil ? Selon la réponse du jeune homme, tu irais en parler au réceptionniste, réglant d'avance la somme qu'il fallait pour que le loup puisse dormir cette nuit ici.

▬ Ça me va si ça te va, dans le fond. Les femmes ont bien plus à perdre que moi de ce marché.

Tu roulais des yeux sous sa phrase. Si tu l'dis. Tu n'avais pas peur, peut-être à tord, mais s'il avait voulu t'attaquer, il l'aurait surement déjà fait, dans cette ruelle où tu l'avais trouvé. On va espéré que ta bienveillance ne se retourne pas contre toi. Une fois à l'hôtel, le loup ne tarda pas à vouloir se laver. Tu ne pouvais que le comprendre, ne pas pouvoir se laver pendant, des jours, des mois.. Tu frissonnais de dégoût rien que d'y penser.

Si tu t'attendais à ce qu'il se précipite dans la salle de bain, tu ne t'attendais aucunement à ce qu'il se déshabille devant toi. Tu bégayais sans réussir à prononcer un mot de façon correct et compréhensible. Alors tu détournas simplement le regard, ta peau se colorait d'un rouge vif tranchant sur ton teint pâle de poupée. Heureusement pour toi, il disparut rapidement dans la salle d'eau. Tu te serais bien passé d'une vue pareil, pensais-tu en poussant un soupire des plus bruyants.

Il avait laissé la porte entrouverte, tu la laissas comme tel.. Il voulait probablement pouvoir entendre tes mouvements. Toujours méfiant. Te remettant doucement de ce qu'il t'avait exposé, tes mirettes tombèrent sur les vêtements qu'il avait laissé sur le sol. Tout aussi crasseux que lui. Tu te dirigeas vers le téléphone qui te permettait de joindre l’accueil et tu demandas à ce qu'on t'envoie quelqu'un pour un service express de pressing.

Tu attrapas du bout des doigts les vêtements, les examinant de plus prêt. Il y avait quelques trous ça et là.. Tu pourrais facilement les raccommoder. Quelqu'un frappa à la porte, la voix derrière le bois s'annonça comme étant le room service. Tu espérais que Valentin ne bondisse pas en dehors de la douche pour venir voir ce qu'il se passait. Tu ouvris la porte, remerciant l'homme d'être venu au plus vite.

▬ Vous n'avez pas oublié le peignoir ?

On te tendit ce que tu avais demandé et en échange tu donnas les habits sales de Val. Tu précisas qu'il fallait que se soit fait au plus vite, puis tu fermas la porte derrière toi. Tes yeux se dirigèrent vers la salle de bain.. Tu t'avanças vers cette dernière, t'éclairant la voix.

▬ J'ai fait partir tes fringues au nettoyage.. T'seras prié de PAS sortir à poil d'la salle de bain, merci.

Tu glissas le peignoir dans l’entrebâillement de la porte, le déposant à terre. Tu t'écartas doucement, venant t'écrouler sur le petit fauteuil placé près de la fenêtre. Encore nuit, il faudrait pensé à fermer les volets bientôt quand même.. Ton regard se perdait dans l'horizon et tes pensées venaient envahir ton esprit. Cœur lourd, cœur triste. C'mieux de s'occuper des autres, plutôt que soi-même.

Rire.

Il rit. Pourquoi ? Tout de suite, tu penses qu'il se moque à cause de tout à l'heure. Le rouge te remonte aux joues et tu grognes silencieusement, lâchant un petit "Imbécile.." dans un murmure. Tu tournes le dos à la porte pour t'installer dans le fauteuil, confortable à souhait, où te te laisse crouler sous le poids de ta peine. Si le loup n'était pas sorti de la douche, tu aurais surement fini par fondre en larme. Pathétique. Il s'approche vers toi, te disant qu'il dormirait là où tu es assise. Tu secoues la tête et le repousse d'un geste de la main.

▬ Pas question. T'prends le lit.

Et ce n'était pas une question. Il allait le prendre ou tu l'y traînerais par la peau du.. Cou. Tu avais la chance de dormir toutes les nuits dans un lit, pour une nuit, tu le lui céderais bien volontiers. Tu te levais cependant, à ton tour de prendre une douche. Tu pris ton pyjama, te rendant dans la salle de bain sans un mot. Contrairement à lui, tu fermas la porte, la verrouillant même. Si lui n'était pas pudique, tant mieux pour lui. Et tu lui avais montré assez comme ça pour aujourd'hui.. Tu rougissais de honte rien que d'y repenser.

Tu passas sous le jet de la douche après, soufflant un grand coup en sentant l'eau chaude ruisseler sur ton frêle corps. Tu posais ton dos contre le carrelage froid de la douche, yeux fermés, tête levée vers le jet d'eau. Tu pensais, à tout et rien.. Est-ce qu'il avait prit le lit ? Et s'il prenait ton porte feuille et s'enfuyait avec ? Peut-être que tu avais eu tord de vouloir l'aider ? Tu secouas la tête vivement. Non. Ce n'était pas une mauvaise personne. Il avait un mauvais caractère, certes, mais il n'était pas mauvais. Tu en étais convaincue.. Enfin.. Est-ce que tu devais vraiment te croire ? Après tout, tu t'étais trompée pour Erika. Tu croisas tes bras sous ta poitrine, tes ongles s’enfonçaient doucement dans ta chaire, alors qu'une vive douleur te prenait le cœur. Arrête de penser à tout ça.. Plus facile à dire qu'à faire.

Tu le lavas, rinças ton corps, te débarrassant au passage de ce qui te trottait dans la tête. Tu ne t'étais pas montré faible devant les tiens, tu n'allais certainement pas le faire devant un inconnu. Enroulée dans ta serviette, tu commençais à sécher tes cheveux, brosser tes crocs, enfiler ton vêtement pour dormir, tu faisais tous ces gestes de façon mécanique, comme un robot. Puis, tu sortais enfin de la salle de bain, vêtue de ton pyjama que tu couvris bien vite par un peignoir en soie de couleur noir. Tu ne faisais pas attention à ton invité, allant vers le fauteuil que tu avais quitté précédemment, pour fermer les volets. Tu ne tenais pas vraiment à te refaire brûler..

▬ J'attends qu'on rapporte tes vêtements. J'vais les raccommoder, enfin, si t'veux. Tu peux dormir tranquille, j'ferais pas de bruits.

Tu attrapas ton téléphone qui était posé sur un petit meuble non loin du fauteuil, pour t'occuper. Parce que bon.. Tu n'allais pas le regarder dormir non plus.

▬ Peut-être devrais-tu mettre le "ne pas déranger", éviter qu'on ouvre la porte pendant que tu dors? C'est plus toi qui est en danger que moi, ici. Coincée avec un mec étrange dans un hôtel.

Dieu qu'il était agaçant. D'autant plus qu'il ne voulait pas te céder le fauteuil. Tu soupirais te massant doucement les tempes. Il allait finir par te donner mal à la tête cet imbécile.

▬ Alors. Primo. Personne va venir me déranger, donc j'vois pas l'utilité de mettre ce panneau débile. Deuxio, J'sais pas pour quoi tu m'prends, mais j'suis loin d'être en sucre. Donc garde tes.. Pseudo mis en garde ou tes menaces pour toi.

Dans un nouveau soupire, tu t'installais sur le bord du lit, bras croisés sous ta poitrine. Tu fixais le clochard, l'air mécontente.

▬ T'vas vraiment pas me céder le fauteuil n'est-ce pas ? T'veux pas qu'on évite une gueguerre débile de fierté.. Parce que à ce rythme, j'vais dormir par terre et toi dans la douche et on aura l'air tout les deux bien cons.

A cette image, tu lâchas un petit rire. S'il était une forte tête, tu n'étais pas en reste.

▬ On va faire un deal. Tu me laisses le fauteuil le temps qu'on ramène tes vêtements ici et que je recoud ce qu'il y a à recoudre. Pendant ce temps tu te reposes tranquillement dans le lit et dès que j'ai terminé, je te réveille pour que tu prennes le siège ?

C'était plutôt un marché plutôt honnête non ? Au final tout le monde y trouverait son compte. Reste à savoir si l'autre pignouf accepterait.

▬ Tant que ce ne tombe pas à la goutte sur moi pendant la nuit, je pourrais.

Bizarrement, tu n'avais aucun mal à le croire. Tête de mule comme il était.. Il en était tout à fait capable. Un sourire amusé remplaça ta mine contrariée. Finalement, avec une bonne négociation, tu arrivais à lui faire accepter de dormir sur le lit, même si ce n'était que pour un moment. Il se leva pour rejoindre la couchette et tu pris place dans le fauteuil.. Enfin, avant de s'étaler dans l'objet de la discorde, il mit le fameux petit panneau devant la porte de la chambre. Décidément.. Il y tenait à son histoire de panneau. Tu n'avais pas toujours pas bien compris pourquoi, mais tu le laissais faire. Tu espérais juste que personne n'allait croire.. Ce que tu ne veux pas qu'on pense de toi.

▬ J'ai aussi une offre, et je me doute que tu la prendras pas mais si tu veux vraiment qu'on soit à armes égales, une fois que t'auras fait tes trucs, tu peux venir. Le lit est assez grand et j'ai pas vraiment envie de faire des galipettes nocturnes. Pas que t'es moche mais juste que je peux pas profiter de luxe très souvent.

Dormir dans le même lit ? Rouge. Respire. C'est juste dormir. Tu avais déjà dormi avec des amis, tes frères et sœurs.. Il ne voulait rien faire avec toi, et tu ne voulais rien faire avec lui. Juste dormir. Tu soufflas lentement l'air de tes poumons, reprenant ta contenance.

▬ Hum.. D'accord.

Il ajouta par la suite, que si jamais son sommeil était trop mouvementé, tu pouvais le réveillé à l'appelant par son prénom, mais qu'il fallait éviter de le toucher. Tu hochas la tête sans poser de questions, de toute manière, le louveteau commençait à sombrer, autant ne pas l'embêter plus que nécessaire. Tu envoyas un message à la réception, afin qu'on ne frappe pas à la porte, qu'on t'envoie juste un message et qu'on dépose les vêtements au sol. Tu regardais un moment Valentin, endormi au creux du lit. Il avait presque l'air mignon, c'te tête de mule. Puis pour passer le temps, tu te perds sur internet, regardant des vidéos sans son, pas forcément toujours intéressantes. Tu envoyais quelques messages aussi, à Donovan et Lola. A l'un pour lui donner des nouvelles, à l'autre pour parler d'une commande qui prendrait plus de temps que prévu.

L'aiguille fil et tu finis par recevoir un texto te disant que les vêtements du loup sont, comme demandé, derrière la porte. Tu te lèves sans faire de bruit, puis ouvre la porte lentement. Normalement, Valentin n'a rien entendu. Tu récupères un petit paquet sur le sol, contenant les fringues du jeune homme. Retour au fauteuil avec ton nécessaire à couture et tes doigts de fée se mettent au travail. Tu repaires les trous un à un, puis les répare. Tu es complètement détendu, ça te fait toujours cet effet là quand tu couds. Une fois le travail achevé, tu te lèves à nouveau, regardant avec perplexité le lit où se trouvait Val. Il ne va rien t'arriver. Tu te glisses alors sous les draps, abandonnant ton peignoir sur le sol au passage. Tu peines à trouver le sommeil, un peu anxieuse de la situation, mais bientôt accablé par la fatigue accumulée, tu finis par fermé les yeux aux côtés de l'étranger. Journée douce ou agitée ?