Effraction lupine [PV Victor Rosenbach]

Victor l'avait laissé sortir pour aller se rhabiller, son hypnose avait donc marché. Mais elle n'était pas entièrement satisfaite pour autant. Car à son retour, il avait commencé à la gronder, signe qu'il avait encore des relents de lucidité quant à sa propre volonté.

Voyons docteur, vous pouvez comprendre que je préfère m'occuper moi-même de mon habillage....

Elle avait donc prit soin de travailler plus en profondeur le loup, avant de partir. Mais elle était déjà si épuisée, elle n'avait pas pu l'influencer comme elle l'avait souhaité. Tant pis, elle avait déjà donné tout ce qu'elle avait, et plus encore. Voire peut-être même trop.... Elle s'était assoupie dans le taxi, mais dans un sommeil plus proche de l'inconscience. Elle croyait que le chauffeur n'hésiterait pas à la réveiller une fois à bon port rien que pour pouvoir être payé. Mais son état d'épuisement s'était aggravé avec toutes ses folies....

Pendant ce temps au manoir, les employés observèrent Victor s'agiter avec de grands yeux ronds. Des.... Chaînes.... Le docteur s'apprêtait.... A enchainer leur patronne ! Et l'inquiétude commençait à se faire sentir.

On devrait peut-être appeler la police.... Souffla Agatha.

Je n'ai jamais vu un médecin agir de la sorte, c'est très suspect.... Renchérit Hercule.

Et qui se balade avec des chaînes dans le coffre de sa moto ?! S'exclama Arthorion

Allons, allons, calmez-vous ! Certes, le docteur Rosenbach emploie là des méthodes.... Peu conventionnelles.... Néanmoins, il faut lui reconnaître qu'il n'a pas une patiente des plus dociles ! J'ai perdu le fil du nombre de ses tentatives d'évasions.

Six, si je ne m'abuse. Répondit Flavie.

Ha merci, voyez un peu les difficultés qu'il rencontre !

Tout de même, attacher Mademoiselle.... Avec des chaînes.... Ce n'est pas une bête ou une criminelle enfin....

Gardez en tête que c'est pour qu'elle prenne le repos dont elle a besoin Agatha. Il ne veut pas lui faire du mal, mais à force de n'en faire qu'à sa tête, elle risque de se faire beaucoup de mal !

Si les employés étaient quelque peu partagés, lorsqu'ils virent Victor sortir la vampiresse inanimée du taxi, plus aucun ne remit en question les manières du médecin ! Et à vrai dire, la majorité était même très inquiet. Katyusha ne s'était même pas réveillée lorsque Victor l'avait sortie du taxi et prise dans ses bras.... Et même pour une vampiresse, son pouls était devenu très bas.... Heureusement, une demi-heure plus tard, la fugitive commença enfin à bouger dans son sommeil. Elle n'avait pas encore ouvert les yeux qu'un bruit de cliquetis métallique lui fit froncer les sourcils. Elle avait commencé à entrouvrir les paupières, sa tête se tournant machinalement vers l'origine du bruit. Mais lorsqu'elle vit les fers à ses poignets, et les chaines qui y étaient rattaché, elle fut prise de panique. Son sang ne fit qu'un tour et elle tenta de bondir hors du lit, comme pour échapper à ces chaînes. Mais le fer tint bon, la retenant à sa couche. En revanche, le bois auquel il était rattaché n'apprécia pas, et il craqua sourdement, manquant de peu de céder.

Immédiatement la vampiresse cessa ses mouvements pour porter ses mains à sa tête qui la faisait souffrir. Un tel réveil dans son état était tout sauf indiqué, et à s'agiter de la sorte, elle s'était encore plus fatiguée. Et à présent, son corps trop malmené cette nuit là, refusait de faire le moindre effort supplémentaire. La voix de Victor, ainsi que quelques secondes supplémentaires, lui permirent de remettre la situation dans son contexte, et de comprendre ce qu'il se passait. Elle n'était pas en danger, Victor avait juste mis ses menaces à exécution. Mais au moment où elle réalisa cela, elle observa incrédule les chaînes et les fers qu'elle avait aux poignets. Elle en eut légèrement le souffle coupé.

~Il a osé....~

Elle ne faisait que le penser, mais cela pouvait se lire sur son visage. Elle ne l'avait clairement pas cru lorsqu'il avait parlé de cette histoire de chaîne. Une simple menace, rien de plus. Mais il lui avait prouvé le contraire. Elle peina à se hisser sur son lit pour s'y assoir, ne pouvant de toute manière pas le quitter. Elle était attachée au lit, elle avait loupé son rendez-vous.... Et elle devait faire face à un lycan docteur, qui n'allait sûrement pas apprécier de s'être fait hypnotiser. Jeu, set et match.... Elle prit une profonde inspiration pour essayer de contenir sa frustration criante, et contenir vainement une moue boudeuse et renfrognée. Elle aurait dû gagner ! Elle était dans le taxi pour son rendez-vous ! Comment diable avait-il réussi à la rattraper et à la coucher ?! Bouillonnant intérieurement, elle devait maintenant répondre de ses actes au lupin.

Il est naturel d'user de ses capacités pour réussir ses entreprises, sinon à quoi servent-elles ? Ne vous êtes-vous pas vous-même transformé et usé de votre forme pour me contraindre ?

Elle gardait un ton calme, mais.... Elle avait était vexée d'avoir perdu. Pourtant, une partie en elle en était que plus ravie, et scandait un "Encore !" qu'elle préféra déguiser en un "J'aurais ma revanche !". Elle réfléchit un instant à tirer d'un coup sec sur ses liens pour que le bois se brise et qu'elle puisse se libérer de son lit à défaut des chaînes. Mais si en temps normal elle n'aurait pas eu le moindre mal à le faire, ici son corps lui faisait mal et semblait particulièrement lourd. Tendre le bras pour atteindre une tasse de sang lui semblait déjà très difficile, et elle craignait même de ne pas avoir assez de force pour maintenir correctement la tasse. Elle en vint à se dire qu'elle avait peut-être trop forcé.... Peut-être. Et se ravisa d'essayer de prendre la tasse de sang.

.... Pourquoi un médecin a t-il des chaînes dans le coffre de sa moto ?

La situation était tout de même singulière. La vampiresse tendit son bras vers son téléphone, avec visiblement toutes les peines du monde, et lorsqu'elle parvint à l'attraper, sa main finit par relâcher l'étreinte.

~Misère !~

Néanmoins, elle se félicita de ne pas avoir insisté pour tenter de prendre la tasse de sang. Elle se mit en tête d'appeler un domestique via la sonnette pour pouvoir lui demander de prévenir son rendez-vous de son incapacité à venir. Il était trop tard et elle ne pouvait pas y aller dans son état.

Allons docteur, vous n'allez pas passer votre nuit dans un fauteuil.... Vous avez certainement besoin de repos.... Et de soin.... Grâce à vous mon rendez-vous est fichu, vous n'avez plus besoin de me surveiller....

Celui-là oui, mais elle pouvait en faire d'autres ! Enfin, après quelques minutes de repos et du sang, car tant que son corps serait dans cet état elle ne pourrait rien faire. Et surtout pas avec un Victor dans les parages ! Mais quelque chose lui disait qu'il n'allait pas partir aussi facilement....

Attentivement, je l’observai. Elle semblait quelque peu… Atterrée et surprise de mon geste. A vrai dire, j’étais presque surpris de ce dernier aussi. Non pas du geste en lui-même, à vrai dire, mais plus de ma capacité à le faire. J’avais osé. Avais-je le choix ? Certainement pas. Mais… Il fallait admettre que ce n’était pas non plus ma façon habituelle de faire.
Sa frustration et sa vexation se voyaient à mille lieux à la ronde et je ne pus retenir un léger sourire à sa contenance forcée. C’en était presque… Amusant de la voir de la sorte. Non pas que j’appréciai particulièrement attacher mes patients mais notre petit jeu du chat et de la souris avait eu un petit quelque chose de plaisant. Contrairement aux apparences, je m’étais presque amusé. Arquant un sourcil, je répondis alors tout aussi calmement.

- Une contrainte sous l’obligation du médecin. Je n’aurais osé user de cette forme pour une autre raison, Miss.

Mes propos étaient assez lourds de sens : je n’avais certainement apprécié ce petit tour et je devais avouer que je ressentais une certaine amertume à m’être fait avoir de la sorte. Je connaissais pertinemment cette capacité des vampires. Je connaissais la race de ma patiente. J’aurais donc dû me méfier de ce qu’elle pouvait faire au bout de cinq tentatives d’évasion.

- Pour les cas comme celui-ci, bien entendu. Répondis-je alors dans un sourire mutin.

La réalité était pourtant toute autre. Les chaînes m’avaient servies il y a peu à tracter, par moto, quelques troncs d’arbres jusqu’au manoir afin d’y entreposer le bois. De fait, j’avais tout simplement oublié de les sortir du véhicule. Autant dire que ce que je venais de dire était bien loin de la vérité, mais il me semblait que cette nouvelle vérité était bien plus amusante et moqueuse envers ma patiente alors attachée dans son lit.
Soupirant, je me levai alors attrapant le portable pour l’observer en fronçant les sourcils. Je n’aimais pas ces machines. Je savais m’en servir, évidemment, mais je n’aimais pas cela. Les messages, les appels et à la limite les vidéos en temps réel… Voilà tout ce que je savais faire. Je toussotai alors légèrement, signe de mon hésitation.

- Que dois-je fais pour faire ce que vous désiriez ? M’enquis-je en secouant la tête.

Voilà une autre chose très embêtante quant à mon souhait de l’aider… Je n’avais aucune idée de ce qu’elle désirait faire. Distraitement, observant toujours cette machine du diable, je l’écoutai néanmoins, esquissant un sourire.

- A la minute où je partirais, dis-je sans même la regarder, vous en profiterez pour trouver le moyen de vous défaire de ces chaînes. Et si ce n’est pas dans la minute, il vous en faudra moins de dix pour trouver la solution à votre situation. Reposant le téléphone, je levai enfin le regard vers elle. De fait et puisque je suis de repos et donc que je n’ai rien d’obligatoire à faire, je vous surveillerais malgré votre rendez-vous raté. Après tout rien ne me dit que vous n’en ayez pas un second dans quelques heures.

Bras croisé, j’affichai un sourire du coin des lèvres en venant prendre la tasse de sang pour la lui présenter simplement, me penchant vers elle dans une légère grimace. Mon dos écorché ne se faisait pas oublier, malheureusement, mais il était certain que cela ne m’empêcherait pas de rester là le temps qu’il faudrait.

- Buvez. Dis-je. Cela vous fera du bien.

Je me rassis alors dans le fauteuil, jambes croisées pour l’observe en silence. Elle allait très certainement émettre quelques objections à cela mais je n’étais pas réellement disposé à les écouter et les accepter. Bien au contraire.
De longs instants de silence et je penchai doucement la tête. Il allait lui falloir plus d’une nuit pour se remettre de toutes ces courses inutiles et dangereuses. Deux jours me semblaient être nécessaires pour cela. Or, je ne pourrais décemment rester toute la journée de demain et en tant que vampire, elle ne pourrait quitter son domicile. Il me fallait donc seulement trouver un moyen de la surveiller le lendemain soir. Malheureusement… Un rendez-vous m’empêchait de me rendre à son domicile et je ne pouvais décemment pas l’inviter à ce dernier… A moins que… Je fronçai de nouveau les sourcils en levant la tête vers elle.

- Seriez-vous intéressée par un bal victorien, Miss ? Demandai-je de but en blanc.

Dans un souci de ne pas manquer à sa répartie, comme il le faisait depuis le début de leur échange, le lycan prit un soin particulier d'avoir réponse à tout. Bien entendu. Mais il était absolument hors de question que la vampiresse lui laisse le moindre répit ! Il l'avait cloué au lit, presque littéralement parlant, il avait gagné la partie, mais elle grappillerait un maximum de points malgré tout ! Et d'ailleurs, elle ne se gêna pas pour lui répondre.

Vous avez usé de votre forme pour accomplir vôtre tâche de médecin.... J'ai usé de mes capacités pour essayer d'aller faire mon travail également.

Le "essayer" semblait avoir été particulièrement amer à prononcer, bien qu'elle faisait des efforts monstrueux pour rester digne. Ce qui, en étant alitée, attachée, et mal en point était relativement compliqué.... Surtout lorsqu'on avait face à soi un loup taquin qui venait de caser une énième réplique bien sentie. Cette fois-ci, la vampiresse ne parvint pas à se contenir et plissa les yeux en affichant une moue boudeuse. Elle avait vu son sourire. Il s'amusait, et pouvait-elle seulement le lui reprocher ? Il était en position de force, et.... Cela l'insupportait d'être obligée de rester là, sagement, contrainte d'obéir ! Ravalant sa frustration, elle lâcha en tentant de rester neutre dans son ton.

Dois-je comprendre que vous attachez souvent des femmes à leur lit....?

C'était toujours une bravade de gagnée ! Mais pour une micro victoire, elle essuyait un revers cuisant. Devenue incapable de saisir les objets par elle-même, Victor en vint à prendre son portable pour faire ce qu'elle n'était plus en mesure de faire. Ce qui mit profondément mal à l'aise la vampiresse, qui en cet instant se trouvait bien misérable et faible. Elle prit une profonde et silencieuse inspiration pour prendre sur elle et ravaler sa contrariété. Cela dit, son visage trahissait un certain embarras à se faire assister de la sorte. Mais elle n'avait pas le choix. Prétendre qu'elle pouvait se débrouiller seule était impossible dans son état. D'un geste, elle invita le médecin à se rapprocher pour s'assoir à ses côtés.... Le tout dans le cliquetis des chaînes. Observant l'écran, elle lui indiqua les manœuvres.

Appuyez sur l'icône en forme d'enveloppe.... Le symbole plus à présent.... Voila, sélectionnez "message automatique" puis "annulation rdv". Il y a un sous-menu avec "justificatifs", choisissez.... .... "imprévus" sera parfait.

Parmi les justificatifs, il y avait bien "maladie" et même "accidents", mais la vampiresse semblait faire un véritable déni de sa situation. Elle poursuivit alors.

Le message automatique s'est généré. Appuyez sur la petite barre en haut, et saisissez "O.K;L.M" .... Bien, à présent appuyez sur "envoyer".... Merci.

Son rendez-vous était officiellement annulez, et la vampiresse en lâcha un petit soupir discret. Mais pour ne pas aider, le lycan confirma sa détermination à rester à son chevet, invoquant en prime toutes les meilleures raisons du monde. Réprimant de justesse un grognement, sa moue boudeuse revint l'espace de quelques secondes, avant qu'elle ne parvienne à retrouver son masque de dignité.

Comment vous êtes, homme de peu de foi....

Et femme de la pire mauvaise foi ! Elle était absolument vexée qu'il ait parfaitement compris ses intentions, et qu'il ait mis ses derniers espoirs à mal. Et d'ailleurs, elle ne se défendit guère plus, et n'essaya pas non plus de négocier davantage. Elle avait la poignante envie de croiser les bras et de faire explicitement la tête. Mais cela aurait été très discutable comme attitude, et son éducation lui interdit formellement ce laisser-aller ! Elle était déjà alitée, autant garder le peu de tenue qui lui restait ! A savoir pas beaucoup.... Et en parlant de tenue, le bon docteur vint lui présenter la tasse de sang qu'il tenait, afin de l'aider à boire. La noble rousse sentit ses pommettes rosirent légèrement sous ce geste à la fois très délicat et attentionné de la part du médecin, mais qui soulignait encore plus son état de faiblesse et d'incapacité. Honteuse, elle vint boire sans dire un mot, le regard fuyant. Elle ne pouvait pas se permettre de bouder le sang, car que ça lui plaise ou non, elle était réellement blessée, et particulièrement en mauvais état. Il lui fallait impérativement reprendre des forces. Et le sang chaud lui fit du bien.

Toutefois, avant de boire et de détourner son regard elle avait bien vu la grimace du loup. Et l'odeur de sang frais couvrait celui de la tasse.... Lorsqu'elle eut fini de boire, et après avoir remercier son bienfaiteur, elle observa le docteur se rassoir, et lâcha.

Allez-vous soigner ce dos, ou dois-je arracher ces liens de fer pour le faire moi-même ? Il y a une salle de bain ici.... Puisque je suis enchainée, vous devriez pouvoir vous occuper de vous l'esprit en paix, n'est-ce pas ?

Mais alors qu'elle songeait à faire tout ce qui était en son pouvoir pour qu'il daigne se soigner, voilà qu'il la pris au dépourvu avec une question qu'elle n'aurait jamais imaginé entendre dans ce contexte. Haussant les sourcils, elle masqua son trouble, répondant tout de même.

Hé bien.... J'ai déjà eu l'occasion de participer à des galas de charité ayant l'époque victorienne pour thématique en effet.... Mais pourquoi cette question ?

Elle était vraiment à des lieux de s'imaginer les intentions du médecin en cet instant.

- Seulement les femmes les plus récalcitrantes. Répondis-je de but en blanc dans un ton le plus normal qu’il soit, comme si cela était effectivement courant chez moi.

Ce n’était bien entendu pas le cas, c’était même la première fois que cela m’arrivait mais après tout, ne disait-on pas « aux grands maux les grands remèdes ? ». J’esquissai néanmoins un sourire alors que je venais m’asseoir près d’elle. J’imaginai aisément l’embarras qu’elle pouvait ressentir à me voir l’assister. Il ne m’avait pas fallut bien longtemps pour comprendre l’indépendance dont elle faisait preuve et voilà qu’un homme, un inconnu malgré son statut de médecin, s’occupait d’elle comme d’une enfant incapable. Je n’aurais certainement pas été dans de meilleures dispositions à sa place. Ainsi l’écoutais-je attentivement, obéissant à ses indications sans sourciller. Ou presque. Je fronçai les sourcils alors qu’elle m’indiquait le terme d’imprévus. Mm. Bien. Ce serait donc un imprévu.

- Je vous en prie. Soufflai-je en reposant le portable, secouant la tête à son soupir. Allons, Miss, ce n’est que partie remise. Votre « imprévu » ne durera qu’un temps.

J’affichai un léger sourire alors que je devenais un homme de peu de foi. Un manque certain de discernement… Ou une très certaine mauvaise foi, ce que je pensais bien plus juste, d’ailleurs. Délicatement, je lui donnais néanmoins à boire sans même réagir à cela, préférant ne pas attiser un feu trop amusant pour que nous cessions d’y jouer sans que l’un de nous soit plus raisonnable que l’autre, et même si cette raison me coûtait alors. Me rasseyant, je soupirai en secouant la tête.

- Allons bon, ce serait donc la patiente qui s’inquiète de son médecin ? J’irais me soigner rassurez-vous, dès lors que je vous aurais quitté. En attendant je préfère encore ne pas vous quitter du regard. Dieu seul sait ce que vous seriez capable de faire en mon absence !

J’esquissai un sourire amusé en croisant les bras, bien décidé à rester à son chevet jusqu’à ce que je sois sûre qu’elle se soit endormie et que le jour se lève, ce qui ne devrait plus réellement tarder, c’était un fait.

- Ce ne sont que quelques égratignures. Rien de grave, rassurez-vous.

Un sourire entendu et rassurant j’hochai la tête. Il était de toutes les manières hors de question que je quitte cette pièce, à moins que l’un de ses domestiques ne gardent la porte et les fenêtres à la fois. Qu’il se dédouble, donc. A moins que toute sa maisonnée ne fasse une chaîne autour du lit… Là peut être aurais-je accepté… Et encore… Cela restait à voir.

Je toussai néanmoins à sa propre question. L’idée qui m’était venue me semblait soudain des plus idiotes. Inviter une inconnue, qui plus est une patiente, à une reconstitution de bal historique, et même si cette dernière était habituée à l’époque, cela me semblait, et était, des plus fous et hors de propos. Soupirant, je secouai la tête. Je ne pouvais néanmoins pas revenir en arrière. Du peu que j’avais pu voir de cette jeune femme, elle n’aurait certainement pas accepté que je m’en sorte avec un simple « oubliez cette question », ce que je pouvais comprendre, évidemment, mais ce qui ne m’arrangeait pas. De fait, je m’éclaircis la gorge. Prenant un air des plus dégagés, je l’observais.

- Je ne peux décemment venir chaque jour chez vous et il vous faudra sortir de cet endroit un jour puisqu’il semble que vous ne supporterez pas bien longtemps d’être enfermée entre quatre murs. De fait… J’aimerais vous proposer de m’accompagner, demain, à un bal victorien. Ou du moins, évidemment, une reconstitution. Je secouai la tête. Evidemment je passerais demain soir vous retirer vos sutures et vous chercher, cela va sans dire. Qu’en dites-vous donc ?

Une habitude donc ? Qui plus est, à en juger votre adaptation, tout porte à croire que c'est là celles que vous préférez....

Elle avait l'impression d'essayer de sauver le Titanic en écopant l'eau avec une petite cuillère.... Et pourtant, elle ne pouvait pas se résoudre à laisser les choses se faire. D'autant que la situation la mettait de plus en plus dans une position inconfortable, une position inacceptable ! Une position de dépendance à autrui.... Victor tenta bien de dédramatiser la situation, mais la demoiselle restait amère.

Cet imprévu a choisi le mauvais temps....

Encore un moment embarrassant pour la vampiresse, qui se retrouvait à être nourrie par le docteur. Le sang lui avait fait du bien, mais sa frustration face à son impuissance et sa faiblesse avait grimpé en flèche. Et la réponse que lui donna alors le lycan fut de trop. Elle n'allait pas tolérer de rester là, inactive, à regarder les heures passer, alors que le bougre souffrait en silence ! Elle lui adressait un regard dubitatif, et peu conciliant.... Et lorsqu'il vint à décrire ses plaies comme des égratignures, elle prit une profonde inspiration, ferma les yeux.

Je vois.... Soit, si vous ne me laissez pas le choix, je m'en vais arracher ses liens et vous soigner moi-même donc !

Et le pire, ce fut que l'insensée s'exécuta ! C'était aussi là un moyen d'essayer de reprendre ce contrôle qu'elle avait totalement perdu, et d'évacuer un peu de cette frustration infâme d'être faible et impuissante. Elle enroula d'un geste les chaînes autour de ses poignets pour augmenter sa force de traction, et se mit à tirer sur ses bras ! Ou plutôt ses épaules, ses bras ayant refusé le moindre effort.... Elle serra fortement les mâchoires, la douleur de membres anémiés que l'on forçait à fonctionner étant particulièrement épouvantable. C'était un mélange entre un sadique qui s'amusait à frapper sur des gros hématomes, et des muscles qui se déchiraient lentement. Et d'ailleurs, ses membres supérieures commençaient à trembler sous l'effort. Et tout en peinant comme un galérien au bout de sa vie, elle lâcha le souffle court.

Voilà... Une idée.... Intéressante.... Même si.... Cela reste un.... Subterfuge.... Pour me.... chaperonner !

Elle était en train de se martyriser, et elle trouvait le moyen de penser la situation adéquate pour discuter.... Néanmoins, à bout de souffle et de force, le bois commençait malgré tout à grincer et menaçait de craquer. Mais il n'était pas dit qu'on lui permettrait bien longtemps de continuer ses sottises ! Et d'ailleurs, le lycan ne lui permit pas de continuer sa folie une seconde de plus ! Mais son intervention, particulière quoique efficace, laissa la noble rousse pantoise. Elle ne s'y était pas attendue, et l'observa interloquée, avec de grands yeux ronds.... Avant de se sentir rougir légèrement, et de protester.

Docteur Rosenbach ?! Ce n'est pas parce que j'ai accepté que vous soyez mon cavalier que vous devez vous sentir obligé d'en avoir les manières !

Malheureusement pendant l'action, la sonnette qui servait à appeler les employés avait chuté, et envoyé le signal prévenant de leur sollicitation par leur maîtresse. Ce brave Maxwell s'était empressé de répondre à l'appel, et frappa à la porte tout en entrant dans la foulée.

Mademoiselle désire quelque ch.....

Le majordome se figea en observant la scène, ne sachant ni comment interprétait ce qu'il voyait, ni comment réagir. Et si Agatha avait vu juste ? Et s'il s'était fourvoyé ? Et si cet homme avait enchainé sa maîtresse pour mieux abuser de sa faiblesse ?! Katyusha de son côté était sur le point de mourir de honte. Entre le fait d'être alitée, attachée, avec un homme par dessus elle, c'était le pompon ! Mais elle se ressaisit d'un coup en songeant que la situation pouvait au moins lui être possiblement utile.

Mawxell ! Faites porter la trousse de secours ici, voulez-vous ? Et demander à Flavie de venir assister le Docteur Rosenbach dans ses soins, il ne pourra pas se soigner le dos tout seul. Je l'assisterais bien moi-même, mais Monsieur Rosenbach refuse mes services.

T-tout de suite Mademoiselle..... Vous.... Tout va bien ?

Pourquoi cela n'irait pas Maxwell ?

Elle avait demandé cela avec un aplomb et un détachement surréaliste au vu de la situation, mais le majordome ne préféra même pas en savoir plus. L'espace d'un instant, il s'était demandé si sa patronne ne s'était pas laissée aller à quelques jeux "particuliers" avec le médecin.... Mais elle n'aurait pas demandé l'intervention médicale de Flavie, et ce n'était pas dans son caractère de s'adonner avec des hommes rencontrés le jour même. Était-ce seulement dans son caractère de s'adonner tout court ? Il chassa violemment cette question de son esprit, se concentrant sur autre chose. Déjà, sa maîtresse n'avait pas appelé à l'aide, donc le lycan ne lui faisait aucun mal.... En tout cas en apparence. Ensuite.... Le docteur se donnait littéralement corps et âme pour l'empêcher de quitter le lit ! Dès que Maxwell fut parti, la noble rousse relâcha son souffle, et laissa sa tête retomber en arrière, fermant les yeux. Elle souffla alors.

Seigneur....

Même si elle n'en avait rien montré, elle était toujours mortifiée de honte....

Le comportement de la jeune femme me fit arquer un sourcil. Arracher ses liens ? Était-elle sérieuse. Je ne l’espérai certainement pas. C’aurait été folie de faire cela, elle n’en avait même pas la force et se contenterais de se faire du mal sans aucun résultat probant. Et pourtant… Je fronçai les sourcils en l’observant, interdit, le temps de quelques instants. Était-elle folle ? Grondant, je secouai la tête. Je ne pouvais décemment pas la laisser se faire mal de la sorte !

- Miss Orlov. Soufflai-je. Cessez votre bêtise…

Mais elle ne cessait pas ! Et je ne pouvais pas la laisser souffrir. Grondant, il ne me parut alors qu’une unique solution. D’un geste je me levai et me positionner au-dessus d’elle pour tenter de contenir ses gestes. Une position des plus difficiles à tenir car je ne pouvais avoir assez de prise pour maintenir le bras le plus éloigné de moi. Grondant, je l’enjambai alors, tentant de ne pas paraître trop intrusif, chose impossible, il fallait se l’avouer, et maintenant ses bras contre le lit.

- Ça suffit ! Soufflai-je en l’observant.

Hum. La situation n’était pas des moins gênante et je n’avais pour ainsi dire jamais dû agir de la sorte avec la moindre de mes patientes. Clignant des yeux, je l’écoutai en toussant.

- Je n’y serais pas obligé si vous n’étiez pas aussi tête de mu…

Je fus arrêté par l’arrivée de l’un de ses domestiques. Les yeux plus ou moins écarquillés, honteux de la position dans laquelle je me trouvais mais sans pour autant bouger, en balance constante entre le fait de garder la vampire immobile et l’envie de quitter les lieux immédiatement tant la honte qui me prenait était forte. Je tournai néanmoins la tête vers la rousse. Elle ne cesserait donc jamais ? Fronçant les sourcils je secouai la tête sans rien dire. Après tout, mieux valait peut-être soigner ces « simples égratignures » pour la faire arrêter cette passion soudaine pour mes propres soins.
Ce ne fut que lorsque le domestique s’éloigna que je soufflai en descendant du lit, sourcils froncés et l’air visiblement honteux.

- … Ayez pitié. Continuai-je sa phrase en me réinstallant en grondant légèrement dans le fauteuil. Vous me ferez faire les pires ignominies, miss…

Une chance que ladite Flavie apparût rapidement, nous empêchant de nous installer dans un silence des plus gênant. Quoique me faire soigner semblait me gêner d’autant plus alors que j’observai la vampire.

- Détournez le regard. Ordonnai-je. Ce n’est pas parce que je suis un homme que la pudeur n’existe pas.

C’était à vrai dire légèrement faux. J’avais oublié la pudeur avec ma transformation en loup. Pour autant je refusai que la vampire puisse voir les balafres que le goudron avait créé dans mon dos. M’assurant que la vampire ait bien tourné le regard, je défis ma chemise, faisant geste à la domestique d’approcher, domestique qui ne put s’empêcher de laisse échapper un petit hoquet de surprise en voyant les dégâts sur la peau. Il était vrai que bitume et peau n’était certainement pas le couple le plus agréable à mettre en place et j’en avais largement souffert en tombant pour l’arrêter.

- Bien. Flavie. Prenez le désinfectant et les compresses et passez-les sur le plus gros. Ensuite un bandage suffira.

C’est avec un soupir que la femme s’exécuta me faisant très légèrement gronder sous le coup du désinfectant, ce dernier n’étant clairement pas des plus agréables pour la peau à vif. Je retins néanmoins tout autre bruit, respirant profondément pour tenter de contrôler la douleur que je pouvais ressentir. Quelques minutes, quelques très longues minutes suffirent à nettoyer la totalité du dos. Attrapant moi-même le bandage, je remerciai alors Flavie d’un hochement de tête pour me bander moi-même le dos rapidement. Il était hors de question que je dépende de nouveau de l’aide d’une tierce personne. Je remis alors ma chemise, en soupirant.

- Là ? Êtes-vous satisfaite ? Soufflai-je en me réinstallant dans le fauteuil. Fronçant les sourcils je l’observai alors quelques instants, silencieux. Attendez… Vous avez donc accepté d’être ma cavalière ?

Mon ton témoignait de ma surprise alors même qu’elle ne m’avait pas répondu très clairement à ce sujet.

Il lui avait intimé l'ordre d'arrêter.... Elle l'avait très copieusement ignoré ! Il avait donc agit, et elle avait été prise au dépourvue ! Néanmoins, et même si elle préférerait s'arracher la langue que de l'admettre, une partie d'elle remerciait le médecin d'avoir mis fin à ce qui avait des relents prononcés de supplice ! Néanmoins la gêne fut plus forte que le soulagement, au moins les premiers temps. Lorsqu'il se retira enfin de dessus d'elle, elle put commencer à savourer les effets de l'arrêt de sa folie. Enfin jusqu'à ce que l'une des paroles du médecin ne vienne attiser son esprit.

Personne n'a menacé votre vie, ni votre intégrité physique pour vous contraindre à la moindre de vos actions.... Ou plutôt exactions.

Elle avait encore le souffle court de ses efforts inconsidérés et cruels. La douleur était toujours lancinante, et elle déglutit discrètement. Son torse se soulevait et s'affessait rapidement, sa respiration encore rapide à cause de la souffrance poignante. D'ordinaire elle savait très bien gérer sa respiration, et par extension la douleur.... Mais les répliques du médecins réussissaient l'exploit de la déconcentrer, là où habituellement elle aurait ignoré copieusement un bourreau par exemple. Flavie était arrivée avec tout le nécessaire pour soigner le docteur, lorsque celui-ci vint faire une remarque qui offusqua la vampiresse.

Docteur, je vous en prie ! Quel genre de trait me prêtez-vous ?! Ce n'est pas parce que certains ont des manières cavalières et discutables que c'est là la panaché de tout le monde ! Par ailleurs.... Flavie voulez-vous porter le paravent devant Monsieur Rosenbach ? Puisque l'on me pense une femme bien peu vertueuse....

Offensée, la vampiresse resta digne ! Ou du moins essayait-elle de l'être dans son état.... Et d'ailleurs, elle ne s'empêcha pas de commenter les instructions du docteur.

Désinfecter "tout" Flavie. Nous ne sommes pas adeptes du travail bâclé dans cette maison, et encore moins lorsqu'il s'agit de soins.

Bien Mademoiselle.

Ne préférant pas contrarier sa Maîtresse, et songeant qu'il était aussi préférable que l'homme soit soigné correctement, Flavie s'exécuta minutieusement et avec toute la délicatesse du monde. Elle accepta néanmoins laisser le médecin se bander seul, se tenant simplement prête à l'aider si jamais elle le voyait en difficulté. Victor soigné, il alla reprendre place dans un fauteuil, en questionnant la noble rousse sur sa satisfaction.

J'aurais préféré surveiller de moi-même la réalisation des soins, mais je fais confiance à Flavie. Je suis néanmoins satisfaite que vous ne restiez pas en sang sous mon toit. Je ne suis pas si mauvaise hôtesse que vous pouvez l'imaginer.

Elle prenait silencieusement de profondes inspirations pour calmer son souffle et taire sa douleur. Elle avait considérablement pâlie suite à sa démonstration poignante d'inconscience. Flavie l'observait, visiblement très inquiète et assez mal à l'aise de la voir enchaînée.

Puis-je vous être utile davantage, Mademoiselle ? Désirez-vous plus de "thé" ?

Cela ira Flavie, merci. Voulez-vous bien me donner la sonnette avant de partir je vous prie ?

Peu convaincue mais forcée, la gouvernante ramassa la sonnette au sol et la déposa juste à côté de la main de la vampiresse. Elle quitta alors les lieux, alors que le lycan venait de réaliser la réponse de l'impératrice déchue.

Il vous semble inconcevable de vous priver de ma surveillance.... Je n'aurais pas été contre une suite de nos "échanges" de ce soir, mais si cela en vient à vous blesser, je préfère m'abstenir. Je n'apprécie pas que mes invités se retrouvent abîmés lors de leur visite.... Alors si je ne peux pas me soustraire à vos griffes, pourquoi ne pas faire en sorte que la soirée soit agréable ? Autant que faire ce peut....

Elle doutait que cela soit aussi jouissif que de le faire courir partout, mais elle était prête à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Dommage car son corps aurait eu le temps de récupérer, et elle aurait été en mesure de lui donner beaucoup plus de fil à retordre ! Mais pour l'heure son corps n'en pouvait plus, et implorait pour du repos et même du sommeil.... Qu'elle lui refusa bien évidemment. Hors de questions que Victor l'observe entrain de dormir ! Elle était suffisamment gênée comme cela ! Et c'était déjà quelque chose de très intime à ses yeux. Elle comptait bien rester éveillée jusqu'à ce qu'il parte. Elle aurait toute la journée pour dormir. Et il lui serait plus confortable de dormir sans ces chaînes ! Elle commençait à peine à ralentir sa respiration lorsqu'elle le questionna, le souffle très légèrement moins court.

Aussi.... Que pouvez-vous me dire sur ce bal ? Quand commence t-il ? Et quand se termine t-il ? Vous comptez m'y menez avec ou sans fer ?

- Personne n’a effectivement menacé ma vie ou mon intégrité physique, mais vous avez de vous-même menacé votre vie et votre intégrité physique, et il va de mon devoir de vous empêcher de vous nuire.

Mon ton était plus que clair : elle ne se ferait plus de mal, pas tant que je serais là et je recommencerais ces gestes s’il le fallait, aussi impies soient-ils.
A vrai dire, l’ordre de la maîtresse des lieux me fit soupirer. Tout. Il n’y avait pas besoin de tout désinfecter. Après tout n’étais-je pas en sucre et sûrement n’allais-je pas fondre de ne pas tout désinfecter maintenant. Je ne pus néanmoins m’empêcher d’esquisser un sourire face à sa remarque concernant sa vertu. A vrai dire, au vu de son comportement, je l’imaginai très peu comme étant une femme peu vertueuse. Bien au contraire, ce qui, par les temps qui courraient, était des plus agréables, je devais en convenir. Pour tout avouer, le paravent me fit légèrement soupirer d’aise. La domestique verrait les cicatrices sur mes bras mais… Une valait toujours mieux que deux… Et il espérait sur la discrétion de cette dernière pour ne pas ébruiter à quel point ce bon Docteur pouvait être défiguré. Bandé et rhabillé, je remerciai doucement la jeune Flavie d’un sourire pour me rasseoir face à la maîtresse de maison.

- Rassurez-vous, dis-je dans un sourire, elle est très bonne infirmière. Vous avez de la chance d’être si bien entourée.

J’offris un nouveau sourire à la domestique visiblement peu à l’aise face à sa maîtresse, enchaînée au lit. A vrai dire, je pouvais le comprendre. Il n’était jamais agréable de voir quelqu’un attaché, encore plus lorsqu’il s’agissait de son employeuse et que celle-ci était d’une fierté sans égal. Je doutais même que cette Miss Orlov ait un jour accepté de se faire soigner par l’un de ses domestiques, par pure fierté et même si elle en avait besoin.

- Votre sollicitude me va droit au cœur, Miss, m’amusai-je alors dans un sourire narquois. C’est tout à votre honneur de prendre tant soin de vos invités.

L’homme regarda l’heure à sa montre avant de soupirer. Déjà le matin allait se lever. Au moins ne resterait-il pas longtemps encore, au contraire, même. Esquissant un sourire amusé, il reprit alors pour toute réponse :

- Hé bien… Cela sera un bal basé sur les années 1860. Il commence demain à vingt et une heure mais je viendrais vous chercher à vingt heures le temps de vous soigner et vous permettre de vous changer. Il n’est pas grave d’arriver en retard, les festivités dureront toute la nuit. Nous nous en irons donc à l’heure qu’il vous plaira, bien entendu. Quant aux fers… Je ne pus m’empêcher de rire doucement en l’observant. Cela dépendra de votre comportement… Mais je vous promets de ne les sortir qu’en dernier recours.

Esquissant un énième sourire, je me levai alors en soupirant. Bien. Le jour allait se lever, mieux valait ne pas rester là si je voulais être à l’heure, ou du moins en avance comme à mon habitude, à l’hôpital. Je me penchai donc légèrement en avant, dans une révérence des plus « modernes », afin de ne pas jurer avec ces années 2030.

- Je serais donc ici ce soir à vingt heures tapantes. N’essayez pas de vous soigner vous-même, Miss, ou je risquerais d’être mécontent. J’affichai un nouveau sourire. En attendant profitez de la journée pour ne pas sortir du lit, cela vous fera du bien et vous serez en forme dès ce soir.

Je fis alors volteface, non sans saluer une nouvelle fois la jeune femme. Cela avait été une soirée bien spéciale pour le médecin que j’étais. Bien spéciale et pourtant… Et pourtant étrangement agréable. Enfin. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle ait écouté mes instructions…

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